Après la bataille avec la Congrégation de l'Ombre
(Ref ici)et sa rencontre fortuite avec Garràn, Juviel était repartit dans l'Est, considérant qu'il n'avait plus grand chose à faire dans le Sud hormis y revenir pour s'y entraîner avec le stryge
(Ref ici), sur le dos du pégase ailé de Valphégas. Nul doute que chaque rencontre faite depuis sa sortie de l'antre des stryges de Marisher n'avait rien de hasardeux, Valphégas qui lui rappelait étrangement quelqu'un qu'il avait connu il y a quelques années et Garràn, dont le père avait été mis en cellule juste à côté de la sienne il y au moins une décennie précédente avant d'être exécuté. Songeur et se recentrant à ne pas tomber de la monture, il commençait à se faire à l'altitude même si les frayeurs le prenaient parfois aux tripes mais l'air frais et revigorant des terres de l'ouest se faisait déjà ressentir dans les hauts courant aériens ce qui permit à son estomac de rester accroché.
Les crêtes se dessinaient au loin laissant ces neiges éternelles parfaire le reluisant du soleil lorsqu'il se posait sereinement sur les différentes parois pour en donner des nuances de lumières jusqu'alors inconquises. Qu'importe en ce monde ce qu'il verrait, il savait déjà que malgré son éducation strygienne, il tombait amoureux de ces montagnes qui semblaient à l'antithèse de ce qu'était la Tour Noire, pointant le haut du Monde dans une clarté qui lui piquait les yeux. Il se demandait d'ailleurs pourquoi il ne songeait pas à s'y faire déposer directement afin de pouvoir en contempler l'essence du Mont Tagne, feu de glace, et rentrer faire son rapport pour fermer le claquet à ces serpents qui n'avaient de cesse de le mettre au test à la moindre occasion, à la moindre brise qui leurs provoquaient des rhumes. Non, il ne pouvait pas se le permettre, un pèlerinage était assez éloquent à son nom, il se devait de le mener à terme de la seule façon qui soit, celle qu'on lui a ordonné.
Alors toujours plus à l'Est, les hennissements de Nalphégius apportaient l'annonce de Baldorheim se dessinant à l'horizon. Il repensait à ce stryge du même nom qu'il avait connu et qui venait lui rendre visite parfois aux abords de sa cellule, par pitié, par moquerie, par curiosité, le temps lui avait sûrement coupé ces folles immaturités pour qu'un jour, ils se mettent à parler à cœur ouvert, de projet, de futur, d'entente mutuelle, de … pacte. C'était amusant de retrouver une monture portant son nom et non ce stryge manquant depuis longtemps. Valphégas manœuvrait atterrissage à la lisière de la cité naine, bientôt l'aventure reprendrait vers les hauteurs enneigés. Il pressentait ce qu'il allait y découvrir et le pourquoi des sombres desseins de certains membres de la Tour Noire, ceux-là même qui attendait son moindre faux pas afin de lui faire payer d'être un impure à l'illustre race des stryges
(Ref ici). Il descendit du pégase, il les tuerait tous un jour.
De nouveau, les deux stryges prirent des sentiers de la ville différents, se fichant d'où chacun partait puisqu'ils étaient amenés à repartir ensemble plus tard, il était temps pour l'elfe-stryge de passer par les recoins moins fréquentés de la ville. Aussitôt que l'hygiène de la ville changeait, le type d'habitant muaient également, moins fréquentable selon certains, il avait une personne en tête, celle qu'il avait rencontrer à sa première et mémorable visite dans ces ruelles délabrés. Il avança jusqu'à sa porte et frappa. Cette dernière s'ouvrit pour y laisser découvrir un sourire resplendissant, ce qui plaisait à sa personne mais pas à sa condition de stryge.
(Ref ici)« -
Juviel ! Tu es revenu !
- … Je voulais voir … Comment … tu allais.
- On ne peut mieux ! Mais entre, ne reste pas là ! Il s'exécuta et fut surpris de ne plus y voir choir le lit de leur étreinte mais des tables et un bar munis de plusieurs filles le peuplant.
- Comme tu peux le voir, certaines choses ont changés depuis ta dernière venue !
- Je vois ça.
- Quand on s'est rencontré, je travaillais pour un nain, enfin, nous travaillions pour un nain du nom de Mordrek, dites bonjour les filles, je vous présente Juviel, le preux elfe dont je vous ais parlé ! -
Bonjour Juviel ! Dites elle en cœur. Il grimaça, visiblement pas du tout à l'aise à cette positivité à son égard.
-
Oui, nous travaillions malheureusement pour cet escroc et ce voleur jusqu'à ce qu'il aille à cette partie de jeu qui tourna mal, on dit que quelqu'un le terrorisa tellement pour que je quitte son service qu'il n'objecta pas et les filles voyant ce salaud perdre son autorité, elles partirent toutes petit à petit.
- Bien.
- Oui, très, j'ai finis par découvrir que j'avais un talent inné pour la gestion du coup, je m'occupe le plus à prendre soins des filles et de faire fructifier nos gains, moi, je bosse que quand j'en ai envie et … pour le plaisir... L'elfe vit la donzelle rougir en prononçant ses mots, il ne savait que répondre, il ne l'aurait que trop conseiller de ne pas tomber amoureuse de lui, visiblement trop tard.
- Bien, je voulais m'assurer que tout aille pour le mieux maintenant.
- Oui … Et j'imagine que tu y es pour quelque chose.
- Je ne vois pas ce que tu veux dire.
- Ne me prend pas pour une idiote, j'ai eu vent de ce soir là, des nains contre un elfe et un sang-mêlé. - -- N'oublies pas qui tu étais pour moi. Il s'en rappelait très bien, son premier.
- J'imagine qu'un merci est de coutûme.
- Pas la peine.Mais aussitôt elle le prit par la nuque et l'embrassa.
-
C'était pas à ce genre de merci dont je faisais référence.Et elle l'entraîna dans sa nouvelle chambre sous les rires amusés des jeunes filles pour lui exprimer sa reconnaissance. Une fois leurs ébats clos, il était de nouveau temps pour lui de partir.
- L'autre fois, je t'ai demandé ton nom, je peux peut-être te demander où tu vas cette fois ? (Ref ici)
- … Le Mont Tagne.
- Oh … Tu y cherches tes semblables ? Juviel tiqua, qui était elle ?! Pourquoi disait-elle ça ?! De quoi était-elle au courant ?! Était-elle finalement une ennemi qu'il devait occire sur le champ ?
-
C'est là bas que vivent les elfes des glaces, à vrai dire on ne les voit que très rarement, les nains et les hommes les ont aidés à s'établir en haut des montagnes pendant leur exode de la forêt de Sylfaën, les elfes de l'Ouest n'ont pas été tendres avec eux mais je ne vais pas te faire un cours d'histoire, tu dois sûrement connaître tout ça mieux que moi.Il s'était alarmé trop tôt, son innocence atténuait chaque suspicion naissante dans son esprit. Il s'approcha d'elle pour l'embrasser, il devra la tuer un jour pour le rendre tendre, il le savait.
- Merci Tara.
- Tu pars ?
- Oui.
- Tu sais que tu es toujours le bienvenue ?
- Oui.
- Bien, j'attendrais ton retour.Sur un long regard, il prit ses effets personnels et quitta les lieux.
Il repartit en direction du centre, la nuit était tombée quand les bougies s'allumèrent un peu partout dans chaque ruelle et chaumières des habitants de la ville naine ce qui ne manquait pas de charme rustique en cette nuit d'hiver. Il passa devant la forge du célèbre Moradund Marteau-de-fer où il avait pu réparer son épée brisée en la transformant en une Orchid'épée de qualité satisfaisante pour le moment.
(Ref ici) Les flocons se déposaient sur son être épousant sa peau réceptive à une mue coquette blanche et cristalline, en effet, les flocons ne fondaient pas et s'accordaient à rester sur lui comme si des membres de famille se retrouvaient.
C'est la qu'il la vit, parmi le peu de personne qui s'évertuait à braver le froid, cette personne encapuchonné et épieuse de sa personne. Il avait senti soudainement un regard glacial et l'air qui se refroidissait. Il ne pouvait la voir clairement avec la distance mais le peu de chair qu'il entrevoyait lui indiqua qu'elle faisait nettement partis de son pèlerinage.
«
Un elfe des glaces ... »
Il se mit à presser le pas face au sien fuyant, défilant entre les ruelles, de gauche à droite, de droite à gauche, partout semblait détenir une trace de son passage au pied rapide, au pan de cape qui disparaissait derrière la cornée d'un nouveau bâtiment pour au final se perdre en Baldorheim.
-
Merde …Non pas une défaite mais un avant goût. Il savait que bientôt il escaladerait les montagnes pour les trouver. Il ne savait pas quoi appréhender, cela faisait si longtemps qu'il n'en avait côtoyer, les derniers étant ses parents qu'il avait torturer jusqu'à la mort, que lui arriverait-il lorsqu'il serait face à face à son peuple, le vrai, sa propre race et son sang. Toute une vie de transformation maléfique pour devenir un stryge pour se confronter à ceux à qui il appartenait vraiment. Ce n'était pas digne d'un stryge mais la peur s'installa et il comprenait bien là tout l'essor et la fourberie de ses supérieurs pour sa quête.
-
Maudit soit-il, ma lame cirait bien dans ta gorge.Dit-il en pensant à l'une des mains du chef des exécuteurs. Marisher qu'il regrettait Onze et Saigo.
Le fourré à la myrtille se trouvait non loin et il s'y rendit.
Il passa la porte pour y entendre une agréable rousse dire : « -
Personne pour un jeu de cartes ? Ou un lancée de dagues … ? »
(Ref ici)Auquel Valphégas qui était présent répondit aussitôt, sa façon personnellement aguichante était reconnaissable entre toute, du moins pour tout ceux qui avait eu vent de Lune à la Tour Noire, une vraie célébrité.
Il se dirigea au bar afin de s'arranger pour prendre une chambre puis passa devant Valphégas en lui accordant un bref regard pour ne pas montrer aux présents qu'ils se connaissait et remarqua également une joueuse de flûte qui lorgnait le stryge, décidément, il n'avait donc aucune limite !
Il grimpa à l'étage pour s'allonger dans un lit. La nuit, ami ou geôlière de toujours, se faufilait pour lui murmurer des songes auxquels il ne voulait pas s'accrocher et qui vicieusement se manifestait dans le silence de la pièce et dans les ondulations d'une petite chandelle dont les flammes faisaient danser les ombres de la pièce. Quel accueil lui réserverait-on à la Tour Noire qu'il réussisse ou non sa mission ? N'était-il qu'un pion à sacrifier comme bien d'autre ? Ou était-il encore bien moins insignifiant ? Juviel avait peur des réponses qu'il trouverait, également celle qu'il trouverait au Mont Tagne même s'il savait qu'il resterait dévouer à la Tour Noire et à la Matriarche, c'était eux qui l'avaient recueillit et élever, il leur devait sa vie, sa loyauté. Auquel cas, il serait avec les elfes des glaces depuis plus de soixante ans et non avec les stryges.
En se remémorant l'évocation du nom : Motch'Hollow par la chef de la Congrégation de l'Ombre, il repensait à son vieil ami Nalphégius, l'un des rares avec qui il conversait à travers la porte de sa cellule car le concept d'amitié était un tout autre attrait en ces bas fonds et se colorait de tout autres nuances plus sombres.
«
- N'as tu jamais rêver de partir Juviel ? De quitter les cachots et de t'en aller le plus loin possible d'ici ?
- …
- Ou de prendre ta revanche sur nous et la façon dont nous t'avons traiter ?
- Non. Ma vie est ici, les stryges sont mes devenus mes frères quand les elfes m'ont abandonnés il y a longtemps.
- Mais n'as tu pas un rêve Juviel ? Quelque chose de grandiose à accomplir ?
- J'imagine que si tu demandes, c'est que toi tu as déjà quelque chose en tête ?
- Oh oui …
- Et qu'est-ce que c'est ?
- Je deviendrais le nouveau comte Motch'Hollow et ma renommée dépassera celle du précédent et s'inscrira dans l'histoire pour l'éternité ! Ah Ah Ah !!
- Hmmm.
- Tu ne me crois pas ?
- J'ai pas dit ça.
- Je t'ai dit que la magie noire m'aiderait.
- Ouais, tu l'as dit l'ami.
- Alors ?
- Alors … Je t'aiderais.
- Vraiment ?
- Ouais. Mais tu devras m'aider en retour.
- Oh, enfin nous allons connaître le rêve de Juviel Eterna, l'elfe des glaces et exécuteur en devenir, unique exclusivité de la Tour Noire. Donc, tu disais ? De l'autre côté de la porte, dans l'obscurité, il leva une main vers le haut et observait le plafond en s'imaginant acter vers ce désir brûlant, glaçant qui l'animait comme un enfant fantasmant d'aventure et de gloire.
- Je veux … Voler.
Saleté de Nalphégius, se narguant si souvent de la suite à venir, de réaliser leurs objectifs et palier à ce sentiment dont beaucoup appelaient le bonheur, il s'en était allé sans laisser de traces. Cependant, fermant les yeux pour sombrer aux affres de Morphée dans un dernier râle soupirant, Juviel se disait alors, qu'en écoutant les signes, il le reverrait bientôt. Ce n'était qu'une question de temps et le temps amenait toujours le destin à se réaliser. Quelque soit sa forme, quelque soit son temps.
“
Je veux voler ...”