[Ce rp est la suite directe de celui-ci]

L'aventure de Cylicia et Baldwin à Wystéria avait commencé de façon plutôt animée, traversant les sables de Lonnes afin de rendre hommage à feu l'Apôtre du Sacrifice, Harpinis, maître de la Chapelaine. Plusieurs adversaires leur avaient barré la route, mais avaient été promptement défaits par le duo à l'efficacité mainte fois prouvée. La dernière était une arlequine en détresse, dérangée mentalement par un mal que lui aurait fait des stryges, expliquant pourquoi elle les avait agressé sans pitié. Ils avaient comme projet de la conduire à Guillaëd, afin de la confier à l'hôpital sur place, dans l'espoir que les guérisseurs pourront lui apporter leur aide. Elle était donc, en attendant, solidement attachée à la selle d'Athear, bâillonnée pour l'empêcher de s'arracher constamment les poumons en insultes. En vérité, leurs épreuves ne faisaient que commencer, ce qui les attendait dorénavant était bien plus redoutable.

La Mazonie... Voilà la zone qu'ils traversaient désormais, réputée comme étant la plus dangereuse connue de Dùralas. L'ambiance et l'atmosphère étaient totalement différentes de la plage, bien plus lourdes, oppressantes. Cette jungle tropicale, atteignant une densité et une croissance remarquable, n'était en rien comparable à la forêt Sylfaën. Il y faisait une grande chaleur, accompagnée d'une forte humidité, mais quasiment sans un brin d'air, tant la végétation faisait office de mur face au vent. Ce climat était, de ce fait, étouffant pour les voyageurs, éprouvant leur résistance et leurs nerfs. Désormais habitué à la brûlure du soleil désertique, le maître d'armes arrivait à supporter cette température, bien que les autres détails restaient incommodants. En revanche, il était content de ne pas avoir à se soucier des moustiques pullulants dans cet endroit, grâce à la prévention de son amie.

Ce n'étaient toutefois pas les seules conditions présentes. En effet, l'omniprésence de troncs, de feuillages, de lianes, de plantes grimpantes, de racines, et il en passait, rendait leur progression extrêmement lente et laborieuse, et leur visibilité quasiment nulle, ce qui inquiétait le plus le Capitaine. Il avançait aux côtés de sa sœur d'armes, leur faisant office de guide par la même occasion, épée en main afin de se frayer un passage et de pouvoir se défendre promptement si le pire arrivait. Ce n'était pas sa seule utilité, car l'aura orangée couvrant la lame grâce à son insigne pouvait se confondre avec des flammes, bien qu'elles n'émettaient aucune chaleur, et ainsi potentiellement dissuader des bêtes d'attaquer. Bêtes dont ils n'arrêtaient pas d'entendre les cris et les grognements résonner entre les cimes des arbres, accompagnés d'autres provenant de créatures non identifiées. Ils semblaient être partout et nul part à la fois, à côté de leur groupe comme à l'autre bout de l'île, et ajoutait énormément à la pression qu'ils ressentaient.

Baldwin comprenait tout à fait maintenant la réputation qu'avait Wystéria. Ici, tout était dangereux voir mortel, et pouvait prendre n'importe quelle forme ou apparence, du simple insecte à un énorme troll camouflé. La menace pouvait même provenir du sol ou du ciel... Autant dire que l'heure n'était plus vraiment à la gentille plaisanterie, mais à la concentration extrême, encore pire que lorsque le stryge était parti espionner les Skarniens sur leur territoire en compagnie de Dougal Keane. Surtout qu'il avait toujours cette désagréable impression d'être constamment observé, pris en chasse. Était-ce un état provoqué normalement par tout ce qu'ils ressentaient, ou bien était-ce vraiment le cas ? Athear était elle aussi nerveuse, ça se voyait, et il pouvait faire confiance à son instinct. Des craquements, des bruissements de feuilles, de simples petits animaux qui se promenaient ou s'enfuyaient à leur approche, sautant de branche en branche ou courant à travers les obstacles du sol...

Malgré tout cela, la curiosité du Purificateur était toujours présente, et il ne pouvait s'empêcher d'observer tout ce qui se présentait à lui, toutes ces découvertes qu'il faisait, qu'il n'avait que lu dans les livres et imaginé jusqu'à maintenant. Cela compensait légèrement son état d'alerte, et rendait son trajet plus agréable. Dire que son père avait peut-être parcouru le même chemin que lui, avait peut-être eu les mêmes impressions... Il trancha net plusieurs lianes leur bloquant le passage, et le groupe déboula dans une sorte de clairière, si l'on pouvait appeler cela comme ça dans cette jungle. Par réflexe, il plaça sa main gauche devant les yeux pour se protéger du soleil, qu'ils revoyaient soudainement, libre de les atteindre. Un léger cours d'eau claire et pure coulait paisiblement au milieu de cette ouverture, qui ne semblait finalement pas tellement naturel. Vu les bestioles qui vivaient dans la Mazonie, ce n'était pas surprenant, mais ils pouvaient discerner des troncs et des souches brisés çà et là, désormais majoritairement recouvert de mousses et de champignons. Des témoins d'un ancien affrontement violent, voir juste de la colère d'une créature ? Tout de même, le tableau s'offrant à eux ne manquait pas d'un certain charme.

« Un peu de répit dans cette végétation ! »

Le Gardien se détendit légèrement en observant méticuleusement les alentours. Il s'approcha doucement de l'eau, rien ne semblait bouger, ou vouloir les attaquer. Le calme bienvenu, comme s'ils étaient dans l’œil d'un cyclone. Il ne savait pas combien de temps exactement ils avaient déjà passé dans cette forêt, mais au vu du soleil, déjà probablement plusieurs heures. Encore quelques-unes, et le soir tomberait sur eux...

« Sais-tu à combien de temps nous sommes de Guillaëd, Cylicia ? Je proposerais bien une petite pause ici pour nous ressourcer avant de reprendre la route, mais j'ai peur que l'on n'ait pas le temps. Ou, qu'à l'inverse, il vaille mieux monter un camp ici, si le trajet est encore trop long... »

Il pointa l'astre à son amie pour accompagner ses paroles. Cela semblait une très mauvaise idée de parcourir la jungle de nuit, déjà que de jour, ils avaient une faible visibilité... Sans compter tous les êtres vivants qui s'activaient et se mettaient à chasser à ce moment. Tout allait dépendre de la réponse de Cylicia.

La Mazonie n'avait pas été beaucoup plus accueillante que la dernière fois où Cylicia y avait mit les pieds, mais au moins elle et Baldwin n'avaient pas subit d'attaque pour l'instant. Et, lorsqu'ils arrivèrent sur cette étrange clairière dont la Chapelaine n'avait aucun souvenir, l'apaisement de Baldwin faisait place à l'inquiétude pour Cylicia.

- Un peu de répit dans cette végétation !

- C'est étrange, je ne me souviens pas de cet endroit...

Mais, à l'instar des pensées de son ami, Cylicia s'imaginait qu'un quelconque événement avait créer ce lieux de paix. Evénement sans doutes moins paisible que le lieux en lui-même.

- Sais-tu à combien de temps nous sommes de Guillaëd, Cylicia ? Je proposerais bien une petite pause ici pour nous ressourcer avant de reprendre la route, mais j'ai peur que l'on n'ait pas le temps. Ou, qu'à l'inverse, il vaille mieux monter un camp ici, si le trajet est encore trop long...

Se reposer dans la Mazonie était chose impossible, voir suicidaire, mais cette espace ouvert allait peut-être leur en offrir l'occasion. C'est au dessus d'un arbre qu'elle avait passer sa dernière nuit dans cette jungle, attendant patiemment le jour où les prédateurs nocturnes auraient fini leur traque.

- Le soleil se couche bientôt, avancer de nuit est beaucoup trop dangereux si tu veux mon avis. Je pensais que nous aurions à passer la nuit dans les hauteurs de la végétation, mais cet endroit semble en effet tout indiqué! Reprenons donc un peu de forces et nous atteindrons Guillaëd demain.

Nos aventuriers avancèrent donc vers le centre de cette clairière, là où ils auraient une vue dégagée sur ce qui pourrait leur tomber dessus. Là, Cylicia déposa son sac de voyage avant d'aider Baldwin à faire descendre leur prisonnière du dos d'Athear pour le bien et le confort de ces deux derniers.

- Je vais allez chercher du bois et en profiter pour voir si il n'y'a pas quelque chose de comestible dans le coin. Je n'ai que de la viande séchée avec moi, j'arrive tout de suite!

La Chapelaine revint une quinzaine de minutes plus tard, sans jamais s'être éloignée au point que Baldwin ne puisse au moins l'apercevoir. Les bras chargés de bois, elle avait également découvert son voile pour le remplir de champignons et de fruits. La récolte fut maigre, mais allait être suffisante au vue de ce que nos aventuriers avaient déjà sur eux.

- Tu ne trouves pas que cet endroit est bizarre? Que s'est-il passé ici à ton avis? Demanda-t-elle à Baldwin tout en l'aidant à préparer le feu.




Un peu plus loin dans la jungle, un être mauvais observait le petit groupe de loin. Il attendait le bon moment pour s'en prendre à eux. Pourquoi s'en prendre à eux? Cette homme n'avait aucune raison pour cela, il n'en avait pas besoin. Une colère obscure rongeait son coeur depuis si longtemps maintenant, qu'il en avait oublier la raison. Regardant ces intrus méprisables qui avaient fait l'erreur d'entrer sur son territoire, quelque chose tout de même perturbait la rage en lui. Cette prisonnière qui, pour des raisons obscures, ne lui procurait aucune envie de meurtre. Chose étrange pour un tel personnage, mais qui ne l'empêcherait pas de passer à l'action une fois le moment venue.


Un peu plus loin, sous la jungle, un être démoniaque se reposait à l'insu de nos aventuriers. Loin d'être agressif malgré ses sombres origines, il s'était enterré là dans l'espoir d'avoir la paix dans la Mazonie, un triste endroit pour un paresseux. Voilà près d'un an maintenant qu'il avait commencé sa sieste séculaire bien méritée. L'endroit était parfait et rien ne semblait pouvoir perturbé son repos. Rien, ou presque.

La réflexion que fit Cylicia à la découverte de cette clairière artificielle conforta l'idée première que c'était fait Baldwin. Au final, il devait même certainement avoir d'autre espaces ainsi disséminés dans toute la Mazonie, théâtre d'une grande violence, mais apportant plus de tranquillité aux voyageurs traversant cette zone hostile. Une chance pour l'équipe Purificatrice, car sinon, ils auraient certainement dû se réfugier au sommet des arbres, si cela suffisait pour les mettre à l'abri, d'ailleurs.

- Le soleil se couche bientôt, avancer de nuit est beaucoup trop dangereux si tu veux mon avis. Je pensais que nous aurions à passer la nuit dans les hauteurs de la végétation, mais cet endroit semble en effet tout indiqué! Reprenons donc un peu de forces et nous atteindrons Guillaëd demain.

- C'est exactement le mien également, faisons donc comme cela et profitons de ce cadeau qui nous est présenté.

Le meilleur emplacement pour leur campement provisoire était bien évidemment en plein centre de cette zone, là où ils avaient le plus de chance de repérer toute créature ou humanoïde souhaitant s'en prendre à eux. Ainsi, ils commencèrent à déposer leurs affaires près d'une souche brisée, tandis que le Capitaine entrepris tant bien que mal de faire descendre leur prisonnière, qui ne se laissait bien évidemment pas faire, sans vouloir la blesser. Heureusement que Cylicia et Athear lui vinrent en renfort, ils purent ainsi la placer sur un tronc renversé faisant parfaitement office de siège de fortune. Elle ne semblait étrangement pas vouloir chercher à s'enfuir malgré son comportement hostile, mais mieux valait la garder à l’œil. Il caressa affectueusement la tête de son hippogriffe qui vint le pousser avec son énergie habituelle.

« Ahah, merci à toi, mon amie. Je compte sur toi pour continuer à la surveiller.

- Je vais allez chercher du bois et en profiter pour voir si il n'y'a pas quelque chose de comestible dans le coin. Je n'ai que de la viande séchée avec moi, j'arrive tout de suite!

- C'est d'accord, je vais m'occuper de préparer le terrain en attendant, dans ce cas ! »

Sans tarder, il vérifia en premier lieu si l'eau qui passait juste à côté était potable, ce qui, bien avantageusement pour eux, était le cas. En l'absence de montagnes et de glaciers sur l'île, ce petit ruisseau devait prendre son origine depuis une source souterraine située plus profondément et plus en hauteur dans la jungle. Du moins, c'était son hypothèse. Il dégagea ensuite une zone plane au bord de celui-ci afin d'y placer leur feu de camp, puis une zone plus grande à proximité, déblayant toutes les pierres et branches, plus ou moins grosses, qui pourrait nuire à leur confort une fois couché.

À peu près satisfait, et alors que sa consœur revenait sans encombres, il observa le ciel qu'ils pouvaient apercevoir. Il était totalement dégagé, même pas un nuage à l'horizon, ils avaient donc de bonnes chances de pouvoir dormir au sec, sans avoir besoin de construire un abri de fortune. Seule l'humidité ambiante et la fraîcheur de la nuit pouvaient les gêner, sans compter de possibles invités indésirables, mais un bon feu bien alimenté devrait pouvoir faire l'affaire pour gérer ces problèmes. La Chapelaine apporta un gros stock de bois, mais également des fruits et champignons comestibles qu'elle avait mise dans son voile. Cela pourrait paraître peu, mais avec leur propre réserve, et ce qu'un Purificateur avait l'habitude de manger lorsqu'il parcourait les routes, cela ressemblait à un festin. Ils se mirent alors à préparer le feu ensemble, sous le regard protecteur d'Athear et celui, haineux, de l'arlequine.

- Tu ne trouves pas que cet endroit est bizarre? Que s'est-il passé ici à ton avis?

Le bois était en place, les plus grosses bûches sur le dessus et le petit branchage en dessous, afin qu'il prenne feu plus rapidement pour ensuite s'attaquer au reste.

« Si, en effet, ce n'est pas naturel. En préparant notre espace, j'ai pu repérer quelques traces de griffures profondes dans les souches. Je pense que cette clairière est due à l'affrontement entre deux créatures du coin, ou peut-être juste une seule qui avait envie de se déchaîner. »

Le Dragonnier sortit un briquet, ainsi qu'un silex et de l'amadou, de son escarcelle, et entreprit d'allumer le feu. Une fois les premières flammes commençant à crépiter, il souffla légèrement dessus afin de les aider à mieux prendre, assurant que leur feu ne s'éteindrait pas par la suite.

« Quoi qu'il en soit, si une chose est capable de faire ce genre de dégâts, il va falloir redoubler de prudence. Je te propose d’organiser des tours de garde, de façon qu'il y ait toujours quelqu'un en alerte. Si tu es d'accord, je prendrai la première moitié de la nuit. »

Observant les champignons, il eut l'idée d'attraper quelques branches fines et longues et de les tailler avec un couteau tiré de sa ceinture de façon à les rendre lisses, et les présenter ensuite à Cylicia.

« Pour les champignons, on pourrait les cuir en brochette ainsi, si c'est possible. »

Le maître d'armes observa ensuite les alentours, les sourcils froncés, il ne pouvait toujours pas se défaire de cette impression d'être observé, et cela le dérangeait plus que de raison.

Cylicia confirmait les dires de Baldwin par de simples hochements de têtes. Elle ne reconnaissait pas là les marques des wyvernes qui lui avait lacéré le corps, ni celles de certains fauves que l'on pouvait retrouvé dans la jungle. Comme Baldwin le faisait remarqué, des tours de gardes s'avéraient nécessaire au milieu de cette faune aussi sauvage qu'inconnu.

- C'est très gentil de ta part, répondit Cylicia souriante lorsque Baldwin proposa de prendre le premier tour.

En réalité, elle n'était pas très fatigué, mais Cylicia avait pour habitude de ne jamais se mettre en travers d'une bonne action si simple pouvait-elle semblée.

- Pour les champignons, on pourrait les cuir en brochette ainsi, si c'est possible.

- Oh, et tu verras ceux-ci ont un petit arrière goût de noisette! Fit-elle en montrant ceux avec un chapeau plutôt plat. Ceux-là sont un peu fade par contre mais ce sera toujours mieux que la poussière de momie qui nous emplissait la gorge dans cette pyramide!

La nuit arrivait vite et, avec elle, pointait du bout de leur lumière les premières étoiles. Les deux amis partagèrent joyeusement leurs ressources autour du feu. C'était un repas plutôt simple et sans excès, habitude qui rappelait souvent aux Purificateurs le goût de la misère.

- C'est bien dommage que nous n'ayons pas plus souvent l'occasion de partir ensemble en mission... Mais avec tes obligations et les miennes, il faut bien dire que c'est déjà un miracle que l'on ait put se retrouver ici. Tu pourrais peut-être usé de ta nouvelle influence, non? Fit-elle avec un air mesquin pour plaisanter. Ahah, mais j'ai bien peur qu'ils pensent que je sois une mauvaise influence pour toi.

Cylicia restait tout à fait décontracter, elle ne voulait pas amener son ami sur d'ennuyeux sujets politiques.

- Comment est ton quotidien d'ailleurs? Tu ne dois plus avoir beaucoup de temps pour toi, j'imagine...