Gîl Crain-de-Fer – Merci à vous tous, chers amis, de nous avoir accompagné dans cette première expédition ! Le nain pinça sa moustache nerveusement et reprit, toujours aussi ferme dans son expression. Je ne vous ai pas caché mes impressions et vous sembliez partager mon avis quant à ce qui se terrait là-bas ! Je demanderai l’appui de l’armée Kazharienne auprès de l’Impérator afin qu’il y envoi une expédition guerrière pour sécuriser le périmètre. Nous ne sommes pas des combattants aguerris et le peu de soldat nous accompagnant n’aurait pu tous nous protéger si nous étions tombés dans une embuscade. La vie de mes hommes est plus importante que celle des joyaux se trouvant dans ces galeries, nous aurions toujours l’occasion d’y retourner plus tard et cette fois-ci, dans de meilleurs conditions. Je vous remercie de vous être joint à moi pour cette fabuleuse découverte, je vous souhaite richesse, gloire et honneur mes amis. Rompez !

Nous étions arrivés à la fin de notre expédition, aucune embuscade ni aucune créature sur notre chemin. Dès lors où nous avions rebroussés chemin, cette pression sur nos épaules s’était allégée peu à peu jusqu’à nous laisser définitivement tranquille. Mais cela avait été un plaisir que de découvrir de mes yeux cette cavité étincelante que celle-ci. L’immense cavité de Cristal, très certainement un piège nous attendant un peu plus loin, mais une demeure aux parois blanches comme la neige et rayonnante comme la lumière du soleil. Peut-être que l’avenir nous ramènera sur ses pas, entre découverte et danger, mais pour le moment nous faisions état de ce que l’on avait rapporté de cette première expédition. Le butin amassé n’était pas à la hauteur de ce que l’on aurait espéré au départ, mais au final, cela revenait à faire une sortie en solitaire dans les mines kazhriennes et d’y faire le plein comme j’en avais l’habitude, la seule différence c’est que j’avais eu l’occasion de découvrir de magnifique panoramas et de travailler en groupe pour ma première expédition minière en terre inconnue …

Baël – Je pense qu’on a bien fait de faire demi-tour personnellement, avec tout ces branquignoles …

Garràn – Tu penses que quelque chose nous y attendait ?

Baël – Je ne sais pas … comme une impression de nostalgie … de déjà vu … De toute manière, la récolte n’est pas dégueu en soit.

Nain – Hé toi là ! Tiens, ta récompense pour ton aide.

Garràn – Merci.

Il y avait de quoi nous nourrir pendant un petit moment, c’était indéniable, mais ma curiosité me pousserait très certainement à y retourner plus tôt que je ne le pensais à ce moment-là. Ce que j’avais vu et ce que j’avais ressenti, je voulais le revivre encore. Me tenir là où personne d’autre ne s’était tenu auparavant, sentir ce danger inconnu nous entourer et peser sur nous, être entouré d’autant de richesse sans même pouvoir tout récolter. C’est un plaisir dont je ne me lasserai pas, c’est indéniable. Maintenant, je le savais, j’en étais sûr et je continuerais à réaliser ce genre d’expérience. Ce que j’aimais vraiment dans ce monde, c’est la découverte et l’exploration de l’inconnu. Rien de plus, rien de moins.

Plutôt que de rebrousser le chemin jusqu’au secteur F, je décidais de suivre un embranchement qui me sembla solitaire, chemin traversant d’autres galeries, ignorant les sources de minerais commune que l’on pouvait rencontrer ici bas. Je n’en vais déjà croiser quelques unes depuis que j’étais arrivé ici, mais jamais je ne m’étais risqué à les suivre, l’inconnu qui entoure ces galeries n’inspira pas confiance, personne ne peut savoir ce qui si cache, ni quel piège naturel il peut y avoir. Cette fois-ci, j’avais pris l’initiative et avais poussé ma curiosité jusqu’au bout de la chose. L’exploration était ce que je préférais faire lorsque je n’étais pas en train de combattre ou lorsque je n’étais pas en service. Il y avait bon nombre de lieux abandonnés, isolés de tous, des ruines, des tombeaux. Tant de chose à découvrir sur ces vastes terres, alors parcourir ce genre de galerie me laissait la sensation d’explorer de nouvelles curiosités.

Ma patience fut récompensée. A force de suivre un itinéraire incertain, la galerie se termina enfin sur une petite faille dont s’écoulait un filon d’or envoutant. Ma pioche en main, je commençais à extirper le minerai d’or de sa petite source naissante, piochant avidement dans la roche sans ménager mes coups. Ma cagette bientôt rempli, j’allais pouvoir me diriger vers le secteur A pour partir en quête de diamant, apparemment plus abondant dans ce secteur reculé. Le chemin allait être long, mais je devrais y parvenir avec un peu de patience. D’abord, je devais terminer ce que j’avais à faire ici …

J’arrivais enfin au terme de mon expédition ! La galerie s’était élargie de façon anormale et bientôt, je n’apercevais plus les parois qui m’entouraient jusqu’à lors. Et pour mon plus grand plaisir, l’or vint me sourire enfin en récompense. Les filons s’échappaient de failles de la caverne et je n’aurai certainement pas assez de place pour tout emporter. J’allais devoir me contenter de ce que pouvait contenir ma cagette. A force de donner des coups de pioche, je me rendis compte qu’un écho se faisait entendre. L’espace y était si grand que ça ? Alors que je continuais à m’avancer avidement vers les prochains filons, je manquais de basculer de peu dans une immense crevasse sans fond. Je pouvais apercevoir d’autres filons en contrebas, mais ceux-ci étaient inatteignables, me narguant du coin de l’œil. Je devais faire plus attention dorénavant, le secteur avait dû être abandonné justement pour la dangerosité du périmètre. Le chemin devenait de plus en plus difficile et étroit à cause du vide qui se trouvait à quelques mètres de moi, mais je continuais ma récolte sans jamais m’arrêter, d’autres éclats, plus scintillant encore, se trouvaient plus loin et bien entendu, c’est ici que j’allais me rendre pour faire état de ce qui s’y trouvait.

Notre expédition avait cela de particulier : nous avions beau avoir confiance au Nain et la gloire qu’il nous avait promis, la récolte s’avérait être excellente pour le moment, il n’y avait qu’à regarder nos cagettes se remplir à vu d’œil ! Pourtant l’ambiance avait plutôt l’air électrique, la tension était palpable. Quelque chose venait perturber notre récolte et chacun d’entre nous l’avait ressenti. On nous espionnait, j’en étais persuadé et les regards intempestifs de certains me firent comprendre que je n’étais pas le seul à le ressentir. Gîl continua tout de même l’expédition sans y prêter attention, les gardes non plus n’avaient l’air alarmés, ce qui devait signifier que ce qui nous observait dans l’ombre devait être insignifiant. Cela me rassura dans un sens, de savoir que les bons à rien avec qui je trainais ma pioche n’étaient pas que des bons à rien finalement. Nous avions identifiés une bonne partie des gisements sur une distance de plusieurs milliers de pieds déjà. La journée devait sans doute se terminer et la nuit commençait son ascension vers les étoiles, mais le long tunnel que nous empruntions, la cavité principale, ne semblait pas vouloir se terminer. Il y avait encore tant à découvrir et à explorer.

Actuellement, nous étions sur des traces de gisement d’or. Cela faisait déjà un sacré bout de temps que cherchions ces filons dorés, sans jamais parvenir à mettre la main dessus. Les quelques miettes que l’on trouvait ne valait pas un clou et ne servirait probablement jamais de part leur petitesse. Il fallait poursuivre nos recherches car la récompense valait son pesant d’… enfin voilà, vous avez compris. Étant donné que nous avions remplis toutes nos cagettes dédiés au fer, au cuivre et à l’argent, nous avions laissé un groupe se reposer avec les cagettes pleines pour ainsi mieux se déplacer dans les galeries. Nos recherches étaient concentrées sur le flanc gauche de la galerie principale, zone où l’on avait découvert les traces d’or, le tout, éparpillés dans différentes galeries passant par cette zone. Les groupes avaient été optimisés et nous nous déplacions maintenant en petit groupe de trois comportant au moins un combattant et deux récolteurs. Aussi surprenant que cela pouvait paraître, j’avais été compté comme garde étant donné que j’étais armé de ma chaîne d’âmes nées, enfin j’avais un peu insisté sur le fait que je savais me battre aussi bien que ces prétendues gardes aux ailes immaculés. Je connaissais le métier de mineur et savais manier les dagues comme personnes, ce qui me rendait d’autant plus intéressant aux yeux de Gîm Crains-de-Fer, qui ne voyait qu’un bénéfice supplémentaire dans sa poche. Sa bourse était ma bourse, si cela lui convenait, à moi aussi cela me convenait.

Erik – Garràn ! Viens voir ! Je me retournais et rejoins le jeune Humain qui s’était accroupie pour analyser un caillou de la taille d’une paire de botte. J’ai retrouvé des traces ici et là.

Garràn – Effectivement, on devrait être tout proche, pour que ce soit aussi gros.

Erik - Mais qu’est-ce que vous racontez. Il y a à peine de quoi faire une bille avec tous ces grains.

Garràn - Tu ne regardes pas au bon endroit, l’emplacement de cette roche vient d’ici, regardes. Cela ressemble déjà plus à un filon, nan ?

Thomas – Je vais aller prévenir les autres et les tenir au courant. Je reviens vite.

Garràn – Pour le moment, on se contente de continuer à chercher, il n’y a rien d’intéressant, ou du moins, il n’y a pas ce que l’on recherche. On continue.

Ces vulgaires filons ne nous servirait à rien et cela ne nous donnait pas la position du gisement, simplement que sa présence était plus ou moins proche. Il est même possible que ce ne soit que des pépites isolées, ce qui serait encore plus dommage. Et petit à petit, la galerie s’écarta du groupe de galeries parallèle. L’on suivait dés à présent une galerie isolé qui semblait se diriger vers la source du gisement. Sur la roche, de fines gouttelettes étincelantes semblaient habiller les parois. Trop peu encore pour vraiment nous intéresser, mais suffisamment pour attiser notre curiosité. Il ne faisait plus aucun doute que nous étions sur la bonne voie, je pouvais déjà le sentir, que nous serions bientôt arrivés devant le gisement.

Garràn – Thomas, avec les repaires que tu as déposé tout du long de notre traversée, peux-tu rejoindre les autres et les prévenir que nous avons trouvé ce que nous cherchions ?

Erik – Mais il n’y a rien encore, certes plus que tout à l’heure, mais vous l’avez dit vous-même, ce n’est pas ce qu’on cherche.

Garràn – Vas-y Thomas, ne t’en fait pas. Il y a bien un gisement au bout de ce tunnel, je vais le lui montrer. J’en veux pour preuve la position des granulés d’or sur les parois, tous alignés à peu près à la même hauteur, ce qui n’est pas le cas pour les sources isolées, qui se déploie un peu n’importe comment.

Cela suffit à convaincre Thomas qui semblait voir de quoi je parlais. Erik ne semblait comprendre au contraire et en poursuivant un peu plus en profondeur dans la galerie isolée, après une dizaine de minutes, nous arrivâmes tout deux au pied d’un gisement d’or. Tout un tas de filons cherchaient à s’en extraire, s’étalant un peu partout dans la galerie jusqu’à recouvrir une bonne partie de la paroi. J’avais déjà vu ça ailleurs lors de mes précédentes récoltes, les filons ne parviennent pas à s’extraire facilement du gisement et s’étale lentement autour. Ce qu’il y a de plus facile comme direction pour son bon développement, c’est vers le sol où le long de la paroi, à cause de son poids. Je ne saurais expliquer pourquoi l’on est attiré par le sol, mais c’est ce détail qui permit à l’or de s’évacuer au mieux de sa prison. C’est un peu comme une enquête, l’on recherche la source mère et retrouvant ses petits.

Garràn – Tu vois ….