Souris à Sylfaën, souris te le rendra

D’ordinaire les cerfs royaux ne s’entendaient pas entre eux, mais marchant depuis plusieurs heures côte à côte, ces deux-là tendait à nous prouver le contraire. Nerveuse à l’idée de mener ma première mission diplomatique et, au passage, ma première mission importante. Je tentais de penser à autre chose de plus anodin, comme le fait que la robe de la monture d’Ehawee était bien plus foncée que celle de Céléborn qui tirait vers le crème.

Je pensais également au fait que l’elfe et moi avions à présent vécu quelques aventures ensembles, mais nous n’avions encore jamais eu l’occasion de faire connaissance. Un détail que je laissais de côté lorsqu’elle prit la parole, certaine que nous aurions beaucoup d’occasions pour papoter.

« Comment le sentez-vous ? Pensez-vous qu’ils seront à l’écoute ? »

Ces questions me firent réfléchir quelques instants, me remémorant tout ce qu’Urua et Diagoras nous avez expliqué sur le sujet avant de répondre:

« Je ne sais pas, c’est un peuple fier qui n’a pas l’habitude de traiter avec des races de… « Grandes gens » ? Si je puis dire. J’imagine que si on leur fait une assez bonne impression dès le début, ils seront plus aptes à communiquer avec nous. » À vrai dire, j’étais tout aussi perplexe qu’elle. Mais si tous les mouss’queterres ressemblait à la noble souris qui accompagnait le lowen, je ne me faisais pas trop de soucis.

« Est-ce qu’on peut se tutoyer ? » Finis-je par demander avec un sourire joyeux. Peu à l’aise avec les usages de politesse et n’osant pas aller à leur encontre sans l’accord de ma coéquipière.

Au bout d’un certain temps de marche à réfléchir aux meilleurs moyens de faire bonne impression devant ce petit peuple, nous nous sommes arrêté au milieu d’une clairière.

« Il me semble que c’est ici. Nos contacts n’ont pas l’air d’être encore arrivés, peut-être sommes-nous trompées d’endroit ?

-Non, on est au bon endroit, répondis-je sûre de moi, reniflant l’air en captant les odeurs qui nous intéressaient, ils savent qu’on est là. » Tout en finissant de parler, je mis pied à terre, scrutant la zone du regard sans pour autant voir ce que ma truffe m’indiquait, j’espérais seulement qu’elle ne me jouait pas des tours.

« Bonjour, je m’appelle, Holy, et voici Ehawee, mon équipière. Nous sommes toutes deux les envoyés de la garde Zéphyr. » J’avais dit tout cela d’une voix forte, dans l’espoir qu’elle n’arriverait pas seulement à l’oreille des arbres, tout en jetant un coup d’œil à Ehawee, espérant qu’elle ne me prendrait pas pour une folle.

Souris à Sylfaën, souris te le rendra

Les secondes semblèrent s’allonger et je commençais à croire que mon odorat s’était bel et bien trompé lorsque je vis du mouvement dans les arbres. Deux oiseaux. Bien ordinaire de prime à bord, sortirent des feuillages. Mais lorsqu’ils se posèrent à quelques pas de l’elfe et moi, je fus surprise de voir mettre pied à terre deux souris bipèdes en armure. L’une, fine, à l’allure de ces guerriers à la rapidité légendaire et furtive. L’autre, imposante, très grande pour un membre de son espèce et vêtu d’une armure de plaque.

Le spectacle que nous offrit ces deux émissaires m’impressionna et la posture défensive qu’ils arboraient contrastait fortement avec leurs frimousses adorables de rongeurs. Je me retins de faire une remarque, laissant Ehawee prendre la parole afin de répondre aux questions du chef de cette petite tribu.

Je fus soulagée de constater qu’ils avaient déjà une bonne vision de la garde Zéphyr, il manquait plus qu’on arrive à leur montrer tout le respect que nous avons pour eux ainsi que pour toutes les espèces appartenant au petit peuple.

Je n’aurais pas mieux introduit le but de notre visite et fus plus qu’heureuse d’avoir la jeune Elfe comme binôme. Sa présence était apaisante et c’est d’une voix parfaitement neutre et maîtrisée que je pus rebondir sur la menace urgente que représentaient les skarniens lorsqu’elle se tourna vers moi.

« Je tiens d’abord à vous saluer, nobles souris. » Commençais-je en faisant un pas pour me mettre à hauteur de ma coéquipière, accompagné d’une révérence solennelle qui, je l’espérais serait prise pour une marque de politesse et de respect. « En effet. Les skarniens, communément appelés « homme-rat », sont une réelle menace pour la forêt tout entière. J’imagine que vous avez peut-être déjà entendu parlé d’eux. Ils n’hésitent pas à tout détruire sur leurs passages, ne faisant aucune distinction entre espèces et tuant quiconque se trouvant sur leurs routes.

Nous avons déjà repoussé plusieurs de leurs assauts. Actuellement, ils se sont réfugiés dans les ruines d’alquateraze. Mais leur nombre ne cesse d’augmenter. J’ai bien peur que plus nous attendons avant de les chasser définitivement de la forêt, plus leurs armées grandit. Ils deviendront bientôt inarétables.

Voilà pourquoi la garde s’en remets à vous, messires mouss’queterres, afin que nous allions nos forces pour repousser une bonne fois pour toute cette menace qui pèse sur nous. Sur vous, ainsi que toutes vies de la forêt.

Nous connaissons la témérité et la force de votre peuple. Vous êtes des combattants puissants qui se battent plus férocement encore que des lions, il faudrait d’ailleurs être fou pour oser vous défier et c’est pour cela que nous espérons que vous accepterez cette alliance. Alliance qui nous l’espérons sera durable, qui perdurera bien longtemps après cette sombre bataille car plus nous serons nombreux à protégé Sylfaën et moins il y aura de place pour les envahisseurs de cet acabit. »

Je m’étais peut-être emporté sur certains passages, trahissant la passion avec laquelle je souhaitais protéger la forêt, ma forêt. Je ne pourrais imaginer qu’un quelconque mal soit fait à ces terres abritant autant de forme de vie.

Laissant quelques secondes en suspens pour laisser les mouss’queterres réfléchir au flux d’information que je venais de leur donner, je ne tardais pas pour autant à reprendre.

« Ehawee et moi souhaitons également vous offrir des présents au nom de toute la garde Zéphyr. »

Tout en parlant, je partis chercher deux petits coffrets en bois précieux, joliment sculptés et vernis, fixés à la selle de mon cerf royal. Délicatement, je les posais sur le sol moussu, devant nos interlocuteurs avant de les ouvrir.

Découvrant dans l’un, deux armures de cuirs renforcés de plaques, parfaitement ajustées à la taille du chef des mouss’queterres. Dans l’autre, on pouvait admirer deux arcs miniatures accompagnés de flèches solides.

« Nous tenons à vous offrir ainsi qu’à tous vos combattants ce genre d’armes et d’armures. Si vous acceptez cette alliance, nous nous engageons de tous vous en équiper et d’effectuer les ajustements nécessaires pour que vous bénéficiiez de la meilleure protection qui soit tout en préservant la rapidité légendaire dont vous seuls savez faire preuve. Nous souhaitons vous offrir un peu de notre savoir-faire en toute amitié. »

Mon monologue terminé, je lançais un regard vers ma coéquipière, cherchant un peu de réconfort et une approbation amicale. Le trac m’avait envahi et j’espérais avoir réussi à convaincre le petit peuple de notre bonne volonté. Lune était restée sagement en arrière, avec Céléborn. La louve craignait d’inquiéter les rongeurs si elle s’approchait trop près mais je sentais son regard posé sur moi et sa présence ne quittait jamais mon esprit.

(Nous offrons donc aux Mouss'quetterres en gage d'une alliance solide nous l’espérons :
x2 M'arc'guerite
x2 armure Wyvern fabriqués pour l'occasion
ainsi que :
x5 plume d'aigle des Baldors se trouvant dans l'inventaire d'Ehawee (lien))

Une nouvelle fois je laissais volontiers ma coéquipière reprendre la parole, acquiesçant du chef lorsqu’elle rassura les mouss’queterres sur leurs craintes d’êtres vue tel les skarniens. Bien heureusement ils n’avaient rien à voir ! La discussion se déroulait à merveille, Ehawee passa à l’exposition du contrat que la Garde Zéphyr avait prévu de proposer à nos peut-être futurs alliés, s’arrêtant à la deuxième partie des thermes proposés. Je pris sa place, m’accroupissant près du rouleau de parchemin, fichant mes prunelles bicolores dans l’œil vif de la souris. Inspirant un bon coup, je pris la parole d’une voix sûre, qui ne tremblait pas.

« Comme l’a évoqué Ehawee, le but de cet accord n’est nullement de vous contraindre à quoi que ce soit. Je ne vais pas y aller par quatre-chemins, vous avez l’air de quelqu’un qui préfère qu’on aille droit au but donc c’est exactement ce que je vais faire.
Si de notre côté nous nous engageons à protéger votre peuple au même titre que la forêt, nous n’en attendrons pas moins de vous, évidemment. Aidez-nous à éradiquer la menace skarnienne et dans le futur, toutes les menaces qui pourrait mettre en péril la sérénité de Sylfaën. On ne vous demande pas de mettre vos armées à l’entière disposition de la Garde Zéphyr, mais à celle de la forêt car si nous nous battons aujourd’hui, c’est pour elle.
C’est exactement ce qu’il est stipulé dans ce contrat. C’est ce que nous sommes venus quérir ici, auprès de vous. Des alliés puissants qui veulent se battre pour Sylfaen.
Alors maintenant, je vous le demande noble Mouss’queterre. Déciderez-vous de prendre part à cette guerre à nos côtés ? Avez-vous également envie de contribuer à la défaite des hommes-rats et d’ainsi marqué l’histoire de Sylfaen de votre empreinte ? »

J’avais espéré réveiller les instincts de guerrier de Rattagnan. Avais-je été assez clair dans mes explications ? Est-ce que j’avais bafouillé ? Le doute me submergea et alors que je laissais le temps au Mouss’queterre de réfléchir, l’attente me semblait insupportable. Aurait-il des questions ? Des envies de modification au contrat ? Je me reculais, retournant près d’Ehawee afin de laisser libre cours à Rattagnan de lire le contrat.