Sur la droite du Roi Cernunnos se tient une grande estrade, sur laquelle sont disposés des instruments de musique, des battes de jonglage, des balles, ou encore une coquille ressemblant étrangement à un morceau d’œuf de dragon. Plusieurs artistes défilent au cours de la soirée, jusqu'au moment où démarre la représentation du Cirque de l'Eclipse. Venez admirer, réagir, applaudir les membres du Ciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiirque !

[Vous pouvez poster vos messages en même temps que le Cirque de l'Eclipse fera sa représentation]

Prévenant, le Roi Cernunnos avait installé une scène destinée aux artistes pour leur représentation. En tant que Monsieur Loyal, il revenait à Azriel d'ouvrir les réjouissances. Entouré par le gratin de la haute société elfique, et par des gens tous plus talentueux les uns que les autres venus de tout Dùralas, le vampire était aux anges. Seul le fait d'être ici, au fond, pour le travail, l'empêchait de se mêler à la foule pour badiner, comme il avait pu le faire dans sa jeunesse.

- Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, gentes dames et gentilshommes, petits et grands. Je suis Azriel, chef d'orchestre, et Monsieur Loyal du Cirque de l'Eclipse. Ma troupe et moi sommes ici pour veiller à votre divertissement. J'adresse mes remerciements les plus sincères à Sa Majesté le Roi Cernunnos pour nous avoir accorder sa confiance pour un événement de cette ampleur.

Il s'installa donc sur la piste, accompagné de son sous-fifre. Près de lui, sur un petit meuble avaient été disposés plusieurs cerceaux. Il en saisit un, et le montra fièrement à la foule. Pour bien montrer qu'il n'était pas truqué, il passa un bras au travers, puis le mit autour de sa taille avant de le reprendre d'une main libre.

Il posa le cerceau sur le sol, debout en équilibre. D'un mouvement de la main, il invita le petit sous-fifre à s'avancer. Fier comme un paon, un immense sourire barrant son masque, la petite créature se plaça au centre du cercle de métal. D'un mouvement du poignet, Azriel commença à le faire pivoter doucement, le sous-fifre toujours accroché à l'intérieur du cerceau. Une première rotation, puis une deuxième. Au moment de faire la troisième, Azriel se concentra. Quand la troisième rotation fut achevée, le sous-fifre au milieu avait disparu.

Plusieurs "Oh" discrets s'échappèrent du public. Après un regard lancé vers son audience, Azriel recommença la rotation du cerceau, mais cette fois-ci dans le sens inverse. Un tour, puis un deuxième. Quand le troisième fut achevé, le sous-fifre était réapparu en son centre. Dans un petit cri de joie, la petite créature masquée fit une révérence, sous les applaudissements du public.

Maintenant que le public avait compris le principe fondamental du numéro, Azriel pouvait augmenter la difficulté. Il saisit un deuxième cerceau, et les posa debout à un mètre l'un de l'autre. Le sous-fifre s'élança, et traversa un des cerceaux par l'extérieur. Mais au lieu de logiquement le traverser, et apparaître de l'autre côté, il disparut... avant de réapparaître par le bord extérieur du deuxième cerceau, accompagné d'un deuxième sous-fifre ! Azriel leva les cerceaux en l'air, et les deux sous-fifres sautèrent pour passer au travers. Quand ils atterrirent sur l'estrade, ils étaient quatre. Tous saluèrent devant les applaudissements.

Le rythme du numéro s'accéléra, Azriel et ses sous-fifres enchaînant les mouvements de cerceaux, les apparitions, les disparitions et les réapparitions. Les petits êtres disparaissaient de l'existence, avant de réapparaître, parfois seuls, parfois accompagnés, comme si les cerceaux étaient des portails menant à d'autres mondes. Chaque réapparition était l'occasion pour les sous-fifres de gratifier leur public de sourires et de révérences, le tout ponctué d'un "Mi !" aigu.

En quelques minutes, Azriel se retrouvait avec deux cerceaux dans chaque main. Après avoir jonglé avec, obligeant les sous-fifres à sauter en rythme pour y disparaître et réapparaître au bon moment, il les lança en l'air tous ensemble. De part et d'autres, de nouveaux sous-fifres apparurent, jusqu'à être neuf sur scène, en plus d'Azriel. Celui-ci posa un dernier cerceau à plat sur le parquet de l'estrade. Le métal, d'abord inerte, vibra légèrement, avant qu'un dixième sous-fifre en soit expulsé, sous les applaudissements nourris et les bravos du public.

Il y'avait foule pour voir le spectacle choisi par le roi. Tout était positionné de manière à ce que chacun puisse voir et tous auraient été bien déçu d'en raté une miette au vue de ce qui se passa par la suite. Malgré les nouvelles effrayantes du roi, il était temps de se libérer un peu l'esprit. Après que chaque partie concerner ait prévenue de qui de droit, il ne restait plus qu'à profiter de cette agréable soirée.

Bien que chacun semblasse à l'aise, ce n'était pas le cas de notre héroïne qui, mise dans la peau d'une personne de la haute société, se sentait mal à l'aise. Cette perruque ridicule était bien trop grande, la farine lui donnait tout le temps envie de se gratter et elle se sentait aussi serrer que dans une fosse commune. Enfin, les ordres étaient clairs, il fallait faire bonne impression durant l'événement. Malheureusement, au premier abord elle ne connaissait personne dans cette assemblée et elle aurait du mal à compter sur le fait qu'on l'a reconnaisse travestie de la sorte.

Bref, assise là devant la scène, vin elfique à l'appuie, elle était prête à endurée cette soirée faite de bienséances et de charmes.

- Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, gentes dames et gentilshommes, petits et grands.

Notre héroïne sortie de ses pensées et se concentra sur la scène où un homme était apparu.

- Je suis Azriel, chef d'orchestre, et Monsieur Loyal du Cirque de l'Eclipse. Ma troupe et moi sommes ici pour veiller à votre divertissement. J'adresse mes remerciements les plus sincères à Sa Majesté le Roi Cernunnos pour nous avoir accorder sa confiance pour un événement de cette ampleur.

Le spectacle commençait enfin, cela commençait comme un vulgaire spectacle de rue que l'on peut voir dans certains marchés ou sur certaines places. Au début tout du moins, car bien vite les choses s'emballèrent. L'homme semblait maîtriser une espèce de téléportation grâce à des cerceaux. C'était si bien exécuter qu'il aurait été difficile à dire si il s'agissait là de magie ou de pure prestidigitation. Ses acolytes sortaient les uns à la suite des autres des cerceaux avec lesquels ils jonglaient, et ce de plus en plus spectaculairement. Cylicia était heureuse car l'espace d'un instant elle put retrouver son âme d'enfant, s'en allant avec la surprise et l'émerveillement de la foule. Mais, tout de même, elle ne put s'empêcher de penser à la terrifiante magie de ce Naga qui l'avait téléportée il y a peu.

Des clameurs inhabituelles venant de la grande estrade interloqua le magicien du vide, désireux d'en savoir plus sur les projets fourbes de ce Cirque émergeant, l'ensorceleur posa son cul délicat sur sa propre queue, attendant de savoir ce que tout ce foutoir représentait au juste.
L'attente ne fut pas excessivement longue...

- Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, gentes dames et gentilshommes, petits et grands. Je suis Azriel, chef d'orchestre, et Monsieur Loyal du Cirque de l'Eclipse. Ma troupe et moi sommes ici pour veiller à votre divertissement

-Qu'est ce qu'il bave l'autre au juste?

Des ahuris se mirent à hurler comme si on les étrangler, demandant à satisfaire leurs besoins de divertissement, ainsi le prestidigitateur commença son numéro sous une foule impatiente apparemment de voir ses petits tours de magie.
Dans l'ombre, le serpentaire se demandait à quoi pouvez bien servir cette mascarade, finalement le tour se releva assez comique, des invocations et des disparitions.
Le naga ne savait pas invoquer, en revanche faire disparaître ça il savait faire, là est toute la subtilité de la chose. La foule semblait conquise à la grande joie de ce monsieur loyal.

-Mmmm....C'est donc ça....

Malgré quelques railleries, le naga quitta l'assistance avant la fin du numéro, il emporta le souvenir de ce drôle de clown en tête, il ne savait pas si le fait d'être arlequin était nécessairement relié au terme de bizarrerie, mais même Styx était réputé pour son côté fantasmagorique.
Mais pourquoi cette comédie? Un plaisir, un fantasme?

-Tss... vaut mieux pas qu'il croise ma route l'autre...

L'ensorceleur se dématérialisa, laissant le maître du cirque conclure son numéro.

Une certaine forme de trac montait à mesure que mon tour arrivait. Cela était sûrement dû au fait que je me prenais de plus en plus au jeu avec mon personnage, Zecharel, qu’il en devenait presque palpable. Valphégas, lui, n’aurait sûrement jamais ressenti le trac. Mais le jeune fils de fermier qu’était Zecharel, lui, allait assister là à son premier spectacle de grande envergure. Une représentation pour le roi des elfes, ça n’était pas rien! Et pour ce faire, nous avions redoubler d’effort pour bosser nos numéros. Pendant les quelques semaines qui avaient précédés notre arrivée en territoire zéphyrien, l’ambiance avait radicalement changé. D’un esprit bon enfant nous étions passé à une ambiance lourde, où chaque minute était passée à travailler son numéro avec précision et déférence. Azriel et le triumvirat dans son ensemble souhaitait que la première impression sur le roi des elfes soit glorieuse. Pas le droit à l’erreur donc!

Heureusement que je maîtrisais déjà beaucoup l’acrobatie, dû à mon réel travail d’assassin, sinon je n’aurais probablement pas tenu la cadence. Melpohër toutefois savait donner du coeur à l’ouvrage, malgré son apparence repoussante. Elle nous avait tous aidé dans nos numéros, et si elle ne nous félicitait jamais, elle n’hésitait pas à nous glisser discrètement des encouragements à demi-voilés, et recevoir un encouragement de la vieille abyssale, cela donnait du tonus, à n’en pas douter! D’ailleurs, c’est dans ces instants de grande pression que la camaraderie des gens du spectacle ressortait le plus. Tout le monde faisait plus attention à tout le monde, et chacun prenait soin des autres à leur manière. Bien sûr, Zecharel ne faisait pas exception et je n’hésitai pas à maladroitement exprimer mon soutien à mes compagnons saltimbanques, avec la candeur avec laquelle je les avais habitué. Tout le monde croyait en mon personnage du jeune fils de fermier un peu naïf et rêvant de vivre de la scène, et je me délectais de les tromper. Cela me permettait d’apprendre les rouages de l’intrigue, et surtout du déguisement, en plus de m’entraîner physiquement et de me faire découvrir un univers que je ne connaissais pas vraiment jusqu’à maintenant, celui du spectacle. Cela ne plaisait pas trop à Nalphégius, qui voyait en tout ça quelque chose d’inutile. Mais conscient que c’était mon choix, il préférait rester “déconnecté” la plupart du temps, se terrant dans mon esprit pour n’en surgir qu’à certains moments, pour me taquiner ou me déconcentrer pendant un entraînement.

J’entendis les quelques applaudissements du public alors qu’Azriel venait de finir son numéro, ce qui signifiait que ça allait être à moi. Bon, quand il fallait y aller…
Je vis Azriel revenir en coulisse, me donnant ainsi le feu vert. Il allait falloir que je donne tout, si je voulais être à la hauteur du chef de la troupe. Je l’avais déjà vu s’entraîner et ses tours avaient de quoi attirer les applaudissements. Marchant d’un pas assuré vers le centre de la scène, je fis enfin face au public majoritairement silencieux.

Tous les regards braqués sur moi, et heureusement pour moi Valphégas reprit le dessus un court instant sur le timide Zecharel. A moi d’assurer le spectacle, maintenant!

Sans attendre, mes collègues musiciens, les jumeaux siamois, se mirent à jouer un air entraînant, qu’eux aussi avaient travaillé longuement pendant ces semaines d’entraînements intensifs. Au même instant, je me mis en branle et commença quelques simples cabrioles à base de roulade et de sauts périlleux, le tout dans une chorégraphie vue et revue auparavant, mettant l’accent sur la fluidité de mes mouvements. Le tout, néanmoins, n’avait rien de bien novateur pour un habitué des cirques, mais cela n’était qu’une mise en bouche.

Au bout d’une bonne minute d’acrobaties simples mais nécessitant néanmoins une certaine précision et endurance, je fis une révérence alors que j’arrivais pile au centre de la scène, laissant les quelques spectateurs applaudir à cette introduction de mes talents. Au même instant, la vieille abyssale qui se cachait au dessus de la scène me fit glisser une corde qui atterrit à mes pieds, et je l’aggripai dans un mouvement toujours aussi fluide - c’était là la constante de mon numéro. Puis je me mis à grimper, l’enroulant peu à peu autour de mes jambes et m’en servant pour me balancer, prenant des poses tantôt impressionante, tantôt cocasses. Je jouais avec le public, mimant parfois un oiseau et provoquant l’hilarité, parfois prenant une pose volontairement exagérée du héros montrant ses biceps. Les gens semblaient bien apprécier le mélange entre humour et acrobatie, comme me l’avait assuré Melpohër. Puis, alors que cela faisait maintenant trois minutes que je gesticulais pour animer la scène, je glissai de la corde dans un geste faussement apeuré, faisant croire aux spectateurs que j’allais tomber. J’en entendis certain retenir leur souffle, et je dévoilai donc la supercherie au dernier moment, et m’arrêtai à quelques centimètres du sol, ma prise en réalité toujours bien ferme sur la corde qui était solidement enroulé à ma cheville. Mimant l’évanouissement - toujours de façon exagérée pour provoquer le rire - je me fis remonter par mes collègues jusqu’à disparaître du champ de vision du public. Melpohër, d’ailleurs, ne put s’empêcher de me dire que la troisième acrobatie à la corde aurait pû être mieux faite, avant que je ne m’élance vers le sol, réapparaissant donc sur scène une ultime fois avant que le public n’ait le temps d’applaudir. Faisant trois saltos avant en pleine chute, j’atterris en déployant grand mes ailes noires, poing contre le sol et genou à terre. Puis, alors que doucement l’adrénaline retombait, je me redressai doucement, puis fit une révérence, signalant ainsi la fin de mon numéro. J’étais en nage, j’avais le souffle court tant le numéro était éprouvant, mais je fus gratifié par de vigoureux applaudissements, et je ne pus m’empêcher d’afficher un sourire béat alors que j’étais là, face au public, les bras grands ouverts. Pourtant, je n’aurais su dire si ce sourire était un sincère sourire de Valphégas ou le sourire naïf de Zecharel.

Le numéro du prestidigitateur s'était terminer sous les acclamations de la foule, il faut dire que le numéro fut impression. Alors que notre héroïne se remettait de ses émotions, elle en profita pour jeter un coup d'oeil dans le public. Tous semblaient heureux et impressionnés devant ce spectacle, buvant et riant à volonté. Il s'agissait là de ces moments où Cylicia prenait le temps de souffler sans faire mine, la sécurité était assurée et tout le monde pouvait profiter du spectacle sans s'inquiéter d'un quelconque malheur. Rien de plus tendre pour notre héroïne que de voir ces visages, d'habitudes si sérieux et solennels, s'ouvrirent au bonheurs simples.

La joie fut cependant de courte durée. Quelle ne fut pas sa surprise et son dégoût de constater que le prochain artiste n'était rien d'autre qu'un Stryge Noir? Cylicia, bien naïve en ces terres étrangères, chercha dans la foule un quelconque regard aussi écoeuré que le sien mais rien. Tous étaient toujours aussi gais et motivés. Moutons simplets, prêts à se jetés dans la gueule du loup. C'est ainsi que les pensées de la Purificatrice s'obscurcirent. Elle ne pensait plus qu'à monter sur cette scène et en finir avec cette hérésie de premier ordre. Bien que toujours chamboulée, elle réussit tout de même à garder son sang froid et se contenter de partir à peine le numéro commencer. Non, seulement de la salle, mais de ce château entier qui semblait à présent la railler.

Quand elle fut devant sa calèche, le coché, qui en avait vu d'autres, ne put s'empêcher de remarquer l'état de Cylicia.

- Tout va bien dame Condoris? S'enquiéra-t-il.

- Oui, tout va bien, rentrons à l'auberge, répondit-elle d'une voix sèche.

Une fois la calèche démarrée, elle retira sa tiare, semant le chaos dans sa coiffure, et son regard se perdit dans les lumières naturelles de la capitale elfique. Pourquoi le monde ne voyait-il pas l'évidence? Pourquoi fallait-il que, le jour où elle recroise cette maudite engeance, elle n'eut pas même la possibilité d'accomplir son devoir le plus sacré? Elle ne put s'empêcher de verser quelques larmes car elle se rendait compte que, depuis qu'elle avait accompli son rêve de devenir Purificatrice, elle n'avait jamais été aussi malheureuse. Tel était la musique qui se jouait dans le coeur de notre héroïne, s'en est pourtant une toute autre qui se joue dans celui de votre serviteur à l'heure où il écrit ces mots. Car si Cylicia Condoris avait eut la patience d'assister à la fin de ce spectacle, si elle avait su donné une deuxième chance à cette race maudite, elle aurait put voir cette étincelle de lumière dans l'obscurité. Un sourire sincère devant la noirceur de deux ailes impies qui aurait sans doutes fait penché la balance en son coeur. Malheureusement, alors que l'étincelle de la vie s'allumait dans l'âme de ce Stryge Noir, celle de notre héroïne était en plein déclin. Il y a de ces existences symétriquement opposées qui donnent à réfléchir sur la complexité de la vie et qui, bien souvent, lorsqu'elles se rencontrent enfantent de quelque chose de merveilleux.

La faune s'était approchée de la piste au moment où un annonceur déclinait son identité, celle de sa troupe et ses remerciements. La foule s'épaississait à vue d’œil et elle s'était glissée parmi les curieux, jusqu'à trouver une place derrière un nain dont la taille, naturellement, lui permettait d'avoir un assez bon aperçu des bateleurs. Puis le silence se fit, et le présentateur, accompagné d'un étrange petit serviteur, commença à jouer avec des cerceaux. Elle se demandait un peu quel était son but, quand la créature disparut... puis réapparut. La suite ne fut qu'une montée en puissance et en complexité du même principe, et Arhiann se demanda bien quelle était la magie utilisée ici. Il existait bien des manières de créer ce qui semblait irréel en Dùralas, mais elle n'identifiait pas celle-ci... et elle devait avouer que l'utiliser dans un but artistique n'était pas si courant. Tout ceci fit qu'elle ne bouda pas son plaisir, et se joignit avec enthousiasme aux applaudissements qui saluèrent la fin du numéro.

Le répit fut de courte durée, ce qui laissait à peine aux spectateurs le temps de redescendre en ce palais elfique, mais participait certainement de la volonté de ce cirque d'en mettre plein les yeux en cet événement exceptionnel, capable d'assurer leur réputation. Ce fut de la musique qui se fit alors entendre, accompagnée par les cris d'étonnement du public lorsque l'origine en fut dévoilée : s'agissait-il d'un homme, ou de deux ? La faune avait vaguement entendu parler de cas de ce genre, mais jusqu'alors, elle avait cru que les siamois étaient une légende. Les deux inséparables frères étaient lancés dans un morceau joyeux, et plusieurs voisins de la blonde se mirent à taper du pied en cadence. Étant en uniforme de la faction locale, la zéphyrienne ne se permit pas une telle décontraction, mais il devait être difficile de résister quand on était là uniquement pour l'amusement.

Un acrobate apparut juste à la suite des musiciens, faisant rapidement oublier leur particularité en attirant les regards à lui. Il faisait montre de ses talents sans se prendre au sérieux, du moins était-ce l'image qu'il présentait, s'attirant par là la sympathie d'un public peu avare de ses sourires, voire de ses rires face à ses singeries. Le clou de son numéro s'avéra impressionnant, de fausse chute en retour glorieux, pour terminer en un déploiement d'ailes noires qui ne laissait pas de doute sur la race du personnage. Arhiann avait pourtant entendu dire bien du mal des stryges noirs, mais celui-là montrait qu'il ne fallait pas généraliser. Et si ses petits exploits étaient certainement prévus au millimètre ainsi qu'à la seconde, une chose sembla parfaitement sincère à la faune : la joie que l'acrobate afficha à la fin de sa prestation, alors qu'il saluait des spectateurs conquis.

L'ensorceleuse de vert vêtue fit glisser son regard sur le reste de la salle. Au-delà du cercle serré entourant la scène, quelques uns entouraient encore le roi des elfes, et de plus nombreux convives se pressaient autour des tables du banquet. Par-ci par-là, elle repéra les uniformes de ses collègues, certains de service, d'autres non qui, comme elle, profitaient des festivités. De nouveau, les mains de la blonde claquèrent pour remercier le stryge de ce joli spectacle et, un peu moins consciemment, de sortir des stéréotypes cette race très figée dans les esprits dùralassiens. Attendant de voir si un nouveau saltimbanque allait réjouir leurs yeux, elle resta à sa place. Décidément, Cernunnos avait fait un excellent choix, mais qu'attendre d'autre de la part du souverain des sylvestres ?