- Ah vous êtes une thérianthrope si je comprends bien. Vos amis aussi ? J'ai cru comprendre que vous vous déplaciez en meute. Il n'y en avait pas dans notre quartier à Stellaraë... Allez savoir pourquoi. Je comprends mieux en tout cas, merci pour les explications.

- Mais ça me fait plaisir ! Et ouais, mes filles seront aussi des renardes, mais elles ne se transformeront probablement pas avant leur deuxième anniversaire.

La maman fut alors distraite par une odeur de sang. Levant la tête, elle vit bien vite qu’il s’agissait d’Holy. Sortant un mouchoir de sa poche, l’harenienne le tendit à la virtuose. Remarquant cependant la coagulation, la renarde ne posa pas de question, bien qu’elle se promit intérieurement de le faire plus tard … si elle y repensait. Car voilà que des voix inconnues s’élevaient du côté des chevaux, où Jack était retourné. Elle ne comprit pas tout l’échange, mais vit bien vite que c’était des ennemis, et non d’autres voyageurs perdus, au vu de la réaction du loup-garou. Eyara sursauta en le voyant transformé. Après tout, c’était la première fois qu’elle le voyait ainsi.

Reprenant ses esprits, la maman se positionna devant PetitTembour, assis non loin du feu. Pas question de laisser le petit en danger. Couvrant son corps de fourrure et s’armant de ses griffes, l’arlequine sortit une première carte d’un paquet à sa ceinture. C’était enfin l’occasion pour elle de tester cette magie. La renarde remarqua bien vite la couleur : du trèfle donc, qui selon le vendeur, offrirait une amélioration de vitesse. Voilà qui serait idéal. Prenant confiance en elle, l’arlequine choisit de bondir sur un second bandit, mais glissa malencontreusement dans le sable du désert.

Le combat avait été intense, mais bref. Après sa chute, pensant ne pas trop pouvoir se rendre utile, Eyara avait préféré se retirer et protéger Petit Tambour, toujours près du feu, en tentant bien sûr de reculer vers sa roulotte pour envoyer l’enfant à l’intérieur, et laisser ses amis user de leur force. De toute façon, ils étaient clairement plus doués qu’elle, c'était même une évidence. Une fois le garçon en sécurité, et lui avoir ordonné de n’ouvrir sous aucun prétexte sans la demande d’un membre du Cirque, l’arlequin revint vers le combat … pour au final se rendre compte que le dernier adversaire, l’espèce d’élémentaire, soit vaincu par Jack.

- Ça va peut-être vous répugner, mais on devrait enterrer les corps, avant que je laisse le petit sortir. Ça va surtout nous éviter les prédateurs cette nuit. Et je n’ai pas envie que le petit voit plus d’horreur. Il en a assez vu avec le début du combat.

Déjà qu’il y avait eu cette histoire de tête roulant dans le sable. La maman espérait simplement qu’il n’y aurait pas de cauchemar dans les prochains jours, mais elle aviserait en conséquence si cela se produisait. Alors, pas question d’attendre pour s’occuper des corps, afin d'accélérer la suite et pouvoir rassurer Petit Tambour au besoin.

Sur le point d’adopter sa forme animale pour se faciliter la tâche, l’harenienne s’éloigna un brin du campement pour commencer à creuser, mais ne se rendit pas bien loin : le sac de l’un des bandits s'était mis à bouger, d’abord faiblement, puis avec de plus en plus de vigueur. Craignant qu’une chose agressive ai été oubliée, Eyara s’avança prudemment, carte en main. Une sorte de bec finit par percer le sac, puis une sorte d’oiseau orangé et blanche en sortit. Long d’une soixantaine de centimètres, l’animal possédait trois doigts au bout des ailes, chacun muni de puissantes griffes. Sa queue avait également de nombreuses grandes plumes, formant une sorte de plumeau duveteux. Son bec et son visage sombre dénotaient de son plumage flamboyant, lui donnant une drôle d’allure. Après quelques secondes, il s’élança ves la maman en sautillant, visiblement incapable de voler. La jeune femme sursauta et fit un pas vers l’arrière en poussant un léger cris, mais l’animal semblait plus curieux qu’autre chose, ayant lever ses grands yeux ronds vers la rouquine.

-  Et bien, je me demande t’es quoi comme oiseau toi. T’es clairement pas une bestiole du désert, sinon j’aurais une idée de ce que tu es. Du coup, je me demande bien d’où tu peux venir.

Le volatile pencha la tête de côté, comme s’il cherchait à comprendre ce que lui disait la rouquine. Était-ce une sorte de volatile plus intelligent que les autres ? Peut-être du coup. Eyara recula peu à peu vers le reste du groupe, mais l’animal la suivait toujours … avant de la rattraper et de grimper sur son épaule en l’escaladant.

- Aïe, tout doux avec tes griffes toi. Dites, vous savez ce que c’est, cette bestiole ? lança-t-elle en direction de Jack et Holy, alors que ses pas l'avaient rapprochés du groupe.

Holy avait fait disparaître les corps si rapidement que la renarde haussa un sourcil de surprise … avant de se faire à nouveau becqueter le doigt par le drôle de volatile. Personne ne semblait savoir ce que c’était comme animal d’ailleurs, il lui faudrait donc faire des recherches sur lui à l’Institut. Au moins, voilà qui lui donnerait un sujet intéressant à étudier. Et puis, il ne venait clairement pas de cet environnement, alors même si on lui avait dit de le remettre dans la nature, Eyara l’aurait tout de même gardé, le temps de savoir ce qu’il était. Avoir grandi dans ce désert lui confirmait que l’oiseau ne venait pas d’ici, il n’aurait été qu’un repas facile pour les prédateurs des environs.

Et quand la musicienne envoya le petit dormir, l’estomac de la rouquine gronda. "Mais … on a même pas mangé …" Mais un coup d’œil vers le feu lui fit comprendre que la nourriture était gâchée par le sable. Eyara soupira. Il lui faudrait piocher dans les réserves pour au moins calmer la faim de tout le monde. Le sommeil était toujours plus plaisant le ventre plein. Alors, le drôle d’oiseau la suivant comme son ombre et après avoir souhaité bonne nuit au groupe, la rouquine entra dans sa roulotte avec Petit Tambour pour lui offrir un repas frugal et le mettre au lit, mais aussi pour calmer les jumelles, qui pleuraient toujours suite au boucan d’enfer qu’avait créer le combat. Un regard vers l’enfant lui fit comprendre qu’il pouvait attendre que les filles se soit calmé avant que l’on ne s’occupe de lui. Elle s’approcha donc doucement du panier suspendu où elles dormaient, leur murmura des paroles apaisantes, caressant leurs petites têtes avec tendresse. Peu à peu, leurs pleurs se calmèrent, et, apaisées par la voix de leur mère, elles s’endormirent dans un sommeil léger.

L’arlequine se tourna ensuite vers le drôle d’oiseau qui s’était installé sur le dossier de sa chaise. Il la fixait toujours de ses yeux étrangement vifs, presque sages, comme s’il comprenait l’agitation et le mystère qui l’entouraient. Elle se promit de faire des recherches à l’Institut sur cette créature atypique dès que possible, intriguée par ses origines mystérieuses et son comportement étrange pour ce type d’animal. Après un dernier regard à ses filles endormies, elle prit un morceau de pain, du fromage et quelques fruits séchés que la jeune femme avait gardés en réserve et les partageant avec l’enfant qui commençait à somnoler. Le repas était certes frugal, mais suffisant pour calmer la faim avant de se mettre au lit. Petit Tambour, bien que rassuré par Holy avant de monter dans la roulotte, avait les traits encore tendus par les récents événements. Eyara lui adressa un sourire rassurant, l’invitant à venir près d’elle. Il s’approcha, visiblement fatigué, mais apaisé par la présence bienveillante de la renarde.

- Tu sais, tu as été très courageux aujourd’hui, lança-t-elle tout bas en lui ébouriffant doucement les cheveux.

Un sourire apparut enfin sur le visage du petit, qui se glissa dans son lit avec un soupir de soulagement après avoir terminé son repas. Bientôt, il s’endormit, laissant Eyara seule avec l’oiseau, le feu doucement crépitant dans une lanterne. Alors qu’elle s’installait à son tour pour la nuit, ses pensées dérivèrent vers ses proches et les épreuves qu’ils venaient de surmonter ensemble. Elle se laissa aller à une dernière prière silencieuse pour tous ceux qu’elle aimait. Son regard se posa une dernière fois sur ses enfants, le cœur empli de tendresse et de gratitude. La drôle de bestiole vint alors s’installer pour dormir à ses pieds et, trop épuisée, la jeune femme n’osa le déplacer. Enfin, elle ferma les yeux, le bruit doux du souffle de ses filles et de Petit Tambour berçant son esprit. Le calme revenu, la renarde s'endormit, un sourire léger aux lèvres, prête à affronter un nouveau jour avec ceux qui lui étaient chers.