Je ne me lassais pas des combats et du sang coulant le long de ma faux au milieu de cette arène naine où le cri des spectateurs et celui des mes proies rythmaient harmonieusement le combat qui se profilait. Mes derniers combats avaient été pour le moins intéressant. Ayant affronté un ancien rival puis, avoir l’occasion de combattre à ses côtés, je ne pouvais être plus gâté ces derniers temps … enfin c’est ce que j’imaginais jusqu’à maintenant. Alors que je rejoignais l’arène après avoir entendu mon nom et celui d’une « Carmen » appelé pour combattre, je me rendis compte que le destin en avait décidé autrement. Je ne m’étais pas encore battu une seule fois, de mémoire, à une stryge blanche où a un quelconque membre de cette communauté détestable. Je n’avais pourtant aucune rancœur particulière envers eux, juste l’animosité communautaire de mon peuple envers leur Némésis, je n’avais fait que suivre instinctivement le même ressenti contre ces emplumés.

Pour autant que je sache, je n’étais pas plus apprécié des uns que des autres, ce qui ne m’aidait pas particulièrement, mais de part la nature de mes ailes, j’étais détesté des uns, et de part ma généalogie, j’étais détesté des autres … Ce qui faisait que je détestais tout naturellement les deux peuples à plumes …

Aujourd’hui, la jeune colombe qui me faisait face avait préférée dissimuler ses traits sous une capuche ample, mais son aura ne trompait pas. Il n’y avait que dans l’arène où je dévoilais mon visage, les gens dissociant plus facilement les preux combattants des assassins machiavélique, sans qu’ils ne se doutent que parfois, l’un et l’autre se trouve sous la même couverture. Je faisais parti de ses assassins qui prônaient l’art de la dissimulation et, lorsque je laissais mon visage à découvert, c’était que je ne courrais aucun risque. Mieux encore ! Aujourd’hui, je pourrai sourire aux anges lorsque j’aurai terrassé la guerrière immaculée sous les yeux ébahi des spectateurs.

Avant que ne commence le combat, je saluai mon adversaire, inclinant légèrement le buste puis, saisissant ma longue faux, je me mis en garde, prêt à combattre. D’un geste vif, je tournai la tête en direction de la grande porte, que nous avions empruntée pour nous rendre ici, et ainsi profiter de l’instant d’inattention procuré chez mon adversaire. D’un battement d’aile sournois, je m’étais transporté sur le flanc droit de la guerrière, utilisant le côté sans lame de ma faux pour la frappé violemment sous l’aisselle. Certains diront que je manquais de cruauté envers les Stryge blancs, d’autres que je ne manquais pas d’arrogance pour oser frapper sans utiliser le tranchant de mon arme. Personnellement, je souhaitais faire durer le combat, rien n’ai plus plaisant que de contempler la défaite de mon adversaire tout en le regardant et lui laissant l’espoir qu’il gagnerait. J’étais donc bien arrogant, effectivement, et alors ? N’est-ce pas là la nature d’un Stryge noir ?

Jamais je n’aurai pensé qu’une Stryge puisse avoir autant de puissance dans les bras et dans les jambes. Véritable machine de guerre, je devinais déjà sa profession au sein de tour blanche rien qu’avec cette suite de coup. Elle repoussa d’abord ma faux en tirant légèrement sur celle-ci, m’attirant fatalement vers elle avant de m’asséner un puissant coup de genou sur le côté de mes côtes. L’instant d’après, je recrachai une gerbe de sang et essayai de récupérer mon souffle coupé net un peu plus tôt. Je m’étais servi de la ruse pour prendre l’avantage du combat, comme j’en avais l’habitude, mais je n’aurai imaginé me retrouver face à une purificatrice. Ma journée s’annonçait pour le moins fantastique. Alors que j’avais mis au tapis mon rival d’autrefois, j’avais aujourd’hui l’occasion d’en faire autant avec son parfait Némésis.

Reculant de quelques pas, reprenant mon souffle, j’avais pu estimer sa vitesse d’action et ainsi que sa dextérité au corps à corps, je savais dés lors à quel point je pouvais prendre le dessus sur celle-ci et je ne craignais en aucun cas d’être prit de vitesse. Je ne connaissais aucun être plus rapide que moi à ce jour, sans me vanter. Mes déplacements éclairs parlaient d’eux même et me procuraient un avantage certain en combat. Même le tristement célèbre Saigo n’avait pas atteint une vitesse comparable à son apogée.

Relevant la tête tranquillement, crachant une nouvelle gerbe de sang sur le côté, imitant sa réaction à mon salut d’avant combat, je lui épargnai cette fois-ci le coup du regard et me permis une petite course de frontale pour me rendre à nouveau au corps à corps. Sans l’utilisation de mes ailes, je devenais relativement plus lent et facile à anticiper, à ce détail près … que mes réflexes d’assassin me permettaient d’être agile en toute circonstance, même avec le poids et l’encombrement de ma paire de plumes. Alors que je me trouvais presque au contact de la guerrière immaculé, je m’étais penché en arrière au dernier moment, me laissant tomber lentement sur le dos tout en pointant le bout de mon manche vers le menton de ma cible. Le coup fut net et précis, sans bavure, laissant la jeune Stryge blanche inconsciente, mais toujours debout. Une telle volonté, je n’avais encore jamais vu cela de mes propres yeux. Le poids de son équipement agissant comme un stabilisateur qui la clouait au sol, en frappant au visage et dans le sens opposé de sa gravité, il était possible de rendre de simple coup de poing aussi dangereux qu’une massue porté par un orc, c’est d’ailleurs pour cette raison que nous cherchions à être le plus léger possible en tant qu’assassin, afin d’être envoyé en l’air lors d’un coup adverse. Ainsi cela paraît spectaculaire, mais en réalité, l’attaque est en partie amortie et nous laisse le loisir de contre-attaquer.

Mon combat ici étant terminé, je quémandais la présence du juge pour mettre un terme à ce combat, constatant que mon opposante était à présent dans les vapes malgré sa ténacité. Je repartis donc vers cette porte que j’avais contemplée au début du combat. Elle menait également au bureau d’inscription et je n’allais pas me faire prier, dés à présent, j’allais pouvoir y remettre mon nom en proposition, ce dernier combat m’avait été instructif … nul doute qu’il me servirait plus tard, contre de futur poids lourd …