L’arrogance de Conrad :
Il y a longtemps, il était un épéiste membre de la milice très doué appelé Conrad. Tout lui réussissait, il était le milicien le plus prometteur de sa génération, apprécié de ses pairs et aimé du peuple. Des exploits autant impressionnant que Conrad, c’était fait seul, sa réussite n’était dû qu’au bras qui soutient son épée, aucunement à un héritage de naissance ou à un jeu d’influence. Ce qui lui valut autant d’éloges que de jalousie, mais le bon Conrad n’en avait que faire, seul le bien-fondé de ses actions avait d’importance à ses yeux.
Mais avec le temps, le vertueux Conrad prit une mauvaise habitude, celui d’affronter seul les engeances qui croisaient son chemin. Bien sûr, peu de gens y voyait ombrage, lui qui était si fort, lui qui était si compétant, pourquoi lui en aurait-on tenu rigueur ? Ce n’était pas l’avis de son maître d’armes. Comme il le lui disait :
« - Conrad, tu es l’élève le plus doué que je n’ai jamais eu, mais malgré ton talent et ton travail, tu dois apprendre à faire confiance aux autres. Un jour, tu rencontreras une situation que tu ne pourras régler seul. Je te l’ai déjà dit, nous ne sommes pas des loups solitaires, mais des frères qui avons tous juré de risquer nos vies pour nous entraider et pour protéger le peuple. Alors écoute ton vieux maître, arrête de t’obstiner à vouloir te battre seul. »
Mais Conrad ne l’écoutait pas. Pour réponse, il s’entraîna bien plus, afin d’être prêt à affronter seul cette menace que son maître craignait. Mais aucune engeance qui croisa la route de Conrad ne fut à la hauteur de celle prophétisée par son maître. Pensant la menace passé, Conrad fut conforté dans l’idée qu’il avait réussi à surpasser les attentes de son maître et qu’aucune créature ne pourrait lui faire face.
Une nuit, un village dans la campagne au sud des plaines d’Aràn dormait paisiblement. Mais alors que la lune était haute dans le ciel, un incendie se déclara. Les villageois, réveillés en sursaut tentèrent d’éteindre les flammes quand de vicieuse créature verte firent leur apparition. C'étaient elles, des gobelins, qui avaient mis le feu pour profiter de la panique afin de piller le village. Les paysans se défendirent comme ils le purent, mais les gobelins étaient bien trop nombreux. Surgie alors Conrad sur son cheval, chargeant les petites créatures à lui seul. Les gobelins tombèrent en grand nombre, les obligeant à fuir. Mais malgré cette défaite, pour tous, une chose était sûre, ils allaient revenir le lendemain en plus grand nombre pour se venger.
Les villageois ont remercié Conrad pour son aide héroïque et ils lui demandèrent son aide une nouvelle fois. Il était du devoir du milicien de protéger ce village, il accepta, mais quand le doyen lui suggéra de demander de l’aide à ses compagnons, Conrad se mit à rire et leur dit ceci :
« - Ne vous en fait pas, vous n’avez rien à craindre. Aucun monstre n’est à ma hauteur et encore moins des gobelins. Je saurais les repousser une nouvelle fois, il n’y a aucunement besoin de déranger mes compagnons pour cela. »
Il présenta son bras aux villageois.
« - Il n’y a pas besoin de mille bras quand celui-ci suffit. »
Devant les certitudes de Conrad, les villageois ne virent aucune raison de s’inquiéter. Après tout, le bras de Conrad, celui qu’il a entraîné pendant tant d’années, celui qui a fait sa fierté et sa réputation, ne pouvait le trahir maintenant.
Le soir venu, tous les villageois se réfugièrent dans une grange à la demande de Conrad. Le milicien solitaire, lame au clair, attendait l’arrivé de la marée verte, prêt à la trancher une bonne fois pour toutes. Alors que les étoiles brillent depuis longtemps et jubilent d’être les spectatrices privilégiées d’un nouvel acte de la légende de Conrad, les sens encore éveillés et entraînés du guerrier le poussent à esquiver une attaque sur sa dextre. Un tueur gobelin qui a profité de l’ombre pour se mouvoir avait essayé de prendre le guerrier de vitesse, mais au lieu de la chaleur de la chair, c’est le froid de l’acier qui l’accueil et vient trouver réconfort dans son cœur. En un battement de cils, le tueur n’était plus, mais il n’était que le commencement de cette attaque sournoise. D’autres gobelins se dirigeaient de toute part autour de Conrad qui se mit à les menacer.
« - Venez ici, vils démons, voyons si vous avez le cran d’être à ma hauteur. »
Un sourire serein sur son visage, Conrad chargea. Comme la veille, aucune des créatures vertes ne faisait le poids, tombant les unes après les autres. Mais à chaque fois qu’un gobelin tombait, deux autres venaient immédiatement le remplacer. Le milicien n’en démordait pas, il se battit encore et encore, gobelin après gobelin, ils tombaient, mais resurgissaient toujours en surnombres. Coups d’épée, après coup d’épée, le vert maculait le sol, puis un cri perçant. Le cri d’une jeune fille, une enfant, venait casser cette répétition. Conrad leva alors la tête, tandis qu’il combattait seul, les gobelins l’avaient contourné et s’en étaient pris aux villageois. Voyant l’enfant tomber, Conrad compris que trop tard, son bras avait beau être fort, il n’avait qu’une lame, là où les faibles gobelins en avaient des milliers. Alors que son esprit était occupé, un autre gobelin tueur fondit sur lui et lui trancha le bras. Conrad cria. Il fit de son mieux pour se dépêtrer avec son bras défaillant, mais le nombre finit par avoir raison de lui.
Quand le soleil se leva enfin, on ne pouvait que constater les dégâts de l’arrogance. Conrad était puissant, mais il était seul, les gobelins étaient faibles, mais nombreux. Les gobelins ont pillé et tué tout leur sou. Le bras de Conrad, détaché de son corps, gisait maintenant au milieu des corps verts.
Dans cette histoire, deux morals en découlent, la force peut être surpasser par le nombre et quelques soit votre compétence, ce n’est pas parce que vous êtes grandiose que votre fin en sera moins misérable. Voici ce que nous apprend, l’arrogance de Conrad.
Compilation de plusieurs versions en une par Confucius Thaeregin.
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