L'Orc était plus que jamais déterminé à suivre la dernière piste qu'il avait. Au détour d'une rixe, il avait réussi à connaître le nom d'une taverne miteuse où il pourrait mettre la main sur le voleur qu'il pourchassait depuis maintenant plusieurs lunes. Il se racontait que l'endroit était un fief de personnes peu recommandables, mais aussi d'aventurier en manque de sensation forte. En vérité, Dranosh se focalisait uniquement sur sa cible, les malfrats ou les explorateurs ne l'intéressaient pas et de toute manière il ne comptait pas rester pour faire la conversation. Une fois sa tâche accomplie, il quitterait les lieux, car il avait encore une longue route avant de rentrer chez lui.

Au fur et à mesure de sa lente progression vers son objectif, les ruelles se faisaient de plus en plus étroites et sinueuses, si bien que ses épaules étaient parfois à deux doigts de frotter contre les murs de pierre. Sur son chemin l'Orc croisa toute sorte de soulards et de personne peu recommandable, il n'avait pas peur d'eux, et généralement les gens se contentaient de l'éviter comprenant qu'il était une bien mauvaise cible pour les affaires. Le peau-verte arrivera finalement devant la taverne, de l'extérieur l'endroit ne semblait pas particulièrement miteux, les murs semblaient en bon état malgré une odeur de latrine plus ou moins présente.

Dranosh écarta les battants de l'entrée et pénétra dans la salle principale du bâtiment, l'endroit empestait l'alcool et "l'humain qui se néglige". C'était sans nul doute le repaire parfait pour un voleur, ici tout le monde semblait bien trop occupé à jouer aux cartes ou à dormir la tête dans leur consommation. Cependant, l'arrivée du peau-verte attira l'attention de plusieurs personnes, il n'était sans doute pas rare pour les Hommes de croiser des peaux-vertes dans la capitale, mais ces nomades du désert ne s'aventurait généralement pas dans la cité, du moins pas aussi loin. Il existait bien sûr des exilés Orc, mercenaire ou criminel, mais ils étaient bien trop rares pour que cela devienne une habitude. Plusieurs paires d'yeux se retournèrent vers lui, regards que Dranosh ignora. On lui avait décrit le chef des voleurs comme étant un homme plutôt grand, chauve et avec une cicatrice sur le visage. Une fois ses yeux habitués à la pénombre ambiante, il examina du regard les clients, mais aucun ne semblait correspondre à cette description sommaire. L'Orc continua sa progression au milieu des tabourets, des tables et des flaques de liquide dont la provenance était suffisamment douteuse pour ne pas marcher dedans. Il y avait un homme encapuchonné, l'un des rares à ne pas s'être retourné pour observer le nouvel arrivant. Dranosh s'approcha calmement, posa sa large main sur l'épaule de l'homme et le força à se retourner. Il croisa alors le regard d'un homme au crâne rasé, le visé barré par une cicatrice mal soignée.

Le petit Jean venait d'avoir dix ans mais, malgré son jeune âge, il était déjà plein d'ambitions. Et, de l'ambition, il valait mieux en avoir quand on grandissait dans les quartiers les plus malfamés de Stellarae. Ses modèles, tout naturellement, venaient du même endroit que lui. Il s'agissait d'une bande organisée qui avait finit par prendre de l'ampleur et inquiéter les Gardiens eux-mêmes. Le jeune homme en admirait certains en particulier, du fait de leur force, de leur charisme et souvent des deux à la fois. Il passait donc ces journées à tourner autour de ceux-ci, quand il ne faisait pas lui même de petit larcins nécessaires à sa survie, comme en ce jour où il était poster devant leur quartier général. Il s'agissait là d'une bâtisse miteuse où quelques gros bras gardaient l'entrée en jouant aux cartes. Jean avait plusieurs fois tenter de pénétrer la demeure mais, tout bandits qu'ils étaient, les criminels avaient juger l'enfant trop jeune pour faire partie de la bande, il aurait probablement terni leur réputation. Ils se servaient donc de lui afin de délivrer des messages ou faire de petites livraisons. Cela lui convenait bien, le simple fait d'être vu de près ou de loin avec eux lui procurait une certaine aura dans ces rues et lui servait de protection. Bientôt, il prendrait en force et serait digne de les rejoindre officiellement. Enfin, c'est du moins ce qu'il espérait jusqu'à ce jour où il vit cette religieuse stryge débouler du coin de la rue.

C'était une grande femme, affublée d'un voile qui recouvrait sa chevelure et dont les yeux blancs livides contrastaient avec sa mine bienheureuse aussi bien que ses allures monacales contrastaient avec ses pièces d'armures. Ce n'était pas le premier stryge-blanc que Jean voyait, car le capitaine Baldwin était connu comme gardien de part son appartenance à cette race, mais jamais il n'avait imaginé qu'une religieuse strygienne puisse être ainsi en armes du fait du pacifisme bien connu de leur croyance. Du côté des bandits, le petit groupe de joueurs de carte repéra très vite cette tâche blanche et noire au milieu du décor. L'un fit un bruit de succion avec sa bouche avant de claquer de la langue en montrant la stryge d'un signe de tête. Tous se retournèrent et puis, après avoir échanger quelques mots d'esprits que le petit Jean ne put entendre, rirent. C'est lorsque la dame parvint au niveau de la bâtisse que les choses se corsèrent. Cette dernière se dirigea droit vers celle-ci, alertant de fait les joueurs de cartes.

- Hey ma p'tite dame, vous d'vez confondre avec le couvent! Dit l'un sous les rires narquois des autres.

- Merci mon brave monsieur, mais je ne pense pas. Répondit tout sourire la nonne en pénétrant dans le bâtiment.


La porte se referma derrière elle tandis que les trois malabars, ayant perdus leurs sourires, se levèrent pour aller la récupérer. Tout se passa très vite pour le jeune Jean alors que la porte se referma une nouvelle fois. Clairement, une bagarre venait d'éclater. Les sinistres sons de la violence retentissait dans ses oreilles alors qu'il se demandait si cette bande était capable de tabasser sans vergogne une pauvre nonne. Les bruits de la bagarre se déplacèrent alors vers la gauche du bâtiment, puis, quelques instants plus tard, vers la droite. Tout doucement, le petit Jean commençait à comprendre ce qu'il se passait et en fut certain lorsqu'un homme traversa à moitié la fenêtre du rez-de-chaussée en brisant les volets par la même occasion. Là, il vit la dame stryge se rediriger vers le milieu de l'immeuble. Quelques instants plus tard, la violence reprit mais, cette fois ci, à l'étage. C'est alors qu'une poignée de femme de petite vertu sortirent du bâtiment, visiblement terrifiées tandis que la mâchoire du petit Jean ne cessait de descendre. Quelques moments encore plus tard, alors que le carnage commençait à se calmer, un homme de près de deux cents kilos vola au travers de la fenêtre du deuxième étage jusqu'à s'écraser devant l'enfant. Dans un sale état, le bonhomme essaya de se relever mais fut pris de panique lorsqu'il vu le regard de l'enfant se diriger vers le ciel. Et, devant ses yeux écarquillés, était un glaive tournoyant dans les airs venant de la fenêtre et qui finit sa chute dans l'abdomen du malheureux. Une giclée de sang vint salir l'innocence du futur bandit en puissance, tandis que la nonne atterrissait au sol comme si de rien était. Elle récupéra son glaive sur le corps sans vie et en essuya le sang avant de la ranger dans son fourreau. Là, elle s'approcha du petit Jean et lui dit en lui caressant la tête avant de s'en aller :

- Tout ira mieux à présent, tu verras...


Cylicia n'était pas très contente de sa journée. Sur le chemin du retour vers le Canari Jaune, elle ne pouvait s'empêcher de penser à la cible qu'elle avait manquer. C'était peine perdu à l'heure actuelle d'allez la chercher dans tout Stellaraë et demain sans doute que cet homme chauve et balafré qui manquait sur sa liste aura quitté la ville. Déception totale pour une mission qui engageait l'honneur de la Tour Blanche vis à vis des Gardiens et donc du roi Brendan. Enfin, il n'était pas facile de supprimer une organisation entière dans la même journée mais peut-être que ses contactes au Canari pourrait l'aidé en ce sens. Au final, elle avait vécu longtemps dans cette auberge et le patron lui devait bien un service ou deux.

Alors qu'elle passait devant la forge du dragonnier Deraborne, fermée pour l'heure, elle vit un orc entrer dans la taverne sans trop y prêter spécialement attention malgré la suite de cette aventure. Lorsque ce fut son tour de lui emboité le pas dans la bâtisse, elle déboula avec un grand sourire aux lèvres bien que l'état de délabrement de ses vêtements puissent en intrigués plus d'un. Tout de suite, elle se dirigea vers le bar où l'aubergiste l'accueillit à bras ouvert.

- Cylicia! Alors, comment s'est passée ta "journée"? Dit le tenancier qui préparait déjà sa bière à la Purificatrice.

- Oh, ça aurait put aller mieux, figure toi que c'est un en partie un échec... Enfin, on ne peut pas réussir à tous les coups! Et toi comment vas-tu?

Et alors que le tavernier lui racontait ses dernières péripéties, la Purificatrice sentit une tension monter du côté du fameux orc. Lorsqu'elle se retourna, elle le vit aux prises avec l'homme à la cicatrice.

La réaction de l'homme ne se fit pas attendre, il tenta dans un premier temps de se débattre pour échapper à la poigne de l’Orc, cependant Dranosh le tenait bien, gigoter comme une anguille ne lui permettrait pas de s’enfuir. Le chef des voleurs saisit une bouteille présente sur le comptoir et la fracassa aussi sur la tête du peau-verte qui grimaça en sentant l’alcool couler sur son visage. La surprise lui fit lâcher sa cible malgré lui, mais un coup tel que celui-ci n’était pas suffisant pour envoyer l’Orc au tapis, cela lui avait simplement égratigné la joue. Libéré de l’étau qui lui maintenant l’épaule, le chauve sauta de son tabouret pour mettre le plus de distance possible entre lui et le peau-verte, le coup de la bouteille n’avait pas eu l’effet escompté et au mieux il avait tout simplement énervé son poursuivant.

Dranosh essaya l’alcool qu’il avait sur le visage et s’élança derrière l’homme en éjectant tout ce qui se trouvait sur sa route : chaise, tabouret, client… Tout fut poussé négligemment sur le côté afin de permettre à l’Orc de rattraper sa cible. Le voleur continua sa course jusqu’à atteindre le bout de la pièce principale, là il sauta par-dessus une table, renversant par la même occasion les boissons et leurs contenants sur les clients. Alors que l’homme semblait bien décidé à quitter la taverne par la grande porte, Dranosh contourna pour la énième fois une tablée -qu’il aurait pu tout simplement viré de sa route-. Là, il se retrouva à portée du chauve qui tenta de passer la porte, mais qui fut saisi par l’épaule au dernier moment. Un flot d’injures de toute sorte déferla de sa bouche alors que l’Orc le retenait. Le voleur se laissa étrangement tirer en arrière et au dernier moment se retourna avec une dague à la main, ses intentions étaient plus que claires. Dranosh saisit la deuxième main de son adversaire pour ne pas recevoir le coup, il pivota sur le même, emmenant avec lui le voleur dont les pieds décollèrent du sol. Une fois son demi-tour accompli, l’Orc lâcha tout simplement l’homme qui survola le plancher durant un court instant avant de percuter violemment une table qui se brisa sur le coup. Le chauve n'avait émis aucun bruit, même pas un râle de douleur. Alors que tous les regards étaient braqués sur lui comme s’il s’agissait d’une bête curieuse, l’Orc s’approcha avant méfiance de son adversaire, cela pouvait encore s’agir d’une ruse dans le but de l’atteindre.

Sauf que l’homme ne bougeait plus, après plusieurs secondes il écarta les pans de la table brisée et retourna le corps inerte du chasseur. Dans sa chute, le bougre s’était enfoncé sa propre lame dans l’estomac. Dranosh n’en fut pas affecté, pour lui c’était un simple retour des choses.

- Messieurs, messieurs, il suffit!...

Alors que le tenancier s'apprêtait à rejoindre la bagarre, aidé de quelques habitués, Cylicia s'interposa.

- Attendez, laissez-moi réglez ça s'il-vous-plait... Il semblerait que ma journée ne soit pas bien terminée...

Le tenancier fit un geste à ses camarades, leur signifiant de ne pas intervenir. La Chapelaine répondit par un signe de tête reconnaissant.

- Prévenez les Gardiens.

Cylicia avança en direction des deux hommes qui se dirigeaient alors vers la sortie, l'Orc poursuivant l'autre, tout en s'assurant que les  pauvres clients qui s'étaient retrouvés ne fussent pas dans un état nécessitant des soins urgents. Lorsqu'elle arriva enfin au niveau de l'Orc, celui-ci semblait avoir mit son adversaire au tapis. Plus que cela en réalité, lorsqu'il retourna le malfrat, celui était mort. L'une de ses propres lames l'avait finalement transpercé lors de cette projection. Cylicia, qui se trouvait alors entre l'Orc et la sortie, sortie son arme et, dans le silence de mort qui régnait alors au Canari Jaune, s'adressa ainsi à l'inconnu qui venait de commettre un meurtre sous les yeux de tous :

- Et bien, j'espère que vous êtes content de vous, voilà qui ne va sans doutes pas améliorer l'image des vôtres... Enfin, je peux au moins vous promettre une chose, c'est que vous ne sortirez pas d'ici vivant avant d'avoir répondu à ma question. Pourquoi avez-vous tuer cet homme?...

Ceux présents qui connaissaient la stryge furent surpris de la voir emprunte d'autant de gravité, elle qui était d'habitude si aimable et souriante en ces lieux. Cylicia, quant à elle, savait pertinemment que l'homme qui venait de mourir méritait la mort mais s'interrogeait sur les raisons de l'Orc. Si celles-ci n'étaient pas à son goût, c'est que lui aussi méritait de passé par le châtiment de la Justice. Dans ce cas, elle savait pertinemment que maitriser pareil bonhomme n'allait pas s'avérer chose aisée, particulièrement sans atteindre à sa vie. La Chapelaine était une femme physiquement impressionnante, même pour la plupart des hommes, mais elle faisait pâle figure face à l'Orc qu'elle avait devant elle.

- Armatae Strigoï... Fit-elle en prévention.

Une légère lueur commença à s'échapper d'elle alors qu'elle venait d'activer pour la seconde fois le rituel permettant de décupler ses forces physiques. C'était la première fois qu'elle avait eut besoin de l'utilisé à nouveau dans la même journée et elle sentait bien que la précédente bataille avait altéré l'efficacité des bandages qu'elle portait sous sa soutane. Qu'importe, l'arsenal de ses capacités, elle en était persuadée, suffirait largement à mettre hors jeu un humanoïde ne pouvant compté que sur sa force naturelle.

HRP:

Le chauve ne bougeait plus, Dranosh se pencha au-dessus de lui et commença à le fouiller sans la moindre gêne, après tout le peau-verte n’avait aucune raison de respecter la dépouille du voleur. Comme tout bon voleur et meurtrier qu’il était, l’homme devait bien avoir un commanditaire ou du moins un quelconque indice expliquant son comportement à l’égard des tribus du désert. C’est à l’intérieur de la deuxième poche que l’Orc découvrit un morceau de papier tâché par un peu de sang, la note était repliée sur elle-même, mais le Gronarah n’eut pas l’occasion de l’ouvrir et de toute manière il ne savait pas lire.

Le peau-verte se redressa de toute sa hauteur pour faire face à une femme ailée, elle était de taille très honorable pour une femelle, il n’était pas vraiment surpris, car ce n’était pas la première fois qu’il en croisait une à la capitale. Dans l’action, le Gronarah ne s’était même pas rendu compte de l’arrivée de la femme. Ce qui ne plaisait pas vraiment à Dranosh, c’était bien le fait d’être accusé d’avoir tué le maraud, si le bougre s’était poignardé tout seul durant sa chute ce n’était en aucun son problème. Il n’avait alors pas d’autre choix que de se justifier comme il le pouvait.

- Lui tueur, voleur… Voler bétail Tribu.

L’Orc tendit le bout de papier à la jeune femme, après tout c’était peut-être la seule chose qui pouvait bel et bien justifier sa présence et ses actes.

- Ça, prouver, possible…

Au même moment une drôle de lueur commença à émaner de son interlocutrice, et ça pour le coup c’était étonnant. Jamais de mémoire d’Orc il n’avait vu une personne scintiller de la sorte, c’était impressionnant et un peu effrayant, car il ne pouvait pas en comprendre l’origine.

- Toi faire lumière ?

Finit-il par demander.

Visiblement, l'orc ne semblait pas très bien parler la langue commune, mais le peu de mots qu'il parvint exprimer étaient clairs. Le bandit aurait voler du bétail à sa tribu. Une chose avec laquelle on ne plaisantait pas dans le désert, question de survie. Le colosse tendis ensuite le papier qu'il venait de prendre à sa victime à Cylicia.

- Ça, prouver, possible…

La Purificatrice fit un sourire chaleureux à l'orc en saisissant le papier, elle voulait que la situation se détende. D'un autre côté, elle avait peut d'espoir qu'un voleur ait la mauvaise idée de garder les preuves de son méfait sur lui. Et, en effet, le papier, à moitié couvert de sang, ne semblait être rien d'autre qu'une affiche pour un bordel du coin.

- Toi faire lumière ? Demanda ensuite l'orc, visiblement intrigué par l'aura de la Purificatrice.

Cette dernière rendit l'affiche déplier à son interlocuteur, l'air un peu dépité, avant de lui répondre avec des gestes explicatifs :

- Je suis Cylicia Condoris, le Grand Dragon Noir m'a donner un pouvoir de lumière. Tu n'aurais pas dû tuer cet homme, c'était ma proie. Tu risques d'avoir des problèmes. Mais tu as parler vrai, l'homme était mauvais. Finit-elle en désignant le cadavre.

Sur ces dire, une petite troupe de Gardiens déboula bruyamment dans la taverne.

- Alors comme ça on veut jouer les durs? Lança l'unique gradé de la troupe à l'orc.

- C'est bon ma p'tite dame on a l'affaire en main... Dit un autre à la Purificatrice malgré la tête qu'elle avait en plus que lui.

Mais au même moment le gradé envoya un grand coup de botte dans le genou de l'inculpé.

- Mais qu'est-ce que vous faites?!

- Oh la ferme! Vous feriez mieux d'vous mêlez de c'qui vous r'grade vous, les stryges-blancs! On a pas besoin d'vous à Stellaraë!

- On sait comment traité les sauvages ici!

Une bonne partie de la troupe était en train de s'acharner sur le malheureux. Cylicia, elle ne pouvait rien faire, l'incident diplomatique avec les Gardiens n'était pas envisageable.

- Fait le mort! Cria-t-elle en Swen'jah au colosse.

Il s'agissait d'une expression de la savane exprimant une situation où il valait mieux ne pas faire de vagues. Elle espérait qu'il connaissait celle-ci, sachant ces peuplades proches l'une de l'autre tant par les échanges que par leurs dialectes.

Bien évidemment qu'il disait vrai, et pourquoi aurait-il cherché à mentir de toute manière ? Le mensonge ne faisait même pas partie de sa culture ni de sa nature profonde, c'était le propre des autres races de faire preuve de perfidie à la première occasion. Malgré les différences entre leur peuple, Dranosh comprenait que même s'il avait bien agi, sa méthode n'était peut-être pas la meilleure, enfin, après tout il n'avait fait que se défendre, si cet idiot de voleur s'était poignardé tout seul ce n'était pas son problème.

Mais c'était cependant le problème de la petite troupe qui pénétra dans la taverne pour remettre un peu d'ordre. Avant même d'avoir l'occasion d'ouvrir la bouche, l'Orc reçut un coup de pied dans le genou. Dranosh n'avait rien senti, sa corpulence et sa musculature le protégeaient suffisamment des coups classiques, mais l'envie d'attraper l'homme et de lui coller une claque dont il se souviendrait sur plusieurs générations lui traversa l'esprit. Alors qu'il s'apprêtait à répondre, les deux autres hommes vinrent sur lui pour lui bloquer les bras et l'empêcher de trop se débattre.
Dans le même temps la femme ailée lui parla dans une langue qu'il connaissait globalement, le dialecte n'étant pas trop éloigné de l'harénien, il devait donc se tenir tranquille... Comment pouvait-il rester tranquille alors qu'on était en train de le traiter comme le dernier des criminels alors qu'il n'avait rien fait...

Il reçut un autre coup dans l'épaule et ne répondit pas, se contentant d'hocher la tête, signe qu'il avait compris les paroles de la jeune femme... Cependant, cela n'empêcha pas le trio de garde de le faire sortir de force de la taverne. Cette situation commençait à échauffer sérieusement l'esprit du peau-verte qui ne comprenait pas pourquoi il était traité ainsi. Ils venaient tout juste de passer la porte de l'établissement lorsque le gradé lui envoya un nouveau coup de botte dans la jambe.

Cette fois s'en était trop. Le Gronarah se débattit et se libéra des deux gardes, de ses deux mains il attrapa le gradé par les épaules, le souleva de quelques centimètres au-dessus du sol et lui envoya son front en plein visage. Le bruit caractéristique d'un nez cassé se fit entendre et il relâcha l'homme qui s'écroula aussitôt. L'un des gardes tenta de sortir son arme et un revers de main en pleine face l'envoya ramasser ses dents sur le sol pavé. Le dernier membre du trio de garde n'essaya même pas de sortir son arme et détala à la première occasion pour retourner se réfugier dans l'auberge. Le peau-verte grogna légèrement à l'encontre du gradé lorsqu'il lui passa devant, celui-ci couinait comme une fillette en tenant ce qu'il restait de son nez.