Au cours de leur service militaire, Elvor et son escouade de guerriers nains furent envoyés à plusieurs reprises en patrouille non loin des berges du lac Fresha, étendue d'eau se situant au sud des Montagnes du Baldor.

Ils marchaient depuis maintenant quelques heures lorsque le chef d'escouade, un certain Gotrek, ordonna une pause, alors qu'ils arrivaient dans un espace dégagé. Elvor et ses camarades s'assirent sur les rochers et admirèrent la vue imprenable qu'ils avaient sur le Lac Fresha, en contrebas du flanc de montagne sur lequel ils se situaient.

Le point d'eau, entouré par les Montagnes du Baldor, s'étendait sur une distance impressionnante, et affichait une eau d'un bleu très clair, où l'on pouvait voir le soleil se refléter. Le ciel, vide de nuage et d'un bleu pur, donnait aux Fils de la Montagne une visibilité parfaite sur le lac, idéal pour une patrouille ou pour déguster une bière en profitant du panorama.  

Elvor distinguait également deux tours, l'une d'un blanc de nacre, l'autre d'un noir de jais, se situant de chaque côté du lac. Les deux constructions donnaient l'impression de s'opposer, chacune lançant un défi silencieux à l'autre. Le Nain, grâce aux histoires de son paternel et aux briefings de son supérieur Longue-Barbe, savait que ces tours abritaient deux races d'adorateurs de dragon, des humains ailés s'appelant Stryges Noirs et Blancs, se livrant une guerre sans merci.

- Tiens, r'gardez ça les gars ! les pigeons s'bagarrent - s'écria l'un des Nains en pointant le doigt vers le bas. En plissant les yeux, Elvor aperçu plusieurs Stryges en plein combat, sûrement une escarmouche entre deux patrouilles. Les adorateurs des dragons maniaient épées, lances et boucliers, et se jetaient farouchement sur leurs cousins de couleur opposée, animés par une haine brûlante.

Les Nains commencèrent alors à parier sur la faction victorieuse, alors que le combat faisait rage en contrebas. Certains préféraient les Stryges blancs, en surnombre par rapport à leurs adversaires, et dont le meneur affichait une carrure imposante, doublé d'une habileté à la lance. Les autres mettaient leur or sur les Stryges noirs, en infériorité numérique mais se battant avec une férocité notable.

La confrontation dura quelques minutes, au bout desquelles les "pigeons" blancs, surnom trouvé par l'un des membres de la patrouille naine, prirent le dessus. Le meneur des Stryges blancs finit par terrasser le dernier ennemi en effectuant une passe d'arme non dénuée de style ; alors que le dernier Stryge Noir effectuait une charge désespérée, celui-ci effectua un salto avant à l'aide de ses ailes pour esquiver, retourna sa lance vers l'arrière et rabattit ses bras vers sa poitrine, embrochant son cousin de couleur opposée dans son dos. Des sifflements d'approbations se firent entendre parmi les Nains, suivi par le tintements des pièces d'or changeant de main.

Elvor, ayant parié sur les Stryges blancs, rajouta ses gains dans sa bourse, tout en se promettant intérieurement de le dépenser au plus vite à la taverne, puis repris la route avec ses compagnons, s'enfonçant dans un chemin rocailleux, et laissant le lac derrière lui.


Rapport de patrouille ; escouade de Gotrek
Rien à signaler dans la montagne, chemins dégagés.
Combat entre Stryges aperçu sur les berges du lac Fresha, victoire des Stryges Blancs

Le voyage n’est pas plaisant pour arriver aux berges du Lac Fresha. En quittant le village, il faut aborder un pic montagneux abrupt, contournable par un fin sentier qui menace à chaque instant de vous engloutir dans le précipice de la montagne. En plus d’être dangereux à emprunter, il faut longuement écouter les monts chanter entre eux. Patienter parfois sagement afin de s’assurer qu’une avalanche ou que de la rocaille ne se préparent pas à chuter droit sur vous. Ce n’est vraiment pas une sinécure.

Après avoir atteint l’autre côté du sommet, une vallée s’ouvre à vos yeux. Cette dépression offre au moins la possibilité d’avancer rapidement grâce à son terrain plus clément. Sans arbre, et avec si peu de végétations, votre marche doit être la plus discrète possible afin d’éviter d’être repéré par les éventuels traqueurs, chasseurs, voleurs et autres bandits. Pour ma part, je reste camouflée par l’ombre de la montagne qui me protège suffisamment des yeux extérieurs.

Une fois la vallée parcourue, la route de BaldorHeim pour rejoindre l’ouest se profile à l’horizon. Ce n’est pas le chemin le plus rapide, ni le plus sûr, pour atteindre les rivages du lac Fresha. Il faut poursuivre encore à travers les montagnes, encore cheminer dans la neige, parfois blanche comme l’hermine, et parfois boueuse et traître sous vos pas. Le vent, la pluie ou le blizzard rendent le voyage encore plus pénible. Heureusement pour moi, je touche enfin à mon objectif, le lac des deux maisons Stryges.

Si je suis là, à terminer ce fastidieux trajet, c’est pour retrouver notre chamane, Skomehilda. Cette dernière voyage tous les ans pour les environs du Lac afin de récupérer des plantes rares et spécifiques, nécessaires pour le soin des enfants et des plus âgées. Elle est partie il y a déjà trop de nuits et l’absence de son retour commence à toutes nous inquiéter. Je me suis évidemment portée volontaire pour partir à sa recherche, tenter de la retrouver au Lac Fresha, en espérant de tout mon cœur de pouvoir la revoir saine et sauve. Nous ne pouvions pas partir à plusieurs pour cette expédition, nous ne savons pas si Skomehilda est bien en danger ou non, et si oui, la force de la menace qu’elle rencontre. Nous ne pouvons pas nous permettre trop de pertes dans nos rangs. Krakha aurait aimé venir, mais la Matriarche lui a formellement interdit de partir du village, elle avait beau barrir de rage (une marque d’impertinence qui se solde généralement par une punition sévère), la Grande Kelah ne revint pas sur sa décision. Fort heureusement, Krakha échappa à la punition, nous étions toutes suffisamment inquiètes pour notre chamane pour en plus devoir endurer une sanction aussi lourde à l’encontre de notre doyenne.

- Skomehilda, où êtes-vous ma chère ?

Je murmurais faiblement en surplombant le Lac Fresha depuis un petit plateau rocheux. Il m’était nécessaire d’être méthodique afin d’avoir une chance de la retrouver. Je connais les plantes qu’elle est venu chercher, mais je ne saurais dire où elle peut les trouver de manière précise. Skomehilda est en pleine communion avec la flore, de mon point de vue, c’est une véritable survivante de la nature. Elle sait se faire extrêmement discrète, chose qui va me compliquer la tâche. Elle transforme ses lieux de repos de la nuit en nids d’animaux au petit matin afin de faire diversion, et malgré sa corpulence, elle sait aussi éviter de laisser des traces trop évidentes de son passage.

Mon espoir repose sur le fait qu’elle est bien arrivée jusqu’ici, et que quelque chose ou quelqu’un la retient au Lac. Mon plan est de trouver les fameuses plantes et de pouvoir peut-être ainsi retracer son chemin et de trouver un quelconque indice de son passage. Alors que je réfléchis quelques instants à l’ombre d’un sapin, des bruits métalliques proviennent du lac. Les cousins stryges sont en train de s’affronter dans un combat mortel pour la gloire de leurs maisons respectives. Endoctrinés dès le plus jeune âge, ces êtres sont encouragés à la haine de leur propre voisin, et à se battre pour se faire respecter. Tout cela se termine dans un bain de sang inutile, les Blancs remportent ce combat, jusqu’à ce que les Noirs ne reviennent plus nombreux et mieux préparés pour venger les leurs. Ainsi de suite dans un cycle mortel interminable.

Les stryges victorieux partent fêter l’événement dans leur tour, et je peux enfin descendre jusqu’aux berges pour débuter mes recherches. Je reste attentive aux sons, je fais extrêmement attention à mes déplacements. Pourvu que je puisse retrouver ma chère amie, Skomehilda.