Le Monde de Dùralas
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Bonjour Invité, et bonne visite sur Dùralas ! Nous sommes actuellement en l'An 811 du Ve Âge. Bienvenue à notre dernier membre : ibrahim Le Monde de Dùralas a précisément 4040 jours ! Contribuez en aidant et en faisant part de vos idées pour le forum ici Dùralas, le Jeu 21 Nov 2024 - 15:29 La Spécialisation de classe s'obtient à Wystéria. Pour être à l’affût des dernières nouveautés, c'est ici qu'il faut aller ! |
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DoeminoCorrompue
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| Sujet: Journal de Doemino Mer 10 Mar 2021 - 9:21 | | |
Avancements notables par rapport à la fiche d'inscription - Doemino possède désormais une faux magique aussi grande qu'elle ainsi qu'une dague ensorcelée, offerts par un kazharien généreux
- La métisse est tombée au combat lors d'une embuscade de perracks et de mages-nécromants du Comte de Perracie. Ceux-ci l'ont ramené d'entre les morts en tant que cobaye pour expérimenter les facultés d'un nouveau genre de morts-vivants. Ayant conservé intellect et esprit d'initiative, ces damnés peuvent aller et venir à leur guise à travers les enchantements de l'enchanteur Tungstène. Rien dans leur apparence ne laisse transparaître le mal affligeant ces morts, si ce n'est un regard légèrement luisant. Doemino est désormais à la solde de Motch'Hollow et agira en conséquence, infiltrée parmi les ennemis de la Perracie. Et ce tant que cette emprise sur son esprit n'aura pas été levée.
- Lors du rituel de résurrection, le médaillon de son père lui permettant de manipuler la glace a été réduit en poussière
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| | | DoeminoCorrompue
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| | | | DoeminoCorrompue
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| Sujet: Re: Journal de Doemino Mer 10 Mar 2021 - 9:23 | | | Relations Serviteurs de Motch'Hollow : Ferghus, nécromancien & scientifique # bb6e6eFerghus est un laquais du comte Motch'Hollow, cherchant à s'attirer ses faveurs en étendant l'influence de la Perracie au-delà de ses frontières. Pour cela, il mise sur une malédiction qu'il inflige a des individus extérieurs à la Perracie, en faisant des marionnettes morte-vivantes soumis à sa volonté, dotées de pouvoirs et capable d'errer à travers le continent à l'insu de tous. C'est lui qui a dirigé le commando perrack ayant massacré la première unité de Doemino fut l'un de ses tout premier sujets, son premier guerrier damné et espion. Elle lui sert de cobaye pour éprouver les limites de ses travaux et améliorer ceux-ci, n'étant pas d'une grande valeur à ses yeux. Muskzit, skarnien mage et alchimiste # 2dbb03Skarnien du clan Rektimus servant d'ambassadeur - et pratiquement d'esclave - au comte Motch'Hollow, Muskzit a mis ses talents et ressources au service de Ferghus, l'approvisionnant en mutagènes, chancre, champignons toxiques et autres produits douteux. Il a grandement contribué à l'élaboration du rituel de création des guerriers damnés, y voyant la l'occasion d'apprendre lui-même comment améliorer les soldats de son clan Skarnien. Il voit néanmoins d'un mauvais œil le succès du nécromancien tandis que lui n'a que peu appris au final et pourrait bien devenir inutile. A moins qu'un accident ne doive arriver à Ferghus et qu'il ne parvienne à le supplanter... perracks random # 6fa76cKazhariens de la patrouille de Tunnelly : Cap'tain Daraln lightblueLe capitaine Dalran dirige une dizaine de Kazhariens et est responsable de patrouilles non pas à Baldorheim mais dans tout la zone Est du continent, de la foret de sapin à la partie orientale des montagnes, du Lac Fresha à la frontière Sud de la Perracie. Les souterrains ne font toutefois pas partie de ses affectations. Patient et attentif, il prends soin de ses hommes comme de ses femmes et sais faire parler son expérience au combat. Patrouilleur Richard # c60000Râleur mais discipliné, Richard fait partie de l'unité du capitain Dalran. Originaire de Baldorheim, il n'a jamais quitté l'Est du continent et n'a nulle intention de changer cela. Patrouilleur Francis # ffffffFrancis est l'un des rares Stryges affecté aux patrouilles suite à des échanges militaires avec la tour des Stryges blancs. Peu bavard et doté d'une constitution solide, il tire profit de son vol lors des rondes et n'hésite pas à se mettre en danger pour protéger ses confrères.
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| | | DoeminoCorrompue
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| Sujet: Re: Journal de Doemino Mer 10 Mar 2021 - 9:24 | | | Quêtes, achats, divers - Quête métier:
Louchant presque sur son pinceau, Doemino s'échinait à écrire d'un tracé aussi propre que possible le texte à recopier. Tenant le manche entre ses petits doigts, elle était debout sur son tabouret plutôt qu'assise et tirait la langue de côté, concentrée. Lorsqu'enfin elle arriva en bas de sa page, la gnomette souleva le fruit de son labeur qu'elle contempla avec fierté.
Passant derrière elle au même moment, sa mère s'arrêta, du linge plein les bras. Il fallait dire, bien qu'adulte leur fille n'était pas vraiment un modèle d'autonomie. Et elle venait de revenir de patrouille au "grand lac du Sud et ses deux tours".
- Hmm mm, marmonna-t-elle en examinant le document tout récent. C'est pas mal, tu continues à t'améliorer, tes courbes sont de plus en plus belles ! - T'as vu ! fanfaronna l'apprentie. Bientôt tu pourras prendre ta retraite, je me chargerais de toutes les commandes ! - Peut-être. Mais avant cela, il faudra que tu continues à améliorer ton orthographe : le verbe "chenter" s'écrit avec un A, pas un E.
Là-dessus, Callie prit la direction de l'extérieur pendant que sa fille collait son nez au papier pour identifier la faute dont elle parlait. Lorsqu'enfin elle la trouva, elle poussa un cri désespéré.
- Crotte de biques ! jura-t-elle en déchirant en morceaux le document calligraphie.
Puis elle déchira les morceaux à leur tour. Puis les morceaux des morceaux. Puis les jeta par terre et entreprit de les piétiner. Lorsque, enfin défoulée, elle remarqua que son "p'tit papa" l'observait depuis l'entrée, un sourire en coin, elle lui tira la langue puis reprit contenance. Sans un mot, elle alla ajouter les miettes de son travail aux autres documents à brûler.
- J'ai du bois à couper, déclara Zook. Je t'attends ? - Ho que oui ! s'écria-t-elle en accourant.
Ses chaussons volèrent dans l'entrée comme elle se précipitait à l'extérieur pieds nus. Ayant retrouvé le sourire, elle courut jusqu'au portique permettant d’accéder au jardin de ses parents où, déjà, l'attendait son père.
- Doemino ! l'interpella sa mère depuis l'étendoir. Tu oublies encore ta hache ! - J'en ai plus besoin m'man !
Après quoi elle décocha un grand sourire complice à son père : son pendentif enchanté rebondissait sur sa poitrine à chacun de ses pas.
- Quête académie de magie:
Titubant et s'efforçant de garder la pile de documents droite, Doemino avançait à l'aveugle. Et pour cause, elle trimbalait une pille de papiers mesurant plus que sa propre taille, laquelle oscillant dangereusement à chaque pas. Et la catastrophe qui devait arriver arriva : se prenant les pieds dans un tapis, la métisse trébucha et s'étala de tout son long dans une pluie de feuilles de papier.
- Zut ! s'écria-t-elle en se relevant précipitamment.
Agacée, elle entreprit de ramasser et empiler à nouveau tout ces documents éparpillés. C'était une bien piètre entrée en la matière : pour la première fois elle mettait les pieds à Sylfaen, venant livrer des parchemins et vélins réalisés par sa maman. Et elle-même, pour quelques uns d'entre eux. Bien entendue, désireuse d'en mettre plein la vue aux académiques, elle avait tenté de ne faire qu'un trajet entre la charrette et le bureau qu'on lui avait indiqué à plusieurs couloirs de l'entrée.
A quatre pattes, elle rassembla les feuilles d'un classeur, s'assura de les remettre dans le bon ordre, puis réalisa que la page onze manquait. Avant qu'elle ne commence à passer en revue les dizaines (centaines ?) de feuilles en vrac dans le couloir, le morceau de papier qu'elle cherchait lui apparut sous le nez.
- Je crois que c'est ce que vous cherchez, lui indiqua un inconnu d'un ton bienveillant. - Hein ?
Accroupit face à elle, il avait ramassé la-dite page onze sans qu'elle ne remarque ni son apparition ni son intervention. Vêtu d'une espèce de robe de chambre grisâtre, il s'agissait d'un vieil homme au crâne encore plus dégarnis que Zook et à la barbe si longue qu'elle frottait par terre. Un instant, Doemino s'égara en croisant son regard azur, pétillant d'amusement. Gênée, elle cilla en rougissant jusqu'aux oreilles. Elle avait espéré être assez rapide pour que sa bourde passerait inaperçue...
- Nrgeu... merci, marmonna-t-elle en prenant la page tendue.
Sans se relever, elle poursuivit sa corvée. Pour autant, le vieillard resta accroupit à sa hauteur, l'observant faire en silence. De plus en plus mal à l'aise, elle finit par relever la tête.
- Vous avez l'intention de me regarder me ridiculiser toute la journée ? lança-t-elle agressivement avec l'intention de le faire décamper. - Je ne trouve pas ridicule les efforts consentis à la tâche, répondit-il calmement. J'apprécie ceux qui ne rechignent pas devant le labeur.
Comme elle clignait des yeux, perplexe, il commença à rassembler des documents et à les empiler sur la pile. N'ajoutant rien, elle reprit elle-aussi sa corvée, organisant le fouillis de papiers.
- Êtes vous étudiante de l'académie ? demanda-t-il après un instant en feuilletant un livre vierge. - Nan, ricana-t-elle. J'ai pas de pouvoir, pourquoi je viendrais... - Pas de pouvoir ? l'interrompit-il avec étonnement. Pourtant je perçois le toucher glacé en vous.
Stupéfaite, Doemino resta coi à le dévisager. Personne hormis son p'pa savait qu'elle arrivait à manipuler la glace en utilisant son amulette. Instinctivement, elle porta la main à son pendentif et réalisa qu'il avait glissé hors de son haut et pendait dans le vide. Aussi s'empressa-t-elle de le cacher à nouveau.
- Comment... bha, la magie, répondit-elle à sa propre question. S'pas ça qui fait de moi une magicienne.
Là-dessus, elle se releva enfin, ce qui la rendait à peine plus grande. A son tour, le mage se redressa, révélant mesurer plus de de fois sa taille... avec un sourire affectueux, il posa les derniers documents ramassés sur la pile. Puis s'empara d'une bonne moitié de celle-ci.
- Vous seriez surprise je pense. Posséder un artefact magique et parvenir à l'utiliser sont deux choses très différentes. Venez, c'est à mon bureau que vous apportiez tout cela.
De plus en plus confuse, Doemino le vit faire demi-tour et s'engager dans le couloir d'un pas tranquille. Après un instant, elle ramassa la seconde pile, enjamba précautionneusement le rebords du tapis, puis entreprit de le rattraper.
- Quête Khazariens:
- Entre, intima l'officier lorsqu'on toqua à la porte.
Il ne leva pas les yeux de sa paperasse tandis que la porte grinçait légèrement. Une plume à la main, il raya une ligne du document en grommelant, puis le ratifia d'un coup de griffe. Alors seulement il leva les yeux. Pour découvrir une petite tête dépassant tout juste du bureau, le bord de sa coupe au carré frôlant le bois.
L'espace d'un instant, le nain s'apprêta à demander à cet avorton ce qu'un mioche venait faire ici. Mais il fit le rapprochement avec une récente recommandation - atypique en soit - et tint sa langue.
- Je peux faire quelque chose pour toi ? Interrogea-t-il en faisant mine d'ignorer la raison de sa présence. - Bonjour ! Lançant la demi-portion en esquissant un sourire étiré d'une oreille à l'autre, les yeux quasiment fermés. J'viens candidater !
Conservant difficilement une expression sérieuse face à l'apparence et aux intonations très enfantines de son interlocutrice, il lui indiqua le siège de l'autre côté du bureau. Elle l'escalada rapidement, assise juste sur le bord pour pouvoir plier les genoux, ses pieds nus pendants dans le vide. Il répondit :
- C’est-à-dire candidater ? Il y a de nombreux… - Brigadière Khazarienne ! l'interrompit-elle avec entrain avant de réaliser sa gaffe et se reprendre. Sivouplait… Monsieur ?
Il échappa un léger sourire. Rester impassible allait être très, très difficile.
- Je vois, répondit-il en espérant que sa moustache épaisse avait dissimulé son rictus. Vois-tu, ici nous avons des protocoles particulièrement stricts concernant les adhésions et comportements en vigueur.
En entendant cela, la gnome bomba le torse et colla ses bras le long du corps, pratiquement au garde-à-vous. Ce qu'il fit mine de ne pas remarquer.
- Quel est ton no… - Doemino Tunnelly ! l'interrompit-elle à nouveau précipitamment. Monsieur !
Cette fois c'est un regard noir qu'il échappa. Aussitôt, elle se pinça les lèvres et un bout de rouge lui monta aux joues. Pour autant, elle resta droite sans se laisser démonter.
- Tunnelly, répéta le khazarien après un moment.
Il se saisit d'une pile de papiers sur le rebord du comptoir et fit mine de feuilleter. En réalité, il savait exactement ce qu'il cherchait, ayant étudié ceci à peine une heure plus tôt.
- Tunnelly, répéta-t-il à nouveau en reposant les papiers, n'en gardant que deux feuilles en main.
Sans répondre, l'intéressée plissa les paupières, essayant de lire ce qui y était écrit. Son vis-à-vis le remarqua vite, puis ajouta une feuille volante en guise de sous-main. Puis relut en diagonale les grandes lignes.
- Tu as un parcours… erratique... Tunnelly, déclara-t-il. En plus d'avoir un profil atypique, ce qui n'est nullement un frein à ta requête, je préfère te rassurer tout de suite.
S'éclaircissant la voix, il posa le doigt sur le document et lu :
- Originaire du village de Plac Glilaharie, énonça-t-il, et fille de Callie Tunnelly et de… "Zook des Fjords".
Haussant un sourcil broussailleux, il examina à nouveau la jeune métisse habituée à la confusion des gens réalisant ses origines.
- Papa est Gnome, déclara-t-elle avec fierté.
Le nain hocha de la tête sans commenter, puis reprit sa lecture :
- Compétente en calligraphie, papeterie et travail de la hache. - Je… - A cassé le genou d'un officier Khazarien et l'a roué de coups, reprit-il en l'interrompant, à l'âge de seize ans. Pour l'avoir considéré comme une enfant.
Abaissant la feuille pour étudier la réaction de la jeune femme, il la découvrit esquisser un sourire gêné.
- J'ai été punie pour ça, osa-t-elle avec embarrât tout en se grattant le cuir chevelu. - … a écopé de quinze ans de travaux forcés au service de la patrouille du soldat blessé, reprit-il sa lecture après un moment. Réduits à seulement dix après un an de patrouille pour bravoure au combat et engagement au service de la patrie. A poursuivit les patrouilles frontalières malgré la fin de sa peine avec dévouement. Excellentes relations avec les autres membres d'escouade et recommandations du Capitaine de Brigade Oldrak.
À nouveau, il abaissa ses documents pour observer la réaction de la gnome. Celle-ci, stupéfaite, avait perdu son habituel masque jovial et le dévisageait bouche-bé.
- Y… y m'a recommandé Oldrak ? Bégaya-t-elle. Et y'a vraiment marqu… - Élément prompt aux débordements et manquant de discipline vis-à-vis de l'autorité, déclara-t-il sans la laisser terminer. Responsable de nombreuses rixes de tavernes. Bannie du stadium pour deux décennies.
Étonnement, ces ajouts lui redonnèrent confiance en elle. Retrouvant son sourire, elle ne dit rien de plus tandis qu'il reposait les documents.
- Tu es un carrousel entier de clowns à toi seule jeune fille, déclara-t-il finalement. Ainsi qu'un concentré d'incidents contradictoires. Rien que pour cela je t'aurais personnellement recalé. Néanmoins, tu n'as pas été recommandée par n'importe qui et ton dossier est exemplaire. Nous recherchons des patrouilleurs motivés et compétents. Ce quel que soit leur taille.
Il marqua un temps, la laissant digérer ses mots. Toutefois, elle était penchée en avant, buvant ses paroles comme un gosse écoute un conteur : elle n'écoutait plus qu'à moitié, attendant son verdict…
- Ton intégration parmi les Khazariens ne dépendra pas que de moi. Je ferais remonter ce dossier - ainsi que ta candidature actuelle - auprès des autres officiers, puis nous trancherons sur ton intégration.
Posant les coudes sur le rebord, il croisa les bras et se pencha en avant.
- Y a-t-il, jeune fille, quelque chose que tu souhaites ajouter à ton CV ?
La halfeline trépignait sur son siège trop grand, mais à cette question se figea sur place. Tandis qu'elle soutenait son regard intense, elle porta la main à une breloque accrochée à son cou, dissimulée sous son vêtement. Puis, après un instant, esquissa un très lent sourire.
- Se sera tout, Monsieur. - Bien, conclut-il après un instant, bien que n'étant pas dupe quant à cette hésitation. Tu peux prendre congé.
Aussitôt Doemino sauta de son fauteuil et galopa jusqu'à la porte où elle s'inclina bien bas en signe de respect.
- Merci Monsieur pour m'avoir accordé cet entretien !
Puis elle s'esquiva sans demander son reste. Ni complètement refermer la porte.
- Direction la taverne bande de Pitiponks ! résonna la voix de cette fanfaronne deux couloirs plus loin. J'paye ma tournée ! J'suis admise ! Ensuite on s'réserve nos places pour l'prochain match des Khazariens Gig… hey mais Kelvin au fait, t'avais pas parié que j'serais pas… et il est où l'vieux Oldr...
Les mots se perdirent dans le lointain comme le groupe de patrouilleurs quittaient le bâtiment. Se frottant les tempes, l'officier Khazarien expira lentement. Il n'avait pas validé sa candidature mais accepté de la transmettre à sa hiérarchie…
Or rien ne s'opposait à l'intégration de la demi-halfeline. Il pressentait de longues migraines à venir pour canaliser un caractère comme le sien…
- Demande de Classe:
- Moi je dis que même si toi tu bois coupé à l’eau, tu danseras sur la table avant nous !- Peuh ! Ce qu’il faut pas entendre, renifla Doemino en détournant le regard. Je peux aisément vous aligner tous autant que vous êtes. Évidemment, si vous tournez à la tisane au lait…- Rappelle moi, insista son camarade de patrouille en approchant de sa gnomette lui arrivant approximativement aux hanches. La dernière fois, combien de bouteille qu’il t’a fallut avant de commencer à chanter ?- Une seule, grinça l’intéressée dont les joues s’empourprèrent. Mais la prochaine fois j'te promet, s'toi qui... Un choc sourd ébranla soudain la fanfaronne qui tituba quelques pas en avant. Clignant des yeux d’incompréhension, elle baissa le regard sur la pointe écarlate dépassant de son ventre, juste sous la cage thoracique. En un instant, un silence stupéfait était tombé sur le groupe. Immédiatement brisé par la gnome qui eut un haut-le-cœur en faisant un pas de plus, un goût métallique lui inondant le palais. La douleur irradia brusquement de son abdomen, tétanisant l’aventurière qui s’effondra de côté. - Une embuscade ! s’écria Oldrak en tirant son épée du fourreau. On nous attaque ! On…Sa phrase fut coupée net par un impact spongieux. Tombée le visage vers l’orée des bois, Doemino ne pouvait voir ses compagnons. Seulement entendre le chaos soudain s’emparant de la patrouille. Les cris de panique. Les pas confus martelant le sol. - Mes… mes jambes, balbutia-t-elle en s’efforçant le baisser son menton. Je sens… mes jambes…Horrifiée, elle leva une main tremblante en direction de ses pieds qu’elle pouvait voir. Mais qu’elle ne pouvait plus sentir. Elle plia les doigts d’impuissance, incapable de bouger le moindre orteil. Un coup à l’omoplate la fit glisser en avant, lui arrachant un gémissement d’agonie comme un nouvel élan de souffrance lui déchirait le ventre. Son regard se fit trouble. Elle avait froid. Une pression sourde pulsait à ses oreilles, assourdissant le fracas des armes autour d’elle. Doemino sentit un liquide chaud ruisseler par terre et s’écouler entre ses doigts comme le monde basculait irrémédiablement de travers. * Baignant dans un matelas cotonneux, la halfeline rouvrit lentement un œil. Des silhouettes dansaient autour d’elle. Derrière celles-ci, de sombres montagnes pointues et effilées grimpaient à l’assaut du ciel orangé. Un chant abstrait berçait sa conscience, tendrement murmuré au creux de l’oreille. Doemino était si fatiguée… les voix du chœur essayaient de l’aider à se rendormir, mais en fait, cela aurait été plus facile si elles s’abstenaient… dans un souffle, elle tenta de réclamer le silence... Une seconde, les chants se turent. Puis quelqu’un tira la couverture, exposant la gnomette au froid ambiant. Elle grelotta de protestation. - Celle-ci respire encore, cracha une voix rauque d’un ton mielleux avant d’écarter tendrement une mèche de cheveux de son front. Un éclat de lumière vint l’éblouir une seconde, accompagné du chuintement qu’elle aurait reconnut entre milles. Celui de la plume d’acier de Callie que l’on sort de son fourreau de velours. Maman était là… - Retiens ta lame, ordonna une voix plus douce. - Mais elle va crever de toute façon ! Laisse moi au moins savourer le..La première silhouette s’éclipsa de son champ de vision sans terminer sa phrase. Rapidement, celle de Callie vint prendre sa place, penchée au-dessus de sa fille. Elle lui caressa affectueusement la joue et l’arête du nez. La lueur écarlate qu’elle discerna dans son regard était nouvelle par contre. Cela lui allait plutôt bien. - ...aman, murmura Doemino. Ce à quoi celle-ci gloussa d’amusement. - On l’emmène. Si elle respire encore en arrivant au camp, elle me permettra de tester le rituel.- Et si elle crève en chemin ?- On aura de la naine au dessert.* Doemino dodelinait de la tête, incapable de luter contre ses parents. Pendant un temps infini ils lui avaient fait traverser le ciel, parlant et riant, l’empêchant de dormir. A présent, mère lui inclina la tête en arrière, puis la força à ouvrir la bouche. Se laissant faire, la halfeline avait l’étrange impression d’être une poupée entre ses mains. Etait-elle retombée en enfance ? Pourquoi Maman voulait-elle... - Avale ça, déclara Papa. J’suis sûr qu’il en ont pas de meilleures chez les barbus. Tenez la bien !S’esclaffant, le khazarien lui versa la mixture entre les lèvres. Doemino manqua s’étouffer et ingurgita de travers. Elle toussa et essaya de se débattre, mais la poigne de maman était trop forte : nez pincé et mâchoire bloquée, elle fut contrainte de déglutir la décoction lui brûlant la langue. Puis la gorge. Étouffant et hoquetant, elle cligna des yeux, cherchant à capter le regard de sa mère en implorant que cesse ce supplice. Mais elle ne parvint qu’à discerner des prunelles écarlates et amusées par sa détresse avant que les larmes ne lui brouille la vue. - Là, termina Zook en s’écartant. En voilà une grande fille.Aussitôt une main vint se plaquer sur ses lèvres, l’empêchant de régurgiter. Le souffle court et l’estomac à l’envers, Doemino se débattit faiblement contre la prise de la calligraphe. Jusqu’à ce qu’après un temps infini le monde ne bascule à nouveau sans dessus-dessous. * L’horrible sensation de se faire aspirer les entrailles ramena la prisonnière délirante à la conscience. Hoquetant et les yeux grands ouverts, elle tomba nez à nez avec les villageois affairés autour d’elle. Partageant son étonnement, les montagnards à peau vert grisâtre la dévisagèrent un instant. Puis l’un d’eux s’écarta sans un mot en emportant la flèche qu’il venait de lui extraire du ventre. Se sentant à nouveau défaillir, incapable de rester assise, Doemino se laissa aller en arrière. La lumière diffuse de la lune lui piquait les yeux, mais elle grimaça et s’efforça de rester éveillée. Elle dormait depuis trop longtemps. - Tu te réveilles au meilleur-parfait moment, ricana la voix du mastiff. Il s’agissait du chien des voisins. Un énorme chien de garde qui leur servait à garder leur troupeau de brebis en sécurité. Mais bizarrement, son pelage avait viré de jaune-doré à grisâtre... - Cela va être succulent-magnifique à écouter-savourer ! se réjouit-il - Ecarte-toi vermine, gronda toutefois son père en repoussant le museau de l’animal approchant la gnome. Entrant dans son champ de vision, il s’immobilisa un instant avant de tendre les doigts vers sa poitrine. Assez pour que la halfeline remarque que ses yeux bleu clair brillaient d’un éclat écarlate. N’était-ce pas sa mère qui avait eut ces yeux plus tôt ? Elle ne savait plus... Également, son long nez pointu avait laissé place à deux fentes au-dessus d’une bouche aux lèvres fines. D’ailleurs, n’avait-il pas grandit ? Cela faisait des années qu’elle… - Papa… lâcha-t-elle comme il soulevait au-dessus d’elle l’amulette nacrée qu’il lui avait confié. Les braises écarlates jonglèrent entre elle et le colifichet relié à son cou. Sans un mot, il serra les doigts et broya celui-ci. De petits éclats rebondirent sur la peau de son visage. Elle dû tourner la tête en protestant quand l’un d’entre eux lui glissa dans l’œil. - Portez-la au bain, ordonna-t-il platement. Ensuite j’extrairais son intégrité.Secouant la tête, Doemino grimaça comme le ciel étoilé emplissait à nouveau son champ de vision. Allongée, elle retrouva l’agréable sensation de voler parmi les nuages. Son corps était léger. Comme si elle ne pesait qu’une plume. Du bout des orteils à la pointe des oreilles, elle se sentait… L’éclaboussure eut l’effet d’un électrochoc. En un instant, elle se retrouva comme plongée dans un bain d’huile chauffée, chaque centimètre de sa peau exposée à la matière bouillante. C’était comme si des milliers d’aiguilles s’étaient plantées dans sa peau. Des aiguilles qui se tortillaient les unes contre les autres pour s’enfoncer plus profondément que leur voisine. Hurlant, elle expira le peu d’air de ses poumons et de ce fait avala le liquide trouble dans lequel on l’avait plongé. Puis, à nouveau, le néant l’enveloppa d’une étreinte réconfortante. * Le monde cessa progressivement de tanguer autour de Doemino. Elle cligna des yeux avant de se redresser, puis lever une main devant elle. Après quelques seconde, elle put la discerner sans plus que ses contours ne soient flous. Se tournant de côté, elle balaya son environnement du regard. Le soleil commençait à baisser, mais elle n’aurait su dire quel jour l’on était. Assise sur une table, les pieds pendus dans le vide, elle se trouvait au beau milieu d’un camp crasseux. Ici et là allaient des créatures un peu plus grandes qu’elles. Sans doute des gobelins. Personne ne lui prêtait attention. La plupart des peaux-vertes portaient des pièces d’armures mal agencées et ayant connues des jours meilleurs. Les observer poussa la halfeline à s’examiner elle-même. Sa propre cuirasse lui avait été retirée : elle ne portait que des haillons et son ventre nu était exposé. Elle découvrit une cicatrice blanchâtre sous ses côtes du côté gauche qui n’était pas là dans ses souvenirs, bien que ces derniers soient confus. Les voix de deux personnes captèrent son attention et elle se tourna de côté pour les identifier. Le premier inconnu était affublée d’une longue robe sombre, une capuche rabattue empêchant Doemino de voir ses traits. Son interlocuteur était bien moins imposant, mais plus que les gobelins. Penché en avant, son museau bougeait nerveusement à chaque syllabes prononcées. - Je ne comprends-saisi toujours pas pourquoi avoir gaspillé les composants pour une minus-gamine, susurra la créature voûtée et couverte de fourrure. Elle ne servira à…- Tu aurais voulu expérimenter sur un géant adulte je présume, coupa calmement la personne encapuchonné. Celle-ci se tourna vers Doemino qui put voir son visage pour la première fois. La peau de son visage était plaquée contre les os de son crâne, pratiquement desséchée. Son nez n’était que deux fentes et ses joues manquaient, révélant ses dents et tendons en-dessous. Mais malgré cette apparence, c’est sur son regard que l’observatrice s’attarda. Un regard calculateur, rouge et luisant de curiosité. Il reprit comme elle se détournait, silencieuse : - Il s’agit de notre premier spécimen. Nous ne savons pas dans quelle mesure le rituel a fonctionné. Dans quelle mesure ses... facultés... se sont développées. Sera-t-elle obéissante ? Sa conscience va-t-elle…Il soupira sans terminer sa phrase. - Tant d’efforts-sacrifices, se plaignit à nouveau le rongeur. Tout cela pour un mort-vivant de plus…- Un mort intelligent et capable d’initiative... corrigea la personne aux yeux rouge. Un mort capable de passer le sort de l’enchanteur. De fouler le monde extérieur et rester lié au Maître.- Mais comment savoir-deviner si cela a fonctionné ? Tu vas la botter-jeter hors de la foret ?Ce à quoi il haussa les épaules en revenant à la halfeline. - Commençons déjà par le lui demander.En quelques pas, il se plaça face à elle. Mais elle ne soutint pas son regard, préférant regarder ses pieds balançant dans le vide. C’était étrange. Elle avait l’impression que, dans un rêve récent, elle ne pouvait plus les bouger… - Guerrier Damné, grinça le nécromant à l’aventurière déchue pour réclamer son attention. Qui sers-tu ?Lentement, Doemino cessa d’observer ses orteils. Elle releva la tête. Son regard désormais luminescent fixait non pas son interlocuteur, mais un point vague à l’horizon. Dans un souffle, presque mécanique, elle murmura : - Motch… Hollow.
- Tenue corrompue:
- Malgré les différentes démonstrations de tes capacités, Muskzit reste sceptique quant à ton... utilité, articula lentement l'individu encapuchonné dominant la gnome de plusieurs têtes.
Quelques instants, il toisa la jeune femme ramenée d'entre les morts, son regard aux yeux rougeoyants rivés dans ceux de cristal. Impassible, droite et le visage levé, elle attendait. Immobile.
- Je ne suis pas de son avis, finit-il par ajouter. Ce rongeur a son utilité, mais celle-ci a somme toute ses limites. Son esprit étriqué ne peut concevoir le tableau dans son ensemble.
Esquissant un sourire révélant ses dents aux canines humaines tout à fait banales, il inclina la tête de côté. Puis tendit la main, écartant une mèche de cheveux décolorés du front de Doemino.
- Tu n'es pas une géante. Ni une minotaure ou une garou. Tu es une demi-portion, une batârde insignifiante. Une expérimentation. Un prototype. Un brouillon.
S'accroupissant durant sa tirade face à la "guerrière damnée" comme il l'avait nommée, demeurant stoïque comme si elle ne percevait pas les paroles de l'humain, il prit son menton dans ses longs doigts, rapprochant leurs deux visages blafards.
- C'est justement parce que tu n'es rien tout en étant tant que tu as de la valeur, lui assura-t-il avec un sourire chaleureux. Un renard infiltré dans le poulailler au nez et à la barbe de tous. Un venin inoculé en toute discrétion. Un espion, le premier d'un nouveau genre, qui changera la face du monde.
Puis, secouant la tête avec amusement, il se redressa. Tandis que Doemino le regardait s'écarter jusqu'à un râtelier, il ajouta :
- Tu repartiras d'où tu viens. Avec ta tenue d'origine. Trouve quelques excuses pour justifier d'être la seule survivante de ta patrouille. Mutile-toi s'il le faut afin de les convaincre. Fait toi passer pour agonisante. Nul ne soupçonnera la vérité.
Tendant un capuchon sombre et délavé, faussement rapiécé, il termina :
- Emporte également ces quelques breloques. Ils te seront utiles lorsque le Comte aura besoin de tes services. Ou lorsque moi, Ferghus, te contacterais.
- Première fusion:
Être infiltrée parmi les mortels impliquait de se faire passer pour l'un d'eux. De vivre et effectuer des tâches mondaines, dénuées de sens et d'intérêt pour la plupart. Néanmoins, elles permettaient de maintenir l'illusion. Aussi, en tant que désormais kazharienne, le travail de la forge ou de l'ingénierie devait entrer dans ses corvées régulières. C'est pourquoi, stoïque, Doemino sélectionna au hasard l'une des missions de ce genre déposées à la garde et s'engagea à la réaliser. Ce n'est qu'après avoir accepté la tâche qu'elle en lu le contenu tout en marchant jusqu'aux ateliers de Baldorheim.
Lorsque, se présentant devant les plans de travail face aux fourneaux, plusieurs autres artisans, ingénieurs et technophiles s'arrêtèrent pour l'étudier du regard. Un halfeline aussi petite qu'elle, grimpant debout sur une chaise avant de se pencher sur son plan de mission, avait de quoi piquer leur curiosité. D'autres halfelins officiaient dans la pièce, leur nature n'était donc pas inédite. Mais celle-ci paraissait si jeune et si... égarée, n'affichant ni curiosité ni réflexion. Juste un regard stoïque, étudiant silencieusement son document.
Après quelques instants et regards, l'un des ingénieurs - un nain à barbe rousse et pourvu d'un monocle à quatre lentilles, vint à sa rencontre, lui proposant son aide si elle avait la moindre question ou difficulté. Après tout, il s'agissait de la première fois que Doemino venait travailler en ce lieu et la qualité de son travail pouvait influer sur leur réputation à tous.
Bien que peu expressive et inexpérimentée, la petite nouvelle était concentrée et attentive. Et cela allait s'avérer nécessaire. De deux ils passèrent rapidement à cinq sur cette mission atypique et à l'intitulé trompeur. A première vue, tailler et forger les pièces d'une arbalète n'avait rien de nouveau pour les artisans. Mais les requêtes particulières ce celle-ci la rendait terriblement complexe. Que les différents éléments soient amovibles et démontables en différentes pièces pouvant tenir dans au creux d'une main. D'une main humaine, heureusement pour eux, car s'il avait fallut que ce soit celles de la semi-gnome de trois pommes de haut...
- "Si j'm'y connaissais pas, je jurerais que cette arme va aller entre les mains d'un de ces truands de la Congrégation" déclara le nain au monocle en caressant du doigt sa barbe de feu.
Les différents éléments furent conçus avec ingénuité pour s'agencer, se démonter ou se replier. Ironiquement, pouvoir réduire la crosse de l'arme aux dimensions désirées - habituellement d'un seul bloc - nécessita d'être réfléchis plus en profondeur. Si l'idée d'une crosse gonflable fut rapidement écartée au profit d'un assemblage trois pièces rappelant un puzzle, il fut nécessaire de mettre au point quelque chose pour empêcher les éléments de se désolidariser une fois assemblés. Un enchantement ou une rune d'adhérence furent proposés. Des sangles, butes et loquets. Des clips à pression. Néanmoins, aucune des dernières solutions ne fit l'unanimité. Quant à la magie ou aux runes, les ingénieurs répugnèrent à recourir à la première et les nains refusèrent catégoriquement le second, désireux de ne pas voir leur savoir atterrir entre de mauvaises mains. Furent-ils grassement rémunérés.
C'est Doemino, à l'agréable surprise générale, qui trouva la solution adoptée. Des aimants puissants, intégrés dans les pièces, permettraient de les maintenir en place tout en garantissant de pouvoir démonter intégralement l'arme selon le cahier des charges. Néanmoins, avant de procéder, une autre requête pour le moins excentrique dû être satisfaite. Un curieux artefact leur avait été livré dont les propriétés devaient être intégrées à l'arbalète.
- "Un encensoir ? D'puis quand les curés ont-ils besoin d'armes pareilles ?".
Heureusement pour les artisans, l'artefact se révélait être enchanté et ne nécessitait nul combustible ou encens. Ses émanations se réalisait à volonté, ce qui surprit la halfeline lorsqu'elle essaya de l'utiliser pour la première fois et fut la première émotion qu'elle exprima de toute la tâche, enfumant tout l'atelier de fusion de Baldorheim au passage.
L'encensoir en lui-même n'était donc pas nécessaire à la création de l'arbalète. Migrer l'enchantement générateur de brume, quelque soit les propriétés de celle-ci, se révélait la seule chose à faire - le dupliquer n'était pas envisageable. Tant et si bien que Doemino dû solliciter l'aide de l'un des très rares magiciens de la cité et dont les services étaient tout sauf abordable. Mais cela fut réalisé et différentes pièces de l'armes furent dotées de discrets symboles ésotériques destinés à contenir l'enchantement, peint à la poussière lunaire.
"Les marques sont invisibles à l’œil nu, mais apparaitront si exposés à la lumière d'une pleine lune, confia l'enchanteur aux oreilles pointues.
Après une semaine de travail acharné, cinq ingénieurs et technophiles, un menuisier, un forgeron, un orfèvre, un enchanteur elfe consultant et plusieurs dépassements d'honoraires, l'arme fut enfin achevée. Devant les kazhariens rassemblés, Doemino fut la première à brandir l'arme plus longue qu'elle n'était grande, produisant un effet particulièrement comique à observer.
Enfin put-elle, après tant d'efforts, apposer ses initiales sur l'arbalète avec l'approbation des autres artisans. Deux lettres, DT, gravées dans le bois à l'extrémité de la crosse.
- GDBC:
Se faufilant entre les grandes personnes à la recherche de la boisson commandée - un frappé à la grenadine - Doemino s'efforçait de ne pas se faire marcher sur les pieds. Le serveur lui ayant prit commande - un elfe aux cheveux presque blancs - était rapidement repassé avec sa boisson. Sans la lui servir, déposant presque tout son plateau à la grande table centrale. Or Doemino était certaine d'avoir reconnu son cocktail carmin. Aussi, sur la pointe des pieds, tendit-elle le bras pour s'emparer de sa boisson avant qu'un de ces bruyants nordiens ne la lui chipe.
Ce dont la semi-halfeline se souvient ensuite, c'est d'avoir été réveillée lorsque quelqu'un trébucha en se prenant les pieds dans les siens, révélant la poivrote endormie sous la table.
- Fusion impie:
La mésaventure de la semi-halfeline au Lac Fresha avait bien faillit lui coûter cher. En un sens, cela lui avait coûté cher. Par sa négligence, elle avait contribué à défaire l'entité locale infectée par le général d'Anklög. La Dame du Lac, personnalité incorruptible du Lac Fresha et épine dans le pied du Comte. Contre toute attente, elle avait cédé à l'énergie bleue. Cette fichue nymphe que Doemino était venu assassiner pour faire d'une pierre deux coups était devenue malgré elle une personne à protéger pour assurer le chaos dans tout Dùralas. Rien ne s'était passé comme prévu. La Dame avait été vaincue et purifiée de l'énergie bleue. Le sbire d'Anklög n'était plus et les troupes de l'Est avaient le champ libre d'engager les troupes du général Blaed grace aux indications fournies par la Dame. Doemino avait échoué. Sur toute la ligne. Fergus ne tolérerait pas un tel bilan, le Comte encore moins. Doemino devait faire mieux. Elle devait être en mesure de déployer davantage de puissance corruptrice par simple contact. Ou même sans contact. Pouvoir provoquer un vieillissement prématuré, une pourriture spontanée, des maladies et empoisonnement du sang fulgurants, aspirer la vitalité et s'approprier la force vitale. Ces dons étaient prodigieux, mais nécessitaient du temps pour être effectifs. Temps que Doemino avait constaté ne pas avoir lors de la bataille éclair au Lac Fresha. Sa corruption impie aurait pu faire la différence et terrasser les survivants de l'entropie vocale engendrée par le mage Stryge. Mais... elle avait été trop lente. Elle avait manqué de puissance. Et la Dame avait été purifiée, redevenant un problème dans le Sud des Baldors. Toutefois sur le trajet du retour, la demi-gnome avait réfléchi à un plan pour rectifier son problème de puissance impie. Et ironiquement, les Kazhariens allaient lui fournir les outils pour cette correction. Au beau milieu de la nuit, la patrouilleuse se présenta aux ateliers des technophiles. Sans surprise, il y avait encore quelques acharnés à cette heure tardive, oeuvrant dans leur coin sans s'intéresser aux travaux de leurs congénères. Ils ne viendraient pas s'intéresser à ce qu'elle fabriquerait donc elle pourrait se consacrer à son propre projet en toute impunité. Vérifiant malgré tout une dernière fois que nul ingénieur ne se préoccupait d'elle, Doemino étala sur son plan de travail les différents matériaux qu'elle s'apprêtait à utiliser : - L'anneau imposé par Fergus et permettant à celui-ci de suivre la guerrière damnée et de communiquer avec elle.
- L'Idole de Jade maudite, découverte lors d'une banale chasse aux œufs un an plus tôt et qui aurait causé la perte de quelques malheureux bambins s'ils l'avaient trouvés avant elle. Mais Doemino était déjà maudite et ne pouvait être une seconde fois. Une chance pour les jeunes Dùralassiens en un sens. Un désastre pour leur avenir, ayant pourvu la Kazharienne d'un artefact conséquent.
- La pioche à énergie bleue, un autre artefact singulier mais bien plus communs. Fierté des ingénieurs Kazhariens, cet objet irradiant d'énergie permettait de réaliser des miracles de technologie et d'artisanat. Quelle ironie que les défenseurs des Baldors lui aient eux-mêmes fournit l'outil de leur destruction...
Enfin ne manquait plus qu'un composant à l'œuvre de la semi-halfeline. Le mal tapis en elle. La corruption à insuffler à ces trois éléments pour pouvoir l'exploiter ultérieurement, décuplant ses facultés lors de leur utilisation. Mais d'abord, il s'agissait de lui donner forme physique pour pouvoir la raffiner à l'aide de la pioche. Vérifiant une dernière fois ne pas être épiée, Doemino posa sa petite main sur le plan de travail, paume vers le plafond. Puis, lâcha la bride à la malédiction infectant son sang et sa chair. Dans un premier temps, rien ne se produisit. La demi-gnome restait simplement immobile, scrutant sa mimine, le silence troublé seulement par les coups de marteaux ou jurons des autres artisans. Puis, très lentement, l'extrémité de ses doigts et le cœur de sa paume se mirent à noircir. Une sensation de brûlure imprégna brusquement sa peau comme une odeur épouvantable venait se mêler aux vapeurs déjà peu agréables de l'atelier. Serrant les dents pour rester silencieuse et ne pas se trahir, Doemino endura la douleur croissante que générait l'extraction de la substance maléfique de ses veines. Celle-ci s'agglomérait au-dessus de sa main et lévitait à quelques centimètres de hauteur. L'effort de Doemino sembla durer des siècles. Le supplice de ce processus était intenable. Pourtant elle devait rester silencieuse. Agripée à son poignet de son autre main, elle ne pouvait qu'observer et poursuivre son effort, le visage dégoulinant de sueur. C'était comme s'amputer elle-même d'un membre, très lentement. Jusqu'à atteindre une quantité de matière noire qu'elle jugea suffisante pour son projet. Avec un hoquet tétanisé, la Kazharienne coupa son effort et manqua s'effondrer, à bout de forces. Son cœur tambourinait douloureusement dans sa petite poitrine. Sa respiration était saccadée comme si elle venait de courir durant toute une semaine. Ses membres étaient crispés et douloureux, la laissant pantelante. Lever le coude pour s'éponger le front, repoussant ses cheveux blafard collé par la transpiration, lui parut d'une difficulté incroyable. Néanmoins, elle y était parvenue. Au-dessus de sa main flottait une boule de corruption à l'état pur issu du corps de la serviteur du Comte. Le pouvoir et la menace représentés étaient considérables. L'acte de simplement la laisser tomber dans un puits de la ville et se disperser dans ses eaux empoisonnerait plus de la moitié de la ville, condamnant quiconque y puiserait et engendrant une épidémie dévastatrice à travers toute la chaîne de montagne. Elle aurait pu agir de la sorte. Néanmoins ce n'étaient pas ses ordres. Ravager les Baldors et rendre futiles tous les efforts déployés pour la faire renaître et infiltrer les rangs de la civilisation n'était pas au programme. Faire le nécessaire pour pouvoir agir contre les différentes factions en revanche, depuis l'intérieur, tout en éprouvant les limites de sa condition pour la prochaine génération de guerrier damnés en revanche, oui. Déterminée, Doemino imprima sa volonté sur l'amalgame de matière sombre. Celle-ci réagit laborieusement, s'étirant jusqu'à former un disque visqueux flottant dans les airs. Ensuite, elle s'empara de l'idole maudite de sa main à l'anneau de Fergus. Sans s'attarder sur le sourire malfaisant imprimé dans le jade, elle tendit le bras passa la main à travers la matière noire. Une douleur au moins équivalente à l'extraction lui incendia le membre. C'était comme plonger le bras dans un puit de métal en fusion, la mixture la recouvrant jusqu'à mi-poignet comme une second peau ténébreuse. Serrant les dents et endurant à nouveau l'insoutenable, Doemino ne fit que serrer davantage le poing, sentant l'idole comme l'anneau se désagréger sous la puissance corruptrice. Elle devait agir vite. De sa main libre, elle s'empara de la pioche d'énergie. Il n'y aurait pas besoin d'être subtil ou précis. Juste de transmettre l'énergie bleue contenue dans l'artefact à la matière noire, qu'elle absorbe l'anneau et l'idole au lieu de les détruite. Le coup de Doemino ne fut ni subtil ni précis, la pointe de la pioche lui traversant la main à travers sa gangue de mélasse ardente. Le bon côté fut qu'elle ne sentit pas la blessure ni l'électrochoc tant ses nerfs à vif étaient malmenés. Échappant la pioche, elle tomba à genoux en se tenant le poignet, des veines bleues et luisantes parcourant la corruption, mêlant le pouvoir de la corrompue aux propriétés des artefacts et au génie des Kazhariens. Bien plus tard, la semi-halfeline ressorti des ateliers, épuisée. Les premiers rayons de soleil l'aveuglèrent et instinctivement elle leva la main pour protéger ses yeux. Dans la paume de celle-ci se trouvait un sourire malsain incrusté sous sa peau à ce qui paraissait être de l'encre verte. Du bout des doigts jusqu'au coude, des zébrures bleues ciel la souillait. À l'un de ses doigts, un cercle orangé était imprimé là où auparavant se trouvait un anneau en apparence banale. De la matière noire ou de la terrible blessure de la pioche en revanche ne subsistaient nulle trace. Enfin, un observateur attentif aurait pu voir deux lettres sanguinolentes, gravées à la jonction du pouce et du poignet, " DT", avant que Doemino Tunnelly n'enfile une paire de gants de cuir des plus banals.
- Sciences occultes et obscures : pratique:
Errant dans les couloirs de l'institut déserts à cette heure matinale voire encore nocturne, Doemino s'orientait en silence en suivant les indications à chaque intersection. L'édifice était grand et complexe. Labyrinthique même. Cela ne la décourageait pas pour autant. À plusieurs reprises elle avait eu l'occasion de livrer du papier pour les livres et grimoires innombrables que consommaient les mages, qu'ils soient professeurs comme étudiants. À défaut de retenir tout le plan des lieux, elle avait vite appris à s'orienter. Mieux même : son tout premier professeur avait été le grand enchanteur lui-même, lui conseillant de passer quelques jours dans son établissement en ayant perçu la magie glacée de son médaillon.
Mais cela c'était avant. Avant de devenir kazharienne et de perdre le médaillon de son père. Avant de surveiller les jours où Tungstène était présent pour ne pas se rendre à l'institut et éviter tout risque d'être découverte. Elle ne se présentait dans les parages que les jours où il était absent, comme aujourd'hui. Aujourd'hui elle pourrait satisfaire un peu de sa curiosité, espérait-elle, en poussant les portes de la bibliothèque de l'aile Ouest. La bibliothèque "SOO" pour les intimes.
Éprouvant un mélange d'anxiété, d'excitation et de peur de s'égarer, elle s'aventura au milieu des allées assez larges pour que d'imposants lecteurs puissent y circuler et assez hautes pour qu'une dizaine de livres aussi grands qu'elles soient superposés. À son soulagement, il y avait quelques échelles ici et là pour pouvoir grimper accéder aux ouvrages tout en haut.
Mais elle délaissa tout cela, s'orientant directement vers ce qui semblait être le bureau du ou de la bibliothécaire, inoccupé à cette heure. Sans perdre de temps elle grimpa sur celui-ci et alla s'emparer des épais ouvrages y étant posés. "Index des ouvrages". Connaisseuse en librairies, elle n'avait pas mis longtemps à identifier celui-ci.
- Est-ce qu'il y a des listes par thèmes ou mots-clés ? murmura-t-elle en feuilletant rapidement le vieux livre.
Malédiction. Morts-vivants. Résurrection. Damnation. Corruption. Chancre. Perracie...
Rapidement, Doemino subtilisa du papier et de l'encre, notant les noms et emplacements ou trouver ce qui l'intéressait. Il y avait tant d'ouvrages. Tant de connaissances.
Si seulement dans l'un d'eux elle pouvait trouver des informations sur ce qui lui avait été fait. Sur ce qu'elle était. Rien dans les directives de Ferghus ne l'empêchait de rechercher et comprendre ce qu'il lui avait fait réellement. Peut-être, avec un peu d'espoir, trouverait-elle une faille au mal qui rongeait son âme.
- Sciences occultes et obscures : interro:
Feuilletant le grimoire qu'elle avait emprunté sans permission à la bibliothèque des sciences occultes et obscures, Doemino recherchait toujours des indices sur sa condition actuelle. À son grand regret, le titre l'avait trompé et le document n'évoquait pas les malédictions. Elle poussa un soupir, portant à ses lèvres l'infusion tiède qu'elle avait préparé pour accompagner ses recherches. Encore une nuit de perdue.
Néanmoins, comme la demi-gnome s'apprêtait à refermer l'ouvrage, le titre du chapitre actuel attira son attention. Il n'avait rien à voir avec ce qu'elle recherchait, néanmoins l'indication "Lire l'avenir dans les tasses de thé" paraissait de circonstances. Lorgnant sa boisson, elle pencha le nez et s'empressa de survoler le contenu des paragraphes.
- Gna gna gna... tourner trois fois la cuiller dans l'sens des aiguilles d'une montre... dans quel sens sa tourne ces bouzins là déjà ? Ah oui... Rajoutez des feuilles de... flûte j'ai que d'la poudre qu'a déjà infusé... tant-pis on va dire qu'c'est bon...
Tournant les pages au fil des indications, elle arriva sur tout un index de dessins, symboles et indications additionnelles, sous l'indication de boire le breuvage, effectuer une rotation avec la tasse et placer la hanse à l'opposé de soit si le contenant en est pourvu. S'exécutant d'une longue gorgée, Doemino lorgna ensuite les résidus de plante restant au fond du récipient. D'après le texte, un ou des motifs auraient dû être visible. Elle plissa le nez, tourna la tête de côté, allant des descriptions à sa tasse. Elle changea de page. D'angle. Commença à s'agacer. Elle ne voyait rien là-dedans, si ce n'était des plantes écrasées et humides.
- Peuh, c'est du pipeau tout ça ! s'écria-t-elle finalement en refermant le livre avant de se relever.
Se faisant, elle ne remarqua pas le vague buste équin dessiné au fond de sa tasse, dont les épaules s'achevaient en une spirale irrégulière...
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| Sujet: Re: Journal de Doemino Mer 10 Mar 2021 - 9:24 | | | Entrainements Rédigés en kazha-code, évidemment. Épouvantail - Spoiler:
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| Sujet: Re: Journal de Doemino Mer 10 Mar 2021 - 9:24 | | | Métiers - Sureaux 1:
S'étirant la nuque, Doemino commença à s'échauffer. Moulinets des bras. Flexions des genoux. Ajustement des couettes. - Prête ? interrogea Zook, amusé par le manège de sa fille. Celle-ci hocha vigoureusement la tête avant de lever une main. Elle cracha dans sa paume, se frotta les mimines, puis les aligna devant elle. La gnomette mima un bâton invisible, les doigts resserrés dans le vide. Concentrée, elle expira lentement. Une première fois. Puis une seconde fois. A la troisième, son souffle engendra une légère buée qui se dissipa dans l'air. Attentif, Zook décroisa les bras. La magie faisait effet, il le ressentait autant qu'il le voyait. L'air s'était brusquement rafraichit et il sentit quelques cheveux se redresser à la base de son crâne. Entre les doigts de Doemino, la salive répandue se transforma rapidement en gel. Pourtant, elle ne ressenti pas la morsure du froid contre sa peau. Juste une légère caresse, fraîche tout au plus. Brusquement, elle resserra ses doigts levés dans le vide. Et c'est sur une matière bien solide que se referma sa poigne. A ce contact, une onde glacée parcourut le manche de glace jusque là intangible, le révélant en pleine lumière. L'onde se poursuivit vers le haut, jusqu'au niveau du visage de la halfeline, se prolongeant le long du tranchant de la hache. Puis se perdit en projetant quelques flocons qui dérivèrent dans les airs. Aux anges, Doemino se tourna vers son père, brandissant fièrement la hache de glace qu'elle venait de matérialiser. Celui-ci ne se lassait pas de la voir manipuler si aisément cette magie gnome que même lui avait le plus grand mal à conjurer. De l'index, il lui indiqua un tronc tout proche. L'arbre qu'il avait choisit pour aller alimenter la scierie du village. Confiante, Doemino leva haut sa hache. Frappa de toute ses forces. Planta la lame d'une bonne dizaine de centimètres du premier coup, l'enfonçant avec une facilité déconcertante. Toutefois, au moment de la dégager pour assener un second coup... - Humpf ! s'écroua-t-elle en tirant sur le manche. Rien à faire cependant. Elle eut beau tirer de toutes ses forces, les deux pieds contre le tronc... tout ce qu'elle parvint à faire fut de briser le manche, la lame de glace restant encastrée. Dans son dos, Zook éclata de rire. - Il n'y a plus qu'à attendre que cela... fonde... commença-t-il avant de se taire. Ne l'écoutant pas, grimaçant d'agacement, Doemino venait de lever le bras en l'air, les doigts toujours serrés sur le manche cassé. Avec une buée glacée, une nouvelle tête se développa au bout de l'outil. En quelques secondes, la gnome venait de se créer un marteau. Et avant que Zook ne l'interpelle - elle venait de réaliser une création de glace en un seul instant, sans même sans rendre compte ! - elle frappa la lame de hache coincée de son nouvel accessoire. Et enfonça plus profondément encore le tranchant dans le bois. Avec un grincement qui arracha un sourire à la bûcheronne, l'arbre vacilla puis tomba dans leur direction, les obligeant à vite s'écarter pour ne pas être écrasés. - Youhou ! s'écria-t-elle joyeusement. Au suivant !*
Une bucheronne sachant bucheronner doit savoir bucheronner sans sa hache !
- Sureaux 2:
C’est la chanson Des bûcherons, Sciant, Cognant, Suant, Soufflant. Chantant à tue-tête, Doemino marchait à grand pas en direction de la clairère où l'attendait son père. Ou du moins, à grand pas de gnomes. Les bras en balancier, elle penchait de droite à gauche, mettant du cœur à ses paroles. Hardi, les gars ! Sur le coteau, Ça n’est pas tous les jours dimanche ! Hardi, tirez fort sur le manche ! Faut bien gagner quelques rondelles Et la besogne n’attend pas : Nous, on n’est pas des aristos, Nous, on fait pas dans la dentelle. Apercevant son paternel, elle lui fit de grands signes de la main. Secouant la tête en l'entendant beugler, Zook lui désigna deux arbres qu'il avait marqué plus tôt. Puis, sécateur au poing, reprit son élagage du tronc qu'il avait lui-même déjà abattu avant l'arrivée de Doemino. C’est la chanson Des bûcherons, Sciant, Cognant, Suant, Soufflant. - Mais t'as pas fini de brailler, se lamenta son père avec ironie. - Nan ! répondit-elle avec ferveur tout en rimant. Elle leva le bras et, en quelques instant, se créa une hache de glace. Après l'avoir fait tournoyer comme l'aurait fait une majorette, elle mima un premier coup à la base du tronc. Puis reprit son chant, gratifiant le bois d'un coup de hache à chaque phrase. Par tous les temps Au fond du bois, Qu’il pleuve, qu’il gèle ou qu’il vente, D’un paletot on se contente ...
- Sureaux 3:
Doemino n'était revenue de patrouille avec les khazariens que quelques jours plus tôt. A l'exception de quelques escarmouches avec des perracks, elle n'avait toutefois rien eut de bien intéressant à raconter. Comme ils en avaient désormais l'habitude, dans l'après-midi, elle irait avec son papounet couper du bois à la lisière de la foret. Mais avant d'honorer cette tradition, un bon déjeuner s'imposait.
- Manger ! s'écria la gnomette en s'installant à table.
Elle tapa vigoureusement de ses deux petits poings sur la bois, illustrant son appel au repas. Les fesses confortablement installées sur deux coussins la rehaussant, elle pouvait jouer des couverts sans souffrir du mobilier. Tout comme son petit papa, ce qui les amusait tout deux beaucoup, au grand désarroi de la cuisinière. Pourquoi se tourner ainsi en spectacle quand il aurait été si simple d'acheter - voire fabriquer - des chaises sur mesure ?
- Mamour, Nous avons quoi en réserve pour les dessert ? - Des fraises, répondit-elle sèchement. Mais si tu m'appelles encore comme ça toi tu n'en auras pas.
Ce à quoi Doemino éclata de rire en voyant la mine surprise de son père, manquant de tomber du haut de ses coussins.
- Promis j'arrête ma... llie, Callie, se rectifia-t-il très rapidement. - Tu es incorrigible papa ! se moqua la gnomette avant de mordre sa miche de pain à pleine dents. - A se demander combien j'ai d'enfants, surenchérit sa mère avec un regard noir vers l'intéressé. Sinon ma chérie, tu as parlé plus tôt de tes... aventures... avec les patrouilleurs. Tu peux m'en dire plus ? - Une histoire de purification à la noix... j'y ai pas tout comprit. Juste qu'il y avait des idiots de gobelins à taper. C'est les anciens de la garde m'ont fait le briefing mais j'écoutais pas. Pas intéréchant. - On ne parle pas la bouche pleine. - Ouich chman ! s'écria-t-elle en postillonnant des miettes un peu partout.
Désespérée, Callie leva les yeux au ciel.
- Par Tungstène, se désola-t-elle, mais qu'est-ce que je vais faire de vous deux... Vous allez me rendre chèvre avec vos... OUSTE ! DU BALAIS DEHORS !
Pivotant sur ses coussins comme sa mère se mettait brusquement à hurler, Doemino vit le chat des voisins déguerpir par la porte d'entrée sans demander son reste.
- Sureaux 4:
Mais mais.... ma liste de mots en gras a pas été comptée * Le vieil arbre tordu traînait depuis trop longtemps au bords de ce chemin. A chaque fois que la bûcheronne passait devant lorsqu'elle partait en expédition avec les khazariens, elle le trouvait moche. Et effrayant. Et pas beau. Car oui, il était deux fois plus laids qu'effrayant. De plus, cela rendait la petite métisse triste. Après tout, cela revenait à observer un même cadavre à chaque passage. Et cela ne dérangeait personne. Tant et si bien que cette fois-ci, elle vint avec un charriot tracté par deux yacks des montagnes. Toute motivée, Doemino s'étira les bras, se pencha rapidement de gauche à droite et termina son échauffement en craquant ses petits doigts. - Aie, s'exclama-t-elle en secouant la main. Ce doigt là il avait fait mal. Mais qu'importe. Elle approcha l'arbre sans la moindre feuille mesurant plusieurs fois sa largeur et beaucoup de fois sa hauteur. Après s'être assurée de être bien seule, celle-ci esquissa un sourire. D'une pensée, elle matérialisa une hache de givre, puis commença à entonner un champ paillard. Et à la fin de chaque strophe, elle frappait le bois sec de son arme de glace. A grandes projections d'échardes et de flocons glacée, elle débita le géant défunt jusqu'à ce qu'il ne cède sous son assaut et ne tombe avec un grand fracas. - Bon, ça c'était le plus facile, se félicita-t-elle en s'essuyant le front. Maintenant je te découpe en rondins et je te ramène à la maison.Puis elle avisa l'énorme souche qu'elle s'apprêtait à laisser derrière elle et poussa un gros mot. Seule, elle ne pourrait définitivement pas l'arracher...
- Sureaux 5:
- Mamaaaan ! brailla la gnome depuis l'entrée de la demeure. Où qu'il est Pôpa ? Ca fait trois heures que je l'attends !
Bougonnant et sans attendre la réponse, elle s'engagea à l'intérieur - après avoir prit soin d'essuyer ses petons sur le tapis d'entrée. Ouvrant à la volée une à une les pièces, elle finit par trouver Callie dans sa chambre, se massant les tempes après le réveil en fanfare prodigué par sa fille.
- Il est o... - Dehors, l'interrompit la mère d'une voix aiguë. Il allait faire un saut à la taverne qu'il a dit... - ... a la taverne ? répéta Doemino, tombant des nues. Il va à la taverne l'après-midi où on va couper ? Il va à la taverne SANS MOI ?
Haussant les épaules, Callie ne put que répondre avant de se lever :
- Tu connais ton père. Quand Thrynn est au village, ponctualité ne fait plus partie de son vocabulaire... - THRYNN EST AU VILLAGE ?
Tournant les talons avant même d'avoir terminé son exclamation, Doemino dévala le court escalier de la maison et se précipita dehors - oubliant de refermer la porte d'entrée derrière elle. Oubliant aussi qu'à la base, ils devaient couper du bois. Et pour cause : son père s'en allait picoler avec un de ses amis qu'elle adorait, sans l'inviter au comptoir !
- Cerisier 1:
Sifflotant tranquillement en longeant le bois, la gnomette étudiait pourtant avec attention chacun des arbres qu'elle dépassait. Tronc trop fin. Écorce abîmée trahissant un cœur potentiellement abîmé. Corps tordu et bardé de nœuds. La plupart des cerisiers du bosquet étaient clairement bon à jeter à la cheminée, ce qui déprimait la bûcheronne. Clairement, elle préférait couper des arbres dont les planches seraient destinées à produire du mobilier, des poutres de construction ou tout autre transformation. Tout plutôt que bêtement partir en cendre. Il n'y avait aucune valorisation trouvait-elle à cela. Le premier idiot venu pouvait couper un arbre mort ou ramasser des branches sèches par terre pour cela. C'était un potentiel gâché.
Avisant un cerisier au tronc épais, haut et bien droit, elle esquissa un sourire. Celui-ci ferait parfaitement l'affaire. Continuant de siffler, elle s'approcha à petit pas et sorti le pot de peinture qu'elle avait d'accrochée à la hanche. Avec un sourire, elle badigeonna un gros "X" jaune sur celle-ci, marquant l'arbre comme étant bon à couper. Elle repasserait ultérieurement avec plusieurs autres bûcherons s'en occuper. Le propriétaire de ces terres leur avait demandé d'identifier quels de arbres il pourrait tirer profit. Ceux encore trop jeunes attendraient quelques décennies de plus et ses larbins s'occuperaient des tordus.
Après un moment, Doemino se demanda ce que valait la pâte à papier tirée d'un bois de cerisier. Il ne lui semblait pas que sa maman lui en ait jamais parlé. Il faudrait qu'elle pense à lui demander à son retour.
- Cerisier 2:
- Mais c'est un gentil chachat ça, mais c'est qu'il est gentil le chachat, gouzi gouzi...
Accroupie, Doemino caressait le menton de l'animal ronronnant avec entrain. Celui-ci, venu aux deux bucherons en pleine séance de coupe, n'avait pas mit bien longtemps à s'accaparer l'attention de la gnome, au grand désarroi de son paternel. Lâchant un soupir sonore, il balança :
- Si Madame je-papouille-les-chats voulait bien revenir à notre tâche du jour, ironisa-t-il, peut-être parviendrons nous à débiter et ramener ces deux cerisiers avant la nuit. - Hého ! C'est pas moi qui ai passé tout l'après-midi à la taverne avec Thrynn ! répliqua-t-elle sans se démonter. Gouzi gouzi gouzi... - Non, mais c'est toi que j'ai dû traîner jusqu'ici sans quoi tu n'aurais pas quitté ton siège et serait encore en train d'écouter ses histoires tarabiscotées. - Peuh.
De mauvaise grâce, Doemino se redressa. Se générant une hache de givre en faisant appel à la magie de son pendentif, elle s'attaqua au tronc avec vigueur, pressée d'en terminer. Évidemment, une fois cela fait, plutôt que débiter le bois et retirer les branches, l'apprentie bûcheron retourna jouer avec l'animal. Sous le regard las de son père Zook, elle s'amusa a créer une petite souris de glace derrière laquelle le félin s'empressa de courir.
- Cerisier 3:
S'installant au bureau de sa maman, Doemino s'assura d'être confortablement assise sur les trois coussins rehausseurs. Puis, pleine de motivation, s'étira la nuque avec un petit craquement. Dans sa lancée, elle enchaina en croisant les mains pour se craquer les doigts et...
- Aie, geignit-elle en agitant sa mimine douloureuse.
Passant outre le bobo passager, elle se mit à la tâche, ayant les différents composants nécessaire pour confectionner ce qu'elle avait en tête. Du cuir à la fois souple et robuste pour la couverture qu'elle repousserait patiemment. Des fils dorés à broder dans celle-ci et pour lier les pages entre elles. Enfin, du papier de qualité - légèrement plus épais que d'habitude - pour composer le cœur de l'ouvrage. Du papier fin et soyeux n'était pas le plus adapté pour un ingénieur khazarien.
Sifflotant, la semi-halfeline passa la journée entière à sa tâche, ne réalisant que bien tard que la nuit était déjà tombée.
- Test de la Guerrière damnée:
- Tu étais une coupeuse, déclara l'homme aux yeux écarlates en observant Doemino. Montre-nous comment tu t'y prends.
Levant le bras, il désigna à la semi-halfeline l'arbre le plus proche. Large de plus d'un mètre, il s'agissait d'un spécimen plus mort que vif. Nulle feuille ne pendait à ses branches, s'étirant dans toutes les directions comme autant de membres décharnés étirant leurs doigts crochus. Même ici, à la lisière de la Perracie, l'influence du Comte se faisait sentir, altérant le moindre arbre de la forêt de Cashlippe.
Néanmoins, lorsque Doemino chercha une hache autour d'elle puis se dirigea un étal en vrac d'outils, il l'interpella :
- Tu n'as pas besoin de cela. Tes poings suffiront.
Fronçant les sourcils, la maudite le dévisagea en silence, son regard bleuté luisant d'incompréhension. Après quoi elle baissa la tête vers ses mains, ne répondant pas.
- Du gaspillage-perte de ressources, je le dis-répète, se manifesta la créature voûtée proche du nécromant ayant ramené la khazarienne d'entre les morts. Un vrai guerrier-tueur aurait été plus adéquat. Un géant-minotaure par exemple ! - Tais toi et observe, rat.
Retroussant le museau, le skarnien grimaça à l'adresse de l'homme encapuchonné. Un simulacre de pacte entre le représentant-élu-autoproclamé de son clan et le Comte l'avait conduit à exercer ses talents en Perracie, à collaborer avec cet individu. Mais, très rapidement, le rapport de force entre eux deux s'était établit : ce mage détenait un pouvoir capable d'écraser le rongeur. A vrai dire, il ne nécessitait pas ses talents. Uniquement l'accès aux ressources qu'il offrait via l'empire souterrain...
Se postant devant le tronc, Doemino lorgna ses petits poings puis sa cible, impassible. L'ancienne bûcheronne n'aurait pas non plus utilisé de hache. Pas conventionnelle en tout cas. Elle aurait usé de la magie de son pendentif gnome pour s'invoquer un outil de glaces et débiter le tronc. Cependant... l'homme aux yeux rouge l'avait détruit durant sa renaissance. Réduit en poussières. Plus jamais elle ne pourrait user de ce pouvoir. Si bien qu'elle usa de la dernière option à sa disposition : elle frappa l'écorce du poing.
Un craquement retentit, parfaitement audible par quiconque assistait à la scène.
Esquissant une grimace, elle recula d'un pas et leva sa main tremblante à hauteur du regard. Deux phalanges restèrent pliées lorsqu'elle ouvrit les doigts, cassées par l'impact contre la croûte végétale.
- Impressionnant, ricana le rongeur dont les moustaches tressautèrent d'amusement.
L'homme toutefois ne répondit rien, plissant le regard et ignorant les murmures des gobelins morts-vivants les entourant. Tant d'efforts pour... "ça" ? Cette demi-portion ne valait-elle vraiment pas un clou ? N'aurait-il pas été préférable de tout bonnement la passer à la marmite ?
Doemino, grimaçant de douleur et sans entendre son public, avait toutefois une tâche à accomplir. Mais son approche n'était définitivement pas bonne, réalisa-t-elle en se replaçant les doigts de son autre main, interrompant les rires par ce nouveau craquement macabre.
Penchée en avant et se pinçant les lèvres, retenant ses larmes, elle serra garda contre elle son membre blessé. Puis releva la tête, jetant un regard lumineux où perça un soupçon de colère.
Se ne serait pas un arbre mort qui l'arrêterait.
Plissant son petit nez, elle refit un pas vers sa cible et tendis l'autre bras. Cependant, plutôt que frapper l'écorce du poing, elle posa sa paume dessus, dépliant ses petits doigts. Par ce contact, elle déversa le mal installé en elle qui se répandit à la surface du tronc. Une strie verdâtre, légèrement lumineuse, parcourut la circonférence de l'arbre, qui rapidement perdit sa luminosité tout en s'élargissant, devenant de plus en plus sombre. L'écorce changea de texture en même temps que de douleur, se ratatinant et se parcheminant, de l'usure et de la moisissure se développant à vue d’œil.
Lorsque Doemino recula de quelques pas, la marque putréfiée avait dessiné un anneau tout autour de la structure de bois. Elle rongea rapidement vers l'intérieur de l'arbre qui, rapidement vacilla avec de nombreux craquements de protestation. Après quelques secondes de plus, il céda et tomba de côté dans un vacarme de bois et de branches brisées. Le dessus de la souche était intégralement noircit et continuait à se putréfier, l'affliction de la halfeline maudite continuant de l'affecter.
- Impressionnant, répéta l'homme en esquissant un sourire contrastant avec la mine hébétée du skarnien.
- Le sang et la sève:
- Essaie autre chose cette fois, déclara le nécromancien qui lui tendit une hache.
Inexpressive, Doemino regarda l'outil. Puis s'en empara avant de tourner les talons. C'est à peine si elle remarqua le tapis d'aiguilles lui piquant la plante des pieds.
- Tranche le en un seul coup, ajouta-t-il en croisant les bras attentif. Mais n'utilise pas le même pouvoir que pour l'arbre précédent.
Arbre précédent dont le sommet de la touche était à présent grisâtre, dévoré par une moisissure surnaturelle. Rapidement, le skarnien s'en était approché, avait collecté "un échantillon" et s'était esquivé sans demander son reste. De toute évidence il ne s'attendait pas à un tel résultat chez le premier spécimen de "Guerrier Damné".
Venant se poster devant le tronc épais, le regard de la petite halfeline alla de son outil à l'écorce épaisse du sapin. Le tranchant était émoussé et la base dévorée par la rouille.
- La hache va casser à la place de l'arbre, déclara-t-elle d'un ton désintéressé en se tournant vers l'homme aux yeux rouge. - Débrouille toi, répondit-il en haussant les épaules. C'est la tâche que je t'ai confié. En un coup.
Plissant le nez, Doemino revint à son arbre. Puis elle posa sa main sur le bois comme elle l'avait fait auparavant.
- Pas de putréfaction, l'interpella-t-il.
Mais elle l'ignora, fermant les yeux et appelant l'essence nouvelle lovée au creux de sa poitrine. Elle déversa sa volonté à travers le conifère qui fut prit d'une légère vibration. Des nuages de poussière s'élevèrent autour d'elle, passant à travers le matelas d'aiguilles. Matelas qui commença brusquement s'épaissir comme d'autres tombaient soudain des branches. Une véritable pluie d'épine doucha la métisse concentrée, incitant ses spectateurs à reculer, surprit. Puis, lorsque les moindres branches de l'arbre furent à nu, un nouveau soubresaut agita le tronc.
Sous le regard incrédule des perracks, l'arbre commença à... saigner. De la sève suinta à travers la moindre fissure de son écorce. Le tronc se recouvrit d'une pellicule orangée collante. Une seconde pluie tomba des branches couvrant la corrompue et les épine du liquide épais.
Mais ignorant ses cheveux et épaules de plus en plus maculé d'humeur, Doemino poursuivit son effort. Jusqu'à ce qu'elle juge sa victime suffisamment asséchée, le tronc moins épais, mais aussi et surtout beaucoup plus fragile.
Elle n'eut besoin que d'un seul violent coup de hache pour le fendre en deux dans une projection d'échardes et de métal brisé.
- Trouble:
Laissée seule quelques heures par ses tortionnaires, la guerrière damnée errait dans le bois à proximité du poste avancé. Situé près de la lisière de la Perracie, la grande foret de sapin prélevait son tribu. De la même façon que la végétation à l'extérieur adoptait des formes noueuses et sinistres, de ce côté la majorité des arbres étaient des résineux aux épines tenaces.
Marchant entre les troncs immenses en comparaison de sa petite taille, Doemino ne faisant pas un seul bruit. Le matelas d'aiguilles absorbait les pas de ses pieds nus sans qu'elle n'ai besoin d'être discrète.
Le visage dénué d'expression, elle porta son regard lumineux d'un sapin à un autre. Avant, elle aurait sans doute apprécié de tels arbres. Aujourd'hui, ils ne signifiaient plus rien pour elle ou presque. Levant le bras, elle posa la main sur l'écorce d'un tout proche. Par ses nouveaux dons, elle sentait l'essence paresseusement couler à travers ses veines. La sève glisser des racines aux branches, transmettant la vie jusqu'à la cime.
Éteindre cette étincelle de vie aurait été facile. Très facile. Tout comme elle avait procédé lors de sa démonstration de puissance au poste avancé. Néanmoins, ici, pourquoi l'aurait-elle fait ?
Parce qu'elle le pouvait ?
Cette réponse la plongea quelques instants dans des réflexions nébuleuses. Observant sa petite main, elle ne sût que faire. Elle n'avait pas reçu l'ordre d'abattre cet arbre, avec ou sans pouvoirs octroyés par le Comte. Mais, parce qu'elle pouvait l'abattre sans peine, même sans besoin particulier, devait-elle le faire ?
Ce doute la troubla un long moment.
- Frontières de la Perracie:
Accroupie sous les fougères, Doemino observait l'activité du camp s'offrant à elle.
Pour la première fois depuis sa malédiction, elle avait franchit les limites de la Perracie. Elle était sortie du territoire limitant l'influence du Comte. Elle avait traversé les charmes du vieil enchanteur. Et à aucun moment elle ne songea à fuir. La soif de liberté n'était qu'une illusion, un mirage au-delà de sa conscience.
Aussi elle observa.
Les membres du camp étaient un mélange hétéroclite d'humains, de nains, d'elfes, de chats-garous, d'hommes ailés, et de tout un tas d'autres phénomènes de foire. Accaparés par leurs tâches du quotidien, pas un n'avait réalisé sa présence. Or il s'agissait de guetteurs dont la tâche était de contenir le mal tapi en Perracie. S'assurer qu'il n'aille pas plus loin que ce lieu. Qu'il ne puisse s'en échapper.
Doemino connaissait le nom porté par ces gardiens pêchant de confiance. Ils se proclamaient "Dragonniers". Qu'ils chevauchent ou pas des dragons, ce qui était systématiquement le second. Et, trop faible en nombre, ceux-ci recourraient à des aventuriers et mercenaires pour combler leurs rangs.
De bien piètres sentinelles. Incapable de repérer la nouvelle damnée.
Celle-ci, conformément à ses ordres, se retira sans un bruit, revenant sur le territoire du Comte en toute discrétion et s'enfonçant dans la forêt obscure. Après une longue marche, silencieuse, elle fini par rejoindre le poste avancé. Celui-là même où elle avait été plongée dans l'ombre. A moins d'une journée de marche des plus proches défenseurs de Dùralas.
- Je vous avais bien dit qu'elle était une réussite, se félicita le nécromancien lorsqu'elle se présenta à eux, l'influence de la non-vie n'ayant aucunement été affectée par son escapade.
- Coupe:
On avait parlé à la bûcheronne d'une promotion des mercantiles par les sureaux. A moins que se fut l'inverse. Elle ne savait plus et n'avait pas vraiment écouté. Pas plus qu'elle n'avait prêté attention à la date butoir de l'évènement. Toujours est-il, Doemino effectuait inlassablement des aller-retour entre le bois débité et la petite carriole qu'elle avait emprunté à la scierie du coin.
Cela faisait longtemps qu'elle n'avait plus coupé de sureaux. Le cœur tendre de cet arbre était toujours un plaisir à couper, se laissant fendre sans avoir à forcer. Pas comme les résineux projetant des pluies de sève et au bois presque élastique... néanmoins et contrairement aux sapins, les baies de sureaux attiraient inévitablement des nuées d'insectes pollinisateur lors de l'été. Et celui-ci n'y faisait pas exception, agaçant la bûcheronne qui ne poussa pas son effort plus loin et, tirant la laisse du poney de sa carriole, prit le chemin du bosquet fruitier voisin.
- Coupe coupe:
Nan. Sureaux ou cerisier, il s'agissait du même combat. Des nuées d'insectes attirés par le sucre ou le pollen.
- Peste ! grogna Doemino en agitant la main pour chasser ces derniers de devant son visage.
Si seulement l'année entière pouvait n'être qu'hiver. Il n'y avait pas d'insectes en cette saison. Pas de fruits trop mûr sur lequel glisser. Pas de sève dans les arbres venant saloper le tranchant de la hache. Définitivement, l'hiver était une meilleure saison pour la gnome, insensible au froid de par son héritage racial.
- Peste ! répéta-t-elle en levant son pied nu, ayant encore écrasé une cerise. J'en ai ma claque.
Joignant le geste à la parole, elle jeta son outil sur le tas de bois de sa carriole déjà bien remplie avant de tirer son poney par la bride, encore.
- Coupe coupe coupe:
- Ben non gamine, la promotion elle est finie depuis belle lurette, y fallait se réveiller plus tôt !
Doemino esquissa des yeux grands comme des soucoupes en entendant ses mots. Puis se pinça les lèvres, les joues virant écarlate comme elle lui décochait du regard une pluie d'éclairs.
Non pas car elle avait une éternité de retard sur l'événement saisonnier. Non, cela en soit n'avait que peu d'importance. Non.
Il avait osé la qualifier de gamine.
Il avait osé.
Il avait...
Laissant là sa carriole, la bûcheronne tourna les talons et s'éloigna sans un mot à grandes enjambées de gnome (soit un petit-pas humain) furieuses.
- Hey gamine ! Ton payem....
Au vu de la flopée d'injures qui lui revint, cet employé de la scierie ne termina pas sa phrase, comprenant qu'il avait peut-être dit quelque chose qu'il n'aurait pas dû. Un peu plus loin, les trois pommes de colère s'emparèrent d'une hache avant de prendre la direction d'un conifère n'ayant rien demandé et qui, assurément, allait subir son courroux...
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| | | DoeminoCorrompue
Messages : 383 Expérience : 3368 Âge RP : 27
Politique : 50 - Titres:
Pâques-Woman (Event)
Hommage de FrörHeim (Event)
Sculptrice de citrouilles (Event)
Sculptrice fidèle (Event)
Bûcheronne invétérée (Artefact)
Stats & équipements Vitalité: (4420/4420) Vitesse: -10 Dégâts: 51%
| Sujet: Re: Journal de Doemino Mer 20 Oct 2021 - 12:06 | | | Métiers 2 - Sourire oublié:
Ayant délaissé sa hache pour un peu de repos, Doemino vint s'asseoir au bord de l'eau d'un ruisseau. Elle laissa ses petits pieds tremper, appréciant l'onde rafraichissante lui dénouant les petons. Depuis l'aube ou presque qu'elle tranchait de l'écorce. Si seulement l'or pouvait pousser sur les arbres au lieu de feuillages ou épines, elle pourrait enfin très vite remiser haches et scies au placard. Malheureusement, il n'en était rien. Elle se surprit à étudier son propre reflet, troublé par des vaguelettes en rythme avec les mouvements de ses jambes. La peau de son visage était blafarde. Non pas qu'elle ai jamais été très colorée, dans la famille tous étaient très blancs. Mais elle constata qu'elle l'était davantage qu'auparavant. Ses cheveux également avaient légèrement décolorés. Eux qui étaient naturellement bleutés tendaient à présent de plus en plus clairs sur les pointes. Même constatation pour ses yeux, qu'un observateur attentif aurait pu discerner voilés en plus d'avoir cette lueur permanente auréolant son regard. Elle voyait une métisse gnome-halfeline délavée. Inexpressive. Une coquille vide. Même en inclinant la tête pour faire bouger ses cheveux, cela n'y changea rien. Son expression restait neutre. Elle qui était auparavant si joviale et expressive. Zook et Callie ne l'auraient pas reconnue. Immédiatement ils auraient comprit que quelque chose clochait chez leur fille. C'était un miracle que les Kazhariens n'aient pas décelé ce changement à son retour miraculeux de mission, mettant celui-ci sur le compte du traumatisme vécu. Pourtant elle ne pourrait tromper son monde éternellement. Elle devait afficher de la joie comme avant sa damnation. Tromper son entourage. Feindre être heureuse. Sourire. Observant son reflet, elle s'efforça de tirer sur les muscles de son visage. En vain. Ses lèvres restaient immobiles. Elle essaya à nouveau. Rien. Ses sourcils s'inclinèrent, trahissant sa frustration. Mais nul sourire poupin. Fronçant le nez, en une grimace, elle se força davantage. En désespoir de cause, Doemino plaça un index à chaque extrémité de ses lèvres et écarta ceux-ci, dessinant un sourire artificiel sur son visage. Immobile, elle étudia son reflet. Retira ses doigts. Ré-effectua un sourire factice. Baissa les mains. Puis efforça de solliciter ses muscles faciaux à reproduire le mouvement. Ses pommettes tremblèrent. Son nez, son menton et ses oreilles également. Un semblant d'expression grimaçante, forcée, se dessina. Relevant ses index, elle corrigea son expression. Puis recommença. Ce n'est qu'une fois la nuit tombée, des heures plus tard, que Doemino cessa de s'entraîner à feindre un sentiment désormais manquant chez elle.
- Givre et Sylfaën:
Doemino s'aventura dans les bois entourant l'institut de magie. Levant les yeux, elle parvenait difficilement à percevoir la lumière du jour à travers les branches, très loin haut-dessus d'elle. Cet endroit était différent de sa forêt de sapins natale. Ici les arbres n'étaient pas tourmentés. Là où les sapins ayant prit racine entre les Baldor et la Perracie étaient gris, les arbres variés de Sylfaën étaient colorés. Un véritable spectacle de verdure, de fleurs et de fruits divers.
Cette différence avait déjà étonné la bûcheronne lors de ses visites de son vivant, livrant des vélins pour le compte de sa mère. Désormais, elle percevait cette force de vie végétale d'un nouveau regard, à la fois froid et faiblement luisant.
Les arbres n'appréciaient pas sa présence. Elle parvenait à le sentir. Comme si quelques pollens, spores ou parfum flottant dans l'air venait se coller à sa peau et ses sinus, s'efforçant de repousser la guerrière damnée. Mais ce n'était pour elle qu'inconfort. Il en faudrait bien plus pour la chasser de l'endroit.
Marchant paisiblement, ses pieds nus ne laissant nulle empreintes dans son sillage, elle réalisa que si les arbres de cette forêt avait cette réaction à son égard, peut-être était-ce parce qu'ils percevait la corruption en elle ? Peut-être parvenaient-ils à voir là où les enchanteurs de l'institut, les guetteurs entourant la Perracie et les officiers Kazhariens avaient échoué ?
Doemino s'arrêta à cette pensée, plissant son petit nez. Si les arbres de cette forêt pouvaient la percer à jour, alors ils étaient une menace. Une menace à éliminer.
Levant le bras, elle invoqua une hache de givre comme elle l'avait si souvent fait en compagnie de son père. Elle invoqua. Longtemps. Et rien ne se produisit. Perplexe, elle observa sa main vide de tout outil de coupeur.
- Mon médaillon, murmura-t-elle en se souvenant enfin.
Ferghus l'avait réduit en poussière. Forcément, elle n'avait plus alors accès à son don. Elle ne pouvait plus manipuler la glace comme autrefois. Un instant, elle ressenti un pincement au creux de sa poitrine. Un vide. Une absence. Un manque douloureux. Puis celui-ci passa, aussi vite qu'il s'était manifesté.
Changeant d'approche, elle vint poser sa petite mimine contre le tronc du premier arbre venu, ses fruits rouge pendant au-dessus d'elle. Si elle n'avait ni hache ni outil de glace, il lui restait sa corruption. Mais, comme l'impureté en elle enflait en réponse à sa volonté, elle se retint.
Souiller ne serait-ce qu'un arbre de cette région ne passerait pas inaperçu. Les résidents sylvestres ne manqueraient pas de traquer l'auteur de cette impureté. Hors, elle devait rester invisible, ne pas se faire remarquer, n'être qu'une métisse d'halfelin et de gnome, livrant bois et papier, obéissant en apparence à la garde Kazhar.
Elle ne pouvait se débarrasser de ces arbres.
Si bien qu'elle se contenta de tourner les talons et, sans avoir rien détruit, revenir à l'institut.
- Bosquet maléfique:
Au détours d'une conversation à l'institut de magie, Doemino avait entendu parler d'un bosquet particulier dans une région reculée de Sylfaën. Un bosquet évité par les animaux, mages, elfes, hybrides et toutes créature en générales. Un bosquet où résiderait une entité corrompue du nom de Zutyn.
Intriguée par une telle histoire, la kazharienne damnée ne mit pas longtemps à en prendre le chemin. Approchant du lieu en question, elle perçut graduellement le changement. La végétation devint de moins en moins luxuriante. Plus le moindre arbustre, fougère ou haute herbes. Ne résidaient que des sapins et arbres anciens dépérissant. Lorsqu'ils n'étaient pas déjà des souches pourries sous leur écorce.
En un sens, cela lui rappela la forêt Perracienne. Le pouvoir ici présent avait une certaine similarité avec le territoire du Comte. Mais s'agissait-il seulement de similarités ou était-ce davantage ?
Poussée par la curiosité, Doemino s'aventura dans le bosquet maléfique, plus loin qu'une personne ayant un semblant d'instinct de survit ne l'aurait fait. Elle voulait trouver ce Zutyn. Le voir de ses propres yeux. Comprendre s'il s'agissait d'un autre agent de Motch'Hollow. Si le cas échéant il pouvait le devenir. Déterminer la nature de son pouvoir.
Elle erra dans l'endroit, marchant sans bruit dans le sous-bois où seuls des champignons tachetés parvenaient à pousser. Seul le vent, lugubre, venait résonner entre les troncs tordus par la souillure du démon maître des lieux.
Néanmoins, malgré ses recherches, elle ne put le trouver. Qu'il soit absent ou se cache à elle, refuse de la rencontrer et retienne ses familiers, elle ne put trouver Zutyn. Déçue, Doemino se résolut à faire demi-tour et retraverser bredouille la forêt en direction de l'institut. Sans savoir que des orbites d'écorce épiaient ses mouvements, sans trahir leur présence.
- sourire perdu:
Ayant délaissé sa hache pour un peu de repos, Doemino vint s'asseoir au bord de l'eau d'un ruisseau. Elle laissa ses petits pieds tremper, appréciant l'onde rafraichissante lui dénouant les petons. Depuis l'aube ou presque qu'elle tranchait de l'écorce. Si seulement l'or pouvait pousser sur les arbres au lieu de feuillages ou épines, elle pourrait enfin très vite remiser haches et scies au placard. Malheureusement, il n'en était rien. Elle se surprit à étudier son propre reflet, troublé par des vaguelettes en rythme avec les mouvements de ses jambes. La peau de son visage était blafarde. Non pas qu'elle ai jamais été très colorée, dans la famille tous étaient très blancs. Mais elle constata qu'elle l'était davantage qu'auparavant. Ses cheveux également avaient légèrement décolorés. Eux qui étaient naturellement bleutés tendaient à présent de plus en plus clairs sur les pointes. Même constatation pour ses yeux, qu'un observateur attentif aurait pu discerner voilés en plus d'avoir cette lueur permanente auréolant son regard. Elle voyait une métisse gnome-halfeline délavée. Inexpressive. Une coquille vide. Même en inclinant la tête pour faire bouger ses cheveux, cela n'y changea rien. Son expression restait neutre. Elle qui était auparavant si joviale et expressive. Zook et Callie ne l'auraient pas reconnue. Immédiatement ils auraient comprit que quelque chose clochait chez leur fille. C'était un miracle que les Kazhariens n'aient pas décelé ce changement à son retour miraculeux de mission, mettant celui-ci sur le compte du traumatisme vécu. Pourtant elle ne pourrait tromper son monde éternellement. Elle devait afficher de la joie comme avant sa damnation. Tromper son entourage. Feindre être heureuse. Sourire. Observant son reflet, elle s'efforça de tirer sur les muscles de son visage. En vain. Ses lèvres restaient immobiles. Elle essaya à nouveau. Rien. Ses sourcils s'inclinèrent, trahissant sa frustration. Mais nul sourire poupin. Fronçant le nez, en une grimace, elle se força davantage. En désespoir de cause, Doemino plaça un index à chaque extrémité de ses lèvres et écarta ceux-ci, dessinant un sourire artificiel sur son visage. Immobile, elle étudia son reflet. Retira ses doigts. Ré-effectua un sourire factice. Baissa les mains. Puis efforça de solliciter ses muscles faciaux à reproduire le mouvement. Ses pommettes tremblèrent. Son nez, son menton et ses oreilles également. Un semblant d'expression grimaçante, forcée, se dessina. Relevant ses index, elle corrigea son expression. Puis recommença. Ce n'est qu'une fois la nuit tombée, des heures plus tard, que Doemino cessa de s'entraîner à feindre un sentiment désormais manquant chez elle.
- Ghougoul:
C'était une requête des plus banale. Couper les trois résineux près du muret dont les racines épaisses menaçaient de provoquer l'éboulement. Rien de bien nouveau pour un village au cœur de la forêt de sapins. Le capitaine de patrouille, ayant connaissance des autres activités professionnelles de la semi-gnome, n'hésita pas longtemps avant de la dépêcher sur place. Donner un coup de pouce aux autochtones ne coûterait rien aux Kazhariens, si ce n'est un peu d'huile de coude de la bûcheronne. Aussi avait-elle la soirée pour s'exécuter, avec en contrepartie la promesse que le lendemain son barda serait porté par un autre. Après tout, les autres patrouilleurs se reposaient à la taverne locale pendant qu'elle manipulait la hache, seule dans la fraîcheur nocturne. Non pas que cela dérangeait la demi-halfeline. Le froid ne la perturbait pas et seule, elle n'avait pas à feindre la joie de vivre.
À sa surprise toutefois, le muret en question délimitait le cimetière local, ce que nul villageois n'avait jugé pertinent de mentionner. Laissant son outil à la grille d'entrée, Doemino s'aventura de nuit dans le lieu de repos, poussée par quelque curiosité innocente. Foulant de ses pieds nus l'allée gravillonnée, elle lorgnait les tombes et fleurs déposées par les villageois. À la lueur de la lanterne fournie par l'un des villageois, Doemino lut quelques noms sur les pierres, lorsque ceux-ci n'avaient pas encore été effacés par les éléments. Évidemment, aucun d'entre eux ne lui était familier. Cela ne l'empêcha pas d'éprouver une certaine forme d'humilité. Ici reposaient des morts. Ici venaient se recueillir des vivants. Aujourd'hui elle lisait leurs noms. Demain elle dormirait parmi eux. À condition de bénéficier d'une tombe, de ne pas mourir une seconde fois dans un lieu lointain et obscur. À condition de ne pas être ramenée une second fois par un acolyte du Comte ou tout autre rival nécromant. À condition de ne pas croiser la route de la créature qu'elle entendait plus en avant.
Percevant l'approche de la Kazharienne, la chose se détourna de la tombe qu'elle venait de profaner. La pierre tombale avait été repoussée d'un côté. Le couvercle du cercueil de l'autre. Ses yeux bleus luisaient presque dans la nuit et reflétant la lanterne comme les pupilles d'un chat, à la hauteur de ceux de la semi-halfeline. Puis la créature s'extirpa de la sépulture, révélant mesurer bien quatre fois la taille de Doemino, laquelle dut lever la tête pour ne pas ciller. Impassible. Elle n'était nullement effrayée par la peau sombre, la chair putréfiée, les os et tendons apparents aux articulations, les bras simiesques, les crocs et griffes acérées. Elle ne trembla pas quand le nécrophage poussa un beuglement de défi, gueule grande ouverte, lui crachant son haleine fétide au visage. Au contraire. D'un mouvement calme, Doemino leva sa main libre et la tendit en avant, comme pour toucher la créature impie. Laquelle, sans une once d'hésitation, referma sa mâchoire sur le membre tendu.
La surprise fut néanmoins perceptible dans le regard du monstre profanateur qui n'appuya pas sa morsure, se contentant de laisser la trace de ses crocs dans la chair de Doemino plutôt que lui arracher la main. Au contact de sa chair, en un éclair, il avait perçu la nature de son vis-à-vis. Il avait perçu que, aussi vil et corrompu qu'il puisse être, mort-vivant condamné à la faim éternelle et abaissé à se nourrir de dépouilles fraîchement inhumées... il n'était pas aussi impur qu'elle. Il avait perçu qu'un pouvoir supérieur coulait dans les veines de ce petit être, accordé par une entité aux dons effarants. Une entité qui soumettait ceux de son engeance aussi naturellement que l'on inspire une bouffée d'air.
Confus, le nécrophage fit un pas en retrait, dévisageant la demi-gnome avec curiosité et respect. Toute colère d'avoir été interrompu dans son repas morbide ou peur d'avoir été découvert par un vivant s'était envolée. Inclinant la tête de côté selon un angle improbable, comme l'aurait fait un hibou, il étudia la jeune femme. Laquelle l'imita, inclinant la tête du même côté. Pour la première fois depuis son éveil, le nécrophage faisait face à un semblable, à un autre mort-vivant. Tout comme Doemino, pour la première fois depuis son départ de la Perracie.
Sa tâche de coupe de bois totalement oubliée, elle tendit à nouveau sa petite main. Cette fois, le monstre ne tenta pas de la mordre. Cette fois, elle posa les doigts sur sa cuisse, touchant sa peau froide et parcheminée.
- Je peux te garder ? fut tout ce qu'elle prononça.
- ghougoul bucheron:
Nouveau coup de hache. Nouvel éclat de bois. Nouvelle pluie de copeaux et d'esquilles. Reculant d'un pas, la petite bûcheronne examina son œuvre d'un regard critique. L'entaille était nette, le tronc prêt à tomber dans la direction souhaitée sans danger pour elle ni abîmer les arbres alentours. Néanmoins, il y avait quelqu'un d'autre pour qui présentement cela représentait un danger négligeable et qui ne semblait pas le réaliser.
- Écarte toi Ghougoul, tu vas t'faire écraser si tu restes là.
Inclinant la tête de côté selon un angle exagérément improbable, presque horizontal, la créature nécrophage se tourna vers Doemino. Plus parce qu'ayant perçu le son de sa voix que le message porté visiblement. Penché au-dessus de l'encoche, il avait scruté l'exercice avec un mélange de curiosité et d'incompréhension. Comme pour les précédents d'ailleurs. Et que ce soit pour dégager un espace, obtenir de la matière première ou simplement un souhait de voir tel arbre retiré du paysage, cela lui passait visiblement au-dessus de la tête.
- Écarte toi, répéta-t-elle en agitant la main pour lui faire signe de reculer.
Il baissa ses yeux luisants d'un bleu contre-nature sur les doigts de la semi-halfeline, ne comprenant de toute évidence pas plus sa gestuelle que ses mots. Elle leva les yeux au ciel et retint un soupir exaspéré. Puis laissant sa hache, elle vint se poster devant le mort-vivant, lui arrivant approximativement à mi-cuisse, avant de s'efforcer de le pousser en arrière, les deux mimines contre son genou.
- Recule bougre d'idiot, insista-t-elle. Tu vas t'prendre un arbre sur le museau si tu restes là !
Après un instant, Ghougoul consentis à se laisser guider plus en retrait, à l'écart de la zone à risque.
- Tu restes ici l'temps que je coupe, indiqua-t-elle en pointant le sol de l'index avant de revenir à sa hache.
Le nécrophage regarda le sol, stoïque. Il inclina la tête de côté. Puis revint à Doemino comme elle ramassait son outil.
- ghougoul n'écoute pas:
- Écoute Ghougoul. Il va falloir que tu apprennes à rester là où j'te dis. J'vais avoir des problèmes sinon.
Tournant la tête de côté, le mort-vivant resta comme toujours silencieux et bras ballants à la dévisager. Son regard habituellement bleu avait tourné presque rougeoyant dans la pénombre, telles deux braises scrutant la semi-halfeline.
- Les Kazhariens comprendraient pas développa Doemino. Et tu trahirais ma mission. J'ai un... un... un devoir.
Le mot lui était difficilement venu, mais elle reprit contenance. Ferghus et le Comte ne toléraient ni échec ni hésitation.
- Reste là, indiqua-t-elle en désignant d'un petit index la dalle de pierre. Je reviens t'chercher dès que je peux.
Là-dessus, elle tourna les talons et escalada la petite série de marches dans son dos avant de retrouver la lumière du jour. Zieutant d'un côté et de l'autre, elle s'assura que personne ne se trouvait dans les parages. Puis seulement elle s'autorisa à sortir du caveau où elle laissait son monstre nécrophage de compagnie. Avec un grincement sinistre qui résonna dans tout le cimetière, elle referma la grille métallique - pas trop rouillée - et s'escrima à effectuer un nœud avec une chaîne pour en condamner l'ouverture. Déjà au pied des marches elle apercevait le regard écarlate et silencieux du mort-vivant posé sur elle.
Esquissant un sourire, Doemino lui fit signe de la main. Puis alla s'engager dans l'allée centrale avant de prendre la direction du portail d'accès au lieu de recueillement. À l'entrée attendait un petit chariot contenant le petit-bois récemment débité et sa hache posée en travers. Après s'être étiré la nuque et les épaules, la bûcheronne alla péniblement trainer sa cargaison. Direction le village et la scierie.
- le froid:
Doemino leva la tête lorsque les premiers flocons tombèrent autour d'elle. Le ciel était cotonneux et promettait plusieurs jours bien frisquets. Ce qui en soit ne dérangeait pas vraiment la demi-gnome. Elle n'appréciait pas la chaleur, comme au désert à l'Ouest ou au sud du lac Fresha. Mais le froid ne l'avait jamais incommodé, évoluant parfois pieds et bras nus au milieu des congères alors que même des nains emmitoufflés dans leurs manteaux de fourrure ne pouvaient s'empêcher de grelotter.
Elle esquissa un sourire. Elle aimait le froid. Le froid apportait la paix. Le calme. Chassait les prédateurs. Dissuadait les dragonniers d'approcher la Perracie. Contraignait villageois et citoyens à rester chez eux, terrés autour de leurs feux de cheminée. Et le métier de la semi-halfeline, lorsqu'elle ne patrouillait pas avec les Khazariens ni ne les espionnait, était de fournir du combustible à toutes ces personnes si frileuses.
D'un pas plus léger, elle reprit sa collecte de bois sec, nettoyant le sous-bois de la forêt de sapins. Une fois son fagot terminé, elle irait rejoindre le domaine de l'unique vigneron de la région, assez fou et obstiné pour s'être établi dans une région au climat aussi continental. Celui-ci aurait besoin de bras pour constituer des javelles de combustibles des branches de vigne élaguées.
- besoin de chasseurs:
- C'est vraiment la potée ici, déplora Doemino en étudiant les environs.
Mains sur les hanches et enfoncée jusqu'aux chevilles, elle balaya les lieux du regard. Il n'y avait entre les troncs épais ni tapis de feuilles, ni fougères, ni herbe, ni champignon. Juste de la bouillasse noirâtre et d'énormes flaques d'eau grisâtres. Rien de bien engageant. Ici et là se trouvaient des indices évidents quant à la raison d'un tel bazar de gadoue. Des empreintes fourchues étaient imprimées partout dans la terre humide et des traces de boue étaient étalées sur la base des troncs, trahissant que les coupables s'y étaient frottés après avoir barbouillé dans l'eau trouble.
- 'va falloir contacter des chasseurs, énonça la bûcheronne. S'occuper de ces chênes 'va pas être possible avec autant d'sanglier dans nos pattes.
Se pinçant les lèvres, elle entreprit péniblement de revenir en arrière, dégageant un pied avec un désagréable bruit de succion pour le renfoncer un pas plus loin.
- On aurait dû s'occuper de ces chênes avant qu'y perdent leurs glands, ça aurait pas attiré tous ces cochons...
- des cloches partout:
- Non mais vraiment, n'importe quoi ! bougonna la semi-halfeline en tapant du pied dans un caillou, l'envoyant bouler et effrayant un lapin qui déguerpit sans demander son reste. N'importe quoi ! S'moi qui te le dit Ghougoul !
Hachette rivée sur l'épaule, Doemino sauta par-dessus une racine sans accorder un regard à l'animal effrayé. A la différence du-dit Ghougoul qui lui l'observa courir. Et se prit les pieds dans la racine en question.
- Des cloches quoi, sérieusement ! s'écria-t-elle sans réaliser que son compagnon gisait les quatre fers en l'air. Des cloches ! Cet idiot de vieux papy envoie des instruments pour lutter contre l'expansion de la Perracie ! Il se paye notre tête ! Déjà il y a quelques années c'était des poules qui... Ghougoul ? Qu'y qu'tu fabriques ?
Faisant les gros yeux, elle regarda le nécrophage la rattraper. Puis s'arrêter devant elle, la toisant en silence de son regard écarlate.
- J'disais... reprit-elle en reprenant sa marche entre les arbres. Ces greluches volantes m'ont balancé un œuf sur la tronche ! Elles m'ont humilié ! Et pour ça ma vengeance sera terrible ! Et.. non mais tu m'écoutes ?
Non, Ghougoul ne l'écoutait pas. Baillant aux corneilles, il scrutait un point fixe du sous-bois. Doemino vint se poster devant lui et, sautant aussi haut qu'elle le pouvait, s'efforça d’apercevoir ce que le mort-vivant avait découvert.
- Bon trésor, tu m'aides pas là, reprocha-t-elle.
Faisant la moue, elle renonça à sauter mais ne s'avoua pas vaincue. Contournant la créature décharnée, elle s'aggripa à sa ceinture puis se hissa à la force des bras. Puis à son épaule.
- Alors qu'est-ce que tu regardes comme ça, demanda-t-elle en prenant position à califourchon sur les épaules du charognard. Meh. C'est un chevreuil qui te tracasse comme ça ? T'es pas possible toi tu sais...
Lui tapotant sur la caboche et le talonnant de ses pieds nus comme l'on encouragerait un destrier, elle l'incita à poursuivre dans la direction de son souhait.
- Aller bouge toi un peu, se plaignit-elle. Y'a du chocolat chaud à la caserne et tu vas me faire arriver en retard là !
- récolter glands:
- Non, aujourd'hui on coupe pas du bois ! s'écria Doemino en voyant Ghougoul pointer le tronc d'un index décharné. On ramasse les glands. Regarde, y'en a partout !
Elle disait vrai. Aux pieds des chênes, les fruits à coque jonchaient littéralement le terreau. Il n'y avait qu'à se pencher pour les ramasser. Ce que la demi-gnome faisait avec entrain, les balançant dans la besace suspendue dans son dos.
- En purée avec de la crème, du raisin, du miel et d'la cannelle, sa fera une super tarte ! Même toi j'suis sûre que tu aimerais !
Lui décochant un regard sceptique, le mort-vivant ne répondit pas. Il se contenta de singer les gestes de la Kazharienne, jetant des touffes d'herbes et brindilles dans sa propre besace. Laquelle débordait déjà d'une récolte hasardeuse sans aucun rapport avec les glands convoités.
- de la résine:
- R'garde Ghougoul ! S'comme ça qu'on fait !
Toute fière d'elle, Doemino désigna d'un petit doigt le vase d'argile accolé au tronc d'arbre. L'écorce de celui-ci avait été entaillée, le laissant suinter un liquide épais.
- D'la résine, expliqua-t-elle au charognard penché par-dessus son épaule. C'est super pratique ! On fait plein d'choses avec ça !
Se redressant, elle entreprit d'en énumérer les usages :
- Du combustible pour le feu, de l'étanchifi... étanchéifa... de l'isolant pour les portes et les toits. De la poix et du goudron pour étanch... pour pas que les bateaux prennent l'eau. On en met aussi un peu dans la pâte à papier. Et enfin y'a des alchimistes qu'en mettent dans leurs potions.
Fièrement, elle se tourna vers la résine coulant lentement dans le récipient, imitée par un Ghougoul silencieux.
- Dire qu'il suffit de couper un tout petit bout d'arbre et attendre pour en gagner de l'argent. D'accord, on le fait saigner, mais lui au moins on le coupe pas. Pas tout de suite en tout cas.
- scierie:
- On te vois de plus en plus souvent toi, déclara le responsable de la scierie en voyant la demi-gnome entrer avec sa charrette.
Esquissant un grand sourire, Doemino lui répondit rapidement :
- J'ai b'soin de sous, y' faut bien manger ! - Oui mais attention au surménage d'acc' ? Pense à prendre un peu de repos de temps en temps. Je sais pas moi, aller te reposer près d'un lac ou visiter ta famille.
A cette mention, l'expression de la semi-halfeline s'effaça lentement. Sa famille. Elle n'avait plus visité ses parents depuis une éternité. Depuis son changement en fait. Elle n'avais pas la moindre nouvelle d'eux. Son père était-il seulement...
- J'ai aperçu ton darron d'ailleurs l'autre jour, parlant de ça, reprit son interlocuteur. Il a de moins en moins de cheveux sur le cailloux le pauvre.
- commande 1:
Baissant les yeux sur le morceau de papier qu'elle avait entre les doigts, Doemino renifla avant de faire la grimace. Une commande passée à Ishtar par un particulier au nom tarabiscoté pour du bois sois disant en pénurie. - N'importe quoi, grogna-t-elle en fourrant le papier dans sa poche. Du bois y'a que ça, comment y' peuvent en manquer !?Sa hache sur l'épaule, elle se tourna vers le bosquet jouxtant le village où elle venait de se voir affecter le contrat. Inutile d'aller chercher bien loin. Celui-ci était notifié comme bon à couper si besoin était. Inutile donc d'aller marcher une heure pour trouver un tronc de bonne largeur qu'il faudrait ensuite trainer tout le retour... - J'espère qu'ils paient bien dans le sud !
- ghougoul et la hache:
Aujourd'hui Doemino n'avait pas envie de travailler. Épuisée après l'extraction de sa matière noire pour générer d'avantage de corruption, elle ne se sentait pas d'arpenter la foret à la recherche de bois à couper. Encore moins manipuler sa hache. Fort heureusement, le nécrophage l'ayant retrouvé à la sortie du village semblait enfin avoir compris pourquoi elle venait. Même si il ne saisissait toujours pas l'intérêt d'utiliser des outils.
- Ghougoul, l'interpella-t-elle d'une voix dépitée. Utilise la hache.
L'intéressé se tourna vers la Kazharienne, l'étudiant de son regard écarlate. Puis il baissa les yeux sur la hache que qu'elle lui tendait. Enfin il s'en détourna, reprenant son débitage de tronc à coup de griffes. Blasée, Doemino leva les yeux au ciel. Cela allait être long. Mais au moins elle n'avait pas à lever le petit doigt.
- scierie II:
- Encore toi ! s'écria le responsable de la scierie. J'ai même pas encore fini d’équarrir ta dernière livraison !
Ce à quoi Doemino haussa les épaules.
- J'ai une commande à traiter, rétorqua-t-elle. Faut bien que j'avance sinon cela ne sera jamais près. - Oui mais j'ai que deux bras moi !
De nouveau, elle haussa les épaules. Cela n'était pas vraiment son problème. Plus vite elle aurait terminé de découper les troncs nécessaire, plus vite son interlocuteur pourrait s'en occuper et plus vite toutes ces planches partiraient vers le Sud. Ces pensées en tête, elle tourna les talons et laissa là son malheureux associé.
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| | | DoeminoCorrompue
Messages : 383 Expérience : 3368 Âge RP : 27
Politique : 50 - Titres:
Pâques-Woman (Event)
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Sculptrice de citrouilles (Event)
Sculptrice fidèle (Event)
Bûcheronne invétérée (Artefact)
Stats & équipements Vitalité: (4420/4420) Vitesse: -10 Dégâts: 51%
| Sujet: Re: Journal de Doemino Sam 6 Aoû 2022 - 0:45 | | | Métiers 3 - Tisane méritée:
- Houla c'est chaud !
Tenant la bouilloire du bout des doigts, Doemino s'empressa de verser l'eau chaude dans sa tasse avant de reposer le récipient par terre. L'humus siffla un instant au contact du métal bouillant, mais la semi-halfeline n'en avait cure et se contenta de touiller sa tisane en inspirant les vapeurs agréables s'en dégageant. L'heure de la pause. Il n'était pas trop tôt, après tout le bois coupé ce matin là. Il n'y en aurait pas autant à faire dans l'après-midi et c'était un soulagement. Même avec sa condition physique améliorée par la sorcellerie du Comte et l'entrainement drastique des Khazariens, elle sentait la fatigue engourdir ses petit bras.
Coup de chance pour elle, un mouvement dans les fougères attira son regard, trahissant l'approche de son compagnon mort-vivant. Comment faisait-il pour toujours la retrouver, quelque soit la distance ou son activité, elle n'en avait aucune idée.
- Tu tombes à pic toi ! Paresseux ! T't'es caché durant toute la journée là qu'j'avais du boulot pour toi ! Pour la peine tu pousseras la brouette !
- Ghougoul a changé:
Nouvelle journée, nouveaux bucheronnages. Ghougoul n'était visible nulle pars ce matin là. Ce qui était bien dommage car au vu de tout ce que la bucheronne avait pour tâche de débiter, le nécrophage aurait été bien utile, que se soit pour l'aider à couper du bois ou à servir de bête de somme pour pousser sa brouette.
Doemino soupira avant de secouer la tête, faisant avancer la-dite brouette sur le sentier boueux. Son ami mort-vivant aurait bien assez de temps pour la rejoindre au cours de la journée, à un moment ou à un autre. Tant qu'il ne se faisait pas voir à profaner une sépulture ou n'attaquait pas quelqu'un, il ne craignait rien.
D'ailleurs songea-t-elle en s'immobilisant. Depuis qu'elle avait découvert le mort-vivant dans un cimetière, il ne lui semblait pas l'avoir vu réaliser de choses considérées comme maléfiques par le commun des mortels. Se pouvait-il que la cotoyer ai changé Ghougoul, d'une façon ou d'une autre ? Après un moment elle reprit sa marche, sa hache rebondissant dans le fond de la brouette. C'était une théorie intéressante qui mériterait qu'elle y réfléchisse plus intensément.
- Au boulot !:
Doemino cracha dans ses deux petites mains avant de s'emparer de sa hache. Le tenancier de la guilde commerciale avait décrété qu'il ne supportait plus la vue de tout ces sureaux, de bêtes petits arbustes, le long de la route principale de son village. Des histoires d'oiseaux toujours à piailler ou à saloper les alentours de déjections, attirés par les baies des arbres fruitiers. En soit, la semi-halfeline s'en fichait bien. Néanmoins, il offrait des pièces d'or pour chaque arbuste abattu et rapporté à sa demeure. Ce qu'il comptait en faire, elle n'en avait pas la moindre idée et là encore s'en fichait bien. Qu'il en fasse du feu, de purée ou des baguettes magiques, tant qu'elle était payée elle y trouverait son compte.
- Aller ! Au boulot ! s'écria-t-elle avant de gratifier sa première victime d'un généreux coup de hache.
Aussitôt elle fut aspergée de sève. Ce n'était cependant pas ceci qui allait l'arrêter et, bien avant la fin de la journée, elle serait de toute façon bonne pour un bon bain chaud. Qu'elle avait hâte de se prélasser dans l'eau, plus riche qu'au matin !
- Pomme de pin:
Une pomme de pin de plus rejoignit les précédentes dans la besace. En apercevant une plus loin, elle trotta sur le tapis d'aiguilles, la plante des pieds apparemment insensible à leurs piqures, pour aller l'examiner à son tour. Toutefois, après un rapide coup d’œil critique, la bûcheronne laissa sa prise. Trop d'écailles de bois étaient abimées voire manquantes. Elle n'aurait pas fait une belle décoration.
Depuis toute petite - enfin davantage qu'aujourd'hui - Doemino avait aimé ramasser et collectionner les pommes de pain. Une fois les écailles et la base du cône badigeonnés de peinture, elle les suspendait par des ficelles aux meubles ou au plafond. C'est en la voyant faire qu'un artiste kazharien l'avait interpelé, intéressé par ses travaux. En soit, il lui achetait ses pommes de pins colorées trois fois rien, mais cela ne coutait ni labeur ni effort à la patrouilleuse qui réalisait cela avec entrain.
- Aller, encore deux et je rentre.
- Couper du bois à deux:
Se redressant, Doemino agita les bras pour trouver son équilibre, s'efforçant de ne pas tomber. Un instant elle pensa glisser, mais ses pieds nus restèrent stables. Après un instant en suspens, elle parvint néanmoins à se tenir droite.
- Là ! s'écria-t-elle. Maintenant ne bouge plus ou j'vais me casser la figure !
Levant la tête sans comprendre, le nécrophage chercha à capter son regard et se pencha en arrière. Ce faisant il manqua désarçonner la demi-gnome qui fit brusquement des moulinets avec les bras, luttant avec la gravité. Juchée sur les épaules du mort-vivant, elle triplait sa taille. Mais plus dure en serait la chute.
- Arrête de bouger j'te dis !
Trépignant, elle se pencha en avant et posa une mimine sur le front de Ghougoul. Fort heureusement, il resta enfin immobile. Avec un soupir de soulagement, Doemino put pour la troisième fois se redresser. Plus sagement, elle garda le silence, peu désireuse d'à nouveau interpeller la goule si facilement distraite. Elle se dressa enfin sur la pointe des orteils, les doigts tendus vers le ciel, tout juste assez haut... pour décrocher les cerises les plus basses de l'arbre sans avoir à utiliser d'escabot.
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