Une part de moi est donc issue des contrées de l'Immatériel, l'au-delà, les Lumières-Mortes, qu'importe le terme que vous jugerez adapté à définir ma provenance, et je suis par nature un Dévoreur, une anomalie dans l'éther qui cherche à s'emparer de l'essence même de la vie pour croître et dominer. En puissance, je crois que je recherche l'hégémonie universelle, la prédation ultime, la conquête de chaque chose. En pratique, Sobek a tempéré cet instinct, et j'ai su adapter ma faim carnassière aux jeux de Cour et décrets royaux pour faire de la politique Speluncienne mon terrain de chasse où je règne en maître incontesté.

Les Dévoreurs sont aussi uniques que rares. Notre espèce n'est nullement recensée, mais je crois être en mesure d'affirmer en être l'un des derniers représentants pour diverses raisons ; j'ai tout d'abord, au cours de ma très longue existence, donné la chasse à mes paires, désireux par le passé de goûter au cannibalisme. Aussi, les autres Dévoreurs, plus proches de bêtes primitives sachant user de sortilèges que d'un dandy vampire ont péri aux mains de chasseurs de démons et ont donc naturellement vu nos rangs s'amenuiser.
Notre talent pour la magie vient du fait que nous soyons capables d'ingérer l'essence de la vie et de l'utiliser pour renforcer nos propres capacités ; c'est notre seul et unique but, nous mangeons, grandissons, et mangeons plus gros encore, et plus vieux est le Dévoreur plus il est dangereux, car le savoir et la magie qu'il a emmagasiné lui permet, par exemple, de savoir dépasser les limites imposées par la mort. Ma magie a toujours été de l'ordre de la tromperie et des arts occultes, je commande aux âmes que j'ai mangé et puise dans les Lumières-Mortes leur essence afin de modifier le tissu du réel ; toutefois, en ingérant le sang d'Adam lui-même, il semblerait que je sois à présent capable de dévorer l'essence de la magie d'autrui.
Je puis retourner contre un Mage ses sorts, ou à pomper le drain de vie d'un Corrompu, un talent extrêmement utile et versatile que j'ai hâte d'employer dans des chasses futures.

En dehors de mes talents d'usurpation de pouvoirs -décidément ce terme est récurrent, fort heureusement il est aussi assez agréable à l'oreille-  je suis un sorcier capable, ayant suivi les enseignements de divers maîtres en magie noire, et puis user de magies spirituelles, malédictions, et voodoisme afin de lancer la terreur sur mes adversaires. En tant que Dévoreur et arcaniste, je n'ai jamais été ni le plus fort, ni le plus doué, en revanche ma longévité et ma ruse m'ont permis de survivre à bien des âmes trop sûres d'elles ; c'est dans les applications pratiques et surprenantes des sorts que je puise mes ressources, car dans le feu de l'action, même le mage le plus destructeur peut être décapité s'il se surprend à être distrait par mes petits jeux.
La perspicacité a toujours été le meilleur outil dont je disposais pour chasser.

D'aucuns s'interrogent parfois sur ce à quoi je ressemble dans le monde Immatériel, quelle est la forme de Styx lorsqu'il n'est pas en possession d'un être vivant, et comment se passe sa vie dans les Lumières-Mortes. Je dirais que je suis un mélange entre un serpent et un renard, mais avec des plumes, et des écailles faites d'yeux et de bouches... en réalité, il n'existe pas vraiment de mots pour décrire mon apparence en langage humain. Imaginez donc ce que vous voulez à partir de la description ci-dessus, donc.

La Guerre. Les batailles. Les combats. Autant de synonymes servant à illustrer les différentes facettes d'un même concept ; les âmes, mortelles ou immortelles, se vautrent à corps perdu dans une course au pouvoir et, tandis que derrière elles s'entassent les cadavres, elles réfléchissent à la suite des événements un sourire dément aux lèvres. On dira certainement que certains sont pacifistes, qu'il existe des altruistes qui œuvrent généreusement à faire de la vie une expérience paisible, mais pareilles affirmations reviennent à dire que parce que certaines roses poussent dans la merde et que la merde serait donc géniale.
Non.
C'est faux.

Les hommes, tous autant qu'ils sont, vivent pour dominer. Ils ne sont que des animaux triviaux et fascinés par l'idée que tout devrait leur appartenir, c'est une part inaliénable de leur disposition physique et mentale, car ils sont apparentés aux féroces primates. J'ai donc fait de la guerre et de la stratégie des priorités dans la liste des occupations auxquelles je me suis livré, et dois avouer en tirer une satisfaction toute malsaine. Un peu comme lorsqu'on accompli un calcul mathématique sans erreur, élaborer la chute des empires et les massacres de champ de bataille m'empli toujours d'une chaleur bienvenue. Il est difficile de bien faire la guerre, car les bouchers sont nombreux, et les petits hommes pensant qu'il suffit de courir une épée à la main pour s'autoproclamer guerrier sont tout aussi présents.

Faire la guerre n'est pas seulement une affaire de violence physique, il s'agit de ruiner l'économie de ses opposants, de salir leur nom et s'accaparer leurs alliés, et de choses tellement diverses encore que les stratèges avisés seulement sauront de quoi je parle ici. Lamentablement, Dùralas ne peut se vanter de disposer d'aucune âme également douée pour faire le mal, ou le bien, de manière calculée et réfléchie, et ce territoire se résumant à une série de héros en mal de gloire sa conquête se fait aussi doucement que délicatement ; mon poison commence à se répandre dans toutes ses instances, et bientôt j'aurais mes anneaux autour de chaque gorge.

Par ailleurs j'ai développé un goût pour les armes à distance récemment, et grâce aux services des nains technophiles de BaldorHeim, une arbalète parfaitement manufacturée me sert d'instrument de chasse. Il n'y pas grand chose à dire sur mon nouvel hobby d'arbalétrier, c'est simple, efficace et mortel. Tout ce à quoi devrait aspirer un assassin compétent.