Saigo déambulait dans les rues bondées de Kastalinn. Il s'agissait de la cité où il passait le plus de temps, étant donné qu'il s'agissait du repaire des chasseurs. De nombreux débutants allaient et venaient régulièrement s'essayer à la chasse aux sangliers, tandis que les meilleurs partaient de cette cité lorsqu'ils traquaient le rhinocéros. Ceux qui s'adonnaient à la chasse aux aigles et aux crocodiles devaient marcher un peu plus, mais tous sans exception revenaient à Kastalinn pour vendre leurs récoltes. L'Exécuteur ne faisait pas exception, et même si il n'était pas l'être le plus sociable du continent, loin s'en faut, il s'était plus ou moins fait à la vie dans la cité du Nord. Il s'était même installé dans une bâtisse abandonnée, où il séjournait lorsqu'il préparait ses expéditions de chasseur. Enfin, il disait abandonnée, mais la vérité n'était pas tout à fait similaire. Disons plutôt qu'il avait fait en sorte que la maison devienne subitement vide de tous occupants.

Toujours était-il que désormais, c'était lui qui vivait dans cette petite maison, et il s'y dirigeait lorsqu'un homme encapuchonné le bouscula. D'ordinaire, l'assassin aurait expliqué la politesse à cet inconnu, mais dans une rue bondée, il décida de ne pas en tenir rigueur. C'est alors qu'il remarqua un petit message dans sa main. Il en était sûr, il n'avait rien sur lui (autre qu'armes et armure) une seconde plus tôt. Il en conclut donc que l'homme à la capuche était un messager quelconque, et qu'il l'avait de ce fait bousculé consciemment. Le stryge solitaire fût satisfait de cette déduction, et reprit son chemin. Il lirait la missive chez lui, à l'abri des regards indiscrets.

Parvenu à destination, Saigo n'attendit pas longtemps pour déplier le petit parchemin. D'un côté, une rose avait été dessinée. De l'autre, quelques mots étaient inscrits.

La missive a écrit:

Au son du luth, laissez vous guider. Dans les tavernes, Wyrm vous demanderez.

L'écriture était soignée, sans doute plus que nécessaire pour ce que c'était. La Congrégation comptait donc un poète dans ses rangs... L'Exécuteur sourit légèrement. Il avait beau revenir du Vulkar, il ne supportait pas la monotonie, et était très heureux de repartir en mission immédiatement, pour l'Ombre. Il ressorti immédiatement, direction la taverne la plus proche.

Les lieux sentaient bon le début de soirée. Vendredi soir, l'alcool allait couler à flot, et les habitués du bar avaient déjà le nez rougis. L'effervescence n'en était pas encore à son paroxysme, mais ça montait tranquillement. C'est dans ce contexte que Saigo prit place au comptoir, et commanda une pinte de bière. Une fois servi, il alpagua le tenancier par la manche, et l'attira vers lui. Wyrm. Lui souffla-il à l'oreille, sur un ton qui ne laissait pas de place à la contestation. L'aubergiste ne se le fît pas dire deux fois, et d'un signe de tête discret, il indiqua à ce "Wyrm" que le champ était libre. Quelques instants plus tard, un homme aux cheveux blancs s'assit à la gauche du stryge noir. Il portait un masque. Cependant, ce n'était pas cela qui dérangeait Saigo. En effet, les narines de l'Exécuteur percevait, entre les effluves du sueur et d'alcool, un parfum bien plus répulsif encore. L'inconnu puait le stryge blanc, et rien que cela énervait l'assassin. Un stryge blanc poète dans la Congrégation? Cela ne pouvait être réel. Une veine palpitait sur la tempe du stryge solitaire, qui se contenait difficilement pour ne pas frapper son informateur très fort dans la bouche. Ça a intérêt à être du lourd. songea-il.

Wyrm promenait tranquillement son regard sur la salle pendant que ses doigts fins pinçaient le luth. En ce début de soirée, la populace s'en venait petit à petit, si bien que son public augmentait au fur et à mesure des heures écoulées. Cela annonçait une bonne paie, songea-t-il avec un fin sourire.
La porte s'ouvrit.
Aussitôt, ses yeux azur allèrent dévisager le stryge noir qui venait de prendre place au comptoir. Il s'était accoutumé à leur présence, grâce à Thélys, mais il n'en était pas pour autant à l'aise. Wyrm l'observa avec plus d'attention...
Grand. Ailes squelettiques. Peau claire. Taillé pour le combat visiblement. Ah.
Il esquissa un air ravi. Son exécuteur était donc arrivé.

Syrm s'approcha d'un pas nonchalant, sans passer par le tenancier. Ces histoires ne le regardaient pas car après tout, ledit tavernier n'avait rien à voir avec la Congrégation. Il le rassura d'un hochement du menton toutefois -car Saigo n'était pas du genre avenant- avant de rejoindre ce dernier.

"Bonjour, s'annonça-t-il avec un large sourire entrevisible derrière son masque. Vous avez été bien rapide, Saigo."

Stryge blanc et noir ne faisaient que rarement bon ménage. Et encore avec Thélys il avait eu de la chance. Autant jouer cartes sur table !

"Rendez-vous dans deux jours, au crépuscule. Dans la ruelle où vous avez reçu le message."

Wyrm qui ne s'était pas assis, exécuta une courbette et finit avec une dernière tirade de sa voix de conteur : clair, portante et chantante.

"Puissiez-vous profiter de cette douce soirée messire, car pour l'heure, mon public m'appelle ♪"

Il puait le stryge blanc. Il empestait cette sous-race putride, qui ne méritait que la destruction, aussi lente et douloureuse que possible. Saigo n'avait que ça en tête, alors que cet inconnu masqué, un luth à la main, venait se placer à ses côtés. L'Exécuteur n'était pas sociable, même avec ses soi-disant alliés. Mais un joli cœur qui sentait l'immondice blanche? Vraiment? Il avait vraiment intérêt à avoir des problèmes dignes d'intérêts, sinon l'assassin allait lui faire très, très mal. Pour l'heure, toutefois, il n'avait pas envie d'ouvrir la bouche, et se contenta d'écouter, sans jeter un regard à l'informateur. Deux jours, au crépuscule, là où il avait reçu la missive. Il ne prêta même pas attention aux paroles qui suivirent, reportant son attention sur sa bière, qu'il finit d'une traite. Il en commanda une seconde, tandis que Wyrm, puisque tel semblait être son nom, retournait amuser la galerie avec son luth. Toute l'attention était sur lui, ce mystérieux homme masqué. Les badauds dodelinaient de la tête en rythme avec les notes que le musicien tirait de son instrument. Certains se laissaient aller à une petite danse maladroite. Les femmes se pâmaient visiblement devant l'informateur, qui ne semblait pas s'en plaindre. Le stryge noir soupira. Qu'est-ce qu'un coureur de jupon comme lui pouvait bien avoir à faire avec la Congrégation? Savait-il seulement se battre? Non, probable que non, sinon il ne viendrait pas réclamer son aide, quelle que soit sa requête. Saigo vida sa seconde pinte, paya l'aubergiste, et quitta les lieux, sans un mot ni un regard pour l'informateur au luth.


Deux jours plus tard, au crépuscule, l'Exécuteur s'était perché sur un toit, surplombant silencieusement l'activité incessante de la rue qu'il surveillait. Wyrm avait bien choisi son heure, pensait-il sarcastiquement. En plein hiver, le crépuscule, c'est à dix-sept heures, et à cette heure ci, les rues sont bondées. Cela ne plaisait pas au stryge solitaire, qui se voyait mal discuter de sombres desseins à l'ouïe de tous. Mais bon, un travail était un travail. Toutefois, il avait beau chercher, il ne parvenait pas à distinguer son camarade des Ombres dans la foule dense. C'était étrange, d'autant que le luthier lui avait paru de grande taille lors de leur courte entrevue. De plus, des cheveux blancs et un masque, ce n'était pas forcément commun. Soudainement, l'Exécuteur perçut un mouvement derrière lui, et se retourna brusquement. Wyrm était là, encapuchonné, masqué, grand, puant toujours le stryge blanc. Saigo se détendit très légèrement. Théoriquement, cet homme était dans son camp, et ne représentait pas un grand danger pour lui. Mais on était jamais trop prudent, cela il l'avait appris à ses dépens, au plus profond du Vulkar...

Wyrm suivait l'homme du regard, se glissant parmi la foule comme un simple esprit de passage. Il ne bousculait personne, ne croisait pas un regard, marchait d'un pas égal. Il se fondait dans la masse. Sans le perdre de vue.
L'informateur avait revêtu pour l'occasion une tenue plus discrète que son accoutrement de ménestrel : le masque avait disparu et sa tunique claire avait été remplacée par une simple chemise terne. Ses bottes à semelle épaisse masquait le bruit de ses pas lestes sur le pavé inégal de Kastalinn. Il était une ombre...


Wyrm sifflotait doucement en passant de toits en toits. Ah mais c'est son intuition avait été juste ! Les stryges se perchaient naturellement en hauteur et cela était d'autant plus vrai pour ces petites gens de la Congrégation ; aussi s'en vint-il le sourire aux lèvres vers Saigo. Il prit un petit moment avant de noter sa présence et ha, Wyrm se réjouit d'avoir peu le surprendre un tant soit peu. Il le salua d'un sourire prolongé derrière son masque d'informateur.

"Messire, bien le bonsoir ♪"

Sa voix feutrée n'était qu'un chuchotement, rapidement masqué par le bruit de la foule. Il aimait cette heure de la journée, où la lumière se finissait et où l'on accueillait avec frénésie l'arrivée de la nuit.

"Êtes-vous prêt ? Nous avons une poignée de minutes pour rejoindre notre homme."

Il avait pris soin de repérer les habitudes de la cible, et surtout, l'étendue de ses connaissances quant à la cartographie de la ville ; cela pourrait être utile s'il essayait de s'échapper.

"Humain, 27 ans. Peu musclé mais agile et très habile avec un couteau. Il est possible qu'on aie de la compagnie en plus mais avec de la chance, il sera seul aujourd'hui."

Wyrm lâchait les informations avec la même discrétion que tantôt, tout en se dirigeant d'un pas assuré vers son but.

Cette effluve de stryge blanc, qui émanait de Wyrm sans discontinuer, perturbait Saigo au plus haut point. Que faisait-il dans la Congrégation, bon sang? Il est unanimement reconnu que les plumes blanches ne sont rien d'autres que de bon samaritains, trop lisses pour se permettre un pas de travers, et effrayés par la moindre pensée négative. Là, on était à l'extrême opposé! L'Exécuteur ne comprenait pas, mais il se retenait de poser la moindre question. Ce n'était qu'un travail. Le luthier avait des informations à partager, ce qui permettrait d'être le plus efficace possible. Toutefois, aux dires de Wyrm, la mission ne correspondait pas vraiment aux attentes de l'assassin, qui ne se priva pas de le faire savoir:

Comment ça un seul? T'es en train de me dire que tu fais partie des nôtres, mais que t'es pas foutu de régler son compte à UN SEUL clampin? Tu te fous de ma gueule?!

Le stryge noir explosait. Il criait à voix basse, pour ne pas attirer l'attention sur eux, mais dans ses yeux, on pouvait aisément déceler une lueur haineuse. C'était la conclusion inévitable d'une coopération entre un stryge noir et un stryge blanc. Wyrm avait beau ne pas avoir d'ailes, Saigo avait décelé sa puanteur dès leur première rencontre. Aussi, il n'hésita pas une seconde à afficher ses conclusions:

Putain, mais qu'est-ce qu'une immondice dans ton genre peut bien avoir à faire avec la Congrégation?! Vous autres les blancs, vous êtes même pas foutus de buter un rat sans avoir de remords! Bordel je devrais t'arracher ce masque pourri, te trouer le bide et cracher sur ta sale gueule pendant que tu agonises comme une merde.

Saigo se prit la tête à deux mains, se retenant de hurler sa rage. Entre cette mission pourrie, et cet informateur qu'il aurait du tuer il y a longtemps, il était sérieusement en train de péter un câble. Soudainement, il dégaina sa dague, et la plaça sous la gorge de Wyrm. Sur le ton de la menace, il grinça:

Donne-moi une raison. Une putain de bonne raison de ne pas te tuer maintenant.

Il avait le nez fin dites donc. A défaut d'éloquence.
Tous les stryges ne ressentaient pas avec autant de certitude la présence de leurs cousins, juste une inexplicable animosité parfois légère, comme ce fut le cas avec Thélys. Eh bien eh bien... Le visage de Wyrm se fendit qu'un immense sourire. ENFIN il se décidait à lâcher le morceau. Le stryge blanc n'avait attendu que cela ; il valait mieux pour eux deux qu'il crache sa haine maintenant plutôt que pendant l'assassinat. Il avait donc écouté le discours de Saigo sans plus s'étonner de voir pointer une lame sous sa gorge offerte. Et sans perdre son sourire, il lui répondit tranquillement tout en soulevant son masque.

"Tu dois être un brin simple pour poser la question."

Il s'esquiva d'une pirouette lui tournant le dos.

"Connais-tu les informateurs de la Congrégation ?"

Il pencha la tête en arrière, et depuis ce nouveau point de vue, observait Saigo avec malice.

"Simple question rhétorique. Parlons plus concrètement. Tu me tues, tu ne peux mener à bien ta mission, tu fais échouer la mienne et ha, cela ajoute un point noir à ton tableau de chasse déjà peu glorieux, sans oublier que tu ne sais même pas les aboutissants de ladite mission."

Il revint se placer sous la lame du stryge sans ciller. Un agaçant sourire toujours présent sur les lèvres.

"Notre chère Ombre doit déjà douter de ton utilité, alors veux-tu prendre le risque de tuer un de ses informateurs les plus efficaces ?" lâcha-t-il dans un murmure.

Un sourire? La lame sous la gorge, face à face avec un stryge noir enragé, Wyrm parvenait encore à sourire? Était-il inconscient, ou bien totalement stupide? À moins qu'il ne le prenne pas au sérieux, ce qui était encore pire. Saigo enrageait davantage. Il mourrait d'envie de faire hurler cette impétueuse immondice de douleur. Surtout que maintenant il lui tournait le dos, et lui posait une question stupide. Bien sûr que je connais les informateurs. Pauvre tâche, la dernière fois que j'en ai vu un j'ai failli y rester. Bon c'était l'Ombre en fait, du coup ça compte pas vraiment dans la catégorie informateur... Oh et puis merde. Il se retint toutefois d'exprimer ses pensées à voix haute, préférant se concentrer sur les différentes manières qu'il avait de faire pleurer son arc-ennemi. Il allait d'ailleurs passer à l'acte, mais ce contrôla à la dernière seconde. Aussi énervant cela soit-il, cet enfant de catin avait raison. L'Exécuteur n'avait aucune idée de comment il avait obtenu ses informations, mais il ne cherchait pas à comprendre. Wyrm pointait des faits, intangibles et impitoyables. L'assassin bouillonnait un peu plus encore, mais lorsque le stryge blanc vint remettre sa gorge sous sa dague, il ne cilla pas.

Il avait beau être arrogant et énervant au possible, le luthier avait raison. D'ailleurs, c'était sûrement ce dernier point qui le rendait si énervant. Pour une raison ou pour une autre, il connaissait déjà les "exploits" du stryge solitaire, que ce soit au Vulkar, durant l'assassinat de DoÖoN, ou face à la Garde Zéphyr. Wyrm visait juste lorsqu'il pointait du doigt les doutes de l'Ombre à son sujet. Mais dans le même temps, il le mettait au défi de le tuer. Il avait soulevé son masque, il avait offert sa gorge à Saigo, il lui souriait, l'air de dire "vas-y, fait le! Fait le et tu verras". Un simple mouvement. Un simple mouvement latéral et c'en était fini de cet immondice aux cheveux blancs. Il n'y avait aucun témoin, sur les toits. Personne qui ne l'entendrait crier, puisqu'il lui trancherait la gorge. Il ne serait même pas possible de prouver que le meurtre de Wyrm était l'œuvre de Saigo. Pourtant, le stryge noir baissa le bras, tremblant de rage, rouge de colère, les dents serrées, les muscles tendus au maximum, les tempes battantes.

Tu n'imagines même pas à quel point je te déteste. Grinça-il entre ses dents.

Il voulait le tuer. Il voulait tellement, mais TELLEMENT le tuer. Toutefois, il avait d'abord une mission à accomplir, un blason à redorer. Un seul pauvre imbécile... ce qu'il avait fait pour s'attirer les foudres de la Congrégation, Saigo n'en avait rien à faire. Il allait passer ses nerfs sur cet imbécile, et ça ne serait pas beau à voir.

Ah mais c'est qu'il fulminait ♪
Wyrm esquissa un pas vers l'endroit où se trouvait leur cible, tout en réfléchissant à un moyen de le calmer. Il y était allé trop fort et vu son état... il doutait maintenant de son efficacité sur le terrain. Enfin. Un stryge noir aussi borné que ce Saigo restant calme avec un stryge blanc, ce n'était pas aujourd’hui que cela arriverait. Il y avait-il la moindre chance qu'il en soit autrement ?
Wyrm doutait franchement. Mais dans son état, cet idiot risquait de tout faire rater.

Alors l'informateur fit un petit effort, remit son masque et parla. De lui. De la Congrégation.

"Personnellement, je te déteste pas. Enfin, je n'ai pas vraiment d'opinion à ton sujet ; les rumeurs et les histoires d'un autre lieu ne me suffisent pas à qualifier une personne de détestable ou d'admirable. Tu m'avais demandé plus tôt ce que je faisais avec la Congrégation... Disons que je n'ai plus grand chose d'un stryge."

Il désigna son dos dépourvu d'ailes. Continua à marcher. Sourit. Et tapota sa tempe en jetant un regard neutre à Saigo.

"Là non plus. Disons que je suis devenu... neutre. Je me contrefiche de choses aussi futiles que l'ambition, les rêves, les désirs... La Congrégation m'a donné un but, et ça me suffit. Je m'y tiens."

La lumière était tombée depuis un moment, et les rues plus calmes venaient s'emplir ci et là des premiers ivrognes. Ils se trouvaient au dessus d'une ruelle silencieuse, d'où parvenait à peine le brouhaha d'une taverne au loin. Les bâtiments étaient hauts, étroits, mais pourvus de larges balcons où il serait aisé de prendre pied.
Wyrm observa Saigo, afin de déterminer s'il était envisageable de débuter la mission.

Saigo toisait durement l'informateur de la Congrégation, alors que ce dernier lui tournait le dos à nouveau. La respiration de l'Exécuteur se faisait plus profonde. Il tentait de se détendre, de reprendre un minimum ses esprits, mais avec un stryge blanc arrogant comme Wyrm, ce n'était pas chose aisée... Toutefois, il réussissait à regagner une part suffisante de lucidité pour que l'autre le considère comme "calme". Il lui parlait à demi-mot de son passé, du pourquoi et du comment. Il n'était plus vraiment un stryge blanc, ni physiquement ni mentalement? Onze, symbole de la Mort et Exécuteur-en-Chef des Stryges Noirs, n'a pas d'ailes non plus, et ça ne l'empêche pas d'être un stryge... Pensait-il. Cependant, les rumeurs disaient que Onze s'était lui-même arraché les ailes pour devenir plus puissant encore. Rien ne disait que le luthier n'avait pas fait pareil, mais l'assassin ne voyait pas en son coéquipier de circonstance la volonté de s'infliger un tel supplice. Enfin, dans cette Congrégation, il commençait à prendre l'habitude que les gens cachent leurs jeux.

L'informateur avait effectué son monologue en marchant, sautant de toits en toits, et le stryge solitaire l'avait suivit en silence, quelques pas derrière, espérant qu'il se tairait vite et que tout ceci serait vite fini. Malheureusement, lorsque les pas de Wyrm cessèrent, ce dernier s'obstinait à l'observer sous toutes les coutures. Était-il en train de juger les capacités de Saigo? Ce dernier soupira, et grogna d'un ton intransigeant:

Ailes ou pas ailes, neutre ou pas neutre, pour moi tu reste une saloperie de stryge blanc. Que tu m'aimes ou que tu me déteste, je m'en fous. Tes ambitions, tes objectifs, je m'en fous. Moi je tue des gens. C'est pour ça que je suis là. Alors qu'on en finisse, et le plus tôt sera le mieux.

L'Exécuteur se tut à nouveau. C'était à son tour d'observer le luthier. Allait-il enfin se décider à lui en dire plus quand à l'objectif, ou faudrait-il encore perdre du temps à papoter? Autour d'eux, la nuit était tombée, et les rues se vidaient peu à peu. C'était une atmosphère qui convenait mieux à Saigo. Dans l'ombre, il se sentait dans son élément.

Il sourit largement. Malgré ses mots, il venait de le contenter en se calmant ; ainsi la mission pouvait passer à la phase suivante.

Wyrm observa alors un des balcons, éclairé par la lumière vacillante de quelque bougie à l'intérieur. Puis il sauta. Pour un stryge, il aurait été simple de rallier la distance qui séparaient le tôt du balcon ; il y avait assez de place pour que des ailes avec autant d'envergure que celles de Saigo soient déployées. Autrement, l'espace était bien trop grand pour être franchi par n'importe qui.
Mais l'informateur avait appris à compenser cette perte. Il se laissa pendre au bout du toit et d'un puissant saut appuyé sur la façade, il put se propulser vers le balcon. Une pirouette. Il se réceptionna sans un bruit. Il se maintenait dissimulé derrière un pan de mur pendant qu'il regardait l'intérieur de la pièce. Personne. Et ainsi, quelques secondes plus tard, il fit signe à Saigo de le rejoindre.

La fenêtre fut forcée sans problème, et ouverte par les mains expertes de l'informateur, elle s'ouvrit sans un grincement. Wyrm notait instantanément le moindre détail de la pièce à coucher au fur et à mesure qu'il avançait à pas de loup. Un portait pendait au dessus d'un bureau. Il ne s'était pas trompé.
Le stryge marqua un arrêt au bout d'une minute d'observation et accroupi, maintint son oreille contre le sol. Une... Deux... Seulement deux personnes ? Il n'avait pas noté la sortie des trois personnes manquantes : peut être pendant qu'il était parti chercher Saigo ?
A ce moment, son regard tomba sur un petit objet sous le lit. Wyrm l'attrapa aisément. Une bague... Le sceau de la Congrégation ?

Wyrm fronça des sourcils et se tourna vers l'intéressé. Il hocha négativement la tête puis toucha la dague pendue à sa ceinture. Soit prêt, quelque chose ne va pas.

La situation venait infiniment de se compliquer.

Wyrm n'avait pas offert de plus amples explications concernant leur mission. Mais au moins, il s'était tut, ce qui n'était pas pour déplaire à Saigo. Leurs pérégrinations les avaient menés, de toits en toits, à une bâtisse normale, comme il en existe tant d'autres à Kastalinn. Ils arrivaient par le côté ouest, où trônait un balcon, qui lui-même donnait sur ce qui semblait être une chambre. Le luthier demeura immobile quelques instants, avant de se lancer à l'abordage. Couvrant d'un seul saut une distance assez importante, il se plaqua immédiatement contre le mur, observant discrètement l'intérieur. Constatant que la voie était libre, il fît signe à l'assassin de le rejoindre. Ce dernier déploya alors ses ailes et, sans décroiser les bras, se laissa planer jusqu'à la plate-forme. Il laissa ensuite Wyrm forcer l'ouverture de la fenêtre. Le mode opératoire n'était pas forcément celui que privilégiait Saigo, mais il n'avait pas envie de le mentionner. S'il fallait encore parler avec cette immondice, autant que ce soit pour quelque chose d'utile.

Lorsque la voie d'accès à l'intérieur fut dégagée, il emboîta immédiatement le pas de l'informateur. L'improbable duo pénétra alors dans une large pièce, bien éclairée par une demi-douzaine de bougies. Sur leur droite, un bureau en bois verni, surplombé par un portrait d'un homme, que Saigo considéra comme sa cible. Sur la gauche, un grand lit à baldaquins, parfaitement fait, encadré par deux tables de chevets. À l'opposé de la fenêtre, une porte donnant sur le reste de l'habitation, et une étagère pleine de parchemin et d'ouvrages. Le stryge noir demeura immobile, laissant à Wyrm le soin de fureter tant qu'il le souhaitait. Toutefois, il restait sur ses gardes, prêt à parer à la moindre éventualité.

Le luthier avait trouvé quelque chose. L'assassin avait d'abord pensé que c'était bon signe, mais à en juger par l'air inquiet du blanc sans ailes, ce n'était pas vraiment le cas. Quelque chose s'était produit, Wyrm recommandait de redoubler de vigilance. D'ordinaire, Saigo se serait moqué, aurait immédiatement traiter son Némésis de peureux faible et bon à rien. Mais là, il était concentré sur leur affaire commune. Alors lorsque l'informateur tapota la dague à sa ceinture, le stryge noir déploya ses griffes, et se plaça entre le luthier et la porte. Au moindre truc suspect, les choses allaient prendre un tournant pour le moins sanglant.

Les joueurs débutent le tour/combat.

vitesse des joueurs : 1385

Saigo : 865
Vitesse : 644
Dégâts : 524
Bonus : Peut attaquer deux fois les citoyens

Wyrm : 735
Vitesse : 741
Dégâts : 221
Bonus : Peut attaquer deux fois les citoyens


Vitesse des ennemis : 780

Cambrioleur : 500
Vitesse : 500
Dégâts : 200
Butin ? 1 lapi-lazuli OU 6 perles OU 10 morceaux de charbon OU 1 bourse de 50 pièces d'or (aléatoire)

Citoyen A : 100
Vitesse : 70
Dégâts : 25

Citoyen B : 100
Vitesse : 70
Dégâts : 25

Citoyen C : 100
Vitesse : 70
Dégâts : 25

Citoyen D : 100
Vitesse : 70
Dégâts : 25

Wyrm jura. Chose surprenante venant d'un stryge blanc mais devenue assez commune pour lui depuis son entrée à la Congrégation. Il était fort rare que les missions qu'il menait allaient si loin dans l'imprévu... Et, peu importe que Saigo soit un stryge noir, il détestait simplement ne pas avoir une maitrise totale de la situation. Cela lui rappelait un peu trop une certaine expérience passée.
Aux deux personnes qu'il avait repérées plus tôt, trois autres venaient de se manifester par d’indicibles bruits de vêtement, de mouvement... Des pas... Dont un plus lourd. Un homme équipé sans doute.
Wyrm souleva cinq doigts pour signaler à Saigo la situation. Il souffla. Calma son agitation. Mis son masque. Puis d'un commun accord peut-être, le stryge ouvrit doucement la porte, sans un son.

Derrière, un long couloir éclairé par une lointaine lumière. Wyrm se glissa comme une ombre dans l'étroit passage ; il laissa volontairement Saigo derrière lui. L’exécuteur n'avaient pas la discrétion pour vertu cardinale aussi pourrait-il lui ôter le bénéfice de la surprise. Ses pas rapides et félins foulaient le sol sans prendre la peine d'y poser le talon. Et dague en avant sans capturer la lumière, il s'approcha de la salle principale.

Bien qu'au dehors le bâtiment semblât petit, il restait étonnamment vaste et aménagé avec goût. Plusieurs salles, pour la plupart des chambres, étaient reliées par l'unique couloir qu'il venait de traverser. Ce dernier menait droit à une grande salle rectangulaire où trônait à la fois un buffet, un  piano ainsi qu'une vue sur la cuisine d'où montait une délicieuse odeur de ragoût de viande. Le mobilier restait sobre quoique signe d'une grande aisance financière pour l'oeil expert. Ci et là, de longs cierges promenaient une lueur mouvante sur les murs décorés de tableaux ou de tapisseries, se disputant à la chaleureuse lumière de l'âtre qui brûlait en crépitant tranquillement.

"Et donc ?
- Ne déconne pas. On l'attend.
- Mais bien sûr. Et on attendra gentiment qu'il daigne se manifester pour devoir au final rattraper ses bourdes hein ?"

Wyrm s'allongea sur le sol, profitant des ombres nombreuses afin d'épier les futures victimes.

"Fais gaffe.
- Je savais que c'était une putain de mauvaise idée ! Quelle idée débile j'ai eue en vous rejoignant...
- Dégage alors."

Une chaise qui heurte le sol.
Un grommellement.
Un souffle rapide.
Et l'informateur qui s'approchait encore et encore... Derrière son masque, ses yeux étaient vifs et de cette teinte bleutée trahissant son plaisir à toucher le danger.

" Tu n'es rien. Apprend à connaitre ta place.
- Calme toi !"

Le regard du stryge lorgna sur une nuque offerte à la lueur de la cheminée près de laquelle son propriétaire sommeillait -ou du moins, tentait- sur une chaise de bois. La dague fila, une main vint se plaquer contre la bouche du dormeur. Puissante et imperturbable.
Un filet de sang tâcha le sol.
La pression de la main se relâcha et celle-ci disparut de nouveau dans les ombres. Plus que quatre.

[ATTAQUE CITOYEN A]

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'Attaque - Stryge B' :

Les choses devenaient intéressantes. Enfin. Pensa Saigo, qui commençait à croire que Wyrm l'avait amené dans cette baraque pour rien. Selon les indications de l'informateur, ils auraient affaire à cinq individus en bas. L'Exécuteur haussa les épaules. Il n'était pas plus inquiet que ça. À vrai dire, il se délectait à l'avance du bain de sang qui s'annonçait. N'y tenant plus, il ouvrit doucement la porte de la chambre. Immédiatement, le stryge blanc sans ailes s'engouffra dans le courage, avançant prestement sans le moindre bruit. L'assassin suivit tranquillement, quelques pas en retrait, gardant à l'idée que l'habitation que cet improbable duo infiltrait détenait encore quelques surprises supplémentaires.

Dès qu'il en avait l'occasion, le stryge solitaire jetait une œillade dans une nouvelle pièce, vérifiant qu'elle ne contenait pas d'ennemis supplémentaires. Devant lui, Wyrm avait déjà gagné l'étage inférieure, toujours avec une parfaite, quoique irritante discrétion. Tentant de demeurer le plus silencieux possible, Saigo suivait, toujours légèrement en retrait. En plus de ses griffes déjà déployées, il avait dégainé ses deux dagues. Devant lui, l'informateur avait également sorti sa lame, et rampait habilement dans le jeu d'ombre et de lumière créé par la cheminée et les bougies qui éclairaient la pièce. L'assassin analysa brièvement la situation. Comme annoncé par le stryge sans ailes, ils étaient cinq. Manifestement, un chef et quatre larbins. Rien d'étonnant dans cette hiérarchie. Et rien d'alarmant concernant les forces en présence.

Soudainement, Wyrm réduisit le nombre de larbin à trois. Un coup de dague parfaitement placé, droit dans la nuque d'un ennemi inattentif. L'action arracha une moue approbatrice à Saigo. Il était ravi de voir son acolyte d'infortune si prompt à donner la mort, et ce sans arrière-pensée. Mais il reconnaissait encore une trace de bonté dans le geste de l'informateur. Droit dans la nuque, l'autre n'avait pas souffert une seconde. C'était dommage de ne pas s'amuser un peu, surtout lorsque les proies étaient aussi ridicules. Immédiatement après que l'inconscient ai expiré son dernier souffle, le stryge noir s'immisça dans l'action, un large sourire carnassier fixé sur le visage. Messieurs, messieurs! Inutile de vous battre! Clama-il d'une voix presque enjouée, qu'il changea bien vite en un ton grave et terrifiant, d'autant plus que son sourire ne disparaissait pas. Je suis là pour ça...

Ses paroles prononcées, l'Exécuteur fonça dans la mêlée, toute dague dehors. Une jugulaire. Deux jugulaires. Moins d'une seconde plus tard, deux bruits sourds de corps qui viennent frapper le plancher verni de la pièce à vivre. Quelques râles plaintif, puis de nouveau, le silence. Saigo s'était déjà planté face à face avec l'apparent chef, griffe sous la gorge, et lui demandait les yeux dans les yeux, un immense sourire aux lèvres et une giclée de sang sur le visage: Une dernière volonté?

[ATTAQUE CITOYEN B ET C]

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'Attaque - Stryge N' :

Citoyen D attaque Wyrm
Cambrioleur attaque Saigo


Les joueurs débutent le tour.

vitesse des joueurs : 1385

Saigo : 665
Vitesse : 644
Dégâts : 524
Bonus : Peut attaquer deux fois les citoyens

Wyrm : 710
Vitesse : 741
Dégâts : 221
Bonus : Peut attaquer deux fois les citoyens


Vitesse des ennemis : 780

Cambrioleur : 500
Vitesse : 500
Dégâts : 200
Butin ? 1 lapi-lazuli OU 6 perles OU 10 morceaux de charbon OU 1 bourse de 50 pièces d'or (aléatoire)

Citoyen A : MORT
Vitesse : 70
Dégâts : 25

Citoyen B : MORT
Vitesse : 70
Dégâts : 25

Citoyen C : MORT
Vitesse : 70
Dégâts : 25

Citoyen D : 100
Vitesse : 70
Dégâts : 25

Wyrm avait espéré bénéficier d'une intervention furtive encore quelques minutes mais Saigo résoudrait peut être le problème auquel il était confronté actuellement : à savoir l'absence de la cible. Il était forcément dans le bâtiment. Avec le bordel que foutait le stryge noir, cela devrait le forcer à prendre la poudre d’escampette. S'offrait alors trois sorties : la principale, trop risquée, les fenêtres de l'étage que Saigo rendait inaccessibles et... la cave.

Le styrge blanc jeta un coup d'oeil à son confrère avant de s'élancer sans l'attendre vers l'escalier descendant. Un des hommes comprit son intention : il se plaça entre lui et son objectif, un poignard à la main. Cet idiot de Saigo n'était pas foutu de retenir l'attention de tout le monde, hein...
Wyrm se fendit en avant. Un coup de tranche. Pivot sur le pied porteur. Second coup de dos, dans le bas du bassin. S'il n'en mourrait pas lentement, le pauvre ne pourra plus jamais marcher. Ce n'était pas dans ses habitudes d'infliger pareille torture mais le stryge était... un brin agacé -même s'il ne l'avouerait jamais. Qu'une de ses missions parte tellement en vrille... ça l'exaspérait.
Il reprit donc son chemin en courant.

Un odeur de plantes et de sang flottait dans la cave qui avait pour tout éclairage la lueur faiblissante d'une lampe à huile au loin. Il s'avança, félin, ne trahissant le moindre bruit...
Bordel.
Le fuyard s'était mis à courir et sa lumière n'était déjà plus qu'un point au loin.

[ATTAQUE CITOYEN D]

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'Attaque - Stryge B' :

L'entrée en scène de Saigo avait vraisemblablement causé une jolie pagaille. Les corps étaient vite tombés sous les coups précis du duo de la Congrégation, et l'Exécuteur tenait en respect celui qui semblait diriger cette petite opération. Il lui souriait, de toutes ses dents, tandis que dans le regard de l'inconnu, il lisait de la surprise, et une touche de peur. Il était grand, aussi grand que Saigo, tant et si bien que l'humain et le stryge se regardaient littéralement les yeux dans les yeux. Il avait des cheveux châtains, coupés très court, qui laissaient entrevoir une petite cicatrice linéaire sur le haut du crâne. Il avait la peau rugueuse, marquée, et une petite barbe de trois jours qui lui donnait l'air bourru. De toute évidence, il travaillait dans l'artisanat, ou quelque chose du genre. Le tableau, l'assassin le visualisait assez bien: un dur au mal, luttant jours après jours pour subvenir aux besoins des siens. Une petite baisse de régime, une petite tuile, et l'équilibre bien fragile acquis après des années de labeur tombe en ruines. À partir de là, l'appel de la facilité se fait ressentir, et la morale de notre homme est refoulée bien loin. Dommage pour lui, le stryge solitaire n'avait pas grand-chose à faire des problèmes des autres. Il avait sa mission, son objectif, et en bon soldat qu'il était, il exécutait les ordres.

Le poing de sa cible vint soudainement à la rencontre de la joue de sa joue. Alors comme ça, monsieur le chef voulait partir en beauté? C'était admirable, vraiment. Le coup disposait certes d'une bonne dose de puissance, mais il était loin d'être suffisant pour ne serait-ce que sonner l'Exécuteur. Ce dernier recula tout de même de quelques pas, passant une main insouciante sur la zone frappée. Pas de trace de sang, voilà qui était décevant... Une mèche de cheveux sombre était venue cacher le regard sanglant de l'assassin, qui releva la tête vers sa prochaine victime, tout en se léchant les babines. Attends... je te montre. Une bourrasque, un minuscule coup d'aile qui lui avait permis de fendre l'air vers sa cible. Le poing ferme de Saigo s'écrasa sur l’arête du nez du cambrioleur. Un craquement. Il lui avait probablement cassé le nez. Mais dans son état, cela devait être le cadet de ses soucis. En effet, l'assassin avait "oublié" de ranger ses griffes, tant et si bien que son attaque, déjà puissante en l'état, avait gagné en létalité. Le visage perforé en trois endroit, l'homme sans nom perdit bien vite ses dernières forces, avant de choir lamentablement sur le plancher, glissant mollement le long de la griffe de Saigo, qui n'avait pas pris la peine de se retirer. Pour la forme, le stryge noir détroussa le cambrioleur, faisant main basse sur une petite bourse qu'il rangea à sa ceinture. Bon... il est où l'autre imbécile?

Embrassant la pièce à vivre du regard, il fut satisfait de constater que les lieux avaient pris une teinte sanglante. Une porte avait été ouverte, menant à une cave. Devant celle-ci gisait le dernier larbin, agonisant dans de long râles de souffrance. S'approchant, l'Exécuteur constata que Wyrm s'était déjà occupé de son cas, et qu'il ne l'avait pas loupé. Il mettrait longtemps à mourir. C'est qu'il progresse vite... songea-il avec amusement. Un coup de pied dans l'estomac plus tard, Saigo s'enfonçait à son tour dans le sous-sol de la maison.

[LE CAMBRIOLEUR MORD LA POUSSIÈRE, UNE AFFAIRE RONDEMENT MENÉE]

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'Attaque - Stryge N' :

Les joueurs l'emportent !
Ils gagnent chacun 28xp et 23 pièces d'or + une bourse de 50 pièces d'or

"SAIGO, RAPPLIQUE EN VITESSE !" tonna le stryge en s'élançant à la poursuite de leur cible.

Fort de son métier, il n'aurait aucun mal à se faire entendre par l'intéressé ni souffrir de sa course ; et son ton était bien trop grave pour se répercuter très loin dans le tunnel qui lui faisait face. Le stryge aux yeux plus nyctalopes que diurnes se repéra sans mal dans l'étroit passage. Toujours devant, la lumière ne rétrécissait plus au contraire. Il arriverait à rattraper le fuyard dans peu de temps. Sa dague était déjà prête.

Alors qu'il avançait, l'odeur se faisait plus puissante -et nauséabonde. Le relent de sang était devenue une effluve de cadavres en décomposition, de chair putride et de sang poisseux, à laquelle se mêlait la forte fragrance du géranium. Et pour ajouter une teinte encore plus sombre au tableau, la lumière du salon ne pouvait plus se diffuser : tout le dédale se colorait ainsi de noir.
Un détour. Tout droit. Un autre détour. Descente. Encore plus bas...

"Bordel. "

Wyrm suspendit le pas au second embranchement. Il préférait attendre Saigo. Leur cible quant à elle, avait ouvert une lourde porte métallique avant de disparaître derrière, l'air à la fois pressé, apeuré et... très hésitant. C'était cette expression qui avait convaincu le stryge de ne pas talonner aussitôt l'homme. Il prit le temps d'observer les lieux.

Le couloir avait abouti sur une petite excavation circulaire où le plafond se perdait dans les ombres ; ci et là pendaient de longues chaines brisées que l'on devinait avoir servi d'entraves il y a longtemps. Pourtant, l'endroit avait été méticuleusement nettoyé. Nonobstant ces chaînes et l'odeur fétide, rien n'aurait laissé pensé qu'il y régnait le moindre danger.
Wyrm observa ses pieds qui baignaient à hauteur de semelle dans un liquide sirupeux. Du sang ? Non c'était cliché -et la couleur était trop jaunâtre pour cela. Sans doute un mélange de plantes...

"On poursuit actuellement Arion, traître de la Congrégation. Il a de nombreuses fois utilisé de magie noire sur les membres mêmes."

Il ne précisa pas la nature de ladite magie. Saigo n'avait pas besoin de le savoir -enfin pour le moment.

"C'est un sectaire. Exécuteur proche de l'ancienne Ombre d'ailleurs."

Wyrm lui jeta un coup d'oeil de biais, histoire de le jauger comme tantôt. Il esquissa un petit sourire.

"C'est juste pour que tu ne sois pas surpris à ce qu'on va trouver derrière cette porte."

La voix de Wyrm tonna au loin, forte, grave, impérative. Pourtant, Saigo s'engouffrait dans la cave d'un pas tranquille, sans se presser. Ce pauvre stryge blanc n'avait qu'à mourir en l'attendant, et lui n'aurait plus qu'à récolter les lauriers et la prime, si toutefois il y en avait une.

L'endroit devenait de plus en plus sombre au fil de ses pas, ce qui ne gênait pas spécialement l'Exécuteur. Entre les sous-sols de la Tour Noire et sa chambre à Lédéhi, il avait l'habitude de vivre dans l'obscurité. Mieux, il avait même une certaine tendresse pour cet environnement sombre. Encore mieux, les odeurs de sang, de chair putride et autre vestige de la souffrance d'autrui le mettait bien plus à l'aise que n'importe qui. Inspirant à plein poumon, il soupira en souriant. Comme à la maison. Pensait-il.

Il recouvra bien vite son sérieux. Il restait tout de même une mission à accomplir. Dans le dédale devenu plus noir que la nuit, ses yeux rouges brillaient d'une lueur mauvaise, scrutant les ténèbres pour s'orienter, ce qu'il fit sans trop de mal. L'atmosphère ambiante excitait ses sens, amplifiait ses pulsions macabres, lui donnait une sensation de bien-être que ne partageait sans doute pas son acolyte. Enfin il parvint à sa hauteur, alors qu'il lui indiquait enfin le nom de sa cible. Cela l'excita davantage. Un mage noir? Heureusement qu'il m'avait dit que la cible devait être seule, et était uniquement vaguement habile avec un couteau... releva-il avec amusement. Il pouffa, terminant à voix haute la pensée qu'il avait commencé mentalement. Tant mieux, ça aurait été chiant sinon.

Enfin, le luthier prononça une dernière phrase, qui manqua de faire hurler de rire l'assassin. Qu'il soit surpris ou non ne changeait absolument rien. Lorsqu'il passerait cette porte, cet Arion, ou qu'importe son nom, ses faits d'armes et sa pointure, expirerait son dernier souffle. Toutefois, Saigo ne résista pas à l'appel d'une petite pique. Constatant que l'informateur piétinait dans un liquide à l'apparence douteuse, il lança, tout en tapotant (sans doute bien plus fort que nécessaire) l'arrière du crâne du luthier: Ta voix veut transmettre de l'assurance... ta vessie transmet tout autre chose. Une petite claque "amicale", et l'Exécuteur s'avançait avec confiance vers la porte, griffes et dagues déployées.

Wyrm jeta un regard des plus neutres à Saigo. Avait-il essayé de se moquer une nouvelle fois de lui -et plus spécifiquement de sa race ? Cela aurait la réponse la plus logique mais le stryge blanc avait ressenti une sorte d’amicalité surprenante dans ce geste bourru. Et il avait trop confiance en sa compréhension du genre humain pour en douter.
Eh bien.
S'il avait su qu'un peu de sang et d'odeur de viscères le mettrait de si bonne humeur... Wyrm s'étira. Au moins, il n'aurait pas sa morts sur sa conscience s'il lui arrivait quoique ce soit ; il lui avait fourni toutes les données nécessaires sur leur cible. Qu'il continue à faire le casse-pipe n'était pas de son ressort.

Un claquement de plus en plus fort parvint depuis la porte, alors que Saigo s'en approchait. Un peu comme si diverses pièces métalliques s’emboîtaient. Un engrenage. L'informateur se rapprocha lestement de l’exécuteur et attrapa la poignée de la porte sans plus réfléchir.
Elle s'ouvrit.

Une grande bouffée de chair décomposée et de plantes macérées les frappa en plein visage. Wyrm eut quelque mal à retenir un haut-le-coeur ; et d'autant plus quand ses yeux clairs tombèrent sur l'occupant de la pièce. Arion se fendait en de longues psalmodies incompréhensibles, les yeux révulsés, alors qu'au sol un pentacle de sang fumait. Ses bras décharnés étaient levés vers quelque dieu sombre et on pouvait y entrapercevoir dans la semi obscurité un motif -un tatouage ?- évoluant comme un serpent.
La salle n'avait pour seule source de lumière que la lueur verdâtre des vingtaines de petits pots le long des murs. Y flottaient des membres humains ou animaux dans un mélange de plantes.

"Bordel que les mages noirs sont clichés." ne put s'empêcher de soupirer Wyrm.

Lancé dans son délire, cela aurait sans doute plus dangereux d'interrompre le rituel aussi le stryge alla tranquillement -et avec un peu de lassitude- se placer dans un bon angle de vision. Sa dague se tenait prête. Il restait juste à espérer que cela suffise à venir à bout de ce qu'Arion allait invoquer...

Soudain, la concentration du mage sembla se briser. Son sort échappa à son contrôle. Et loin du simple Wesen qu'il semblait invoquer, ce fut une véritable chimère qui se releva pour faire face aux deux assassins. Arion avait fusionné avec son invocation.