Le printemps était revenu.

Dans les rues de Stellarae, des pétales de cerisier volaient parfois, accompagnant Redaka du Canari Jaune jusqu'à la Queue de Phénix où il travaillait tandis que le soleil habillait les parties de son corps que ses tuniques de satin ne couvraient pas. Dans l'air régnait le doux parfum des sables, qui se mêlant aux effluves et vapeurs des différents commerçants dans les rues laissaient présager des temps pleins d'opulence.
Les jours avaient pour Redaka le goût de lait et de miel, si bien que l'idée de se rendre le temps de quelques jours dans les Plaines d'Arràn en compagnie de deux amies et leurs partenaires respectifs survint rapidement alors que le groupe se retrouvait pour boire une bière en fin de service. Il accepta avec empressement, ne connaissant pas encore la destination et désireux de voir ce qu'on appelait des "aurochs".

Sa patronne lui accorda l'absence, puisque son rendement (et leur entente qui en résultait) était irréprochable. Il avait calculé pouvoir se passer de ces jours, mais il lui faudrait peut-être aller couper du bois un de ces jours.

Ce fut l'un de ses amis qui emmena l'escouade car il disposait de voitures et personnel, deux avantages de poids lorsqu'on désire voyager sans trop dépenser. Lorsque Redaka lui soumis l'idée, il fut honoré que le Djöllfulin l'invite et ne posa pas d'oppositions. Ruby, sa collaboratrice de scène avec qui il passait le plus clair de son temps, les accompagna avec un certain Brian. Jeune militaire fraîchement sorti de ses études préliminaires.
Béatrice, la plus âgée d'entre eux, qui gérait une boutique d'herboristerie, les rejoindrait avec un explorateur elfique du nom de Synde plus tard dans la soirée, par ses propres moyens, devant assurer commerce jusqu'à la fin de semaine.

Sur la route, en s'arrêtant pour manger ils croisèrent un troupeau d'aurochs. Ensuite ils burent, plus que de raison, et décidèrent de camper là, au beau milieu d'Arràn, pour se fondre dans l'après-midi en jouant aux cartes et cuisant de la viande au feu de bois. Cernés par des buissons de fleurs, bourgeonnantes de vitalité, ainsi que par un ruisseau, le groupe trouva l'endroit parfait pour les jours à venir.

Le soir tombé, alors que les présents avaient délaissé les cartes pour des jeux où la réflexion n'était point nécessaire (la bière est redoutable, parfois, l'herbe aussi) tous barbotaient dans le ruisseau. On se demanda à quel moment Béatrice et Synde arrivèrent, ou s'ils avaient toujours été là, dans tous les cas on mangea de la viande chassée sur place, ouvrit encore quelques bouteilles, et dansa un peu partout.

Comme sonnait minuit, annoncée par la majestueuse pleine Lune qui leur était offerte, les garçons qui accompagnaient les démons les virent se changer.

L'incube et les deux succubes, de concert, se prirent les mains en riant hystériquement autour des flammes. Les drogues leur distordaient les sens, mais leurs buts demeuraient aussi clairs que l'eau qui coulait à quelques centimètres de là. Une fois leurs mains nouées, ils s'étreignirent, et leurs queues fourchues les imitèrent comme ils récitaient une phrase chantée en boucle :

Leurs entrailles furent rompues, leurs gorges lacérées, et leurs cœurs dévorés sous l'œil attentif de la Lune. Puis, repus et maquillé de litres de sang, Redaka s'endormit dans les bras de ses sœurs. Lorsqu'il s'éveilla, il était seul au milieu d'Arràn, dans son sac de couchage en fourrure. Le feu crépitait encore ardemment à ses pieds, et le soleil illuminait gentiment son visage. Il s'étira promptement, remercia silencieusement ses alliées du ménage, et piqua une saucisse à la broche pour le petit-déjeuner.

Il souriait, tout heureux, comme autour de lui dansaient les pollens. La saison du renouveau était pleine de merveilles.

Le soleil avait succédé à la Lune, et avec la grandiose transformation de l'horizon, le réveil de Redaka fut doux.

Le temps passait différemment pour ceux de l'espèce du danseur, comme au cœur des royaumes infernaux les cors dissonants de satyres aveugles jouaient pour guider l'existence à sa Fin, il était sans substance. Aux yeux de Redaka, peu importait ce qu'il adviendrait, ou ce qu'il était advenu, car il serait Redaka ici et partout où le porteraient les rivières d'éther.
Telle était la nature de son pacte avec la mère de toutes les merveilles ; a contrario des pensées mortelles qui dictaient que le beau n'indiquait pas forcément la perfection, chez certains démons on connaissait la phénoménale puissance d'une délicieuse apparence.

Une pensée pouvait disloquer des mondes, une brillance aveugler des masses, et Redaka par un simple regard avait charmé le destin.
Ainsi, dans sa conception de la vie, dictée par les mouvements astraux, il ne demeurait jamais longtemps où il résidait. Armé d'herbe elfique, et de son minois pour seules compagnies, il vivait heureux en conscience de métamorphoses à venir. Semblable aux phases lunaires, le Djöllfulin guettait un monde de soleil et pousses bourgeonnantes arrosées de pluies estivales en se demandant si elles seraient sa prochaine destination.

Stellarae perdit immédiatement tout intérêt.
Celui qui rentrerait de ce voyage, en préparerait un autre.

Comme il philosophait silencieusement en croquant une saucisse, un bruit attira son attention. Les feuillages se mouvaient trop lourdement pour signifier gibier, trop rapidement pour annoncer aurochs. Avalant sa dernière portion, le démon scruta les herbes hautes et y reconnut les cornes caractéristiques d'une cousine.

De nouveau, et même parmi les ronces, pissenlits, blés, et arbres en fleurs, Redaka voyait le mouvement des planètes et l'arithmétique discrète des étoiles. Ce que les humains appelaient destin.
Son sourire se fit radieux, et il coiffait ses longs cheveux en arrière pour mieux dévoiler ses traits à la créature dont il ignorait tout encore à part qu'elle était de chez lui.

Comme son sourire allait toujours plus grand, et qu'il insistait délibérément sur ce dernier terme, Redaka dévoilait ses canines scintillantes sous un soleil chaleureux.

Voici donc que Redaka rencontrait une faune, espèce de laquelle les incubes étaient particulièrement proches tant ils invitaient aux mêmes excès ; la différence étant que celle qui se disait être Baalumeth représentait une forme plus pure d'engeance démoniaque. Créatures primordiales associées aux Titans, le Djölluflin s'émerveillait tout autant qu'il frémissait de rencontrer la rare chimère.

Même au sein d'Elphaël, cité démon de Rebis, la vue d'un Faune était toujours annonciatrice de quelque plus grand évènement. C'étaient eux qui après tout, jouaient de leurs flûtes pour apaiser l'horreur des ténèbres de Némée, et si l'aspect enfantin et les gestes naïfs de son interlocutrice pouvaient berner les Hommes, Redaka quant à lui la savait bien pus armée pour tuer que les siens.

Les incubes étaient d'une autre sorte, des enfants conçus par amour dans les royaumes démoniaques, issus des liaisons romantiques d'âmes perverses et disloquées ; eux aussi peu communs, leur beauté résultait des sentiments délicats qui émanaient des Démons Primordiaux.
Rares, donc.

Il sourit à son tour, gaiement, en voyant ses belles dents pointues, mais surtout son familier :

Fit-il, pensif. C'était vrai, Redaka était particulièrement oisif, même pour un démon des plaisirs dont il s'agissait d'une caractéristique inhérente ; lors de son éducation aux Daemonos Arcanae, les arcanes démoniaques d'Elphaël, seule sa capacité naturelle l'avait sauvé de se faire recaler aux examens. Redaka étudiait peu, préférant apprendre auprès des hommes et femmes de ce monde et se consacrer à l'entretien de son physique.
Cela dit, Redaka était né d'un feu particulièrement doux. Lorsque un Djöllfulin, le corps fracassé sur les glaces des Fjörds et l'esprit hurlant sa volonté de vivre, avait supplié les Enfers ces derniers s'étaient émus de sa demande. Il était né de poésie, et toute sa vie placée sous le signe de la Beauté, sa magie chassait les doutes et purifiait les cœurs de ses peines. Aucun pouvoir n'était plus terrifiant.

Il tira longuement sur sa pipe, et répondit après avoir laissé le soleil parcourir son visage. Ses cheveux d'argent, fine tapisserie lunaire, brillaient calmement d'un halo flamboyant. Sa tunique de soie brodée était fleur de coton au milieu d'une prairie, et sa peau, un oasis de saphirs en été :

L'air chaud des d'Aràn balaya un instant celui qui s'enivrait des aléas de la Providence -et d'herbe-. Redaka ne croyait pas au hasard, et il remercia silencieusement la Lune qui l'avait vu mourir de rendre son voyage si riche et profitable. Un faune... merveilleux...

Redaka eut un soubresaut au contact de la Faune, et la fumée qu'il contenait dans ses poumons s'expulsa de manière comiquement involontaire sous l'effet de la surprise.

Contrairement à ce que pouvaient véhiculer leurs mœurs, les êtres de plaisir craignaient le contact autant qu'ils ne recherchaient. Pour eux, il s'agissait d'un acte d'une extrême intimité qui déclenchaient chez eux des réactions violentes ; Redaka ne touchait que ceux dont il désirait s'approprier l'âme, et de nombreux humains, mégères esseulées portées par les flots d'un vin blanc sirupeux ou chevaliers rendus coquins par les herbes avaient perdu des doigts à toucher Redaka sans son consentement.
Il laissait cependant la créature faire, chacun de ses mots reflétant un chagrin immense à l'idée d'être séparée de sa fratrie.

Ainsi, elle maîtrisait aussi la télépathie ? Quelle créature des plus puissantes !  

Tournat son esprit vers Baalumeth, le Djöllfulin esquissa un sourire plein de soleil, et raffermissait dans le même temps son étreinte sur sa soeur.  Sa voix, lui à qui la télépathie coûtait à exercer, fut cependant dénuée de sympathie, bien au contraire, lorsqu'il répondit :

L'art de voir le Beau, de s'ouvrir aux Merveilles du Monde, commandait à ce qu'on conserve vis à vis des affres de la colère une réserve toute naturelle. Toutefois, face aux immondices dont étaient capables les Humains, Redaka fesait souvent exception à ces enseignements. Assis dans l'herbe, perdu au milieu des plaines printannières de Kastalinn, la bise nordique venait lui caresser ses cheveux couronnés de cornes fines ; si pointues qu'elles embrocheraient sans peine quiconque eut été assez malchanceux.

Un claquement sauvage annonça sa queue, dont les écailles scintillaient, luisantes, d'un noir si profond qu'il semblait destiné à avaler le soleil lui-même, et celle-ci se comportait comme l'appendice des félins. Elle allait et venait, battant l'air, sans que son propriétaire ne semble la commander consciemment.

Enfin, ses ongles devinrent longs, arborant la couleur de sa peau. Sortes de griffes de combat, leur étrange éclat d'azur annonçait aux ennemis une toxine soporifique virulente.

Il se levait, décalant doucement Baalumeth, pour sortir d'un pli de sa toge en soie violette une fiole où nageait un liquide doré. L'essence de celui qu'il avait hier sacrifié à la Lune. La vie raffinée grâce au procédé alchimique comme décrit dans les Daemonos Arcanae : un procédé exclusivement réservé aux Démons pour boire les âmes.

Debout, brûlant au milieu de ce qui semblait un enfer de roses pâles, Redaka le démon du Blizzard, n'exhalait aucune chaleur ; sa froideur se manifestait dans l'exactitude de l'angle de sa mâchoire, la fluidité de ses cheveux d'argent, et la délicatesse de sa manucure. Le Diable le plus beau que les Cercles Infernaux n'eurent enfanté.

Dans sa forme démoniaque, originelle, de laquelle il s'était extirpé de la Mère des Merveilles, la splendide Nox, qui crachait démons par milliers dans les Ténèbres de Némée, Redaka se mouvait avec la férocité des bourgeons de printemps.
Ceux qui désiraient plus ardemment que tout éclore.

Il s'avança, laissant tomber sa toge pour dévoiler un corps dont la pudeur était garantie par des endroits stratégiquement plus velus que d'autres. Le diable Redaka, destiné à plonger les hommes dans les flammes sans chaleur de ses enfers, se dévoilait au soleil sous sa nature la plus véritable.

Rendu léger par l'herbe et la flûte de pan, le corps du danseur commença à s'exprimer sous la mélodie conjurée par Baalumeth. Lui qui ne vivait que pour les sons que la Lune émettait sous l'acceptation des torrents de fluides qu'offraient les siens au satellite-reine, se senti à la fois privilégié et écrasé par l'entente des musiques qui berçaient le Titan primordial.
Soudainement, tous les livres qu'il avait lu sur comment les Faunes apaisaient la colère de Ranos prirent sens.

N'existait désormais qu'un soleil éternel de l'âme où Redaka et Baalumeth tournaient, ondulaient, sautillaient, en riant comme autour d'eux les animaux eux-mêmes reconnaissaient la tranquillité procurée par pareille vision. Daims, cerfs, biches et mulots s'approchaient sans peur et venaient eux-aussi apprécier les notes de la faune et la magie de Redaka qui ne s'exprimait qu'au travers de son corps. Ses bijoux et parures corporelles tintaient, rivières de diamants et marées d'argent accompagnant l'enfant du blizzard d'un flot aérien.

L'instant d'après, comme Baalumeth rangeait son instrument et que Redaka, électrique, demeurait les yeux clos et le corps enivré de sonorités démones, il parlait, doucement, au ton plein de sourire ;  

Il se laissait tomber en arrière subitement, dans un mouvement ultrarapide, en pliant les genoux jusqu'à exécuter une chute contrôlée. Acrobatie de gainage stupéfiante, Redaka à présent au sol souriait langoureusement, les bras tendus il usait de ses abdominaux pour se redresser sur les genoux avant d'agiter gaiement sa tignasse argentée.

Il tendait finalement la main en avant, rythmiquement, et un sanglier s'approcha de ses griffes scintillantes pour se laisser caresser par l'incube aux cornes si pointues et lustrées qu'elles pourraient se briser d'une bise nordique.

Autrefois, dans une autre vie, le démon Redaka avait appris le combat dans les jardins d'Elphaël, cité démoniaque de l'Arbre-Vie, aux côtés des disciples du Titan de la Guerre.

Élève dissipé aux arts martiaux dont il considérait les usages inutiles dans le service de la Mère des Merveilles, l'incube avait tout de même développé des compétences offensives ; s'il n'appréciait la précipitation des affrontements Redaka les savait courants en Dùralas. Sa passion allait aux fouets, desquels il jouait avec un talent certain tout naturel pour un démon de domination, or il n'en avait guère présentement.
Son autre façon de tuer, inutilisable sans incantation préalable étaient les Daemonos Arcanae et par chance -ou par une cruelle embuscade-, les accords de Baalumeth ainsi que sa danse avaient saturé l'air de magie.

Toujours les yeux plantés dans ceux d'un daim dont il caressait encore la joue lorsque ses iris s'embrasèrent discrètement, Redaka entrait en transe. La plénitude d'une nuit de sacrifices, combinée à la nature chamanique de l'herbe qu'il fumait et des mouvements que son corps performait, s'intensifia avec l'aide de sa plus récente amie.
Grâce à Baalumeth quelque chose se libéra.
Une rivière douce se frayait un chemin, quelque part, portant en son cœur de ravissants narcisses.

Redaka baisa la truffe de l'animal, ses lèvres arborant la douceur que l'on réserve à ce qu'on estime passionnément, et de sa pipe d'herbe laissée quelques mètres plus loin près du feu de camp s'élevèrent de serpentines volutes de fumée blanche.
En un éclair, elles caressèrent le daim, qui d'une complainte doucereuse, se laissa choir sur ses pattes avant enivré par les drogues qui stimulaient l'incube. Partout sur son corps, des brûlures et des cloques se manifestèrent, et le démon quant à lui se relevait avec la félinité du chat qui s'attend à la riposte de sa proie.

Que le moment était beau pour Redaka !

Redaka enlaçait désormais l'animal de ses bras sveltes, longs et parés d'une succession décadente de bijoux ; des anneaux d'argent tintaient au rythme des secousses que le daim provoquait en se débattant aussi férocement qu'il ne le pouvait. Après avoir été à la fois poussé vers une torpeur de velours par le baiser de l'incube et ses fumées pleines de drogues douces, l'animal n'était plus capable que de bousculer, pareil à l'amant qui par des confessions d'oreiller avoue quelque vague à l'âme en se blottissant dans ses bras.

Ses brâmes quant à eux étaient à vous en fendre le cœur : répétés, sans pause, ils ponctuaient chacun de ses sanglots bestiaux comme l'étreinte de Redaka se refermait plus fermement autour de ses flancs. "Chut", lui murmurait-il au creux de l'oreille, agenouillé face à sa proie. Et l'animal se taisait, ses ébrouements laissant place à des spasmes mous, fatigués.

Alors, comme se retiraient les serpents de fumée et que Redaka, fils du Blizzard, déposait un dernier baiser sur son front, le daim qu'il enserrait tombait sur le côté, vidé de toute énergie vitale.

Redaka riait alors comme un enfant qui parvient enfin à lasser ses chaussures et d'une roulade arrière allait se coucher sur le ventre, les deux mains sous son menton pour regarder sa nouvelle amie et ses façons de chasser.

Là, couché au milieu des herbes, face à un cadavre de cervidé, Redaka admirait le soleil sur les bourgeons floraux et les herbes grasses ; ses doigts allèrent caresser la peau encore chaude de sa proie et il s'émerveilla de la douceur de sa peau. Il se laissait choir au sol, à présent couché, ses cheveux se déversant autour de lui à la façon d'une rivière d'argent sur fond d'émeraude, en caressant son daim mort.
Quelle activité des plus agréables que de chasser en meute.

[Termine le Daim 1]

Couché sur l'herbe, savourant à la fois la chaleur du soleil sur l'entièreté de son corps (l'une des raisons pour lesquelles Redaka exécrait l'excès de tissu) l'incube rit à gorge déployée en observant la scène comique de sa sœur surprise par l'élan de survie du daim.

Sa pipe en bois, nacrée par-ci et par-là de coquilles d'huîtres, à la main, il se redressait en tailleurs et se permettait d'intervenir ; un coup de sabot était vite arrivé, et bien que puissante, Baalumeth restait
sensible aux coups. Il fallait donc mettre un terme le plus rapidement à l'affrontement, chaque seconde, comme le démontrait la biche qui tentait le tout pour le tout afin de s'échapper, pouvait potentiellement s'avérer cruciale dans un combat.

Redaka tirait ainsi une longue bouffée d'herbe, inspirant la drogue avec une jouissance à peine contenue, et laissait ses sens s'enivrer à la fois des effets psychoactifs mais surtout de ses arcanes démoniaques. Ses yeux s'assombrirent légèrement, tandis que les volutes de fumée blanche qu'il recrachait serpentaient discrètement à travers l'herbe, avec la vitesse du vent, pour aller caresser les pattes du daim fuyant.

Ce dernier hurlait à nouveau, comme ses sabots devenaient soudainement trop chauds pour lui. En des braillements fous il tombait à la renverse, et cessait sa fuite.