Notre petite coalition sur le front Sud avait portée ses fruits, les Pirates continuaient à arroser les Skarniens qui s’amassaient sur les flancs du grand rocher roulant, tandis que les assassins déferlaient sur la Calamité. Je pouvais entendre de ma position, en retrait au près de l’Antlion, les ordres du Capitaine peau verte sur ses sous-fifres. Nous touchions au but, la Calamité n’avait jamais été autant en difficulté que maintenant, ralentissant inéluctablement sa course vers les autres fragments de rocher vivant. Ce que je trouvais toutefois étonnant, ce fut les coulées bleuâtres qui s’échappaient de certaines des fissures les plus béantes que nous lui avions apportées durant le combat. Si je prenais l’exemple de ma précédente attaque où de multiples racines azur serpentaient le creux de la plaie, d’autres parvinrent au même résultat surprenant, ébréchant peu à peu à sa carapace. Un sourire de satisfaction en coin, ma présence ici n’avait pas été inutile et je m’étais relativement bien amusé. Il y aurait de nouveaux visages à retenir lors de cet exploit, de cette bataille que nous avions livrés ici.

Quand bien même, je préparai mon dernier assaut, longeant les lignes arrière pour dénicher le cratère de tous mes assauts sur ce caillou vivant. Et lorsque celui-ci fut repéré, je m’élançai avec toute la grâce d’un Stryge noir s’élevant au-dessus de sa tour, dardant le ciel nuageux de mes dagues avant de transpercer la coquille, bien fragilisée, de la Calamité. Le coup fut net et précis, le cœur couleur azur du fragment vola tout simplement en éclat, et la terre retourna à la terre. Le fragment s’était immobilisée, la teinte bleuté qui s’en dégageait faiblissait tranquillement vers le silence, les veines de la Calamité quittaient la roche, effrité et démolit par endroit, retrouvant le sol sec et rugueux des montagnes. Les quelques hommes-rats qui avaient rejoint la Calamité de l’Est s’était repliés pour le gros de leur troupe, abandonnant les différent fronts de bataille. Est-ce que nous pouvions parler de victoire ou bien ceci avait été une bien mauvaise plaisanterie, forte ennuyeuse de surcroit … Une fois le front nettoyé, les hommes de Lédéhi se retrouvèrent pour faire le point sur cette bataille avec le commandant temporaire de la faction de l’Ombre. L’écailleux ne mâchait pas ses mots, comme toujours, mais l’on devait cette victoire éclair et surtout, notre longévité durant ce combat, à l’écailleux qui ne cessait de confectionner et bâtir d’étrange chose. L’antlion qu’il avait ramené du manoir semblait avoir subi quelques modifications de formes par rapport à ceux que j’avais retrouvés dans les Catacombes de l’ombre, mais leur efficacité en était que plus poussée ! Cela devait sans doute faire partie de ces recherches et ses tests en magie, le résultat était plutôt acceptable contenu de notre victoire, mais notre adversaire du jour m’avait semblé redoutable que ce que je ne l’aurai imaginé, du moins défensivement.

Tandis que l’écailleux se chargeait du bilan de bataille, je gardai un œil sur les troupes pirates, satisfait par ce franc succès. Seul le gamin aux côtés du Capitaine semblait mécontent de tout ceci, toujours accompagné de son fidèle ami de fer. Je continuai de jouer avec mes dagues tout en les tenants au coin de l’œil, méfiant vis-à-vis de ces loups de mer. En l’absence de Galuna sur le front, je devais me cantonner aux ordres du commandant temporaire, après quoi l’on pourra fêter ce combat peu éprouvant aux comptoirs de Lédéhi et dans nos chambrées.