Une petite ombre, repliée sur elle-même formait une boule qui s'était blottie contre un grand frêne. Dans la nuit, peu à peu, l'écorce entourait le corps frileux. La femme tremblante n'était pas habituée aux nuits glaciales du Nord. Le bois le savait et il la couvrait de plus en plus si bien qu'elle disparu dans les entrailles ligneuses. Mais dès que les premiers rayons du soleil pointèrent, dès que les premiers bruissements d'oiseaux purent se faire entendre, le tronc expulsa la créature sans ménagement. Un réveil peu enviable certes, mais la femme a probablement eu la chance d'échapper à une mort par le froid.

La pauvre médusée ne put expliquer ce qu'il s'était passé. Elle dormait, puis, pouf ! La voilà projeté tête la première contre le sol plein de feuilles et de brindilles. Elle se releva, confuse, et après s'être remise de cet événement qui restera un mystère pour elle, l'elfe consomma un rapide petit-déjeuner et continua son périple. Elle avait décidé de partir pour découvrir de nouveaux horizons mais également pour, qui sait, renouer le contact avec les esprits, ses amis d'antan. Ce qu'elle allait faire exactement était encore flou mais Ehawee était déjà enchantée par les paysages du Nord. *Ici la terre, par son horizontalité, dévoile entièrement le ciel. Il n'y a ni montagnes obstruants les astres et les nuages, ni forêts denses faisant obstacles à la lumière.*

Mais l'aventurière resta lucide et avança dans la brume matinale avec prudence. Elle ne lâchait pas son arc des mains et bien que ses yeux étaient à l'affût de la moindre source d'inspiration, ils l'étaient également avec le moindre danger.
Et une ombre semblait se profiler.

Doppel avait réussi à s'éclipser de la ville. Non qu'il ne s'y plaisait pas, mais il y était souvent retenu pour une affaire ou une autre, et ces derniers temps, les occasions d'être à la fois seul et à l'extérieur de la ville s'étaient faites rares ces derniers temps. Il avait donc pris la poudre d'escampette pour se balader dans les plaines d'Aràn, sous les traits de la stryge blanche, Arum.

Le vent frais faisait voleter sa chevelure et ses plumes blanches. N'importe qui aurait peur de prendre froid, mais sa vie passée dans la région l'avait rendue plus résistante au froid. Arum marchait tranquillement, se laissant porter par les sensations, les odeurs environnantes : l'odeur de la terre mouillée par une pluie récente, celle des céréales fraîchement coupées, le bruit des bandes d'oiseaux migrateurs... L'automne s'était bien installé sur Dùralas, et il annonçait un hiver froid. Enfin, d'ici là, Arum pouvait encore profiter de la nature.

A son passage, les gens la saluait, et souriait. Arum avait une aura solaire, rassurante. En rigolant, Doppel disait que le simple fait de la voir apparaître sur un champ de bataille suffirait à conclure la paix. C'était une vision un peu candide des stryges blancs, mais elle lui plaisait malgré tout. C'est donc dans un état d'esprit apaisée que la stryge blanche avançait dans la brume.

Fatiguée, Arum fit une pause contre un arbre. Par les dieux, que ces chaussures étaient douloureuses...

Une silhouette se dessinait et devenait de plus en plus nette. Pas à pas, la femme s'approchait doucement tout en s'emparant d'une flèche. Ce qu'elle crut apercevoir la troubla : une stryge blanche semblait se reposer auprès d'un arbre. L'elfe resta un moment sans rien faire, figée. Tout ses membres étaient tendus et crispés. L'inconnue ne l'avait pas encore remarqué. Après une trentaine de secondes d'hésitation, Ehawee baissa son arc et rangea sa flèche dans son carquois. Elle prit une grande inspiration puis se dit que la stryge n'avait vraiment pas l'air malfaisante. Elle ne voulait pas non plus passer son chemin comme si de rien n'était, n'était-elle pas là pour découvrir ? Il était vrai, également, que depuis que les esprits ne l'entendaient plus, notre bourgeon se sentait parfois seule.

La perplexe s'approcha un peu plus de l'étrangère, à une distance qui permettait probablement à ses pas de se faire entendre. Découvrant alors l'apparence de la stryge, Ehawee fut en contemplation devant la douceur qui se dégageait de la femme. *Je n'avais jamais vu de stryge blanc auparavant, sont-ils tous aussi impressionnant ?* pensa-t-elle. Effectivement, cette grâce et ce charisme, quoiqu'emplit de tendresse, ne manquait pas non plus d'intimider l'elfe. Ebahie, elle prit enfin la parole :
-Êtes-vous une sorte de déesse ? fit-elle en admiration et en oubliant bien sûr la politesse. Se rendant compte de son manque de tact, la créature des bois devint rouge puis balbutia quelque chose qui a à peu près ce goût : J-Be-je p-pas vous importuner ! Elle s'éclaircit la voix puis reprit, d'un ton encore moins assuré. Mon nom est Eha-. Un étouffement pris l'elfe de court, si bien qu'il lui fallut une dizaine de secondes de toussotements pour s'en remettre. Ehawee ! En se présentant la femme, terriblement gênée, savait qu'elle n'aurait pas pu faire pire allure.

Arum, adossée contre l'arbre, massait la plante de ses pieds endolories. Voler aurait été tellement plus pratique ! Malheureusement, il y a des choses que même ses capacités ne lui permettaient pas de faire... Alors qu'elle se rechaussait, la stryge blanche entendit un bruit de pas, qui se faisait de plus en plus proche.

Une jeune fille se présenta devant elle. Fine et élancée, ses oreilles en pointe caractéristiques permirent à Arum de déterminer qu'il était face à une elfe.

-Êtes-vous une sorte de déesse ?, demanda-t-elle, l'air étonnée, avant de se reprendre : J-Be-je p-pas vous importuner !

La stryge eut un rire léger, en se cachant la bouche par pudeur. La jeune elfe avait eu la même réaction en voyant Arum que Doppel la première fois qu'il avait vu un stryge blanc.

- Non mon enfant, je ne suis pas une Déesse, mais je te remercie du compliment. Et n'aie crainte, tu ne m'importunes absolument pas. Je prenais seulement un peu de repos à l'ombre de cet arbre.

Mon nom est Eha-...Ehawee !

- Enchantée, jeune Ehawee, répondit-elle en riant discrètement devant l'attitude si polie de son interlocutrice. Mon nom est Arum. Qu'est-ce qui t'amène dans cette région de Dùralas ?

- Non mon enfant, je ne suis pas une Déesse, mais je te remercie du compliment. Et n'aie crainte, tu ne m'importunes absolument pas. Je prenais seulement un peu de repos à l'ombre de cet arbre.

Rassurée de ne pas avoir causé plus de troubles que ça, la femme s'approcha un peu plus de sorte qu'elle fut à quelques mètres seulement de son interlocutrice.

- Enchantée, jeune Ehawee. Mon nom est Arum. Qu'est-ce qui t'amène dans cette région de Dùralas ?

Arum, tel était le nom de cette stryge blanche à la peau sombre et aux manières douces. Qui n'eut été apaisé par la voix suave et le sourire délicat de cette déesse ? Ce qui ne manqua pas d'émerveiller Ehawee, tout comme de l'interpeller.  

-Je pars à la découverte du Grand Nord, répondit-elle, sans en dire trop. Car après la gêne, c'était au tour de la suspicion d'émerger dans la tête de l'elfe. Tout de même, une créature aussi pure et bienveillante en plein milieu des plaines sauvages, cela cachait forcément quelque chose... Au mieux, l'individu était une envoyé de la Tour Blanche, ou bien une fidèle en pèlerinage. Au pire, elle n'était qu'une trouble-fête, une entourloupe, un traquenard, une espionne ou une voleuse et elle piégeait les âmes crédules. Une chose était sûre, la créature devait savoir se battre pour oser déambuler seule ici...Bien que la méfiance du bourgeon n'alla pas aussi loin, elle lui retourna la question avec une certaine curiosité. Et vous ? Vous venez de la Tour Blanche ? C'est assez loin d'ici, non ? fit-elle en se refusant de la tutoyer pour le moment. Mais, souciante de ne pas mettre Arum dans l'embarras, elle mit les choses aux clairs. Vous n'êtes pas obligée de répondre au brin de curiosité qui s'est glissé-là, cependant je n'ai jamais vu de stryge auparavant et votre culture à l'air intéressante...avoua-t-elle enfin.

- Je pars à la découverte du Grand Nord,

- Ah, je vois, répondit Arum avec un sourire entendu. Le Grand Nord est un endroit mystérieux et attirant, c'est bien vrai. Mais, pour avoir passé quelques temps dans cette région, je pense pouvoir dire que ses habitants sont aussi chaleureux que les vents sont glacés, ajouta-t-elle en riant.

- Et vous ? Vous venez de la Tour Blanche ? C'est assez loin d'ici, non ? Vous n'êtes pas obligée de répondre au brin de curiosité qui s'est glissé-là, cependant je n'ai jamais vu de stryge auparavant et votre culture à l'air intéressante...

La stryge blanche laissa échapper un nouveau petit rire discret. Elle ne se moquait pas, bien au contraire, elle trouvait la curiosité de l'elfe tout à fait charmante.

- Effectivement, je suis né dans la Tour Blanche. Mais cela fait maintenant bien des années que je n'ai pas eu l'occasion d'y retourner.

Son regard se perdit dans le vide du ciel, comme si Arum cherchait à entrer en contact avec quelqu'un.

- Mais le monde est vaste, et je trouvais dommage de s'enfermer à jamais entre quatre murs. Trop de personnes dans tout Dùralas ne demandent qu'un peu de lumière dans leur vie. J'essaie de leur en apporter quelque peu, à mon humble niveau.

Autour des deux femmes, le brouillard se densifiait légèrement, et un frisson parcourut les épaules faussement dénudées de la stryge blanche, qui replia légèrement ses ailes par réflexe.

HRP:

Cette femme...Ces ailes immaculées, ces cheveux magnifiques...Ces yeux pures...Et maintenant, ce sourire tendre...Si elle était fausse, l'illusionniste à l'origine de ce manège devait être sacrément doué...Etait-elle réelle au moins ? Tout était si agréable à voir et à entendre avec elle. Ehawee se sentait totalement désarmée. Elle essaya tout de même de faire fi de sa fâcheuse tendance à se comparer aux autres pour ne pas gâcher une rencontre intéressante.

-C'est si noble de votre part, fit-elle avec le même ton admiratif de tout à l'heure. En tout cas, je suis entièrement d'accord avec vous. Le monde est emplit de richesse, je veux parler de richesses immatérielles...En disant ces mots, Ehawee ne put s'empêcher de se remémorer les années qui ont suivi le départ de son père, où elle s'enfermait chez elle à peindre, faisant le strict minimum pour se maintenir en vie. Un voile assombrit son visage. Il serait dommage d'y être hermétique...Fit-elle en souriant et en relevant la tête. Elle pensait ce qu'elle disait, mais quelque chose de mauvais subsistait dans son esprit. Cela lui avait demandé tellement de forces de s'extirper de ses ténèbres qu'elle ne pouvait pas être sûre de ne jamais y replonger. Quoiqu'il en soit, les dires de la stryge piqua la curiosité de l'elfe.

-Mais comment vous leur apportez cette lumière ? Laissez-moi deviner...Vous êtes une sorte de justicière ? demanda-t-elle un peu bêtement. Ou plutôt une artiste ? Est-ce la Tour Blanche qui vous envoie ou vous suivez un but personnel ? J'ai toujours imaginé votre peuple comme étant un immense ordre justicier avec beaucoup plus de militaires que de civils mais je me rends compte que c'est une vision probablement erronée...admit l'ignorante. C'est à ce moment-là que son interlocutrice eut un frisson. Si vous préférez, nous pouvons continuer cette conversation ailleurs...

HRP:

-C'est si noble de votre part. En tout cas, je suis entièrement d'accord avec vous. Le monde est emplit de richesse, je veux parler de richesses immatérielles... Il serait dommage d'y être hermétique...

- Effectivement, les choses les plus belles sont souvent celles qu'on ne voit pas. Peu de gens comprennent ça, c'est bien dommage.

-Mais comment vous leur apportez cette lumière ? Laissez-moi deviner...Vous êtes une sorte de justicière ? Ou plutôt une artiste ?

- Ahah, rien de tout cela mon enfant. Je ne suis guère une justicière. En ce qui concerne les stryges blancs, je laisse la question de la justice aux Purificateurs. Ils font cela avec beaucoup d'aisance. Quand à l'art... Morkez, notre Divin Dragon, a eu la bonté de me donner de nombreux dons à la naissance, mais les arts n'en font malheureusement pas partie. Je voyage simplement en offrant mon aide à qui en ressent le besoin. Les gens sous-estiment l'effet que peuvent avoir la compagnie et les mots. Ainsi que quelques onguents.

- Est-ce la Tour Blanche qui vous envoie ou vous suivez un but personnel ? J'ai toujours imaginé votre peuple comme étant un immense ordre justicier avec beaucoup plus de militaires que de civils mais je me rends compte que c'est une vision probablement erronée...

- Et bien, pour être honnête, elle n'a pas si éloignée que cela, répondit Arum avec un sourire. Chez les stryges, comme je vous le disais, toutes les questions ayant trait à la justice ou à la... à la vengeance, sont du ressort des Purificateurs. Nous avons également des ordres de mages et de guerriers. Mais comme dans toutes sociétés, nous avons de multiples fonctions. Mais je comprends votre trouble. Les miens sont quelque peu... casaniers, et il est rare que les non-combattants quittent les alentours de la Tour Blanche.

- Si vous préférez, nous pouvons continuer cette conversation ailleurs...

- Ma foi, pourquoi pas. L'air commence vraiment à se rafraîchir, et...

Arum tourna la tête. A une bonne distance, un petit groupe de paysans observaient les deux femmes d'un air étrange. Enfin, dire qu'ils les observaient était beaucoup dire, avec ce brouillard. Au mieux devaient-ils voir deux silhouettes. Pourtant, ils continuaient d'avancer vers elles, titubant, et baragouinant des choses incompréhensibles. Alors qu'ils s'approchaient, une forte odeur d'alcool envahit l'air.

- Messieurs, y a-t-il un problème ?

- Hééééééé vous deux làààààà...

- Et bien, pour être honnête, elle n'a pas si éloignée que cela. Chez les stryges, comme je vous le disais, toutes les questions ayant trait à la justice ou à la... à la vengeance, un sourcil de l'elfe se hissa, sont du ressort des Purificateurs. Nous avons également des ordres de mages et de guerriers. Mais comme dans toutes sociétés, nous avons de multiples fonctions. Mais je comprends votre trouble. Les miens sont quelque peu... casaniers, et il est rare que les non-combattants quittent les alentours de la Tour Blanche. Cette conversation était très intéressante mais Ehawee s'interrogeait toujours sur la capacité de cette stryge à déambuler seule ici...Elle devait forcément avoir un quelconque moyen de se défendre...Dans ses pensées, l'elfe ne remarqua même pas que son interlocutrice s'était stoppée dans son discours.

- Hééééééé vous deux làààààà...Une voix rauque mit un terme à sa réflexion. Quelques formes dans le brouillard semblaient devenir de plus en plus grandes et distinctes.
- Eh les gars c'est un sacré bout qu'on a trouvé ! fit l'un des individus. Un autre vint s'approcher des deux étrangères tel un mort-vivant en manque de chair fraîche  avant de s'éclater la gueule au sol devant la stryge en marmonnant quelque chose.
- Eerhhk est-ce que j'suis mort et c't'une déesse qu'j'vois là ? Le bourgeon fit un pas de recul, surpris. Elle pouvait reconnaître l'odeur enveloppante du rhum mais ce qui l'étonnait le plus était la virulence de ces vapeurs d'alcool.
-Je ne savais pas qu'Aràn était une région pleine d'épaves, lança l'elfe à l'autre femme avec une pointe d'amusement. En tout cas, ce n'était pas ce qu'elle avait lu dans les livres.

Elle regarda le reste du groupuscule et elle comprit qu'il s'agissait de paysans ivres quand un des hommes essaya de picoter les fesses d'un de ses camarades avec une fourche tout en lâchant un rire crasseux. Mais elle n'eut pas plus de temps que cela pour les observer car déjà les cinq soiffards étaient à quelques pas d'elles. Deux d'entre eux commençaient à vouloir se mêler à elles pour "faire connaissance" tandis que les autres restaient plus en retrait.
-A-alors qu'ez'vous fait'd'beau lààà les donz' !? fit l'un des gentlemen en mettant son bras autour du cou d'Arum. Ehawee voulu lui annoncer qu'il était préférable qu'elles partent mais elle se fit happée par l'autre guignole qui se planta devant elle en lui gerbant ceci :
- Ehh t'toi t'es toi mignonne aussi dis donc ! J'vais du mal à voir 'vec toute c'te purée tout à l'heure ! J'me pr'zente j'm'pel Trishsthlkkrkr (??) j'vais pas t'manger je zuis pas comme za ! J'zuis un gars d'la terre t'vois, l'champs c'ma vie ! J'un graaaaaaaand champs pas loin s'tu veux j't'ferai visiter ! Apre'c'vrai qu'c'est un peu grand pour un p'tit gars com'moi ! Zurtout maint'nant qu'Geraldoche elle est pu là ! Padon f'pas parlé d'elle là ! J'un graaaaaaaaand champs 'vec pleeeeeeeeeeein d'légumes, z'aimez les légumes vous l'zoreilles pointues nan ? Et Geraldoche c'tait l'pro d'légumes, elle t'f'zait d'soupes d'poireaux à tomber sur l'sol ! Ah la Geraldoche qu'est-ze qu'elle m'manque'vec zes p'tits zeins ronds qu'j'les ap'lais des zoranges pi qu'elle dandinait 'vec zes p'tites zoranges à l'fête d'moissons c't'été. Mais maint'nant lé plus là l'ptite Geraldoche, fit l'ivrogne désamparé. L'elfe était restée pendue à ses lèvres, totalement confuse, lançant des appels à l'aide du regard à Arum tout au long du monologue. Malheureusement cette dernière semblait tout aussi importunée par le groupe de paysans dont certains commençaient à devenir un peu trop confiants. Ehawee voulut couper court mais l'ivrogne qui continuait de lui confier ses anecdotes s'arrêta dans ses dires.
-Eeh mais qu'ez'tu fais là ! C'pas très zympathique d'm'ignorer alors qu'moi j'zuis rezpectueux tout za nan mais t'vas voir toi. L'expression de l'homme accablée se changea en quelque chose qui effraya la femme. Il saisit violemment le poignet de l'elfe qui le repoussa d'un geste vif, se débarassant de son étreinte. Z'vas pas z'pazer com'za j't'le dis moué ! beugla-t-il.

Le reste du groupe sentirent que la pression montait et ne furent pas en reste.

Arum eut un mouvement de recul, ce qui n'empêcha pas le paysan visiblement ivre de s'approcher encore plus et de lui mettre un bras autour du cou. Son haleine fétide empestait l'alcool. Malgré ça, il arrivait à garder suffisamment de force dans les muscles pour qu'elle ait du mal se dégager. Non loin de là, Ehawee ne semblait pas dans une meilleure position.

Arum ne savait pas comment la situation pouvait évoluer. Devant le refus de la jeune elfe, un des soûlards commençait à montrer des signes d'agressivité, rapidement imité par ses congénères. La stryge blanche détestait recourir à la violence, elle n'était pas là pour ça. Mais elle commençait à craindre pour sa sécurité, et celle de la jeune fille avec elle.

Rapidement, Arum dégaina un poignard fin d'une poche cachée dans ses vêtements, et la brandit, le bras tendu, entre elle et le paysan le plus proche. Un air déterminé barrait son visage d'habitude rayonnant.

- Et beeeeeeen... qu... ké qu'elle fait la donzelle ? Faut pas faire ça ma belle, t'peux t'blesser avec ces hic avec ces machins là...

- Messieurs, nous allons partir maintenant. C'est pourquoi je ne vous le dirais qu'une seule fois : laissez-nous en paix.

Un nouveau silence envahit la plaine, avant d'être remplacé par plusieurs rires gras.

- C'est toi qu'comprends pas ma hic ma belle. Toi et ta copine à grandes oreilles, vous z'allez être bien mignonnes, et nous suivre gentiment.

L'initiative revient à : équipe des aventuriers.

Vitesse cumulée de l'équipe des aventuriers : 386.

Doppel : 430
Vitesse : 286
Dégâts : 608
Capacités spéciales :
Ehawee : 110
Vitesse : 100
Dégâts : 150



Vitesse cumulée des paysans éméchés : 300.

Citoyen éméché A : 80
Vitesse : 60
Dégâts : 20

Citoyen éméché B : 80
Vitesse : 60
Dégâts : 20

Citoyen éméché C : 80
Vitesse : 60
Dégâts : 20

Citoyen éméché D : 80
Vitesse : 60
Dégâts : 20

Citoyen éméché E : 80
Vitesse : 60
Dégâts : 20




Les joueurs obtiendront à la fin du combat x1 Morceau de charbon pour chaque tour passé.

En voyant Arum dégainer sa lame, Ehawee fut surprise de voir la belle stryge avec cette expression si dure. Ainsi, conformément aux soupçons de l'elfe, elle n'était pas qu'une simple bienfaitrice et elle savait vraisemblablement se défendre. Enfin, il était encore trop tôt pour juger de cela mais la créature sylvestre se sentait rassurée en voyant cette détermination. Ehawee se rendait donc compte d'une chose : seule avec ces ivrognes, elle aurait été désemparée.

Après la mise en garde de la stryge, les paysans se mirent à rigoler :
- C'est toi qu'comprends pas ma hic ma belle. Toi et ta copine à grandes oreilles, vous z'allez être bien mignonnes, et nous suivre gentiment. Tout comme Arum, les hommes changèrent d'expressions. Un mélange de sérieux et de réjouissance put se lire sur leurs visages exaltés par la boisson. Le bourgeon eut l'impression que ce n'étaient pas que de simples paysans ayant trop forcé sur la bouteille...Quelque chose de sombre pouvait se deviner dans leur regards.

-T'vas v'nir 'vec moué !! fit celui qui était en face d'Ehawee en s'approchant d'elle avec un couteau. L'elfe fit d'abord quelques pas en arrière avant de réaliser qu'il était armé, avant de réaliser que sa vie était réellement en danger. Son instinct lui fit immédiatement s'emparer de l'arc qu'elle portait dans son dos. Voyant qu'il comprenait ce qu'elle voulait faire, l'ivrogne se précipita sur elle pour ne pas qu'elle ait le temps de saisir une flèche mais...BIM ! D'un geste violent, l'arc de la femme heurta le crâne de l'assaillant dont l'esprit embrumé par l'alcool ne put supporté un tel choc. Il restait cloué au sol, inconscient.

-N'approchez pas ou je tire ! cria Ehawee, sa flèche prête à être décochée.

(Attaque Citoyen éméché A)

Le membre 'Ehawee' a effectué l'action suivante : Actions

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'Attaque - Elfe' :

Les hommes s'avançaient, menaçants. Malgré ça, Arum n'avait pas la moindre envie de voir la situation dégénérer plus que nécessaire. Par ailleurs, elle se voyait mal expliquer à des gardes pourquoi elle avait tué de pauvres hères. Elle allait devoir les neutraliser sans les blesser trop grièvement. Néanmoins, ils n'allaient pas s'en sortir sans une petite correction.

Arum changea son arme de main, en plaquant la face plate de la lame contre son poignet. Elle mit en avant le manche de la dague, ornée d'une sphère de métal polie. Quand le premier s'approcha, elle évita son coup maladroit, et frappa sa tempe. Le coup fut suffisamment puissant pour assommer l'homme, qui tomba d'un coup sec sur le sol.

Furtivement, malgré l'ampleur de ses ailes, Arum pivota pour éviter un second assaut, et appliqua la même technique à un deuxième assaillant. Elle n'avait pas trop de mérite : elle était armée, eux non, ils étaient ivres, elle était en pleine possession de ses moyens.

Le membre 'Doppel' a effectué l'action suivante : Actions

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'Djöll. - Urgaal'Mar' :

Paysan D et E attaquent Ehawee à 2 x 20 (40).



L'initiative revient à : équipe des aventuriers.

Vitesse cumulée de l'équipe des aventuriers : 386.

Doppel : 430
Vitesse : 286
Dégâts : 608
Capacités spéciales :
Ehawee : 70
Vitesse : 100
Dégâts : 150



Vitesse cumulée des paysans éméchés : 120.







Citoyen éméché D : 80
Vitesse : 60
Dégâts : 20

Citoyen éméché E : 80
Vitesse : 60
Dégâts : 20




Les joueurs obtiendront à la fin du combat x1 Morceau de charbon pour chaque tour passé.

Un tournoiement étincelant bousculait le groupe de paysans. Deux tintements claquèrent dans l'air et à chaque fois un des homme tombait à terre. La stryge blanche se déplaçait avec une telle vitesse que les ivrognes, trop lents, n'avaient aucunes chances contre elle. Arum en avaient neutralisé deux avec facilité et l'elfe ne pouvait s'empêcher d'être surprise par un tel maniement de la dague. Néanmoins, à force d'être trop distraite par la combattante, Ehawee fut prise de court. Un des hommes resté en retrait jusque là lui jeta sa bouteille en pleine figure. La femme chuta, assommée. Un violent mal de crâne lui tambourinait les tympans et elle sentait des débris de verre au sol. Quand elle rouvrit les yeux quelques secondes plus tard, un autre de ces paysans fonça sur elle hurlant de fureur.
-ESPECE DE PUTAIN !! Il lui mit un coup de pied dans le ventre mais cela lui fit perdre son équilibre. La boisson n'aidait définitivement pas à combattre. L'elfe profita de ce moment pour s'emparer de son arc et de sa flèche au sol. D'un geste purement instinctif, elle mit le manche devant elle puis plaça la pointe métallique au milieu en plaquant l'autre extrémité sur la ficelle. Elle tira de toutes ses forces la corde vers sa poitrine et relâcha d'un coup. D'un geste purement instinctif, le trait fila dans la gorge de l'homme fatalement.

La rage animait le visage d'Ehawee et elle ne se rendait pas encore compte de ce qu'elle avait fait. Pour l'instant, elle se relevait difficilement, la gueule couverte d'alcool et de sang.

Attaque citoyen éméché D

Le membre 'Ehawee' a effectué l'action suivante : Actions

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'Attaque - Elfe' :

Arum avait pu neutraliser deux de leurs agresseurs. Mais en terminant son mouvement, elle vit la jeune elfe en bien mauvaise posture : le visage ensanglanté, au sol au milieu de débris de verre, Ehawee avait mauvaise mine. Son visage, au-delà du sang, était barré par une expression que la Stryge n'avait jamais vu auparavant, mais qu'il connaissait bien : c'était de la colère, de la haine viscérale, et une envie de se venger.

Et en l'espace d'une seconde, elle encocha une flèche, qu'elle envoya directement dans la gorge de celui qui, visiblement l'avait agressé avec une bouteille vide. La flèche eut l'effet escompté, et bien plus encore : elle transperça la gorge pour aller se perdre dans les fourrés derrière eux, cachés par la brume.

Arum dût réprimer la nausée qui lui montait au nez. Elle devait rester concentrée. Derrière elle, le dernier paysan s'était préparé à l'attaquer, mais avait stoppé net devant la scène. Il n'en fallait pas plus à la Stryge, qui profita de l'occasion, et frappa la tempe de l'ivrogne pour le mettre temporairement hors d'état de nuire.

L'esprit d'Arum était en alerte. Elle devait agir, et vite.

- Suis-moi. Nous ne devons pas rester ici, dit-elle en lui tendant la main.

Le membre 'Doppel' a effectué l'action suivante : Actions

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'Djöll. - Urgaal'Mar' :

Les jambes tremblotantes d'adrénaline, la femme confuse écoutait machinalement ce qu'Arum lui disait. Elle avait raison, il valait mieux qu'elles quittent cette marre de sang. Les deux ombres s'en allèrent dans les fourrés. Entre les quelques bois d'Aràn qui ne furent pas suffisant pour rassurer l'elfe, elles slalomaient rapidement dans le but d'éviter une quelconque autorité locale. Dans leur fuite, Ehawee grelotait d'effroi. Son visage se crispa de douleur et de dégoût quand des larmes coulèrent le long de ses joues. La gorge nouée, des lamentations pouvaient se faire entendre : Qu'ai-je fait, qu'ai-je fait, répétait-elle tout au long de leur course.

Puis à un certain moment, jugeant probablement que la distance fut suffisante pour l'instant, Arum s'arrêta auprès de plusieurs arbres dans un endroit assez discret. L'elfe quant à elle s'échoua contre un tronc en sanglotant à genoux. La femme répétait autre chose cette fois-ci : Je l'ai tué, je l'ai tué, avouait-elle désespérément en tapant parfois le poing contre l'écorce, ou sa tête.

Plusieurs minutes plus tard, Ehawee rongée par la culpabilité se tourna vers Arum qui était toujours à ses côtés.

-Merci d'avoir été là...admit-elle. Je ne voulais pas...Je ne voulais pas...L'elfe ne put finir sa phrase. Elle inspecta ses mains, elle les verrait toujours pourpres désormais. Alors ses yeux affolés par le remord plongèrent dans les pupilles gelées de la stryge et s'exprimèrent à sa place.

Arum et Ehawee avaient profité de la brume épaisse pour s'enfuir sans demander leur reste. Arum se savait avoir agi en état de légitime défense, et c'était la même chose pour la jeune elfe. Bien sûr, elle aurait aimé un résultat différent, mais le mal était fait. Autant éviter d'envenimer les choses.

Elles avaient finalement atteint une zone protégée de la vue par des arbres, où elles purent reprendre leur souffle. À ses côtés, Ehawee semblait totalement perturbée. Non qu'elle n'ait pas une bonne raison pour cela, mais Arum la jugeait sévère avec elle-même.

- Je l'ai tué, je l'ai tué, répétait-elle inlassablement.

La stryge prit ses mains dans les siennes, d'abord pour qu'elle arrête de se frapper la tête, puis pour attirer son attention.

- Regardez moi Ehawee, écoutez-moi. Votre vie était en jeu, vous n'avez fait que vous défendre.

Arum ne savait pas si ces considérations pouvaient vraiment aider l'elfe à se sentir mieux. Rien n'était moins sûr... Pourtant, elle sembla se calmer un peu.

-Merci d'avoir été là... Je ne voulais pas...Je ne voulais pas...

- Je n'en doute pas une seule seconde. Cela ne vous aidera peut-être pas, en tous cas peut-être pas dans l'immédiat, mais vous vous êtes défendu. Vous avez protégé votre vie, qui était en danger.

Il y eu un moment de flottement, pendant lequel Arum tendit l'oreille, à l'affût du moindre bruit qui pourrait venir dans leur direction. Mais rien. La plaine était calme, sereine, comme si rien n'était arrivé. Bien sûr, elle savait que le meurtre serait rapidement découvert, ne serait-ce que par les paysans qu'Arum avait assommé. Mais compte tenu de leur état, la stryge blanche pensait sincèrement qu'ils étaient beaucoup trop ivres pour se rappeler de quoi que ce soit à leur réveil. Tout du moins, elle l'espérait.

La femme regardait fixement Arum, un peu perdue. Elle s'était adossée contre l'arbre, assise par terre. Les phrases rassurantes de la stryge semblait avoir calmer les choses. Après toute cette montée d''angoisse, l'elfe était désormais épuisée. Elle n'avait rien à répondre à sa coéquipière, celle-ci devait avoir raison, et pourtant...La culpabilité était longue à partir, il lui fallait du temps pour encaisser ce qu'elle avait fait. Elle restait là, le visage terne, mais à l'intérieur elle bouillonnait, elle se blâmait, se demandant comment une prétendue aventurière comme elle n'avait pas pu réagir comme il le fallait et garder son sang froid comme la bienfaitrice. Si elle avait été plus expérimentée, elle aurait sans doutes pu éviter ce meurtre, mais à la place...Ehawee regarda son arc, son arme létale, elle ne se sentait pas légitime de le manier. Une véritable archère devait pourtant avoir conscience de cette dangerosité. Pointer la flèche vers quelqu'un ce n'était pas à prendre à la légère, c'était la mort qu'elle braquait sur le visage de cet homme. Elle plissa encore les yeux de remords, repassant en boucles les images dans sa tête. Puis, elle repensa à ce que la stryge blanche lui avait dit. Sa vie avait été en danger...

Oscillant entre ces deux sentiments contraires, l'elfe ne disait rien. Plongée dans son introspection, elle observait Arum qui guettait le moindre signe d'une présence éventuelle. Après plusieurs minutes, Ehawee se releva.

-Vous avez raison, il n'est pas nécessaire de vous importuner d'avantages, fit-elle sèchement, comme pour être dure envers soi-même. Cet accident...était une erreur de ma part. J'ai perdu mon calme, admit-elle enfin. Ce n'était sans doutes qu'un simple paysan ayant trop bu...Son regard se crispa dans le vide puis se recentra dans les yeux d'Arum. J'espère que...Non...L'elfe agrippa son arc avec vigueur. Je ferais en sorte que ce genre d'accident n'arrive plus, ou sinon je ne suis pas digne de porter cette arme.

-Vous avez raison, il n'est pas nécessaire de vous importuner d'avantage

Arum était désolée que la jeune elfe puisse penser ainsi, mais son expression en disait long sur ce qu'elle pouvait ressentir.

Cet accident...était une erreur de ma part. J'ai perdu mon calme, ce n'était sans doutes qu'un simple paysan ayant trop bu...

- Si je peux me permettre, vous avez agi par un réflexe de défense.

Mais la stryge voyait bien que ses paroles n'atteignaient pas le coeur d'Ehawee.

J'espère que...Non... Je ferais en sorte que ce genre d'accident n'arrive plus, ou sinon je ne suis pas digne de porter cette arme.

- J'en suis certaine. Puisse la Lumière guider vos pas, lui dit-elle en s'inclinant pour la saluer.

Arum resta ainsi, immobile entre les arbres, en regardant Ehawee partir et disparaître dans le brouillard. Elle était navrée de la tournure qu'avait pris la situation, et priait pour que la culpabilité ne la détruise pas. Finalement, la stryge ébroua ses ailes, avant de s'en aller discrètement. Mieux valait ne pas revenir dans la zone avant un moment...