C'était une douce soirée de fin de printemps, là où les fleurs ont bien pris place dans la nature, ainsi que les oiseaux chantants, où le soleil commence à réchauffer la terre, faisant disparaître toutes traces des gelées et du froid. Une douce brise dansait en cette soirée de fin de printemps, d'aucun aurait pu penser qu'il s'agissait là d'une soirée comme les autres, typique et calme ; quelconque voyageur se promenant en Sylfaën aurait très bien pu les apercevoir, mais de tout ça, il n’en était rien.
La plupart des créatures de la forêt Sylfaën excellaient pour ce qui était de se cacher à l'oeil des profanes, et encore plus lors de ce genre d'occasion.
En cette douce soirée de fin de printemps, un cénacle de fées, de centaures, de faunes et de nymphes s'était réuni afin de célébrer la Lune de Semence.
La Lune de Semence était la cinquième Pleine Lune à avoir lieu dans une année, et elle se nommait ainsi car c'était la période de l'année, et du mois en cours, la plus favorable à la fertilité de la terre, de la végétation, des animaux, et de l'homme.
Au sein d'un petit bosquet secret, s'étaient donc réunis des âmes et des corps désireux de s'unir, en pleine harmonie avec la nature les entourant.
Parmi ces âmes, on pouvait dénombrer qu'une infime partie des créatures mystiques de Sylfaën, car seules celles en âge et prêtes à procréer avaient décidé de s'unir. Telle était la volonté d'Erilran, un satyre fort apprécié, âgé de cent-soixante-dix ans. Erilran était un très beau satyre : ses cheveux étaient bruns comme le brou de noix, tout comme ses yeux. Son visage était doux, sans marque quelconque. Il possédait une légère barbe, se mariant à ravir avec ses longs cheveux d'ébène. Il possédait deux longues cornes courbées vers l'arrière, et plutôt fines, d'un noir profond. À l'instar des autres satyres, il n'avait que le haut de son corps d'humain, le bas, à partir des hanches devenant de plus en plus velu, pour enfin arborer des sabots de bouc à partir des mollets. Ses poils étaient bruns, mais d'un brun plus clair que ses cheveux, et ses sabots d'un noir de jais. En cette nuit de pleine lune, le satyre arborait une couronne en feuilles de chêne sur la tête, afin de montrer son désir d'accouplement. Ce n'était pas là qu'une envie physique, mais un besoin réel de procréer, car Erilran prenait de l'âge et il en était fini des amusements, il désirait apporter un héritage.
Bryona, une charmante dryade âgée de près de cinq mille ans était également désireuse de passer à la postérité et nourrissait le besoin d'engendrer des filles. Bryona était d'une beauté surnaturelle, et il n'en était en rien étonnant pour une nymphe. Ses cheveux étaient longs, bouclés et roux, et ses yeux étaient bleus, comme celui de l'eau d'une source. Sa peau était presque diaphane, et ses oreilles étaient pointues, à l'instar de celles des elfes.
Un air charmeur et malicieux se dessinait sur son visage. C'était elle qui avait choisi le jeune Erilran afin de procéder à l'accouplement. Pour Erilran, qui avait l'habitude de côtoyer la belle créature lors de fêtes rituelles, c'était un honneur que de pouvoir satisfaire une fois de plus les désirs de la dryade.
Alors que la nuit battait son plein, le couple s'isola dans un coin de la forêt, et l'union se fit. C'était à la fois un acte charnel et rituel, les esprits et les corps des amants ne faisaient qu'un. Et alors qu'ils avaient dansé sensuellement toute la nuit, les amants s'endormirent, enlacés l'un contre l'autre, leurs corps fusionnant toujours.
La terre de Sylfaën avait entendu leur désir, et alors que les premières lueurs du soleil commençaient à percer les feuilles des arbres, la peau diaphane de Bryona commença à se changer en écorce, ses mains et ses pieds prenant racines dans le sol, et enfermant le corps inerte d'Erilran, apaisé par un éternel sommeil, le sourire aux lèvres. Les cheveux de la dryade devinrent des feuilles, et les corps unis des amants comblés fusionnèrent avec le sol et les végétaux de la forêt.
Il en était ainsi du rituel de fertilité pour une dryade. Elle devait donner sa vie, ainsi que celle de son amant consentant, afin de fertiliser la terre et pouvoir donner de nouvelles vies. Rien ne se meurt réellement dans la nature mais tout se transforme, pour vivre d'une autre manière, à travers d'autres êtres, d'autres formes, pour servir d'autres buts, et plus on lui donne, plus on reçoit, et en cette nuit de pleine lune, Bryona et Erilran avaient donné les plus belles des choses et celles qui leur étaient les plus précieuses.
Quelques semaines plus tard, il aurait été impossible de différencier l'endroit où les amants s'étaient endormis, d'un autre endroit aux alentours, à l'exception de quelques petites pousses de plante.
Cinq brins de ce qui semblait être des jeunes plants d'arbre, encore très jeunes, pointaient à la surface de l'herbe et de la terre. Ces brins étaient tous identiques, d'une même forme et d'une même taille, et allaient continuer de croître encore et encore au fur et à mesure du temps passant, puisant leur force sous la surface, et laissant grandir leurs racines, se nourrissant des nutriments de la terre, mais puisant également leurs forces à la surface, grâce à l'humidité de la forêt et de leur attirance pour le soleil, afin de s'élever encore et encore, de s'épaissir, et de végéter des mois durant, résistants aux moindres caprice du temps.
Ces jeunes arbrisseaux semblaient protégés par une aura magique, car nul nuisible, nul animal, nulle maladie semblait s'en approcher. C'était comme si la forêt entière savait qu'elle ne devait pas toucher ces végétaux, dont les graines avaient été produites par deux Esprits qui s'étaient donnés l'un à l'autre avant de s'offrir à la terre.
Tout en grandissant, les cinq petits arbres commençaient à se différencier. L'un était plus long et fin, avec presque aucune feuille, un autre blanchissait, deux autres s'épaississaient, et le dernier brunissait.
Avec les années, la base des plants commençaient à ressembler à des troncs, prenant force, stature et imposant leurs différences.
Puis se fit le tour des stries, nervures et marques sur les troncs : certains se tâchaient, d'autres se lissaient, ou encore se craquelaient. De bois verts ils se coloraient pour prendre l'apparence du bois de l'essence dont ils étaient faits ; mais aussi des feuilles, qui commençaient à bourgeonner sur les branches encore timides des cinq petits arbres.
La croissance de ces arbres était lente, très lente, et n'importe qui passant par là, saison après saison, année après année, aurait eu l'impression que ces arbres s'étaient figés dans le temps. Pourtant, il n'en était rien, bien qu'on puisse compter la naissance de ces arbres en plusieurs vies humaines prospères.
Les arbres approchaient désormais une taille très appréciable, avoisinant les deux mètres cinquante, trois mètres.
Il était impossible de penser que ces arbres aient pu naître des mêmes graines, tant ils étaient différents et semblaient appartenir chacun à une famille d'arbre distincte. On pouvait détailler un peuplier, un bouleau, un orme, un aulne et enfin un saule pleureur.
C'était une chose bien étrange de voir chacun de ces arbres côte à côte, comme au coeur d'un petit rassemblement. Habituellement, les arbres poussent côte à côte par famille, communiquant grâce à leurs profondes racines, toutes reliées entre elles depuis l'arbre "mère". Ici, nul arbre-mère, cependant, tous ces feuillus étaient sœurs...
En ce tout début d'automne, ses feuilles caduques, entières, étroites et dentées, disposées en spirale sur les branches s'étaient ambrées, passant d'un joli vert tendre à une couleur ocre typique des feuillages allant vers l'automne. Ces feuilles étaient accrochées à de magnifiques rameaux fins, desquels les feuilles tombaient telles des cascades, formant un rideau dansant au gré du vent doux.
Son écorce était légèrement crevassée, d'un bois d'une couleur gris foncé presque argenté. De son tronc, les branches s'échappaient tantôt vers le ciel, tantôt vers la terre, imitant presque une danseuse en mouvement, les ramifications semblant se courber tels des bras désireux de s'exprimer physiquement et de laisser s'échapper des émotions.
Cet arbre semblait particulièrement en bonne santé, en pleine fleur de l'âge : aucun parasite n'était visible, à l'exception d'un très joli lierre grimpant enlacé à son tronc, et de quelques touffes de mousse de forêt. Le lierre devait s'être installé il y avait de cela quelques années, à en juger par l'état de ses fines branches et la hauteur de son entrelacement. Les feuilles étaient d'une couleur étonnante, d'un vert-pourpre foncé profond et marbrés de fines rainures bordeaux, dont certaines se fanaient à l'approche des jours plus frais.
Cependant, lorsqu'on prêtait attention, sous cette couche de lierre, on pouvait avoir l'impression que des formes se dessinaient sur le tronc. Ces formes n'étaient pas dû à des nervures du bois, ou des nœuds dans celui-ci, elles semblaient plutôt en relief, comme si elles imitaient la forme d'une tête, d'une poitrine, ou encore de hanches. La nature semblait tromper quiconque posait les yeux sur cet arbre, et pourtant...
Quelque chose avait changé au creux de cet arbre, la sève semblait s'être modifiée avec le temps, circulant plus vite en son coeur, en ses branches. L'arbre semblait s'éveiller, mais de ça, personne ne pouvait se rendre compte. L'arbre commençait à prendre conscience qu'il s'étirait vers la luminosité, prenant racine dans les profondeurs de la terre, recevant des informations par le biais des vibrations autour de lui, grâce au vent soufflant dans ses branches, grâce à la sensation de cet écureuil parcourant l'une de ses longues branches, grâce à la douleur causée par les bois du cerf qui viennent casser sa jeune branchette lors de sa course.
Ce magnifique saule pleureur commençait à s'éveiller et à prendre conscience de ce qui l'entourait, mais aussi qu'il avait une conscience, en ce doux matin d'automne…
En cet hiver, Saule-pleureur ainsi que ses sœurs s'étaient toutes éveillées. Certes, elles avaient perdu leurs feuilles et le froid mordant de l'hiver n'était pas la plus agréable des choses à ressentir sur leur écorce, sans compter la lumière du soleil qui venait à leur manquer.
Certains jours, la pluie noyait la terre à la naissance de leur tronc, venant presque faire suffoquer leurs racines. Cependant, Saule-pleureur avait la chance de plutôt bien supporter l'humidité, à dire vrai, elle l'aimait même beaucoup.
C'était le premier hiver qu'elle vivait de cette façon, du moins, c'était la première fois qu'elle prenait conscience de le vivre, tout comme en avait eu conscience durant l'automne.
L'automne avait été pour elle un ravissement profond, entre la douce lueur du soleil en cette saison, laissant émaner sa chaleur tout en la distribuant avec parcimonie, le vent se faisant plus présent dans ses branches les faisant chanter et danser, mais aussi ressentir les vibrations de la nature se préparant à son repos hivernal.
Saule-pleureur avait senti quelques champignons pousser à ses pieds, afin de réguler l'humidité qui s'accumulait, et elle aimait cette sensation. Tout comme elle aimait la sensation étrange que lui procuraient ses feuilles en train de pourrir à ses pieds, préparant l'humus nécessaire à nourrir la terre qui venait nourrir ses racines, grâce aux vers de terre portant les nutriments de la surface jusque dans les profondeurs. La nature fonctionne en un tout, chaque chose, chaque feuille, chaque plante, chaque animal, ayant son rôle à jouer dans ce grand tout.
Elle avait aussi pu apprécier la caresse que lui procurait le contact de certains animaux, comme celui de ce même petit écureuil traversant ses branches, mais aussi le calme de la chouette qui venait se lover sur une branche lors des nuits qui s'allongeaient.
Aujourd'hui, la chouette s'était mise à l'abri, car c'était une pluie battante d'hiver qui venait exciter les branches du saule pleureur. Elle était nue, à l'instar de ses arbre-soeurs, laissant une impression de vide et de désolation.
Saule-pleureur, grâce à ses racines encore plus longues, ressentait que ses soeurs n'appréciaient que peu cette nouvelle saison, sauf le bouleau, qui s'en satisfaisait. Bouleau était résistante, et discrète. Saule-pleureur l'appréciait beaucoup, on n'aurait pu dire si c'était, car elles avaient beaucoup en commun, se plaisant des mêmes conditions, ou si c'était car leurs racines étaient les plus entremêlées. Elles communiquaient beaucoup, échangeant leurs stimuli, leurs ressentis. Saule-pleureur pouvait aussi ressentir une partie de ce que ressentait Bouleau grâce à l'interconnection des arbres d'une même famille, et de la nature en général.
Un jour gris, où la pluie avait fait une halte, les arbre-soeurs firent la connaissance d'un animal qu'elles n'avaient encore jamais ressenti. Elles ne possédaient pas d'yeux pour le voir, mais cet animal se déplaçait sur deux jambes, et ne ressentait pas la nature sous lui. Elles même n'arrivaient pas à le ressentir pleinement, seulement à percevoir qu'il était là, il y avait comme une barrière entre eux. Cet animal paraissait plutôt léger et plus petit qu'un arbre, moins rapide que les autres animaux peuplant généralement Sylfaën.
Les arbres-soeurs sentirent un silence se créer autour d'elles, comme si les petits animaux qui aimaient habituellement se déplacer à proximité préféraient rester dans leur trou, et elles allaient vite comprendre pourquoi.
Soudainement, Saule-pleureur ressentit une douleur effroyable venant du plus profond de ses racines. Il s'agissait de Bouleau, elle était en grande souffrance. Un coup, deux coups, trois coups. Les coups se faisaient de plus en plus douloureux, irradiants dans chaque parcelle de ses racines, de son bois, de sa sève qui coulait en elle. Elle souffrait, sa soeur souffrait, et les Soeurs ne comprenaient pas ce qu'il se passait.
Les vibrations qu'émettait Bouleau habituellement se faisaient de plus en plus distantes, de moins en moins présentes et semblaient...disparaitre. Un dernier coup brutal, et tout sembla vide.
Bouleau paraissait s'en être allée, comme évaporée, laissant dernière elle uniquement ce ressenti douloureux, cette souffrance mordante.
Les Soeurs souffraient, elles ne parvenaient plus à sentir quelque chose émaner des racines de Bouleau. Au fur à mesure des jours, elles sentaient même les racines se flétrir, s'assécher, pourrir, pour finalement ne plus exister.
Saule-pleureur ne s'était jamais sentie aussi seule, aussi désemparée, aussi… vide. Même la caresse de la pluie ne parvenait pas à l'apaiser, elle ne faisait que l'aider à oublier, l'espace de quelques instants.
Saule-pleureur ne s'était pas rendue compte des premières lueurs du soleil, c'était grâce à ses soeurs qu'elle s'en aperçut. Depuis la disparition de Bouleau, c'est comme si elle était restée dans un état de végétation profonde, se refusant de ressentir les stimuli. Pourtant ses autres soeurs avaient réussi à la sortir de la torpeur de l'hiver.
Elle s'éveillait à la douceur des rayons du soleil sur son écorce, et cette chaleur semblait venir éveiller son âme, si bien que quelques semaines après, elle laissait échapper des bourgeons de feuilles et les premiers chatons de fleurs émergeaient des minuscules pores de son écorce. Ses soeurs, quant à elles, arboraient de jeunes feuilles, ainsi que des prémices de fleurs.
Autour d'elles, elles ressentaient la forêt s'éveiller et les animaux sortir de leur hibernation, se remettant lentement à la vie après un rude hiver. Les premiers chants d'oiseau se faisaient entendre, et bien rapidement, des nids se formaient entre les ramifications de leurs branches.
Les brins d'herbe perçaient la terre, arborant un vert tendre, et de petits insectes commençaient à faire leur apparition, et les champignons, à marquer leur disparition.
Maintenant, Saule-pleureur s'éveillait pleinement au coeur du printemps, ses feuilles bien sorties, de leur vert tendre caractéristique, et les chatons-fleurs commençaient à laisser échapper les graines mâles et les graines femelles, afin de fertiliser le sol de la forêt, et peut-être, quelque part, donner naissance à un saule pleureur ordinaire. Les arbres issus de ses graines seraient certes ordinaires, mais seraient dotés d'une beauté et d'une longévité sans pareille, pouvant à leur tour peupler toute la forêt Sylfaën.
Bientôt, la saison des amours se faisait connaître et la forêt reprenait une vie palpitante, sous la terre, sur la terre, dans les airs, dans les arbres, que la vie soit végétale ou animale.
Saule-pleureur ressentait toujours l'absence de Bouleau, mais se sentait malgré tout entourée par toute cette vie qui reprenait, venant lui mettre du baume au coeur.
L'été, quant à lui, passa vite, il y avait tant à ressentir !
"
Badum ! Badum !"
Une impulsion frappa dans le tronc de Saule-pleureur. Une douleur, vive. Un ressenti, vif. "
Badum ! Badum !" Ça n’arrêtait pas, ne faisant que recommencer encore et encore.
Une souffrance intense retentissait en elle, sa sève semblait bouillir et circulait plus vite que jamais elle ne l'avait fait, l'étourdissant.
Le mal-être s'accentuait, et gagnait toute la surface de son tronc. Saule-pleureur avait l'impression qu'on perçait son tronc, pourtant il n'en était rien, ça venait de plus bas. Elle ne parvenait plus à sentir la présence de la terre, de ses racines. À la place, elle avait l'impression d'avoir en bas comme deux poids lourds douloureux, comme si elle devait impérativement remuer ces poids pour pouvoir survivre.
Cette affreuse sensation, comme si des milliers de fourmis parcourraient son écorce et l'intérieur de son bois, ne faisait que remonter, venant se joindre aux douleurs qu'elle éprouvait dans la poitrine.
Ça remontait, et Saule-pleureur avait l'impression qu'on raclait son écorce autour d'elle, ressentant la douleur de toute part. À présent, les picotements puissants arrivaient dans deux de ses branches supérieures.
Elle se sentait prête à hurler. Jamais elle n'avait connu pareilles sensations, elle ne comprenait pas ce qu'il se passait, et semblait prendre conscience, chaque seconde un peu plus.
Du néant jaillit un faible éclat de lumière, lui court-circuitant presque les idées, quel était donc ce nouveau supplice ? Elle entendit un craquement. "
Qu'est-ce donc que ce bruit? Un bruit ? Mais qu'est-ce qu'un bruit ? "
Un grondement se fit entendre, et Saule-pleureur sombra dans la détresse la plus profonde.
Elle fut aveuglée, et, par réflexe, tendit les bras, venant fendre l'écorce, terminant de la déchirer, puis tentait tant bien que mal de s'extirper du tronc. Ses bras dépassaient du bois, comme déchirant sa matrice protectrice.
Le haut de son corps était à présent sortit, puis enfin ses hanches, et maintenant ses jambes. Ne sachant pas tenir debout et étant émotionnellement dans un état des plus fébriles, elle s'écroula au sol.
La créature, couverte de sève, et le visage effrayé, suffoquait et peinait à trouver de l'air. Puis un bruit d'agonie se fit entendre : l'air venait de s'engouffrer dans ses poumons, ce qui lui donna un terrible vertige.
Elle haleta puissamment, quelques longues minutes, le mécanisme naturel du corps se mettant en fonctionnement, venant irriguer le cerveau, les muscles, et le cœur faisant circuler le sang dans les veines.
Elle prenait conscience de ces phénomènes qu'elle ressentait vibrer en elle, et au bout de près d'une heure, elle parvint enfin à sentir la terre sous ses doigts, ainsi que ses vibrations.
La jeune femme se retourna brutalement, toujours à terre, fixant le saule pleureur devant elle, le tronc fendu. Celui-ci semblait lentement se refermer, se rabattant sur lui-même.
Elle lâcha un cri de terreur, et sans s'en rendre compte elle se leva et se jeta vers l'arbre, à présent refermé, lui interdisant son coeur protecteur. Alors qu'elle tombait à genoux, des larmes commençaient à perler de ses yeux.
En cette nuit d'automne, sous une lune décroissante, Niobē pleurait, faisant face à ce cocon désormais inaccessible.
Niobē est une satyre d'une taille d'environ un mètre soixante-dix, et de corpulence mince. De prime abord, le regard a tendance à s'attarder sur ses cornes, celles-ci possédant quelques particularités. Elles ont plutôt tendance à être recourbées sur elles-mêmes, n'étant ni trop larges, ni trop épaisses, reprenant les mêmes stries que celles présentent sur l'écorce de son arbre. Leur couleur tend à varier entre la couleur corne et un gris-brun. La particularité de ces cornes se tient au fait qu'elles s’enroulent sur elles-mêmes ou se déplient selon le temps qu'il fait : en cas d'un climat tempéré ou en absence de pluie, les cornes de Niobē seront enroulées, alors que lorsqu'il pleut ou en terrain humide, elles se déploieront, comme si la jeune femme s'épanouissait.
Une fois ses cornes détaillées, le regard a tendance à glisser sur les cheveux de Niobē : elle possède une chevelure dense et longue, lui arrivant sous les fesses. De grandes ondulations donnent du mouvement à sa chevelure, d'un blond vénitien foncé, évoluant au fil des saisons. Au printemps, il aura tendance à tirer vers le rose, alors qu'en automne il sera plutôt auburn.
La peau de la satyre est diaphane, tout comme l'était celle de sa mère, une jolie nymphe. Niobē n'a pas hérité de la splendeur de sa mère cependant, possédant des traits plutôt communs, bien que joliment dessinés.
Son visage est absent de quelconque ride ou cicatrice, et sans tâches. Elle possède cependant un drôle de tatouages, formant des lignes sur son visage et le long de son cou, évoluant en fonction du temps lui aussi, ou des humeurs de la satyre. Elle possède également un tatouage sur chaque poignet, associations de cercles entourant les poignets tels des bracelets naturels. Le bout de ses doigts est également peint de noir, laissant pointer des ongles acérés et solides. Ces tatouages sont apparus au moment de sa naissance, Niobē en ignore totalement l'origine et la signification.
Les yeux de l'hybride sont d'un bleu plus clair que celui de sa mère, tirant parfois presque sur le blanc. Son nez ne possède rien de particuliers, harmonisant naturellement son visage. Ses lèvres quant à elles sont légèrement charnues, et leur couleur s'assortit à l'évolution physique de la jeune femme, selon le temps ou les saisons. Ses oreilles sont légèrement pointues, beaucoup moins que celles d'une elfe.
Niobē possède des seins lourds et n'apprécie pas de les entraver, c'est pourquoi elle essaie de toujours porter des vêtements fins et amples, comme des robes de mousseline ou encore de lin. Elle apprécie grandement être nue, notamment dans la forêt, car après tout, il s'agit de sa tenue naturelle. Les centaures lui ont appris à se vêtir, lorsque cela s'avère nécessaire.
Enfin, le bas du corps de Niobē se différencie quelque peu de ses comparses satyres. La jeune hybride possède des jambes féminines classiques, mais commencent à se transformer à partir des genoux. Ce ne sont pas des poils qui recouvrent ses mollets, comme les autres hybrides, mais quelques taches d'écorce de saule pleureur, s'intensifiant plus on descend sur le mollet. Elle ne possède pas de pieds mais bien des sabots, d'un noir de jais, qu'elle tient de son père.
Une autre singularité touche Niobē la nuit venue. En effet, tout son être se colore d'une autre manière : ses cornes restent inclinées selon le temps, mais émettent une faible lueur, reflétant presque un ciel étoilé. Ses cheveux tendent vers l'indigo, ses yeux se blanchissent, ses pupilles laissant apparaître une luminescence fascinante, tout comme ses tatouages. Son front se voit alors marqué d'un croissant de lune décroissant, évoquant le moment de sa naissance.
Niobē a gardé la sensibilité vibratoire aux choses qui l'entourent, notamment la nature. Elle peut ressentir les battements de la terre, des plantes, mais aussi percevoir quelques émotions animales, avec qui elle se sent en harmonie.
Ses émotions sont donc liées à tout ce qui l'entoure, ainsi elle se montrera plus chaleureuse lorsqu'il fait doux ou chaud, et plus distante en cas de froid, ou de grisaille.
Le temps pluvieux est d'ailleurs celui qui lui sied le mieux, celui où elle se sent le plus à l'aise. Elle peut ainsi physiquement laisser aller sa nature mélancolique et sauvage.
Sauvage, c'est bien ce qui caractérise Niobē. Elle n'est pas agressive, ni féroce, juste sauvage, fuyant la civilisation et les humanoïdes, qu'elle tente malgré tout d'observer, afin d'apprendre.
Elle est curieuse et aime découvrir ce qui l'entoure, n'hésitant pas à rester des heures plantées à regarder une abeille butiner, ou un tournesol suivre la course du soleil. Ses moments préférés sont ceux qu'elle passe en compagnie des cervidés, qu'elle apprécie beaucoup, ainsi que tous les petits animaux qui peuplent la forêt. Elle s'est d'ailleurs fait un admirateur, un drôle de petit blaireau craintif qui la suit partout.
Niobē ne parle que le langage de la nature, ses réactions sont donc primitives et farouches, et au fond on pourrait facilement deviner qu'elle a un tempérament plutôt timide, aimant se cacher pour ne pas être vue.
Sa nature sauvage ne l'a cependant pas laissée sans défense, car la petite hybride a un caractère bien trempé, et pourrait bien se montrer têtue comme un bouc, dans l'avenir.
Elle ne parle donc pas le langage humain et ignore toutes les us et coutumes courantes en Dùralas, de ce côté, elle a tout à apprendre...
C'est une créature sans filtre, qui ne réagira pas comme on l'attend d'elle, mais comme sa nature profonde et son environnement lui dicteront de suivre.
Niobē ne possède pas de rêve ou d'ambition particulière, elle aspire juste à vivre sa vie et laisser la nature la mener sur son chemin de vie.
Intérieurement, elle aimerait tout de même un jour savoir pourquoi et comment elle s'est éveillée, cette nuit d'automne, la laissant seule à errer dans la forêt Sylfaën, alors que ses soeurs sont restées dans leur arbre protecteur.
Nom : Niobē
Âge : 98 ans
Sexe : Femelle
Race : Satyre
Classe envisagée : Virtuose
Métier envisagé : Niobē ne peut pas envisager de tuer des animaux, d'arracher des plantes, d'abattre des arbres ou bien arracher à la roche des minerais aux énergies vivantes. Elle ne peut donc pas non plus les sculpter ou travailler. Elle essaie néanmoins de revendre le bois tombé ou arraché afin de survivre dans cette civilisation.
Capacité magique : Niobē vibre en fonction de ce qu'il y a autour d'elle, elle peut donc ressentir l'état de la flore et de la faune.
Mode hardcore :Non