Le minotaure cessa enfin sa marche pesante. Il se redressa en inspirant à plein poumons, embrassant le paysage du regard. La rivière délimitant la partie sud de la toundra désolée. Bravant les vents glacials du grand Nord et même une demi-journée de tempête de neige, il avait enfin rejoins son objectif. Du moins en partie. Sur l'autre rive, des bosquets ponctuaient ici et la les collines naissantes où serpentait le large cours d'eau.

Doebroksh grogna en étudiant plus en détail les plaines d'Aran. Les bourrasques glacées et rafales de givre l'avaient fait dévier de sa route. S'il avait marché droit ou pu se repérer aux astres, sur l'autre rive se serait trouvé une imposante foret de conifères. Foret où il avait prit soin de dissimuler une cache contenant de la viande salée et du bois sec en prévision de son retour difficile de l'immense étendue de tourbe gelée d'où il arrivait.

- Comme c'est beau !

Plissant le regard, il se tourna vers la petite tête qui dépassait de son sac de provision à présent vide. La fée nordique s'extirpa de son duvet improvisé et plongea dans le vide. Battant de sa paire d'ailes translucides avec la frénésie d'un papillon, elle se hissa jusqu'à hauteur de son épaule. Ses yeux étaient littéralement amplis d'étoiles.

- Tu n'avais jamais traversé la toundra ? Demanda-t-il en s'étonnant de son émerveillement candide.
- Je n'ai jamais quitté mon bosquet auparavant, répondit-elle sans se détourner du paysage.

Relevant la tête, Doebroksh ne commenta pas cette révélation de la créature lilliputienne. Haute de ses quarante-cinq centimètres, Nyssa avait stipulé qu'elle accompagnerait le rôdeur jusqu'à ce que sa dette de sang soit épongée. Et ce malgré le refus catégorique du chasseur. Mais, faisant preuve d'une opiniâtreté inattendue, elle l'avait malgré tout suivit lorsqu'il quitta son bocage natal. Depuis, elle n'avait cessé de se plaindre de la violence du vent, du tranchant des cristaux de glaces cachés dans les flocons, amplement contribué à le délester de ses provisions - comment un être aussi chétif pouvait-il avoir un tel appétit ?! - et enfin avait fait sien l'un des bagages de marchant Moj'Hauk itinérant.

- Nous sommes à cours de nourriture, déclara-t-il après un moment en exposant ses pensées à voix haute.

A ces mots, Nyssa cacha ses mains dans son dos en se tournant vers le ciel. Toutefois, il ne s'agissait nullement d'un reproche de la part de l'hybride qui déjà tirait de son carquois un tube de bois d'une soixantaine de centimètre. Se faisant, il piqua la curiosité de la fée qui aussitôt voleta pour toucher celui-ci.

- Qu'est-ce que c'est ?
- Une canne, déclara simplement Doebroksh en la secouant d'un coup sec du poignet.

Avec un léger sifflement, les tubes concentriques contenus se déroulèrent pour révéler la canne à pêche télescopique.

- Hooo ! S'écria la fée qui découvrait cet outil pour la première fois.

Déjà le trappeur choisissait un hameçon parmi la demi-dizaine dissimulée sous l'attache de son brassard.


Quelque deux heures plus tard, alors que le crépuscule illuminait les lointaines montagnes à l'Est, minotaure et fée humaient avec impatience leurs prises cuisinées en brochettes. Au fumet qu'elles dégageaient, le repas serait savoureux. Néanmoins, il remarqua à nouveau les regard que Nyssa jetait vers les géants de pierre au loin, perçant les nuages. Durant toute leur pêche elle n'avait cessé de le bombarder de questions. Sur son village, sur le désert au sud, sur les elfes… sur les montagnes de Kanaan.

Les collines visibles sur l'autre rive étaient d'ailleurs le signe qu'il se trouvaient à la transition entre la toundra et les plaines, mais aussi à la jonction avec cette région montagneuse du Nord. Doebroksh ne s'était encore jamais aventuré dans cette partie de Dùralas. Il savait toutefois que l'air n'y était pas aussi pur que dans les Baldors… Néanmoins, l'intérêt de sa camarade de voyage  témoignait à l'égard des éminences était évident.

- Tu aimerais visiter ces montagnes ? Interrogea-t-il après un moment comme leur repas finissait de cuire.
- Se serait formidable, répondit-elle après un instant. De telles immensités, un tel gigantisme, une telle majesté… se serais… je ne saurais pas comment décrire cela…

Observant les derniers rayons se refléter sur les neiges éternelles, bien au-delà de leur portée, Doebroksh réfléchit une bonne minute avant de proposer :

- Mes commissions ne pressent pas. Contrairement à mes provisions, elles ne risquent pas de s'envoler. Nous pouvons effectuer un détour et passer par ces reliefs. Ce ne sont que les racines des montagnes cela dit et…

Il s'interrompit en réalisant le sourire ravit qu'arborait Nyssa, la joie irradiant littéralement de son regard comme il prononçait ces mots. Avec un sourire, il revint à leur brochettes.

- Soit. Demain, nous irons à l'Ouest.

Après la période passée auprès des Djöllfulins, où elle avait pu en apprendre tellement sur cette race discrète et néanmoins passionnante dans ses spécificités, Arhiann s’était finalement décidée à reprendre le chemin de ses forêts natales. Non que l’hospitalité des « diables » lui pèse, ou qu’elle se soit montrée défaillante, non, bien au contraire ! Cependant, aussi intéressants que se soient montrés les échanges avec le peuple de Shaoni, leur monde n’était pas le sien, leur climat pas davantage, et puis, elle s’était engagée envers la garde sylvestre, et comptait bien y remplir ses devoirs. L’approche des djöllfulins en avait fait partie, mais désormais, il lui fallait rentrer sous le Rocher, pour faire son compte-rendu en compagnie de sa collègue cornue.

Désirant organiser leurs voyages de retour un peu différemment, les deux zéphyriennes s’étaient séparées quelque part entre le Vulkar et Kastalinn, avec la perspective de se retrouver une fois à destination. Arhiann ne détestait pas la compagnie, mais elle savait aussi apprécier les moments de solitude, en tête à tête avec elle-même, et surtout, seule sous les étoiles de sa créatrice une fois la nuit tombée. Elle goûta donc ces premiers jours de voyage autant que lorsqu’elle avait fait ses premiers pas hors de sa tribu natale, avec à l’esprit une sensation de liberté particulièrement agréable : elle n’était pas spécialement pressée, n’avait de comptes à rendre à personne sinon aux seigneurs zéphyriens lorsqu’elle serait de retour, et pouvait donc laisser ses sabots la mener à peu près là où elle le souhaitait.

La région lui restait cependant peu familière, et elle la savait aussi peu hospitalière. Il n’était donc pas question de jeter au spriggan tous les principes de prudence, c’est pourquoi la faune avait choisi un itinéraire simple, simplissime même, qui lui laissait peu de possibilités de s’égarer : elle longerait les montagnes, toujours vers l’ouest, sans les perdre de vue mais sans pour autant s’y aventurer. Elle aurait bien voulu les explorer, mais savait que l’entreprise n’avait rien de raisonnable. Si son plan marchait comme prévu, elle tomberait forcément, au bout d’un moment, sur la forêt Sylfaen... A l’aller, elle avait eu les conseils de Shaoni pour s’orienter dans les plaines, mais n’était pas certaine de savoir retrouver seule son chemin, et préférait aussi emprunter une autre route, par goût de la découverte.


Elle était à peu près à mi chemin, selon ses calculs, lorsqu’un miroitement attira son regard du côté des montagnes. Des éclats lumineux qui n’avaient apparemment pas de raison de se trouver là… Mais qui se situaient encore trop loin pour qu’elle puisse avancer quelque supposition que ce soit. Sa curiosité éveillée, elle continua cependant, en s’approchant subtilement des premiers contreforts. Elle était très tentée d’aller voir de quoi il s’agissait, mais ce n’était guère prudent, seule et non connaisseuse de la région comme elle l’était. Et, peu de temps après, ce fut complètement autre chose qui mobilisa son attention.

Un fumet de poisson grillé, provenant de l’exact opposé, vint en effet chatouiller les narines d’Arhiann. Peut-être y avait-il là un petit village humain, cette race qui réussissait à s’installer à peu près n’importe où ? A moins qu’il ne s’agisse d’un groupe de voyageurs ? Dans tous les cas, elle allait devoir passer à proximité si elle ne voulait pas commencer la grimpette, alors, elle commença une approche discrète. A la faveur d’un pli du terrain, elle put apercevoir l’être à l’origine des grillades : une silhouette massive était installée auprès d’un feu de camp, mais surtout, sa tête portait deux cornes, et pas de djöllfulin : un enfant de Magnésie !

Ravie, la blonde se recula pour revenir au chemin un peu plus loin, et sembler aborder les lieux de manière inopinée. Elle s’approcha de nouveau sans chercher à dissimuler sa présence, bien au contraire. Ce faisant, elle put identifier le type d’hybride auquel elle avait affaire : un minotaure, ainsi qu’on pouvait les imaginer le plus communément. Un hybride originel – pas comme elle, faune issue d’expérimentations ultérieures de leur déesse, après son premier essai caprin. L'ensorceleuse connaissait mal la communauté des semi-bovins, mais leurs origines communes la mettait en confiance, aussi se montra-t-elle sur le sentier, sans afficher de défiance.

Nyssa chantait et dansait depuis une bonne heure déjà. Lui ne comprenait pas un traitre mot des paroles, même s'il saisissait le sens global. A travers les syllabes cristallines, il percevait le grand Nord et la froide tendresse d'une pluie de flocons. Il se ressentait la beauté des paysages décrit, s'imaginant loin au-delà de la toundra… Au point de presque en oublier la première brochette que la fée avait littéralement engloutit. Par Magnésie, où un si petit être pouvait-il cacher tout ce qu'elle ingurgitait ?

Il entendit brusquement un mouvement imperceptible dans leur dos, au sommet de la colline. S'enfilant une rasade d'eau à son outre, le minotaure fit mine de ne rien avoir remarqué tandis que sa camarade de route continuait ses vers. Elle en tout cas n'avait rien remarqué, continuant à  chanter de bon cœur de sa voix fluette. Éructant, il ne daigna pas tenter d'apercevoir ce qu'il avait décelé. Il savait son ouïe et son odorat plus développés que sa vue. Beaucoup plus. Or de nuit avec la lueur du feu de camp dans le dos, il n'aurait fait que signaler à ce qui les approchait qu'il était découvert. Et puis en ces contrées, il y avait de grandes chances pour que ce soit un simple lièvre… Le besoin pressant de se lever en prenant ses armes le démangea soudain à cette pensée : il était bien placé pour savoir qu'un lapin d'Aràn pouvait être dangereusement féroce…

Néanmoins, observant la fée plus qu'en l'écoutant, il ne discerna plus aucun mouvement à l'oreille. Et pas une odeur ne parvenait à ses naseaux sensibles. Croquant à pleines dents l'une de leurs prises, il se détendit progressivement. Cela ne devait finalement être qu'un petit animal.

Quelques minutes passèrent après quoi Nyssa cessa de voleter, revenant décrocher une nouvelle brochette en retrouvant son souffle. Puis, brandissant son trophée, elle s'immobilisa :

- Doe !

La fée ouvrait de grand yeux observant un point vers sa droite. Pivotant, il se tourna dans cette direction. Plissant le regard, le minotaure aperçu ce qui avait capté l'attention du petit être.

Clignant des yeux en s'éloignant du sentier plus loin, un individu approchait timidement d'une démarche qu'il crû dans un premier temps claudicante. Avant de se raviser après seulement deux pas de plus : ce visiteur nocturne avançait d'une attitude étrangement familière. Encore deux pas et il réalisa la présence d'un lainage clair et épais à ses chevilles, en parti caché par la jupe sombre dont elle était vêtue.

- Regarde ! s'écria Nyssa en faisant preuve d'une indiscrétion que le minotaure ne releva pas. Elle a des cornes !
- Hein ?

Cornes ? Elle ? Il fallut que le nouveau-venu ne s'immobilise à quelques mètres d'eux pour que Doebroksh réalise qu'en effet, leur visiteur était pourvu de cornes spiralées s'enroulant au-dessus de ses oreilles. Sans vraiment le réaliser, le minotaure dévisagea le promeneur de haut en bas en s'efforçant de rester impassible. La lueur de leur feu de camp se reflétait dans ses yeux clairs. Baissant le regard, il s'attarda sur le haut ample de sa robe puis le tissu cachant en parti ses jambes. Mais pas les sabots menu.

Elle ? s'interrogea-t-il en silence en s'attardant sur sa poitrine cachée par le vêtement large. Il discernait les minoens des minoennes au premier coup d'œil. Pour les orques également, la distinction était assez évidente. Pour les humains en revanche, c'était une autre histoire de cornes. Mâles comme femelles avaient des carrures et visages très similaires à ses yeux. Quand à leurs mamelles elles étaient tellement moins développées que celles des min… secouant la tête, il ne s'attarda pas davantage sur ce genre de réflexions compliquées, malgré le buste humain qu'il avait sous les yeux. Devant lui se trouvait un satyre - une satyre selon Nyssa - au traits juvéniles pour ce qu'il pouvait en juger. Satyre qui n'avait pas  prononcé le moindre mot.

- Bonsoir voyageuse, articula-t-il en langue commune.

Se faisant, il s'exprima de sa voix grave et grumeleuse en s'efforçant de paraître amical. C'était la première fois qu'il voyait un satyre au cours de ses voyages, autrement qu'en dessin. Et en tant qu'héritiers de la même divinité, il supposa naïvement que la nouvelle arrivée n'avait pas de mauvaises intentions à leur égard.

Arhiann ne comprenait pas d’où venait le chant si clair qui provenait du petit camp, assurément le minotaure ne pouvait pas en être l’auteur, mais elle ne distinguait aucun compagnon à l’hybride. Elle continua donc à avancer, jusqu’à ce que le personnage, averti par quelque sens invisible, ne se retourne dans sa direction. La faune sourit pour signe de ses sentiments amicaux, mais ne put empêcher sa curiosité, tout aussi forte que celle du Moj’Hauk envers elle, de la faire détailler la face bovine durant de trop longs instants. Les minotaures étaient clairement les plus impressionnants des trois types d’hybrides principaux, ils ne devaient pas être trop ennuyés par les créatures plus petites…

La salutation vint la tirer de son examen attentif, redirigeant son regard vers celui de ce lointain cousin.
« Le bonsoir à vous, et que la bienveillance de Magnésie brille sur votre chemin, »
répondit-elle avec une inclinaison du chef. Les gestes restaient simples, mais les paroles devaient être influencées par le langage plein de distinction et de déférence dans lequel elle avait baigné ces derniers temps, durant son séjour chez ces autres cornus qu’étaient les djöllfulins. Ses yeux balayèrent le petit camp, tombèrent sur le point papillonnant qu’était la fée, et elle lui accorda à son tour un signe de tête. La forêt Sylfaen abritait nombre de ces petits êtres, même si celle-ci semblait présenter quelques différences que la blonde n’identifiait pas précisément à première vue. Voilà qui expliquait toujours bien la voix claire précédemment entendue.

« Pardonnez mon audace, mais… pourrais-je me joindre à vous ? La nuit serait plus sûre, et… je serais ravie d’échanger avec vous, si vous le voulez bien. Je n’en ai encore jamais eu l’occasion avec ceux de votre race. Oh, et je suis Arhiann, de la forêt Sylfaen. »
Elle espérait que le minotaure accepterait sa compagnie, ce ne serait que mieux sur tous les plans. Elle-même était seule, exception faite de l’étrange légume qui la suivait comme son ombre, impassible et, à première vue, capable seulement de cette action. La faune ne considérait pas vraiment la calebasse comme une compagne, après tout, celle-ci ne parlait pas, et ne s’animait que rarement tant que sa « maîtresse » restait en sécurité. Ce qui devait être le cas actuellement, le cucurbitacée, stoppé juste derrière elle, conservant sa placidité coutumière.

Écoutant attentivement le discours d'Arhiann, Doebroksh resta silencieux  le temps qu'elle termine son introduction. Il nota l'intérêt curieux qu'elle porta à Nyssa sans pour autant sembler voir une fée pour la première fois. Elle-même avait d'ailleurs dans son sillage un bien étrange compagnon qui lui fit froid dans le dos. Également il… Sylfaen venait-elle de déclarer ?

C'était à présent sa propre curiosité qu'elle venait de piquer au vif sans le savoir. Jamais encore il n'avait visité les bois elfiques à l'Ouest du pays. Bois où il le savait, résidaient aussi des satyres. Ainsi que des centaures… Mais pas seulement. La forêt Sylfaen était le berceau des hybrides, le terreau où Magnésie les avait engendré. Il s'agissait des terres natales de son espèce ayant migré à l'Est il y a bien longtemps. Le trappeur brûlait déjà d'impatience à l'idée d'en apprendre plus sur cette région.

Déroulant sa queue qui balaya l'herbe autour de lui, le minotaure se balança en avant d'un coup de rein et se releva sur ses deux jambes. Se redressant de toute sa hauteur, il toisa sa visiteuse blonde du haut de ses deux mètres cinquante. Comme elle esquissait un mouvement de recul, de toute évidence intimidée par une telle différence de taille, il s'empressa de lever la main droite à hauteur de sa tête d'un mouvement paradoxalement lent. Doigts écartés et paume orientée vers elle.

- Hvo, déclara-t-il simplement en saluant Arhiann.

Cependant, à sa mine confuse voire effrayée, il devina que son signe de bienvenue ne lui était pas familier. Bien que témoignant à la fois de respect et d'apaisement en l’exécutant, il abaissa lentement le bras en reculant d'un pas. Un instant il songea que les épaisses cicatrices parcourant son membre ne devaient pas non plus aider...

- Prenez place près de notre modeste feu, cousine, engagea-t-il paisiblement. Je suis heureux de faire votre connaissance. Mon nom est Doebroksh, de la tribu Moj'Hauk. Mais on m'appelle généralement Doe.

Le minotaure recula près de la souche où il était auparavant assis. Puis il invita de la main l'autre hybride à prendre place. Il préférait ne pas se montrer plus envahissant qu'il ne l'avait visiblement déjà été. Il attendit qu'elle approche avant de se rasseoir.

- C'est la première fois que je rencontre une satyre moi aussi, continua-t-il d'un regard brillant comme Nyssa venait voleter entre d'elle et la citrouille qu'il gardait à l'œil.

Doebroksh ignorait la méprise qu'il était en train d'effectuer envers la faune. Levant innocemment le museau, il désigna enfin les trois brochettes restantes finissant de cuire.

- Ce ne sont que de modestes fritures, poursuivit-t-il pour l'inviter à partager le fruit de sa pêche. Mais si le cœur vous en dit, servez-vous.

hvo ? :

Dans le bref silence qui suivit sa rapide présentation, seulement brisé par les crépitements d’étincelles du feu de camp, la silhouette du minotaure se déplia, comme au ralenti, dévoilant toute sa masse face à la faune qui, en comparaison, devait vraiment ressembler à une frêle petite chose. Pour autant, elle ne se sentait pas nécessairement démunie, son peuple avait su faire sa place en développant des talents qui n’étaient pas liés à la quantité de muscles possédée, mais ne s’en montraient pas moins efficaces : archers, musiciens et mages de tous types hantaient leurs légendes sans démériter. Aussi se contenta-t-elle de lever le regard vers ses chères étoiles, d’accrocher la modeste lumière émise par la constellation du Bélier, toujours fidèle dans son coin de ciel, avant de revenir à l’autre hybride, confiante.

Le salut lui était inconnu, et elle se demanda un instant si elle devait l’imiter en retour, mais elle préféra s’abstenir, de peur de faire quelque chose de travers et d’exprimer tout autre chose. Après son passage parmi les djöllfulins, elle avait une conscience bien plus aiguë des nombreuses différences qui pouvaient exister entre groupes culturels. Et dont l’exploration s’avérait passionnante, d’ailleurs. Dans l’immédiat, elle réitéra simplement son inclinaison de tête, et s’avança à l’invite du colosse à la placidité toute bovine. Placidité qui devait pouvoir céder place à autre chose quand la nécessité s’en faisait sentir, à en croire les marques qui ornaient son bras, mais la fille de Magnésie préférait éviter de juger sans savoir.

« Enchantée, Doe. Et merci de votre accueil, »
reprit-elle en allant souplement s’asseoir près du foyer, tandis que la calebasse restait à la limite des ombres et se figeait dans une immobilité de simple légume. Arhiann ne doutait pas que sous sa peau épaisse, ce qui lui tenait lieu de conscience restait éveillée, mais elle avait bien remarqué que la créature n’appréciait que peu la pleine lumière : c’était bien un être de la Convergence, et il n’y avait nulle raison de vouloir la changer tant qu’elle ne faisait pas de mal.

Elle sourit plus largement lorsque le minotaure avoua que pour lui aussi, cette rencontre était une première.
« Nos peuples respectifs ne quittent guère leur région d’élection, n’est-ce pas ? Vous êtes en voyage, comme moi ? »
Au vu du campement, c’était l’hypothèse la plus probable, à moins que le semi-bovin n’ait adopté une vie de nomade, savait-on jamais. La blonde réalisait qu’elle ignorait jusqu’au mode de vie des minoens : résidaient-ils en groupes semi-sédentaires comme les siens, ou en villages toujours fixes comme les centaures ? Doebroksh avait cité un nom de tribu, au moins, l’aspect communautaire devait rester comparable.

Elle fut invitée à partager le dîner dont le fumet l’avait alertée, et même si elle avait déjà fait sa pause de repas du soir, elle se garda de refuser une telle marque d’hospitalité. Le poisson n’était pas sa nourriture favorite, car comme la venaison, il était associé à la période hivernale, lorsque d’autres types de nourriture venaient à manquer, mais ce n’était pas une brochette qui allait lui poser problème. Les djöllfulins avaient des habitudes culinaires bien plus exotiques à ses yeux – ou à son palais.
« C’est bien aimable à vous, »
remercia-t-elle en se servant précautionneusement pour ne pas se brûler, et en détachant un morceau de fibres pâles.

« Vous pêchez donc, Doe ? Ou est-ce votre camarade ailée qui possède ce talent ? »
interrogea-t-elle une fois sa bouchée ingurgitée. Le duo était tout en contrastes, entre le massif et apparemment imperturbable minotaure, et la fée toute en finesse qui ne cessait de voleter d’un côté sur l’autre, mais Arhiann supposait que s’ils s’étaient alliés, c’était parce que leur complémentarité fonctionnait bien. Elle dirigea d'ailleurs sa curiosité vers la petite créature, qui n'avait pas prononcé un mot depuis son arrivée, mais avait fait entendre son chant plus tôt, et donc, devait bien être douée de parole.
« Mes forêts abritent nombre de vos semblables, mais j'ignorais que d'autres types de fées avaient investi des régions différentes. »

Doebroksh suivit du regard quelques instants l'étrange légume animé suivant la faune. Mais celle-ci ne faisant pas de commentaire à son sujet, il garda lui aussi le silence.

Revenant à leur visiteuse, il écouta ses questions avant de prendre la parole comme qu'elle croquait le fruit de sa pêche.

- De nombreuses fées sylvaine ? Le devança Nyssa en rebondissant sur la dernière déclaration.

Le minotaure balbutiant de s'être fait interrompre, il laissa leur petite camarade s'exprimer en voletant juste sous le nez d'Arhiann. Elle plongea ses grands yeux bleu dans ceux bruns de l'hybri… non vert… bruns… En fait le minotaure était incapable de trancher. Il mit cela sur le compte de sa vue peu sensible aux couleurs.

- Comment sont-elles ? Interrogea-t-elle. Ont-elles huit yeux comme les araignées ? Parlent-elles en récitant les syllabes à l'envers ? Est-ce…

Elle poussa un cri aigu lorsque les doigts épais du minotaure se refermèrent soudain autour d'elle. Repliant le bras, il retint un soupir en ignorant ses protestations avant de répondre à la faune :

- C'est bien moi qui ai pêché ce repas. Elle n'aurait pas la force de porter ma canne.

Rouvrant le poing, il libéra la fée qui s'envola de côté en croisant les bras et fit mine d'ignorer le minotaure, affichant une mine boudeuse. Malgré la force évidente de ses phalanges, il n'avait toutefois pas froissé ses ailes délicates en l'attrapant avec douceur.

- Je ne connais pas assez la culture satyre pour pouvoir comparer, reprit-il d'un ton posé en revenant à Arhiann. Je sais que nous avons migré depuis Sylfaën longtemps avant cet âge. Aujourd'hui, la majorité des tribus minotaures sont réparties entre la lisière des Baldors et  l'Est des plaines d'Aran. Comme ma tribu par exemple. J'y retournais lorsque j'ai croisé son bosquet il y a quelques jours.

Se faisant il désigna Nyssa du pouce.

- Nous voyageons ensemble depuis ! Intervint brusquement l'intéressée en même temps que le minotaure reprenait :
- Elle me suit depuis.

Alors qu'elle faisait de nouveau la grimace, il soupira puis plongea ses yeux gris dans ceux de la faune :

- Et vous chère cousine, que venez vous faire en pleine nature ? Cet endroit est très éloigné des forêts de l'Ouest comme du village le plus proche.

La fine fée prit son massif compagnon de court, tirant une expression amusée à Arhiann, et les suppositions sur ses consœurs des forêts ne firent qu’amplifier le phénomène. Elle leur ressemblait vraiment très fort, maintenant que la faune l’avait sous le nez, littéralement : vive et curieuse comme celles des bois. Toujours souriante, la faune commença à nier de la tête, mais le geste du minotaure la fit se figer. Son expression bienveillante se perdit dans les lueurs du doute, ses mains se crispèrent en hésitant à se poser sur la poignée de bois d’un tonfa discrètement passé à sa ceinture : l’autre hybride oserait-il maltraiter la petite ailée ? Il ne semblait pourtant pas perdre son flegme face à l’ardeur papillonnante de sa compagne, qu’il relâcha bientôt, indemne, tandis que c'était son souffle que leur invitée, elle, laissait aller après cet instant tendu.

La suite lui confirma que la puissance émanant de la silhouette semi-bovine n’était pas de celles qui se réveillent pour une broutille. Délaissant sa brochette, elle calqua son ton sur celui, paisible, de son interlocuteur, pour poursuivre leur échange culturel.
« J’ai entendu ces récits de votre exil, également. Vous vivez en terrain découvert ? C’est vrai que vos… carrures doivent décourager les prédateurs. Nous autres, tout comme nos cousins centaures, avons pour la plupart préféré rester sous les ramures de Sylfaen. Mais il y a toujours des exceptions, des groupes d’aventuriers qui vont s’établir au loin. Ma famille maternelle, par exemple, qui réside dans une autre forêt, loin à l’est... »
Elle avait imaginé que son premier voyage aurait pour but ces sapinières d’au-delà du désert, et finalement, les choses s’étaient organisées tout autrement, notamment avec son engagement dans la garde Zéphyr, qu’elle assumait totalement. De toute façon, elle avait encore bien du temps devant elle, pour tenter de renouer avec ces origines inconnues.

« J’imagine qu’il a dû se passer quelque chose de semblable avec les fées, pour que vous soyez présentes sur différents territoires… En réalité, celles que j’ai pu rencontrer par chez moi ne diffèrent que très peu de vous. Quelques variations dans les coutumes vestimentaires, et dans la prononciation, tout au plus. Mais je ne doute pas qu’elles doivent faire autant de suppositions que vous sur leurs cousines étrangères, si elles connaissent leur existence, »
reprit-elle à l’adresse de Nyssa, alors qu’une expression d’amusement revenait éclairer son visage. L’activité affairée de l’ailée, et sa curiosité sans filtre ne pouvait que l’égayer, sans compter que ses chicaneries avec l’impassible minotaure valaient le coup d’œil.

Vint le moment où sa question lui fut retournée, et elle commença par le plus évident :
« En effet… je suis sur la route du retour, après une visite du côté de Kastalinn et du Vulkar. »
Elle prit le temps de mastiquer un dernier morceau de poisson, pour masquer une hésitation qu’elle balaya rapidement, décidant qu’elle pouvait bien faire confiance à ce lointain cousin impressionnant, mais manifestement éloigné de toute agressivité.
« Je fais partie de la garde Zéphyr, qui veille sur notre forêt et ceux qui la peuplent. Disons que je reviens d’une mission diplomatique, même si ça fait terriblement pompeux, dit comme ça, »
rit-elle dans une manifeste volonté de ne pas prendre cela trop au sérieux.

« Vous connaissez le peuple des djöllfulins ? Ils vivent sur les pentes du volcan, et j’ai été les aborder en compagnie d’une collègue qui est des leurs, pour… leur présenter notre faction, connaître leur sentiment envers elle. Leur culture est très particulière, c’était tout à fait intéressant de la découvrir. Ils ont des cornes comme vous et moi, mais là s’arrête la comparaison. »
Elle dut se forcer à s’arrêter là, ne sachant si Doebroksh serait intéressé pour en apprendre davantage. Pour sa part, elle avait découvert qu’elle adorait ce genre d’échange, et les diables nordiques l’avaient si bien reçue, qu’elle pourrait parler d’eux encore longuement.

- Nous ne gardons pas trace de notre histoire, expliqua Nyssa en inclinant la tête de côté d'une mine contrite.

Croisant les bras, elle croisa également les jambes en posant sa cheville sur son autre genou. Le tout en flottant dans les airs grâce à son battement d’ailes. Se faisant sa légère robe diaphane ondulait derrière elle, pendant dans le vide.

- Cela fait plus de dix printemps que je n'ai vu d'autre fée - du nord j'entends. Je me demande si Varis, Rinn ou Ara ont déjà entendu parler de chez vous…

Son regard se fit vague comme elle devenait pensive, flottant de côté sans s'en rendre compte ni quitter sa curieuse posture.

- Vulkar, garde Zéphyr, Döjllufins... répéta le minotaure à mi-voix en s'efforçant de n’omettre aucun détail. J'ai entendu parler d'un peuple vivant sur le flanc du volcan. Ils vivent en autarcie. Mais je n'ai jamais poussé jusque-là. L'air est empoisonné quand on s'approche de cette montagne.

Ce détail tira Nyssa de ses réflexions comme lui grimaçait en évoquant le Vulkar. Elle se rapprocha de l'hybride en espérant plus d'information au sujet du volcan dont elle ignorait tout. Mais lui reprit :

- Qu'ils aient des cornes n'est pas si original. Certains orques et même stryges peuvent en avoir. Qu'ils arrivent à survivre à cet endroit en revanche m'étonne. Enfin. Pourquoi pas.

Il plongea son regard dans celui d'Arhiann en poursuivant doucement :

- La garde Zéphyr donc. Protéger la forêt sylvaine est une noble tâche. Beaucoup des races dites civilisées, il eut un renâclement en prononçant ce mot, méprisent cette tâche. Elles oublient que c'est la forêt qui leur apporte le bois de leurs habitations et leur chauffage. Où vit le gibier qui remplit leurs assiettes. Autrefois, nous y vivions également...

Il marqua un temps d'arrêt, hésitant.

- Nous sommes à l'aise en plaine comme en forêt, répondit-il à sa première question avant d'aborder un sujet qu'elle avait évoqué et, ce faisant, avait posé le doigt sur un point plus sensible qu'elle l'imaginait sûrement. Comme vous parlez des centaures, leur présence à Sylaën est une énigme pour moi.

Il leva brusquement les mains en signe d'incompréhension.

- Je veux dire, ils passent leur temps à courir. C'est dans leur nature. Or comment arrivent-ils à cavaler dans les bois ? Ils sont plus à l'aise dans les plaines ! Et ils en sont conscients…

"Têtes de bûches" murmura-t-il du bout des lèvres en soupirant. Après quelques instants, il se tourna de nouveau vers la faune en réalisant qu'il s'égarait dans un sujet qui n'avait rien à voir avec leur rencontre.  Les rancœurs transmises de générations en générations avaient la vie dure...

- Vous avez de la famille à l'est ? Reprit-il plus calmement en revenant sur leur discussion. Savez-vous vers quelle forêt ?

Intérieurement, il devinait qu'il s'agissait d'une autre forêt que la Perracie. Celle-ci ne correspondait pas vraiment à une créature aussi aimable qu'Arhiann…

- C'est quoi un volcan ? Interrogea Nyssa en venant voleter près de la faune. Il y a des fées en plus des Djöllfulins là-bas ?
- Une montagne qui crache du feu et du poison, lui lança Doebroksh avec un rapide regard avant de revenir à Arhiann.

Il avait noté la prononciation différente de la sienne. Et probablement correcte. Si elle était capable de prononcer ce mot après l'avoir entendu une fois seulement, lui aussi le serait. Djöllfulin. Döjllfulin. Döjllufin. Djöll… Peste soit de ces noms impossible à prononcer, jura-t-il mentalement.

La fée ne connaissait pas les origines de leur diaspora, ce qui s’expliqua ensuite : elles semblaient avoir peu de contacts communautaires, contrairement aux faunes comme Arhiann, chez qui la transmission des légendes d’une génération à la suivante constituait un élément important de la vie. C’était à se demander comment les petites créatures ailées assuraient la perpétuation de leur espèce. D’ailleurs, existait-il des fées au masculin ? Rien n’était moins sûr. S’il y en avait, elles devaient être très rares, ou très discrètes, ou encore bien différentes de leurs homologues féminines… à moins que la naissance d’une fée ne requière des conditions totalement différentes de celles plus couramment rencontrées. Savait-on jamais ce que la magie pouvait inventer… Mais l’ensorceleuse n’allait pas poser la question à Nyssa.

« C’est bien eux, »
confirma-t-elle plutôt au sujet des djöllfulins, avant de compléter les réflexions du minotaure sur leur environnement :
« Ils viennent d’un pays chaud, je suppose que c’est pour cette raison que les pentes du volcan leur conviennent. Et je ne sais pas comment ils ont fait, mais l’atmosphère est parfaitement saine dans leur village. Sans doute ont-ils choisi leur emplacement avec soin, loin des mauvaises émanations. Et peut-être même qu’ils ont d’autres manières de se protéger. En tout cas, leur village est un vrai havre de paix et de sérénité. »
Son séjour parmi les « démons nordiques » lui avait vraiment bien plu, dommage que leur enclave soit si éloignée de la forêt, ou elle aurait prévu d’y refaire de fréquentes visites. Enfin, seule Magnésie savait où l’amèneraient ses sabots dans les lunes à venir, et il était certain que si elle avait à se rendre du côté de Kastalinn, elle referait volontiers le détour.

Doebroksh en savait davantage qu’elle sur les autres créatures pensantes à cornes qui peuplaient Dùralas. Un haussement de sourcils marqua l’étonnement de la blonde, qui minauda en effleurant de la main l’une de ses spirales de bélier :
« Vraiment ? Je l'ignorais. Quelle déception, moi qui nous pensait uniques en notre genre ! »
Un petit rire vint confirmer qu’elle n’était pas sérieuse. Pourtant, ces appendices de kératine revêtaient bien, dans sa communauté, un fort pouvoir symbolique. Aussi, découvrir qu’elle les partageait avec encore plus d’autres races était étrange même si, d’après les dires du minotaure, les hybrides restaient, avec les djöllfulins, les seuls à en arborer systématiquement.

Son visage s’éclaira d’un sourire de fierté alors qu’était évoquée la faction à laquelle elle avait choisi de se consacrer. Elle opina, entièrement d’accord avec les propos de ce lointain cousin, et satisfaite de constater que malgré son apparence plus bestiale, le semi-bovin restait conscient de ce que tous devaient à la sylve.
« Nous avons la chance, en Sylfaën, de posséder justement ces patrouilles de surveillance. Les elfes y tiennent beaucoup, eux aussi. Mais il y a toujours quelques imbéciles qui s’imaginent qu’ils pourront réussir à passer outre pour monter je ne sais quel trafic… Au moins, ça nous permet de rester toujours en éveil, et de vérifier que l’équilibre de nos bois ne bascule pas. C’est si délicat… »
Les zéphyriens n’étaient pas toujours assez vigilants, pourtant, comme en témoignait le bosquet maléfique habité par le démon Zutyn, qu’ils n’avaient toujours pas réussi à déloger. Parfois, ils devaient seulement se contenter de contenir la corruption, malheureusement.

Revenant à son interlocuteur, Arhiann eut un nouveau haussement de sourcils étonné, à sa manière d’évoquer les centaures.
« Notre forêt est truffée de routes et autres sentiers, vous savez. Courir dans un petit chemin, entre deux murailles d’arbres ou de buissons, n’est pas désagréable, »
glissa-t-elle avec malice.
« Mais je vous avoue que je n’ai jamais réfléchi à ça. J’imagine que s’ils se sentaient vraiment mal sous la canopée, ils n’y seraient pas restés… Pour ce qui me concerne, j’ai vraiment eu du mal, au début, à m’habituer à ce genre de terrain sans protection. Question d’habitude, sans doute. »
termina la faune après avoir désigné d’un large signe de la main l’étendue plate de la toundra, à peine troublée par les pointillés de buissons rachitiques, qui s’étendait derrière eux.

Elle ouvrait la bouche pour répondre à la dernière interrogation de Doebroksh, quand la fée les interrompit de nouveau. Plus amusée qu’irritée, la faune hocha la tête pour confirmer les explications de son congénère, avant d’ajouter :
« Je n’en ai vu aucune là-bas, non. Les djöllfulins ont amené avec eux certaines formes de vie de leur pays perdu, mais je n’ai pas remarqué de petite fée à la peau rouge. »
L’image était amusante, une minuscule ailée à la semblance des diables cornus, et elle en oublia qu’elle avait négligé la question de son grand cousin.

- Des fées à la peau rouge ? s'écria la fée en ouvrant de grand yeux. Ç’aurait été amusant ça !

Doebroksh lui garda le silence, réfléchissant à la présence de Döjlufins - ou quelque soit leur nom - à la fois si proches et si éloignées sur les pentes du volcan. Il serait pertinent de s'y rendre, peut-être les marchandises produites par les minotaures des plaines pourraient les intéresser.

- Il faudra que je me rende à l'Ouest un jour, déclara le minotaure après un moment en revenant au développement de la faune sur les centaures. Que je découvre les sous-bois foulés par nos premiers-nés. Deux frères de ma tribu sont revenus de Sylfaën il y a peu. Ce ne sont pas des gardes Zéphyriens. Il s'agissait d'un voyage initiatique et il m'en ont…

Ses mots se perdirent dans un baragouin indistinct comme le vent venait de tourner dans son dos. Il plissa le regard en observant Arhiann, sans la voir. Levant le museau, il huma l'air plus intensément en quête de la fragrance qu'il venait de capter. Il se leva lentement et tourna le dos au feu de camp, sondant l'obscurité du regard. En vain : il était incapable de percer les ténèbres.

- Doe ? Interrogea Nyssa en voletant près de son épaule. Il y a un problème ?

"De la poussière… du musc… souffre… huile de colza, ainsi que la délicate nuance du cuir travaillé…"

Il écarquilla brusquement le regard.

"De la cendre, masquant presque l'odeur du métal."

- A terre ! s'écria-t-il en faisant volte-face.

Attrapant Nyssa d'une main, il l'emporta avec lui dans un glapissement de surprise de l'intéressée. Le rôdeur plongea par-dessus les flammes et projeta des mottes de terres dans toutes direction. Il roula à la droite de la faune tandis que plusieurs flèches sifflaient soudain au-dessus d'eux.

Grimaçant en relâchant la fée, il se redressa sur les coudes en sondant les ténèbres du regard, de l'autre côté des flammes. Entre les tireurs et leur source de lumière, sa silhouette était une cible facile. Mais pas de ce côté du feu. Cependant, c'était aussi vrai pour leurs agresseurs. De plus, leurs armes étaient enduites de cendres afin de ne pas refléter d'éclat de lumière qui aurait trahit leur présence.

Coulant un regard à Arhiann, Doebroksh lorgna ensuite sa lance, son arc et son carquois. Ses armes se trouvaient adossées à la souche sur laquelle il était jusque là assis. En deux pas il pourrait s'en emparer et alors, seulement, riposter.

Le minotaure était en train de lui parler des relations entre sa communauté et les forêts occidentales, quand il s’interrompit, visiblement préoccupé par quelque chose. Ses réflexes de Zéphyrienne maintenant bien ancrés, la faune tourna lentement la tête pour suivre son regard, tout en déployant ses sens magiques dans la même direction. Une présence… non, plusieurs, même. D’un type qu’il ne lui semblait pas connaître, mais elle n’eut pas non plus le temps de s’y attarder : déjà, son impressionnant cousin joignait le geste à la parole en se jetant au sol, et Arhiann l’imita avec davantage de souplesse, prenant soin de ne pas abîmer son vêtement – l'influence elfique, sans doute.

Quelques flèches vinrent donner les intentions de leurs invisibles visiteurs. Invisible aussi, dans l’obscurité, et protégée par sa carapace, la calebasse se mit subrepticement en mouvement, en direction des tireurs. La faune, elle, reçut bien le regard de Doebroksh, dont les armes étaient restées auprès du siège improvisé qu’il venait de quitter. Comprenant qu’il attendait une diversion de sa part, et pas certaine que son familier en offrirait une de correcte – le légume restait bien souvent imprévisible – elle lui adressa un lent signe de tête.


Elle-même avait pu accrocher son paquetage seulement déposé à ses sabots en arrivant auprès du foyer du duo, juste avant de plonger. Elle s’en servait d’ailleurs comme un léger rempart face à ce qui les guettait, là dans la semi-obscurité. Lentement, elle posa les mains sur son bâton d’éther toujours accroché au baluchon. Elle n’avait pas besoin de le brandir pour en utiliser la puissance, certes cela lui demanderait un peu plus de concentration, car dresser sa tête de bois vers l’éther l’aidait à faire la connexion, mais elle pourrait y arriver sans cela. Les paupières mi-closes, elle resta donc immobile alors que deux nouvelles flèches fendaient l’air avec un bruit caractéristique…

Le chuintement se mua brusquement en un soupir piteux. Les empennages venait de se détacher, atteints par la magie du vide de l’ensorceleuse, et déséquilibrant ainsi les projectiles qui furent déviés de leurs cibles initiales. Leurs ennemis durent comprendre que cette tactique ne fonctionnait pas, et émergèrent de l’ombre presque aussitôt, prenant les hybrides de court. Arhiann eut le temps de compter plus ou moins une demi-douzaine de personnages bipèdes, tous couverts de fourrure, arborant de longues oreilles dressées, et à peu près moitié moins hauts qu'elle. Ce qui ne gâchait en rien leur vivacité, comme elle en fit les frais aussitôt.

Les lapins attaquent en premier.

Vitesse cumulée des joueurs : 1112
Malus de terrain : vitalité -20% (Kanaan) {appliqué}

Doebroksh : 884 (1105 sans malus)
Vitesse : 535
Dégâts : 670
Capacités spéciales : Amulette nordique : A chaque attaque subie, le possesseur renvoie 10% des dégâts reçus

Arhiann : 1604 (2005 sans malus)
Vitesse : 577
Dégâts : 1076
Capacités spéciales : Ensorceleuse : Bloque une capacité spéciale par adversaire



Vitesse cumulée des lapins : 1700

Archer rabclaw A : 250
Vitesse : 350
Dégâts : 200
Butin : 1 lien incassable

Archer rabclaw B : 250
Vitesse : 350
Dégâts : 200
Butin : 1 lien incassable

Eclaireur rabclaw A : 195
Vitesse : 250
Dégâts : 150
Butin : 1 minerai d'adamantium

Eclaireur rabclaw B : 195
Vitesse : 250
Dégâts : 150
Butin : 1 minerai d'adamantium

Eclaireur rabclaw C : 195
Vitesse : 250
Dégâts : 150
Butin : 1 minerai d'adamantium

Eclaireur rabclaw D : 195
Vitesse : 250
Dégâts : 150
Butin : 1 minerai d'adamantium

Archers raclaws A et B attaquent à 400 (200x2) sur Arhiann.
Éclaireur rabclaw A attaque à 150 sur Arhiann.

Éclaireurs rabclaws B, C, D attaquent à 405 (135x3) sur Doebroksh et subissent 15 de dégâts chacun.

Doebroksh n'était pas sûr d'identifier leurs agresseurs. Son flair lui avait permit de percevoir leur approche avant qu'il ne soit trop tard, mais pas de percer leur nature. Leur odeur, lui rappelant celle des mammifères cornus des plaines, lui était inconnue. Mais cela importait peu. Leur assaut furtif était éventé et, maintenant que l'effet de surprise s'était dissipé, le rôdeur avait la ferme intention de ne pas se laisser  chahuter sans rien faire.

Après un bref regard à la faune, ignorant si celle-ci était capable de se batte ou dotée de quelques pouvoirs, il revint à ses armes à moins d'un mètre de là. Il n'avait pas besoin de savoir dresser un complexe plan de bataille pour saisir la marche à suivre idéale. Au vu de sa carrure il faisait une cible facile, mais rester immobile en attendant d'être transformé en hérisson ne lui traversait même pas l'esprit. Ces choses souhaitaient se battre ? Qu'à cela ne tienne.

Tête baissée et cornes en avant, le minotaure chargea brusquement les ténèbres en beuglant de rage. Enjambant la souche, il happa ce qu'il put au passage et poursuivit sur sa lancée. Un impact au bas de son épaule droite le fit un instant vaciller, la flèche pratiquement logée dans sa poitrine. Cela ne l'empêcha pourtant pas d'arquer le dos en armant son jet. Sa lance fusa à travers la nuit avec la puissance d'un énorme harpon. Alors qu'un second trait venait se ficher dans le haut de sa cuisse, il entendit plus qu'il ne vit l'impact sourd de sa cible écharpée par la pointe cristallisée. Malgré la douleur lancinante, il poursuivit sa course droit devant, les doigts de son autre main fermement resserrés sur le manche de sa hache.

Spoiler:

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'Attaque - Hybride' :

Les flèches déviées par l'ensorceleuse se plantèrent dans le sol, mais d'autres les suivirent aussitôt, qu'elle n'eut pas le temps de traiter de la même manière. Alors qu'elle se relevait pour passer à l'assaut, imitant son congénère, l'une d'elles lui frôla si bien le genou, qu'elle y laissa une traînée carmin. Et encore, la laine l'avait heureusement ralentie... Elle n'avait pas le temps de réfléchir plus longuement à une éventuelle stratégie, car l'un de ces lapinoïdes s'en prenait directement à elle en lançant une patte munie de griffes acérées dans sa direction, ajoutant de nouvelles marques rouges auprès de la première.

Tout en s'efforçant de bloquer les serres du rongeur qui lui faisait face avec l'un de ses tonfas, rapidement dégainé depuis sa ceinture, elle garda l'autre main posée sur son bâton encore fixé au baluchon, et invoqua de nouveau les énergies du vide. Doebroksh s'était attaqué à l'un des archers, et elle le rejoignait bien sur l'urgence de neutraliser ces tireurs à distance. Sa calebasse, elle aussi, semblait avoir compris cela, et tentait de mordre celui qui restait. Plutôt que de se déplacer, Arhiann, aux prises qu'elle était avec son griffu, tenta donc pour la première fois de diriger sa magie vers un adversaire plus lointain.

Son lien avec la calebasse aidant, elle parvint à transférer l'énergie de néant depuis la tête de son arme de bois, vers la silhouette longiligne ponctuée d'un carquois encore bien garni. Un mince sourire de satisfaction se dessina sur les lèvres de l'ensorceleuse, quand la créature s'effondra, l'éther toujours avide ayant aspiré sa vie. Et tandis qu'elle en revenait à son opposant direct, le légume de la Convergence, lui, filait ennuyer le groupe de lapins qui avait décidé de s'en prendre au minotaure, sautant dans leurs pattes pour les gêner, dans une danse qui aurait pu sembler comique en d'autres circonstances.

[Arhiann attaque l'autre archer]

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'Attaque - Hybride' :

Les hybrides ont repris l'initiative et attaquent en premier.

Vitesse cumulée des joueurs : 1112
Malus de terrain : vitalité -20% (Kanaan) {appliqué}

Doebroksh : 584 (1105 sans malus)
Vitesse : 535
Dégâts : 670
Capacités spéciales : Amulette nordique : A chaque attaque subie, le possesseur renvoie 10% des dégâts reçus

Arhiann : 1604 (2005 sans malus)
Vitesse : 577
Dégâts : 1076
Capacités spéciales : Ensorceleuse : Bloque une capacité spéciale par adversaire



Vitesse cumulée des lapins : 1000


Butin : 1 lien incassable


Butin : 1 lien incassable

Eclaireur rabclaw A : 180
Vitesse : 250
Dégâts : 150
Butin : 1 minerai d'adamantium

Eclaireur rabclaw B : 180
Vitesse : 250
Dégâts : 150
Butin : 1 minerai d'adamantium

Eclaireur rabclaw C : 195
Vitesse : 250
Dégâts : 150
Butin : 1 minerai d'adamantium

Eclaireur rabclaw D : 195
Vitesse : 250
Dégâts : 150
Butin : 1 minerai d'adamantium

Trois des agresseurs aux longues oreilles c'étaient immobilisés à quelques pas du minotaure. Et pour cause, l'étonnant légume de sa camarade satyre les avait empêtré dans ses racines insidieuses ! Révélant des griffes acérées, ils s'évertuaient à trancher ces liens en vociférant. Jusqu'à ce qu'une silhouette ne se dresse entre eux et le feu de camp, les plongeant tout les trois dans l'ombre.

Grondant de colère et deux traits fichés dans sa chair, l'hybride mesurait au bas mot trois fois la taille des éclaireurs. Aussi s'empressèrent-t-ils de déguerpir lorsqu'il leva le sabot au-dessus d'eux. Mais l'un des lapins s'effondra lamentablement, la patte prise dans un nœud de la calebasse ! Il poussa un cri pitoyable avant d'être coupé net lorsque Doebroksh lui écrasa le torse avec une série de craquements sinistres. La cuirasse plia sous son poids comme du papier...

Se détournant de cet ennemi clairement hors-course, il pu voir que la lance gisait au sol à quelques mètres, dépassant d'une bonne trentaine de centimètre d'une autre de ces créatures. Sans prendre la peine de retirer les flèches lui mordant le cuir, il se tourna vers les deux individus lui ayant échappé. Ce n'est qu'alors qu'il réalisa qu'Arhiann était au prise avec un autre lapin, luttant tonfas contre griffes.

Spoiler:

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'Attaque - Hybride' :

Maintenant qu'ils s'étaient débarrassés des archers, la faune se sentait un rien plus sereine. D'ailleurs, les créatures restantes semblaient déboussolées par la vigueur de la résistance opposée par les hybrides et la perte de leurs tireurs à distance, sur lesquels ils avaient sans doute compté pour s'assurer une victoire facile. Ils apprendraient à se méfier des enfants de Magnésie ! L'un comme l'autre profitèrent du moment de flottement sans tarder, Arhiann concentrant ses efforts immédiats, pour sa part, sur celui qui était venu s'opposer frontalement à elle. Maintenant qu'elle pouvait se concentrer sur cette seule tâche, il lui était plus facile de contrer ces griffes d'une dureté peu commune, en utilisant le bois luisant de son tonfa à l'extrémité perlée.

Pour autant, le rongeur n'avait pas tardé à retrouver ses moyens, et malgré sa petite taille, il restait un adversaire à prendre en considération. Ses attaques s'enchaînaient à une vitesse telle, que l'ensorceleuse ne parvenait pas à placer la moindre offensive, et devait se contenter de maintenir sa garde. Même cela ne durerait pas éternellement, et elle allait devoir trouver une autre stratégie si elle voulait éviter de passer pour un fardeau auprès de son cousin. Celui-ci avait été touché par les traits des archers, mais ces blessures ne l'empêchaient pas d'aller au corps à corps, et avec plus d'efficacité qu'elle, puisqu'il s'était débarrassé d'un nouvel ennemi. Plus que trois... Et la calebasse continuait à se projeter dans les pattes des candidats à la fuite, les empêchant ainsi d'échapper au courroux du minotaure : elle avait certainement jugé qu'Arhiann saurait se dépêtrer seule de sa situation.

[vise l'éclaireur qui l'a attaquée]

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'Attaque - Hybride' :

Eclaireur Rabclaw B & C attaquent à 150 sur Arhiann.
Eclaireur Rabclaw D attaque à 135 (-15) sur Doebroksh.



Les hybrides ont repris l'initiative et attaquent en premier.

Vitesse cumulée des joueurs : 1112
Malus de terrain : vitalité -20% (Kanaan) {appliqué}

Doebroksh : 599 (1105 sans malus)
Vitesse : 385
Dégâts : 670
Capacités spéciales : Amulette nordique : A chaque attaque subie, le possesseur renvoie 10% des dégâts reçus

Arhiann : 1304 (2005 sans malus)
Vitesse : 577
Dégâts : 1076
Capacités spéciales : Ensorceleuse : Bloque une capacité spéciale par adversaire



Vitesse cumulée des lapins : 750


Butin : 1 lien incassable


Butin : 1 lien incassable


Butin : 1 minerai d'adamantium

Eclaireur rabclaw B : 180
Vitesse : 250
Dégâts : 150
Butin : 1 minerai d'adamantium

Eclaireur rabclaw C : 195
Vitesse : 250
Dégâts : 150
Butin : 1 minerai d'adamantium

Eclaireur rabclaw D : 180
Vitesse : 250
Dégâts : 150
Butin : 1 minerai d'adamantium

Les deux individus lui ayant échappé plus tôt se séparèrent après un échange rapide dont le sens échappa à l'hybride. L'un se précipita vers la faune et l'autre détala dans les ténèbres d'où ils avaient attaqués. Le minotaure hésita à venir en aide à Arhiann, déjà aux prises avec l'un de ces lapins aux griffes acérées. Cependant, lorsqu'il remarqua une grêle de projectiles fuser à travers la nuit et le curieux légume ramper vers le feu de camp, il devina que son aide ne serait pas vraiment nécessaire.

Sans attendre un instant de plus, Doebroksh se tourna vers le fuyard presque sorti de son champ de vision. D'une frappe puissante, le minotaure projeta sa hache dans la nuit. Celle-ci tournoya quelques seconde avant d'atteindre sa cible avec un bruit mat appuyé d'un cri de surprise aigu.

D'un pas lourd, l'hybride marcha jusqu'au blessé. Le manche de son arme dépassait de l'herbe, profondément plantée dans son épaule. L’omoplate et la clavicule avaient tout deux été tranchés par la lame tandis que sa cuirasse avait offert autant de protection qu'une feuille de papier. Mi-geignant mi-toussant, le blessé saignait par la bouche et la truffe en plus de sa plaie mortelle. Il n'en avait plus pour longtemps. Avec une grimace, le rôdeur saisi son arme et revint sur ses pas, traînant au sol l'homme-lièvre sans la dégager du corps mutilé. Le malheureux hurla d'agonie en rebondissant sur quelques mètres avant de perdre connaissance. Mais Doebroksh n'en avait cure, qu'il meure maintenant ou dans une heure n'avait pas d'importance, il n'aurait pas été en état de leur expliquer la raison de cette agression.

Renâclant, il remarqua que ses deux derniers camarades s'acharnaient encore sur son amie. L'hybride pressa le pas en continuant de traîner le corps inerte derrière lui.

Spoiler: