Lashgob est née au sein de la tribu Moral'Ban. Principalement composée de mages, les peaux-vertes de cette tribu ne jurent que par leurs talents et affinités arcaniques. Lorsque leurs rejetons atteignent les quatre ans, les mages doyens leurs font passer une série de tests cabalistique dans le but de déterminer le talent inné de l'enfant. Pour la petite orque, le résultat fut sans appel. Tous les résultats convergeaient vers une unique réponse : Lashgob ne pourrait jamais pratiquer la magie. La petite était totalement imperméable aux arcanes, affliction pourtant rare et jamais vue au sein de cette tribu. Quand bien même pourrait-elle apprendre et retenir les sorts, rituels et enchantement, jamais elle ne pourrait réaliser le moindre d'entre eux.
Ses parents, des mages réputés, eurent du mal à regarder la réalité en face. Leur progéniture ne ferait jamais leur fierté. Pire, elle serait en grandissant la risée de la tribu, moquée par les autres familles comme par les autres tribus. A seulement quatre ans, Lashgob devenait déjà une honte pour ses parents.
Elle se souvient des jours qui suivirent. Les regards en biais de ses parents… leurs échanges à voix basse… quelque chose avait changé. Quelques semaines plus tard, elle rejoignit avec sa mère une caravane traversant les terres désolées pour aller commercer à Ishtar. Les voyageurs étaient peu bavards et sa maman ne lui adressaient plus la parole, se contentant de la nourrir en ignorant ses suppliques.
Lorsqu'ils atteignirent leur destination, elle guida sa fille à l'écart de la ville. Dans un campement en mage de la cité côtière où elle conversa longuement avec un inconnu dont Lashgob ne retint pas le nom. Ce dont elle se souvint clairement de ce jour, c'est de la bourse qu'empocha sa mère. Puis, sans un regard envers sa progéniture, elle tourna les talons et revint sur ses pas. Lorsque la jeune orque tenta de la suivre, l'inconnu la retint, lui passant une corde autour du cou. Ni les sanglots ni les suppliques de Lashgob ne firent se retourner sa chère maman.
La journée qui s’ensuivit fut terrible. Frappée par un individu aux oreilles pointues lui intimant de se taire, elle fut trimbalée à travers l'endroit puant jusqu'à un feu de camp. Si le souvenir de sa mère l'abandonnant marqua sa mémoire d'une cicatrice qui jamais ne guérirait, c'est son corps que mutila le tison ardent appliqué dans la paume sa main. La douleur fut atroce pour l'enfant de quatre ans, l'odeur de la chair grillée la traumatisant au point de ne plus avaler le moindre morceau de viande avant plusieurs années. Aujourd'hui encore, elle porte ce symbole en forme de chauve-souris gravé sous ses doigts, emblème de cet esclavagiste réputé dans le sud du pays.
L'orque changea vite de propriétaire, rachetée par un grossiste en affaires diverses peu scrupuleux. L'homme n'ayant ni descendance ni épouse, il comptait toutefois deux autres esclaves. Un satyre et une humaine. Au lieu de se serrer les coudes dans la vie misérable qu'ils menaient à entretenir la demeure, ils virent d'un mauvais œil l'arrivée de la jeune orque. Trop petite et ne connaissant rien à la tenue d'une maison, ils durent lui enseigner à faire le ménage, entretenir le jardin et nourrir les bêtes, cuisiner et les commissions diverses... En apparence tout du moins. La réalité fut beaucoup plus pénible.
Sous-alimentée, bousculée et moquée par le faune en raison de sa couleur de peau, crâne régulièrement rasé par sa camarade plus âgée... l'enfance de Lashgob ne fut pas des plus enviables. Également, se plaindre auprès de leur maître tenant à avoir une demeure impeccable et un calme souverain en sa présence conduisait à tâter le fouet lors de séances collectives. Étant la plus jeune, l'orque était régulièrement la cible des complots de ses rivaux, lui faisant porter le chapeau de toutes leurs bévues. Les moments de bonheur de l'orque n'étaient pas légion. Et la majorité d'entre eux étaient liés à l'échoppe faisant face à la demeure de son maître. Un horloger et fabriquant de jouets à ses heures perdues, exposant ses œuvres dans une vitrine où Lashgob venait s'extasier. Mais jamais plus que de raison : elle préférait ne pas offrir d'excuse pour être fouettée plus que nécessaire...
*
Les choses changèrent lorsque Lashgob atteignit la dizaine d'années. Les peaux-vertes connaissant une croissante rapide, elle fut finalement en mesure de tenir tête aux deux autres esclaves de la demeure. Et de regarder son maître dans les yeux sans plus lever la tête, ce qui eut rapidement le don d'énerver celui-ci.
Alors qu'elle nettoyait les marches de l'escalier menant à la cour intérieure de la demeure, le revendeur se présenta en pestant. L'une de ses affaires c'était vraisemblablement mal conclue et, comme à son habitude, il cherchait un responsable sur qui rejeter la faute. Ou tout du moins une victime sur laquelle épancher sa colère. Renversant le sceau d'eau de l'orque, il la gratifia d'une gifle avant même qu'elle ne réalise son état d'esprit, agenouillée pour frotter les carreaux. La lèvre éclatée par une bague de l'humain, son sang ne fit qu'un tour. Pour la première fois, Lashgob osa répliquer. Elle plaqua son agresseur au sol en se relevant, le ceinturant avant que la surprise de son brusque accès de rage ne se dissipe. Tous deux dévalèrent les quelques marches détrempées pour venir rouler dans la terre.
Les coudes douloureux, seule l'esclave se releva. Et pour cause : au vu de l'angle douteux entre la tête et les épaules de son maître, celui-ci c'était rompu le cou en chutant. L'orque venait de l'assassiner sur un coup de tête. Avant même qu'elle ne réalise la gravité de son geste, un cri déchirait l'air. Le satyre, échappant la vaisselle qu'il transportait, découvrait l'autre esclave et le corps encore chaud de leur maître. Sa réaction prit Lashgob de court, chargeant l'assassin en faisant preuve d'une loyauté inattendue envers leur bourreau trépassé. Ce fut au tour de l'orque d'être plaquée au sol. L'hybride la plongea si bas en lui fauchant les genoux qu'elle décolla du sol. Tous deux roulèrent pêle-mêle sur la première dépouille, les cornes spiralées lui mordant douloureusement l'arrière du genou gauche comme leur propriétaire tentait de se relever. Mais l'orque, de nouveau emportée par le feu de l'action, ne le laissa pas s'en tirer à si bon compte. Lui prenant la tête entre les mains, elle le ceintura de sa jambe libre et lui plongea les pouces dans les yeux. Paniquant, il la roua de coup en hurlant, lui écharpant toujours plus profondément la jambe. Mais Lashgob tint bon, des fluides écarlates lui couvrant les poignets à mesure qu'elle enfonçait ses doigts dans les orbites de sa victime. Ce n'est qu'après de longues minutes qu'elle se laissa enfin aller en arrière, poussant de côté le corps sans vie du satyre éborgné.
L'adrénaline du combat retombant, une douleur incommensurable lui inonda la jambe. Que ce soit la morsure du fouet ou la brûlure du tison, rien n'était comparable à la souffrance qu'elle encaissa en dégageant son genou lacéré par la corne de bélier. Blêmissant vert pâle, elle constata avec effroi ne pas parvenir à bouger la jambe. Encore moins sa cheville ou ses orteils. Se traînant à même le sol en laissant un sillage écarlate derrière elle, Lashgob implora de l'aide à qui l'entendrait. Lorsque la dernière esclave la découvrit, rampant et couverte de sang, elle préféra tourner les talons et s'enfuir dans les ruelles, abandonnant l'orque mutilée. S'efforçant de la suivre, la meurtrière parvint à atteindre l'extérieur avant que, finalement, les ténèbres n'aient raison d'elle.
La suite fut assez floue. Elle revint à elle et resombra dans l'inconscience à plusieurs reprises. Incapable d'interpeler les passants s'écartant précipitamment de son corps faiblissant, elle aurait dû mourir là, se vidant de son sang dans l'indifférence générale. Mais une silhouette vint se dresser dans son champ de vision alors qu'elle plongeait de nouveau. Comateuse, elle revint brièvement à elle, baignant dans un environnement chaud. Elle perçu une main fraîche sur son front alors qu'une ombre s'agitait près d'elle. Lorsqu'elle tenta d'incliner la tête, incapable de faire plus, un regard orangé se plongea dans le sien.
"
Accroche-toi petite" déclara une voix inconnue. "
C'est pour ton bien".
Le goût atroce de l'alcool sur sa langue lui brûlant le gosier manqua l'étouffer. Toussant et recrachant une partie du tord-boyaux, elle s'efforça de protester. En vain. Son nouveau bourreau lui colla de plus belle le goulot de liqueur entre les lèvres. Elle ne tarda pas à perdre de conscience, disparaissant dans un sommeil confus…
Son réveil après un temps indéterminé fut tout d'abord hésitant. Ses paupières étaient de plomb. Ne serait-ce que lever le bras pour protéger ses yeux de la lumière lui réclama un effort conséquent, soulevant une douce couverture repliée sur elle. Sortant lentement de sa torpeur, elle examina son environnement. Elle se trouvait dans une chambre inconnue, les poutrelles des combles apparentes au-dessus d'elle. La lumière du jour pénétrait dans la pièce par une fenêtre entrouverte sur le côté, laissant passer un filet d'air frais et teinté d'iode en soulevant un fin rideau. Sur une table de chevet trônait une bouteille.
Se redressant péniblement, elle s'empara du contenant et en renifla le goulot. De l'eau. Sa gorge était plus sèche que du papier et, en quelques gorgées seulement, elle en vida le contenu.
Désaltérée, elle se tourna vers l'unique porte de la pièce. Malgré ses légers vertiges, elle repoussa les draps de son lit, posa les pieds au sol… et s'effondra. Ahurie, elle se tourna vers ses jambes sans comprendre. Et son sang se glaça dans ses veines. Avec effroi, elle réalisa que sa jambe gauche n'était plus qu'un moignon, terminé à mi-cuisse. Elle n'avait plus de genou. Dans l'instant elle poussa un hurlement empreint de folie, palpant son membre enveloppé de bandages, cherchant à arracher ceux-ci.
Un inconnu fit brusquement irruption dans la pièce, attiré par ses cris. Les yeux embués de larme, elle se tourna vers lui sans le reconnaître ni cesser de crier. Une flasque à la main, il écarta les bras de l'orque affaiblie et, se faisant violence, la força à en ingurgiter le contenu. Au gout indescriptible, elle n'eut d'autre choix que de plier face à son tortionnaire. Malgré son hystérie, la drogue fit rapidement effet. En quelques minutes, elle s'effondra dans ses bras. Son dernier souvenir fut celui de cet inconnu la redéposant dans son lit avant de tirer la couverture sur elle d'un geste lent et empreint d'une tendresse qu'elle n'avait plus connu depuis des années...
Gravement blessée à la jambe, l'orque avait été recueillie par nul autre que l'horloger de la boutique d'en face. Celui-ci, un abyssal, avait rapidement fait venir un guérisseur. Lui avait indiqué ne rien pouvoir faire pour sauver sa jambe, les artères ayant été sectionnées par la corne de l'hybride et la jambe au-delà privée de sang trop longtemps. Garder ce membre mort aurait conduit l'enfant doit dans la tombe. Ils avaient été contraints d'amputer la petite. Celle-ci mit longtemps à l'accepter, refusant la jambe de bois que lui proposait l'artisan. Mais elle dû se rendre à l'évidence : il avait volé au secours de l'esclave mourante et lui avait sauvé la vie. Amère, elle accepta progressivement la bonté avec laquelle il la traitait. L'hébergeait et la nourrissait. Sans rien réclamer en retour. Lashgob mit un moment à réaliser qu'il ne la traitait pas en esclave et, lorsqu'elle l'interrogea sur cette raison, il lui expliqua simplement désapprouver l'asservissement d'autrui. Prenant conscience de la patience et la générosité dont il avait fait et continuait de faire preuve à son égard, l'orque tourmentée prit sur elle-même de mériter cette attention.
L'origine de Lashgob ne fut pas percée à jour, apparut brusquement dans la boutique que l'artisan. Ses crimes furent attribués à la seconde esclave qui elle fut capturée en tentant de voler un maraîcher. Hormis son hôte, personne ne connaissait son origine. Et c'était très bien ainsi.
Lashgob commença par s'intéresser aux travaux de son sauveur, aux délicats mécanismes de ses montres et pendules et à la finesse avec laquelle il sculptait de petits jouets articulés pour les enfants. A son propre étonnement, elle se révéla habile dans les deux domaines lorsqu'il lui proposa de s'essayer à l'exercice. Après quelques mois seulement, ses premières figurines dissimulant des articulations en ressort firent leur apparition en vitrine. Un an après son arrivée, il la laissa réparer sa première montre à gousset pour un client véritable.
Elle n'apprit pas seulement le métier de son débiteur au regard orangé et la peau bleue. Rejetant son passé de Moral'Ban, Lashgob s'imprégna de sa culture abyssal et du passé de son peuple. Elle buvait littéralement ses paroles lorsqu'il lui racontait les légendes d'outre-mer traitant de héros à branchies et de monstres innommables hantant les profondeurs, de créature si imposantes qu'elles auraient pu avaler la cité toute entière et d'autre aux formes et couleurs improbables. Parmi les préférées de l'orque, le mythe de la Muse et la Tempête mis à part, restaient celles décrivant les Martyagr, entités mal connues de son tuteur et empreintes de mystères, rôdant dans les abysses sombres du monde, patientant qu'une proie ne coule jusqu'à eux et réduisant en charpie tout intrus assez fou pour venir à leur rencontre. Il lui présenta un document, composé d'algues tressées et séchées, qu'il conservait précieusement et sur lequel l'une de ces entités était représentée. Fascinée par ce visage étrange, elle entreprit d'apprendre à le dessiner, encore et encore, jusqu'à être capable de le réaliser les yeux fermés.
Une seconde année passa. L'orque handicapée avait depuis apprit à se déplacer plus ou moins normalement, malgré la béquille de bois attachée à son moignon. Sortant tous les jours ou presque effectuer les commissions, refusant de se morfondre sur son sort à l'intérieur de la boutique, elle passait régulièrement devant une forge où étaient produit épées, dagues, haches, casques, plastrons… jambières. S'attardant plus que de raison en observant une pièce complexe prendre forme, intégrant une botte renforcée, des jambières et cuissard cuirassés, une idée germa dans son esprit. Le soir-même, elle investissait l'atelier de son mentor et, après quelques nuits de travail acharnés et l'aide de celui-ci, son projet prit forme sur papier. Profitant d'une gracieuse somme prêtée, elle passa commande auprès du forgeron pour les pièces dont elle aurait besoin afin de concrétiser son objectif. Celui-ci, un homme entre deux âges, s'étonna de la nature originale des plans qui lui étaient fournis mais, l'or proposé étant lui des plus concrets, il s'exécuta sans trop poser de questions.
C'est ainsi qu'à quatorze ans seulement, Lashgob se confectionna une première version de prothèse améliorée pour sa cuisse amputée. Usant d'ingénieux mécanismes de ressorts, d'engrenages d'horlogeries et d'équilibrage hydrauliques, elle parvint à créer une jambe mécanique suffisamment robuste et versatile pour courir à nouveau. Rapidement des défauts se présentèrent d'eux-mêmes, défauts qu'elle s'empressa de rectifier dans les versions suivantes de son invention, perfectionnant celle-ci itération après itération jusqu'à obtenir le modèle qu'elle porte encore aujourd'hui.
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La vingtaine passée, Lashgob n'avait plus rien d'une enfant. Evoluant à travers la cité côtière comme n'importe quel adulte valide, nul ne pouvait se douter de son handicap tant qu'elle portait des pantalons amples et ses bottes montantes. Tous les jours, elle travaillait à la boutique, se concentrant sur les tâches mécaniques, laissant son tuteur profiter des designs et fioritures à apporter aux résultats finaux pour exprimer sa créativité. Tous deux coulaient des jours heureux, l'abyssal l'ayant littéralement adopté comme sa propre fille. Mais ces années de bonheur ne devaient pas durer.
Rentrant un soir plus tard que les autres, Lashgob eut la surprise de découvrir la vitrine fracassée, des cris et bruits de lutte provenant de l'intérieur. Déboulant dans l'arrière-boutique, elle prit deux vauriens en train de dévaliser le coffre de l'abyssal. Ce dernier, gisant au sol, tourna un regard désolé en sa direction, les mains posées sur une plaie béante au niveau de son ventre. Comme dix ans plus tôt, ce fut un déclic chez l'orque qui vit rouge. Elle se précipita sur les assassins, exploitants toute la vélocité conférée par sa jambe artificielle pour se déplacer bien plus vite qu'elle ne l'aurait dû. Pour frapper du pied bien plus fort qu'une personne normale ne l'aurait fait, aussi.
La jambe et les poings dégoulinants de sang, elle porta son mentor à l'extérieur, implorant de l'aide comme elle l'avait fait une décennie plus tôt. Mais cette fois-ci nul ne répondit à sa plainte suffisamment vite. L'abyssal mourut dans ses bras sans qu’elle ne puisse rien faire de plus pour lui.
Le lendemain matin de cette funeste soirée, Lashgob pénétrait dans la forge au moment où l'ouvrier finissait d'actionner son soufflet. Ahuri, il vit entrer l'orque désormais familière, encore tachée du sang de son père adoptif. Croquis dans une main et bourse dans l'autre, elle lui réclama des gantelets et un casque à l'effigie du dessin qu'elle tendait. Insistante, elle lui fit comprendre que celui-ci devrait être prêt pour le soir-même, brandissant toutes les économies du magasin que les voleurs avaient tentés de dérober. Voleurs qu'elle avait identifiés comme faisant partie d'une bande locale, reconnaissable à leur tatouages d'araignées.
Si le forgeron, désormais habitué à ses achats excentriques, accéda a ses requêtes, il lui conseilla malgré tout d'emporter de vraies armes pour ce qu'il la devinait préparer. Mais elle refusa catégoriquement, même lorsqu'il proposa de lui offrir celle de son choix, avançant qu'elle ne saurait pas l'utiliser et se fiant donc davantage à ses poings. Une heure avant l'aube, elle quittait la forge, arborant le faciès d'une monstruosité marine ayant passionné son enfance. Le visage d'un Martyagr. Aux alentours de minuit, l'orque quittait Ishtar à pieds. Seule. Ses gantelets et sa prothèse maculés de sang. Mais accomplir sa vengeance ne lui apporta nul repos. Uniquement l'amer sentiment que le destin s'acharnait sur sa personne.
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De nombreux mois après ce jour tragique, l'orque se présenta à une demeure bien précise, au sein d'un village bâtit dans le lit d'un canyon en plein désert d'Harena. Ayant temporairement délaissé son casque macabre et ses gantelets, elle toqua à la porte de ses parents. Les poings serrés, elle attendit qu'on vienne lui ouvrir, impatiente de confronter ceux l'ayant vendu deux décennies plus tôt. Elle n'était désormais plus une enfant. Et elle ne venait pas pardonner son père et sa mère pour leurs actes.
Mais ce ne fut pas l'un de ses parents qui ouvrit. Du haut de son mètre cinquante, une adolescente à peau verte se présenta, lui réclamant ce qu'elle voulait d'un ton agacé. Sans répondre, se permettant de jeter un œil à l'intérieur, Lashgob aperçu deux autres silhouettes inconnues, plus petites que son interlocutrice. Alors que cette dernière s’apprêtait à appeler son père, l'ancienne esclave l'interrompit, expliquant vaguement que ce ne serait pas nécessaire. Que finalement, la raison de sa venue pourrait attendre une autre fois. Puis elle tourna les talons. Sans révéler son identité à sa petite sœur.