Il envoya valser le bout d'une chiquenaude avant de reprendre son bonhomme de chemin, son nez enfin débouché. Pelle sur l'épaule, bottes aux pieds et la tête bien propre, il était fin prêt pour aborder ses employeurs. Il les aimait bien. Les stryges lui représentaient la plus grande part de revenus dans l'année, avec leur sempiternelle gueguerre ; et comme il avait ajouté la clause "surface à creuser" dans ses honoraires, ses fins de mois s'en retrouvaient fort plus grassouillets.
HA qu'il était intelligent ! Et autrefois si puissant ! Et beau gosse aussi !
Bref, il crèverait le coeur plein de satisfaction.


"♪ Il est déjà minuit… L’enfer est dans le Puits… Tout sera t-il fini Lorsqu’il aura surgi ? ♪"

Il n'aimait pas trop converser avec les stryges. Il ne les avait jamais appréciés. Alors il les enterrait les uns après les autres sans plus de discours sinon un chant pour rompre la monotonie du labeur... Son troisième de la journée ! Puis... Il aura le temps de s'occuper du dernier avant que le soleil ne se couche complètement non ? Allez, motivé...
Soudain, Dagan se figea en plein mouvement, la pelle en l'air du bout de ses petits bras frêles. Il tourna lentement, lentement, très lentement la tête vers sa droite... Plissa les yeux... Encore plus...

"Que le cul de la Muse soit profané," lâcha-t-il dans un murmure en même temps que sa pelle.

Il aimait bien les morts. Puis il adorait discuter avec les esprits. Mais bordel que certaines étaient bien conservées, songea-t-il en observant la nouvelle venue avec sa bouille ébahie de petite ingénue.

Crédits:

La banshee marchait sur la lande désolée. Ce n’était pas tant le cadre qui faisait de cet endroit un lieu désolé aux yeux de Siyas, mais plutôt l’odeur de mort qui planait ici, alimentée par le conflit éternel entre les stryges de couleurs différentes. Siyas ne comprenait pas les origines d’un tel conflit, et elle s’en fichait bien, mais les âmes des Stryges étaient pleines du désir de revenir se venger de leurs ennemis, ce qui en faisait de délicieuses recrues. La vengeresse moissonnait chaque corps pour offrir à son âme la vengeance qu’elle cherchait, alimentant elle-même sa propre soif de vengeance inextinguible.

Alors qu’elle récoltait une âme de plus, un corbeau vint se poser sur elle, sentant sans doute que sa chair était aussi froide que celle des morts, et tenta de bequeter l’elfe noire qui l’envoya au sol d’un revers de main. Puis elle reprit sa route, et finit par voir une personne au loin, une personne qui… creusait ? Toujours investie de la grâce et la sensualité de la démarche qu’elle arborait de son vivant, Siyas approchait de ce curieux individu. Elle avait déjà entendu parler de gens qui enterraient les morts, mais n’avait jamais vu à quoi ils ressemblaient. Mais par mesure de sécurité, elle saisit son arc, certaine d’avoir de toute façon l’avantage du premier coup.

Elle ne pouvait pas bien distinguer les traits de son interlocuteur, mais elle les verrait bien assez tôt. Une voix en elle, une parmi la multitude, lui soufflait de chercher à séduire cette personne pour s’assurer de pouvoir au mieux profiter d’elle jusqu’à pouvoir s’en débarrasser, mais la vengeresse restait sourde à ces mots. Ceci étant, elle était toujours aussi peu vêtue qu’à l’accoutumée, ce qui ne la dérangeait pas, malgré le froid extérieur. De toute façon, elle ne ressentait pas les effets du froid sur sa peau. Tout ce qu’elle espérait, comme à chaque fois qu’elle croisait la route de quelqu’un, c’était que ce ne soit pas un nécromancien où toute personne capable de la contrôler à nouveau, elle espérait aussi qu’il ne remarque pas son état mort, et enfin, elle se demandait si il s’agissait d’un meurtrier.

« Qui es-tu, homme à la pelle ? »

Dagan pencha la tête, observant un peu plus la banshee de ses grands yeux d'enfant. Hum... Une elfe ? Sans doute une drow au vu de sa méfiance première ; ou alors elle menait diverses actions discutables dans le coin... L'abyssal ne connaissait que peu ces créatures, malgré son passé. Alors, partons sans à priori et faisons bonne figure.

"Dagan la fossoyeuse, pour vous servir m'dame !"

Il se fendit d'un hochement du menton, avant de se remettre à la dévisager. Il sourit.

"Vous venez saluer des amis ?" s'enquit-il.

Les elfes, peu importe leur alignement, s'entendaient bien avec les stryges. Il supposait donc que la banshee était liée à l'un d'entre eux. De toute façon, il ne pouvait supposer grand chose à ce stade de la rencontre... Sinon qu'elle était morte. Nul doute que de son vivant -enfin son anciennement vivant- il n'aurait pas songé un instant qu'elle puisse l'être.
Mais Dagan s'étonna de la courtoisie de la banshee : toutes ces histoires que ses hommes murmuraient autour de ces êtres étaient peuplées de noirceur, de sang et de violence. Croiser leur regard suffisait parfois à se condamner inéluctablement. Alors... discuter avec l'une d'entre elles ?
A mesure qu'il menait ces réflexions, l'abyssal de la Tempête prenait le dessus sur la petite Muse...

Finalement Dagan s'assit en tailleur, le visage tourné vers le ciel. Son sourire perdit toute trace de juvénilité pour prendre une forme plus dure, franche. Railleur. Ses sourcils se froncèrent.

"En fait..." reprit-il d'une voix dénuée de tout inflexion superflue. "Permettez-moi de me présenter une nouvelle fois. Svartas Finnr, Le Manteau Sanglant, Ombre de la Congrégation. Enfin ex-Ombre. Que voulez-vous donc à ces pauvres âmes ?"

HRP:

Une femme, Siyas se maudit intérieurement que son œil affuté ne l'ai pas remarqué plus tôt. Il faut dire qu’avec ce ciel gris, et les vêtements amples de la jeune fille, elle n’aurait jamais pu le deviner, et était partie du principe que pour trouver une personne travaillant avec des cadavres, ce devait être un homme. Elle ne cachait pas ses attributs féminins derrière de larges vêtements elle, si bien qu’on ne pouvait se méprendre. Qu’importe, pour la vengeresse cela importait peu, le fait est que cette petite avait même la candeur des enfants, un peu naïve peut-être. Qui pourrait croire que venir sur les champs de bataille entre stryges avait pour but de saluer qui que ce soit ?

Pourtant, une infime fraction de la banshee se rappelait avoir entretenu de bonnes relations avec un stryge noir, le genre de relation qui la plaçait en dominante, ce qu’elle appréciait énormément. Mais c’était du passé, cette personne, la vraie Siyas, était toujours noyée dans un flot de centaines d’autres âmes. Elle n’aurait pas su donner de race à son interlocutrice, peut-être une abyssale ? De ce qu’elle en savait, ils arboraient des branchies ou quelque chose comme cela, ce n’était pas le cas de la jeune fille, mais ses yeux lui faisaient fortement croire qu’elle avait face à elle une abyssale.

Puis elle changea de comportement, s’asseyant et arborant une expression plus froide et dure. Siyas pencha la tête de côté, comme à chaque fois qu’elle était intriguée, une mauvaise habitude dont elle ne parvenait pas à se débarrasser. Elle se présenta à nouveau, sous un autre nom, ce qui agaça l’elfe qui craignait n’avoir à faire à une menteuse. Les mots « ombre » et « congrégation » lui évoquaient vaguement quelque chose, certaines âmes en elle l’avaient déjà entendu, mais elle ne parvenait pas à rattacher ce mot a quoi que ce soit.

« Ces âmes n’ont pas fini leur vie, elles cherchent vengeance pour leur mort. Je viens leur offrir l’occasion de revenir se venger. »

Siyas avait toujours cette voix cassante et froide qu’elle arborait lorsqu’elle était la vengeresse, loin de la voix douce, sensuelle et envoûtante de l’elfe noire mesquine et manipulatrice qu’elle avait été, et qu’elle était toujours au fond d’elle. Le changement d’attitude de son interlocutrice l’avait remise sur la défensive. Elle était cependant trop loin pour utiliser sa vision des âmes, lui permettant de distinguer les âmes des personnes alentour, âmes incapables de lui cacher leur véritable nature. Elle ne comptait pas non plus se rapprocher pour venir à portée, garder l’avantage que lui conférait son arc était bien trop important.

« Et vous, Svartas Finnr, que faites-vous avec ces corps sans vie ? »

Dagan plissa un peu plus les yeux vers elle, à la fois agacé qu'il ne lui ait retourné sa politesse en se présentant à son tour, mais également pour son... ton. Mâle dominant de son vivant, il avait toujours cette difficulté à accepter qu'on le prenne de haut avec sa nouvelle forme. Passons.
Car malgré ces petits détails, les paroles de la banshee avait fait écho avec cette vieille rancune qu'il avait enterrée aussi méticuleusement que ces corps. Mais à quoi bon chercher la vengeance lorsque ses meurtriers avaient depuis bien longtemps été châtiés par la Providence ? Il pourrait la retourner vers sa faction toute entière toutefois... Un siècle était passé. Une autre génération avait pris la relève sans avoir de communs idéaux avec leur prédécesseur.

Il n'était qu'un vestige du passé. Une vieille ruine sans trop d'intérêt.

L'abyssal se décida enfin à répondre à son interlocutrice, tapotant sa pelle. Bah ! Qu'avait-il espéré en révélant son identité réelle ? De la compassion ? De la part d'une banshee ? Bordel qu'il devenait gâteux.

"Fossoyeur, madame."

Il eut un mouvement évasif de la main, désignant quelques mânes trainant au loin, dans la brume du lac.

"Les morts je les enterre. Et au besoin, leur explique qu'ils n'ont guère grand chose à faire parmi les vivants ; la vengeance est une chose tellement... fugace. On y trouve rarement de la satisfaction -à moins d'être aussi tordu que ceux qui nous ont tués."

Cela dit, il se releva. Restait un gars à enterrer.

Le dénommé Svartas se releva et retourna a sa besogne après avoir expliqué à la banshee son étrange métier. En soi, une personne traitant avec les morts lui rappelait douloureusement son passé, et sa haine envers les nécromants, capables de contrôler son corps mort même maintenant. Elle avait longtemps été esclave d’une de ces personnes, et maintenant, elle ne comptait plus retomber sous leur joug. Mais elle ne semblait pas dotée de pouvoirs liés à la mort, ce qui rassura la vengeresse. Elle approcha un peu alors que l’abyssale commençait à creuser, intriguée par les derniers mots de celle-ci.

« Vous empêchez les morts de se relever ? Nous respectons votre travail. Lorsque le corps se relève, animé par la vengeance, il est dénué d’esprit, aussi se contente-t-il d’errer pour se venger de tout ce qui passe à portée. Nous proposons aux âmes en peine une vengeance envers tous les meurtriers. Tel est notre pacte, tel est notre fardeau. »

Elle marqua un temps d’arrêt, semblant réfléchir, sans s’approcher trop près de la jeune abyssale. Les formes au loin se trainaient dans la brume, lentes…

« Nous sommes la vengeance, et autrefois, nous étions Siyas de la maison Baeren. Elle vit toujours en nous, nous sommes un. »

Elle attendit sans rien dire, observant l’abyssale curieuse se remettre à la tâche. Le silence seyait bien à la banshee, habituée depuis des années a plus côtoyer les âmes des défunts qu’à parler avec les vivants. Les coups de pelle dans la terre étaient les seuls bruits qui brisaient ce silence, se succédant les uns après les autres. Elle trouvait cela bien étrange qu'une personne d'apparence si jeune fasse un travail pareil, et elle se doutait que quelque chose n'allait pas avec cette personne, sans pouvoir encore mettre le doigt dessus.

Les pelletées de terre rythmaient le silence qui s'était finalement installé entre lui et la banshee. Plusieurs esprit dans ce corps... Déjà que sa propre situation le choquait, qu'en était-il d'elle ? Cela devait ô combien perturbant. Enfin. Lui tenait farouchement à son intégrité. Ce n'était peut-être pas son cas.
Quoiqu'il en soit, il était bien ravi de faire connaissance avec une banshee et de rester en un seul morceau ; sous ses airs un peu hautains, elle lui apparaissait comme un chat. Méfiante et snob mais calme et plus complexe qu'elle ne le laissait croire.

Dagan essuya son front, le menton appuyé sur sa pelle, jaugeant d'un coup d'oeil les dimensions du trou. Cela devrait suffire. Il jeta un coup d'oeil à la femme.

"Ne craignez-vous pas l'éternité, banshee ?"

Un petit sourire triste s'esquissa sur ses lèvres.

"A rechercher la vengeance de plusieurs vies, jamais ce corps n'arrêtera de vivre... Et ces âmes qui ont obtenu leur désir, ont-elles finalement trouvé le repos ?"

Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait eu de compassion ou de pitié pour qui que ce soit.

L’abyssale regarda la vengeresse, qui se contentait de la regarder creuser. Puis elle l’apostropha, lui posant une question qui capta toute l’attention de Siyas, non pas pour le contenu de la question, mais pour le nom qu’elle avait employé pour la désigner.

« Vous savez ce que nous sommes ? Comment ? Vous devez aussi savoir que nous sommes déjà morte donc, que nous ne craignons pas la mort. Parfois, Siyas tente de se donner la mort, quand elle ne supporte plus son existence, cela arrive de temps à autre, nous ne la laissons pas faire, car la vengeance n’est pas terminée. »

La banshee sentait l’elfe en elle parfois, son âme mélangée à des centaines d’autres, mais bien plus étroitement lié à ce corps. Parfois elle réussissait à se rappeler qui elle était, à sortir du flot des âmes qui habitaient son corps, et elle reprenait le contrôle jusqu’à être de nouveau submergée.

« Nous ne cessons jamais de nous venger, les meurtriers doivent être punis de leurs crimes. Nous ne nous offrons aucun repos avant d’avoir éradiqué le monde de la souillure de la trahison. »

La banshee se sentait étrange, car cette abyssale lui rappelait quelque chose, dans son attitude. Elle la fixa un moment alors qu’elle appelait sa magie des âmes à elle, ses yeux prenant une teinte violette au lieu du rouge habituel. L’âme qui habitait ce corps apparut à sa vue comme un spectre au-dessus de son corps, elle pouvait voir le for intérieur de cette abyssale sans même qu’elle le remarque ni le sente. Mais ce qu’elle vit n’avait rien à voir avec la jeune abyssale, c’était quelqu’un d’autre, un grand et fort homme, indéniablement puissant. Elle eut un léger mouvement de recul et regarda l’abyssale.

« Qu’est-ce que tu es, femme ?! »

Il se contentait de la regarder tranquillement, sans lui répondre.
Décidément, il ne pouvait que la prendre en pitié, elle et ses âmes condamnées ; cette Siyas regrettait-elle son pacte de vengeance ? Il aurait aimé pouvoir l'aider mais il savait en son fort intérieur qu'il ne pourrait en rien lui être utile. Sa condition lui échappait totalement.
Puis elle eut une bien étrange attitude. Comme si elle le l'observait plus attentivement...

« Qu’est-ce que tu es, femme ?! » fit-elle en reculant.

Dagan haussa un sourcil surpris avant de se feindre d'un petit sourire amusé tout en se redressant. Il se gratta la nuque, songeur.

"Hum... Que voyez-vous ? Je serai bien curieux de le savoir."

Avait-elle fait la rencontre de son âme ? Il se demandait qu'elle tronche elle pouvait bien avoir, après tout ce temps passé dans la bague. Avait-il vieilli ? S'était-il racorni comme un morceau de bois flotté ? Ou gardait-il encore sa prestance d'antan ? Mais essayons de ne pas l'effrayer tout d'abord.

"Ce que je suis... hum..."

Il plissa les yeux comme absorbé par une intense réflexion.

"Un fantôme ? Un zombie ? Un autre type de revenant...?"

Il marmonnait. Il ne s'était jamais vraiment posé la question en fait. Il était Svartas puis il était devenu Dagan. C'tout. Là... ça devenait trop compliqué.

"Une gamine morte possédée par l'âme d'un guerrier d'il y a un bout de temps je dirais. Ouais. Un truc comme ça. Enfin rien d'aussi poussé que vous, madame. Tiens ! Cela devrait répondre à votre question précédente d'ailleurs. Parce que je suis mort -ou morte comme vous voulez- je peux voir les fantômes, esprits et autres."

La fille - ou bien étais-ce le guerrier qu’elle avait vu ? – lui indiqua ce qu’elle était, mais ne semblait pas le savoir précisément non plus, et en cela, Siyas se sentit plutôt proche de l’abyssale. Dans un sens, la vengeresse considérait cette personne comme similaire à elle, bien que quelque chose de plus sombre se dégageait de cette personne.

« Nous ne voyons pas les esprits, pas plus que les fantômes. Nous voyons les âmes en peine qui errent sur ces terres, mais nous parlons peut-être de la même chose. »

Alors lui aussi était un mort qui habitait un corps. Bien que la vengeresse était différente, car elle était plusieurs dans le corps d’une personne morte, alors que Dagan était un mort seul dans un corps vivant. Mais en cela la vengeresse se sentait tout de même similaire à l’abyssale. Elle se tourna et présenta sous son bustier la cicatrice de la blessure qui avait causé sa mort.

« Nous sommes morte, mais en nous vivent des milliers d’être qui continuent d’alimenter ce corps. »

Elle cacha de nouveau sa cicatrice, et regarda la fille de son regard violet sensible aux âmes, elle revoyait donc le puissant guerrier. Cela l’intriguait, car elle n’arrivait presque à rien lire en lui, pas d’émotions, pas plus que de sentiments particuliers. Etait-il imperméable à sa magie ? Elle pencha de nouveau la tête, saleté de tic. Elle était intriguée par plusieurs choses.

« Je ne vois rien, seulement une ombre qui représente votre âme, mais je n’y lit rien. Les âmes ne sont pas censées pouvoir me résister, elles me livrent leur secrets sur les sentiments où les émotions de leur corps docilement. Mais vous, je ne vois rien. Quels esprits voyez-vous ? Et comment avez-vous su ce que nous étions ? »

"Peut-être parce que le corps n'est pas le bon, fit-il en se tapant le torse fièrement (même s'il y avait pas lieu d'être fier de quoique ce soit). Ou que mon bref passage dans les Limbes m'a rendu imperméable à votre magie. Franchement j'en sais rien."

Cette femme l'amenait à réfléchir beaucoup plus que d'habitude. Et il se sentait à chaque seconde plus stupide pour ne s'être interrogé plus tôt. Un coup d'oeil vers le ciel l'injoncta à reprendre son travail en même temps qu'il discutait.

"Quels esprits voyez-vous ? Et comment avez-vous su ce que nous étions ?
- Eh bien... Il serait plus juste de dire que je perçois les morts. Des fantômes paumés, des esprits frappeurs, tout ce monde là, à condition qu'il ne possède pas un corps vivant. Et donc j'ai simplement deviné que vous étiez morte. Après vu l'état de votre corps, ça m'aurait étonné que vous soyez un mort-vivant ou un fantôme. Donc... J'ai parié sur la banshee."

Il se fendit d'un sourire tout en déposant le corps dans la fosse.

"Repose en paix mon gars. T'as bien bossé."

Et il commença à le couvrir de terre. Il jeta un bref coup d'oeil à la femme.

"Je me demandais... Vous dites chercher la vengeance. Mais ici vous aurez plus de chances de rencontrer d'autres esprits vindicatifs plutôt que de mener à bien une quelconque vengeance. Vous êtes sûre de vos motivations ?"

L’abyssal continuait sa besogne tout en parlant. Siyas ignorait toujours la raison pour laquelle elle ne pouvait déceler nettement son âme, et il ne semblait pas plus capable de lui répondre. Mais lui aussi voyait les morts, dans un sens, ce qui les rapprochait encore plus. Il jeta le corps dans la fosse avant de la reboucher, petit à petit, comme il avait creusé le trou auparavant. La question qu’il posa alors irrita quelque peu la vengeresse, car il ignorait tout de sa condition, mais elle ne pouvait lui en vouloir, personne ne comprenait.

« Pour nous venger, nous récoltons les âmes vindicatives, qui augmentent notre désir de vengeance, à mesure que nous assouvissons notre soif, nous devons renouveler cette soif. Nous acceptons en nous tous ceux qui souhaitent la mort d’un traitre où d’un meurtrier. Les stryges, surtout les blancs, lorsqu’ils sont tués par leurs congénères du couleur opposée, sont souvent emplis du sentiment d’avoir été tué injustement, ils veulent se venger. »

Siyas perdait patience, ou plutôt les âmes en elle perdaient patience, et elle devait lutter entre sa curiosité devant la fossoyeuse et le désir de poursuivre sa route. Elle regardait autour d’eux, il n’y avait rien, juste la brume qui enveloppait tout aux alentours. Elle se tourna vers l’abyssale qui finissait sa besogne.

« Que comptez-vous faire une fois votre tâche achevée ? Vous restez ici en permanence, attendant que viennent les cadavres ? »

L’attente apaisait les âmes, qui voulaient toujours aller de l’avant avec ardeur. Une fois ces ardeurs calmées, Siyas pouvait reprendre le dessus sur elles, aussi chaque pause était profitable à l’elfe noire. Seul un œil averti aurait remarqué le léger changement de posture de l’elfe, adoptant une attitude plus noble et distinguée, en visant à mettre ses atouts féminins en avant comme elle avait toujours fait. Ses souvenirs de sa vie passée lui revenaient difficilement comme à chaque fois, elle savait à peine qui elle était, mais elle était bel et bien elle-même, Siyas Baeren. Elle regarda l’abyssale avec attention. En d’autres circonstances, si elle avait été chez elle – mais elle n’avait plus de chez elle – elle l’aurait faite esclave. Pour le moment, mieux valait qu’elle n’apprenne pas que la vraie maîtresse de ce corps était aux commandes, elle se contenta d’attendre, mais un léger rictus étirait le coin de ses lèvres.

Dagan méditait les paroles de la banshee en terminant sa tâche. A une certaine époque, il avait su se faire une rapide opinion de chaque personne rencontrée -de là dépendait sa survie alors- mais depuis quelques temps, il se surprenait à être moins empressé à émettre un jugement. Peut-être que sa nouvelle nature de Muse y était pour quelque chose.

"Que comptez-vous faire une fois votre tâche achevée ? Vous restez ici en permanence, attendant que viennent les cadavres ?"

Il finit avec une dernière pensée pour le mort avant d'attacher sa pelle sur son dos, une fois débarrassée de la terre. Il se tourna vers elle, les mains sur les hanches.

"Aller percevoir mon salaire ! Puis peut-être trouver une taverne où reposer mes gambettes je dirais."

Il pencha la tête.

"Vous voulez venir ? Je vous offre un verre."

Il ne savait pas si elle pouvait consommer quoique ce soit mais Dagan n'était pas du genre à tergiverser. Il l'aimait bien et ma foi, rester encore un peu en sa compagnie ne le dérangerait pas.

Tout ce qui intéressait Dagan était donc l’argent, son salaire. La vengeresse n’aurait pas approuvé une volonté de s’enrichir, mais Siyas, elle, comprenait bien. Elle reprenait peu à peu ses marques dans son propre corps, même si son esprit était toujours embrumé par celui de la vengeresse, elle se rappelait peu à peu qui elle était vraiment. Siyas souriait un peu, ce qui n’arrivait jamais à la vengeresse, elle exultait intérieurement d’être elle-même de nouveau.

« Je viendrais volontiers, vous êtes quelqu’un d’intéressant. »

Surtout, c’était lui qui payait. Siyas aimait profiter des autres, même si en général elle devait jouer de son corps pour le faire. Qu’importe que cette personne soit attirée par elle ou non, elle était intéressée par lui, à cause de son étrange personnalité. Siyas découvrait toujours les secrets des autres, d’une manière ou d’une autre. Elle était encore plus maléfique que de son vivant quand elle revenait ainsi, car les brumes qui entouraient son esprit lui verrouillaient ses souvenirs de son vivant, des souvenirs dont elle voulait se débarrasser.

« L’alcool n’a pas d’effet sur moi, mais cela ne m’empêche pas d’apprécier un bon verre. Je vous suis. »

A vrai dire, elle appréciait la personne qui habitait ce corps, qui qu’elle fut de son vivant.

"Haha, j'apprécie les femmes qui savent boire !" rit franchement Dagan.

De son vivant, il avait passé beaucoup de temps à arroser ses victoires d'alcool, de femmes et de victuailles -c'était un grand fêtard. Et s'il était une chose qu'il avait appris, c'était que les femmes étaient bien plus distrayantes lorsqu'elles tenaient la boisson mieux que leurs hommes !
Mais... Il soupira. Avec sa tronche de gamine, on lui servirait guère plus qu'un verre de lait. Peut être pourrait-il trouver un lieu où ils seraient moins regardant... Rah. Quelle chiantise.

En descendant de la colline où Dagan avait enterré ses cadavres, ils aperçurent une petite auberge au bord du lac. Elle était modeste, un simple cabanon en bois, mais s'en élevait une joyeuse cacophonie malgré la nuit encore jeune. L'abyssal jeta un bref coup d'oeil pour s'assurer que la banshee était toujours partante.

"Il faut que je passe rapidement voir mes employeurs. Nous pourrions nous retrouver ici dans... disons une vingtaine de minutes le temps de régler quelques formalités ?"

La banshee suivit l’abyssale jusqu’à une auberge, sur les berges du lac. Siyas n’aimait pas vraiment faire la fête, mais elle n’était jamais contre une boisson alcoolisée, surtout depuis qu’elle était passée de l’autre côté, la rendant insensible aux effets de l’alcool. Elle se rappelait vaguement d’une fois où elle avait trop bu de son vivant, et s’était réveillée avec un mâle de bonne famille dans sa couche, même ivre, elle savait choisir ses amants. Mais il y avait une fraction de ses souvenirs qui restaient encore embrouillés, elle ne cherchait pas à en savoir plus.

En s’approchant, on pouvait entendre la cacophonie qui régnait dans l’auberge pittoresque. Ils s’approchèrent puis l’abyssale stoppa sa route, disant qu’elle devait aller voir ses employeurs.

« Bien je vous attendrai ici alors. »

La banshee regarda l’auberge, se demandant si elle allait entrer seule pour attendre. La fraicheur de la nuit ne la gênait pas, elle ne ressentait même pas le froid sur sa peau. C’était un autre avantage d’être morte, mais elle pouvait en mourir aussi, car même sans sentir le froid, elle pouvait en mourir. Mais là, aucun risque, alors elle attendait en regardant le ciel. Elle ne voulait étrangement pas entrer seule, alors qu’elle aurait pu en profiter pour trouver un imbécile à aguicher pour ne pas avoir à payer elle-même.

Elle attendit un petit moment seule, avant d’entendre du bruit derrière elle. Elle se retourna et tira avec agilité un trait mortel sur le renard qui passait par là. Si cela avait été Dagan, que ce serait-il passé ? Elle ne se posait pas la question, elle n’avait pas de raisons d’arriver par derrière. Au moins, elle était satisfaite de son tir bien ajusté. Et son attente se prolongea.

Dagan filait aussi vite que le vent, galopant comme un cheval fou. Enfin surtout foutrement effrayé. Sa robe voltigeait derrière lui tandis que sa pelle rythmait sa course d'un clank clank régulier. A vrai dire, se faire courser par une bande de Blango possédés n'avait rien de très rassurant.

Un sourire sur les lèvres, ravi de voir sa bourse de nouveau pleine, Dagan avait quitté la tour en chantonnant. Puis un Blango lui avait choppé sa bourse. Puis l'abyssal lui avait foutu sa pelle dans la gueule. Puis la bande s'était ramené. Et il se retrouvait ainsi à essayer de sauver sa peau en courant comme un petit être fragile le long des berges.

"AH ! MADAME LA BANSHEE ! COUREEEEEEEEZ !" hurla-t-il à Siyas qu'il apercevait à quelques mètres.

HRP:

Siyas attendait depuis longtemps déjà quand un bruit la fit se retourner, et elle vit Dagan revenir. Ce qui était étrange, c’était qu’elle revenait en courant, et qu’elle semblait suivie… Siyas vit la menace alors que l’abyssale lui hurlait de courir, un groupe de Blango énervés suivaient la petite, et l’un d’eux semblait saigner du nez, comme si on lui avait mis un coup. Siyas se demanda ce qui avait bien pu passer par la tête de Dagan pour qu’elle frappe un Blango, mais qu’importe, le souci était maintenant qu’ils semblaient ne pas vouloir la lâcher, mais Siyas ne comptait pas courir.

En noble elfe noire, elle, saisit son arc, pas question qu’une femme de son rang fuie devant des primates stupides et faibles. Elle regarda l’abyssale et décocha sa flèche devant un Blango, ce qui eut pour effet d’attirer son attention, et le posta sur la défensive. Siyas encochait une seconde flèche.

« Allons allons madame l’abyssale, vous n’allez pas me dire que ces primates vous font peur ? »

Pour le juge:

Les joueurs débutent le tour/combat.

vitesse des joueurs : 522

Dagan : 535
Vitesse : 230
Dégâts : 80

Siyas : 295
Vitesse : 239
Dégâts : 215

Loup préhistorique des montagnes (invoqué) : 250
Vitesse : 53
Dégâts : 75


vitesse des ennemis: 250

Blongo A : 100
Vitesse : 50
Dégâts : 60

Blongo B : 100
Vitesse : 50
Dégâts : 60

Blongo C : 100
Vitesse : 50
Dégâts : 60

Blongo D : 100
Vitesse : 50
Dégâts : 60

Blongo E : 100
Vitesse : 50
Dégâts : 60

"Marchons mes frères, controns nos assaillants ♪" chantonna l'abyssal en faisant volte-face, un grand sourire sur les lèvres.

La mâchoire du Blongo fut immédiatement fracassée par la pelle de Dagan, bientôt suivie d'un second coup sur tout le faciès droit. Et d'un ! RAH. Jouissif. Dagan se sentait revivre. Les blongos, déjà perturbés par les volées de flèches de Siyas, paniquèrent tout à fait en constant que leur cible était assez couillue, agitant sa pelle dans tous les sens.

"♪ ... Que leur sang, leurs viscères, soient l’engrais de nos champs !
Prions mes frères, éduquons ces manants, à coups de cimeterre, enseignons-leur ce chant ! ♪"

Dagan distribuait joyeusement des coups quand son regard aperçut une silhouette éthérée non loin, près des arbres délimitant la berge. Il sourit d'une façon plus douce cette fois. Un loup préhistorique se tenait à distance de l'affrontement, mais son regard trahissait une certaine curiosité, une envie de se rapprocher. Et peut être de participer lui aussi ?

"Petit loup, je ne connais pas ton nom mais tu es tout bienvenu dans ce combat~♪" le salua-t-il.

Bien qu'hésitant un premier temps, l'animal finit par rejoindre l'abyssal : il passait entre les blongos, créant encore un peu plus de panique lorsque ses crocs n'allaient pas flatter un membre par ci par là. Le sang ne coulait pas cependant. Le loup restait un esprit ; toutefois, à son contact, les muscles pouvaient se raidir, les réflexes se ralentir.
Les événements avaient pris une satisfaisante tournure.

[ATTAQUE A avec Dagan et B avec le loup]

Crédits:

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'Attaque - Abyssal' :

Siyas fut presque surprise de voir l’abyssale se retourner en assénant un grand coup de pelle à un des assaillants blongos au lieu de continuer sa course effrénée, mais elle ne put qu’apprécier la façon de faire de celle-ci, même si cela manquait cruellement de classe. Siyas, contrairement à la vengeresse, mettait de l’importance à tuer avec classe et dignité. Chacun de ses gestes étaient millimétrés, gracieux, alors qu’elle encochait une première flèche.

« Bien, je m’occupe de l’arrière alors. »

Le trait mortel vola, se plantant en plein centre du crane de l’un des primates, entre ses deux yeux qui s’agrandirent. Il tomba au sol, bavant, son corps secoué de spasmes. Il mourut peu de temps ensuite à la grande satisfaction de l’elfe noire qui encochait déjà un second trait. Là encore Siyas était différente de la vengeresse qu’elle incarnait habituellement, car elle prenait plaisir à tuer, alors que la vengeresse ne ressentait rien en délivrant la mort.

Elle cibla un autre blongo, sa visée assurée, prête à tirer, quand une forme sombre agressa le singe blanc. Sans comprendre la raison de cet acte, Siyas se rendit compte qu’elles recevaient l’aide d’un loup, avait-il seulement faim ? Elle fut si surprise que son trait manqua sa cible, l’éraflant à peine sur un bras alors que la banshee poussait un juron.


[Attaque Blongos D et E]

Le membre 'Siyas Baeren' a effectué l'action suivante : Actions

'Attaque - Elfe' :

Blongo B attaque Dagan
Blongo C attaque le Loup
Blongo E attaque le Loup



Les joueurs débutent le tour.

vitesse des joueurs : 522

Dagan : 475
Vitesse : 230
Dégâts : 80
Bonus : peut attaquer deux fois

Siyas : 295
Vitesse : 239
Dégâts : 215
Bonus : peut attaquer deux fois

Loup préhistorique des montagnes (invoqué) : 130
Vitesse : 53
Dégâts : 75


vitesse des ennemis: 250

Blongo A : MORT
Vitesse : 50
Dégâts : 60

Blongo B : 25
Vitesse : 50
Dégâts : 60

Blongo C : 100
Vitesse : 50
Dégâts : 60

Blongo D : MORT
Vitesse : 50
Dégâts : 60

Blongo E : 100
Vitesse : 50
Dégâts : 60

Dagan échangea un bref regard avec le loup avant de revenir dans le combat, pelle fermement tenue en main. Il ne savait pas pourquoi l'esprit avait décidé de l'aider mais il lui revaudrait ça une fois ces Blongos chassés. Ou exterminés. Dagan sourit : il irait au plus vite.
Avec une confiance totale envers Siyas, l'abyssal dansait entre les créatures ; même si l'épée avait été remplacée par une pelle et que toute sa musculature avait fondu, il n'avait rien perdu de son savoir du combat au corps à corps. Il avait rapidement comblé le manque de force avec l'agilité et la dextérité d'un jeune corps.
Pirouette.
Coup dans le dos.
Smash avec la tête ♪

Dagan ne pouvait plus refréner le rire qui lui montait à la gorge depuis quelques minutes déjà. Mais plutôt que de s'en étonner, le loup sembla apprécier en y joignant ses hurlements.

[Dagan attaque C et Loup, B]