Nom : Ehawee

Âge : 188 ans / 21 ans en apparence

Sexe : Femme

Race : Elfe sylvain

Classe envisagée : Archère

Métier envisagé : Sculptrice, elle se limitera cependant bien souvent aux arcs pour lesquels elle développe une certaine affinité.

Capacité magique : Ehawee était capable de communiquer avec les esprits de la nature, comme les druides. Ils sont partout : un rossignol, un frêne, une araignée, le vent, une roche etc. et ils peuvent la soutenir tout comme la freiner s’ils jugent que c’est la meilleure chose à faire. Cela peut être physiquement (une branche maligne lui faisant un croche-patte), en échangeant des informations ou en transmettant leurs énergies. Ces manifestations étaient cependant assez rares. Ehawee se servait plus de ce pouvoir pour interagir simplement avec les esprits et apprendre à les connaître. Néanmoins après un événement dans son passé le lien se rompu sans qu’elle ne sache exactement pourquoi. La voilà désormais en quête de reconnexion.

Mode hardcore : Non.

Chambre d’une auberge aux alentours d’Endorial en début de soirée.

Les plis du visage de l’elfe se tordaient dans tout les sens à la vue de son reflet. Postée devant le grand miroir qui trônait dans la pièce, la femme scrutait son allure dans les moindres détails. C’était en réalité une jeune demoiselle, fraîchement arrivée dans la fleur de l’âge et la pureté de son visage trahissait son inexpérience. Tout était un mélange de beauté et de maladresse chez elle. Il y avait déjà ce regard toujours en alerte qui mettait malgré elle en valeur ses deux pupilles gelées ponctuées par deux oreilles pointues. Puis, ses traits fins n’équilibraient pas la fragilité apparente de la créature, même si on aurait dit qu’ils étaient dessinés par les volutes d’un pinceau. Enfin cette chevelure sombre aux reflets d’ébène était toujours en contradiction avec sa propriétaire puisque des mèches sauvages étaient sans cesse rappelées à l’ordre. Il arrivait donc souvent qu’elle cède face à l’envie d’indépendance de ses cheveux et qu’elle les laisse retomber sur ses épaules comme bons leurs semblent.

Son corps était plutôt élancé, harmonieux et grand mais cette femme n’avait rien d’extraordinaire comparée aux autres individus de son espèce. Sa silhouette, de la même manière que son visage, possédait également cette étrange alchimie de poésie et de manque de confiance en soi. D’abords, des épaules frêles encadraient du mieux qu’elles pouvaient la carrure chétive dont les petits seins ronds étaient, quoique harmonieux, pas assez développés pour faire rougir la plupart des habitants de ce monde. Ensuite, les muscles de son corps étaient certes visibles par endroit, notamment ceux de ses jambes, mais là encore, pas de quoi faire pâlir ses congénères sylvestres. Au final, il y avait ses mains et ses pieds qui étaient des chefs-d’oeuvres de délicatesse, mais qu’elle sabotait par le travail et le manque d’entretien.

L’elfe corrigeait quelques plissures de son chemisier blanc qu’elle avait choisi d’associer avec un simple pantalon en cuir noir. Elle avait pris l’habitude de ne porter que des vêtements fonctionnels. Même s’il lui arrivait parfois de s’habiller de manière plus extravagante, elle préférait ne pas sacrifier ses mouvements fluides, l’aventure étant déjà assez contraignante. C’est pourquoi elle se contentait de vêtements en cuirs souples ainsi qu’en toile, pour les temps chauds, et en fourrure, pour les temps froids.

Elle enfila ses bottes et se couvrit d’une cape sombre, puis elle se prépara à quitter les lieux. Alors elle se munit de son carquois, de son arc et de son nécessaire de voyage lorsqu’un dernier regard vers la glace lui confirma qu’elle avait tout d’une vagabonde.

Un feu délicat ponctuait chaque gorgées d’hydromel. La femme se réconfortait dans son verre et s’imprégnait de l’endroit qui s’était rempli de plus en plus. Il y avait ces jeunes qui se séduisaient du regard et qui « tournaient autour du pot ». De l’autre côté, on pouvait entendre une poignée d’individus échapper des rires encrassés par la boisson. Finalement, il y avait ce couple âgé qui dansait doucement au rythme du luthiste. Soudain un vieil ivrogne qui était dans l’ombre s’approcha et s’affala abruptement sur la chaise en face de la femme en lâchant un soupir gras. Il posa sur la table un jeton en bois sur lequel était gravé un prénom.
-Comment savez-vous ?
-Ehawee, je te connais plus que tu ne le penses. Accepterais-tu une partie de dames ? Fit-il simplement en sortant un plateau de sa besace. Si tu acceptes je te dirais tout.

Elle acquiesça, intriguée par ce bonhomme qui puait le rhum. Qu’avait-elle à perdre ? Les deux inconnus positionnèrent les pions de bois et de pierre sur les cases de la tablette. La partie commença.

-Alors, qui êtes-vous ? Fit-elle après quelques tours de jeu. Il sourit, en lui dérobant un de ses pions en bois.
-La pierre reste plus dur et plus solide, n’est-ce pas ? Ton jeu n’est pas un mystère pour moi, bourgeon d’Endorial. L’elfe commençait à se froisser des provocations de l’ivrogne alors qu’il continuait. Car c’est là-bas que tout a débuté, dans un foyer bienveillant. Le visage de la femme se décrispa, à partir de là, elle fut pendue à ses lèvres. Tu étais le trésor de deux elfes responsables et aimants. Tu n’avais pas la notion du temps, tu n’avais pas la notion de l’argent, tu avais seulement la notion de l’amour. Tu vivais dans un paradis, en haut d’un arbre. Ça ne te fais peut-être pas grand choses que je te sortes tout cela, mais ses souvenirs sont enfouis en toi. Cette période où tu n’avais conscience que d’une infime quantité de choses est ancrée en toi car c’est celle où tu étais la plus heureuse. Tout était source d’amusement ou de créativité : la couleur des fleurs, les marques d’une écorce, les parfums dans les rues, la faune, la pluie…Je me demande pourquoi ça ne te suffit plus. Mais c’est le changement tragique de la conscience, la fracture qui s’effectue en chacun dans le but que nous devenions une figure forte et déterminée : l’adulte. Il fit une pause pour commander une autre bouteille de rhum. Ah…Je ne dis pas qu’il n’a fallut que d’un simple déclic…Mais n’allons pas si vite, c’est à ton tour de jouer. Le vieil homme s’abreuva le gosier qui s’était asséché par ses dires. La femme quant à elle tremblait devant ces vérités, sa vie avait été mise à nue. Rien ne t’oblige à rester m’écouter, j’en suis conscient. Mais si tu restes jusqu’à la fin, tu comprendras pourquoi je suis venu à toi. A ces mots, elle continua de jouer.

Après deux ou trois déplacements, il lui déroba un autre pion de bois.
-Tu l’as perdu, elle t’a été enlevée. Tu n’avais que six ans, mais c’était assez pour savoir que tu ne comblerais jamais son absence. Chez ton père aussi s’opérait un changement. Cet événement l’a plongé dans une terrible névrose. Mais la dépression ne t’avait pas prévue dans l’équation, tu étais là pour lui. Vous étiez là l’un pour l’autre et c’est sans doutes ce qui vous a fait tenir. Un nouveau lien entre vous se tissa de cette peine partagée. Se rendant compte que l’existence était si fragile, il voulut t’enseigner quelque chose, avant qu’il ne soit trop tard. L’elfe riposta en prenant deux jetons de pierre. C’est là qu’il t’appris à te défendre. Au début, c’était juste quelques techniques histoires de ne pas être démunie face à un vilain garçon. Mais il commença ensuite à t’initier au tir à l’arc que tu adores tant. Tu le suivais alors dans ses expéditions forestières, où vous deviez être totalement autonome. Tout t’impressionnait. Puis, quelques années plus tard, celles où tu changeas si vite, abandonnant ton âme d’enfante, tu devins plus sûre de toi. Tu savais ce qu’il fallait faire, tu savais comment te nourrir seule en pleine forêt, comment t’abriter et même comment te fabriquer un arc. Tu avais pris goût à cette nature. Tu n’y étais pas seulement chez toi car tu est une elfe, non, tu t’étais liée d’amitié avec les arbres. Tu entendais leurs voix. Et, pendant une période, tu avais pris l’habitude de t’isoler seule dans les bois pendant plusieurs jours. Tu écoutais le chuchotement du vent, tu te connectais à la rivière et tu pouvais rester des heures contre l’écorce d’un chêne, à matérialiser dans ta tête les poèmes qu’il te comptait. Tu ne te rendais pas compte que ton absence faisait souffrir ton père qui restais lui aussi seul, mais désoeuvré. Il émergea en lui d’autres espoirs que cette vie de solitude. Il attendit alors patiemment que tu deviennes une femme. Et voilà comment tu te retrouvas à apprendre que cette situation est trop pesante pour lui et qu’il à besoin de partir. Ton père fuya les bois pour prendre le chemin de ses rêves. Le vieillard, par un placement habile, pris quatre pions de bois à la femme.

-Les prochaines années qui ont suivis son départ ont été très durs pour toi. Tu n’avais aucuns amis à Endorial, juste de brèves connaissances, alors tu tentas de te réfugier vers les esprits de la forêts avec qui tu étais si bien. Mais tu ne les entendais plus. Ta vie stagna. Tu faisais le strict minimum pour survivre mais tu t’en fichais presque. Tu t’étais bloquée, dans la maison de tes parents en haut d’un arbre, vide. Tu retournais les événements de ta vie dans tout les sens en vain, tu n’y comprenais rien. Même les moments de cueillette étaient source d’angoisse du au fait que la nature ne te répondait plus. Les seules activités qui donnaient un sens à ta vie étaient la lecture et la peinture. Tu appréciais toujours en apprendre plus sur le monde malgré ce qui s’était passé. Tu te réconfortais aussi dans la matière et les pigments que tu étalais sur des peaux d’animaux. Tu n’avais personne à qui parler à part à ce support. Mais au bout d’un certain temps tout ça ne te suffisait plus. Tu sentais que ce n’était qu’une question de temps avant que ton âme n’implose dans cet ancien paradis suspendu. Alors tu pris aussi la décision de t’en aller. Sur les routes, tu appris qu’il ne fallait pas donner ta confiance à tout le monde. Il lui retira une autre pièce en bois. Tandis qu’elle atteignit la dernière case grâce à un dernier pion, lui permettant de créer une dame.

-Même cette dame sera vaine, je crois bien que j’ai perdu. Dit-elle malmenée autant par le jeu que par ses souvenirs. Un sourire tendre se dessina sur le visage de l’homme.
-Non, regardes bien. Tu as gagné car tu as réussi à t’élever malgré les difficultés. Tu as obtenu une capacité de mouvement extraordinaire. Tu appréhendes ton environnement d’une toute autre manière désormais. Tu ne dépends plus de rien, te voilà libre, te voilà grande. Tu es pleinement maître de ta vie. Il retourna la dame et dévoila le prénom gravé sur le jeton. Tu peux te placer où tu le veux dans ce monde, lui fit-il en lui tendant le pion de bois. Soit qui tu veux, Ehawee.

La femme pris le jeton dans sa main puis le serra fort contre sa poitrine. Elle ferma les yeux, essayant de digérer tout ce qu’il venait de se passer. Pendant un instant, elle eut l’image de ses parents heureux. Un frisson lui fit rouvrir les yeux, l’ivrogne avait disparu. A la place, le tavernier se tenait en face d’elle, lui expliquant qu’il fallait maintenant payer les cinq bouteilles de rhum et le verre d’hydromel.

Ehawee sortit du bâtiment la bourse bien allégée, mais cela ne lui importait guère. Elle regarda la forêt devant elle, une nouvelle page allait s’écrire et elle s’en réjouissait : elle allait s’autoriser à être totalement libre et soi-même. Elle scruta le jeton de bois, qu’allait-elle bien pouvoir faire désormais ? Une chose est sûre, elle se laisserait guidée par ses envies. Mais elle allait certainement entreprendre de longs voyages pour découvrir le monde qu’elle n’a connu que dans les livres. Elle allait également tenter de continuer à lire, peindre et tailler des arcs. Pourquoi ne pas s’essayer à un instrument ? Il paraît que les elfes sont bons musiciens. Seule une chose la préoccupait : elle n’arrivait plus à communiquer avec les esprits et elle comptait bien résoudre ce problème.

La femme glissa le pion de bois dans la poche de son pantalon en cuir, gonfla ses poumons puis entama son chemin.