Quelque part en Perracie...
L'arlequin n'était pas supposé être là, en plein territoire de son plus grand ennemi. Mais il avait été attiré par un escadron de Gardes Royaux, portant une charrue scintillante, alors qu'il se livrait à une partie de chasse à l'homme. (En fait c'était son troisième aujourd'hui maaaaaiiiiis...)
Les armures dorées avaient parcouru tout le chemin de Stellarae jusqu'ici en une semaine, le véhicule sur le dos, ce qui en soi était un exploit. En même temps, pensa le Capitaine Edford, dans cette affaire le timing était crucial. Ils escortaient une personne qu'ils ne connaissaient pas, un enfant selon les dires du commanditaire. (Un membre de la cour, il était donc impensable de refuser) Edford remit son heaume et souffla un peu, le chemin avait été rude, parsemé de créatures atroces et autres monstruosités mortelles. Leurs ordres étaient cependant clairs ; emmené la charrue en bois de cerisier à travers le chemin de cailloux peints en Perracie, afin qu'elle y soit dans une semaine, seconde pour seconde. Ce qui à première vue apparaît comme de fantasques ordres s'avère en réalité le plus précis que l'on puisse faire; le chemin de pierre fut indiqué par la petite voix intérieure au véhicule qui s'écriait quelques fois "A gauche" "Non pas par là" "Là-bas, encore un peu" "Faisons une pause". Et les voilà désormais dans une vaste clairière, étrangement verdoyante dans l'enfer qu'est ce territoire du Démon.
Les sens du vampire s'agitaient tandis que la porte de la charrue s'ouvrait et qu'en descendait un petit garçon, tout de noir vêtu, muni d'un haut-de-forme raffiné. Il s'avança parmi les hautes herbes, (c'était un lieu que Styx ne connaissait pas en Perracie... Il en émanait une énergie apaisante, qu'il n'avait jusque là jamais perçue. Un sortilège de dissimulation devait être en place ici, empêchant la visualisation du site par... des gens comme lui) avant de tendre les mains en avant. Ses yeux se teintèrent d'un éclat bleuté, comme un minuscule éclair.
Les herbes s'écartèrent en de petits bruits, pareilles à des serpents, sous le regard outré des soldats, elles ouvrirent un chemin, délimité par des pierres toujours peintes du même cercle rouge. L'enfant était donc un mage, et puissant de surcroît.
"Poursuivons.
Sa voix était calme et cristalline, mais son ordre avait été tranché, ils se mirent en route sans poser de questions."
Edford menait la troupe, guettant le moindre danger, mais sa tâche semblait fort peu utile depuis quelques instants. Il était clair que cette clairière était spéciale, "magique", et que la corruption de la Perracie ne s'appliquait ni à l'environnement, ni aux personnes présentes, c'était un havre de paix parmi la désolation.
Le clown bondissait d'arbre en arbre, à quatre pattes, totalement fou. Quelque chose le rendait frénétique, et il salivait de connaître la raison à cette déferlante incessante d'énergie ! Il bouillait ! Il sentait ! Il frémissait !
IL AVAIT HÂTE DE DÉVORER CETTE ÉNERGIE !
La route s'écartait sur le chemin des Gardes, les feuilles volaient paisiblement vers d'autres lieux, les branches s'enroulaient sur elles-mêmes, et l'herbe rétrécissait sous leurs pas. Tout ceci en une magnifique symphonie sylvestre qui ne manqua pas de toucher Edford qui devrait mentionner cette aventure lors des futures réunions en taverne, les filles n'y résisteraient pas. Le chemin ne prit fin que lorsqu'un un vaste lac d'eau limpide leur barra la route. Alors qu'ils se demandaient quoi faire, échangeant des regards de surprise, la petite voix s'éleva de nouveau.
"Attendons".
Ils restent sans se mouvoir durant deux heures et trente-trois minutes, nota l'arlequin, les yeux si rouges qu'ils paraissaient le nid de quelconque Dragon mécontent, ils attendent quelque chose. OH JE LE SENS ! C'est comme une brise avant la tornade, ça monte crescendo, et très bientôt, très bientôt...L'enfant se jeta à l'eau en même temps qu'un éclair venait en rompre la surface. Personne ne put rien y faire, et Edford se préparait mentalement à la pauvreté quand tout devint encore plus étrange. Le monde autour d'eux se mit à trembler d'une force colossale.
C'EST L'HEUUUUUUUUUUURE ! OUIIII ! HAAHAHAHAHAHA !
Au début, il semblait que le calme était revenu. Le bosquet envoyait ses fleurs de cerisier sur la surface paisible d'un lac à l'eau on ne peut plus pure. Le soleil qui calcinait ailleurs la Perracie donnait ici une teinte vermillon aux choses, faisant de cet endroit un des plus beaux de Dùralas. Mais très vite, le lac se mit à gronder. Des eaux s'élevaient bientôt un Dragon sans pattes, aux allures de serpent muni d'énormes moustaches, sur sa tête se tenait l'enfant, sec et souriant. Sous le regard béa des Gardiens un incident survînt toutefois, même dans l'ordre chaotique de ces évènements.
Styx se jeta hors de son arbre pour retomber sur les épaules d'un des Gardes qu'il étripa instantanément d'un coup de griffes acérées. Il planta ensuite ses crocs dans la charpie qu'était le pauvre homme en hurlant de rire.
Edford envoya ses hommes affronter la monstrueuse chose à l'aspect humanoïde qui venait d'occire Alfred, un chevalier fort prometteur. C'était une sorte de clown, au visage peint d'un rouge qui tenait plus de l'hémoglobine que du maquillage, et son rire était on ne peut plus déroutant. Edford, contrairement aux apparences était un armagicien confirmé, un chevalier jonglant avec la magie pour parfaire son escrime, et en l'occurence il détectait tous les artifices de l'arlequin.
Ses coups tranchants n'étaient que des renforts venus de ses cartes, et son rire lui-même était un sortilège d'illusion, visant à détruire le psyché de quiconque n'avait la force de rivaliser avec son énergie. Qui était extrême, nota le Garde en dégaînant son épée et entourant son équipe d'un halo protecteur qui au contact des décibels du rire clownesque se mit à trembler. Très puissant. (Trop ?)
"OH PARCE QUE TU CROIS QUE TA BARRIÈRE PEUT CHANGER QUELQUE CHOSE !? MAIS JE HUUUUUUUURLE"
Le vampire s'élança en avant, désarmant le premier bretteur et se servant de son épée pour l'y empaler avant d'envoyer Lui, son scolopendre cérébral, dévorer le second. Ensuite, ses yeux devinrent écarlates, et la barrière protectrice vola en éclat. Face à lui se tenait un mur d'épées et de boucliers mené par un commandant aux pouvoirs pas trop dégueux.
Edford ne pouvait pas gagner, il le savait. La chose face à eux bougeait tel un diable, rapide et mortel, déchaînant un pouvoir dont l'Académie ne décrivait en aucun de ses livres. Mais il fallait protéger le garçon à tout prix, s'était leur mission et ils ne failliraient pas. Même contre le Démon lui-même. Ce dernier venait d'ailleurs de créer deux doubles de lui, plus petits et à l'énorme tête qui toisèrent les humains du regard.
"- De retour pour vous jouer un mauvais tour, afin de préserver Dùralas..
- De la sensibilisation, afin de rallier les mauvais à notre Congrégation !
- Afin d'écraser l'amour et la vérité !
- Afin d'étendre le pouvoir du Styx jusqu'à l'univers infini !
- MINI STYX 1
- MINI STYX 2
- La team Arlequin plus rapide que ta mère !
- Suicidez-vous ou ce sera la guerre !
- Et moi je suis Lui le scolopendre qui vit dans sa tête !"
Styx porta sa paume à son visage avant d'éclater d'un rire sinistre. Ses invocations étaient décidément ses meilleures créations, et tandis qu'ils se jetaient à l'assaut, il nota qu'il faudrait leur créer des costumes pour l'été.
Le vampire fut projeté en arrière avec violence, ses invocations dissipées, et l'étrange insecte se tortilla de douleur. Le Dragon s'approcha des deux camps, s'interposant entre le machiavélique personnage et les Gardes. Il posa un regard furieux sur le vampire.
"- Créature immonde tu as souillé le rituel de communion entre le Seigneur de la Chasse et son réceptacle. Tu seras châtié et la Grande Chasse s'abattra sur toi, de partout viendront des chasseurs afin de te dépecer, tu mourras et seras empaillé en mon nom vil être ! La magnifique bête ouvrit la gueule et allait souffler sa malédiction lorsqu'une brume orangée s'engouffra dans sa bouche.
- Oupsiiiiii Oups' ! J'interromps quelque chose ? Non ? Tant mieux ! Je me présente, avocate de Styx le Fou; Damia Fortuna ! Retiens ce prénom, j'ai mis quelques secondes à l'inventer, et c'est le feu. Boooooon, je suis pas d'accord avec ton jugement. Ok ok, je sais ce que tu vas dire Dragonnet, t'es le maître sempiternel de blablabla depuis blablabla, mais honnêtement, en tant que divinité moi-même, et ce depuis quelques millénaires, ET J'AI MES DIPLÔMES CONTRAIREMENT A CE QUE DIT CETTE CONNASSE DE BRENDA. Comme si être la Déesse d'une île du Nord donnait plus de prestige que... Oh mais je m'égare. Je dis non, tu vas pas lancer ta Grosse Chasse sur mon Styxou bébé. La femme en robe orange cligne de l'oeil à l'arlequin.
- Je te connais... Tu es... Bien. Mais son acte ne restera pas impuni il...
- Il ne se prostitue pas.
- JE NE PENSAIT PAS A PAREILLE CHOSE ! Hum. Il devra chasser en mon pour laver son pêché ; un magnifique cheval lapis-lazuli suffira... mais prends garde ! C'est une bête féroce.
- Ouki douky, compris Henri, on va de suite chasser ça.
Elle ouvre un portail derrière Styx, encore couché par la puissance du Dragon, et lui assène un coup de pied puissant, qui l'envoi naviguer dans l'inconnu spatio-temporel.
- OH AU FAIT, AVANT QUE LES GUILLEMETS NE SE FERMENT, T'AS UN NUMÉRO DE PIGEON VOYAGEUR BEAU DRAGON ? "
Quelque part dans le Delta de Hukutav commence le combat entre Styx et l'étalon bleu !