Ces derniers jours avaient été mouvementés pour Lédéhi et ses réfugiés,  entre la multiplication des contrats sur le tableau des missions et l’invasion contrecarrée des Hommes-Rats, les membres de la faction de l’Ombre n’avait que peu de temps pour se reposer. Je ne faisais pas exception à cette règle, bien que passer mes prochains jours à lézarder ne me déplairait pas. Après la récente guerre éclaire que nous avions essuyée, nos supérieurs s’étaient rendu compte qu’il manquait effectivement certaines compétences à leur subordonné. Galuna, toujours prête à me soumettre à ses idioties, m’avait envoyée sa petite liste de course (une petite pile de contrat d’assassinat) à régler assez rapidement et bien entendu, je n’avais pas mon mot à dire. Dans la foulée, Valph, un de mes camarades de faction, m’avait part de sa mission d’escorte qu’il envisageait de se décharger temporairement sur moi. Je me méfiais toujours autant de mes semblables, même si nous appartenions à la même faction, rien n’empêchait la faction à recevoir un contrat sur la tête d’un de ses membres. Mais l’escorte ne concernait pas un Stryge, mais un Elfe des glaces venant de compléter un rituel pour faire de lui un authentique Exécuteur.

Il y a longtemps que j’avais quitté cette maudite tour, mais de là à imaginer que la Matriarche prenne part à ce genre de rituel, elle qui était plutôt stricte concernant l’image que pouvait donner les Exécuteurs et les adeptes au sein de la tour noire. J’avais simplement accepté la requête du corbeau tant que cela restait temporaire et à proximité de Lédéhi. Je profiterais de ce temps pour remplir un des contrats qui m’avait été confié par ma supérieur avec cet Elfe Exécuteur. Cela sonnait comme une mauvaise blague, mais je préférais attendre de voir de mes propres yeux ce nouveau mal qui allait probablement bientôt rejoindre la congrégation.

Nous nous étions donnés rendez-vous le lendemain matin pour partir en mission, ce qui nous laisserait le temps de faire connaissance et de me rendre compte des capacités de cet assassin. Ce n’était pas un métier à prendre à la légère, il fallait pouvoir endosser la mort d’individu et se cacher en permanence. Autant de qualité requise pour beaucoup trop d’inconvénients.

Après avoir traversé une bonne partie du désert rouge, nous approchions enfin des ruines, vestiges d’un temps confrontant les humains à la mort éternelle. L’enceinte de la forteresse était brisée par le temps, les murs s’étant affaissés de part et d’autres de la porte principale, qui elle-même s’était effondrée laissant libre accès à tout individu à l’intérieur de la cité abandonnée. Je m’étais déjà rendu ici il y a quelques temps, je connaissais donc un peu le territoire et ce y vivait en l’absence des anciens Hommes. La faune et la flore s’étaient développées anormalement ici, enveloppant les anciens baraquements, les allées et avenues de la ville d’une nappe verte relativement bien fleurie. La ville avait été construite au-dessus de souterrains gorgés d’eau desquels les villageois pouvaient s’approvisionner en eau et fertiliser leur terre à volonté. Aujourd’hui, la nature se développe tranquillement au-dessus de ces souterrains. Des insectes s’y sont installés et ont évolué avec le temps pour devenir de véritables tueurs naturels. D’énormes insectes aussi dangereux que ce qu’on peut retrouver dans les immensités désertes de la Red Sun Belt et les terres désolées du Sud.

Garràn – Juviel, c’est ça ? Si j’ai bien compris, tu es ici grâce aux conseils de la Matriarche et le soutien de ce cher Valphégas, c’est bien ça ?

Nous traversions sans crainte les grandes rues de l’ancienne ville, les prédateurs de cette zone semble posséder une mémoire visuelle, soit ils ont reconnus, la longue faux sur mon dos, soit son propriétaire, soit ils se méfiaient maintenant de tout ce qui pouvait venir de l’extérieur du dôme. Dans tous les cas, cela nous permettrait de mener nos recherches en toute tranquillité.

Ce Juviel, après m’avoir certifié son identité, de vagues souvenirs revinrent m’effleurer l’esprit. L’elfe avait rejoint nos rangs lors de la bataille contre les Skarniens et si ma mémoire ne me jouait pas de tour, il avait été l’un des plus sanguinaires mercenaires au service de la C.O. Un brin de démence dans un corps au service de la guerre et du massacre. Ce genre de comportement reflétait parfaitement l’état d’esprit des Exécuteurs de la tour noire, me rappelant par la même occasion que je me méfiais énormément de ces derniers depuis ma dernière altercation avec l’un de ces membres. Son regard couleur sang se rapprochait de celui que j’avais l’habitude de côtoyer en mission, ce serpentaire pourpre … Espérons qu’il ne soit pas aussi machiavélique que ce dernier. Il me confia, en toute modestie, qu’il était effectivement au service de la matriarche sur ses ordres et non sur ses conseils. En y réfléchissant, il est vrai qu’on ne lui avait jamais appris à conseiller, mais à ordonner … Une philosophie que je n’avais jamais acceptée puisque la liberté représentait la seule chose à laquelle je m’accrochais éperdument.

Cela dit, je me demandais vraiment pourquoi Zéphalia avait élevée un Elfe de glace dans les cachots pour le promouvoir en tant qu’Exécuteur et l’envoyer vers la congrégation accompagné de ce tordu de Valphégas. D’ailleurs, ce dernier s’en était bien tiré lors de la guerre Skarnienne en omettant de préciser son tir allié, la régente n’avait visiblement pas relevé l’absence d’un Vampire entre les murs de Lédéhi … Pourquoi Valph ? Lui qui n’est pourtant pas un Executeur ? Me laisser son apprenti assassin dans les pattes pendant mes heures sup … Je tâcherai d’éclaircir ce point à mon retour dans la vieille demeure de l’Ombre.

Juviel - Et toi, qui es-tu l'ami ? Ne se serait-on pas croisé quelque part par hasard ? Très belle faux.

Garràn – C’est vrai que je ne me suis pas présenté … J’m’appelle Garràn, on s’est croisé sur le champ de bataille dernièrement.

Il y avait peu de chance que nos chemins se soient croisés chez les Stryges Noirs, vu le peu de temps que j’y avais passé. Je m’étais débrouillé pour intégrer les rangs de la confrérie fissa et m’étais éclipsé aussitôt pour vadrouiller sur le continent. Je n’avais donc pas mis les pieds dans cette tour depuis au moins deux longues années.

Garràn – Elle est faite maison, mais avant tout design, je tiens à garder l’aspect pratique et efficace de mes armes.

Baël – Ayait, un compliment sur sa création et monsieur divague …

Baël s’étant fait discret depuis le début du trajet, certainement pour se reposer en cachette comme il en avait l’habitude, avait gardé son invisibilité pour prendre la parole. Il avait beau parler de moi, celui qui était le plus égocentrique de nous deux … c’était lui. Et ses passe-temps morbides et étranges faisaient de lui un démon psychopathe. Il adorait contempler la stupeur de mon entourage lorsqu’il jouait avec sa capacité à rester invisible tout en déplaçant des objets ou en chuchotant à leur oreille.

Garràn – Ferme-là un peu tu veux ?

Il avait un don pour m’agacer dés qu’il ouvrait la bouche … enfin façon de parler puisqu’il n’avait pas de bouche. Je ne m’étais encore jamais posé la question, mais comment pouvait-il parler sans avoir de bouche.

Baël – Très bonne question le volatile, mais tu aurais pu la poser beaucoup plutôt tu ne crois pas ?

Avant de me rendre dans la fameuse chambre occulte de Valphégas pour faire le point sur cet Elfe Exécuteur, j’allais très certainement faire un détour chez le serpentaire pourpre. Je commençais à en avoir par-dessus la tête de ce démon de malheur. J’espérais simplement qu’il pouvait empêcher ce crétin de se rendre dans ma tête pour y lire dans mon esprit.

Le chemin que nous venions d’emprunter était semé de décombres appartenant au grand dôme qui surplombait ce qui avait été un château autrefois. L’ancienne citée humaine avait ceci de particulier, c’est que personne ne savait ce qu’il y avait eu autrefois à l’intérieur de cette bâtisse étrange aux vitraux dorénavant brisés, mais une chose était sûr, c’est qu’aujourd’hui, elle sert de nid pour les insectes qui pullulent dans ce domaine. Ma dernière excursion m’avait même permis de faire un tour à l’intérieur de ce dôme, mais le temps était passé par là et ce qui devait être incroyable et magnifique autrefois, n’était maintenant plus que poussières  et débris.

Juviel - Oui je t'ai remarqué sur le champ-de-bataille, je ne m'attendais pas à voir un stryge autre que Valphégas et moi, mainte fois j'ai entendu parler de la Congrégation de l'Ombre dans les cachots et à la Tour Noire, mais je n'aurais pas pu prévoir à la rencontrer si vite.

La Matriarche se soucierait-elle de sa relation avec la congrégation ? Plus il y avait de fidèle aux ailes sombres parmi la faction de l’Ombre et plus je me retrouvais exposé au danger, mais ce Juviel avait l’air d’être envoyé pour nous assister sur le champ-de-bataille et être formé à l’assassinat à Lédéhi. Avec Valphégas comme « mentor », si je puis dire, sa formation serait quelque peu accélérée en comparaison avec ces idiots de la confrérie noire. Si sa reine lui avait intimé l’ordre de rejoindre la congrégation, alors je me devais d’évaluer son potentiel et ses qualités d’assassin.

Malgré ses longues oreilles et son corps longiligne, depuis son récent rituel de dévotion envers la communauté Stryge, il ne se considérait plus comme un Elfe, mais bien comme un Stryge Noir, ce qui ne manquait pas d’humour lorsqu’on l’entendait la première fois de la bouche du concerné, mais son air sérieux et son regard perçant n’avait rien de drôle, le rituel qu’il avait effectué ne représentait pas rien, il s’agissait d’une page qui avait été tournée. Soit. Elfe, Stryge, Nagas, Therian, Nain, cela ne représentait plus rien une fois enrôlé dans la faction de l’Ombre. La race n’a pas réellement d’importance ici, seules les motivations comptent, ainsi que l’intérêt commun autour de la faction et de ses objectifs.

Juviel - Votre chef est pour le moins … Impressionnante. Si notre Matriarche a ordonnée à Valphégas de m'escorter pendant ma mission et qu'il m'a conduit ici, mon destin est peut-être de vous rejoindre également, mais je n’oublie pas qui je sers.

Il avait l’air d’un loyal soldat, heureux d’être serviteur. Ce n’était pas vraiment étonnant pour quelqu’un qui avait croupie je-ne-sais combien d’années enfermé dans les cachots avant le rite de dévotion. Nous devions avoir un point de vue différent de la liberté et c’est bien cette notion que j’ai fuguée à la tour noire. Bien entendu qu’il continuera de servir sa majesté Zéphalya, c’est comme avoir un double emploi. Valphegas en était la preuve et je n’ai pas fait exception avant cela. A peine terminé, il commença à dénouer les bandages de sa main gauche et me montra la marque apposée au creux de cette dernière. Elle ressemblait curieusement à celle de l’Ex-Exécuteur-en-chef … Alors il s’agissait d’un Exécuteur lui aussi ? Il y avait matière à faire …

Juviel - Oui, je suis également un stryge l'ami.

Garràn – Malgré l’apparence, tu en as la mentalité. Je me demande bien ce qui a pu t’attirer dans cette chère tour noire ?

La plupart des gens, autre que Stryges Noirs, Nagas et membre de la Congrégation, les autres races avaient tendances à entrer dans la tour noire contre leur gré. J’étais persuadé que ce genre de destin lui est arrivé, à quelque chose près … aujourd’hui, il s’apprête à rejoindre la Congrégation de l’Ombre.

Durant un court instant, l’Elfe des glace s’était tus, perdu dans ses pensées les lointaines et, très certainement, les plus froides … Cela ne m’étonnait plus venant de la tour sombre, créer de véritable machine de guerre, c’était leur vocation, leur passe-temps. Il s’amusait à chercher à droite à gauche de nouveaux prisonniers pour en faire des sujets d’expérimentations, de tortures ou d’exploitations. Je n’appréciai pas particulièrement ces méthodes, mais je ne m’étais jamais mis à la place de ces derniers. A vrai dire, s’il se sentait mieux ainsi, tant mieux pour lui … Tant qu’il a toujours toute sa tête, alors c’est que tout va bien. Les valeurs morales n’existent pas chez les Stryges noirs, tant que le corps peut servir, alors rien n’est terminé. C’est également un don que d’avoir une volonté inébranlable. Cette qualité était propre au peuple Stryge, Noir comme Blanc. C’est d’ailleurs pour cette raison que les Exécuteurs sont craint sur tout les continent et à l’inverse, que les Purificateurs sont appréciés sur ces mêmes terres.

Juviel Eterna - La gloire, l'ami, j'ai grandi aux cachots pendant plus de trois décennies, mon destin fut scellé dans les flammes de Marisher. Par ailleurs, j'en ai vu passer des stryges pendant ce bout de temps et il m'a pas semblé t'y croiser beaucoup. Peut-on savoir pourquoi ?

Cela faisait un sacré bout de temps trois décennies ! Mais alors, quel âge pouvait-il avoir ? Il est vrai que les Elfes en générales vivent plus longtemps que les Stryges ou les Humains. Il devait très certainement être bien plus âgé que moi, je pouvais presque le considérer comme mon aîné finalement, au moins à la tour noire en tout cas. Ce dernier s’arrêta tout en étirant ses longs grêles, me tirant une révérence accompagnée d’un sourire machiavélique.

Juviel Eterna - L'audience, mon cher, est tout ouïe.

Comment expliquer que nous ne nous étions jamais croisés auparavant, dans l’immensité de la tour noire ? C’était une très bonne question que j’aimerai résoudre avec lui. Toutefois, la marque qu’il m’avait montrée un peu plus tôt me laissait une vague idée de la raison. Je pris un certain temps de réflexion tout en continuant notre avancée au milieu des gravas de plus en plus abondant sur le chemin. Je pouvais reconnaître quelques espèces d’insectes s’approcher curieusement de nous sans trop s’approcher, par prudence ou par ignorance, ma dernière visite n’avait probablement pas suffit à les éloigner.

Garràn – Je pense avoir une explication qui tient … Je levais les yeux au ciel comme pour lire le plan que j’avais en tête. Tu as toujours été enfermé dans les cachots de la tour si j’ai bien compris. Tout en m'étirant les bras lestement. Je dirais que je n’y ai jamais mis les pieds, dés que j’ai intégré la confrérie noire de la tour, je me suis redirigé vers la CO. Cela me rapportait beaucoup plus d’argent et m’offrait une meilleure expérience de terrains.

En réalité, j’y avais mis les pieds une fois, pour contempler mon défunt géniteur avant son exécution, mais ceci devait rester secret pour le moment. Ma dernière rencontre avec un Exécuteur avait tourné plutôt mal, surtout quand on sait que j’ai échappé au funeste jugement du fils de « La mort ». Je payerai cher pour le ressusciter et l’affronter à nouveau ! Je ne pensais avoir besoin de garder autant de distance avec Juviel, il avait beau avoir son grain de folie, tuer un autre Stryge ne faisait pas parti de son code d’honneur, même s’il devait être en désaccord avec lui. Du moins c’est ce que je pensais en tout cas.

Garràn – Je n’y suis pas retourné depuis plusieurs années maintenant …

Sur mes derniers mots, l’atmosphère devint légèrement plus tendue. Comme tout Exécuteur qui se respecte, l’Elfe des glaces cogita quelques instants sur ma situation actuelle. C’était à prévoir. Tôt ou tard, j’aurai été amené à rendre des comptes aux enfants de la tour funeste et j’avais bien l’impression que les choses allaient s’accélérer. Les quelques idées qui lui passèrent par la tête allumèrent une étincelle de rage au plus profond de mon être. En effet, il avait vu juste, une fois de plus,  l’histoire allait se répéter. Il faudrait un jour où l’autre mettre fin à cette mascarade. Je n’étais ni plus ni moins une proie déguisée en chasseur. Il était certainement temps de remédier à tout ça …

Juviel s’avança en direction des insectes qui se rapprochaient méthodiquement de notre position, des mimics si j’avais bien retenu les leçons d’Equinoxe. Ces insectes à l’apparence de coffre aux trésors étaient bien trop peu résistants pour que je m’en souci ne serait-ce qu’un temps, mais comme tout, leur nombre pouvait être fatal. Or leur effectif ne dépassait pas la dizaine et au vu de leur taille, cela devait très certainement être une variante bien plus faible encore … Mais l’Exécuteur sorti tout de même son dard, faisant quelques échauffements tout en continuant la conversation …

Garràn – hmm … C’est une très bonne question que moi-même je me pose parfois …

N’ayant pas vraiment grandi parmi les « miens », je ne pouvais prétendre faire partie de ce peuple aux ailes sombres. Je n’avais de Stryge noir que l’apparence, bien que mes années passées dans cette tour m’ont rendu plus fort et plus confiant. Je ne demandais qu’une chose, reprendre cette liberté que l’on m’avait retirée contre mon gré. Mais je devais assumer le fardeau de mon géniteur, celui d’avoir désobéit à la Matriarche, tout en étant le bras droit de la Mort. Si ma mémoire est bonne, et je sais qu’elle l’est, je n’étais pas le seul Stryge Noir ayant été bannis tout en étant innocent. Bien souvent, les méfaits de certains ont des répercutions sur l'héritage de leur descendance.

Garràn – Tu me sembles parfait pour cette situation … peut-être que …

Peut-être que je pourrai me servir de la proximité de Juviel et de Valph avec la Matriarche pour mettre fin à cette chasse au Stryge. Etant le petit protégé des cachots et Valph un très bon assassin de la confrérie, il y avait une chance, aussi infime soit-elle, pour que je récupère ce que l’on m’avait volé. Malheureusement, il est encore trop tôt pour que je fasse confiance à ces vautours. Il me faudrait les prendre avec des pincettes pour le moment, sinon la situation pourrait vite dégénérer et je me verrai contraint de quitter la congrégation … à moins que j’obtienne un poste de haut gradé assurant ma protection. Mais cela ne m’intéressait pas pour le moment non plus. L’Exécuteur n’attendait qu’une réponse de ma part pour agir, cela se sentait dans son regard, ses pulsions s’accéléraient petit à petit. Il y a un peu plus de deux ans maintenant, j’avais eu cette même discussion avec un Exécuteur, à quelques détails près. Il ne pourrait donc pas m’avoir par surprise, moi qui me méfiais autant des Stryges noirs que des Stryges blancs, plus encore en la présence d’un enfant des cachots.

Garràn – Et si on s’échauffait avec ces petites bestioles ? J’écartais les bras comme pour accueillir sa bénédiction. D’un Stryge noir à un autre, nous n’avons qu’une parole, pas vrai ? Tu auras ce que tu souhaites à notre retour à Lédéhi. J’avançais calmement  vers les insectes s’étant agglutiné à une vingtaines de mètre, les mains retournées dans leur grotte. Mais pour le moment, je suis chargé d’évaluer tes compétences. Sache toutefois que, jamais au grand jamais, je ne m’en prendrai à mon peuple … à moins que je m’en défende …

Début du combat Juviel Eterna et Garràn - 8 mimics

Le silence qui s’était installé brièvement entre nous laissait transparaître la tension devenu palpable. L’Elfe exécuteur s’était contenté d’une simple approbation, gardant en mémoire mes belles promesses. Je ne voyais pas ce que je pouvais gagner à lui cacher la vérité, mais dans la mesure où l’évaluation ne me satisfera pas, nous continuerons notre petite expédition et, qui sait, peut-être que nous croiserons la route de la nouvelle reine de la ruche … Juviel n’attendait qu’une chose depuis qu’il avait dégainé, faire parler le fer ! Je n’avais pas fait attention à sa présence lors de la bataille de la demeure du marionnettiste, je m’étais rendu compte que nos rangs étaient légèrement plus hétérogènes lorsque le combat fut terminé. Il s’agissait de la première fois où je voyais Valph avec une présence autre que féminine à ses côtés, mais passons. Si Galuna m’avait parlé de ce jeune assassin, cela ne devait pas être par hasard. Elle avait eu le nez creux sur ce coup là et aussitôt je me retrouve avec lui dans les pattes … Serait-ce un test ?

Garràn – Hmm … tu veux parler de la régente ? C’est vrai qu’elle a un sacré tempérament, mais elle reste très professionnelle. Tandis que l’Exécuteur continuait à dégager les plus petits insectes à grand coup de lame, je fendis l’air sans prévenir visant les deux mimics qui s’était alignés au mauvais moment. Mince, j’en ai manqué un. Non, ce n’est pas elle, tu n’as pas l’air de l’intéressé, mais peut-être sauras-tu piquer sa curiosité avec le temps ?

La petite mimic, qui s’était dissimulée derrière plus gros que lui, avait réussi à échapper de peu au tranchement de ma faux aux couleurs sombres. Ces insectes devaient très certainement s’orienter grâce à un autre sens que la vue. Très peu de personne arrivait à voir ma faux dans l’obscurité, ou du moins lui donner une dimension précise afin de déterminer ma portée. Les reflets de la lame, plutôt sombre, étaient accompagnées d’un petit croassant de lune qui commençait sa monté vers le ciel. Malheureusement, pour ces bestioles sachant nous repérer dans la pénombre, Juviel et moi avions tout deux d’autre moyen pour deviner leur position aussi précisément qu’en plein jour. L’atmosphère glacée de ce début de soirée dans les ruines n’était pas seulement dû au couché du soleil, l’apprenti assassin dégageai une aura étrangement froide, à peine perceptible. Ses origines devant certainement être derrière ceci, je me souvenais avoir rencontré un autre Elfe des glaces que Juviel, lors de mon périple à Wystéria. Cette même aura l’entourait, peut-être même plus forte et plus intense que le jeune Exécuteur.

Pour ma part, mes quelques années d’expérience au sein de la congrégation m’avait permis de développer d’avantage mes cinq sens au service du crime. L’instinct et l’audition étant ce sur quoi je m’appui essentiellement lors d’un contrat, dans l’obscurité, tout devient plus clair. Je n’avais sans doute pas encore les compétences et l’expérience de nos regrettés haut-gradés, mais j’en avais suffisamment pour concurrencer l’écailleux et la gamine therianne qui, pour moi, me paraissait être les plus dangereux assassins de Lédéhi actuellement. Il n’y avait encore aucun véritable haut-gradés pour le moment d’ailleurs, en tout cas officiellement. La gamine n’était qu’une régente pour le moment, consciente qu’elle n’était pas spécialement la plus compétente ou la plus performante de la C.O et que bien d’autres peuvent rivaliser avec elle. Elle a simplement sue trouver les mots qui fallait dans le chaos le plus total, la diplomatie n’est pas quelque chose que l’on apprend en remplissant nos contrats, très peu ont ce sens de la gestion et je ne faisais pas parti de ces gens là.

Garràn – Dis-moi, est-ce que faire parti de la congrégation est un objectif pour toi ou simplement un point de curiosité ?

Début du combat Juviel Eterna et Garràn - 8 mimics

Malgré le fait que je venais d’exterminer un de leur congénère, les petits coffres dentés se jetèrent sur moi, formant un amoncellement hilarant. Je ne comptais pas leur servir de déjeuner et encore moins gouté ! Saisissant ma faux avec fermeté, malgré la gêne des insectes, je réussis à ma dégager tout en découpant deux autres insectes magiques. Les deux autres s’écartèrent brusquement, surpris par la rapidité de mon coup. En levant les yeux, je pouvais constater le manque d’expérience de Juviel qui peinait face aux deux mimics face à lui. L’elfe des glace se dégagea inopinément de leur emprise avant d’exécuter l’un deux. Il avait tout de même en fort potentiel, dommage qu’il n’ait pas connu Saïgo, sa progression aurait été d’autant plus fulgurante, mais en l’absence d’exécuteur compétant parmi nous, Valphégas et moi pourrions le guider dans la voie de l’assassinat. Il avait tout de même encore besoin de s’entraîner à l’extérieur avant de remplie ses premiers contrats. En pensant à cela, une idée me vint à l’esprit.

Juviel - Je n'y ai jamais vraiment songé, toujours entendu parler mais jamais envisagé. La Tour est ma maison, les stryges sont ma famille et les exécuteurs sont déjà ma faction, nous sommes légion. Pourtant, depuis la bataille contre ces hommes-rats et l'entretien bref avec votre chef, je me dis que la Congrégation possède certains membres … Intéressants. Pourquoi pas dans un avenir proche.

Garràn – Il est vrai que l’union des Stryges, blanc comme noir, fait penser un peu à une faction. Du moins pour la majorité d’entre eux. D’ailleurs, les membres de la congrégation ont accès à la tour noire et y ont un espace privilégié du fait de leur étroite collaboration avec la matriarche.

Juviel - Et toi Gàrran ? Depuis combien de temps y es-tu ?

Garràn – Moi ?

Je plantai ma faux dans le sol et m’y accoudai le temps de la réflexion. Ce n’était pas évident de s’en souvenir, j’imagine près de trois ans maintenant. Après avoir quitté la tour noir, je m’étais rendu à Kastalinn, ville dans laquelle j’ai séjourné toute une année. Je dirais que cela remonte maintenant à trois ans. Je me suis ensuite rendu à Stellaraë où j’ai habité quelques mois avant de descendre jusqu’à Ishtar ou je loge encore aujourd’hui, mais mon insertion dans la faction remonte à l’époque de Stellaraë. Alors que je n’étais qu’un fuyard de la tour noire, l’Ombre de la C.O était une Vampire charismatique et extrêmement élégante, usant de magie incroyable. Je ne l’ai aperçu qu’une seule fois et pourtant, l’aura quelle dégageait ce jour là avait été immortalisée et gravée dans ma mémoire. Son remplaçant ne tarda pas à arriver, tout aussi charismatique, mais accompagné d’une touche de folie. Son esprit tordu et ses tours de passe faisait de lui un véritable assassin de qualité. Un manipulateur diabolique … aujourd’hui disparu de la circulation, pourtant tout se passe comme il s’y attendait.

Garràn – Cela fait deux ans et quelques mois je dirais. Je ne fais pas parti des plus ancien de la faction. Plongé dans mes réflexions, je n’avais pas prêté attention aux mimics qui s’étaient regroupés autour de moi. Mais leur situation restait inchangé, maintenant en tenaille, nous allions les exterminer une bonne fois pour toute. Il y avait autrefois un trio incroyablement effrayant qui dirigeait cette faction. Un Vampire machiavélique, un Stryge noir exécuteur et une prêtresse Naga. Cette dernière est la seule survivante et la plus ancienne membre de la faction.

Une nouvelle idée me vint à l’esprit, n’oubliant pas la précédente, je préférais attendre la fin du combat pour lui expliquer ce que j’avais en tête. Je n’oubliais pas la disparition de Styx, Si une personne pouvait savoir ou il terrait, il s’agissait bien de cette écailleuse. Mais je n’avais encore aucune info à son sujet et encore moins de sa localisation actuelle. Cela faisait déjà un bon moment qu’elle avait quitté la faction, Styx lui avait accordé la liberté, sans qu’elle n’ait à craindre pour sa vie. Tout membre de la congrégation prête le serment du silence au sujet de Lédéhi et de sa situation. Il est donc concevable d’éliminer les membres quittant la faction puisqu’il reparte avec des informations cruciales. Du temps de maîtresse Alrun, chaque membre quittant la faction se voyait surveillé en permanence afin d’être sûr qu’il ne divulgue aucune information. Aujourd’hui les règlementations sont plus strictes.

Garràn – Bon ! On s’en débarrasse ! J’ai autre chose à te montrer. Je t’expliquerais les détails à la fin de ce combat. Cela pourra peut-être t’intéresser …

Début du combat Juviel Eterna et Garràn - 8 mimics

Le combat touchait à sa fin, mais Juviel et moi commencions tout juste notre petite aventure. Alors que celui-ci dégoulinait de sang par endroit, j’étais déjà en train de préparer mes plans pour la suite des opérations. Il allait très certainement en baver, mais le faire progresser rapidement serait une bonne chose, pou moi comme pour lui, ainsi que pour la tour noire et la C.O s’il souhaitait l’intégrer. J’étais persuadé qu’il serait à nouveau sur les devant de la scène prochainement, tout comme la majorité des assassins de la congrégation, un moyen de prouver sa valeur : Les champs-de-bataille.

Alors que son dernier ennemi lança un dernier assaut de désespoir, l’Elfe des glaces l’embrocha net et se retourna attendant de moi que j’en fasse autant. Il semblait également pressé, j’avais réussi à installer le doute dans son esprit avec le peu d’information que je lui avais cédée. Le fait qu’il soit un Exécuteur rajoutait même une pression supplémentaire puisque, si ma mémoire ne me jouait pas de tour, selon Saigo, les Exécuteurs avaient pour ordre d’éliminer tout Stryge blanc, bannis et déserteur qu’il rencontrait, avec une mention spéciale pour les traîtres et leur descendance, qui était bien entendu mon cas. Le fait que je lui impose ma supériorité en combat sans pour autant montrer de signes d’agressivité à son égard le remettait en question quant à l’ordre qui lui était donné. Il valait mieux laisser tranquille un ennemi plus fort que soit qui ne fait rien, le temps de progresser, plutôt qu’attaquer sans réfléchir et finir deux pieds sous terres pour avoir été imprudent et téméraire.

Les deux petits mimics qui se trouvaient devant moi, contemplant leur grand frère se faire éviscérer par mon compagnon, reculèrent de quelques pas avant de fuir d’effroi dans les décombres d’une maisonnette dont les murs troués et les pièces à moitié ensevelis sous la pierre et la poussière offrait une merveilleuse cachette pour ces petits parasite. Je n’appréciai guère ce jeu de cache-cache, cela avait le don de m’énerver. Un adversaire qui fuit un combat au moment crucial ne mérite pas de vivre, mais les animaux n’ont pas ce sens de l’honneur que les hommes vénéraient par-dessus tout. Je lançai une première dague qui vint se planter sur le dessus du coffre, qui semblait être sa tête puis, lançai la seconde lame qui rata sa cible avant de se planter dans une poutre en bois derrière laquelle s’était réfugié le fuyard.

Garràn – J’ai horreur de ces insectes, ils me font perdre du temps inutilement.

Début du combat Juviel Eterna et Garràn - 8 mimics