Spoiler:

De son côté, Cylicia gérait le combat à merveille, comme pouvait le noter son adversaire qui lui lança, en colère :

« Zalope tu m’as péter les chicots ! »

J’eus un léger sourire en coin quand il se plaignit du mauvais traitement qu’elle lui avait fait subir. Nombre de gens sous-estimaient les femmes, mais quand on connaissait les succubes de Lassya tel que moi on savait que derrière une apparence innocente pouvait se cacher la plus diabolique adversaire. Il était en fâcheuse position, seul contre deux, mais je laissais le loisir à Cylicia d’achever ce qu’elle avait entamé. Après tout, c’était elle qui avait attaqué les Sincères-Rôdeurs pour défendre un bossu.
Son adversaire, semblant regagner une certaine énergie, tenta une attaque tout en disant avec ferveur :

« Z’en apporterait au moins un avec moi ! Pour les Zincères-Rôdeurs !

Il chargea alors sur Cylicia, qui le stoppai net d’un coup de bouclier qui l’envoya vers moi. Un peu pris de court, je tentai de le découper au passage mais cette vermine était agile, et il esquiva in extremis mon coup de claymore, avant de mettre un coup de dague devant lui, par réflexe. Je fis un pas en arrière pour éviter l’attaque désordonnée, et grognai de ce léger contre-temps.

[Attaque Membre des Sincères Rôdeurs]

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'Attaque - Humain' :

Les ennemis attaquent en premier.

Vitesse des joueurs : 87

@Brendan : 85
Vitesse : 1
Dégâts : 299
Bonus : Détermination absolue : Divise les dégâts reçus par deux.

@Cylicia Condoris : 120
Vitesse : 86
Dégâts : 37

--------VERSUS-----------

Ennemis :

Vitesse du groupe : 250

Membre des Sincères Rôdeurs A : MORT
Vitesse : 250
Dégâts : 85
Bonus : Rapidité : Attaque deux fois sur Brendan.

Membre des Sincères Rôdeurs B : 163
Vitesse : 250
Dégâts : 85
Bonus : Rapidité : Attaque deux fois sur Brendan.




Les joueurs obtiendront 1 sac de friandises (ou mauvais sort !) à la fin du combat.

Sincère rôdeur attaque à 85 sur Cylicia

Ce combat n'en finissait pas, si bien qu'il avait fini par ressembler plus à un étrange ballet sanglant au clair de lune qu'à autre chose. Brendan avait malheureusement été pris de court et manqua le mécréant de peu. De son côté  Cylicia commençait à avoir l'impression d'être aux prises avec une bête agonisante, trop fatigué pour s'enfuir et tenant trop à la vie que pour se laisser abattre aussi facilement. Malgré ces circonstances qui appelaient à la compassion, il n'était pas question de le laisser s'en aller et qu'il rameute tous les sincères-rôdeurs des environs pour une vendetta bien méritée.

- Baisse les armes, et selon tes crimes tu vivras quelques jours plus.

Notre héroïne s'était dit que, au vue de sa mission première, il ne serait pas tout à fait sot d'avoir un sincère-rôdeur à interroger. Mais à quoi bon lui mentir et lui promettre une longue vie? Cylicia s'était déjà faites juge et la sentence était la mort. Elle ne pouvait pas en sa conscience laisser vagabonder pareil fou s'attaquant à la moindre difformité de ce monde.

- Très bien, dit-il toujours la bouche en sang.

Un peu étonnée de cette réponse, Cylicia fut ravie de le voir sortir une de ses dagues et la tendre vers elle en la tenant par la lame. Peut-être avait-il vu en cette jeune stryge un moyen de salut? C'est du moins ce que cette dernière espérait avant que le bougre ne lui jette directement la dague dessus d'un lancer franc et expérimenter. La lame vint se loger dans l'épaule gauche de Cylicia qui, habituée à pareille douleur, fut plus surprise par le mesquin du personnage que de voir son sang couler. La blessure était superficielle heureusement, ce qui lui permit de retirer la dague sans crainte d'hémorragie.


A peine eut-elle tournée la tête que le vaurien se jeta sur elle. A moitié démunie, elle allait devoir encore cette fois ci compter sur le chasseur de démon pour s'en sortir. Pourvue une première mission en solo, l'on pouvait objectivement la déclarée comme étant un fiasco sécuritaire. Pourtant elle y croyait toujours, elle pensait toujours en son esprit avoir cette divine protection totalement illusoire.

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'Attaque - Stryge B' :

Le sincère rôdeur restant avait bien piètre allure. Blessé et titubant, il ressemblait à une bête acculée. Mais vous savez ce qu’on disait sur ces bêtes-là, n’est-ce pas ?
Cylicia, qui ne semblait pas être une mauvaise personne, tendit son épée vers notre adversaire commun et lui lança sur un ton sévère :

« Baisse tes armes et tu vivras quelques jours de plus.

- Très bien… » répondit le maraud, tout en commençant à tendre sa dague vers Cylicia.

Je n’avais pas de pouvoirs particuliers quand il s’agissait de repérer le mensonge, mais j’avais été bien assez habitué à la perfidie des démons pour ne pas voir que ça sentait le piège. Alors que j’allais prévenir Cylicia et lever ma claymore, le maraud me prit de court et fut plus rapide que moi. Il projeta sa dague droit vers Cylicia, et elle vint se planter dans son épaule.
Sans même attendre une réaction, je me précipitai sur lui alors qu’il allait se saisir de ma compagne du soir. Je n’hésitai pas, et ma lame trancha le maraud en deux à partir de l’épaule jusqu’à l’aine, passant cependant un peu trop près à mon goût de Cylicia.

Le combat était désormais achevé. Les sincères-rôdeurs n’allaient pas nous emmerder de sitôt, s’ils avaient vu de quoi on était capable. Je regardai mon armure alors que nous nous remettions de l’adrénaline : j’étais couvert de sang. Mon visage était devenu rouge, à force de trancher les ennemis en deux, et je trouvais que c’était inconvenant d’arriver chez une vieille connaissance en étant aussi sale. Et puis, même si peu de personne le savait, j’aimais bien avoir la barbe bien peignée et la peau propre. Un peu coquet me diriez-vous ? Personne n’était parfait après tout.

Je lançai alors à la jeune stryge blanche, qui était blessée :

« Tenez, vous en aurez besoin. Je m’éloigne un peu, je pense que mon armure a grand besoin d’être nettoyé, et mon visage aussi. Ce n’est pas couvert de sang qu’on va visiter une vieille connaissance. »

Puis, sans attendre son avis, je commençais à ôter mon armure et mes vêtements, m’éloignant tout de même un peu des cadavres et me tournant pour ne pas indisposer ma nouvelle compagne. Puis, une fois nu, je commençai à me frotter le corps, un peu partout. Je frottais à la main, faute de savon, et parvint rapidement à me rendre propre. Mon armure y passa ensuite, et la tâche fut malgré moi un peu trop longue. Je commençais à trouver que le temps se rafraîchissait, ainsi je me dépêchai et renfilai mon armure et mon gambison.

Cylicia, de son côté, semblait s’être soignée toute seule, et je lui demandai tout en rangeant ma claymore dans l’attache que j’avais dans le dos :

« Vous êtes prête à partir, damoiselle ? »

Un peu de courtoisie ne coûtait pas grand-chose, après tout.

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'Attaque - Humain' :

Les joueurs l'emportent sur les Sincères Rôdeurs. Ils gagnent tous les deux :
* 30 points d'expérience.
* 25 pièces d'or.
* x1 sac de friandises (ou mauvais tour !)

Le RP peut continuer.

À peine eut elle le temps de réagir que Brendan lui avait sauver la mise. Le sincère-rôdeur finit donc avec un sort aussi misérable que celui de ses camardes et, bien que nos deux nouveaux compagnons d'armes ne pouvaient pas le savoir, c'était bien à l'image de la vie qu'il mena jusqu'alors.

Sous le choc de ce double danger de mort si soudain, double car la lame du chasseur de démon avait bien faillie la mettre en pièce, Cylicia pris quelques instant pour se remettre de ses émotions. Brendan, fort prévenant, lui tandis un baume cicatrisant pour sa blessure, ce qui la ramena de suite à la réalité.

- Tenez, vous en aurez besoin. Je m’éloigne un peu, je pense que mon armure a grand besoin d’être nettoyé, et mon visage aussi. Ce n’est pas couvert de sang qu’on va visiter une vieille connaissance.

Appréciant à sa juste valeur la pudeur de l'être humain, Cylicia s'éloigna également de quelques pas et s'attela à défaire son armure encombrante afin de se soigner. La plaie saignait, certes, mais n'avait rien de bien grave. Elle sortie de son sac, qu'elle avait laisser plus loin lors de son élan héroïque, du fil et une aiguille et se mise à se coudre dans le plus grand calme. La pénombre faisait en sorte que l'on ne puisse voir les nombreuses cicatrices qui recouvraient son corps, ce qui avait pour effet de la mettre particulièrement à l'aise. Si bien qu'elle se mise à divaguer sur les récents événements qui s'étaient passer si soudainement.

Le résultat était là, ces sincères-rôdeurs n'allait plus pouvoir faire de mal à qui que ce soit, mais les choses étaient loin de s'être déroulées comme elle l'avait prévue. Cylicia savait bien qu'ils n'auraient fait qu'une bouchée d'elle même si Brendan n'avait pas été là pour lui sauver mise et c'était bien pour déplaire à cette jeune stryge fière de tous les efforts qu'elle fit pour en arriver là. Ses supérieurs lui avaient fait confiance pour une mission en solitaire, et la voilà obligée de compter sur l'appuie d'un incroyant. Si elle se reconnaissait le mérite de rassembler certains coeurs, c'est bien les défauts de sa technique qui l'a rongeait actuellement. Comment pouvait-elle, au final, portée ce titre lourd de sens de purificateur et devoir compter sur l'appuie des autres. C'était justement eux qui devaient servir d'appuie aux nécessiteux, et non l'inverse.


- Vous êtes prête à partir, damoiselle ?

Brendan tira Cylicia de sa rêverie par cette phrase. Elle avait finit ses soins et s'était réarmée en conséquences. Il ne s'agissait plus de faire semblant d'être une simple marchande, trop de sang avait coulé pour cela. Le ton qu'employa le chasseur de démon fit par contre un peu froid dans le dos de notre héroïne. Après tout, ils venaient de massacrer quatre hommes de son espèce mais celui-ci ne semblait pas affecter le moins du monde. Enfin, jusqu'à présent ses actes n'avaient rien eue de plus malsains que ceux de Cylicia et au fond celle-ci était plus sous le choc de son incompétence que par ce récent carnage.

- Bien sûr Brendan, nous avons perdu assez de temps avec ces rebuts. Juste une dernière chose, si vous permettez...

Elle sorti de son sac une feuille et sa plume magique qui n'avait pas besoin d'encre. Elle se mise à écrire rapidement et se rappela par la même occasion qu'elle n'avait toujours pas avouée à Brendan sa nature de purificatrice. Une fois terminée elle se rapprocha du corps gisant le plus entier et coinça le papier dans la chemise du mort. Ainsi, les curieux trouvant cette scène de carnage pouvait avoir réponse à leurs interrogations car telle était le contenue de la lettre :

"Ces quatre Sincères-Rôdeurs ont été purifiés par la main de Cycilia Condoris, Purificatrice de la Tour Blanche.  Pris sur le fait, ces quatre individu étaient sur le point de torturer un bossu innocent. Les dépouilles sont laissées à votre espèce afin que vous puissiez en disposer selon vos coutumes. Puisse le Bien Suprême régner en Dùralas pour des siècles et des siècles.

- Cylicia Condoris"

Elle n'avait pas voulue mêler le chasseur de démons à cette sordide affaire, après tout celui-ci n'avait fait que la protéger comme leur contra le stipulait. Et celui semblait si solitaire, allait-il pouvoir compter sur l'appuie d'une force comme la Tour Blanche en cas de problèmes? Enfin, elle rejoignit Brendan prête pour lever les voiles vers de nouvelles aventures mais lourde de son mensonge initiale envers lui. De toute manière, son expérience du combat lui avait sans doute fait comprendre.

- J'imagine que vous comprenez à présent que je ne suis pas vraiment une marchande...

Je sortis Cylicia de ses pensées avec ma question, et elle mit un instant avant de me répondre :

« Bien sûr Brendan, nous avons perdu assez de temps avec ces rebuts. Juste une dernière chose, si vous permettez… »

Je haussai un sourcil, curieux de savoir ce qu’elle faisait. Elle sortit alors de son sac une feuille et une plume, plume qui semblait d’ailleurs naturellement imbibée d’encre. Une fantaisie magique, certainement.
Elle commença alors à gratter le papier, sans trop d’hésitations, puis à le ranger dans la chemise d’un des Sincères-Rôdeurs. Certainement un mot attestant de ce qu’il s’était passé. Préférant ne pas vérifier sans y avoir été convié, je restais près d’elle, les bras croisés, pendant qu’elle faisait son affaire.

Elle se tourna alors vers moi, et me dit d’un ton mystérieux :

« J’imagine que vous comprenez à présent que je ne suis pas vraiment une marchande… »

Je haussai à nouveau un sourcil, circonspect. Qu’essayait-elle de dire ? En effet, j’avais noté son talent dans les armes et sa sérénité face à l’adversité. Des talents rares chez les marchands, mais rien qui aurait pu me faire réellement douter de son appartenance à la caste des marchands. Après tout, dans le Grand Nord par exemple il était courant de trouver des marchands guerriers, leur région étant si hostile. Ainsi donc, elle n’était pas « vraiment » une marchande ? Cela me donnait envie d’en savoir plus naturellement, même si je n’étais pas curieux à la base. Et puis, ma protégée avait commencé à parler, et je savais d’expérience que commencer à parler c’est déjà tout avouer. Je lui répondis donc, l’air neutre :

« J’avais en effet des doutes, mais le mercenariat m’a appris à garder mes doutes pour moi. Cependant, maintenant que vous avez commencé à parler, n’hésitez pas à éclairer ma lanterne, je vous en prie. »

Je commençai alors à marcher vers les maisons près de la plage, beaucoup plus loin, et lui dit sans me retourner :

« On peut en parler sur la route si vous voulez. »

Si Cylicia avait quoi que ce soit à me cacher jusqu’alors, elle semblait dorénavant me faire confiance, sûrement parceque je l’avais sauvé. Le combat, ça rapprochait les gens après tout.

- J’avais en effet des doutes, mais le mercenariat m’a appris à garder mes doutes pour moi. Cependant, maintenant que vous avez commencé à parler, n’hésitez pas à éclairer ma lanterne, je vous en prie.

Brendan ne semblait pas plus surpris que ça par la révélation de Cylicia. Et pour cause, cet homme en avait vu d'autres malgré ses trente et un an de l'époque. Entre démons et mercenariat, ce n'était pas un petit mensonge qui allait étonné cet être avisé. Même si pour Cylicia ce mensonge allait bientôt devenir une honte bien difficile à portée, il est tout naturel que Brendan n'est pas une réaction aussi extrême que celle de notre héroïne. Et c'est tant mieux, car Cylicia avait bien besoin de camarades ayant les pieds sur terre pour compenser ses folies.

- On peut en parler sur la route si vous voulez.

Elle acquiesça d'un signe de tête et se mise à suivre ce grand gaillard. Tout en ne pouvant s'empêcher d'admirer la beauté ténébreuse de l'océan en pleine nuit, elle réfléchit à comment lui annoncer cela sans pour autant trahir ses ordres d'infiltration. Elle arriva vite à la conclusion qu'elle ne pouvait de toutes façons rester très longtemps à Ishtar au vue de ce qu'il venait de se passer et de ce mot qu'elle avait laisser. Ainsi elle entama de la sorte :

- Je suis en réalité une Purificatrice de la Tour Blanche... Je suis désolé de vous avoir menti, mais c'était pour le Bien de ma mission. Vous comprenez, nous devons garder un oeil sur Ishtar, c'est un point stratégique indéniable pour nous autant que pour nos ennemis directs, les Stryges Noirs. Si ceux-ci venaient à influencer ce village en leur sens, il en résulterait peut-être une catastrophe économique pour nous.

C'était bien là la vérité, d'autant plus qu'Ishtar avait une réputation assez louche que pour attiré des êtres aussi tordus que les stryges noirs même si les humains avaient tendances à s'en méfier naturellement. Ce village était certes aux mains des pirates, mais si la Tour Noir avait autant tendance que la Tour Blanche à s'immiscer dans les affaires étrangères cela ne voulait rien dire. Enfin, revenons en à la discussion de Brendan et de Cylicia.

- Tout cela pour vous dire, mon cher Brendan, que je vous suis fort reconnaissante pour ce soir. Je nourrirais sans doutes les crabes à l'heure actuelle si vous n'étiez pas là et notre accord stipulait seulement que vous me protégiez, non que vous me suiviez dans cette situation périlleuse où je me suis jetée. Si je peux vous être utile dans votre Voie, sachez que vous venez de vous faire une alliée des plus sûre.

Croisé le fer ensemble est un moyen bien efficace de se faire des camarades, mais la jeune stryge n'imaginais pas encore le gouffre qui la séparait de Brendan d'un point de vue déontologique. Les démons que chassait Brendan étaient aussi réels que psychologiques, ce qui est beaucoup pour un seul homme.

- Enfin, votre ami pourra peut-être m'éclairé sur la façon dont je pourrais vous renvoyez la balle, finit-elle en lui souriant.

Ma compagne du soir acquiesça et ensemble nous prîmes la route vers la petite maison non loin de l’autre bout de la plage. Nous touchions bientôt au but de cette soirée, et j’allais en plus savoir les vrais motivations de Cylicia, qui semblait maintenant prompte à parler. Elle s’exécuta donc, sur un ton désolé :

« Je suis en réalité une Purificatrice de la Tour Blanche… Je suis désolée de vous avoir menti, mais c’était pour le Bien de ma mission. Vous comprenez, nous devons garder un œil sur Ishtar, c’est un point stratégique indéniable pour nous autant que pour nos ennemis directs, les Stryges Noirs. Si ceux-ci venaient à influence ce village en leur sens, il en résulterait peut-être une catastrophe économique pour nous. »

Je ne le montrais pas sur mon visage, étant habitué à être assez inexpressif, mais cela m’étonna un peu. Qu’elle soit Purificatrice, je voulais bien le croire, vu comment elle se battait, ses origines et sa propension à se jeter dans les emmerdes pour le bien d’autrui. Mais qu’Ishtar soit un lieu stratégique important pour les stryges ? Je tombais des nues. Surtout quand on savait qu’elle était sous influence pirate, et que les Sincères-Rôdeurs – qui étaient loin d’apprécier les stryges et tout ce qui n’était pas humain de sang pur en règle générale – n’étaient pas tendre avec les étrangers. Ainsi donc l’influence des deux Tours étaient aussi insidieuses et discrète que ça ? Je gardais ça dans un coin de ma tête, sait-on jamais si cela me servirait un jour, et répondit simplement à ma protégée Purificatrice :

« Je veux bien croire que vous êtes Purificatrice de la Tour, malgré votre descente qui n’a rien à envier à un pilier de comptoir. Je ne savais pas que les Purificateurs avaient le droit de boire, j’ai toujours pensé que les règles étaient beaucoup trop strictes pour ça. Comme quoi, on en apprend tous les jours. »

Je ricanais légèrement, avant d’enchaîner :

« Et je comprends que ce n’est pas le genre d’information qu’on divulgue sur tous les toits. Faites moi confiance elle est bien gardée. Et puis au pire, je serais peut-être mort avant d’avoir l’occasion de la dévoiler à qui que ce soit. Aucune chasse n’est sûre, encore moins quand il s’agit de démon. C’est la première règle pour tout chasseur. Votre vie peut se finir du jour au lendemain. »

Si cette guerrière voulait m’aider dans ma future chasse, elle allait devoir apprendre quelques règles que tout chasseur se devaient de connaître. Même si, en soit, je n’avais croisé que très rarement d’autres chasseurs de démon. Ce n’était pas un travail des plus répandus, ni même des plus épanouissants. Quand on ne finissait pas étriper à la première chasse, c’était déjà une belle victoire.
Cylicia finit par me remercier, chose qui ne m’était pas arrivé depuis fort longtemps je devais avouer :

« Tout cela pour vous dire, mon cher Brendan, que je vous suis fort reconnaissante pour ce soir. Je nourrirais sans doutes les crabes à l’heure actuelle si vous n’étiez pas là et notre accord stipulait seulement que vous me protégiez, non que vous me suiviez dans cette situation périlleuse où je me suis jetée. Si je peux vous être utile dans votre Voie, sachez que vous venez de vous faire une alliée des plus sûre. »

Elle marqua une pause avant d’ajouter, pendant que j’épiais distraitement les alentours alors que nous arrivions en vue de la bâtisse :

« Enfin, votre ami pourra peut-être m’éclairer sur la façon dont je pourrais vous renvoyez la balle. »

Elle me fit un sourire qui semblait sincère, et je lui répondis de la même façon. J’avais perdu l’habitude de recevoir autre chose que des regards méfiants et des chuchotements sur mon passage, et je devais avouer qu’un « Merci » et un sourire de temps en temps ne faisait pas de mal.
Cependant, je coupai court à ses démonstrations de politesse car nous étions maintenant juste devant la demeure du vieil ami à ma mère. Elle semblait ancienne, peut-être un siècle ou deux, et était juste à côté d’un des phares d’Ishtar abandonné désormais. En effet, la famille de l’habitant des lieux était anciennement connu pour être les gardiens du phare, mais il n’avait pas perpétré la tradition car le maire d’Ishtar avait décidé de fermer le phare, pour faire des économies.
La maison en elle-même était en bois brut, et les piliers de soutien à chaque coin étaient en rondin. La bâtisse était imposante, pas aussi grosse qu’un manoir mais pas aussi petite qu’une simple maison en bord de mer. Cependant, avec la clarté de la lune et la forme étrange du toit, la maison avait un aspect des plus lugubres. Plusieurs fenêtres étaient disposées sur la façade visible, et la maison s’élevait sur un étage – sans compter le grenier qui devait être spacieux vu la forme si particulière du toit. Devant, juste avant d’arriver sous le porche, nous devions passer par une barrière, qui entourait un petit jardin entretenu, quoi que peut-être pas assez vu les quelques mauvaises herbes qui traînaient ci et là. Malgré tout, les fleurs semblaient arrosées et les quelques carottes plantées dans le coin gauche n’étaient pas en train de dépérir. Je dis donc à Cylicia tout en ouvrant le portillon en bois :

« Nous sommes arrivés. Bon, j’ai peu de souvenir de cette personne, mais je crois me souvenir qu’il aimait bien les femmes. Donc ne vous inquiétez pas, nous devrions être bien accueilli. Quoi que d’autres souvenirs me disent qu’il peut se montrer… méfiant quand il s’agit d’hommes. Si jamais vous voyez une arbalète dépasser d’une des fenêtres, restez derrière moi. On est jamais trop prudent. »

En effet, ce vieil érudit était réputé pour être gronchon et rustre, mais je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir. Quand on traitait avec les démons et l’Inquisition, on ne pouvait pas vraiment vivre tranquillement, et encore moins sereinement.

Vérifiant les fenêtres, comme me l’avait conseillé ma mère il y a des années de cela, je ne vis rien de particulier. Mais pire encore, et cela me mit la puce à l’oreille : il n’y avait aucune lumière malgré l’absence de rideaux tirés ou de volets rabattus. L’endroit semblait désert. Et ce n’était pas pour me plaire. Je me tendis brusquement, sentant que quelque chose n’allait pas, et c’est quand je remarquai que la porte était entrebâillée que je mis la main sur la garde de ma claymore tout en chuchotant à Cylicia :

« Main sur la garde. Quelque chose cloche ici, prudence. »

Spoiler:

Cylicia était heureuse de voir que Brendan acceptait la situation sans lui en vouloir, ce qui aurait été son droit au vue de la duperie dont fit preuve notre héroïne. C'est donc avec un peu plus de confiance qu'ils approchèrent d'une grande maison en bord de mer. Le toit de celle-ci semblait étrangement disproportionner et son allure général lui donnait un aspect des plus glauque. Enfin, Cylicia ne s'arrêta pas à ça, elle qui vécut dans bien des endroits incongrues savait qu'il valait mieux une étrange maisonnée que d'étranges habitants. Les deux compagnons passèrent une barrière qui protégeait difficilement un potager toujours entretenu, et s'apprêtaient à entrer dans la demeure.

- Nous sommes arrivés. Bon, j’ai peu de souvenir de cette personne, mais je crois me souvenir qu’il aimait bien les femmes. Donc ne vous inquiétez pas, nous devrions être bien accueilli. Quoi que d’autres souvenirs me disent qu’il peut se montrer… méfiant quand il s’agit d’hommes. Si jamais vous voyez une arbalète dépasser d’une des fenêtres, restez derrière moi. On est jamais trop prudent.

Cylicia se demanda quel étrange personnage pouvait bien correspondre à une telle description. Elle s'attendait déjà à laisser Brendan prendre la main dans cette futur conversation histoire de ne pas devoir se retirer un carreau d'arbalète de l'épaule, la dague du Sincère-Rôdeur lui avait bien suffit pour la soirée.

- Je ferais comme vous dites, je ne veux pas gêner.

Brendan s'en alla voir de plus prêt tandis que Cylicia essayait d'apercevoir le moindre mouvement à travers les fenêtres, mais rien. C'était beaucoup de précautions pour s'en aller voir un vieil ami pensait-elle, mais au final depuis qu'elle l'avait rencontré quelques  heures auparavant il lui semblait être un homme qui prenait beaucoup de précaution. C'était pourtant un humain dans un village d'humain, notre héroïne ne s'imaginait pas avoir un tel comportement de suspicion vis à vis des siens mais ayant connue les Scounes elle comprenait que cette espèce portait en elle ses propres démons.

- Main sur la garde. Quelque chose cloche ici, prudence, dit Brendan en chuchotant alors qu'ils s'approchaient enfin de l'entrée.

En effet la porte était déjà entre ouverte, ce qui pour quelqu'un d'aussi méfiant que l'homme qu'avait décrit Brendan était un peu surprenant. Mais Cylicia qui était en terre inconnue ne pouvait que se résoudre à suivre les indications de son protecteur. Elle mit donc sa main sur la garde s'en dégainée, après tout le carreau d'arbalète pouvait toujours partir de n'importe.

- Avancez sans craintes, je couvre vos arrières, répondit en murmurant Cylicia.

Loin de se douter de ce qui les attendait, ils avancèrent prudemment dans l'obscurité de la demeure.

Ma compagne du moment me chuchotai, la main sur la garde :

« Avancez sans craintes, je couvre vos arrières »

Je la gratifiai d’un simple hochement de tête, préférant le silence dans ce genre de situation, et rentrai dans la demeure plongée dans les ténèbres. J’avouai ne pas avoir beaucoup de souvenir dans l’endroit, ainsi je ne pouvais me guider grâce à mes souvenirs. Mes yeux mirent quelques temps à s’habituer à la pénombre ambiante, seulement entrecoupé de fins rayons de lune qui filtrait à travers les quelques petits trous des rideaux. Un hall nous faisait face, sobre, tout de bois, avec seulement un porte-manteau à notre droite, et un guéridon sur la gauche. En face, un large escalier montait vers un demi-étage, puis deux autres escaliers – plus petit – partaient de chaque côté vers le vrai étage. Au demi-étage, il n’y avait qu’un tableau représentant – si mes souvenirs ne me faisaient pas défaut à nouveau – le père ou le grand-père de l’habitant actuel de la demeure. Outre l’escalier, une porte donnait sur une salle à notre droite, et une autre sur la gauche, alors que j’apercevais de là où j’étais une porte ouverte sous les escaliers, menant sûrement aux latrines.

Cylicia sur mes talons, j’ouvris précautionneusement la porte de gauche, et tombai sur ce qui semblait être la cuisine. Divers ustensiles étaient là, mais ils ne semblaient pas servir souvent si on en jugeait la couche de poussière qui en recouvrait certain. L’ustensile le plus utilisé semblé être la feuille et le hachoir, car il restait encore un peu de sang séché dessus. Je n’avais pas les connaissances suffisantes pour évaluer la provenance du liquide vermeil, mais le fait qu’ils soient accroché en évidence avec les autres outils me laissait penser que le vieil ami de ma mère n’était juste pas très à cheval sur la propreté et qu’il ne devait s’agir que de sang d’animal. Néanmoins, en vue des circonstances étranges, la prudence et le doute était de mise. Un rapide coup d’œil dans la cuisine ne m’offrit aucun indice supplémentaire, et je pris donc la porte au fond pour voir où elle menait. Sans surprise, il s’agissait de l’endroit où il stockait sa nourriture – pour la plupart, de la viande séchée et des fruits confits – et je ne jugeai même pas utile de fouiller plus en avant. Je rebroussai donc chemin, et pris la porte à droite de l’entrée, toujours la main sur la garde de ma claymore.

En ouvrant, je découvris ce qui semblait être le bureau du vieil homme. Des papiers étaient éparpillés partout, comme si un ouragan était passé, mais je n’étais pas sûr qu’il s’agisse de preuves d’une bagarre ou d’une fouille potentielle. Ca pouvait tout aussi bien être dû aux exigences de propreté inexistantes de l’érudit. Il y avait à droite de la salle le bureau, juste sous la fenêtre, et à gauche une petite bibliothèque remplis d’ouvrage que je reconnus d’un coup d’œil : beaucoup traitaient de démonologie. Je plissai les yeux alors que je remarquais un détail que je n’avais pas aperçu au premier coup d’œil : sous le tas de papier, au centre de la pièce, quelque chose était gravé sur le sol. Me baissant pour débarrasser les papiers aussi silencieusement que possible, je tombai nez-à-nez avec quelque chose que je n’aurais jamais voulu voir : c’était un cercle pandémonique, un cercle agrémentés de runes en langage démoniaque visant, la plupart du temps, à invoquer la puissance des démons, voir des démons en personne si l’utilisateur était assez puissant.

Je partageai donc mon appréhension à Cylicia, la voix aussi basse mais perceptible que possible :

« Ca c’est très mauvais signe. C’est un cercle visant à invoquer un démon. »

Je sortis mon couteau à dépecer et grattai à plusieurs endroits afin que le cercle ne puisse plus être réutilisé, suite à quoi je me relevai et pris le chemin des escaliers. Le rez-de-chaussée avait été fouillé, et avait confirmé mes craintes : ce qui se tramait ici était de nature démoniaque.

Nous arrivâmes rapidement à l’étage, mais malheureusement l’âge de la bâtisse fit craquer les marches à chaque pas, ce qui diminuait nos chances de ne pas être repéré si un quelconque ennemi se trouvait sur les lieux. Au moins, nous n’avions pas appelé le propriétaire des lieux, et ainsi révéler clairement notre présence.
L’étage qui nous faisait face était constitué d’un simple couloir, avec plusieurs portes, mais nous n’eûmes même pas besoin de fouiller les chambres une par une : une traînée de sang était clairement visible, partant du début du couloir et allant jusqu’à la seule porte ouverte. Mes doutes étaient confirmés : quelque chose n’allait pas du tout. Je dégainai silencieusement ma claymore, faisant en même remarquer à Cylicia ce que je voyais. Nous touchions au but, et nous allions enfin avoir le fin mot de l’histoire.

Je m’approchai à pas de loup de la porte, tous les sens à l’affût pour éviter une embuscade. La chasse avait commencé désormais. Je n’étais plus Brendan, l’épée à louer. J’étais Brendan, le Chasseur.
Arrivé au coin du mur donnant sur la porte, je tendis l’oreille pour entendre des bruits de succion et de brisage. Sans attendre une seconde de plus, je fis mon entrée, claymore au clair, et criai :

« Plus un geste, qui que vous soyez ! »

Devant moi, se tenait ce que je craignais le plus : un disciple de Kernal, sous la forme d’un espèce de zombie aux plaies purulentes d’où s’échappaient des asticots gros comme des doigts. Il dit alors, visiblement surpris, de sa voix semblable à un râle :

« Le mauuuuuudit… Toi… Ici… »

A coté de lui, recouvert de sang et les membres en moins, se tenait ce qui était vraisemblablement la personne que l’on cherchait. Il n’y avait aucune chance qu’il soit encore en vie, surtout au vue de son âge avancée qui ne lui permettrait certainement pas de survivre à un démembrement tel quel.
Nous étions visiblement dans la chambre, mais je n’eus pas le temps de détailler la pièce dans laquelle nous étions car instantanément le démon se mit à attaquer, disant à mon encontre avec cette voix des plus dérangeante :

« Le maître sera fier de moi si je tue le Maudit… »

Oh crois moi, il n’y avait aucune chance que cela arrive, engeance pourrissante.

[Utilisation de l’attrape-esprit de Cylicia (avec son accord)]

L'équipe des joueurs commence le combat

Vitesse de la première équipe : 158

Equipe joueurs :

Brendan : 635
Vitesse : 1
Dégâts : 970
Bonus : Mental d'acier : Les dégâts reçus sont divisés par deux.
Concentration acérée : Le manieur peut décider lors d'un tour de frapper la lame de sa claymore contre le sol plutôt que d'attaquer. En cas de réussite, ses dégâts augmentent de 10% (coup critique : 15%) et il reçoit une réduction de dégâts sur la prochaine attaque subie de 15% (coup critique : 20%))
Morsure du vampire : Vous commencez vos combats avec -20% de vitalité et êtes considéré comme un vampire (vous utiliserez le dé "vampire", mais les dés de classe sont toujours autorisés à condition de lancer au moins un dé vampire).
Dissipation : Sortir victorieux d'un combat contre un vampire.
Découpeur en série : À chaque lancer de dé, vous devez aussi lancer le dé "Citrouillage". Votre attaque ne réussit que lors d'une correspondance. À savoir que :
* Échec critique + échec critique => Coup réussi à 25%.
* Coup réussi + coup réussi => Coup réussi normal.
* Coup critique + coup critique => Coup critique +50%.
Dissipation : Sortir victorieux d'un combat contre une abomination.

Cylicia : 895
Vitesse : 1
Dégâts : 720
Bonus : Coup fantomatique: Effet : Les dégâts que vous infligez sont réduits de 10%. De plus, vous recevez 5% de ces dégâts à chacun de vos coups.
Dissipation : Sortir victorieux d'un combat contre un spectre. Attention, si le contrecoup de votre ultime attaque peut vous tuer, la dissipation ne sera pas effective et il faudra recommencer.

Démon purulent :

Vitesse cumulée de l'équipe adverse : /

Démon purulent : 600
Vitesse : Attaque toujours en dernier
Dégâts : 120
Bonus : /
Butin (pour Cylicia seulement) : Tissu maudit

L'obscurité régnait dans la demeure étrangement ouverte. Alors que Brendan, qui se remémorait à peine de l'endroit avançait prudemment, Cylicia se rappela son entrainement. Elle avait à pris, au cours de ce qui avait commencé par de simples parties de cache-cache, à diminuer sa respiration de manière à ce qu'elle soit à peine perceptible. Elle n'entendais plus que les battements de son corps et le courant d'air sinistre qui sifflait dans ses oreilles. La pression était bien là et pour cause, le dernier pressentiment de Brendan sur la plage avait été juste. Son talent d'observateur n'était plus à remettre en question, restait à savoir ce qu'il s'était passé dans cette maison.

Alors que le chasseur de démon se dirigeait vers la porte gauche, notre héroïne avait grand peine à s'habituer à l'obscurité. Les stryges blancs n'ont pas l'habitude de s'enfermer dans de sinistres cachots comme leurs cousins. Une fois entrée, juste après Brendan, Cylicia put constater qu'ils se trouvaient dans une cuisine tout ce qu'il y a de plus banal si ce n'est son désordre apparent. Evidemment la pauvre ne pouvait savoir si il s'agissait là d'une habitude de ce vieil ami ou d'un indice supplémentaire, elle préférait rester silencieuse dans un moment qui n'avait pas besoin d'une erreur de débutant. Alors que Brendan s'avança vers une seconde porte, notre héroïne scrutait les environs et surtout leurs arrières comme elle l'avait promis. Voyant le mercenaire revenir sur ses pas, elle interchangea de place avec lui pour lui laisser ouvrir cette marche silencieuse.

Une nouvelle salle s'ouvrait à eux, visiblement un bureau encore plus en désordre cette fois-ci que la cuisine. Tout cela était vraiment louche, les questions brûlaient à présent les lèvres de Cylicia mais l'heure restait à la furtivité. Brendan s'arrêta d'un coup alors qu'il parcourait la pièce, se baissant pour débarrasser le sol de toute cette paperasse qui jonchait le sol. Toujours aux aguets, Cylicia ne fit pas tout de suite attention, puis elle remarque que quelque chose avait interpeller le chasseur de démon. Elle s'approcha doucement par curiosité et vit un étrange cercle écrit en un langage runique totalement inconnue de notre érudite.

- Ca c’est très mauvais signe. C’est un cercle visant à invoquer un démon, dit Brendan à voix basse.

Tout d'abord choquée, Cylicia se souvint en suite avoir vu pareilles sortes d'inscriptions dans la bibliothèque de la Tour Blanche réservée aux Purificateurs et Adeptes du Dragon aguerris.  Alors que Brendan s'attelait à déformer le cercle impie, Cylicia se demandait comment les humains pouvaient-ils atteindre une telle folie dans leurs agissement. Le mercenaire se releva ensuite et notre héroïne le suivit de près vers l'unique destination qu'ils n'avaient pas encore fouiller : l'étage.

Tandis que Cylicia finissait de gravir les escalier, elle vit Brendan sortir silencieusement sa claymore ce qui d'instinct lui fit faire de même avec son épée. Une fois l'étage atteint, elle comprit vite pourquoi. Une longue traîné de sang jonchait le sol et se dirigeait vers une pièce qu'ils atteignirent tant bien que mal vu l'état poisseux du sol. Soudainement, Brendan fit irruption dans la pièce et s'écria :

- Plus un geste, qui que vous soyez !

Notre héroïne se dépêcha de le rejoindre et tomba nez-à-nez sur un spectacle qu'elle aurait préféré éviter. Une ignoble créature aux traits humanoïde se tenait devant eux. Elle avait toute l'allure d'un cadavre en fraîche décomposition, des plaies purulentes recouvraient son corps par lesquelles sortait par  amas toute une flopée d'asticots. L'odeur était insupportable, c'était bien l'une des pires choses que Cylicia eut le malheur de voir jusqu'alors.

- Le mauuuuuudit… Toi… Ici…, dit l'ignoble créature.

Le maudit? Qu'était-ce donc que cette accusation? Ou simple fait peut-être? Et pourquoi ce démon, visiblement dévoué à Kernal, connaissait-il Brendan? Alors qu'elle se posait toutes ces questions le regard de Cylicia tomba sur un vieil homme démembré, probablement l'ami de Brendan. Tout doucement le dégoût fit place à une peine immense pour ce brave homme qui l'avait si bien servi jusqu'ici. Ce qui la peina le plus en ce moment des plus horrifique, c'était que Brendan ne sembla pas plus attrister que cela par la mort de son ami. Quelles devait être les maux de cet humain pour ne plus avoir à verser de larmes? Cylicia, sans plus réfléchir, se jeta sur le démon épée à la main, remarquant par la même occasion que celui-ci s'était jetter également sur Brendan.

- Le maître sera fier de moi si je tue le Maudit…

La lame de la Purificatrice alla directement se planté dans le reste d'orbite de l'engeance démoniaque. Continuant son mouvement comme on lui avait appris, elle balaya son épée sur la droite ce qui ouvrit le crane de la bête à de moitié. Le cadavre s'étendit sur le sol dans un bruit aussi lourd que visqueux. La cervelle jonchée d'asticot se répandit un peu sur l'ami du chasseur du démon mais, trop fière de sa réussite, notre héroïne commença d'abord par répondre au démon vaincue qui quelques secondes auparavant ne manquait pas d'assurance.

- Tu diras à ton maître qu'il faudra compter avec la Tour Blanche dorénavant...

Puis se rendant compte, de l'absurdité de parler à ce gisant.

- Qu'est-ce que je raconte, il est mort... Désolée pour votre ami, Brendan..., dit elle en se retournant vers le concerner.

Elle garda son épée à la main, histoire de ne pas salir son fourreau, et s'approcha du cadavre démoniaque tout en gardant une distance raisonnable. Du bout de son épée, elle tâta le reste de la carcasse pour scruter la moindre réaction mais rien. Il était bel et bien et mort, elle-même ne parvint pas à le croire.

*On va encore me prendre pour une folle à la Tour Blanche lorsque je ferais mon rapport, pensa-t-elle. Enfin, occupons-nous de l'urgence.*

Se retournant à nouveau vers Brendan, elle lui dit :

- Si vous le souhaitez, je m'occuperais des restes de ce démon pendant que... Pendant que vous vous occupiez de votre ami comme il se doit. Bien que j'avouerais, ne pas bien savoir comment m'y prendre avec pareille engeance.

Après cela, Cylicia comptait bien poser quelques questions à Brendan qui, lui aussi, semblait lui avoir cachées quelques précieuses informations.

Le membre 'Cylicia Condoris' a effectué l'action suivante : Actions

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'Attaque - Stryge B' :

A peine le démon eut-il fini sa phrase que Cylicia, sans attendre, lui trancha le crâne d’un habile tour d’épée. Ni moi ni lui n’avions eu le temps de réagir face à l’assaut rapide et méthodique de la Purificatrice. Je haussai un sourcil, surpris par l’efficacité de la guerrière, et elle répondit au démon sur un ton presque théâtral :

« Tu diras à ton maître qu'il faudra compter avec la Tour Blanche dorénavant... »

Mais, semblant prendre conscience de la situation subitement, elle me dit l’air désolée :

« Qu'est-ce que je raconte, il est mort... Désolée pour votre ami, Brendan... »

Je secouai la tête et lui dit, le ton qui se voulait rassurant :

« Allons allons, ça n’a plus d’importance maintenant. Et puis, c’était l’ami de ma mère. »

Elle s’approcha du cadavre du démon en même temps que moi, et s’assura avant moi qu’il était bien mort en le tâtant du bout de la lame.
Elle se tourna à nouveau vers moi et me dit alors :

« Si vous le souhaitez, je m'occuperais des restes de ce démon pendant que... Pendant que vous vous occupiez de votre ami comme il se doit. Bien que j'avouerais, ne pas bien savoir comment m'y prendre avec pareille engeance. »

Je fis un léger sourire et lui montra la carcasse du démon. Quelques secondes plus tard, il disparut en poussière tel qu’il était coutume quand un démon était rendu au Pandémonium. Je lui répondis donc, l’air neutre :

« On dirait bien que votre travail est déjà fait. Quant à l’ami de ma mère, et bien je pense avoir une idée. »

Je jetai un coup d’œil vers le vieil homme qui se tenait là, démembré. Je n’avais pas de peine pour lui, j’avais vu tomber tant de compagnons dans cette lutte éternelle face aux hordes du Pandémonium que je ne pouvais plus m’émouvoir de ce genre de chose. J’eus une pensée pour Shaoni, une des rares compagnes de route qui n’était pas morte par ma faute. Peut-être que cela me chagrinerait, si elle venait à succomber.
Je développai donc le fil de ma pensée à Cylicia, parlant à un volume normal maintenant que tout danger était écarté :

« Farkas n’avait pas de descendant, ni même de famille, et vivait reclus dans cette maison qu’il voyait comme un sanctuaire. Maintenant qu’il est mort, je pense que le mieux est de brûler la bâtisse, avec lui dedans. C’est le seul hommage que je puisse lui rendre, je pense. »

Par chance, il y avait un briquet à amadou dans la pièce où il se trouvait, et probablement du bois de chauffe en bas. Je mis donc quelques dizaines de minutes à préparer le feu, sous l’œil attentif de la Purificatrice, puis une fois que les préparatifs furent achevé, je mis le feu à la bâtisse qui commença doucement mais sûrement à s’embraser. Nous étions dehors, sur la plage, face au fait accompli. Mon regard se perdait un peu dans les flammes, flammes mortuaires que j’avais allumé un nombre incalculable de fois pour rendre un dernier hommage aux compagnons qui m’avaient épaulés et qui étaient mort pour ma cause. Probablement que l’espace d’un instant, une certaine émotion pouvait se lire sur mon visage, une émotion non pas dû à la mort de Farkas, mais à la mort de tous ceux qui avaient cru bon de m’aider et qui en avaient payé le prix fort. Je soupirai et déclarai seulement :

« Bon vent, vieil homme ronchon. Ton combat est terminé. Tu peux enfin reposer en paix. »

Puis je me tournai vers Cylicia, qui avait assisté à la scène silencieuse, probablement par respect pour moi et pour le mort, et lui dit :

« Bien, nous n’avons plus rien à faire ici. Il vaudrait mieux même décampé avant que la milice ishtarienne ne vienne voir l’incendie de plus prêt. On peut toujours parler sur la route, car je sens que des questions brûlent vos lèvres. Posez-les sans crainte, et j’y répondrais si j’en ai le pouvoir. »

« Le pouvoir ou l’envie » pensai-je pour moi.

- On dirait bien que votre travail est déjà fait. Quant à l’ami de ma mère, et bien je pense avoir une idée. Dit Brendan alors que le démon disparaissait en poussières devant les yeux écarquiller de Cylicia.

Ceci expliquait à notre héroïne pourquoi les gens disant avoir vu un démon étaient si prompt à être pris pour des fous dans la société humaine. Elle-même allait devoir expliquer tout cela à la Tour Blanche sans aucune preuve de ce qu'elle avançait. Elle aurait aimé au moins ramener un morceau pour prouver ces dires mais ce ne devait pas être grand chose par rapport à ce que Brendan devait supporter quand il parlait à autrui de sa chasse aux démons. Brendan, il devait bien connaitre, lui aussi, ce sentiment qui est d'être pris pour un affabulateur. Il le connaissait sans doute mieux que notre héroïne qui se reconnaissait pleinement en lui. Une tâche si noble et d'ingrats lauriers, tel est le lot des grandes âmes.

- Farkas n’avait pas de descendant, ni même de famille, et vivait reclus dans cette maison qu’il voyait comme un sanctuaire. Maintenant qu’il est mort, je pense que le mieux est de brûler la bâtisse, avec lui dedans. C’est le seul hommage que je puisse lui rendre, je pense.

Un peu étonnée de cette idée un peu extrême, Cylicia préféra acquiescer sagement de la tête plutôt que de contre-dire un homme en deuil. Et puis, au final, elle n'avait pas envie qu'on accuse la Tour Blanche du massacre d'un vieil homme seul, c'est probablement ce que les Ishtariens auraient conclus suite au carnage sur la plage.

Cylicia rangea son épée à présent propre, maintenant que le démon avait été vaincue, dans son fourreau et, au pas de la porte, regarda Brendan allumer ce feu purificateur. Malheureusement, les ouvrages et présumés recherches du vieil homme allaient être perdues, mais c'était sans doute un bien étant donnée le résultat de ceux-ci.

Une fois à l'extérieur et à l'abris des flammes, Cylicia resta silencieuse devant Brendan qui, pour une fois, semblait, sinon éprouvé une émotion, du moins ce recueillir. Difficile à comprendre pour une Stryge Blanche de si peu de considération pour un être disparue. Elle savait par expérience que les Purificateurs ne s'accordaient pas souvent le temps du malheur, et comme c'était tout son monde elle ne put s'empêcher de faire l'analogie si bien que Brendan paraissait à ses yeux tel un Purificateur humain.

- Bon vent, vieil homme ronchon. Ton combat est terminé. Tu peux enfin reposer en paix.

Cylicia, qui de tout temps fut très empathique, ne put s'empêchée de verser une larme qu'elle s'empressa d'essuyer. Enfin, Brendan, lui, semblait prêt à tourner cette page c'était l'important à ses yeux.

- Bien, nous n’avons plus rien à faire ici. Il vaudrait mieux même décampé avant que la milice ishtarienne ne vienne voir l’incendie de plus prêt. On peut toujours parler sur la route, car je sens que des questions brûlent vos lèvres. Posez-les sans crainte, et j’y répondrais si j’en ai le pouvoir.

Evidemment les questions avaient fusées dans la tête de Cylicia, mais cela c'était avant de voir l'ami Brendan démembré. Qu'allait-elle pouvoir lui poser comme question à présent? Alors qu'ils repartaient, son esprit était en ébullition.

*Allez Cylicia, pensa-t-elle, reprends tes esprits. Tu es une Purificatrice en mission qui vient de pourfendre un démon, garde ton sang froid. Non, ne pense au demon, pense à Brendan! Olala, qu'est-ce que ferait Leonis? Démon? Brendan? Démon? Brendan? Du calme, tu as le temps pour les deux, et il semble évident que les deux sont liés. Morkez... Le Bien.*

- Brendan, dit-elle en posant la main sur le bras de ce dernier pour le stopper dans sa marche. Si cela ne vous dérange pas je poserais mes question après. Loin de moi l'idée de vous dire comment mener à bien votre vie, mais il y a une expression chez nous qui dit qu'un homme qui ne pleure plus ne rit plus non plus. C'est bien la pire chose pour moi qui puisse arrivé à un être sensible et, croyez-moi, j'ai eu mon lot de malheur moi aussi.

En disant ces derniers mots, elle pensait évidemment à son enfance passée à se faire battre et malmenée par ces alcooliques de Scoune. Elle avait malgré tout garder son sourire jusqu'au bout, craignant de le perdre à jamais. Là, elle déploya l'une de ses ailes devant elle et d'une main s'arracha l'une de ses plumes. En l'a tendant vers Brendan elle dit :

- Veuillez acceptez ce présent, puisse-t-il vous porter chance, et, peut-être, un jour où vous serrez en joie, vous penserez à Cylicia de la Tour Blanche qui vous avait prédit ce moment.

Cylicia ne savait pas si cet humain comprenait vraiment la portée de son geste qui était très significatif chez les Stryges. Qu'importe, c'était avec son coeur qu'elle parlait et agissait à présent. Au moment même où Brendan saisi la plume, elle en profita pour saisir Brendan à son tour et le prendre dans ses bras ainsi que dans ses ailes. La scène, sur cette plage au clair de lune, aurait surement été apprécier de quelques peintres connaissant le destin de ces deux âmes. Notre héroïne relâcha cependant assez vite son étreinte, de peur de froisser le guerrier qui sommeillait en Brendan.

- Et maintenant, cher Brendan, j'aimerais savoir ce qu'il en est de cette histoire de malédiction, lui-dit elle simplement, sourire aux lèvres.

Si Cylicia fut connu comme une femme sans pitié vis à vis de ses adversaires, beaucoup ont malheureusement oubliés celle qu'elle était avec ses camarades. Triste logique dramatique de l'Histoire.

Ma compagne du soir mit quelques temps à répondre, semblant réfléchir aux questions qu’elles se posaient. Ca devait être normal compte-tenu de ce qu’il venait de se passer. Elle semblait jeune, trop jeune pour avoir développé cette carapace qui se formait naturellement quand on devait encaisser les morts par cargaisons entières. Elle finit par me demander en m’arrêtant, posant sa main sur mon bras :

« Brendan ? Si cela ne vous dérange pas, je vous poserais mes questions après. Loin de moi l’idée de vous dire comment mener à bien votre vie, mais il y a une expression chez nous qui dit qu’un homme qui ne pleure plus ne rit plus non plus. C’est bien la pire chose pour moi qui puisse arriver à un être sensible et, croyez-moi, j’ai eu mon lot de malheur moi aussi. »

Je m’étais arrêté et l’écoutait attentivement, guettant néanmoins que personne ne vienne nous trouver ici. Nous n’étions pas si loin de la bâtisse, et l’on risquait gros à se faire attraper par la milice après avoir mis le feu à la maison de l’ancien gardien de phare. Je pris tout de même note de ce qu’elle me disait, et acquiesçai intérieurement. Il était vrai que je n’avais plus le goût à rire. Sourire, tout au plus. Et en parallèle, je ne m’émouvais plus vraiment des morts, car les victimes collatérales de ma lutte étaient innombrables.
Soudain, elle déploya une de ses ailes et arracha une plume qu’elle me donna. Je haussai un sourcil, surpris de ce geste dont je devinais la profonde signification sans pour autant la comprendre tout à fait. Elle enchaîna:

« Veuillez accepter ce présent, puisse-t-il vous porter chance et, peut-être, un jour où vous serez en joie, vous penserez à Cylicia de la Tour Blanche qui vous avait prédit ce moment. »

Malgré moi, j’eus un petit sourire, des plus sincères et naturels. C’était admirable de sa part, de s’inquiéter ainsi des autres. J’en avais connu bon nombre, de personnes altruistes. Leur taux de survie dans un monde si hostile n’était cependant pas bien élevé. Je respectais leurs convictions, mais ne pouvais tout à fait penser comme eux. Bien sûr que je voulais protéger les gens, bien sûr que je voulais qu’ils aillent mieux et qu’ils ne souffrent pas d’insécurité, mais qui étais-je pour réellement y changer quelque chose ? Un homme brisé, voilà qui j’étais.
Au moment où je me saisis de la plume pour la ranger, la stryge m’attira à elle et me prit dans ses bras tout en nous entourant de ses ailes. Je pense qu’à ce moment-là, si j’avais vu ma tête de merlan frit, j’aurais été tenté de rire contrairement à ce qu’elle me disait tantôt. Je restai bouche bée devant cet élan d’affection que j’avais rarement reçu, et ne pus même pas lui rendre la politesse avant qu’elle relâche son étreinte. Je mis un petit moment à refermer ma bouche grande ouverte mais une fois mes esprits retrouvés, je rangeai la plume dans une doublure de mon armure en cuir, près du cœur. J’étais encore tout bouleversé quand elle me dit en souriant :

« Et maintenant, cher Brendan, j’aimerais savoir ce qu’il en est de cette histoire de malédiction. »

Ah ! C’était inévitable, cette saloperie de démon n’avait pas pu s’empêcher de se référer à moi comme étant le maudit. Comme tous les autres démons que je croisais de toute façon. D’un côté, je n’avais pas l’envie absolue de cacher ma malédiction, mais de l’autre je savais le regard que l’on me jetait quand je révélais mes tourments. Mais Cylicia avait été si bonne avec moi qu’il aurait été impoli de ne pas répondre franchement à sa question. Et puis, si l’on passait la nuit ensemble, il fallait au moins qu’elle sache avec qui elle dormait, et quels risques elle encourait. Je lui répondis donc, me raclant la gorge tout en recommençant à marcher pour m’éloigner des flammes non loin :

« En effet, comme le démon vous l’a dit, je suis maudit. Depuis ma naissance, car aussi loin que je me souvienne j’ai toujours été maudit, et ma mère a toujours essayé de me faire survivre à la malédiction. Elle en a payé le prix d’ailleurs. »

J’eus une pensée pour Léana, à qui j’avais ôté la vie dans un tragique accident. Instantanément, la pensée repartit dans les limbes, et je retrouvai ma contenance. Il ne fallait pas penser à cet incident. Je repris donc, la voix un peu plus ferme :

« Ma malédiction a deux effets. Tout d’abord, j’agis comme un phare à démon. Il ne peut pas se passer une semaine sans que j’en croise un sur ma route. Je ne suis pas plus conscient de cet effet qu’eux, c’est comme si nous étions tous naturellement attirés entre nous. Mais ça ne les dérange pas, car ils pensent avoir une chance de me tuer. Et ça ne me dérange pas non plus, car ça me permet de les tuer avant qu’ils ne commettent plus d’atrocités. Au fond, c’est la bonne partie de la malédiction, une fois qu’on s’y est habitué. »

Je pris une pause pour lui laisser digérer tout ça car, après tout, ce n’était pas facile d’assimiler qu’on se promenait avec un aimant à démon ambulant. C’était d’ailleurs pour ça que je faisais la plupart du temps cavalier seul. Je repris finalement quelques instants après :

« Et la deuxième partie est la pire. Je ne sais même pas si je m’y suis habitué, mais je pense que oui. Avec le temps, on s’y habitue forcément, mais j’aurais préféré que ça ne soit jamais le cas. Chaque nuit, au lieu de dormir paisiblement comme les autres entités de Dùralas, mon esprit voyage dans le Pandémonium. Si je n’ai pas la possibilité d’être blessé là-bas – sauf peut-être par quelques démons supérieurs dont je me tâche d’éviter de croiser la route – j’ai vu plus d’atrocités qu’un vieux guerrier n’a pu voir en toute une vie. La vie là-bas est… indescriptible et horrible. Pour caricaturer, un massacre équivaut à un bonjour chez eux, et la torture à un merci. Le sommeil est insupportable c’est pourquoi je dors peu et que des cernes se sont gravées sous mes yeux. Il existe néanmoins un remède. Un remède temporaire – très temporaire – mais un remède quand même. Quand je tue un démon, mon esprit ne voyage pas dans le Pandémonium la nuit prochaine. Mais bon, je ne sais pas si on peut appeler ça un réel remède. Quand on passe ses nuits à voir des atrocités en boucle, les nuits normales ne sont pas si différentes des nuits dans le Pandémonium. »

Je haussai les épaules, n’ayant après tout fait qu’exposer ce que je vivais tous les jours. Je m’y étais habitué depuis longtemps, maintenant que j’approchais de la quarantaine. Quoi qu’en me faisant la réflexion, il était vrai que dans les rares souvenirs que j’avais quand j’étais bébé, ou très très jeune enfant, je ne faisais pas ses horribles cauchemars. Peut-être que cette partie de la malédiction ne s’était déclenché qu’après coup, quand j’avais un peu plus mûri ? Léana me l’avait peut-être expliqué, mais je ne m’en souvenais plus.
Me retournant vers Cylicia tout en continuant à marcher, je lui dis :

« Je comprendrais si vous vouliez couper les ponts tout de suite avec moi. Je suis habitué à ce genre de traitement, et c’est sûrement plus sûr pour vous. »

Pour le Juge:

Le sourire de Brendan était à ce moment le plus beau cadeau que reçu Cylicia depuis bien des années. Voilà maintenant bien longtemps qu'elle n'avait eu l'occasion de faire ce qu'elle préférait faire au monde : le bien. Alors qu'ils s'étaient remis en marche loin des flammes et des corps, Brendan commença à répondre à Cylicia qui était impatiente d'écouter l'histoire de ce personnage hors du commun.

- En effet, comme le démon vous l’a dit, je suis maudit. Depuis ma naissance, car aussi loin que je me souvienne j’ai toujours été maudit, et ma mère a toujours essayé de me faire survivre à la malédiction. Elle en a payé le prix d’ailleurs.

Brendan sembla, l'espace d'un instant, plonger dans un souvenir amère. Notre héroïne, à ce moment, regrettait déjà son impatience, se rendant évidemment compte que cette histoire n'allait pas être des plus joyeuses.

- Ma malédiction a deux effets. Tout d’abord, j’agis comme un phare à démon. Il ne peut pas se passer une semaine sans que j’en croise un sur ma route. Je ne suis pas plus conscient de cet effet qu’eux, c’est comme si nous étions tous naturellement attirés entre nous. Mais ça ne les dérange pas, car ils pensent avoir une chance de me tuer. Et ça ne me dérange pas non plus, car ça me permet de les tuer avant qu’ils ne commettent plus d’atrocités. Au fond, c’est la bonne partie de la malédiction, une fois qu’on s’y est habitué.

L'inquiétude commença à gagner l'âme de la Purificatrice. Tout cela sentait mauvais, très mauvais. Et si Brendan agissait, comme il l'a dit si bien lui-même , tel un phare à démon, mais également pour que ceux-ci puisse trouver un chemin du Pandémonium à notre monde? La malédiction de Brendan serait alors une catastrophe potentielle difficile à négliger non seulement pour elle mais aussi, et surtout, pour la Tour Blanche. Lorsque celui-ci se remit à parler, elle tâcha du mieux qu'elle put de ne pas montrer son inquiétude. Chose assez aisée pour ce qui était du moins de l'écouter, pour elle qui respectait tout homme livrant ainsi sa vérité.

- Et la deuxième partie est la pire. Je ne sais même pas si je m’y suis habitué, mais je pense que oui. Avec le temps, on s’y habitue forcément, mais j’aurais préféré que ça ne soit jamais le cas. Chaque nuit, au lieu de dormir paisiblement comme les autres entités de Dùralas, mon esprit voyage dans le Pandémonium. Si je n’ai pas la possibilité d’être blessé là-bas – sauf peut-être par quelques démons supérieurs dont je me tâche d’éviter de croiser la route – j’ai vu plus d’atrocités qu’un vieux guerrier n’a pu voir en toute une vie. La vie là-bas est… indescriptible et horrible. Pour caricaturer, un massacre équivaut à un bonjour chez eux, et la torture à un merci. Le sommeil est insupportable c’est pourquoi je dors peu et que des cernes se sont gravées sous mes yeux. Il existe néanmoins un remède. Un remède temporaire – très temporaire – mais un remède quand même. Quand je tue un démon, mon esprit ne voyage pas dans le Pandémonium la nuit prochaine. Mais bon, je ne sais pas si on peut appeler ça un réel remède. Quand on passe ses nuits à voir des atrocités en boucle, les nuits normales ne sont pas si différentes des nuits dans le Pandémonium.

Ayant oublier, en partie, le problème théorique de la malédiction qu'elle se posait à la base, Cylicia était à présent pleinement concentrer sur cet être qui ne connaissait pas le répit. Elle était sans doute la plus à même de comprendre Brendan, du moins c'est ce qu'elle pensait. Toute cette souffrance, toute cette violence, et cette fuite en avant. Elle connaissait chacune de ces afflictions mais se rendait bien compte qu'une différence fondamentale et non des moindres les différenciaient très nettement. Cylicia avait choisie cette vie de souffrance et de sacrifice, tandis que Brendan n'avait nul autre choix que de la subir. Personne ne lui avait demander son avis, la malédiction était là qu'il le veuille ou non. Ce n'était sans doutes pas la voie qu'il souhaitait emprunter, alors que Cylicia s'était, en pleine conscience, destinée à cette vie. Elle essuya du revers de son aile une larme naissante sur sa joue, et alors qu'elle s'apprêtait à lui répondre il conclu par ceci :

- Je comprendrais si vous vouliez couper les ponts tout de suite avec moi. Je suis habitué à ce genre de traitement, et c’est sûrement plus sûr pour vous.

Malheureusement, la sûreté n'était pas vraiment le truc de Cylicia. Elle s'approcha de Brendan et là, relevant la manche de sa robe, elle lui montra au clair de lune les innombrables cicatrices qui couvrait son bras. Tout en souriant à Brendan elle lui dit :

- Mon corps en est presque entièrement recouvert. Vous allez sans doute me prendre pour une folle mais je me suis infligée bien des sévices de mon propre chef. Le but? Tout simplement devenir une bonne Purificatrice, et pour cela il me semble primordial de comprendre toutes formes de souffrances. Je me dois de connaitre le poids des choses, voyez-vous. Tel est ma Voie et le destin qui m'attends, la douleur et le sacrifice. Sans eux ma quête ne serait qu'entêtement présomptueux... Enfin, même au yeux des miens je passe pour un phénomène de foire, je ne m'attends pas à ce que vous compreniez. Mais je comprendrais si vous voulez couper les ponts avec moi tout de suite, je suis habituée à ce genre de traitement.

Brendan, qui n'était pas né de la dernière pluie, compris facilement le message que voulait faire passez Cylicia par là. Celle-ci s'en doutait et continua afin de rebondir enfin sur cette triste histoire, faisant disparaître son sourire pour laisser apparaître une mine inquiète.

- Bien sûr, je ne peux que m'imaginer ce que vous traversez. Une telle privation de sommeil en rendrait fou plus d'un, sans parler de votre quête incessante et de ces voyages horrifiques. Malheureusement mes connaissances en démonologie sont plus que limitées, et à part vous invitez à consulter certaines archives classifiées de la Tour Blanche, je ne vous serait sans doute que très peu utile pour trouver le repos auquel vous aspirez.

Un instant son coeur vacilla. Et si son destin était d'aider Brendan à combattre ces abominations? Et si elle s'en allait simplement à ses côtés, exterminant démons et vauriens, propageant le bien. La chose était tentante pour celle qui se pensait élue de son dieu. Mais non, elle ne pouvait se soustraire si aisément à son devoir. Il y avait encore tant à faire et à vivre, des choses que notre héroïne ne pouvait pas même encore imaginer. Difficile tout de même pour cette âme pleine d'empathie de laisser seul cet individu affronter un destin aussi tragique. En sa conscience elle décida qu'il méritait au moins la vérité, de toutes façons elle ne contait plus mentir, jamais.

- Mais un autre problème me semble des plus évidents. Malheureusement cet attraction réciproque que vous avez avec les démons peut être source de grand danger selon son véritable fonctionnement. Si je vois bien que vous êtes un homme bon pour avoir passé cette nuit à vos côtés, la conclusion de la Tour Blanche pourra s'avérer bien pus pessimiste que la mienne. J'ai Foi en leur jugement mais, je ne vous mentirais pas une deuxième fois, me laisser repartir en vie pourrait représenter un risque pour vous. Alors, si vous décidez que celui-ci est trop grand, ayez au moins l'obligeance de me combattre dignement car viendra le moment où je vous tournerais le dos et je ne me sens pas de mourir poignarder par un ami. Certes, je préférerais éviter l'un comme l'autre...

Difficile pour Cylicia d'être plus directe. Bien que sa folie, et la conviction qui en découlait qu'elle avait d'avoir grand destin, puisse expliquer ces paroles, elle mettait tout de même sa vie en la confiance de Brendan, le mercenaire. Tel était la façon de faire certains Purificateurs, Cyicia n'était pas le première et ne sera sans doute pas la dernière à appliquer pareilles pratiques dans le faible espoir de voir surgir un peu de bonté dans le coeur des hommes.

Tout en disant cela, elle regardait Brendan fixement dans les yeux à fin de lui faire comprendre qu'elle était des pus sérieuses. Pauvre chasseur de démons, maudit jusque dans ses rencontres les plus humaines. Mais Cylicia avait le coeur lourd également en disant cela, elle qui avait souhaiter un instant avant de pouvoir l'accompagner dans ses malheurs.

La réaction de Cylicia fut étonnante. Elle se rapprocha de moi et me montra les cicatrices qui parsemaient ses bras, ce qui me rappelait que trop bien l’état de mon dos après les tortures que m’avaient fait subir les démons.
Elle me dit alors, avec un sourire sincère :

« Mon corps en est presque entièrement recouvert. Vous allez sans doute me prendre pour une folle mais je me suis infligée bien des sévices de mon propre chef. Le but ? Tout simplement devenir une bonne Purificatrice et pour cela il me semble primordial de comprendre toutes formes de souffrances. Je me dois de connaître le poids des choses, voyez-vous. Telle est ma Voie et le destin qui m’attends, la douleur et le sacrifice. Sans eux ma quête ne serait qu’entêtement présomptueux… Enfin, même aux yeux des miens je passe pour un phénomène de foire, je ne m’attends pas à ce que vous compreniez. Mais je comprendrai si vous voulez couper les ponts avec moi tout de suite, je suis habituée à ce genre de traitement. »

Cela ne m’étonnait guère. Cylicia avait le crâne rasé, ce qui était assez inhabituel pour une femme. De plus, elle avait l’air d’être très loyale à son Dieu Dragon, voir même peut-être zélote sur les bords. Ainsi, savoir qu’elle se mutilait pour comprendre la douleur ne me semblait pas si inconcevable que ça. Je ne craignais néanmoins pas sa compagnie, étant tombé sur des gens autrement plus dérangé. Cylicia avait pour elle une bonté qui se lisait clairement sur son visage, et je ne la voyais pas commettre des atrocités gratuitement. Elle semblait posséder un grand sens de l’honneur et de la justice, donc ce n’était pas quelques cicatrices qui allaient me faire changer d’avis à son sujet. Je compris néanmoins le message, et acquiesçai simplement en lui rendant son sourire.
Elle prit alors une mine inquiète, et reprit :

« Bien sûr, je ne peux que m’imaginer ce que vous traversez. Une telle privation de sommeil en rendrait fou plus d’un, sans parler de votre quête incessante et de ces voyages horrifiques. Malheureusement mes connaissances en démonologie sont plus que limitées, et à part vous inviter à consulter certaines archives classifiées de la Tour Blanche, je ne vous serais sans doute que très peu utile pour trouver le repos auquel vous aspirez. »

Je secouai la tête et lui répondit, l’air plus fataliste que je ne l’aurais voulu :

« Ce n’est rien, Cylicia. Je sais qu’il n’y a aucun remède au mal qui me ronge, et aller lire vos archives n’y changera rien. Je portes et porterais mon fardeau jusqu’à ma mort, c’est ainsi. »

Cylicia sembla comprendre ma décision et me dit alors, l’air grave :

« Mais un autre problème me semble des plus évidents. Malheureusement cet attraction réciproque que vous avez avec les démons peut être source de grand danger selon son véritable fonctionnement. Si je vois bien que vous êtes un homme bon pour avoir passé cette nuit à vos côtés, la conclusion de la Tour Blanche pourra s’avérer bien plus pessimiste que la mienne. J’ai Foi en leur jugement mais, je ne vous mentirais pas une deuxième fois, me laisser repartir en vie pourrait représenter un risque pour vous. Alors, si vous décidez que celui-ci est trop grand, ayez au moins l’obligeance de me combattre dignement car viendra le moment où je vous tournerais le dos et je ne me sens pas de mourir poignarder par un ami. Certes, je préférerais éviter l’un comme l’autre. »

Elle me regardait avec un regard lourd de sens, et ne semblait pas plus enclin que moi à se battre. Je secouai la tête en soupirant. Ainsi donc elle pensait que les Purificateurs n’allaient pas voir ma malédiction sous un si bon œil et peut être prendre des mesures pour y mettre fin de façon définitive. Je me mis alors à ricaner, d’un air qui pouvait sembler un peu malsain, avant de répondre :

« Je n’ai pas peur de la Tour Blanche. Ni de la Tour Noire. Ni de personne d’autre d’ailleurs. Je ne vais pas vous tuer, car ce n’est pas juste et que sans être un fervent défenseur du bien je n’aime pas commettre d’injustices. Si vous pensez un jour devenir une ennemie à abattre, et bien soit, je suis habitué aux retournements de situation. Mais je prendrais le risque de vous accompagner encore un peu. J’aviserais quand vous deviendrez un problème. Ca vous convient ? »

Je lui fis un léger sourire, comme pour lui laisser comprendre que les menaces ne m’effrayaient pas et que mon train de vie me rendait insensible à ce genre de chose. Peut-être même qu’au fond, sans que je ne m’en rende vraiment compte, les dangers de la vie m’excitaient. Qu’ils me faisaient me sentir en vie.

Brendan se mit à ricaner étrangement, ce qui apaisa les craintes de Cylicia. Au moins cela voulait dire qu'il trouvait ce qu'elle venait de lui avouer ridicule et que donc il n'était ni question de combat ni de trahison entre eux. Ce qu'il lui répondit par la suite confirma cette hypothèse.

- Je n’ai pas peur de la Tour Blanche. Ni de la Tour Noire. Ni de personne d’autre d’ailleurs. Je ne vais pas vous tuer, car ce n’est pas juste et que sans être un fervent défenseur du bien je n’aime pas commettre d’injustices. Si vous pensez un jour devenir une ennemie à abattre, et bien soit, je suis habitué aux retournements de situation. Mais je prendrais le risque de vous accompagner encore un peu. J’aviserais quand vous deviendrez un problème. Ca vous convient ?

- Cela me convient parfaitement, répondit Cylicia en rendant son sourire au mercenaire et bien contente de cette réponse.

Elle trouvait courageux, un peu idiot même, de ne pas craindre la Tour Noire. Elle avait entendu des choses immondes à son sujet et même si elle s'était préparée à se faire capturer un jour, elle espérait de tout son être que ce jour n'arrive jamais. Enfin, elle comprenait que, pour un homme habitué à de telles souffrances, la Tour Noire ne soit pas source de terreur. Elle même ne l'aurait vu que comme une épreuve lancée à son encontre par Morkez.

- Il serait néanmoins judicieux pour ma part de ne pas m'éterniser dans les parages. Les corps sur la plage étant signés de mon nom, cela ne m'étonnerait pas que certains Sincères-Rôdeurs se prennent une envie de vengeance. Et je ne vous parle pas des Pirates, Morkez seul sait si ils apprécieront ce petit nettoyage de rebuts ou non.

Il était même presque certains que ces fiers amoureux de la liberté aient du mal à digérer que la Tour Blanche se mêle de leurs affaires.  Partir de nuit aurait été sage, surtout après cet incendie qui allait déplacer bon nombres de curieux sur la plage.

- Enfin, je ne vois pas d'inconvénients à ce que nous finissions cette nuit ensemble. J'arrive à peine de mon voyage et, suite à tout ce qui s'est passez, un peu de repos me ferait le plus grand bien. Peut-être connaissez-vous un endroit où nous pourrions dormir discrètement. Qu'en pensez-vous?

Il est vrai que le voyage et toute cette activité nocturne avaient fatigués notre héroïne. Qui plus est, elle venait de pourfendre le démon à la place de Brendan et espérait que sa présence puisse lui faire passer une nuit à peu près normal, elle lui devait bien ça.

Le soir même, elle allait pouvoir envoyer son corbeau à la Tour Banche et être fixée provisoirement le lendemain sur le destin de Brendan. Au final, ses dires allaient peut-être être remis en cause du fait de sa réputation, sans compter les cadavres qu'elle avait déjà laisser derrière elle. Sans doutes ne voudront ils pas faire trop de remous dans la Piraterie. Tout en se disant cela, elle espérait que la suite de cette aventure se passe plus calmement qu'elle n'avait commencer.