Des landes à la capitale [PW Alba]

Sujet: Des landes à la capitale [PW Alba] Mar 3 Sep 2024 - 20:52

Il faisait si froid… Valenn venait du Nord, et bien qu'accoutumé aux périodes de grand froid, celui-ci lui semblait bien plus intense que d'ordinaire. Le vent sec et violant, venant frapper de plein fouet le visage glacé du jeune homme, le faisant avancer avec peine à travers ce paysage de désolation. Peut-être était ce une impression amplifiée par son esprit, exacerbé par un profond sentiment de solitude alors qu'il déambulait, seul avec son barda, à travers les steppes gelées, à demi recouvertes d'un manteau blanc réfléchissant avec éclat les rayons du soleil. Les quelques vallons et collines, dépourvus d'arbres, s'étendaient à perte de vue autour du jeune homme, accentuant davantage son découragement. Les rares sources d'eau claire, disséminées ça et là à travers le paysage, dégageaient une épaisse fumée blanche, rendant difficile toute visibilité à travers elles. Le doute commença alors à l'envahir. Avait-il eu raison de partir? N'aurait-il pas été plus sage de rester? Aussi modeste qu'elle fût, sa vie n'en était pas pour autant insupportable. D'un mouvement de tête, il chassa ces pensées sombres, nourries par la situation dans laquelle il se trouvait. Non, il avait bien fait. Un monde entier s'ouvrait à lui, et plus rien ne le retenait désormais chez lui.

Après des heures à marcher à travers les terres Nordiques, il finit par déceler à travers le brouillard les murs impressionnant de la capitale. Bien que la demeure de Valenn fût géographiquement éloignée de la capitale, la configuration du paysage et la pureté des nuits Nordiques, lui permettaient, lorsque la météo lui portait clémence, d'apercevoir les lumières scintillantes émanant de la ville. Kastalinn.. Ce nom résonnait en boucle dans l'esprit du jeune homme comme un cauchemar interminable. Il détestait cette ville, et ce n'était pas sans raison. Toutefois, il savait aussi que la capitale représentait sa meilleure opportunité pour commencer une nouvelle vie. Tout était clair dans sa tête tel un plan méticuleusement organisé par un général de guerre à l’aube d’une bataille. Il lui faudrait en premier lieu trouver un emploi, afin de pouvoir ensuite acquérir du matériel ainsi qu’une monture, ce qui lui permettrait de quitter la ville et de se diriger vers une nouvelle destination. Tout était clair désormais, et réexaminer ce plan lui procura un regain d'énergie, jusque-là érodée par les terres glaciales d'Aran.

Une fois arrivé devant les murailles de la cité, Valenn put admirer la majesté et l'imposante prestance de la capitale. Les remparts, solidement ancrés dans le sol, s'élevaient avec fierté sur plusieurs mètres, conférant à la ville une protection presque inviolable. Alors qu'il se préparait à pénétrer dans la cité, un cri strident déchira soudainement les cieux, tel un éclair frappant le sol avec force. Surpris, il leva les yeux et aperçut une immense Wyverne quittant les limites de la capitale en vol, traînant péniblement derrière elle ce qui ressemblait à un carrosse. Il se remémora avoir entendu, il y a de cela quelques années, d’Olek que la capitale avait instauré un nouveau système de transport reposant sur le dressage et l’utilisation des Wyvernes. Il reprit alors sa marche et franchit les grandes portes de la ville, soigneusement surveillées par la milice, garantissant ainsi la sécurité des habitants.

Kastalinn fourmillait d'activité, les villageois se mouvant sans cesse dans un brouhaha incessant, à travers les rues étroites de la capitale. Le sol, encore détrempé par l'humidité ambiante, conservait les traces des passages répétés des chevaux. Les habitations, en bois et en pierre, s'élevaient des deux côtés des ruelles, avec des fenêtres ouvertes laissant échapper d'exquis arômes que Valenn avait oublié depuis longtemps. Les quelques colporteurs, dont l’échoppe semblait étroitement tenir dans un repli de leur veste, s’affairaient à attirer une clientèle, abordant les rares habitants courageux s'aventurant dans leur périmètre. Des senteurs boisées et viandées, émanant des quelques échoppes ouvertes, venaient imprégner les rues de la capitale. Malgré le froid glacial sévissant actuellement dans le pays, la ville continuait de vibrer d'activité. La clameur ambiante et les senteurs locales contribuaient au charme indéniable de la cité. Toute cette agitation raviva en Valenn des souvenirs chaleureux, et il y eut une chose qu’il lui tenait à cœur de faire avant de lancer son plan à exécution. D’un pas résolu, il se fraya un chemin à travers les ruelles labyrinthiques de la capitale, se frayant un passage parmi la foule, jusqu’à parvenir à l’emplacement où se tenait jadis l’échoppe familiale. Le bâtiment, qui avait autrefois accueilli tant de personnes et servi tant de monde, n’était plus qu’une ruine, laissée en déshérence par l’administration de la ville. Le spectacle tragique qui se déployait devant les yeux de Valenn fit monter des larmes de nostalgie d’une époque désormais révolue. C’est donc le cœur lourd que Valenn reprit sa route, errant dans les rues, à la recherche d’un labeur dont il pourrait tirer quelconque profit.

C’est ainsi que, tout naturellement, son pas le dirigea vers le logis des chasseurs. Valenn avait la main habile lorsqu’il s’agissait de manier l’arc, et ce depuis longtemps. C’est donc tout naturellement qu’un labeur de chasseur semblait s’offrir à lui. De surcroît, ayant passé plusieurs années en solitaire dans les plaines d'Aran, il en connaissait parfaitement le terrain. La bâtisse, légèrement en retrait du reste de la ville, déployait toute sa prestance sur plusieurs mètres de haut. Un vaste parc, orné de sapins, s'étendait ici et là autour du bâtiment. Bien qu'il fût habitué à Kastalinn, Valenn n'avait jamais eu l'occasion de visiter ce recoin de la ville et il en demeura bouche bée devant la majesté du lieu.

Il se dirigea alors vers les grandes portes en bois massifs du logis, ornées de diverses inscriptions en diverses langues, dont le Nordien, que Valenn pu alors décrypter malgré les années de solitude. Il était alors écrit sur les battants « Bienvenue dans l'antre du chasseur. Puissiez-vous trouver dans ce logis pitance et hospitalité, ô enfant de la Nature. » Il poussa alors les portes qui s’ouvrirent dans un grand fracas de bois raclant le sol. Valenn pénétra dans une vaste salle commune, faiblement éclairée par quelques bougies dont les flammes vacillantes diffusaient une lumière faible et langoureuse. Divers trophées décoratifs, représentant des bêtes alors inconnues au jeune homme et dont la simple vue semblait dépasser l'imaginaire, ornaient les murs de pierre froide de l'édifice. Au centre de la pièce se tenait une grande table minutieusement sculptée dans un bois massif, entourée de chaises aux finitions tout aussi soignées. Le sol de la pièce était couvert d'une peau d'ours brune, aux dimensions exceptionnellement grandes pour un tel animal, recouvrant ainsi en partie le sol de pierre du logis.

La salle commune était bondée de personnes d’ethnies et de croyances différentes. Elfes, Humains, et d’autres créatures dont la seule existence à ce jour était dans l’imaginaire des récits narrés par son père lorsqu’il était enfant. Tous se côtoyaient ici, formant une communauté cohérente, réunis par une passion commune : la chasse. Valenn s’avança alors dans la pièce, d’un pas certain, bien décidé à trouver une personne requérant ses services.

Sujet: Re: Des landes à la capitale [PW Alba] Ven 6 Sep 2024 - 19:06

Finalement, et malgré toutes ses convictions, Alba avait décidé de rester là. Après tout, elle avait loué une chambre plus que correcte. Evidemment, la première nuit, elle n'avait pas dormi, trop affairée à traquer puis jeter toutes les décorations à la gloire de la chasse dans sa chambre. Et cela lui avait bien pris toute la nuit. Mais peu importait, elle n'avait pas senti la fatigue. Après tout, elle ne pouvait pas dormir dans un lieu qui respirait le meurtre partout où se posaient ses yeux. Elle ne descendrait que lorsque ce serait nécessaire, pour manger et pour partir en exploration.

Lesdites explorations étaient extrêmement faciles. Après tout, il lui suffisait de suivre les chasseurs, qui sortaient par paquets entiers de cette auberge. Dans le même temps, elle entreprit de leur faire payer leur passion. À chaque fois qu'ils posaient des pièges, elle les déplaçait légèrement et les cachait à la perfection, à l'écart des routes habituellement empruntées par les animaux. Ainsi, les chasseurs se feraient prendre à leur propre piège, ne captureraient aucun animal et finiraient blessés... Avec un peu de chance, ils ne pourraient plus marcher, et donc encore moins chasser.
C'était de leur faute, après tout. S'ils ne chassaient pas, elle n'aurait absolument rien contre eux et ils pourraient garder leurs jambes... Pourquoi donc ne l'avaient-ils toujours pas compris ?

Lorsqu'elle rentrait le soir, l'air de rien, elle dessinait les animau rencontrés dans la journée dans son carnet de croquis. Finalement, si on excluait la décoration, cette vie lui plaisait. Passer son temps à dessiner des animaux exotiques et à punir des chasseurs en toute discrétion, il n'y avait rien de mieux !

Certes, des rumeurs commençaient à courir dans les environs. Certains pensaient même que la profession de chasseur était maudite... Tant mieux, si cela pouvait décourager les jeunes d'embrasser cette profession, elle ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin !

Mais à chaque fois que quelqu'un pouvait la voir, elle gardait ses opinions pour elle, dessinant tranquillement sans accorder la moindre attention à autrui. Jusqu'à ce jour... Elle accorda un oeil à un jeune homme qui semblait sûr de lui, alors qu'il... Se plaçait au milieu de la pièce ? Et ne faisait plus rien ensuite ? Etrange, tout cela... Voyons quelle serait sa prochaine action... Lorsqu'il se serait décidé à bouger.

Sujet: Re: Des landes à la capitale [PW Alba] Sam 7 Sep 2024 - 2:29

Bien que la pièce fut bondée de monde, la température globale était étrangement basse. Cela étant dû aux murs de pierre sombres qui tenaient l’édifice. Valenn effleura la pierre du bout des doigts, et la sensation du minerai glacé contre sa peau lui provoqua un frisson très succinct.

Alors que l’ambiance générale du logis semblait-être au dialogue, une atmosphère délétère s’émanait de l’endroit, provoquant chez Valenn un malaise subtil, guère perceptible pour les personnes présentes. Malgré un passif de chasseur, le jeune homme se sentait étranger en ces lieux. Il eu un instant d’hésitation, se demandant s'il ne serait pas plus sage de rebrousser chemin et de chercher un emploi ailleurs.

Non. Il avait besoin d’argent ; c’était pour lui une nécessité absolue, sans quoi quitter le Nord s'annoncerait une épreuve des plus difficiles et l’idée même de retourner errer dans les plaines enneigées sans but réel ne lui plaisait guère. Il n'éprouvait guère d'affection pour cette ville, et il en allait de même pour ses habitants, mais il savait qu'il n'avait d'autre choix. Olek, la seule personne digne de confiance dans cette capitale était désormais retraité. De ce fait, Valenn ne pouvait malheureusement pas compter sur lui si ça n’était pour autre chose qu’un soutien moral. Aucun doute, cette fois ci, Valenn était seul.

Il balaya alors la pièce du regard, scrutant les moindres recoins, à la recherche d’un quelconque affichage ou autre tableau où aurait été épinglé les différents ordres du jour. Malheureusement il ne vit rien qui puisse le satisfaire. Il scruta une nouvelle fois la pièce, cette fois-ci à la recherche peut être d’une personne qui serait susceptible de pouvoir lui offrir ce qu’il attendait.

C’est alors que son regard se posa sur une jeune silhouette féminine qui contrastait avec l’assistance présente dans l’enseigne. Telle une étoile scintillant dans la nuit, sa chevelure, d’un blond platine éclatant, tranchait avec les murs sombres de pierre du logis. Ses yeux perçants, d'une profondeur presque surnaturelle, semblaient pénétrer l'âme de ceux qu'ils scrutaient. Elle tourna alors sa tête en direction de Valenn, plongeant ses yeux dans ceux du jeune homme qui se sentit transpercé comme par une lance sous l'intensité du regard profond de la jeune femme. Aucun doute, elle détonnait totalement dans ce lieu et en rompait l’atmosphère.

Il hésita un instant avant de se décider à l’aborder. Comme envoûté par sa beauté naturelle, il n’en perdait pas moins de vue son objectif principal qui était l’argent. Si pareille personne se trouvait en ces lieux, il n’en était alors que de deux possibilités: elle même était chasseuse, bien que son apparence ne le suggérât guère, soit elle cherchait une âme disponible pour un quelconque labeur. Valenn s’avança alors vers la table où la femme était installée, priant intérieurement pour que la seconde option se présente à lui.

Située sous une large mezzanine en bois rodé, qui servait certainement d'accès aux dortoirs pour les voyageurs venant de loin, sa table se trouvait dans un recoin peu éclairé du bâtiment. La flamme des bougies, éparses sur une table en bois ayant défié les épreuves du temps, vacillait et dansait au gré du vent qui s'était engouffré dans la pièce par les nombreuses fenêtres. Cette danse des lumières couplée à la pureté de la dame se trouvant en face de Valenn, créait une atmosphère unique, presque magique, en parfait contraste avec la morosité du lieu et de son assistance. Elle semblait absorbée par son dessin sur un carnet de croquis en cuir. Une fois arrivé à son niveau le jeune homme lança alors:

- Bien le bonjour madame, je suis navré de vous interrompre alors que vous semblez pleinement absorbée par votre dessin, mais je ne peux m’empêcher de penser que vous pourriez peut-être m’aider, étant donné que je suis en quête d’un emploi.

Sujet: Re: Des landes à la capitale [PW Alba] Dim 8 Sep 2024 - 18:37

Ainsi donc, cet homme cherchait un emploi... Et il la voulait comme patronne ? On verrait cela... Il devrait faire ses preuves avant de pouvoir toucher son or. Posant son crayon, elle désigna la place face à elle.

- Bonjour ! Ne restez pas debout, installez-vous !

Elle attendit qu'il obéisse, avant de continuer :

- Avez-vous déjà mangé ?

Si tel n'était pas le cas, elle lui commanderait un repas à ses frais. Oh non, ce n'était pas de la générosité. Simplement, un humain heureux lui serait probablement bien plus utile... Elle avait donc intérêt à prendre soin de lui, s'assurer que sa motivation ne s'évanouisse pas.

Une fois le nouveau venu correctement installé, elle retourna son attention vers le carnet. Accordant un dernier regard critique à son oeuvre inachevée, elle ajouta quelques traits pour ne pas perdre l'image au moment où elle voudrait terminer le dessin. Puis elle tourna la page, désormais prête à prendre des notes. Ce n'était pas le but de ce carnet, loin de là, mais elle pourrait toujours déchirer la page une fois sa décision prise. Ainsi, ce carnet resterait uniquement à la gloire des animaux de tous types croisés sur sa route.

Puis, reportant son attention sur le candidat, elle lança réellement l'entretien :

- Bien. Parlez-moi de vous. Qui êtes-vous ? Que savez-vous faire ? Quel poste recherchez-vous exactement ?

Sujet: Re: Des landes à la capitale [PW Alba] Dim 8 Sep 2024 - 21:50

Lorsqu'il parvint enfin à capter l'attention de la jeune femme, celle-ci releva la tête, quittant quelques instant des yeux ses croquis où étaient griffonnés quelques esquisses de ce que Valenn imagina être des créatures venant de contrées lointaine. Le jeune homme ressentit qu'il l'avait dérangée, comme s'il l'avait arrachée à son monde, à cette bulle dans laquelle elle semblait s'être réfugiée pour échapper à la morosité de la réalité.

Ne montrant pour autant aucun signe d’agacement, elle désigna la place vacante se trouvant en face d’elle. Elle pointa alors une modeste chaise de bois, de la même essence dont semblait provenir la table, vieille mais robuste, lui proposant ainsi de s’asseoir. Valenn accepta alors sans trop poser de questions, se demandant toutefois dans quel périple embarquait il et si il pouvait accorder sa confiance à la figure féminine lui faisant face. Une fois place prise, la dame, non avare en paroles, lui demanda si il eut déjà mangé, ce à quoi il répondit, après une brève hésitation:

- Eh bien… Je dois bien avouer que je n’ai rien avalé depuis quelques jours de cela. J’ai fait route sans relâche en direction de Kastalinn, et la faim me rattrape à présent.

Il marqua une pause avant de reprendre, d'un ton empreint de dépit, mêlant honte et tristesse :

- Mais l’argent me manque, et je ne puis rien avaler sans.

La jeune femme le fixa un instant et sans répondre un mot, elle détourna le regard, à la recherche de l’aubergiste. Lorsqu’elle l’aperçut enfin, elle lui fit signe de venir. Ce dernier s’empressa d’accourir en direction de sa nouvelle cliente. C’était un homme d’un certain age, grand à la barbe rousse et aux yeux azur. Il tenait fermement un grand plateau en fer usé dont la rouille semblait s’être emparé par endroits, et sur lequel gisait les quelques restes des commandes passées par l’assistance environnante. La dame commanda alors un repas pour Valenn, et l’aubergiste, après un signe de tête affirmatif, disparu alors dans la foule avec son plateau.

C’était bien la première fois, depuis Olek, que quelqu’un prenait soin de lui et Valenn ne manqua pas de remercier chaleureusement la femme qui avait déjà préparé les quelques écus nécessaires au règlement de ce repas. Un profond sentiment de gratitude envahit alors Valenn, teinté d'une légère gêne. Habitué depuis tant d’années à se débrouiller par lui même, il lui était difficile d’admettre aujourd’hui qu’il avait besoin d’aide, ce qui eut pour but de mettre à bas sa fierté. Mais il lui fallait faire preuve de docilité et de résiliance, car en cet instant, il n’avait rien, et il valait mieux éviter de provoquer des remous qui pourraient lors se transformer en tempête.

Quelques minutes plus tard c’est un doux fumet salé qui tira Valenn et la dame de leur conversation lorsque l’aubergiste revint avec sur son plateau un repas copieux. Il le déposa alors sur la table en face du jeune homme qui, submergé d’émotions, eu beaucoup de mal à retenir ses émotions.

- Merci infiniment pour le repas, dit-il avant d’attaquer sa première bouchée.

La nourriture, au contact de son palais, éveilla en Valenn des sensations presque oubliées, chaque bouchée semblant raviver en lui une vitalité qu'il croyait éteinte après de longs jours de jeûne forcé dans les terres Nordiques. Il put alors affirmer que le mets qu'il dégustait à cet instant était sans doute le meilleur qu'il eût jamais savouré jusqu'à ce jour.

Alors que Valenn poursuivait son repas, la femme qui lui faisait face replongea brièvement son regard dans le dessin qu'elle avait momentanément délaissé. Elle esquissa de nouveaux traits avant de tourner la page. C'est alors qu'elle s'enquit de plus amples informations sur le jeune rôdeur, laissant transparaître un intérêt pour une éventuelle collaboration :

- Pardonnez mon impolitesse tant la faim m’eut fait perdre mes bonnes manières. Je me nomme Valenn, enchanté. Jadis habitant de Kastalinn, j’ai quitté il y a de cela bien des années la capitale, m’offrant à une vie de solitude dans les terres environnantes. Au fil du temps, j’ai acquis une certaine maîtrise dans l’art de la traque et dans la connaissance des herbes sauvages. Je ne puis dire si mes services vous seront d’une quelconque utilité, mais je vous suis désormais redevable de cette délicieuse pitance.

Une fois la curiosité de la jeune femme assouvie, Valenn se replongea dans le repas qui s'offrait à lui.

Sujet: Re: Des landes à la capitale [PW Alba] Sam 14 Sep 2024 - 10:54

Ainsi, elle avait eu une bonne intuition en pensant au repas. En l'observant dévorer le plat, elle ne put se retenir de se demander depuis combien de temps exactement il n'avait pas mangé... Tout en étant rassurée. Il ne représentait pas de danger pour elle, avec ses manières de rustre. Il ne pourrait pas passer pour un noble, et c'était un bon point à ses yeux.

Le danger écarté, elle pouvait à présent se concentrer sur autre chose. Lorsqu'il la remercia, elle balaya tout cela d'un geste de la main.

- Je ne peux pas me permettre de laisser la seule personne qui vient spontanément se mettre à mon service mourir de faim. Vous allez avoir besoin de toute votre énergie et d'un esprit clair pour me convaincre, si vous êtes vraiment motivé.

Elle le laissa terminer son plat alors qu'elle notait et évaluait les informations qu'il lui avait données. Un traqueur, hein ? Voilà qui pourrait être intéressant... Si tant était qu'il n'utilise pas ce talent pour tuer. Mais justement, si elle l'employait, elle pourrait garder un oeil sur lui et trouver un autre but à cette compétence. Elle avait donc tout à y gagner. Mais elle le savait, pour gagner sa loyauté pleine et entière, elle devrait être honnête avec lui. Et pour cela... Elle ne pouvait pas se permettre de rester à portée d'oreille de tous ces chasseurs.

Alors, si elle l'acceptait, elle l'emmènerait ailleurs sous prétexte de lui accorder une période d'essai, ce qui ne serait pas complètement faux. Après tout, elle le testerait... Pourquoi ne pas faire ses révélations en pleine nature ? Juste au cas où... S'il se révélait son ennemi, il ne faudrait surtout pas qu'elle le laisse repartir impuni. Mais d'un autre côté, il était venu la voir de lui-même... Cela pourrait peut-être alléger son éventuelle peine. Ou l'empirer. Elle verrait. Inutile de tout voir en noir. Après tout, il était aussi possible qu'il corresponde à ses attentes... Ou qu'il accepte de changer. Tout était encore possible.

Sortant de ses pensées, elle réalisa qu'elle avait griffonné sur son papier, créant un croquis qu'elle ne savait pas trop comment interpréter. Mais elle essaya pourtant, histoire de laisser plus de temps à l'homme. Cela ressemblait à... Un oiseau. Mais étrange. Elle n'en avait jamais vu de tel. Existait-il seulement ? Elle devait absolument en avoir le coeur net ! Peut-être le destin lui-même venait-il de la lancer sur une quête... Et elle ne le saurait jamais si elle ne tentait pas.

Enfin. Là n'était pas la question, pas encore. Elle avait encore un homme à tester.

- J'en conclus donc que partir en voyage pendant une durée indéterminée ne vous pose aucun problème. Vous avez de la chance, il en est de même pour moi. Mais voyez-vous, je peux me débrouiller seule lors de mes explorations. Et moins on est nombreux, moins on a de chance d'effrayer la cible...Alors dites-moi... Avez-vous des compétences martiales ? Je pourrais avoir besoin d'un protecteur, on ne sait jamais ce qui peut arriver...

S'il acceptait, il lui reviendrait de s'assurer qu'il soit toujours parfaitement heureux. Car s'il avait de telles compétences, qu'elle n'avait pas, et décidait qu'il voulait se libérer... Hum, en effet, elle aurait intérêt à le traiter comme le plus cher des animaux de compagnie. Car oui, elle ne le verrait pas autrement. Mais pour être, être traité d'animal était un compliment. Les humains étaient si pleins de défauts, contrairement à ces créatures fabuleuse.

Sujet: Re: Des landes à la capitale [PW Alba] Dim 15 Sep 2024 - 1:47

Le vent froid et mordant, s’engouffrant à travers les interstices des pierres de la demeure, n'exerçait désormais que peu d'emprise sur Valenn, tant il avait recouvré des forces grâce à son repas. Il y avait bien longtemps qu'il n'avait goûté un mets d'une telle qualité, qui plus est en si agréable compagnie.

La situation présente parvint à esquisser un léger sourire sur le visage encore marqué par l'engourdissement du jeune homme, dû au froid. Il avait passé tant d'années en solitaire dans les vastes plaines, reclus dans une demeure entièrement coupée du reste du monde, à subvenir seul à ses besoins. Et pourtant, le voilà désormais contraint de solliciter de la nourriture auprès d'une inconnue, rencontrée fortuitement dans un établissement niché au cœur d'une ville où il s'était pourtant promis de ne jamais revenir.

Une fois son repas englouti, il balaya son assiette d’un geste nonchalant en direction d’un coin inoccupé de la table ce qui eut pour effet d’attirer l’attention de l’aubergiste qui s’empressa aussitôt de venir récupérer les restes afin de les ramener au comptoir.

C’est alors que la jeune femme, jusque lors peu encline au dialogue, fini par expliquer son geste de charité envers Valenn qui plongea son regard dans le sien avant de répondre sur un ton tout aussi calme et posé:

- Ne vous fourvoyez pas. Si je suis à votre service, c'est uniquement en raison de la rémunération que vous m'offrez. Tant que vous êtes en mesure de me payer alors je vous servirez autant que faire ce peut. Ceci dit, votre geste est fort appréciable et je saurai vous en tenir gré.

Lorsqu’il eut fini il observa les attitudes et mouvements de la jeune femme en face de lui, avant de reprendre:

- Il me vient alors à l’esprit que je ne connaît point votre nom, comment dois-je vous appeler?

Il était indéniable que les deux interlocuteurs avaient entamé leur discussion depuis déjà un certain temps. Bien que Valenn se soit présenté tardivement, il semblait que la femme ait choisi de préserver le mystère de son nom en ne le révélant pas à l'homme, ou peut-être l'avait-elle simplement oublié avec le tumulte environnant.

Alors qu'il parlait, il remarqua subtilement que celle-ci continuait à esquisser quelques dessins dans le carnet de cuir qu'elle tenait précieusement contre elle. Bien que d’apparence modeste, ce carnet semblait renfermer un secret bien gardé, d'une grande importance pour la jeune dame, qui, bien que étant en entretien concernant sa propre sécurité, ne semblait point se résigner à s’en séparer.

Valenn prit une nouvelle gorgée du breuvage qui était alors servi avec le repas, la femme se décida à reprendre la parole, lui posant une nouvelle fois une question, faisant suite à l’entretien précédent.

- Je n'ai plus aucun lien avec la région et je projetais déjà un voyage de longue haleine. Toutefois, étant donné que les ressources financières sont limitées dans les plaines, il m'était difficile de quitter le Nord sans argent, ce qui explique ma présence ici. En réponse à votre question, les longs voyages ne me posent aucun problème, et je serais tout à fait enchanté de vous accompagner lors d'une telle aventure si l'occasion se présentait. Ayant toujours rêvé de découvrir le monde, je suis résolu à saisir cette opportunité.

Il prit une courte inspiration avant de poursuivre:

- Bien que je reconnaisse que mes compétences martiales soient, je le concède, moins développées que celles de la traque, je suis persuadé de pouvoir être un allié de poids en cas de combat, si une telle situation venait à se présenter.

C'était son jour de chance ; s'il parvenait à convaincre cette femme, elle l'aiderait à quitter ce Nord qu'il déteste tant désormais. Il aurait ainsi l'opportunité de découvrir le monde en charmante compagnie. Bien que la jeune femme paraisse parfaitement à l'aise avec l'idée de se débrouiller seule, elle demeurait lucide quant à l'avantage d'avoir une personne de confiance comme garde du corps. Valenn allait devoir faire ses preuve, il le savait, mais il était prêt.

Sujet: Re: Des landes à la capitale [PW Alba] Dim 15 Sep 2024 - 10:55

Ainsi, il était uniquement motivé par l'or. Voilà qui avait le mérite d'être clair. Lui avait été honnête... Elle devait en faire autant, elle le savait. Mais pas ici. Ce serait du suicide si elle révélait ses motivations au milieu de tous ces chasseurs. Et même lorsqu'elle lui en parlerait... Elle devrait choisir ses mots avec soin. En effet, elle ne savait pas ce que lui pensait de la chasse. Qu'elle ne se suicide pas s'il y était favorable.

Et le voilà qui lui demandait son nom ! Elle hésita. Serait-ce prudent de se rattacher officiellement à sa famille ? Sa famille avec qui elle n'avait rien de commun, sauf l'éducation qu'elle avait reçue ? Elle soupira. De toutes façons, elle serait suspecte si elle refusait de répondre.

- Alba Divitus. Mais vous seriez bien avisé de ne pas m'associer à ma famille.

Son ton s'était refroidi trahissant probablement ce qu'elle pensait de ses parents. Pourquoi n'avaient-ils toujours pas payé, d'ailleurs ? Elle était trop gentille, parfois...

Puis, en réponse à sa question, le voilà qui insistait encore sur ses problèmes financiers... C'est bon, elle avait compris qu'il avait besoin d'or ! S'il le mentionnait encore une fois, elle risquait de changer d'avis quant à son embauche...

Ce qui serait dommage. Après tout, lui voulait découvrir le monde, elle voulait dessiner tous les animaux... Ils s'y retrouveraient probablement facilement. Pour trouver des animaux inconnus, elle devrait voyager dans des contrées inconnues, ou même dans des endroits plus reculés des lieux qu'elle connaissait déjà. Ce qui semblait être ce que recherchait cet homme. Avec ses compétences martiales et la richesse d'Alba, il y avait moyen qu'ils partent en exploration dans une optique de prospérité mutuelle. Alba nourrirait Valenn financièrement et lui lui permettrait de se nourrir mentalement... Cela semblait fournir un gain mutuel, une collaboration qui avait toutes les chances de fonctionner.

- Ne vous en faites pas pour les finances, je pourrai vous payer sans soucis... D'ailleurs puisque nous en sommes là... À quel salaire prétendez-vous ?

Bien sûr, elle aurait parfaitement pu ne pas lui poser cette question et lui accorder le salaire qu'elle voudrait. Mais voilà, elle ne savait pas combien on payait un garde du corps... Et lui en demanderait probablement moins que les gardes qui travaillaient habituellement pour les maisons nobles.... Elle avait besoin d'informations.

- Pour ce qui est de vos compétences... Vous n'imaginiez tout de même pas que j'allais accepter votre candidature sans les évaluer ? Nous verrons si elles sont suffisantes dès demain, je prévoyais de toutes manières de continuer à explorer cette montagne. Vous n'aurez qu'à maccompagner.

Elle comptait lui en dire plus, mais à la fin de l'entretien seulement. Inutile d'en dire trop trop vite, le but n'était pas non plus que les informations se bousculent et se mélangent dans sa tête. Chaque chose en son temps. Personnellement, elle avait toute la soirée...

Sujet: Re: Des landes à la capitale [PW Alba] Dim 15 Sep 2024 - 13:36

Une moue discrète mais perceptible se dessina sur le visage, alors angélique, de la jeune fille à l’interrogation de Valenn. La disconvenance dont venait de faire part Valenn semblait avoir froissé la jeune femme. Cependant, en tant que son subordonné, il lui faudrait bien, d'une manière ou d'une autre, trouver un moyen de s'adresser à elle.

Ainsi donc elle portait le nom d’Alba Divitus. Pourtant une question subsistait: Pourquoi serait-il bien avisé de ne pas l’associer à sa famille? Alba semblait entretenir des relations conflictuelles avec les membres de celle-ci, mais pour quelle raison? Autant d’interrogations auxquelles Valenn ne trouverait aucune réponse. Après tout, cela ne le concernait pas. Ce nom lui était inconnu, et il n’avait aucunement l’intention de faire la rencontre d’un autre Divitus de son vivant. Peut-être étais ce précisément la raison pour laquelle Alba avait paru si troublée à sa question.

- Rassurez vous, Alba. Vos affaires familiales ne me concernent en aucun cas, sauf si elles venaient à influer sur mes futures responsabilités professionnelles.

Il porta de nouveau à ses lèvres la chope de bois qui reposait sur la table, celle-là même qui lui avait été servie avec le repas qu’il avait dévoré. Puis, la question de la rémunération se posa. Valenn n’avait pas tant réfléchi à cette question, il n’avait pas réellement d’offre à faire. Il saurait se contenter de peu, voire de rien du tout si le voyage était à la charge d’Alba.

- La rémunération m’importe peu, pourvu que je ne souffre pas de la faim. Disons, si cela vous convient, que je me mets à votre service et vous accompagne tout au long de votre voyage, tandis que vous prenez en charge l’ensemble des frais.

Son regard se posa alors sur le carnet d’Alba, où était esquissée une silhouette évoquant un animal inconnu aux yeux du rôdeur. Il ne fut pas difficile pour Valenn de deviner que la jeune femme nourrissait une soif d’aventures et aspirait à quitter les terres du Nord. Si tel était le cas, ils partageaient assurément un intérêt commun.

- Bien entendu, je suis parfaitement conscient qu’une action vaut mille paroles, et cela me convient tout à fait. Si vous souhaitez me mettre à l’épreuve, je serai prêt à vous accompagner dès demain pour l’ascension, afin que vous puissiez juger plus aisément de mes compétences.

Il acheva alors sa boisson et tourna la tête vers l'une des fenêtres de la demeure. La nuit était tombée dehors, le bleu azur du ciel ayant cédé la place à l'obscurité profonde des contrées Nordiennes. Seules quelques lueurs vacillantes dansaient au loin, les flammes de la capitale offrant une maigre source de lumière. L’aubergiste, après avoir achevé son service, s’affairait à allumer le feu dans la grande cheminée disposée dans un coin de la pièce, créant ainsi pour ses hôtes une atmosphère à la fois intimiste et chaleureuse. Le crépitement des flammes dansantes dans la cheminée se mêlait au bruit ambiant de la foule, dont le tumulte, bien que présent, restait modéré.

Le logis était situé à l’extrémité nord de la ville. À quelques pas de là se trouvait une issue à travers les remparts, menant directement vers les montagnes environnantes. Peut-être était-ce là que Valenn allait devoir faire ses preuves demain. Il éprouvait peu d'inquiétude, probablement à tort, mais il espérait pouvoir tirer parti des années éprouvantes passées dans les plaines.

Sujet: Re: Des landes à la capitale [PW Alba] Sam 21 Sep 2024 - 21:42

Il l'assurait de sa discrétion. Bien. Cependant... Il faudrait qu'ils discutent. Elle ne pouvait pas lui permettre de l'appeler par son prénom s'il finissait par être son subordonné. Cela induirait une proximité qui était loin d'exister entre eux. Mais d'un autre côté, elle venait de lui demander de ne pas l'associer à sa famille, obligation à laquelle il se conformait en l'appelant ainsi... Ce serait à elle de lui dire comment elle voulait qu'il l'appelle. Lorsqu'elle en aurait décidé.

- Ma famille contrôle déjà bien assez ma vie, je ne leur en permettrai pas plus. Rasurez-vous donc, ils n'auront absolument aucune influence sur vous. Si vous avez la moindre demande ou réclamation, voyez cela avec moi directement.

Elle tenait à sa liberté, après tout. Et puis, de toutes façons, si loin de chez elle, elle échappait à l'influence de ses parents. Ce qui lui convenait parfaitement.

Puis il lui affirma pouvoir se contenter d'un salair inexistant si Alba prenait à sa charge les dépenses du voyage. Elle hocha la tête, nota. S'en contenterait-elle ? Elle n'en savait rien. Mais pour l'instant, elle prenait en compte qu'il n'était pas compliqué.

- Bien, nous ferons donc ainsi... Pour l'instant. Disons que si vous vous montrez particulièrement à la hauteur, vous pourriez avoir un bonus.

Puis il accepta sa mise à l'épreuve, certainement conscient que c'était le seul chemin possible vers cet emploi. S'il refusait, il retournerait à la case départ et en était certainement conscient. Il restait donc un dernier point à éclaircir :

- Bien ! Avez-vous déjà réservé une chambre ?

Si tel était le cas, il n'y aurait plus qu'à se quitter pour aujourd'hui, après avoir défini l'heure du départ le lendemain... Heure qu'Alba comptait définir aussi tôt que possible, toujours dans l'optique de tester cet homme, qu'elle ne comptait pas épargner. Après tout, le but était de voir jusqu'où il pouvait aller. Il avait intérêt à bien dormir.

Sujet: Re: Des landes à la capitale [PW Alba] Dim 22 Sep 2024 - 21:05

À mesure que la nuit étendait progressivement son emprise sur le monde au-delà des robustes murs du refuge, les lueurs scintillantes, animées par la danse des flammes dans l'âtre de la cheminée, s'intensifièrent. Ces dernières projetaient aux murs de grandes formes orangées qui dansèrent sur un rythme effréné, éclairant les quelques personnes encore présentes entre les murs de l’enseigne. L’aubergiste, dont le service s’apprêtait à toucher à sa fin, se contentait à présent de passer à travers les tables afin de recharger les verres et débarrasser les tables, vides de monde où seuls les vestiges d'un festin passé témoignaient encore d'une activité humaine désormais révolue. Sa course l’amena alors à la table des deux jeunes gens, une cruche à la main. D’un subtil mouvement du poignet, il fit signe à Valenn de remplir à nouveau sa chope, mais ce dernier déclina courtoisement l’offre d’un simple geste de la main. Ce dernier reprit alors sa route dans le silence le plus absolu, laissant le soin à Valenn et Alba de poursuivre leur conversation.

A l’entente de son prénom, la jeune femme fit une subtile grimace que Valenn interprétât comme de la gêne. Peut-être qu'Alba ne désirait pas être appelée par son prénom. Après tout, il est vrai que ces deux personnes ne se connaissaient pas, et le rôdeur avait fait preuve d'une grande indélicatesse en s'octroyant la liberté de l'interpeller ainsi.

- Pardonnez ma maladresse si mes paroles ont pu vous offenser d’une quelconque manière.

Valenn se tut alors, laissant la jeune femme reprendre son discours au sujet de sa famille. Elle lui assura que le jeune homme n'aurait aucune crainte à avoir quant à l'influence que cette dernière pourrait exercer sur son futur travail. Et si, par malheur, tel devait être le cas, elle lui certifia qu'il pourrait s'en remettre directement à elle pour régler la situation.

Vint ensuite la question du salaire. À la réponse de Valenn, le visage de la jeune femme s’éclaira davantage, signe qu'il interpréta comme positif. Elle replongea alors brièvement dans son carnet pour y griffonner quelques notes cachées aux yeux pourtant perçants du rôdeur.

Elle referma alors son petit calepin d’un geste délicat, avant d’évoquer la possibilité d’un bonus si le labeur effectué par Valenn allait à sa convenance. La perspective d'un bonus salarial était particulièrement réjouissante pour Valenn, qui commença alors à envisager l'équipement qu'il pourrait acquérir une fois la somme reçue. Cependant, il chassa ces pensées de son esprit aussi promptement qu'elles y étaient apparues. Il en était conscient : il n'en était pas encore là. Dès le lendemain, il devrait faire ses preuves auprès de la femme qui se tenait devant lui. Tout restait à accomplir, et il allait devoir s'investir pleinement pour impressionner Alba.

Au fur et à mesure que la discussion se passait, et que l’heure tournait, les pèlerins autrefois nombreux au sein du logis quittèrent peu à peu la bâtisse. Alors que certains regagnaient leur domicile, totalement enivrés par la soirée passée à festoyer à la table de l'auberge, d'autres, simplement de passage, prirent congé pour se retirer dans leurs appartements à l'étage afin de passer la nuit.

Les échos des pas résonnaient sur le vieux bois de la mezzanine, se faisant particulièrement distincts à l'endroit où se tenaient les deux personnes, dissimulés sous l'escalier. Le feu dans l’âtre commençait à faiblir, signe pour les quelques convives qu’il était temps de prendre congé de l’auberge. L'aubergiste se mit à nettoyer les nombreuses tables désertées autour de Valenn, avant de ranger le mobilier, s'apprêtant ainsi à fermer l'établissement. C’est dans ce silence presque religieux que seul le crépitement du feu, agonisant dans l’âtre, semblait troubler, qu’Alba prit la parole. Elle demanda ainsi au rôdeur si il avait réservé une chambre pour la nuit ce à quoi il répondit d’un hochement de tête:

- Mes finances étant précaires ces temps ci, je ne suis pas venu ici dans l’espoir de trouver un abri pour la nuit. Il me reste toutefois une connaissance dans la ville qui serait ravie de m'offrir l'hospitalité pour la nuit. Je ne saurais vous demander un tel service alors que nos chemins viennent à peine de se croiser.

Par ces mots, Valenn faisait référence à Olek, le vieil homme qui s’était autrefois occupé de lui. Cela faisait des années qu’il ne l’avait pas vu, il se demanda même si ce dernier vivait encore en ville. Il en vint alors à regretter ses paroles et se ravisa alors:

- Cependant, bien qu’il ne fait aucun doute que ce dernier serait enchanté de me recevoir pour la nuit, cela fait bien des années que je n’ai eu de ses nouvelles et je ne saurai dire si il réside encore à Kastalinn..

L'idée de passer la nuit à l'extérieur, dans ce froid mordant, déplaisait profondément à Valenn. Cependant, il se doutait qu'il n'aurait probablement pas d'autre choix tant les finances manquaient. Quoi qu'il en soit, il allait avoir besoin d'une bonne nuit de sommeil pour prendre des forces afin d'affronter les épreuves du lendemain, car il le savait très bien: Alba ne serait pas indulgente avec lui.

Dernière édition par Alba le Mer 9 Oct 2024 - 22:22, édité 1 fois

Il avait au moins la décence de s'excuser... Mais cela ne satisfaisait pas Alba pour autant. En effet, il s'agissait d'une preuve qu'elle n'était pas assez douée pour lui cacher ses émotions. Si elle souhaitait pouvoir lui mentir, ce qui pourrait potentiellement être utile pour "négocier" à l'avenir, elle devrait apprendre à mieux se contrôler. À quoi bon faire attention à ses paroles si son visage la trahissait ? Il faudrait qu'elle s'entraîne.

Enfin, cela n'était pas encore d'actualité. Car pour savoir si elle accepterait définitivement de l'employer, elle se devait d'être sincère et d'étudier sa réaction. En tous cas, c'était l'approche qu'elle avait choisie. Mais la plus grande sincérité aurait lieu le lendemain, loin de tout potentiel témoin. Juste au cas où. Evidemment, plus la conversation avançait, moins elle avait envie de lui faire du mal. Mais la question principale, celle de la chasse, n'avait pas encore été abordée. Elle en était consciente, la position de l'homme à ce sujet pouvait tout faire basculer d'un coup s'il avait le malheur de se trouver du mauvais côté de la balance... Encore plus s'il ne montrait pas de volonté de changer. Mais on verrait tout cela le lendemain.

Lorsqu'elle lui demanda où il comptait passer la nuit, il parla d'une connaissance, avant de se raviser... Elle laissa échapper un soupir agacé.

- Vous devez être sûr de vous. Je peux vous attendre ici pendant que vous allez voir si cette connaissance réside toujours au même endroit, si vous voulez. Disons que si vous n'êtes pas de retour dans une heure, je considère que vous l'avez retrouvé et cesse donc de vous attendre.

Elle laissa passer quelques minutes, avant de se rappeler des règles élémentaires de la politesse :

- Cela vous convient-il ?

Sujet: Re: Des landes à la capitale [PW Alba] Lun 30 Sep 2024 - 10:09

La nuit était désormais bien avancée, et la lassitude commençait à envahir le jeune homme, accompagnée de l'irritation et de la froideur habituelles qui caractérisaient son tempérament. Il était à la recherche d’un emploi, mais il n’était nullement un valet sur lequel le monde pouvait s’essuyer les pieds, et le soupir qu’Alba laissa échapper éveilla en lui une vive contrariété. Cependant, il avait besoin d’elle, il en avait conscience. Il ravala alors son orgueil et déclara :

– Je ne m'appuierai certainement pas sur des souvenirs imprécis. J’ignore s’il réside encore dans cette ville, et cela fait de nombreuses années que je n’ai plus de nouvelles de lui. Si vous n’avez ni les moyens, ni même la volonté de m’offrir une chambre, je le comprends parfaitement. Dans ce cas, je m’arrangerai par moi-même pour trouver un lieu où passer la nuit.

Il avait pleinement conscience que sa réponse risquait fort de contrarier son interlocutrice, mais il l’exprimait avec la plus grande sincérité. Il n’avait nullement l’intention de traverser la cité en pleine nuit pour vérifier si Olek se trouvait encore en ville, voire même s'il était encore en vie. Si cela en a été ainsi vis à vis de leur relation c’est que le destin l’avait choisi et qu’il n’avait nul mots à dire.

Il passa alors un regard furtif à l’extérieur où les ténèbres semblaient avoir main prise sur l’ensemble du monde. Nulle lumières ne perçait à travers la nuit et les quelques habitations alentours que Valenn avait eu le temps de remarquer avant que le jour ne décline, étaient désormais plongées dans une obscurité profonde. Les seules personnes encore présentes dans cette partie là du refuge étaient Valenn, Alba et à mesure que le temps avançait, le feu agonisait petit à petit les laissant peu à peu dans la pénombre. L'aubergiste, ayant désormais achevé toutes ses tâches, se dirigea vers l'escalier, tenant entre ses mains un sac contenant la recette de la journée. Il laissa échapper un bâillement sonore et, arrivé à la hauteur des deux personnes, leur fit un discret signe de la main en guise d’au revoir. Puis, sans un mot de plus, il entreprit de gravir les marches en bois, se dirigeant vers ses appartements pour la nuit.

- Je crains qu’il ne nous faille écourter cette discussion dit-il calmement. Je vous laisse le soin de choisir ce qui vous semble être le plus convenable concernant la chambre. Quoi qu’il en soit, nous nous retrouvons demain matin à cet endroit si ma mémoire ne me fait pas défaut.

Sujet: Re: Des landes à la capitale [PW Alba] Jeu 10 Oct 2024 - 17:57

Comme il l'avait deviné, la réponse l'irrita. Mais elle ne le montra pas. Passée maîtresse dans l'art d'avoir l'air avenante, même si ce don ne semblait pas fonctionner sur cet homme en particulier, elle fit mine de ne pas avoir remarqué ces insinuations.

Lorsque l'aubergiste passa près d'eux, elle lui glissa le prix de l'une de ses meilleures chambres. Puis elle adressa un regard éloquent à son compagnon de tablée. Evidemment, elle n'avait rien fait pour rendre la transaction discrète. Il s'agissait de sa réponse. Qu'elle compléta néanmoins en paroles :

- N'insinuez jamais que je n'aie pas les moyens de payer quoi que ce soit. Néanmoins, vous restez libre de choisir ce que vous comptez faire. J'imagine que le tavernier n'ira pas vérifier si vous occupez la chambre réservée, il a son or.

Puis elle se leva. L'endroit où il passerait la nuit ne lui importait pas le moins du monde. Tout ce qui comptait était qu'il soit à l'heure le lendemain matin.

- Exactement. Rendez-vous ici demain au lever du jour. Préparez-vous à une longue excursion. Je ne sais pas exactement combien de temps elle durera, par conséquent, autant prendre nos précautions. Prévoyez la journée. J'imagine que cela ne vous pose pas de problème ?

Une fois sa réponse obtenue, elle prendrait congé pour rejoindre sa propre chambre. Elle aussi devrait se lever tôt, après tout.

Sujet: Re: Des landes à la capitale [PW Alba] Ven 25 Oct 2024 - 0:37

- Je n’avais nullement l’intention de laisser entendre de tels propos au sujet de votre situation financière. Il eût été tout à fait convenable de votre part de me refuser le règlement pour la chambre.

Sentant qu’il avait touché à son orgueil, il garda le silence et se contenta de rassembler ses effets éparpillés çà et là autour de la table. Elle venait de lui offrir une chambre pour la nuit, que ce fût par pure générosité ou non, il n’en savait rien, mais les faits étaient indéniables. Ce soir, il dormirait enfin dans un véritable lit, et cette simple pensée suffit à remplir son cœur d’une joie profonde.

- Je vous remercie pour la chambre et vais de ce pas prendre congé afin de profiter d’une bonne nuit de repos.

Alors qu’il tira la chaise afin de se lever, Alba lui expliqua alors comment la journée du lendemain allait se dérouler, ce à quoi il répondit:

- Je n’ai effectivement rien de prévu. L’épreuve durera le temps qu’elle durera cela me va.

Il fit un léger signe de tête à la jeune femme avant de prendre son baluchon et se diriger vers les escaliers en bois. Valenn croisa en chemin l’aubergiste qui lui remit une clé, tout droit sorti de sa poche. Il le remercia avant de se diriger vers le vieil escalier au fond du refuge. Il commença alors à monter les marches qui firent un bruit de tous les diables à cette heure ci de la nuit.

Une fois au sommet des marches, un long corridor étroit s’offrait à lui. Le plancher, fait du même bois terne que les escaliers, craqua sous le poids du jeune homme qui ne s’évertuait pas au silence pour autant. Valenn plongea la main dans sa poche afin d’en tirer la clé en fer que l’aubergiste lui avait remis au préalable. Il était inscrit dessus le chiffre 9, correspondant très certainement à son numéro de chambre.

Valenn passa quelques minutes à roder à l’étage avant de finalement s’immobiliser devant une porte sur laquelle un grand neuf était comme gravé dans le bois. Il inséra la clé dans la serrure, qui tourna sans la moindre résistance, et la porte s'ouvrit dans un long et pénible grincement, révélant ainsi la chambre.
Il s’agissait d’une petite suite tout à fait coquette au charme pittoresque. Une table en bois accompagnée de deux chaises occupait le centre de la pièce, tandis qu'un lit douillet était encastré au fond de la pièce. À l’entrée, sur la droite de Valenn, se trouvait une petite commode, sur laquelle reposait un livre, probablement une distraction laissée là par l'aubergiste, ainsi qu'une coupe de fruits frais du matin. Il ne faisait aucun doute, Alba n'avait pas exagéré en commandant cette chambre plus tôt dans la journée.

Valenn prit alors un quartier de pomme de la coupelle avant de poser son sac sur la table et se jeter sur le lit au fond de la pièce. Il ne lui fallut que quelques minutes pour sombrer dans un sommeil des plus profonds.

La nuit se passa sans encombres et c’est au chant du coq le lendemain matin que Valenn ouvrit les yeux. Il se redressa sur sa couche et prit quelques instants avant de se lever, se dirigeant ensuite vers une cruche d'eau soigneusement posée sur une table dans un des coins de la pièce et dont le rôdeur avait ignoré l'existence la veille au soir. Il s’aspergea le visage afin de se réveiller, reprit le sac qui gisait encore sur la table au centre de la pièce et quitta la chambre qu’il referma à clé soigneusement.
Il descendit les marches avec le même calme qu'il avait manifesté en les gravissant la veille, puis prit place à la même table où il s'était installé avec la jeune femme la veille. Là, il l'attendait, un quartier de pomme récupéré dans sa chambre en guise de petit déjeuner, qu'il tenait tranquillement entre ses mains.

Sujet: Re: Des landes à la capitale [PW Alba] Mer 30 Oct 2024 - 10:35

Il prit congé rapidement sans émettre la moindre réserve sur le temps de l'épreuve du lendemain. Bien. Dans ce cas, elle pourrait tranquillement rejoindre sa chambre désormais débarrassée de la moindre allusion à la chasse et réfléchir à ce qu'elle pourrait lui demander. Aussi, bien qu'elle aie rejoint sa chambre un peu avant son invité du jour, elle se coucha probablement bien plus tard que lui, absorbée dans ses livres. Elle devait se trouver une cible. Car si l'escapade du lendemain servirait de prétexte à un test pour l'homme, il ne fallait pas oublier que son but premier était de faire des croquis et de compléter ce qu'elle avait appris dans les livres.

Finalement, elle arrêta son choix sur un cheval sauvage. Certes, elle connaissait les chevaux, mais d'après ce qu'elle avait lu, ceux-ci seraient beaucoup plus fougueux que ceux utilisés par les nobles et pas dociles pour un sou. Ce serait parfait. Elle adorait dessiner des animaux fougueux. Leur mouvement, lorsqu'elle arrivait à le capturer correctement, donnait une nouvelle dimension au croquis, le rendant bien plus vivant. C'était donc décidé, ils traqueraient l'un de ces chevaux.

Le lendemain, lorsqu'elle descendit, elle avait le livre sous la main. Elle retrouva l'homme à la même table que la veille. Elle lui adressa un sourire. Bien. Il était à l'heure. Elle nota qu'il avait déjà récupéré quelque chose à manger. Elle prit le temps de se commander quelque chose de rapide aussi, lui adressant au passage un coup d'oeil signifiant qu'elle lui demandait s'il en voulait aussi. Même si elle en doutait : il semblait avoir déjà mangé. Mais si ce n'était pas le cas, il était de son devoir de s'assurer qu'il ne partirait pas en expédition le ventre vide.

Ces formalités réglées, elle le rejoignit et ouvrit son livre devant lui, à la page qui l'intéressait. Puis elle se lança tout de suite dans le vif du sujet.

- Bonjour. Nous allons prendre un peu de temps pour prendre des forces et faire le point. Hier soir, j'ai étudié la faune des environs, j'aimerais voir au moins l'un de ces chevaux. Est-ce que cela vous va ? Et est-ce que vous en auriez déjà vu, à tout hasard ?

Si tel était le cas, il pourrait la guider. Autrement, elle ferait comme d'habitude et se fierait aux indications glanées dans le livre. Généralement, elles étaient assez utile, sans pour autant être complètement suffisantes. Mais la recherche faisait partie de l'expérience.

Même lorsque le petit déjeuner arriva, elle ne perdit pas de temps et le briefa de la façon la plus complète possible, afin qu'il n'aie pas de surprise :

- Lors de ces expéditions, je cherche l'animal ciblé en faisant de mon mieux pour ne pas le surprendre et ne surtout pas l'effrayer. Mon but est de le dessiner dans son environnement naturel, et moins il est au courant de ma présence, mieux c'est. Si vous désirez toujours m'accompagner, cette expérience risque surtout d'être une épreuve de patience. Il faut parfois attendre des heures sans bouger pour avoir une chance de voir l'animal visé... Ou même un autre, ce qui arrive souvent. Patience et persévérance, ce sont les qualités qui vous seront les plus utiles aujourd'hui.

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Des landes à la capitale [PW Alba]

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