Un ciel dégagé donnant sur la voûte céleste gratifiait cette belle nuit d’hiver baignant le cœur des montagnes de Spelunca. Hevoria, allongée contre un arbre au pied du portail totémique, fixait nonchalamment les flammes du foyer qui brûlait devant elle. Plongée dans ses pensées, la jeune femme réfléchissait à une manière viable de dénicher de nouveaux esprits totémiques, tous aussi bien cachés les uns que les autres. Pendant ce temps, en lévitation dans les airs, Jyn, l’entité spirituelle gardienne dudit portail, s’amusait à titiller Nythra, la voodrella de notre chère vestale, qui essayait tant bien que mal de se reposer malgré les pitreries de ce dernier.
Après avoir esquivé de justesse la queue acérée de Nythra cherchant à l’empaler, en s’engouffrant dans l’un de ses portails dimensionnels, ce dernier reparu finalement aux côtés d’Hevoria.
Dit moi ma grande ? Pourquoi faut-il toujours que les matriarches de Kalumbra trimballent avec elles des animaux de compagnies tous plus bizarres les uns que les autres hein ? C’est une sorte de rituel ? Un concours de celle qui aura l’animal le plus flippant ? Les caniches sont trop ringards pour vous, c’est ça ? Questionna Jyn, moqueur, alors qu’il se téléportait de nouveau sur le crâne de Nythra.
...Encore raté ! S’exclama Jyn en riant alors qu’il venait de nouveau de disparaître à travers un portail, évitant un nouvel assaut de la monture volante.
*Soupire* T’est bien le gardien attitré de cette porte nan ? Tu ne devrais pas plutôt la surveiller au lieu d’emmerder Nythra ? Si jamais elle essaye de te bouffer, faudra pas venir te plaindre… Rétorqua la vestale, visiblement épuisée par le comportement infantile de l’esprit gardien.
Hoooo... T’es pas drôle franchement. Tu devrais apprendre à te détendre de temps en temps. Tiens ! Qu’est-ce que tu dirais d’une petite valse érotique ? Rien que toi et moi hein ? Ça te changerait les idées. Fit-il en surgissant soudainement d’une de ses failles dimensionnelles, tête à l’envers, à quelques centimètres du visage de la vestale.
Hevoria plongea alors longement son regard d’émeraude dans le sien.
*Soupire* Ouais… Tu dois avoir raison. Je suis sans doute un peu tendue en ce moment. Allez approche… Fit-elle en lui caressant sensuellement le visage.
Ooooh ! Adorable. Tu vois quand tu v… Mais la seule chose que rencontrèrent les lèvres de l’esprit furent les phalanges de la vestale, qui percutèrent son visage de plein fouet, l’envoyant valser à un dizaine de mètres avant qu’il ne s’encastre violemment dans une paroi rocheuse.
C’est bon ?! T’es prêt pour seconde danse mon cœur ?! Hurla Hevoria, un sourire sadique sur le visage.
Ah ah ! Tout bien réfléchit… Ça ira ! Merci merci ! Fit l’esprit, essayant tant bien que mal de se dégager de la pierre dans laquelle il était incrusté tandis que Nythra le fixait avec amusement.
Oh oui ça va hein. Ne la ramène pas trop toi. Enfin… Heureusement tu as l’air moins vorace que Nekrophys, le « chien de garde » de Nirvana. Il passait son temps à essayer de m’arracher les membres. Mais bon ! C’est de l’histoire ancienne maintenant, vu qu’elle l’a relâché en Duralàs, héhé ! Qu’est que tu viens de dire ? Nirvana avait une monture ? Et elle l’a relâchée sur le continent ? Tu ne me l’avais jamais dit...Voyant que la vestale la fixait dorénavant avec attention, l’entité spirituelle se figea avant d’afficher un sourire satisfait
Tiens ? On dirait que j’ai piqué ta curiosité hein ? Tu voudrais bien savoir la suite n’est-ce pas ?Et tu vas tout me dire bien sûr, comme le bon esprit que tu es. Sans quoi, je me verrais obligée de te torturer, puis te désintégrer si je n’obtiens pas ce que je veux. Rétorqua d’une voix douce la vestale tandis qu’une flamme spectrale jaillit de la paume. Alors qu’il fixait les flammes spectrales flamboyant dans la main d’Hevoria, un sourire nerveux se dessina sur le visage de Jyn.
Huuuum… Ok ! Héhé. L’esprit se téléporta une nouvelle fois avant de se placer au coin du feu, narrant son récit en observant le brasier crépitant devant lui.
Et bien… Lors de ses pérégrinations sur ce continent, ta chère matriarche Nirvana que tu tiens tant à rencontrer afin de… Tu sais... « mettre les choses au clair », était toujours accompagnée d’une créature provenant de Kalumbra. À chaque fois que cette vieille peau arrivait dans un endroit, tu pouvais être sûr que sa monture rôdait dans les parages, prête à intervenir au moindre de ses ordres. Mais c’était pas vraiment le genre de truc que tu avais envie de croiser au détour d’une ruelle, tu vois ? La créature tenait plus de la machine à tuer que du petit animal domestique pour grand-mère.Et tu te souviens de quelle créature c’était ? Elle ressemblait à quoi ? Questionna Hevoria, désormais happé par le récit de son interlocuteur.
Ah ? On me souffle dans l’oreillette que j’en ai déjà trop dit et que je devrais me taire si je ne veut pas finir dans le même état que les autres esprits ayant osé désobéir à Nirvana. Répondit Jyn avec un air malicieux tandis qu’un de ses éternels portails dimensionnels commençait à absorber son corps.
Arrête tes idioties et dit moi quelque chose ! Elle est où est où maintenant ? Donne-moi au moins un indice !Désolé… Malheureusement, il est m’est interdit de te révéler quoi que ce soit à ce sujet. Tel sont les ordres suprêmes de Nirvana, ma maîtresse. Acheva Jyn, alors que la faille spirituelle se refermait, emportant ce dernier avec elle.
Je ne pourrais donc pas te conseiller de faire un tour dans la cité de Baldorheim. Je ne peut pas non plus te révéler qu’il faudra probablement te rendre vers l’arène afin d’y d’affronter la créature la plus étrange et la plus brutale qu’ils aient en réserve. Ce serait mal vu de donner des informations capitales à une ennemie de ma maîtresse, n’est-ce pas ?… Oui. Cela va sans dire.Et alors que Jyn se volatilisait, la vestale se dirigea vers sa monture, puis sauta sur son dos avant de lui ordonner de s’envoler.
Nythra ! On se rend à Baldorheim. Suivant les ordres de sa maîtresse, la voodrella s’éleva dans les airs puis, d’un battement d’aile, fendit l’air en direction de la cité montagnarde, soufflant les flammes du foyer illuminant la clairière par la même occasion.
--- Le lendemain, à l’arène de Baldorheim –-
*Soupire* Je me souviens maintenant pourquoi je ne voulais pas foutre les pieds dans cet endroit… Hevoria contempla l’arène circulaire autour d’elle tandis qu’elle se tenait en son centre. Des gradins s’élevait une clameur assourdissante tandis que les trompettes rythmant les combats achevaient de lui vrillant les tympans. L’ambiance citadine l’insupportait au plus haut point, mais elle mit vite ce contretemps de côté afin de se recentrer sur son objectif.
À quoi la monture personnelle de l’illustre Nirvana pouvait-elle bien ressembler ? Hevoria avait appris du directeur de l’arène qu’elle avait été capturée, non sans mal, il y a une dizaine d’années de cela dans les mines de Khazar, alors qu’il était en train de dévorer un demi-Balrog, sous les yeux ébahis des brigadiers Khazariens qui n’avait jamais vu une telle créature auparavant.
Après une lutte dantesque et au prix de ravages sans noms, les gardes Khazariens réussirent à immobiliser la bête (à défaut d’avoir réussi à percer sa carapace). Mais ne sachant que faire de ce fléau, ils décidèrent finalement de la remettre aux dresseurs de l’arène afin d’en faire une bête de foire, une créature formée pour le combat. Mais personne ne réussit à dresser, ni affronter la bête, occasionnant son lot de blessés et de morts, tant dans le personnel d’arène que dans les rangs des challengeurs venus la capturer. Elle avait donc été scellée dans les sous-sols de l’arène.
Hevoria, clamant qu’elle pouvait débarrasser le directeur d’arène de cette créature, ce dernier, n’ayant plus rien à perdre, lui avait donc accordé le droit exceptionnel de l’affronter à ses risques et périls. C’est ainsi que la vestale s’était retrouvée au beau milieu de cette arène de sable, avec la ferme intention de capturer celui qui fut un jour, et d’après les dires de Jyn, la machine à tuer de Nirvana.
Alors qu’un bruit de cor vibrant résonnait dans l’arène, la lourde grille d’acier libérant les créatures s’éleva lentement dans un crissement métallique. Des tremblements répétés résonnèrent soudain sur le sol. Et alors que les spectateurs, silencieux, avaient les yeux rivés sur la grille, un monstrueux hurlement stridulé résonna à travers l’immense structure tandis que des cris de panique fusaient du sombre couloir.
Devant les yeux ébahis de l’assemblée, les gardes, probablement chargé de contenir la créature avant qu’elle n’arrive milieu de la scène, furent projetée contre la grille n’ayant pas terminé de se hisser puis se hâtèrent de ramper en dessous et de s’enfuir dans les coulisses.
Bordel ! Qu’est-ce que c’est que ce tru… Oh oh… Une intense lueur pourpre illumina le couloir où se terrait la bête, avant qu’un puissant rayon d’énergie fasse voler la grille en éclat, puis traverse l’arène en direction d’Hevoria. Cette dernière bloqua de justesse la décharge d’énergie continue dans la paume de sa main, absorbant la magie contenue dans le tir concentré jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien.
L’attaque encaissée, la vestale observa son avant-bras, dorénavant parcourue de sérieuses brûlures.
Et bien et bien... Ça fait mettre un petit moment à cicatriser tout ça, même pour moi. Fit-elle en testant les réflexes de sa main.
T’en a dans le ventre toi. J’aime ça ! Elle passa sa langue rosée sur ses dents acérées.
Allez ! Sort de ta cachette et viens me voir trésor...