Un aventurier courageux ou suicidaire s'est baladé à l’extrême sud de la forêt de Sulfaën. Son but réel, resté alors inconnu, en a tout de même ramené quelques notes sur un cahier à propos d'un clan de centaures. Rien de bien épique, tu vas dire ? Hé bien ...
Perdu, affamé, arasé par l'incertitude, où suis-je ? Pourquoi les arbres me semblent si grands tout à coup ? Depuis combien de temps la nuit est-elle tombée ? Alors que je ne faisais qu'enjamber des racines, voilà que je me vois obligé de grimper des murs entiers d'écorces et de bois ... Je vais certainement y rester. Mon tout dernier recours est ma sensation légère mais pensante que je suis observé depuis plusieurs jours. Quoi que fut cette entité, elle semble infiniment plus à l'aise que moi dans ce labyrinthe de tubercules.
Alors que je tombais d'épuisement, je vois à travers mes paupières fatiguées une forme étrange venir vers moi. M'observait-elle ? Et depuis combien de temps ? Une jeune femme montée sur un daim ... ou un cerf, je ne sais pas, je ne sais plus. Avant que je ne tombe dans l'évanouissement, je sens que quelque chose me palpe, des mains fraiches me sondent. Puis on me charge sur ... Un poney, je crois ... Je sombre.
Je suis totalement réveillé à présent, j'ai l'impression d'avoir dormi trois jours entiers. Je n'arrive toujours pas à en croire ma propre conscience. Je suis dans une forêt d'une densité et d'une hauteur que je ne soupçonnais même pas si bien qu'il semble délicat de connaître l'heure du jour. Il fait très chaud ici, et humide. Les arbres, très épais, semblent tous très anciens et, au sol, leurs énormes troncs et leur racines font un entremêlement si confus qu'il s'agit là d'un véritable dédale. Ça et là, des êtres sautent souplement par dessus ces murs végétal sans éprouver la moindre difficulté.
J'ai alors rencontrer les centaures cervidés. Ils sont plus petits et plus menus que leur frères, les mâles portent des bois épais et certaines femelles portent aussi ces ramures en modèles plus réduits. Ils sont tellement proche de la nature que la moindre entaille faite à un arbre donne lieue à de véritable soins. Je comprend confusément qu'il ne faut surtout pas que porte atteinte à la faune ou a la flore en leur présence.
Famille, tribu, groupe, communauté ... troupeau ? D'un commun accord, ils disent simplement le terme de "clan". Je pourrais commencer par vanter les mérites de ce groupe ancestrale qu'est le clan Yaddre, foulant la terre de leur sabots depuis des millénaires, exerçant la magie avec talent en me moquant de qui n'aurait jamais entendu parler d'eux. Mais ... A la vérité ... Ils sont demeurés invisibles. Jusqu'à présent, du moins ...
Très grégaires, voire communautaristes, ils disent que les premiers centaures cervidés se sont rapidement reclus vers le sud, au fin fond des forêts les plus denses et les plus épaisses. Ils n'en restent pas moins joyeux et plutôt bienveillants, ils restent surtout très mystérieux et préfèrent rester invisibles au reste du monde. Leur mode de vie est crépusculaire et nocturne ce qui accentue ce sentiment de réclusion que je ressens quand je suis avec eux. Leur méfiance envers moi est palpable mais, jusqu'à présent, il n'y a pas eu l'ombre d'une hostilité sur leur yeux, juste de la grande curiosité. Ils me posent plus de questions sur moi que je n'ai le temps de répondre.
Vivant principalement en plein air, la forêt leur offre les toits dont ils ont naturellement besoin. Il arrive qu'ils fabriquent des petits nids fait de feuilles et de bois morts pour leur nouveaux-nés et leur malade qui ont besoin de confort. Pour le reste, ils ne font jamais de feu, se réchauffant avec leur propre chaleur corporelle quand c'est nécessaire. Leur source de lumière, quand vient la nuit, est ces curieux papillons lumineux qui s'éteignent au moindre signe de danger ce qui est un moyen de défense des plus efficaces. Ils vénèrent les grands cerfs blancs comme des dieux et voient en tous les cervidés des frères, parvenant même à cohabiter avec des Kirins. Leur territoire semble étendu cependant et assez peu défini en vérité. S'ils viennent à se séparer, ils communiquent rapidement grâce à des cornes de brumes.
Rapidement, je remarque que de la méfiance se dépeint parfois sur le regard des plus anciens, on m'explique que le clan est emprunt de superstitions diverses, notamment sur les étrangers. Il y a clairement une retenue générale quand je suis dans les environs, plus ou moins marquée selon le degré de croyance que ce peuple accorde aux superstitions.
Les mâles, très athlétiques, sont presque exclusivement des combattants et sont bien souvent plus musculeux et plus brusques que leur femelles, ils sont aussi moins nombreux. Souvent en train de se battre entre eux, le dominant ne le reste jamais bien longtemps. La hiérarchie au sein de ce clan isolé me semble confuse voire inexistante tant elle est souvent remise en question par un jeune et fougueux daguet en mal de dominer.
Les femelles de ce clan, plus nombreuses, plus dociles et plus fines, sont plus fréquemment éclaireuses ou pisteuses, et ont le monopole des pratiques magiques. Ces chamanes interprètent les signes que la nature leur envoie, soignent les blessures des animaux, des plantes et des centaures, étudient la population animale... Je remarque alors que, contrairement aux apparences, il semble que ce soient elles, et non les mâles, qui sont la tête pensante du clan et s'octroient les décisions finales. En effet, sous leur apparente obéissance, les femelles s'approprient la possibilité de gouverner sous cape et laissent à leurs mâles l'illusion de diriger en commandant les forces armées.
Aussi reclus, je suis d'ailleurs surpris que les Yaddres aient besoin de soldats, si primitifs soient-ils. Et pourtant, outre leurs affrontements qu'ils se livrent entre eux, ils ont aussi un besoin vital de se défendre contre les prédateurs naturels qui chassent dans les environs, en particulier pour leur petits faons à peine nés qui ne peuvent pas fuir aussi vite que leurs ainés. Autre étrangeté, ce sont les mâles qui s'occupent principalement de leur petits, de la naissance jusqu'à l'éducation martiale que les filles reçoivent comme les garçons.
Il est un truc que je comprend assez tardivement. Cela fait trois jours que je suis ici et c'est seulement maintenant que j'entrevoie qu'ils craignent les chasseurs humains (ou toute autre race humanoïde) comme la mort. Voilà pourquoi cette méfiance.
Je comprend de quoi il retourne alors que j'arrive enfin à mon tour à poser des questions aux enfants :
"Il paraît qu'ils chassent et tuent pour le plaisir, ou pire, pour de l'argent !" "Mon papa m'a dit que parfois, ils massacrent des Kirins juste pour un sabot." "Y a des chasseurs qui sont spécialisé pour aller tuer la créature la plus rare possible."
Venant de la bouche d'enfants, ces affirmations semblaient terribles mais elles n'en restaient pas moins vraies. N'ayant que peu, ou pas, de notion d'argent, les Yaddres prennent pour acquis que la vie, quelle qu'elle soit, est la chose la plus précieuse au monde. Du coup, presque inévitablement, l'argent est la pire corruption possible. Après plusieurs questions, j'apprends même qu'il arrive au clan d’organiser des ... Des chasses aux chasseurs...
Avec les Yaddres, le prédateur est une proie comme une autre.
Dernière édition par Shenzy le Mar 5 Mar 2019 - 19:55, édité 2 fois
Chaman du clan, Latchan en a rapidement été l'une des plus respectée et des plus écoutée de par ses prouesses en magies naturelles. Toujours à l'écoute, toujours calme et souriante, elle s'évertue à trouver toujours des excuses à tous les maux du monde et s'entête à vouloir toujours expliquer tel ou tel mauvais agissement. Elle enseigne qu'aucun problème ne saurait être résoudre par quiconque prend le temps d'en comprendre les mécanismes, et s'il s'agit de l'âme de quelqu'un, alors la meilleure des choses à faire est de s'asseoir et d'écouter paisiblement. Forte de cet état d'esprit, la nature entière semble l'apprécier et, parfois, lui obéir. Mais qu'y a-t-il de plus doux que d'obéir à une maîtresse sans ordre ?
Mon papa Scapal :
Guerrier redoutable et imposant du clan. Brut et voulant toujours dominer le monde, il a du se modérer pour séduire Latchan. L'intelligence est devenu une nécessité pour lui, d'abord maladroit, il apprit petit à petit à avoir tord face à sa belle et que tout ne pouvait pas se résoudre par un combat. Scapal appris à écouter et a aimer apprendre. Délaissant l'affrontement, il a toujours une énorme influence qu'il assure par la parole plutôt que par les gestes. Cependant, un coup de crâne bien placé est tout à fait apte à convaincre n'importe quel jeunots qui oserait remettre son autorité en question. Terriblement protecteur envers sa famille et son clan, il est impartial dans son éducation mais très attentif à ses deux petites princesses.
Ma soeur Elluci :
Née sept ans avant moi, Elluci est une grande centaure athlétique. Après un temps d'adaptation à sa nouvelle condition de sœur, nous sommes devenus très proches elle et moi. Toujours prompte à me défendre, consciencieuse et responsable, elle sera sans aucun doute la digne héritière chamanique de notre mère. Très tôt, elle a montré des habilités indéniables pour la magie au grand daim de mon père qui la voyait déjà en combattante aguerrie apte à mettre les mâles les plus forts à ses sabots. Sans l'ombre d'une hésitation, j'affirme que c'est elle qui m'a appris à avoir confiance en moi, qui a découvert mes talents en tant que pisteuse et lancières, qui m'a appris à me repérer et à identifier les dangers. Sans nul doute, elle est et restera la fierté de notre petite famille.