Les roses noires de Nitaës :
Perdu sur la route d'Ishtar, accolé aux montagnes de Spelunca, Nitaës était un petit village connu pour deux choses ; un rocher sacré qui était censé protéger le village et sa culture d'une rose particulière aux pétales noir de jais. Si on peut douter de la véracité du pouvoir de la première, quand on sait que tous les habitants ont disparu en une nuit. La seconde est une réalité. Pour les passionnés de rose, la rose de Nitaës était un véritable défi, une énigme insoluble. Si les habitants du village arrivaient à la cultiver pour la présenter au salon d'élevage et de jardin de Stellaraë, la survie de cette plante était un orgueilleux secret jalousement gardé. Avec leur disparition et malgré les efforts des passionnés, personne n'a su maintenir cette belle rose à la vie.
Concernant son histoire, il est assez compliqué d'être très précis. Les habitants comptaient sur une histoire orale et n'ont compris l'intérêt de ces rosiers que tardivement et encore, il préférait l'exhiber dans leur petit jardin au milieu des choux et des citrouilles avec un arrogant sourire satisfait, alors que des jardiniers de noble les suppliaient de laisser cette merveille rejoindre un vrai jardin botanique. C'est l'herboriste du village de l’époque, Aerin Bëor, qui m'a confié cette histoire. Ce serait son ancêtre qui créa le premier modèle vers les années 690 du Ve Âge. Son ancêtre, dont le nom, c'est perdu dans les méandres de l'oubli, avait une grande passion pour les roses et a tenté de créer son propre type par croisement, ce fut lui qui créa la première génération qui était loin d'être la plus splendide. Cette passion fut transmise à son fils qui continua les croisements jusqu'à obtenir un résultat plus impressionnant, plus proche de celui que l'on connaît avec ses pétales noirs qui ont fait sa renommée. Les villageois qui étaient alors indifférents à ce passe-temps de leurs herboristes, se sont dits que ce serait bien d'agrémenter leur propre jardin de ses roses. C'est ainsi que tout le village s'y est mis.
Selon l'herboriste, c'était un moyen pour Nitaës de se différencier des autres villages de la région, nous n'allons pas ici rentrer dans les ridicules disputes de village. Il est à noter, cependant, que c'est cette histoire d'ego qui a empêché nos jardins d'être agrémenté de ces roses, les villageois gardant jalousement leur secret. Même ceux qui ont quitté le village ne disaient rien. J'ai bien questionné longuement l'herboriste à l’époque, mais elle non plus n'a pas voulu trahir ce secret pour ne pas se mettre à dos les Nitaësiens.
Suite à l'accident qui a frappé Nitaës, quelques herboristes de Stellaraë et votre serviteur, nous sommes rendus sur les ruines du village pour espérer sauver les roses. Malgré les stigmates d'une attaque rapide et précise, il restait encore beaucoup de plants de rosiers qui poussaient au milieu des ruines, encore bien vivants. Je me souviendrai toujours de ses roses, toujours aussi belle et odorante au milieu des décombres. Elle s'épanouissait malgré les destructions. Nous avons pris quelques bulbes dans l'espoir de comprendre leur secret et, peut-être, parvenir à les sauver, mais sans succès. Même les faire pousser dans les ruines du village ne fonctionna pas.
C'est ainsi que le secret fut perdu et que nous ne pouvons plus admirer la rose noire de Nitaës. Il a fallu la passion des herboristes et de générations de villageois pour la créer et la sublimer pendant près de deux siècles. Même en connaissant le secret exact qui lui permettait de pousser sous les bons soins des villageois, il faudrait autant de temps pour la faire renaître sous une forme qui se rapprocherait et qui semblera à mes yeux une pâle copie de l'original.
C'est sous cette bien triste conclusion que j'aurais dû finir mon livre, cependant, au bout de six décennies, j'ai enfin percé le secret qui permettait aux habitants de Nitaës de faire pousser et de cultiver cette rose. Le rosier a besoin d'un engrais spécial pour pousser, s'épanouir et grandir. J'ai aussi gardé quelques bulbes que j'ai maintenus en état de stase grâce à la magie. Je suis ainsi parvenue à faire pousser et cultiver cette rose.
L'engrais spécial dont je vous transmets ici la recette, est un peu spécial, il ressemble aux engrais classiques avec du compost composé de laitue ou autre légume laissé macérer au soleil, mélanger à quelques gouttes de sang d'animaux. Je dois avouer que quand j'ai découvert ce dernier point, j'ai été plutôt étonnée. Une source fiable laissée par l'ouvrage qui m'a permis de faire cette découverte, indique que cela vient du processus de création de la rose des générations antérieures. Je peux vous assurer que cette étape est obligatoire. J'ai réalisé de nombreux tests pour m'en assurer.
Quoi qu'il en soit, grâce à cette découverte, il sera bientôt possible de faire pousser la rose noire de Nitaës dans tous les jardins botaniques du continent, noble comme particulier. La rose de Nitaës n'est pas morte, nous pouvons la faire revivre.
Par Aenëlis Farven
Cette œuvre rapporte 40 points d'expérience et 50 pièces d'or à Circë Andirral