L'Oasis principale du Désert de Harena, celui qui était répertorié tout du moins, proposait milles et unes délices aux voyageurs fatigués par la chaleur du Soleil. Des roulottes marchandes exhibaient des parures aux pierres de contrées lointaines, aux airs royaux, tandis que des filles en tenue de soie s'agitaient près des torches d'une grande tente rose.
Nombreux furent les récits des soirées en l'Oasis rapportés aux oreilles de l'exilé, des nuits sauvages et extatiques bercées par les vents désertiques. Aujourd'hui Sobek Elpoemer marchait avec grande joie sur le sable chaud des dunes bordant l'espace d'eau, réellement impressionnant de nouveauté en le paysage aride. D'énormes cactus venaient border plusieurs tentes, une Taverne parmi elles attira le regard de l'humain au turban qui pu y remplir sa gourde.
À dire vrai, Elpoemer n'était pas tant que cela attiré par les plaisirs charnels offerts le campement. Les nuisances sonores opéraient de manière insupportable lorsqu'il tentait de réfléchir, une lacune sociale que Sobek palliait par une préférence pour les activités de relaxation.
Ici plus que tout ailleurs on pouvait jouir de sources chaudes, thermales et thérapeutiques, et l'apothicaire désirait expérimenter des sels de bain.
Une chose était de ruiner des créations à base d'ingrédients naturels dans une "baignoire", une autre était de jouir des plans d'eau de l'oasis, riches en bienfaits et assez grands pour profiter de l'eau, pour utiliser des potions de soins.
Comme il réfléchissait aux lotions à utiliser (il en avait amenées pleins, pour pouvoir décider sur place) Sobek cherchait surtout un endroit pour entamer ses préparatifs.
Après avoir traversé un sentier rocailleux, il finit par découvrir dans la roche même, des cercles d'eau fumante dans la nuit cruelle d'Harena.
D'un geste presque automatique il ôta sa robe en franchissant le rebord qui le séparait de la baignade, en laissant ses habits dans un coin. Là nageait une peau mâte, une belle barbe, dont les yeux verts scintillaient dans un clair de lune tranquille. Pendant un bon quart d'heure Elpoemer ne fit rien, il resta immobile, flottant à la surface de la source chaude en regardant les astres au loin.
Puis il prit une pincée de sels qu'il déversa dans l'eau. Du chanvre dont les vapeurs apaiseraient ses maux, tout en procurant une légère euphorie. Rien d'illégal. À confirmer.
En fermant les yeux, il se laissa aller sous l'eau délicieusement chaude et médita.
Jusqu'ici tout allait bien ; il avait assisté à un massacre, s'était enfui, s'était établi comme "sorcier de village" dans une auberge pas si loin du lieu du massacre d'ailleurs, et chassait parfois en Kastalinn pour subvenir à quelque chose que les locaux nomment "loyer". Il n'aimait pas le concept de payer pour un abri. Il les aurait volontiers accueillis dans les grottes Spelunciennes gratuitement, et à condition d'ignorer les goules, vampires et lycanthropes, c'était un endroit plutôt accueillant. Si on aimait le froid glacial et l'écho dramatique qui suivait littéralement chaque mot.
D'un autre côté la disparition quasi totale des siens ne le préoccupait pas plus que ça. Non, vraiment, il y avait même de bons côtés si on restait tout à fait pragmatique ; il pouvait désormais s'ouvrir à ce nouveau territoire duquel il ne connaissait rien. Pour l'heure, les Dùralassiens ne s'avéraient pas plus ou moins insupportables que les exilés, il y avait de tout partout, même si leur propension à la vénération de Dieux laissait pantois Elpoemer. Certes, les Esprits devaient être honorés, voire utilisés et décortiqués, mais c'était la science qui porterait l'humanité vers l'avant... en cela -et car il méconnaissait les technophiles- Sobek trouvait les vampires plus avancés.
Si on omettait le côté sanguinaire et monstrueux de ceux-ci.
Sobek concluait donc se foutre de tout ceci, avait mieux à faire qu'observer les populations, d'ailleurs, la recherche attendait ! Il faudrait partir en spéléologie à Spelunca, arpenter les blizzards de Kastalinn, et faire milles choses encore, que d'excitation !
Ah si seulement les aventures tombaient du ciel, pensa-t-il en remontant à la surface. Durant combien de temps était-il resté sous l'eau ?