Les joueuses l'emportent. Elles gagnent 45 points d'expérience, 40 pièces d'or, 1 opale et 140 pièces d'or pour Ara et 80 pour Yor (10 x niveau max 140).

Le RP peut continuer.

Brelok est enfin mort, tué d’un seul coup par la violente frappe de la géante. Le mouvement était d’une force inouïe, mais certainement nécessaire pour mettre fin à ce massacre qui dure depuis trop longtemps. Le corps du roi des Gnomes gît dans la neige, tel un épouvantail arraché de son piquet. Je regarde la scène, encore secouée émotionnellement par ce que nous venons de perpétrer au nom de la protection des humains des Fjords, et par vengeance pour les Sphénias. Tous, restent en silence, écoutants la voix du vent qui s’entremêle aux arbres adjacents les ruines du village, les dernières complaintes d’une population presque éteinte.

-Engeance démoniaque ! Sors de ta cachette et retourne d'où tu viens !

La voix résonne dans un son guttural qui fait trembler l’air. Sur ces paroles qui brisent le silence mystique que nous respections tous, le cadavre du magiroi implose sous la force d’une lumière aux teintes mauves éblouissantes. Des frissons parcourent mon corps lorsqu’une créature immonde détale à toute vitesse. Une engeance maléfique du Grand Dessein. Jamais de ma vie, j’aurais cru en voir une de mes yeux et pourtant, elle est bien là, gluante, rampante et disparaissant finalement dans une crevasse dans le sol afin de s’échapper. Une âme damnée, une âme de souffrance ne cherchant que la vengeance d’une vie traumatisée dans un cycle lointain. Espérons qu’elle puisse rejoindre Magnésie dans sa grande nuit éternelle.

Alors que nous reprenons nos esprits, chacun s’affaire sans trop de discussions à ce qui doit être fait. Les guerriers Humains empilent les cadavres sur des planches de bois qui servaient de murs aux habitations gnomes. Pas de fioritures, pas de mots inutiles, leur chef a décidé de brûler les corps, les maisonnettes et tout ce qui pourrait partir en cendres. Il veut oublier ce drame et ne pas laisser de trace, en tout cas, le moins possible. Mon dilemme me revient en pleine trompe alors qu’un des hommes découvre la cage dans laquelle j’avais enfermé la petite famille survivante du massacre. Je dois m’interposer au plus vite et me précipite dans un pas lourd à cause de la neige boueuse.

- Krom, cette gnomide et ses enfants ne sont pas responsables de leur roi déchu.
- Nous avons attaqué avec la consigne de ne pas laisser de prisonnier ! Tuons-les et partons d’ici !

Je saisis mon marteau pour lui faire comprendre que je ne céderai pas, et qu’il aura besoin de me combattre s’il veut mettre son plan à exécution. Même si je ne peux lui donner tort, nous ne devions laisser aucun prisonnier, je ne peux me résoudre à laisser cette mère éplorée mourir avec ses petits. Les pauvres sont dans cette cage métallique, tremblants de peur. J’ai envie de croire qu’une chose positive peut sortir de cette tragédie, et ce seront peut-être ces enfants gnomes, ces êtres innocents et purs de toute corruption. Krom tient fermement son épée en réponse et nous nous regardons avec défiance.

Ce moment qui me semble durer des heures, est coupé par l’arrivée de Krakha, du chef de village et du Sphénia qui s’accroche à mon amie pour se déplacer. Ce cas de conscience est débattu dans une tension palpable. Krakha est d’accord avec Krom, ce qui ne me surprend nullement, pour elle, la consigne doit être respectée jusqu’au bout. En revanche, Brodir est plus mesuré, trop de cadavres sont déjà empilés sur le bûcher. Egalité entre nous quatre. Nous regardons tous l’hybride oiseau, c’est finalement lui qui devra trancher et décider, nous mettre tous d’accord. Soupirant, il s’exprime enfin.

- Qu’ils vivent. Mais ils ne pourront pas rester ici. Qu'ils soient bannis.
- Nous leur trouverons une terre d’accueil, je m’y engage.

Krom grogne de désaccord et crache à la bordure de la cage avant de nous tourner le dos pour aller aider les autres à allumer le feu qui se prépare. Krakha ne dit pas un mot, elle n’est pas d’accord avec cette sentence, mais elle ne peut pas contrarier la décision du Sphénia. Soulagée, j’assiste à la suite des événements sans dire un mot. Les flammes s’emparent des ruines de bois et des cadavres dans des crépitements effrayants. Lorsque la neige aura fondu et que le sang disparaîtra avec elle, il ne restera plus grand-chose de ce village gnome, il ne vivra que dans nos mémoires.

Le feu est vif, mais il faut du temps avant de s’assurer que tout brûle et surtout que les flammes ne se propagent pas aux alentours. Cela me laisse le temps d’enchaîner la famille des gnomes afin qu’ils ne s’échappent pas et qu’ils soient prêts à nous suivre lorsque nous partirons. Krakha, elle, échange avec le Sphénia. Il semble à bout de forces et perdu, un état de choc compréhensible. Il est décidé que nous le ramenons avec nous au village et qu’il décide de ce qu’il souhaite faire lorsqu’il sera remis en forme.

Mon arme démesurée me tomba des mains. Je regardais alors ces paumes ensanglantées tournées vers mes yeux qui se mirent à luire inexplicablement. La confusion envahissait mon esprit, à ce moment-là. La définition de qui j'étais semblait vaciller pour ma conscience, je me rendais un peu compte que ma certitude sur ma propre existence tremblait autant que la bise sur les ruines de bois du village. Qui étais-je ? Et que venais-je de faire ? Qui venait de prendre contrôle ? Qui avait-parlé ? Était-ce moi ?

Rappelée par l'activité ambiante, je balaya toutes ces interrogations qui, de toutes manières, n'étaient qu'à leur germe et leur croissance était ralentie par la lenteur d'esprit bien connue des géants. Une chose était sûre, comme une évidence : un fil parfois ténu, mais comme incassable, partait de moi (ou inversement) pour atteindre le plus haut point possible dans le ciel. Et ce lien se fortifiait de jour en jour.

Alors les agissements des humains me ramenèrent à des considérations moins mystiques et mon oeil impassible fit un tour d'horizon. Nous avions perpétré un carnage, il était vrai. Il était aussi vrai que nous avions besoin de guérir les vivants et donc de ne pas trop penser aux morts pour le moment. Je remarquais que ma peau, qui avait pourtant été victime de bien des assauts, ne fut pas dans un si terrible état. Je me souvins alors avoir ressenti une sensation d'apaisement extrême lors du flash lumineux, comme une force qui me rendait forte et dissipait mes douleurs. Quoiqu'il en était, je n'étais plus dans un état critique et pouvais donc continuer d'aider s'il le fallait et finir ce pourquoi nous étions venu...

Une voix aigüe retentit dans l'air, un débat éclata entre mes camarades Ladamaraduclankela et Krom. Durant de longues minutes, mes alliés se disputèrent une décision à prendre concernant les protégés de Ladamaraduclankela. Une fois que je fus plus proche d'eux, je continuais de les observer en silence, sans comprendre vraiment pourquoi mon amie à trompe cherche particulièrement à sauver ces gnomes-ci après avoir massacrer tout les autres. Pour être honnête, je n'avais que peu de choses à dire sur ces considérations morales. Nous avions protégés des vies, en supprimant d'autres vies qui commettaient le malheur. Je ne me sentais pas héroïne, j'avais simplement la sensation d'avoir fait ce qu'il fallait faire pour ceux qui m'avait nourri et donné un toit une nuit. J'avais rendu le service donné. Puis, en regardant l'allure des créatures en question, il me frappait d'évidence qu'elles n'avaient rien de dangereuses. Je compris alors la décision du Sphénia.

-Q'ils...vivent, répétais-je machinalement, comme surprise que des mots aient de tels pouvoirs.

Nous partions une petite heure plus tard, le temps d'effacer par les flammes les atrocités commises...Et avec elles, l'existence même des gnomes. De leurs vies. Les mots avaient du pouvoir, le feu aussi, pensais-je en quittant cette terre désolée avec les autres.

Le vent soufflait dans les braises. Il semblait nous poursuivre aussi lorsque nous étions sur la route jusqu'aux campements des humains. Le silence régnait en maître et le chemin passa vite, enfin, pour moi en tout cas. C'était que nous avions beaucoup de choses à penser, et peu de choses à dire, à ce moment-là. Perpétrer la mort n'est jamais anodin. Je sentais même que, malgré mes blessures restantes et la fatigue, ce chemin ne serait pas suffisant pour mes pensées. Déjà je voyais les tentes pointer le bout de leur pointe sur l'horizon. Un soulagement m'envahit cependant, les blessés allaient pouvoir être soignés et nous allions pouvoir nous restaurer davantage. Je pressentais déjà les faces des villageois, stupéfaites et rassurées de notre triomphe écrasant.

-Brelok, cassé !! Mon exclamation récolta quelques rires et cris de victoire !