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La dernière épreuve ne fut pas le dada des Sudistes, préférant largement le combat aux instants shopping. Ils se sont fait un peu trop remarquer ces derniers temps, et pas forcément en bien... Ils doivent récupérer les honneurs en combattant honorablement leur adversaire.


Hauts faits obtenus
Aucun pour l'instant...


> 1 message par participant par semaine.
> Attendre la venue du Juge pour actualiser l'objectif avant de poster de nouveau.
> Semaine 1 : Du 17 au 23 Septembre.
> Semaine 2 : Du 24 au 30 Septembre.

Enfin une vraie épreuve, un réel défi à sa hauteur. La chasse aux trésors s'était montrée divertissante par la force des choses. Les dégustations culinaires avaient été quelques peu épicées par des retournements de situation inattendus. Désormais, il était l'heure de passer aux choses sérieuses. Kâra, la combattante abyssale, trônait devant lui, élégamment vêtue d'une armure de corail moulante, et visiblement confiante quand à ses chances. Comment aurait-il pu en être autrement ? La guerrière avait passé sa vie dans les abysses a pourfendre les plus grandes ignominies peuplant les flots. Quand à l'Exécuteur-en-Chef, il avait beau avoir engrangé une petite expérience de combat sous-marin durant les deux premières épreuves, il n'en demeurait pas moins un novice en la matière. Contrairement à Undvik, il ne pouvait pas combattre à distance grâce à la magie. Il allait devoir faire avec ses armes.

Allez chérie, fait moi une guerre comme on m'en a jamais fait. grinça le stryge noir. Il était réellement excité par ce combat.

Il avait choisi de faire confiance au Jugement Blanc pour l'instant. Sa dague fétiche ne serait pas trop ralentie par la pression subaquatique, contrairement à sa faux, plus massive. Sous l'eau, l'Analyste était bien moins rapide que sur terre. Il serait incapable de surprendre son ennemie avec une attaque éclair et décisive. Il allait devoir la jouer fine. De plus, il ne pouvait pas se permettre, face à une bretteuse de ce niveau, de quitter le sol. Aucun saut ne serait envisageable, car ainsi figé entre le fond marin et la surface, Saigo serait à la merci de la lame adverse, qui ne manquerait pas de le couper en deux.

Finalement, le Parricide opta pour une approche prudente. Bien en garde, il n'offrait aucune opportunité à Kâra de l'attaquer par surprise. Elle tenta bien un coup d'estoc, mais le stryge fut suffisamment réactif pour parer. Il tournait autour de l'abyssale, cherchant le meilleur angle d'attaque, tout en opérant de subtils mouvements de bras et de poignets, afin de s'habituer à la résistance de l'eau à cet endroit précis. Ses yeux étaient également en activité. Une armure de corail était bien plus solide qu'il le pensait. C'était comme un second squelette qui protégeait la chair de la guerrière. Le Jugement Blanc ne transpercerait pas cette enveloppe protectrice d'un seul coup, c'était une certitude.

Une première escarmouche intervint enfin de la part de Saigo. Il avait dirigé la pointe de sa dague vers l'épaule gauche de Kâra, dans le seul but d'attirer sa parade et de mieux passer par-dessus, en "coupé", et ainsi toucher à l'épaule droite. Malheureusement, si sa manœuvre était techniquement irréprochable, l'abyssale était bien trop rapide. D'un moulinet tout en doigté, elle dévia le Jugement Blanc de sa cible. Puis, sans perdre le contact avec le fer, elle glissa son épée le long de la dague de Saigo, espérant sans doute lui trancher le bras net au-dessus du coude. Cette fois, ce fût le stryge noir qui se montra imperméable dans sa défense. Dès l'échec de son attaque, il avait anticipé la riposte, et avait ainsi put suivre le mouvement offensif de Kâra. D'une parade de sixte couplé à un pivot latéral gauche, il esquiva à son tour. Il voulut alors, d'un nouveau moulinet du poignet, trancher la main armée de Kâra. Seulement, il remarqua du coin de l’œil, au dernier moment, que cette dernière avait également opéré un changement de prise sur le manche de son arme. Tout en revenant en garde, la combattante tentait ainsi de lui perforer le flanc, maniant son épée comme un vulgaire poignard. Cette fois, nul autre choix pour Saigo que de bondir vers l'arrière. L'échange avait été bref, mais il avait été suffisant pour que l'Exécuteur-en-Chef comprenne clairement qu'il lui faudrait être audacieux pour tromper la défense de l'abyssale.

...
Un chiffon pressé contre la partie droite de son visage, Axe reprenait lentement sa respiration. Depuis la bulle d’air qui englobait la partie des gradins dédiée aux concurrents du Sud, elle regardait Saigo s’avancer vers Kâra, avachie dans son siège pour détendre ceux de ses muscles qui pouvaient être détendus. Passée juste avant l’exécuteur, la jeune fille avait l’impression qu’on l’avait jetée sous un troupeau de rhinocéros laineux, mais ne parvenait pas à effacer le demi-sourire extatique qui dépassait du tissu plaqué contre son visage - et ce malgré une lèvre fendue qui la lançait terriblement.
- Mademoiselle ? Comment va votre bras ?
- Toujours cassé, répondit Axe à l’abyssal en livrée qui venait de pénétrer dans la bulle. Mais il a cessé de me faire mal.
- Sans vouloir vous alarmer, c’est mauvais signe. Du moins, tant qu’il n’a pas été anesthésié. Est-ce le cas ?
- Non. Et jusqu’à preuve du contraire, quand une blessure ne fait plus mal, c’est une amélioration.
L’abyssal soupira, préférant éviter d’énumérer lesdites preuves. Non seulement la jeune fille dont il devait assurer le confort appartenait au groupe criminel qui tenait la Calamité, mais elle avait l’air suffisamment bornée en ce qui concernait son état pour rendre tout débat absolument stérile.
- Après un coup de Kâra, je recommande tout de même un examen approfondi, tenta-t-il. Vous n’auriez pas dû parer son attaque comme vous l’avez fait.
- Avec quoi d’autre ?
- Eh bien, vous étiez armée, n’est-ce pas ?
- Avec mon épée, vous voulez dire ? Non, impossible. Axe dégagea son bras de l’écharpe qui l’entravait et mima une parade. Regardez…
- Mademoiselle !
- Du calme, mon brave, j’en ai pour un instant. Regardez, donc. Si je m’étais protégée avec mon épée, le tranchant se serait enfoncé dans mon torse à cause du recul. Comme…ceci, termina-t-elle en traçant du pouce une ligne perpendiculaire à son plexus.
Axe revoyait très bien la scène. Le talon de Kâra fondant vers son torse à une vitesse alarmante, et le réflexe heureux qui lui avait permis d’éviter de se faire enfoncer la cage thoracique ; puis, la douleur foudroyante qui avait suivi. Même à l’arène de BaldorHeim, on lui avait rarement infligé des fractures, et celles-ci concernaient surtout ses côtes. Sur le moment, que l’abyssale lui ait cassé le bras net et d’un unique coup de pied lui avait paru inconcevable…
- Je crois qu’elle l’avait anticipé.
- C’est une guerrière formidable, convint l’abyssal en livrée. Même si, entre nous, les médecins d’ici préfèrent la savoir en train de massacrer des monstres plutôt que des invités.
- Tant qu’elle ne tue personne, vous n’aurez pas de problèmes diplomatiques. Elle peut faire ça ?
- Je crois même qu’elle s’y applique, Mademoiselle.

La lycanthrope sourit, mais ne répondit pas. Le combat entre Saigo et Kâra venait d’être lancé, le premier assaut n’était pas loin. C’était une question de secondes.
- Je me demandais, fit son interlocuteur, au moment de…
- Chut, enfin ! Ça commence !
- Pardonnez moi.
L’exécuteur-en-chef et son adversaire commencèrent à se tourner autour lentement, chacun cherchant une ouverture chez l’autre. Axe brûlait d’impatience, le regard rivé sur les deux guerriers. Qui allait engager ? Comment ?
- Dîtes, mais faîtes vite, lança-t-elle à l’abyssal.
- Le coup qui a permis à Kâra de l’emporter, poursuivit docilement l’intéressé. Êtes-vous restée à terre délibérément ?
Axe toisa l’abyssal du coin de l’œil, son sourcil valide levé.
- …Vraiment ?
- Simple curiosité, enchaîna immédiatement le major d’homme. Face à Kâra, peu auraient eu le cran d’aller jusqu’au bout…
La fin de sa phrase mourut petit à petit, la voix de l’abyssal vacillant quand Axe retira le tissu qui couvrait la partie droite de son visage.
- Par tous les dieux, il vous faut un guérisseur, fit-il nerveusement.
- Sans doute. Axe traça en l’air une ligne au niveau de son arcade sourcilière, préférant éviter de toucher la chair à vif. Vous savez ce que c’est, ça ?
- Ma foi…balbutia l’abyssal, cherchant vainement ce que sa jeune interlocutrice cherchait à lui montrer au milieu des ravages qu’avaient causé le coup de Kâra.
- Ma première balafre. On ne m’avait jamais touchée au visage avec cette ampleur.
L’abyssal pâlit.
- Je vais chercher quelqu’un. Surtout, ne bougez pas.
- Les os ne sont pas touchés, ne vous inquiétez pas. La peau, en revanche…Enfin. Axe leva les bras sous le regard réprobateur de l’abyssal, conciliante. À votre guise, mais vous allez rater le début !

Puis la jeune fille se retourna, juste assez vite pour voir Saigo fondre sur celle à qui elle devait l’état de son visage. L’attaque éclair du stryge avait été déviée et le bras qui l’avait portée n’était pas passé loin de l’amputation, presque à la merci de l’épée de Kâra ; mais la riposte de la guerrière abyssale avait également échoué, Saigo accompagnant le mouvement dans une esquive très esthétique. Cette fois-ci, ce fut la main de son adversaire qui manqua d’y passer.
- Mademoiselle ?
- Chut, bon sang, grommela la jeune fille.
D’un coup aux intentions clairement meurtrières, Kâra venait de repousser Saigo, mettant fin à l’assaut de l’analyste.
- Mademoiselle, vous m’entendez ?
- Pour en pas vous entendre, il faudrait vraiment le vouloir, mon brave. Axe se retourna vers le majordome qui pénétrait la bulle à nouveau, accompagné d’un inconnu en tunique blanche.
- Je suis le guérisseur de l’équipe du Centre, se présenta lui-même l’abyssal. Kirin, enchanté.
- Et que fait le guérisseur de l’équipe du Centre dans la loge du Sud ? demanda Axe.
- On m’a dit que vous aviez besoin de soins, et comme j’étais plus proche que votre guérisseur attitré…
- Je vois. Tant que je peux continuer à regarder, faîtes ce que vous voulez.
La mercenaire s’enfonça dans son siège et reporta son attention sur le combat.
- Si je dois vous ausculter, ça risque d’être difficile, Mademoiselle.
- Alors contentez-vous de me soigner, répondit Axe en plissant les yeux pour mieux saisir le moment où le combat allait repartir.
Le soigneur s’assit à côté de la mercenaire lui adressa un sourire très professionnel, saisissant son bras blessé d’une main ferme.
- Ça ne fonctionne pas comme ça, malheureusement. Attention, prévint-il en retroussant la manche d’Axe, cette partie-là risque d’être un peu désagréable.
Il commença à palper les alentours de l’ecchymose qui bleuissait le centre du radius de la jeune fille, manœuvre effectivement assez douloureuse.
- Et si vous me racontiez votre propre combat pendant que je m'occupe de votre bras ? proposa-t-il joyeusement alors que sa patiente commençait à grimacer.

Puisque deux des cinq participants manquent à l'appel sur cette session, un malus a été appliqué à l'équipe.

L'équipe du Sud obtient un total de 43 points.

• Saigo obtient 1 Perle Abyssale pour sa participation de la semaine. Il gagne aussi 1 Perle Abyssale supplémentaire pour l'accomplissement du Haut Fait « Avatar estival ».
  
• Undvik obtient 1 Perle Abyssale pour sa participation de la semaine. Il gagne aussi 1 Perle Abyssale supplémentaire pour l'accomplissement du Haut Fait « Avatar estival ».
  
• Axe obtient 1 Perle Abyssale pour sa participation de la semaine. Il gagne aussi 1 Perle Abyssale supplémentaire pour l'accomplissement du Haut Fait « Avatar estival ».

Comment Saigo pouvait-il espérer battre Kâra sur son terrain ? C'était la question à laquelle l'Exécuteur-en-Chef tentait de répondre aussi vite que possible. Sur les plans physique et technique, les deux bretteurs se valaient. La victoire, dans ces cas-là, se jouait alors sur un troisième paramètre : la maîtrise de l'environnement. Et dans ce domaine, la combattante abyssale avait dix vies d'avance sur le stryge noir.

Alors qu'il avait initié le premier échange, l'Analyste était désormais forcé à reculer. Kâra, avec sa lame plus longue, montrait clairement de quoi elle était faite. La pression qu'elle imposait devenait difficile à supporter. Entre parades et esquives ralenties par les eaux, les muscles de Saigo commençaient à fatiguer. Dans un coin de sa tête, le Bras Droit nota qu'il devrait songer à des entraînements subaquatiques à l'avenir. Mais pour l'heure, il tomba instinctivement à genoux, esquivant une nouvelle tentative de décapitation venue de Kâra. Il tenta une nouvelle contre-attaque, un coup d'estoc au genou, mais il se montra trop lent. L'abyssale faisait fi des courant marins et tentait déjà de planter le bras armé du stryge noir dans le sol d'un puissant coup d'épée. Un battement de jambes propulsa le Faucheur hors de portée de la lame. Une nouvelle opportunité de toucher venait de lui filer sous le nez. Sa frustration augmentait en même temps que sa fatigue. Il lui restait une dernière chance.

Il va falloir tenter un coup de génie... Murmura-il.

Froide comme sa lame, la dame en armure de corail reprenait sa marche en avant. Elle se mouvait comme si l'eau autour d'elle n'était que de l'air, et ne semblait pas plus essoufflée que ça. Un premier coup d'estoc, paré par Saigo, qui attendait le bon moment. Celui-ci vint un instant plus tard, sous la forme d'un balayage horizontal, visant à trancher le Parricide en deux. Ce dernier s'était pourtant juré de ne pas sauter, mais il n'avait plus aucune solution. Mobilisant ses dernières forces, il bondit aussi haut qu'il le pouvait, dans un saut périlleux avant. Malgré la hauteur acquise, l'Exécuteur-en-Chef sentit l'épée de Kâra lui friser le haut du crâne, sans le toucher. Achevant sa rotation, l'assassin donna un double coup de pied au visage de l'abyssale, qui recula d'un pas.

C'est maintenant ou jamais !

Impossible de gagner de la vitesse avec un dash, mais Saigo se précipita sur l'armure de corail, dague tenue comme un poignard, prêt à ouvrir les entrailles de Kâra. Il l'avait sonnée, il avait un temps d'avance sur elle pour la première fois depuis de longues minutes ! La pointe du Jugement Blanc fondait sur l'estomac de sa cible...

Une poigne ferme, celle de la main gauche de Kâra sur le poignet droit de Saigo. Avec une force surprenante, l'abyssale stoppa tout l'élan accumulé par l'Analyste, avant de poignarder son biceps d'un coup d'épée bien placé. Le stryge noir grogna de douleur, ramenant son bras à lui. Grave erreur, Kâra était déjà dans son dos, et sa lame déjà dans sa cuisse droite... puis dans sa cuisse gauche. L'Exécuteur-en-Chef tomba à genoux. Face à lui, la bretteuse abyssale s'apprêtait à le décapiter. Son regard était celui d'un bourreau, sans état d'âme.

Un long son de cor stoppa l'abyssale dans son élan. La lame de son épée stoppa sa course à quelques millimètres de la jugulaire de Saigo, vaincu. Sans un mot ni un regard supplémentaire, Kâra se détourna du Bras Droit de l'Ombre et regagna les travées de l'Arène sous-marine. Des aides soignants accoururent alors pour escorter le Faucheur vers le Guérisseur de son équipe. Ils encensèrent le stryge noir pour sa résistance, clamant que peu étaient ceux qui tenaient aussi longtemps face à Kâra. Saigo, lui, balaya ses compliments d'un revers de main.

J'ai perdu. C'est tout ce qu'il y a à retenir.

...
- Tout ce que vous voulez, mais allez-y doucement, bon sang !

L’arène, de taille très clairement moindre à celle de BaldorHeim, était circulaire et large d’une trentaine de mètres. Entourée de gradins de pierre taillée destinés aux spectateurs, la zone dédiée au combat s’étendait un cercle de quinze mètres et était dépourvue de sable – sol qui, autrement, aurait plus gêné les adversaires qu’autre chose ; le bâtiment étant immergé, les grains se seraient envolés à la moindre poussée, créant un nuages opaque et désagréable tant pour les guerriers que pour le public. Petit, donc, l’espace était conçu pour laisser peu de répit aux combattants, qui se retrouvaient presque à portée de leur adversaire où qu’ils décident de se retrancher. À l’époque où Sitlantà était encore un pôle d’activité abyssal, les affrontements qui avaient lieu dans l’arène avaient dû être très courts, intenses et spectaculaires. C’était d’ailleurs peut-être la raison qui avait poussé l’architecte du lieu à laisser une marge de deux bons mètres entre les gradins et la zone de combat ; outre son intérêt esthétique, la manœuvre avait l’avantage de mettre les premiers rangs à l’abris des coups perdus.
Très peu encouragée par son constat, Axe se racla la gorge. En d’autres termes, son combat avec Kâra risquait d’être court.

Effroyablement court.

De l’autre côté du cercle, la guerrière millénaire attendait également qu’on les autorise à commencer. Une armure de corail naturelle recouvrait ses épaules, ses bras et ses jambes, musclés par plusieurs siècles de combat sous-marin. Les mains croisées sur le pommeau d’une redoutable épée, elle n’avait jeté qu’un bref coup d’œil à sa jeune adversaire avant de s’en désintéresser, son regard noir s’attardant plutôt sur les gradins et la foule d’abyssaux présents. De loin, son expression était indéchiffrable. Était-elle fière de combattre devant son peuple ou les centaines d’yeux braqués sur elle et la jeune fille qu’elle allait affronter la dérangeaient-ils ? Dans les abysses où elle combattait ses monstres sans relâche, il devait y avoir moins de public. Pas facile, pensa Axe, pas facile. Elle imaginait que pour ratisser les tréfonds sombres et froids des mers maudites à longueur d’année, il fallait aimer l’isolement. Cependant, la démarche pouvait tout aussi bien être motivée par la gloire d’être accueillie en héroïne à chaque fois qu’elle ramenait la tête –quand celle-ci était transportable– d’une des abominations qu’elle avait consacré les derniers siècles à chasser.  

Axe savait également que Kâra ne résidait pas à Sitlantà, planquée la plupart du temps dans une antre dont il n’était jamais vraiment sûr de s’approcher, même pour un abyssal. À supposer qu’on en connût la localisation, ce qui était rare chez les étrangers comme chez une partie des représentants du peuple sous-marin…C’était d’ailleurs l’endroit où les équipes qui avaient précédé le Sud et les représentants des Mers et océans l’avaient affrontée, contraints de gagner la grotte profonde et de se frotter à la combattante millénaire dans son élément.
Et puis, en plein milieu de l’épreuve, Kâra avait gagné Sitlantà sur un coup de tête et il avait été annoncé qu’on la combattrait désormais dans l’arène locale, à la liesse générale des habitants d’Ynatlatt. Tout ce qu’on savait, c’était que son ventre était blessé quand elle était entrée dans la citée ; les rumeurs allaient bon train, mais mis à part ce détail, on n’en savait pas plus sur les motivations de la guerrière.

- Vous philosophez souvent avant de combattre ?
- Habituellement non. Axe plissa les yeux, oubliant son bras douloureux et son visage ravagé. Mais son air avait quelque chose de fascinant.
- C’est un personnage étrange, admit le guérisseur qui massait énergiquement les alentours de sa fracture. Certains la déifient, d’autres s’en méfient…Même si son nom est devenu une légende avec le temps, on en sait peu sur elle. Je n’étais pas né qu’on contait déjà ses exploits comme ceux des anciens héros. Outre cette image de combattante quasi divine, en revanche…rien.
Axe ricanna.
- Par tous les dieux, elle doit être folle à lier.
- Plaît-il ?
- Ça fait quoi, deux cent, trois cent ans qu’elle vit murée dans sa grotte ? Probablement entourée de trophées, de trésors, d’offrandes, et j’en passe. Elle tue des monstres titanesques à la chaîne et les chanteurs abyssaux en font une demi-déesse dans toutes leurs sagas. On la couvre d’or. On la sculpte. Dans ce contexte, mon ami, n’importe qui aurait…attendez.

Suspendant la discussion d’un geste du bras, la jeune fille s’était penchée en avant, sourcils froncés. Saigo était en difficulté. Ralenti par l’eau, il semblait débordé par les assauts répétés de son adversaire, qui enchaînait coups de taille et d’estoc sans aucune difficulté ; la poigne d’Axe se resserra sur son accoudoir quand la guerrière faillit une fois de plus trancher le bras de l’exécuteur, son épée passant beaucoup trop près du membre au goût de la lycanthrope. Harcelé par les assauts répétés de la terrible combattante, Saigo…recula.
Décidément, Kâra méritait son renom.
Le picotement du sang circulant à nouveau dans son bras blessé arracha soudain Axe à ses observations. Elle tendit les doigts et fit jouer un peu son poignet tandis qu’un large sourire s’épanouissait visage ; la magie du guérisseur avait opéré sans même qu’elle s’en rende compte, réparant l’os brisé alors qu’elle était concentrée sur le combat de Saigo.
- Je vais vous enlever, vous.
Le guérisseur lui sourit en retour et roula des épaules comme s’il s’échauffait.
- On passe aux côtes ?
- Volontiers !

Axe se trouvait face à Kâra, ses deux épées dégainées. Après les avoir autorisées à pénétrer la zone de combat, on était sur le point de sonner le début de leur affrontement ; déjà en garde, la jeune fille s’était prudemment positionnée hors de portée de son adversaire millénaire et gardait les yeux rivés sur son arme. Pas question de se faire avoir du premier coup, elle avait sa dignité.
Le combat fut enfin lancé et Axe inspira un grand coup, tendue. Sur quel front Kâra allait-elle d’abord tenter de la faucher ? Vu sa force, la guerrière pouvait la mettre au tapis très rapidement où qu’elle décide de frapper. Mais plus que cela, c’était le tranchant redoutable de l’arme qu’elle utilisait que la maîtresse d’armes redoutait. Si la guerrière projetait de l’handicaper sérieusement pour l’empêcher d’esquiver, elle risquait de vouloir toucher les jambes sérieusement, et qu’Axe portait aux cuisses et aux mollets ne serait pas suffisant pour arrêter sa lame. Compte tenu de son gabarit, la mercenaire devrait beaucoup jouer sur l’esquive et la feinte pour déstabiliser Kâra dans un premier temps, avant d’attaquer de front ; conserver au moins une jambe risquait d’être nécessaire pour mener ce début de plan à bien…Attention à l’épée, donc.
…L’épée ?
Avec un bruit métallique, l’arme de son adversaire venait de heurter le sol. La mercenaire leva les yeux vers l’abyssale, qui attendait son assaut les bras croisés.
- Ramassez ça, enfin ! gronda la jeune fille.
La guerrière millénaire ne bougea pas, arrachant un soupir à la jeune combattante qui lui faisait face. C’était dommage. Mais enfin, puisque Kâra décidait de lui faire une fleur, elle n’allait pas décliner.
La mercenaire se mit lentement en mouvement, épées levées. Ses deux cure-dents stellarois lui paraissaient bien minces face à l’armure minérale que son adversaire semblait avoir développé, mais il y avait sans doute moyen de trouver une ou deux zones exposées dans un angle mort de la combattante. Les articulations ? …Les membres de Kâra devaient être des armes presque aussi efficaces que son épée, il valait mieux éviter de s’y précipiter. Pour qu’elle puisse bouger efficacement, cependant, l’armure devait bien présenter des faiblesses autre part que là où ses bras et ses jambes pliaient ; ventre, épaules, hanches, Axe se dressa rapidement une liste points à toucher en priorité.
Puis elle chargea.
S’ensuivit une expérience douloureuse, mais fructueuse. Accueillie par le coude de sa cible, Axe fut d’abord projetée en arrière, mais réussit à se réceptionner malgré ses côtes douloureuses. L’eau avait ses inconvénients, mais elle lui avait évité de percuter le sol avant d’avoir pu se rattraper. Esquivant de justesse une riposte punitive de Kâra, elle fut forcée de reculer, laissant le poing de son adversaire passer à quelques centimètres de son respirateur ; l’objet peinait déjà à lui fournir l’air dont elle avait besoin, mais il tenait la route malgré les grandes inspirations qu’elle avait reprises une fois ses poumons remis du choc qu’avait engendré le premier coup de Kâra. Le talon de l’abyssale suivit presque immédiatement, esquivé encore une fois de justesse. Avec ces deux premières esquives, Axe avait déjà reculé de plusieurs mètres et commençait à se rapprocher du bord de la zone de combat.
De toute évidence, la combattante cherchait à la pousser hors du terrain.
Alors qu’un poing fondait bien trop rapidement vers son visage toujours couvert par le respirateur, la jeune mercenaire se baissa et se jeta au contact, passant sous l’attaque de son adversaire. Comme sous une vague, héhé. Enserrant la taille de Kâra de toutes ses forces, elle repoussa du pied la bordure de pierre qui s’était encore rapprochée en entraînant la guerrière dans son élan, du moins pendant une fraction de seconde. Pour se dégager, la guerrière n’y alla pas de main morte, pilonnant encore une fois les côtes d’Axe – qui regretta fort de ne pas avoir enfilé un plastron, avant de réaliser qu’elle peinait déjà à se déplacer avec son armure légère. Lourde, Kâra n’avait pas bougé de beaucoup, mais c’était un ou deux mètres de gagnés avant de se faire expulser. N’ayant pas pu agripper réellement l’armure de l’abyssale légendaire à cause des épées qu’elle enserrait toujours avec fermeté, Axe ne fut pas difficile à déloger et fut projetée vers le sol par un coup qui lui coupa le souffle encore une fois, ne parvenant cette fois-ci pas à se rattraper avant l’impact. Étendue sur le dos, elle sentit le pied de son adversaire se poser sur sa poitrine avec lourdeur, limitant encore ses possibilités de reprendre son souffle correctement.
- Je ne te laisserai pas respirer, petite, entendit-elle marmonner Kâra. Abandonne quand tu veux.
Décidément, elle avait l’air de chercher tous les moyens du monde pour la vaincre sans trop l’abîmer. C’était touchant, mais légèrement réducteur.
Avec un grognement de douleur, Axe abattit un de ses bras armés vers l’intérieur de la jambe qui bloquait sa cage thoracique et inspira un grand coup quand Kâra retira son pied, le genou blessé. Roulant sur le côté pour éviter le pied valide qui s’abattait vers son ancien emplacement, la mercenaire savoura un instant l’exclamation de douleur que lui servit son adversaire millénaire avant de se rendre compte que ses propres côtes avaient dû un peu trop encaisser depuis le début de l’affrontement. À gauche comme à droite, elle avait l’impression d’avoir été lynchée à coup de masse de guerre.

- …Voilà qui explique pourquoi vous avez la cage thoracique en miettes.
- Ça a peut-être joué, oui, grinça Axe. Sa bouche se tordit douloureusement alors que les doigts palmés de l’abyssal tâtaient ses côtes sans ménagement. Ses auscultations étaient aussi rudes que sa magie était douce, visiblement.
De son côté, Saigo connaissait les mêmes difficultés que sa pupille avant lui, même s’il parvenait pour le moment à tenir tête à Kâra. Sous l’œil attentif de la jeune fille, il effectua soudain un saut périlleux plutôt osé qui lui permit de toucher deux fois l’abyssale au visage, sonnant l’intéressée par la même occasion.
- J’imagine que c’est après ça que Kâra s’est occupée de votre bras.
- Hm ? Ah, oui. J’étais toujours à moitié à terre, elle a tenté de m’achever…et j’ai paré comme j’ai pu.
- Et vous avez continué ?
- Pourquoi pas ? J’avais encore un bras armé valide, et l’autre a vite cessé de me lancer.
- Pas étonnant avec l’état de votre artère, ânonna le guérisseur. Bon sang, vous les guerriers êtes une belle bande de tarés.
- C’est possible, fit Axe en riant.
Puis elle se détourna du soigneur pour vérifier que l’exécuteur ne s’était pas encore fait embrocher, le sourire aux lèvres.
Râté.
L’épée de Kâra transperçait la cuisse gauche de Saigo de part en part et, à en juger par les volutes de sang qui s’étaient mises à danser entre les deux adversaires, semblait avoir fait connaître le même sort à la droite, ainsi qu’à un des bras du stryge. Le bois de l’accoudoir d’Axe gémit sous son poing quand il tomba à genou devant une Kâra au visage sombre, épée levée comme pour lui sectionner la nuque. Une longue seconde passa sans que personne n’intervienne, puis un cor retentissant interrompit enfin l’abyssale, qui semblait bien partie pour asséner le coup final. Axe cessa de mettre son accoudoir au supplice et se détendit, retombant lourdement contre le dossier de son siège. Cette fois-ci, elle sentit ses côtes se remettre en place lentement sous les sorts experts du guérisseur, qui n’avait pas jeté un œil aux deux combattants depuis le début de l’affrontement.
- Et voilà pour vos côtes, lança-t-il enfin. Pas de folies, elles vont rester fragiles un moment. Pour ce qui est de votre visage…je vais faire ce que je peux.
La jeune patiente acquiesça et décolla précautionneusement le morceau de tissu qui couvrait sa chair à vif, laissant l’abyssal promener ses doigts autour de la zone concernée.
- C’est l’œuvre d’une lame, ça. Kâra a fini par utiliser son épée ?
- …Brièvement, marmonna Axe.

Le visage tordu par la douleur, la jeune maîtresse d’armes reculait lentement, son seul bras valide brandissant la rapière qu’elle avait réussi à conserver. De son côté, Kâra toussotait en se tenant le ventre, un voile sombre sur le visage. L’échange de coup qui avait précédé avait été particulièrement violent, se soldant par un bras brisé net pour l’une et un bon coup de genou sous les abdominaux pour l’autre, là où son armure prenait fin.
Malgré l’issue tragique pour son radius, Axe n’était pas mécontente que l’assaut ait pris fin. Entre Kâra qui avait insisté sur des côtes qui n’en avaient vraiment pas besoin, ses jambes qui avaient elles aussi récolté de quoi la lancer pendant un bout de temps et son respirateur au supplice, il était temps. Pour ce qu’elle avait réussi à asséner à son adversaire, d’ailleurs, ce n’était pas un bilan fameux ; sa lame s’était plus émoussée sur l’armure de Kâra qu’autre chose, ne touchant réellement la guerrière millénaire que très peu de fois. Une jolie coupure à l’épaule, une estafilade au niveau de la pommette – pas loin de l’œil, dommage – et…c’était à peu près tout. Restait le dernier coup dont elle avait gratifié le ventre de la combattante, où elle avait concentré ce qui lui restait de forces et de volonté, non sans résultat cette fois.
Maintenant, c’était à son adrénaline de la maintenir sur ses deux jambes.

Sans un mot, Kâra ramassa soudain la grande épée qu’elle avait abandonnée au début de l’affrontement et affronta le regard ravi de sa jeune adversaire, qui se ravisa très vite en constatant l’air qu’arborait l’abyssale.
- Je t’ai laissé ta chance, dit Kâra en se redressant, le tranchant mortel de son arme bien en évidence.
Puis elle commença à s’avancer lentement vers la jeune femme qui lui faisait face, son regard noir d’encre plongé dans celui de sa cible. Axe sentit la fin du combat approcher et se campa solidement sur ses deux jambes, préparant une garde pour la forme ; s’il restait encore un espoir de planter Kâra avant de subir sa colère, elle la saisirait, sauf si la manœuvre lui coûtait trop cher. Vaincre l’abyssale ne valait ni un bras ni un poumon, Ynatlatt n’avait jamais eu pour but de voir se dérouler en son sein de combat trop sanglant. Si ?
Sa maigre protection fut balayée sans problème par la lame impitoyable, qui envoya voler sa rapière à l’autre bout de la zone de combat. Le bras vrillé par le choc du poignet à l’épaule, Axe n’eut d’autre choix que de reculer précipitamment, sans succès ; Kâra suivit et la rattrapa par le col quand elle menaça de trébucher contre le muret qui délimitait le terrain, celui-là même qu’elle avait consacré tant d’effort à essayer de lui faire franchir.
C’était mauvais.
Un coup de genou la priva de ce qui lui restait de souffle et Axe fut balancée à l’opposée, vers le centre de l’arène miniature. Trébuchant à moitié, elle récupéra son équilibre juste assez vite pour voir la lame de Kâra fondre vers son visage, puis mordit définitivement la poussière, son respirateur arraché par la violence du coup.

Une sonnerie de cor retentit et on la releva pour l’évacuer tandis qu’une bulle magique était incantée autour de sa tête, nettement plus efficace que –feu– son respirateur. Le mercenaire respira profondément et se laissa entraîner hors du cercle de pierre, quand une voix glaciale interrompit le majordome venu la récupérer.
- Attendez.
À moitié assommée, Axe vit Kâra ramasser ses rapières et les lui tendre d’un bras visiblement encore en pleine forme malgré l’affrontement qui avait précédé. Toute sourire, la jeune fille réceptionna les deux armes, puis se laissa entraîner vers sa loge et le fauteuil confortable qui l’y attentait.

- Le respirateur a dû entraîner un peu de matière avec lui, conclut Axe alors que la magie du guérisseur reconstituait lentement peau et muscles.
- Un peu ? Un visage encore si jeune, on n’a pas idée de…
Le guérisseur s’interrompit soudain, le regard rivé vers le stryge qui venait de pénétrer la loge à la suite de l’abyssal en livrée qui avait accueilli la maîtresse d’armes. À la vue de la lueur qui passa dans son regard, Axe devina que sa priorité venait de changer.
- Laissez, marmonna-t-elle, va falloir s’occuper un peu de lui.
- Vous allez garder une cicatrice si je laisse comme ça…répondit l’abyssal en se tordant les mains.
- Sans déconner.
La mercenaire remercia le guérisseur soulagé d’un geste de la main, et s’en désintéressa pour regarder Undvik s’avancer à son tour vers Kâra. Si ça n’avait tenu qu’à elle, l’abyssal aurait pu rester de son côté encore un peu...mais le cas de Saigo était sans doute plus urgent.

Puisque deux des cinq participants manquent à l'appel sur cette session, un malus a été appliqué à l'équipe.

L'équipe du Sud obtient un total de 48 points, soit 91% au total.

• Axe obtient 1 Perle Abyssale pour sa participation de la semaine.