Alors qu'il avait fallu moins d'un petit quart d'heure pour Shane pour aller de l'autre côté de l'oasis plus tôt dans la journée, le retour lui parut interminable. Fini les cabrioles, les petits bonds, les voltiges aléatoires et superflus. Elle avait été bien trop vidée physiquement et émotionnellement par sa rixe avec Wyrm pour songer à ces excédents physiques. Hagarde, elle évoluait dans la végétation en titubant, trébuchant à la moindre occasion. Souvent, elle s'arrêtait, non pas à bout de souffle mais incompréhensiblement incapable de continuer. Elle regardait alors le masque du stryge qu'elle avait "dérobé". Des fragments de leur échange lui revenait, sans qu'elle parvienne à s'en défaire ni à les altérer, comme une litanie revenue d'outre-tombe pour la hanter.

Mais malgré tout, elle se rapprochait du convoi. Et plus elle arrivait près du but, plus son anxiété augmentait. Tout était beaucoup trop silencieux. Certes, la nuit approchait dangereusement et avec elle la fraîcheur nocturne, mais pas le moindre bruit ?
Quand elle avait quitté le convoi, ils étaient en train de dresser le campement, il y avait un vacarme incroyable. Même s'ils avaient terminé, pourquoi n'y avait-il pas de la musique, ou au moins une petite rumeur qu'aurait entendu Shane ?

Puis, enfin, cela la frappa.
L'odeur.
De sang. De mort.

Elle pressa le pas, n'osant encore comprendre ce qui s'était passé pendant son absence. Le convoi était là, toutes les caravanes, préparées pour la nuit. Mais ci, et là... des cadavres.
Incrédule, Shane resta sous le couvert des arbres, n'osant se rapprocher. L'escorte avait dû baisser sa garde, trop heureuse d'être arrivé à l'Oasis, et se faire surprendre par Dieu sait quelle horde de créature du désert. Elle dégueula le peu qui subsistait dans son estomac.
Elle aurait sûrement connu sort semblable si elle n'était pas partie avant le massacre...
Et Wyrm... Était-il arrivé plus tôt qu'elle ? Était-il, lui aussi... ? Cette pensée la paniqua encore plus et fut celle qui la remit en mouvement. Elle se mit à marcher au milieu des cadavres, vérifiant au passage s'il n'y avait pas de survivants. Sentant son cœur se serrer toujours plus à chaque réponse négative, à chaque fois qu'elle voyait un regard dénué de vie sur un visage qu'elle connaissait si bien. Entourée de dépouilles, elle se sentait de plus en plus seule, démunie, impuissante...
Fragile.
Mortelle.
La (les ?) chose qui avait fait cette hécatombe rodait peut-être encore, mais Shane n'y pensait même pas. Elle avait besoin de trouver quelqu'un. Elle avait besoin de se prouver qu'elle n'était pas seule.

Elle trébucha sur une jambe inerte et se rétama sur le sol devenu pourpre. C'était le chef du convoi, la gorge ouverte. Il tenait encore dans sa main son épée. Son visage était figé dans une expression d'horreur absolue.
S'il lui restait la moindre larme, Shane l'aurait alors versée. Elle prit l'épée du mort, elle en aurait sûrement bien plus besoin que lui.
Puis se releva. Tant qu'elle ne trouvait pas le cadavre du Stryge, il y avait toujours un espoir.

HRP:

Il soufflait, inspirait, expirait..
Sa poitrine le dévorait d'un feu ardent. Un marteau semblait battre le fer de sa migraine sur l'enclume de son esprit. Il se laissa tomber sur ses genoux, le cœur au bord des lèvres et la respiration aussi pénible que douloureuse. Des larmes de souffrance lui échappaient. Il tremblait. Il s’effondra, face contre terre. Sa vue se brouillait... Geri lui jeta un dernier regard. Frotta son museau contre son front.
Et soudain, ce fut le calme.

Une cascade de cheveux blonds, brunis ci et là par le soleil. La lueur tamisée d'une bougie. Un froissement et la chaleur de deux corps se confondant. Il lui sembla percevoir, tout percevoir. De leur respiration au rythme de leurs mouvements à la douce caresse d'une peau jeune encore.
Il attrapa avec force ces lèvres sensuelles pour y mêler son souffle. Il voulait se perdre dans ce florilège de sens afin d'alléger cet esprit un peu trop complaisant au chagrin. Il goûta à sa chair, férocement, n'hésitant à la marquer de suçons ou bien de morsures. Il s'en foutait de lui faire mal. Il voulait oublier. Il voulait oublier. Oublier. Oublier. Oublier...

Les doigts fins de la bonde transperçaient sa peau tandis qu'elle laissait échapper quelques gémissements parmi les soupirs. Ils parcouraient son torse, son visage, ses bras avant de se refermer sur son dos et...
Il la repoussa avec force, hurla de douleur. Il le sentait. Dans son dos, deux filets de sang s'écoulaient et venaient tacher le drap de vermeil. Il le sentait. Recroquevillé comme un nourrisson, il pleurait de souffrance. Celle de son esprit plus que de son corps.

Wyrm ouvrit les paupières avec difficulté.
Même dans ses rêves, le souvenir de ses ailes ne le lâchait pas. Mais au fil des années il avait réussi à trouver une certaine aisance à encaisser cette réalité et alors pourquoi se sentait-il si tourmenté aujourd'hui ?
Télys.
C'était elle, la cause.

Doucement, le stryge se releva sous le regard de Geri qui ne l'avait quitté : son monde s'emplit si violemment de couleurs et de mouvement qu'il prit un moment pour reprendre le contrôle de son corps. Il se souvenait d'avoir quitté Télys afin de ne pas avoir à l'affronter. Il avait alors simplement couru, tout droit, sans autre but que de la fuir. L'envie de sang s'était dissipée depuis.
Wyrm soupira. Il avait oublié son luth et son masque dans son empressement : même si elle se trouvait encore là-bas, son masque comptait bien plus que l'envie de l'épargner, elle. Non pas qu'il se sentit nu sans le masque cependant, il était le symbole de sa profession. Envisager de le remplacer signifiait perdre une grande partie de sa clientèle -et plusieurs années pour reconstruire son réseau également. Quel idiot avait-il été de ne se faire connaitre de certains que par ce masque ! Il remercia la Fortune de ne pas s'être fait dérober l'objet avant par un ennemi...

Il avait disparu. Wyrm avait longé, fouillé le petit lac. En vain. Elle l'avait récupéré.
Pouvait-il considérer la stryge noire comme une amie, sinon une alliée ? Les chances qu'elle sache qui il était et ce qu'il faisait restaient faibles. Cela n'était toutefois une raison pour abandonner : il lui fallait retrouver ce foutu masque.

Le stryge se mit en quête de traces de pas : bien que clairsemées, elles restaient simples à suivre. rapidement il devina sa destination. Elle était revenue au campement du convoi. Alors qu'il se pressait, le vent chaud charria une odeur bien familière. Geri retroussa les babines. Wyrm le calma d'une caresse.

"Foutre ciel."

Il avait été témoin de massacres, d'assassinats, de guerres. Et peu importe leur ampleur ou leur contexte, tous avaient la même fragrance sanglante. Plusieurs personnes avaient trouvé la mort et comme le convoi ne comptait que peu de soldats, le risque de constater une pure et simple hécatombe était élevé.
Les corps lui donnèrent finalement raison. Ses yeux parcouraient l'étendue rougeâtre sans la moindre émotion apparente, cherchant... cette silhouette, là-bas.

"Télys." l'interpella-t-il d'une voix claire.

Force d'habitude ou bien situation particulière, la chose était qu'il ne ressentait plus aussi vivement cette haine envers la stryge. Juste un agacement, quelque part dans son inconscient.

HRP:

La voix du Stryge la fit bondir et son rythme cardiaque grimpa en flèche. Elle se tourna immédiatement dans sa direction, l'épée levée devant elle, prête à en découdre. Il fallut quelque temps à son pauvre cœur pour se remettre de sa frayeur et à ses yeux pour reconnaître Wyrm, mais ne se départit pas pour autant de sa garde tremblotante.
Retrouver le Stryge, bien portant et vivace, avait été son vœu le plus cher pendant quelques minutes... Mais maintenant qu'elle le voyait, sa présence n'avait rien de réconfortant. Elle qui aurait été allée jusqu'à l'enlacer de soulagement... Là, elle ne voulait même pas baisser son arme, même si elle aurait été incapable de dire exactement ce qu'elle aurait pu craindre.

Le Stryge, bien qu'à visage découvert, avait retrouvé son masque de calme placide, un peu arrogant, au-dessus de tout. Il se tenait au-dessus de la mer de cadavre comme s'il avait été dans une rue quelconque. Il ne semblait pas appartenir au paysage, comme s'il ne se rendait pas compte au milieu de quoi il se trouvait, ou bien comme s'il s'en fichait. Même ses vêtements n'étaient pas souillés, à part le bas de son pantalon, légèrement. Même son chien se tenait, placide, aux côtés de son maître.

La vague de rage que Shane ressentit alors n'avait - pour une fois - rien à voir avec la race de Wyrm, ou sinon ce n'en était pas la cause première.
Comment osait-il être si insensible à ces morts ? Ces gens avec qui il avait partagé le pain, le logement, des rires, un bout de sa vie ? Un mois, tout au plus, mais tout de même !
Bordel, il n'avait pas le droit d'être aussi indifférent !

"Vous en avez rien à foutre..." dit-elle, incrédule entre ses dents serrées. Elle ne comprenait pas comment il ne pouvait pas partager l'horreur qui serrait son cœur, sa panique d'avoir perdu si soudainement la porte de sortie du désert ? Quelles atrocités avait-il bien pu voir au court de sa vie pour être si blasé par ce cauchemar ? Quelle sorte de bête pourrait s'habituer à ce genre de spectacle abominable ?
"Je suis le Stryge Noir, mais c'est vous, le monstre."

Il n'était sans doute pas très judicieux de se mettre à dos la seule personne sur qui elle pouvait (éventuellement) compter. Mais les effluves de sang qui montaient à ses narines, la fatigue et la colère troublaient bien trop son jugement pour qu'elle puisse y songer.

HRP:

Que faisait-elle, à le menacer de cette lame tremblotante ? Wyrm se retint de sourire par malice tandis qu'il s'approchait d'elle sans se séparer de son masque de neutralité qui semblait l'effrayer. Il veilla à ne marcher sur aucun membre, suivi en silence par Geri.
A vrai dire, il la comprenait. Quand Fragor était venu tuer des centaines et des centaines de personnes d'un simple geste, il lui sembla avoir assisté à la fin du monde. Ce déchainement de violence, cette... fatalité... Un fort sentiment de désespoir et de peur lui avait enserré le cœur ; comme à cet instant. Mais face à l'inéluctable, il avait fini par n'éprouver qu'une vague tristesse. Et comme toujours, il enfouissait le tout au plus profond de son âme.
Cependant, peu importait qu'il la comprenne. Il ne voulait tout simplement pas faire l'effort de la rassurer, de se mentir pour se présenter sous un jour plus avenant.

"Stryge noir, stryge blanc... J'ai depuis longtemps laissé de côté toute vision idéaliste à leur sujet. Avant d'être une couleur, nous sommes d'abord des individus."

Il continua s'avancer jusqu'à se trouver à un mètre de son visage -et de sa lame. Son regard restait fixé dans le sien, comme s'il cherchait à lui faire entendre raison. Lui ouvrir les yeux. Ou peut-être essayer de se convaincre lui-même...
Elle se tenait là, tremblante sous le coup de ses émotions, le visage défait. Il se surprit à y trouver une certaine beauté.

"C'est le propre chacun de créer des liens inexistants pour se sentir moins seul face à l'inéluctable. Mais l'avez-vous perçu, ce foutu lien, lorsque vous aviez souffert ? Quelqu'un a-t-il été assez altruiste pour soulager votre douleur ? Quelqu'un a-t-il réussi à vraiment vous comprendre ?fit-il d'un ton amer en se plaçant juste sous la lame.
Les amis, la famille, les ennemis... Tout est destiné à disparaitre alors pourquoi se rebeller contre l'inexorable ? Pleurer n'aidera personne. Autant profiter des joies, compatir puis continuer d'avancer."

C'était une perte de temps de pleurer chaque mort. Et chaque instant de distraction laissait à la Providence une occasion de vous faucher.

Son regard, attiré par un mouvement, alla au-delà de Télys avant de tomber sur un petit corps recroquevillé. Il reconnut une petite fille qui, chaque soir, était venue écouter ses chansons, les yeux pleins d'émerveillement. Et à la fin de chaque récit, elle lui tournait cet adorable sourire pour lui en demander une autre... Un vautour était à cet instant affairé à se nourrir de sa chair.
Une vague de colère et de chagrin traversa son regard avant de s'effacer. Ses sourcils froncés reprirent leur allure habituelle. Et son attention revint à Télys.

"Je suis venu récupérer ceci" fit-il en désignant son masque qu'elle lui avait dérobé.

Shane n'aurait su dire si Wyrm avait cherché à la blesser par ses paroles, s'il cherchait à faire vibrer en elle les souffrances et les traumatismes qu'elle avait vécu ou bien s'il faisait écho aux supplices qu'il avait subit. Dans tous les cas, c'était réussit. C'étaient ses propres parents qui lui avaient coupé les ailes, c'était sa meilleure amie, sa sœur, qu'elle chérissait tant - ou avait tant chéri ? - qui l'avait menée à une mort certaine. Trahie, blessée, mutilée, traînée dans la boue vers le tartare. Par ceux qu'elle aimait le plus.
Et pourtant...
Son mentor et ami avait été là. Lui avait sauvé la vie, lui avait redonné la force physique et mentale de se remettre en route.
Et Wyrm. Wyrm avait compris sa douleur. Il l'avait partagée, il l'avait subie.

"C'est pour ça que vous étiez prêt à mourir toute à l'heure ? Car le monde aurait continué, votre mort n'aurait pas de bruit, pas de vague, pas la moindre onde à la surface ?"

Elle avança légèrement sa lame, juste assez pour que le fil glacé de l'acier vienne caresser le cou du Stryge. Elle foudroya Wyrm du regard tandis qu'elle avoua d'une voix brisée : "Même moi, j'aurais pleuré ta mort."
Surtout elle, en fait.

Sa main qui tenait le masque la démangeait. Elle était partagée entre vouloir lui rendre au plus vite et le garder. Car tant qu'elle ne lui donnerait pas, il ne partirait pas. Et elle ne supporterait pas de se retrouver avec pour seule compagnie les cadavres. Elle recula un peu son bras afin d'être sûre que Wyrm ne l'attrapera pas.
"A quoi vous sert le masque ? Votre visage cache déjà votre cœur.
Cette question l'avait obsédée depuis qu'elle avait vu la tête de Wyrm. C'était sans doute le seul moment où elle serait en position d'obtenir des réponses.

HRP:

Wyrm tressaillit aux paroles de la stryge noire. Un instant, juste un brève seconde. Cependant sur son visage, toujours le même masque implacable.
Dans son esprit, il bouillait de colère, mais contre lui-même : allons, les épreuves du passé ne lui avaient donc pas suffi pour ainsi avoir espéré même pendant un moment ? Comment une inconnue pourrait-elle palper son existence, hein ? Tout cela n'était qu'une vaste comédie... Et il lui appartenait de reprendre le fil du récit tant que la fin pouvait encore être changée.
Il garda donc ses yeux clairs sur elle, sans lui répondre. Sans lui avouer qu'elle n'était peut-être pas dans le tort. Et que cela l'agaçait prodigieusement d'être si aisément compris.

"A quoi vous sert le masque ? Votre visage cache déjà votre cœur."

Wyrm se demandait à quoi elle pouvait bien penser à s'avancer pour ensuite reculer. Il n'avait habituellement pas trop de difficulté à comprendre les autres mais cette fois, il se sentait comme... aveugle. Diantre. Elle commençait vraiment à l'énerver.

"Un outil pour ma profession. Je n'aimerai pas qu'on usurpe mon identité... Du moins celle-ci."

Il y avait un soupçon de menace dans sa voix, trop à son goût. Il aimait rester placide afin que l'on ne devinât ses propres intentions mais avec elle, toutes ses bonnes habitudes semblaient s'envoler, les unes après les autres.
Wyrm jura mentalement. Il le savait, il l'avait redouté ce moment où il perdrait le contrôle : elle était à un cheveu de deviner qu'il n'était pas qu'un simple barde. Et peut-être qu'elle avait déjà perçu toute l'étendue du vide qui l'habitait. Il lui fallait reprendre les rennes. Se retrouver. Vite.

Que pouvait-il bien faire ? S'il se jetait sur elle pour la forcer à lui rendre le masque, ses soupçons mettraient en péril sa vie, la sienne et d'autres également... Cela ne lui plaisait pas, mais il lui faudrait aller dans son sens pour que, satisfaite, elle lui rende son bien.

Soupirant, il leva les mains en guise de renonciation.

"Bon je vois que vous n'avez pas l'intention de me le rendre, n'est-ce pas ? Remettons cela à plus tard alors."

Il avança, un pas puis un autre dans sa direction. Geri lui emboita le pas.
Finalement, Wyrm la dépassa sans lui porter la moindre attention et se rapprocha du corps de la petite fille qu'il avait vue tantôt. Il s'accroupit. Dos à la stryge noire, il dégagea le visage de la fillette avec douceur avant de lui fermer les paupières. Puis il souleva son corps et le posa sur le dos de Geri. Le chien restait immobile, comme s'il avait l'habitude des étranges manies de son maitre.
Le ménestrel tâta le sol où la fille avait péri. Encore humide, mais bien froid.

Il se releva ensuite pour aller vers un autre corps -celui de la mère de la fillette. Il la prit dans ses bras cette fois, ainsi que celui du père et alla superposer les corps sur celui d'un marchand. Bientôt, divers autres cadavres les rejoignirent.
Devançant les interrogations de la stryge noire, il fit sans la regarder :

"Aidez-moi. Nous devons nous dépêcher de brûler ces corps : l'odeur de la chair a ici bien moins d'attraction que celle du sang..."

Il omit d'avouer qu'il préférait savoir ces corps brûlés que dévorés par les charognards du coin, pour une simple question d'éthique. Evidemment, il aurait été plus logique de fuir loin des cadavres mais... Il voulait leur offrir un dernier hommage. Il profita de cette besogne pour mettre de coté tout ce qui pourrait leur servir pour le long voyage qui s'annonçait : nourriture, couvertures, armes, outils.

HRP:

Un outil ? Shane fronça les sourcils, perplexe de la réponse du stryge. C'était un ménestrel, non ? Le masque n'est qu'une partie de la prestation d'un artiste, le public ne saurait être dupe, et même si c'était le cas, cela n'aurait aucune conséquence ! Il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond. Néanmoins, le ton aux airs d'intimidations de Wyrm la refroidit à continuer son questionnement. Elle était assez déterminée pour apprendre un jour le fin fond de l'histoire, mais elle devrait l'obtenir avec un peu plus de délicatesse pour qu'il se livre à elle, sans doute.

Son cœur se mit à battre étrangement tandis qu'il s'avança. Elle ne chercha pas à le repousser, il était, de toute manière, trop proche pour qu'elle puisse se servir de son épée d'une quelconque manière... Mais il se contenta de la dépasser - au soulagement de la stryge noire. Il fallait vraiment qu'il arrête de faire ce genre de choses. Son arme lui paraissait soudain étrangement inutile et ridicule. Alors elle laissa baller le bras qui la tenait le long de son corps.

Elle suivit Wyrm du regard. Elle l'observa, étonnée et avec une certaine admiration, récupérer un à un les corps, avec une certaine délicatesse. Un certain... Respect ?
Elle eut un sourire désabusé quand il lui expliqua la raison de ses actes. Évidemment. Sa décence était pragmatique. Comment avait-il pu songer qu'il puisse en être autrement ?
"Mais quel connard." murmura-t-elle, à part, les dents serrées.
Elle rangea le masque dans le petit sac qui contenant le cadavre de ses ailes, étrange collocation.

Shane entreprit alors d'aider Wyrm dans sa tâche. Elle n'était pas vraiment efficace, tant elle était fatiguée par tous les événements de la journée. Et il va sans dire que bouger des cadavres n'était pas la tâche la plus aisée qui lui avait été donnée de faire. Elle était prise parfois de légers haut-le-cœur, quand l'odeur ou le spectacle était trop insupportable, mais son estomac avait déjà tout rendu. La faim la tenaillait et la faisait un peu trembler, d'ailleurs, mais elle n'en était plus à un détail près. Elle surprit, au bout d'un moment, à agir avec un certain détachement -il y avait tant de cadavres à bouger !, à boire dans la gourde qu'elle venait de délester, dédaigner un tas de macchabées car il était trop loin et en former un autre...

Les uns après les autres, les tas étaient formés puis incinérés. L'air se chargeait d'une chaleur malsaine et d'une odeur affreuse. La fumée irritait les yeux de la stryge, mais ce n'est que quand la dernière pile commençait à se calciner qu'elle s'autorisa à pleurer. Un peu. En silence. Tout, bientôt, ne serait que cendre. Et souvenir.
Et tandis que le feu morbide éclairait la nuit qui avait commencé à tomber, Shane se tourna vers Wyrm avec une profonde lassitude teintée de fatigue.

"On devrait... Arrêter. Pour aujourd'hui. Non ?"

Arrêter de se battre. Arrêter le massacre. Arrêter de voir des cadavres. Arrêter ce cauchemar. Arrêter tout. La vie. L'instant. Ce désert. Ce voyage.
Ou essayer de tout oublier dans un sommeil sans rêve.

HRP:

Une odeur de chair brûlée s'élevait, de plus en plus forte. Dans le regard imperturbable de Wyrm,, la lueur des flammes prenait des teintes vivres, presque insoutenables : il finit par détourner les yeux vers l'oasis. Il leur fallait maintenant déterminer du chemin à suivre. Ils ne survivraient pas bien longtemps sans vivres.
Et tandis qu'il réfléchissait, une part de sa conscience percevait la détresse de Télys, l'entendait soupirer, pleurer...

"On devrait... Arrêter. Pour aujourd'hui. Non ?"

La jeune femme avait les yeux rougis et la voix pleine de lassitude. Il ferma les paupières. Alors pour une fois, il s'autorisa à mettre sa propre survie de coté et faire taire sa raison, pour tendre une main vers une inconnue.

"Reposons-nous un peu, alors"  fit-il d'une voix douce.

La nuit lentement s'installait sous le crépitement des flammes encore nouvelles tandis que les deux s'installaient sur quelques couvertures récupérées au abords de l'oasis. Wyrm gardait un oeil sur le bûcher funéraire et sur la stryge noire. Il voulait partir. S'éloigner de ce danger éventuel. Des chasseurs ne tarderaient à venir...

"Ferme-la un peu bordel..." souffla-t-il inaudiblement.

Le dos appuyé contre leurs affres, il restait là, incapable de dormir ou de bouger. Sa main jouait avec une brindille distraitement. Pour ce qui était de sa compagne de fortune... Elle était trop épuisée pour faire quoi que ce soit et tout salaud qu'il pouvait être, il n'allait pas l'abandonner ici. Un mouvement lui indiqua qu'elle n'arrivait pas à trouver le sommeil, du moins pas encore. Il connaissait cette situation.
L'esprit trop encombré de pensées. Trop d'émotions.
Il finit par lever le regard vers les flammes. Il aurait bien aimé s'accompagner de son luth, mais celui-ci étant introuvable, il dut s'en passer et se contenter de sa seule voix. Il chercha un moment ses mots, avant d'opter pour une de ses vieux poèmes...


Sa voix mourut finalement, et seul le silence suivit. Dormait-elle ? Il l'espérait. Une longue nuit l'attendait.

Shane avait été reconnaissante envers le stryge quand ce dernier consentit à un repos pourtant bien mérité. Elle avait conscience qu'il était bien plus prudent de ne pas rester là où tout et n'importe quoi pouvait leur tomber dessus, mais au-dessus de cette conscience faiblarde, tout son corps n'aspirait qu'a relâche. Pourtant, même si elle en rêvait, elle ne sombra pas dans une inconscience heureuse à l'instant où elle se glissa dans ses couvertures. Elle voyait encore tous ces corps, démembrés, tués. L'odeur, maintenant à coup sûr ancrée à ses vêtements pour toujours, venait la narguer. Et elle croyait entendre à chaque instant des hurlements auxquels venaient se mêler les siens ou ceux de Wyrm. Une sorte de vaste cauchemar dont elle se trouvait prisonnière, mais dont les barreaux n'étaient pas faits de sommeil.

Elle ne connaissait que trop bien, cette sensation venue de l'enfer l'empêchant de dormir. Quand elle récupérait de ses blessures à Stellaraë, elle avait passé parfois des nuits sans sommeil à guetter un danger et à souffrir de cicatrices qu'elle ne portait pas. Pyrrhon venait toujours, alors, la tenir dans ses bras jusqu'à ce qu'elle arrive à s'endormir. Elle aurait dû rester avec lui.

Mais, faute de bras, ce furent les mots de Wyrm qui vinrent l'enlacer doucement. Un doux flot de paroles sur lequel Shane se mit à voguer. Peu à peu, son cauchemar devenait de plus en plus diaphane pour ne laisser place qu'au poème du Stryge blanc. C'était comme n'importe quel soir au coin du feu, finalement. N'importe quel soir...

Ce fut la lumière qui réveilla Shane. Elle était faiblarde mais suffit à éveiller les sens à vif de la Stryge. C'était encore l'aube, l'air n'avait pas encore eu le temps de se réchauffer. Pendant quelques délicieuses secondes, Shane eu la possibilité de croire que ce n'était qu'un rêve... un simple regard sur Wyrm suffit à la démentir.
Elle frotta doucement ses yeux pour en chasser les résidus de larme. Et étira difficilement ses muscles endoloris. Si elle ne bougeait pas maintenant, elle ne trouverait pas le courage d'affronter cette nouvelle journée.

Elle regarda le soleil qui se levait, comme elle, péniblement. Il était aussi rouge et sanglant que la journée d'hier. Elle appréciait le calme et l'immobilité de l'horizon du désert. Pourtant, là, ses yeux pourpres s'agrandirent de surprise.

"WYRM !" dit-elle brusquement.

Au loin, un nuage de sable annonçait l'arrivée de quelque chose. De gros, vu la taille des volutes.

HRP:

Le stryge, habitué aux longues nuits sans sommeil, fut quand même surpris de voir le soleil se lever enfin sur l'étendue de sable, vague tâche rouge sur le ciel encore noir. Le feu avait depuis longtemps été consumé et il n'en restait plus qu'une vague odeur de chair brûlée. La nuit avait été calme.
Maintes fois, il avait été tenté de récupérer son masque que la stryge noire gardait encore sur elle.
Maintes fois il avait songé à l'abandonner ici pour augmenter ses chances de survie.
Maintes fois il avait songé à la tuer.
Et maintes fois il avait abandonné ses projets et était resté là, sans bouger.

Il s'étira doucement, déliant ses muscles ankylosés. Il conserverait sans doute quelques courbatures mais rien de bien grave qui puisse l'empêcher de voyager en tous cas. Il sentit Télys émerger de son sommeil mais ne l'incommoda pas. Il était inutile de la brusquer. Elle reprendrait contact avec la réalité à sa façon, à son rythme.

Et soudain, elle l'interpella d'un cri.

Wyrm venait à son tour de percevoir le nuage de sable au loin et déjà son esprit réfléchissait aux possibilités qui s'offraient à lui. A eux. Il ne lui fallut guère plus d'une seconde pour comprendre que la fuite était l'option la plus judicieuse : alors il attrapa d'une main leurs affaires les plus importantes et de l'autre, il empoigna fermement la jeune femme, grimaçant au contact.
Et il courut de toute ses forces vers l'oasis.
Là bas, quoiqu'il arrivât vers eux, ils pourraient se cacher, profiter du couvert des arbres, dissimuler leur odeur parmi celle des végétaux. Dans le pire des cas, ils n'auraient pas à affronter tout un groupe mais seulement quelques-uns d'entre eux...

Les joueurs commencent

Vitesse des joueurs : 563

Wyrm : 415
Vitesse: 460
Dégâts: 107
Bonus : Peut attaquer deux fois

Shane : 120
Vitesse: 103
Dégâts: 35

Vitesse ennemie : 200

Jeune requin des sable A :  200
Vitesse : 100
Dégâts : 40

Jeune requin des sable B :  200
Vitesse : 100
Dégâts : 40

Avant même que Shane put réfléchir à faire quoique ce soit d'autre que rester plantée là, à voir le potentiel danger arriver, elle sentit les doigts de Wyrm se refermer sur son poignet. Le contact était à la fois froid et brûlant. Elle chercha à se défaire de cette poigne insupportable mais déjà, le stryge l'emportait au loin, la forçant à courir. Elle jeta un regard pour voir ce qui s'approchait... Bien plus vite que le nuage sableux, elle distinguait des ailerons dépassant du sable, arrivant à une vitesse assez folle.

Des requins des sables ? Shane en avait entendu parler. Le chef du convoi lui avait raconté plein d'histoires à leur sujet. Que certains étaient si gros que leur aileron ressemblait, au loin, à une dune en mouvement.
Ces... trucs voulaient sa peau.

Les requins ne pouvaient pas évoluer hors du sable. Une fois à l'abri, sous le couvert des arbres, les stryges ne craindraient plus rien. Et, à l'allure où ils allaient, ils seraient arrivés avant les bêtes. Techniquement, ça allait bien se passer.
Ca aurait dû bien se passer.
Sauf...

Que l'instinct de Shane ne connaissait - ou n'acceptait - pas la fuite. Avec le danger, le contact du stryge blanc et le sang qui battait à ses tempes à cause de la course... C'était trop.
Alors que Wyrm l'avait presque amenée en lieu sûr, elle se détourna, tira d'un coup sec sur son bras pour se dégager de son emprise.
Elle vit une chose sortir du sable pour l'attaquer. Sans même prendre le temps de l'identifier ou de mesurer le danger dans lequel elle se fourrait, elle bondit. Sans arme.
Sans cervelle, dirait sûrement un autre.

[Attaque sur l'ennemi A]

HRP:

Le membre 'Shane Morthall' a effectué l'action suivante : Actions

'Attaque - Stryge N' :

Fut-ce de l'idiotie ou bien un instinct particulièrement aiguisé, mais la stryge se libéra de sa poigne : et le temps que Wyrm se retournât, elle avait décoché un magnifique coup à un requin des sables qui s'envola un peu plus loin.

"Télys, bordel !"

Il avait perdu en une fraction de seconde tout son calme, comme à chaque fois que la stryge noire le surprenait. Cela devenait une fâcheuse habitude. Il ne pouvait pas la laisser combattre seule non plus. En silence, il la maudit tout en la rejoignant d'un bond, dagues dégainées dans le même mouvement.
Il arriva pile à temps pour repousser d'un coup de pied un second requin. A peine s'envola-t-il qu'un autre sautait pour l'attaquer. Wyrm fit un pas sur le coté. Tenta un coup de tranche...

HRP:

[Attaque sur Requin B]

Le membre 'Wyrm' a effectué l'action suivante : Actions

'Attaque - Stryge B' :

Les joueurs commencent

Vitesse des joueurs : 563

Wyrm : 375
Vitesse: 460
Dégâts: 107
Bonus : Peut attaquer deux fois

Shane : 120
Vitesse: 103
Dégâts: 35

Vitesse ennemie : 200

Jeune requin des sable A : 165
Vitesse : 100
Dégâts : 40

Jeune requin des sable B : MORT
Vitesse : 100
Dégâts : 40

Le choc fut brutal. Bien plus que ce la Stryge aurait pu imaginer. Elle avait déjà sauté à la gorge d'un paquet de connards des tavernes, afin de régler ses... différents avec ces derniers, mais là, c'était différent, la morphologie de ces bestioles différait beaucoup de celle des humains qu'elle avait pu affronter auparavant. Shane sentit distinctement ses jointures exploser contre la peau dure du requin des sables. La douleur fut un peu effacée par l'adrénaline, mais fut suffisante pour que Shane hurle et envoyant un coup de pied rageur à la bête, qui valdingua.
Il s'en fallut de peu pour que ses orteils soient brisés à leur tour, mais ses bottes avaient assez protégé ses pauvres articulations.

A peine remise de l'impact, elle vit le deuxième requin fondre sur elle... et se faire découper brutalement et très salement par Wyrm. D'un seul coup. Le sang éclaboussa Shane, la déstabilisant deux secondes...
C'était suffisant pour que le requin qu'elle avait attaqué en premier s'en remette et se jette sur Wyrm pour le mordre.

Aussi étrangement que cela puisse paraître, l'instinct de Shane la poussa à aller défendre le Stryge Blanc. Elle se jeta sur le requin pour le ceinturer et lui faire lâcher prise.

HRP:

Le membre 'Shane Morthall' a effectué l'action suivante : Actions

'Attaque - Stryge N' :

Wyrm ne vit pas le second requin l'attaquer : seule l'intervention de Télys put le sauver d'une blessure grave sinon mortelle. Il admira un bref instant, guère plus long qu'une seconde, la jeune stryge et sa hardiesse. Sa force aussi. Mais rapidement il revint au moment présent car les songeries n'avaient aucune place dans un combat.
Le requin se débattait sous la poigne de Télys mais ainsi, il oubliait totalement sa présence. Il ne tiendrait pas longtemps, seul contre deux adversaires. De plus, la bête semblait plus jeune que les requins des sables adultes que le ménestrel avait de nombreuses fois rencontré au cours de ses périples.
Wyrm profita de l'instant pour récupérer vivement ses projectiles et aussitôt les envoyer vers la nouvelle cible, en espérant ne pas toucher son alliée...

HRP:

Le membre 'Wyrm' a effectué l'action suivante : Actions

'Attaque - Stryge B' :

Les joueurs l'emportent. Ils gagnent 22 points d'expérience et 17 pièces d'or, le Rp peut continuer.

Elle ne savait même pas pourquoi elle continuait de lutter contre la bête. Après tout, c'était pour sauver Wyrm qu'elle avait fait ça. Ses muscles encore endoloris par les courbatures du jour précédents peinaient réellement à contenir le corps puissant du requin des sables. Quand la bête s'effondra, sans vie, tuée par les projectiles de Wyrm qui l'éventrèrent, Shane n'eut pas la présence d'esprit de se lâcher le cadavre encore chaud. Elle fut emportée avec le poids du requin et tomba sur le côté.

Shane était un nombre incalculable de fois. Parfois de hauteurs assez impressionnantes. Elle avait appris, avec le temps, à anticiper ces dernières et ne s'était jamais vraiment blessée. Mais là, empêtrée avec le cadavre, elle ne pu que se rétamer. Malgré le sable, le choc fut rude. Elle sentit son épaule se déboîter.
La Stryge poussa un petit cri de douleur. Elle essaya de se repousser la masse sans vie, mais chaque mouvement du cadavre se répercutait sur son épaule et la douleur la paralysait. Elle abandonna au bout de quelques secondes.

"Wyrm, aide-moi, putain !" lança-t-elle paniquée.

HRP:

Il soupira de soulagement. Il n'avait pas trop fait l'imbécile sur le coup. Enfin en omettant la stryge noire se débâtant avec le cadavre du requin qui -semblait-il- lui avait démis une épaule. Wyrm soupira de nouveau avant d'aller au secours de la demoiselle.

"Ma dame, si vous ne l'aviez pas attaqué, sans doute seriez-vous tranquillement assise au bord d'un certain plan d'eau."

Il paraissait ainsi faire des remontrances mais sa remarque portait quelques notes d'espièglerie ; taquiner devenait presque naturel quand on rejetait tant bien que mal la haine. Quoiqu'il en soit, il dégagea la bête avec moult difficultés. Ceci fait, il aida la stryge à se mettre sur son séant et jeta un coup d'oeil à son bras.

"Puis-je ?" s'enquit-il avant de la toucher.

Toute l'aversion qu'elle pouvait éprouver pour Wyrm ne l'empêcha pas de bénir mille fois son aide. Frêle comme il était, il galéra bien comme il fallait, mais dès que le requin fut retiré, Shane n'en avait plus rien à foutre. Son soulagement était tel qu'un heure aurait eu des airs de secondes.

"C'était juste pour le plaisir de pouvoir te sauver la mise." rétorqua-t-elle, une fois assise, à retardemement, un peu acariatre. Elle était trop concentrée pour ne pas se mettre à hurler à cause de son épaule pour se départir de son ton bourru.
"Et pour toi de sauver la mienne." ajouta-t-elle après un temps, comme si elle se forçait à l'admettre. Un "merci" flotta, un peu apaisant et étrangement pesant, mais ne fut pas prononcé. Faut pas déconner.

Shane regarda le stryge avec une circonspection à peine dissimulée tandis qu'il s'apprêtait à apposer ses doigts fins sur son épaule blessée. Elle aurait voulu dire non, mais les circonstances n'étaient pas en sa faveur. Avec les poings dégommés par la peau des requins, elle n'aurait jamais assez de sensibilité ou de force pour remettre son épaule en place. Elle céda entre ses dents serrées, un peu forcée et sceptique : "Si vous vous y connaissez..."
Déjà que se faire replacer une articulation n'avait rien d'agréable, si c'était Wyrm qui s'en chargeait...

Wyrm souriait à chaque parole de la stryge, y décelant le même esprit taquin -quoiqu'un peu plus acide de son coté. A vrai dire, il ne l'écoutait que distraitement et sa question avait juste été pour la forme. Il n'attendit pas qu'elle eut terminé sa phrase pour attraper fermement le membre déboîté et le replacer en un geste prompt.
Ce genre d'opérations, il avait dû en accomplir plusieurs fois pour diverses occasions : à sa sortie d'interrogatoire, chute de cheval ou chute tout court, combats... Il passait plus de temps à sa soigner au final qu'à vivre les aventures épiques auxquelles il aspirait. Il soupira.

"Ce devrait être bon. Essayez de le bouger pour voir ?"

Quand bien même il avait réussi à réparer le plus gros des dégâts, la stryge devra aussi rapidement que possible faire un tour chez un guérisseur. Enfin. Pour peu qu'ils arrivassent à rejoindre la civilisation.