Voilà, de nouveaux combats avaient été réalisés dans l’arène. Retournant dans les loges afin de récupérer ses enfants, la renarde du au final attendre quelques heures, puisque les jumelles faisaient la sieste et la maman ne voulait pas les réveiller. Elle utilisa donc ce temps pour aider Petit Tambour à réviser ses notions de swen’jah. L’enfant apprenait vite en général, mais il butait sur certains mots plus compliqué que les autres. Tandis que le petit humain écrivait quelques mots sur un parchemin, la renarde songea à la suite des choses pour elle. Récemment, Eyara avait pu ouvrir une boutique à Stellaraë et était devenue la trésorière du Cirque, gagnant donc en importance dans sa nouvelle famille. Il fallait dire que son clan, et surtout son père et son frère aîné, l’avait rejeté suite à ses déboires avec son mari. Il ne restait donc vraiment que les membres du Cirque sur qui elle pouvait compter. Mais il fallait dire aussi qu’avoir rejoint l’Institut de magie, puis la Guilde des Dragonniers lui avait ouvert bien des voies possibles. Et tout ça, pour la plupart en moins d’un an. Si tout allait bien, l’harenienne rejoindrait également la Garde Zéphyr sous peu. Somme toute, malgré la perte de ses liens familiaux biologiques, elle n’était pas si seule.

- Mam’zelle Eyara, j’ai terminé les exercices.

- Montre-moi ça.

L’appel de l’enfant l’avait ramené au présent. Prenant son parchemin, elle corrigea petit à petit. La plupart des mots que l’arlequine lui avait demandé de retraduire en dùralassien étaient bons, mais pas tous.

- Tu as inversé les traductions de kald et zhugan entre elles, ainsi que vaako et vaaka. Je vois que tu n’as pas trouvé pour Nebrashk’Ugrudak.

- Non, j’ai oublié, désolé.

- C’est ma façon de parler du Cirque de l’Éclipse. Allez, ramasse tes trucs, les jumelles se réveillent, on va pouvoir rentrer à la maison pour la nuit.

- Heureusement qu’on a Vroska et Shakab pour ça ! On voyage beaucoup avec eux, j’adore ça !

Dans un geste d’affection, la maman lui ébouriffa ses jolies boucles brunes. L’enfant avait raison, depuis l’acquisition de ses montures volantes, la jeune femme les utilisaient également pour voyager rapidement partout en Dùralas, et pas que pour ses numéros du Cirque. Installant ses filles tout contre elle à l’aide de ses nombreux foulards, la jeune femme laissa Petit Tambour terminer de ranger son matériel avant de se diriger vers les écuries de l’arène. Ce que la renarde ne s’attendait pas, c’était de croiser sa dernière adversaire du jour, une Tréorque la dépassant de près d’un mètre. En vérité, elle lui rentra carrément dedans en tournant un coin de couloir. L’harenienne déglutit devant cette hauteur colossale, nullement habituée de croiser quelqu’un d’aussi grand.

- Klorek, je ne pensais pas croiser quelqu’un ici. Vous allez bien ? Je sais que je peux vous avoir griffé pas mal fort même si je fais attention.

Petit Tambour, effrayé par l’apparence de la Tréorque, c’était caché derrière elle, bien que gardant un œil curieux. Jamila s’était mise à pleurer avant d’enfouir son visage contre la poitrine de sa mère, suivi rapidement de Loona dans son dos. Bien que la petite blanche était curieuse de nature, il fallait dire que la peau-verte avait une allure impressionnante. Se voulant rassurante, la maman tenta d'apaiser les enfants en attendant la réponse de la nouvelle venue de l’air de combat.

- Trolam’Skra, Vul'jah Sharga’Jah Or’Klorek’ze

Comme elle s’y attendait, l’humanoïde connaissait le Swen’Jah. Les Tréorcs étaient certes rares, mais ils avaient l’avantage de connaître cette langue … de ce que ses parents lui avaient dit il y a bien longtemps. La grande peau verte se pencha alors, mettant un genoux au sol afin de saluer l’enfant.

- Lurash’kram Vul Karsk

Déconcerté, Petit Tambour releva la tête vers Eyara. Certes, il connaissait quelques mots dans cette langue, mais pas suffisamment pour comprendre la conversation.

- Elle t’a appelé petit homme, vul’sol, l’éclaira-t-elle avec un sourire.

- Oh … merci, c’est gentil. Bonjour à vous, madame.

La Tréorque souriait aux enfants, tentant sans doute de les rassurer. Mais rien n’y faisait pour Jamila, celle-ci rechignait toujours, le visage enfouie dans la poitrine de sa mère. Dans son dos cependant, Loona manifestait un peu de curiosité, ayant calmé ses pleurs. Mais c’était là la différence entre ses filles, hormis leur physique. La petite blanche était la plus aventureuse des deux, tandis que la petite rousse était craintive et avait peur de l’inconnu.

- Aucune peur à avoir, montre juste que moi pas assez forte encore, devoir devenir meilleure et entraîner.

Ah ça, Eyara le comprenait très bien, ayant elle-même passé par là quelques mois auparavant, peu après la naissance des filles. Leur père n’étant plus là pour veiller sur la petite famille, c’était à l’arlequine de faire tout le boulot. Voilà l’une des raisons pourquoi elle enchaînait régulièrement les combats à l’arène et les missions dans les différentes guildes. Sans compter l'ouverture de sa boutique, lui assurant un certain confort financier également, sans avoir à dépendre des autres. Heureusement, Nysali lui offrait un énorme coup de main dans la gestion, la renarde n’en ayant pas encore tout à fait l’habitude.

- Donc moi devoir trouvez travail pour continuer, vous avez idée?

La Tréorque avait lancé son dernier commentaire avec curiosité en se relevant, dominant à nouveau le petit groupe par sa hauteur impressionnante. Eyara ne lui arrivait qu’au nombril environ, la peau verte devant faire près d’un mètre de plus qu’elle. L’harenienne n’avait pas l’habitude des gens aussi grand, cela se voyait dans son regard lorsqu’elle releva la tête pour poursuivre la discussion. Un travail, hein ? Voilà qui pouvait cependant être vague, ne connaissant pas trop la nouvelle venue de l’arène.

- Et bien, cela dépend grandement de vos habiletés et de vos compétences. Vous semblez cependant avoir une bonne force, donc vous pourriez envisager un métier où cela est nécessaire. Les nains cherchent parfois quelques personnes vaillantes pour les aider à la mine. Ou bien il y aurait les métiers de forge. A moins que vous ayez d’autres talents que j’ignore et que vous voudriez mettre de l’avant.

Elle marqua une pause. La maman n’avait pas pensé à poursuivre la conversation en Swen’Jah, malgré les problèmes de langage visible pour la Tréorque, qui ne semblait pas entièrement bien comprendre la langue commune. Eyara parlait donc à un rythme plus lent pour la suite, s’assurant d’être bien comprise.

- Au fait, je m’appelle Eyara. Le garçon s’appelle Petit Tambour, la petite rousse Jamila et la blanche Loona. Et vous, puis-je connaître votre nom ?