Elle me prend par la main, et tout en riant aux éclats, m’amènent au travers la ville boisée jusqu'au jardin fleurit de notre maison arboricole. Un décor joyeux s'offre à moi. Ils sont là également, nous couvent de leurs regard bienveillant et plein d'amour en suivant nos jeux. Tout semblait parfait, nulle ombres n’osaient venir entacher ce tableau.
Alors pourquoi tout à coup il se mit à dégouliner de sang ? Pourquoi ce nectar doux, sucré, délicieux, débordait du cadre, suintant de tous les bords, se répandant sur le sol pour se ficher dans le moindre défaut du parquet ?
Le décor féerique, teinté de lumière vives et colorés, devint ombrageux, dans des variantes de rouges, toutes plus sinistré les unes que les autres. Une main géante apparut dans le ciel et empoigna l'elfette de ses longs doigts tortueux.
«
Aedeeeennn ! » Hurla-t-elle les bras tendus vers le sol, vers cet elfe qui les bras ballants la regardait disparaître dans les ombres pourpres du cauchemar.
«
ISIIIIILLL ! » M'entendis-je crier longtemps après que je me sois totalement réveillé.
Trempé de sueur, le souffle court, je ressentis une profonde rage et mon incompréhension
dépassa l’entendement.
«
Pourquoi ?! M’écriais-je en me levant brusquement, faisant tomber la couverture épaisse de mon lit. Pourquoi ces gens que je ne reconnais pas me hantent-ils de la sorte ?! Aaargh ! » Dans ma soudaine rage nocturne, je balayais d’un revers de la main tout ce qui se trouvait à ma porter, les paperasses entasser sur le bureau de bois et les nombreux bibelots des étagères.
«
Monsieur Aeden… Est-ce que tout va bien ? »
Une petite voix s’éleva par l'entrebâillement de la porte. Essoufflé, les yeux écarquillés par la rage, je me forçais au calme.
«
Tu connais ces gens, c'est notre famille… Marmonna-t-il pour la énième fois dans notre esprit.
-
Non, je ne les connais pas ! » M'écriais-je d’une voix haute, faisant sursauté la gamine.
Je… Je suis désolé, je… Ça va… Line, juste un mauvais rêve. »
La fille de l’aubergiste, dont l’âge humain me donnait du fil à retordre, elle était si jeune et pourtant déjà presque adulte. Que ces créatures grandissaient vite ! Elle c’était étrangement rapidement prise d’affection pour moi. Peut-être avait-elle pitié de mon esprit brisé ? Après avoir été rassuré de mon état, elle disparut dans les ombres du couloir.