Melhyndil a plus de trois cent soixante-dix ans, et pourtant, il a l'impression de ne pas connaître grand-chose, ni d'être utile à quoi que ce soit. Ayant vécu en semi-réclusion la majeure partie de son enfance et adolescence, sa soif d'aventures a grandi au fur et à mesure des années passantes. Baigné dans les histoires et dans les légendes, il s'est toujours dit qu'un jour, il aimerait bien que ce soit son nom qui soit cité, et ainsi être un héros connu par tout le monde. En grandissant, cette utopie est passée, devenir célèbre n'est plus ce qui lui importe. Toutefois, il a gardé l'envie de découvrir de nouvelles choses et de ne plus continuer sa vie sans but.

Solitaire, et quelque peu réservé du fait de son éducation, il a parcouru la forêt de long en large dès qu'il a eu le droit de quitter l'environnement proche de la demeure familiale. Les années ont passé, et pourtant, il n'a toujours rien fait de profitable pour son entourage. Il faut dire que les elfes ne sont pas pressés comme certaines autres races limitées en longévité. Les oreilles pointues apprécient de prendre leur temps, ce qui semble être l'exact opposé de ce qu'un aventurier fait.

L'archer à prit quelques décisions dernièrement, et pour commencer, il a postulé à l'Institut de Magie, et chercher à approfondir son don de soin. Cela peut s'avérer utile dans bien des situations, et aider autrui. Toujours dans l'idée de se rendre utile, il a également fait le choix de tenter sa chance pour intégrer la Garde Zéphyr. Cette faction réputée, gardienne de la forêt, est naturellement très connue au sein des peuples de Sylfaën, et il semble naturel à Melhyndil d'y entrer, se rappelant les histoires qu'il a lu ou entendu à son encontre. S'il y parvient, alors il aura sans nul doute cette satisfaction de servir à quelque chose, d'être un rouage important, même si modeste, dans la préservation de ce qu'il aime.

Tout cela en tête, il ne sait malheureusement pas comment s'y prendre, mais après en avoir discuté avec son père, même s'il a appris récemment qu'il avait été adopté, ce dernier lui a expliqué qu'il pouvait faire appel au Comte Urua. Bien que ne lui ayant jamais adressé la parole réellement, échangeant quelques banalités lors de festivités de la noblesse, il est connu que l'homme lion fait partie de la Garde Zéphyr, et même l'un de ces piliers. C'est donc une approche des plus logiques, si toutefois celui-ci daigne répondre. C'est donc avec sa plus belle plume qu'il a écrit un message au noble


"Cher Comte Urua,

J'espère que cette lettre vous trouve en bonne santé et que les vents de la forêt de Sylfaën vous portent toujours avec grâce et vigueur. Je ne sais pas si vous vous rappelez de moi, je suis Melhyndil Kaerendil, de la maison Kaerendil. Nous nous sommes déjà croisés lors de festivités, bien que nous ayons échangé que quelques banalités sans profondeur jusqu'à maintenant.

Je vous écris aujourd'hui avec une requête qui me tient particulièrement à cœur. Je nourris depuis longtemps le désir ardent d'intégrer la Garde Zéphyr, cette prestigieuse faction qui protège avec dévotion notre chère forêt. J'ai grandi en écoutant les récits héroïques des membres de la Garde, et il est temps pour moi de servir ma communauté de la même manière.

Ayant eu l'honneur de vous rencontrer, bien que brièvement, je me permets de solliciter votre précieux soutien dans cette démarche. En effet, je suis malheureusement ignorant concernant les procédures amenant à l'intégration au sein de cette élite, et vos conseils seraient des plus précieux.

Je me tiens à votre disposition afin de discuter de tout ceci de vive voix. Je suis conscient que ma demande peut sembler déplacée, mais j'espère qu'elle vous atteindra, et que vous y verrez là une réelle motivation pour faire mon devoir, et un engagement sincère.

Dans l'attente de votre réponse et de l'opportunité de vous rencontrer à nouveau, je vous adresse, cher Comte Urua, mes salutations les plus respectueuses.

Avec toute ma considération,

Melhyndil Kaerendil"


Voilà le courrier qu'Urua recevrait. Il n'y avait plus qu'à attendre pour savoir s'il répondrait favorablement à cette demande.

La réponse ne tarde pas, et un rendez-vous est fixé pour le lendemain, dans la salle de banquet du château de Maenor. La nuit est agitée pour l'elfe qui se pose mille et une question sur la manière de se présenter, d'amener la raison de son souhait à intégrer la Garde Zéphyr. Bien entendu qu'il connaît ses motivations, mais les expliquer à quelqu'un d'autre est une tout autre affaire, d'autant que Melhydnil n'est pas une personne qui s'exprime si aisément, tout du moins en présence de la noblesse. Il espère que la pureté de ses intentions seront suffisantes pour lui permettre de rentrer au sein de cette unité d'élite.

Sa mère et sa sœur ont pris soin de lui préparer des vêtements qui siéent à la noblesse, cette dernière complètement prise dans son rôle de rendre son ainé présentable à souhait pour une rencontre avec un Comte. Il faut dire qu'à part pour les mondanités obligatoires, Melhyndil est plutôt de ceux qui s'habillent confortablement, appréciant se balader dans la forêt, et passer plus inaperçu qu'accoutré comme le vu la coutume. C'est donc paré de ses plus beaux atours qu'il se présente le lendemain au château, s'arrêtant devant les soldats gardant les portes.

"Bonjour, je suis Melhyndil, de la maison Kaerendil. J'ai été convié par le Comte Urua pour une entrevue dans la salle de banquet."

Après avoir fourni le courrier du noble, portant son sceau, l'elfe est introduit. Il y trouve l'homme lion. Bien que n'étant pas si grand que Melhyndil, sa masse est bien plus impressionnante que l'archer, tout comme le charisme qu'il dégage par sa simple présence. Il s'incline avec tout le respect qu'il doit au Comte

"Je vous présente mes salutations, mon seigneur, je suis Melhyndil Kaerendil, je vous suis gré de me recevoir, et de m'accorder de votre précieux temps."

Le stress monte inévitablement, d'autant qu'il n'est pas tant habitué que cela à participer, et encore à s'adresser, aux nobles malgré son appartenance à cette caste d'élite. Il se redresse après son inclination, se tenant aussi droit qu'il le faut, et garder la prestance qui sied à son propre rang. Il s'attela à garder un regard emprunt de confiance, et de volonté.

Le Löwen est des plus charismatiques, rayonnant d'une aura qui désigne clairement quelqu'un qui a déjà vécu beaucoup de choses. Il est impressionnant dans son armure, obligeant l'elfe à faire de gros efforts pour ne pas paraître intimidé, et garder la stature qu'il désire. Il y parvient, mais l'exercice n'est pas des plus faciles, il se transcende en pensant à la requête qu'il désire faire au Seigneur Sylvestre.

Invité a s'asseoir, il s'installe sur la chaise qu'Urua lui désigne, se tenant toujours le plus droit possible comme la noblesse l'exige, mais surtout pour compenser ce qu'il n'a pas en masse avec sa taille. Toutefois, assis, l'effet est moindre, ses jambes n'entrant plus en jeu. Il pose ses bras sur la table, joignant ses mains, posées dessus également, toute son attention dirigée vers le Comte. Peut-être tente-t-il de mettre un climat plus amical en le faisant s'asseoir, plutôt que de rester debout.

Un long silence s'installe, Melhyndil ne désirant pas le briser, craignant d'offenser son interlocuteur. Cela sera malvenu alors qu'il désire lui demander des conseils sur la marche à suivre pour intégrer la Garde Zéphyr. Lorsqu'enfin, Urua lui pose des questions, l'elfe souffle intérieurement avant de prendre une grande inspiration

"En effet, la Garde Zéphyr m'intéresse grandement. Voyez-vous, j'ai grandi en entendent les légendes de ses membres, leurs prouesses, et le sacrifice qu'ils font afin que nous puissions vivre en paix au sein de la forêt de Sylfaën. Je suis arrivé à un stade où je m'interroge sur moi-même, et j'en finis par décider que j'aimerais ardemment apporter ma contribution pour le bien-être de notre communauté. En y réfléchissant, je me dis que si je parvenais à concilier cela à l'un de mes rêves, ce serait vraiment magnifique. Et donc quoi de mieux que d'intégrer la Garde Zéphyr pour cela ?"

Tout en parlant des membres de la faction, il a des étoiles dans les yeux. Le débit et la passion qu'il met dans ses mots démontrent sa sincérité, et la ferveur qui est en lieu.

"Je ne sais malheureusement pas comment m'y prendre, ni s'ils ont besoin d'une personne telle que moi dans leurs rangs. C'est pour cela que je vous ai demandé une audience. Comme vous en faites partie, vous pouvez peut-être m'aiguiller sur la manière de procéder, me donner les clés qui me permettront de prouver ma volonté, et ma valeur, ce que je pourrais leur apporter, voyez vous ?"

Melhyndil ne sait pas s'il est parvenu à toucher un tant soit peu le Comte, mais si c'est le cas, alors peut-être qu'il réussira dans sa quête d'intégrer la faction.

Etonné par tout ce qu'il débite, Melhyndil ne sait pas s'il touche le lowën, la stoïcité de son partenaire de conversation étant de mise. Au moins, l'elfe n'est pas resté sans voix quand il a dû défendre ses positions, et expliquer les raisons de son envie de rejoindre la faction de la Garde Zéphyr. Il est parvenu à vaincre son appréhension devant le colosse imperturbable duquel émane un charisme oppressant. Le silence qui s'installe après le monologue de Melhyndil n'est pas non plus pour détendre l'atmosphère, et pourtant lorsqu'Urua prend la parole, le ton est calme et mesuré, chaleureux, changeant immédiatement l'ambiance.

En écoutant le löwen, l'elfe croit comprendre que ce qu'il a dit a convaincu son compagnon du moment de sa sincérité. Mais pourquoi donc n'a-t-il pas pensé que l'homme lion est l'un des dirigeant de la faction, et que son aval est suffisant pour intégrer la Garde Zéphyr. Il se maudit d'être assez bête pour avoir oublié cela, tout en se félicitant, et son père adoptif par la même occasion, d'avoir abordé Urua. Un sourire enfantin se dessine sur les lèvres de Melhyndil, ses yeux brillants du futur qui s'offre à lui. Ce n'est pas un caprice d'enfant, et tout ce qu'il a dit jusque-là est la stricte vérité, toutefois, il ne peut s'empêcher d'avoir l'air d'un gosse ayant reçu un magnifique cadeau pour son anniversaire.

Sérieux dans sa démarche, il se reprend pour écouter la suite des évènements, et par la même occasion le löwen expliquer la manière de procéder de la faction avec les nouvelles recrues, allant jusqu'à se proposer lui-même comme mentor à son encontre. Abasourdi par ce qu'il entend, l'elfe se lève, s'inclinant comme il sied à un disciple envers son nouveau guide au sein de la Garde Zéphyr.

"Ce sera un honneur que vous soyez mon mentor au sein de la Garde Zéphyr. Je suivrais vos directives comme il se doit, heureux que vous me guidiez vers l'excellence, et faire honneur à la faction que nous servons."

Melhyndil se redresse afin de regarder Urua dans les yeux, prouvant sa franchise, son honnêteté, et l'authenticité de ses dires, que chaque mot qu'il emploie est mesuré.

"Dites-moi la suite, et je ferais diligence afin de vous démontrez que la confiance que vous mettez en moi n'est pas vaine."

Que dire de plus, il n'a aucune idée de la suite des évènements, ou s'il doit accomplir quelque chose de particulier en plus d'avoir l'aval d'un dirigeant ?

Très droit, très rigide, très protocolaire, c'est ainsi que Melhyndil a pris cet entretien étant donné qu'Urua est Comte en même temps que Seigneur Sylvestre. Aux premiers mots sortant de la bouche du löwen, il apparaît que tout ce qu'il en fait de trop. Urua passe immédiatement au tutoiement afin de le mettre à l'aise, et pour appuyer son intégration. L'elfe est soulagé, la noblesse, ce n'est pas ce qu'il affectionne le plus, préférant voyager à la dure et découvrir toujours plus de choses. Il à les épaules qui se relâchent, bien que restant tout de même alerte, et les yeux toujours pétillants tandis que son sourire enfantin se transforme maintenant qu'il est devenu un membre de la Garde Zéphyr, cette faction qu'il affectionne tant.

Le löwen continue sur sa lancée, expliquant à la nouvelle recrue qu'il lui montrera un peu tout ce qu'il doit savoir, insistant également sur le fait qu'il doit être assidu sur les entraînements. De toute façon, Melhyndil est de cette trempe de personnes qui ne rechignent pas, et qui souhaitent perpétuellement s'améliorer, progresser pour être à la hauteur lorsque quelqu'un aura besoin de lui, et aussi accessoirement pour sauver sa peau.

Intérieurement, il jubile de se dire qu'il va croiser régulièrement Urua, comme celui-ci vient de le dire. C'est un exemple qu'il va pouvoir suivre, une légende qui s'est fait tout seul dans la forêt. L'elfe espère pouvoir en faire autant un jour, et être reconnu pour des faits ayant servi sa race.

"N'ai pas d'inquiétude, je passerais assurément du temps dans les camps d'entraînement. Un endroit qui permet de s'aguerrir sans risque de mourir, il ne faut pas passer à côté d'une chance pareil. D'autant plus lorsque les autres participants ont tant de choses à enseigner."

Partir en mission immédiatement, voilà quelque chose qu'il n'a pas pris en compte, mais il n'a aucune obligation de prévue pour l'instant, il n'est donc pas question de manquer l'occasion de voir Urua en action. Melhyndil souhaite ardemment ne pas lui faire honte, et montrer qu'il a du répondant.

"Merci, je suis en effet devenu dragonnier d'argent, une fierté qui, je l'espère, amènera d'autres réussites."

Le chemin sera sans doute long, mais l'elfe escompte bien ne pas s'arrêter en si bon chemin, et démontrer ses compétences.

"Des Perracks ? Je suis tout à fait pour aller leur montrer notre façon de penser. Moins il y en aura, mieux ce sera. Dis-moi quand tu souhaites partir, je suis prêt de mon côté."

C'est surprenant de parler ainsi avec Urua, d'égal à égal, même si Melhyndil est extrèmement respectueux et connaît sa place.