A l'époque le petit groupe de fidèles que Cylicia dirigeait devait se réunir dans une caverne à peine aménagée. N'ayant pas de temple dédiée à leur culte, ils se débrouillaient comme ils le pouvaient. Rien de secret ou de mystique à cela, c'était juste la meilleure organisation dont ils avaient fait preuve et tout le monde était le bienvenue. Présents pour cette première prêche, tous les fidèles compagnons ayant rejoint secrètement l'Ordre des Matyrs, Petit Tambour également qui avait aidé à mettre en place, Elena, la mère adoptive de Cylicia, et des connaissances indirectes à cette dernière mais ayant pour la plupart un lien avec ce premier noyau dur. Ne nous voilons pas la face non plus, la grande majorité d'entre eux avait un grief quelconque envers les Stryges Noirs.

Notre héroïne fit son apparition au pupitre. Devant elle, aux premiers rangs, la clique de l'Ordre qui attendait avec impatience cette première prêche. Elle s'était plutôt bien préparée à cet exercice mais avait tout de même la peur de décevoir certains membres présents qui l'avait en trop haute estime. Cylicia finit par se lancer après avoir prit un bon contact visuel avec son auditoire.

- Mes bien chers frères et soeurs... Merci à tous d'être venue assister à cette première prêche, j'espère que celle-ci vous apportera quelques pistes sur le long chemin de la quiétude spirituelle... Aujourd'hui, j'aimerais m'adresser aux non Stryges ici présents car, je vous le dit, en vérité, même si ils peuvent semblé éloignés de notre Foi, ne recherchent il pas eux aussi la Paix, la Dignité et l'Amoir de leur prochain? Je vous le dit, en vérité, j'ai voyagé du Sud au Nord et d'Est en Ouest, et partout où mon regard s'est posé il n'y'avait que désire de Paix. Ce que tous nous voulons, c'est récolté fièrement le fruit de nos efforts... Ce que tous nous voulons c'est savoir son prochain et soit-même en sécurité... Je vous le dit, en vérité, ceux la même qui ne connaissent rien des Saints Savoirs de la Tour Blanche, déjà sont emprunts du désir de Paix, d'Amour et de Partage que nous souhaitons pour tous.

Cylicia fit alors une pause, buvant dans son gobelet d'eau afin de laisser le public digérer et s'éclaircir un peu la gorge.

- Mes chers frères et soeurs, je vous le dit en vérité, ce qui nous sépare d'eux ce n'est rien d'autre que la Tour Blanche elle-même! L'oratrice laissa alors les rumeurs aller bon train, elle se doutait bien que cette phrase allait semer le trouble dans l'assemblée. Aveuglés dans cette grande cage dorée, où nul ne connait l'indigence, nous avons oubliés nos frères et soeurs qui souffrent au dehors de celle-ci. N'est-ce pas la une forme d'Egoïsme de notre part? Depuis des siècles nous cultivons le savoir du Bonheur et du Bien, et nous gardons précieusement ce savoir pour nous. En vérité, je vous le dit, c'est une folie et une imposture que cela. Une folie car nous nous condamnons nous même à vivre ainsi dans notre illusion. Combien n'ont pas subit les erreurs de ceux que nous avons laisser dans l'ignorance et combien combien d'autres celles de ceux ayant connus l'impunité? C'est une imposture, enfin, car notre Foi n'est-elle basée sur l'entraide et le partage? On nous apprends à reconnaître le Mal depuis notre plus tendre enfance et que faisons nous lorsqu'il s'éloigne un peu de notre chère Tour Blanche? Nous détournons le regard, voilà la vérité! Mais qui connait Morkez, sait que cette attitude est indigne. Qui connait Morkez, sait bien que Son enseignement n'a pas de frontière et encore moins de murs!

Cylicia reprit alors une gorgée et s'essuya la bouche du revers de la main. Elle sentait que l'assemblée voyait maintenant plus distinctement où elle voulait en venir.

- Mais surtout ne vous fourvoyer pas, le coupable est bien en chacun de nous. Tapis au coeur de notre indifférence, de nos préjugés, et de nos mauvaises habitudes. Par l'exemple et par l'ouverture, j'espère pouvoir démontrer l'erreur absolue que nous faisons en nous limitant de la sorte. Ainsi, mes frères et soeurs, partagez donc un bon repas avec ceux qui vous sembles si différents et constatez par vous même les illusions dont nous nous bardons...

Ainsi parla Cylicia, puis elle montra de sa main un buffet sur lequel attendait divers plats froids, du pain, des fruits et de l'eau. C'était le moment pour les adeptes d'échanger et d'apprendre à se connaitre ce qui, dans l'esprit de Cylicia, était au moins aussi important que son sermon.

Cylicia avait remarqué que beaucoup, à la Tour Blanche comme parmi ses paroissiens, se questionnaient quant à sa rencontre avec l'Apôtre du Sacrifice. D'autres encore, elle s'en doutait, se questionnaient sur les circonstances, pouvant paraître étranges, de la mort de cette dernière. Afin de clarifier tout cela, elle décida de l'officialisée lors d'une des ses prêches, officialisée car chacune d'elle était rendue en double au département du Haut Prêtre qui l'avait sous sa tutelle. Bien sûre, au début elle hésita à faire attention à tous ces racontars et à ces interrogations indiscrètes, mais elle finit par se convaincre qu'Harpinis valait bien une prêche tant elle fut à la fois un bon et un mauvais exemple. Ainsi, du haut de son pupitre, Cylicia s'adressa en ces termes à l'assemblée :

- Mes chers camarades... Beaucoup d'entre vous savent déjà qu'il m'a été donné la chance de connaître Harpinis Cygnus, que la plupart connaissent sous l'appellation d'Apôtre du Sacrifice. Je ne me suis jamais exprimé publiquement sur les rapports que nous entretenions ou sur sa disparition tragique, mais il me semble venu l'heure de vous en parler. Plutôt que de laisser les bruits de cour et les suppositions fallacieuses gagnées du terrain, il me semble que la Vérité sera à même d'étancher la curiosité de beaucoup. Je sais ce que certains d'entre vous pensent mais ne soyez pas trop prompt à juger les curieux qui parlent de la sorte, parfois de travers, mais rendez plutôt grâce à la Vérité qui, par leur curiosité, est toujours prête à éclatée.

Le regard de Cylicia se perdit un instant dans celui de sa mère adoptive. Sa mine semblait inquiète mais cela faisait déjà quelques temps qu'elle tirait ainsi cette grimace. Pourquoi? Qu'avait-elle donc fait qui puisse inquiéter sa tendre mère? Est-ce qu'elle, aussi, la soupçonnait d'être une criminelle? Non, impossible, se rassura notre héroïne avant de reprendre.

- En vérité je vous le dit, Hapinis était devenue mon maître. Quelques visages étonnés apparurent alors subitement. Oui, Harpinis fut tout d'abord mon maître avant de devenir mon amie... Mon maître, car sa puissance et son savoir dépassait ma simple condition. Une amie, car au delà de l'Apôtre j'ai put voir sa Solitude, au delà de l'Apôtre j'ai put voir l'étendue de sa Souffrance et de sa Joie... C'était une femme recluse dans un endroit peuplé de monstres. Excepté moi-même et notre chère Phoenicia ici présente, il est fort possible qu'elle ne connut jamais la compagnie d'autrui... Et ce n'était rien en comparaison des Sacrifices qu'elle fit au nom de Morkez, jamais Stryge n'aura autant souffert que cette pauvre Harpinis, je vous le dit. Mais c'était loin d'être la chose la plus triste concernant l'Apôtre. En Vérité, je vous le dit, mes frères et soeurs, méfiez vous de ceux qui dans leur Amour pour l'une des voie du Grand Dragon Noir, en oublie les autres. Ainsi ils pensent atteindre une pieuse vérité, mais c'est savant mensonge qui les attends! Ne pas prendre en considération les autres voie de Morkez, c'est se condamné à ne jamais entrevoir son Divin projet. Ainsi sont maudits, par essence, les Apôtres condamnés à verser leur dévotion dans une seule de ces voies. C'est ce qu'Harpinis m'a apprit, à son dépend, entre bien d'autres choses. Mais, malgré sa folie, l'Apôtre sut faire preuve de grandeur d'âme jusque dans ses derniers instants. Ainsi, dans un dernier élan de Générosité, elle se Sacrifia d'elle-même pour me préserver du Mal... Ce Mal, dont je vous parle, il ne s'agissait rien de moins que de l'Amour mes chers frères et soeurs!

Tous furent étonnés, car depuis toujours Morkez prêchait l'amour et la compassion.

- Maintenant, peut-être, comprenez vous mieux la folie dont je vous parlais. Harpinis qui était dévouée corps et âme à notre bon Morkez avait oubliée ces valeurs si importantes et nécessaires dans notre culte. Si bien, je vous le dis en Vérité, que son Sacrifice ne provoqua nul miracle d'une quelconque sorte, tant Morkez, dans son infinie sagesse, avait sans doutes décelé l'erreur fondamentale que venait de faire son Apôtre. Ainsi, mes chers frères et soeurs, si vous cherchez la voie vers la Paix, le Bonheur, et la Lumière du Grand Dragon Noir, ne vous fourvoyez pas en pensant l'une de ces voies meilleure qu'une autre... Acceptez son infini Sagesse dans vos coeurs, et naviguez le coeur toujours bon et léger sur les flots divers de son Savoir.

C'est ainsi que se termina cette seconde prêche, sous quelques applaudissements. Vint ensuite le moment habituelle de se mélanger avec les fidèles et d'échanger avec eux. A la Tour Blanche, tout le monde pouvait parler librement et se poser les question qu'il désirait, même concernant leur sacro-sainte religion. Ce peuple, en apparence fort bigot, a pourtant des notions de libre pensée dont beaucoup d'autres cultures ferait bien de s'inspirer. Cylicia, de son côté, était contente et se sentait plus légère d'avoir put enfin parler de son expérience avec Harpinis bien qu'elle ait omis de parler de moult détails inutiles concernant son entrainement, l'important y était.