Siyas Baeren, âme de la vengeance [DC de Harzhan]
Nom : Siyas Baeren
Âge : 22 ans d’apparence, 98 ans réellement
Sexe : Féminin
Race : Elfe
Classe envisagée : Archère
Ce qu'elle aime :
Le calme, la tranquillité, les combattants nobles, tuer des tueurs…
Ce qu'elle n'aime pas : Elle n’aime pas les démonstrations d’attachement, les blagues salaces, être discriminée parce qu’elle est une femme, ceux qui abandonnent face aux difficultés de la vie, les nécromanciens, les fuyards, les lâches… Mais tout cela, elle peut encore le tolérer, elle détestait cela de son vivant, quand elle n’était qu’une en elle.
Elle hait par-dessus tout les meurtriers, les traitres, et les assassins, qu’elle traque sans relâche avec une soif de vengeance quasi-inextinguible.
Situation amoureuse : Célibataire
Code du règlement :
Corbeau (Validé par Mohana){Facultatif} Un pouvoir particulier ? La magie de l’âme, c’est un vestige de la vile nécromancie qui l’a réanimée. Siyas est capable de récolter en elle des âmes en quête de vengeance, pour les rallier à sa cause. Une fois une âme collectée, elle perd son identité propre au profit de la collectivité, et devient une extension de la volonté de Siyas.
Et du coup, tu ressembles à quoi?
Siyas est une belle femme, au corps bien proportionné, svelte et élancé. Elle mesure un mètre soixante-six pour cinquante-sept kilos.
Elle a des cheveux gris cendre, longs, tombant en cascade sur ses épaules et jusqu’à sa poitrine, en encadrant son visage. Son visage justement, est doux, ce qui tranche avec son expression permanente de froideur dans son regard et ses lèvres. Elle a des oreilles longues et pointues qui émergent de ses cheveux. Sa peau est grise sombre, caractéristique de ceux de sa race. Son regard, comme dit plus haut, est dur, glacial, en général, et est rouge sombre. Ses lèvres, elles, sont fines mais sensuelles.
En descendant plus bas sur son corps, on tombe sur sa poitrine généreuse, ronde, cachée par un simple bustier de cuir, lequel est rattaché à des épaulières ornées de plumes de corbeau. Son ventre plat est laissé apparent. Dans son dos, caché par son bustier, juste au niveau de son omoplate gauche, se trouve la blessure qui lui a été fatale. Encore plus bas, sous ses hanches fines, se trouvent ses jambes élancées, longues, couvertes par un pantalon de cuir serré juste à sa taille. Ses jambes sont surmontées de fesses bombées. Elle porte aussi une cape, en général noire, attachée à ses épaulières.
Lorsqu’elle se déplace, elle le fait avec toute la grâce et la sensualité elfique, même si elle ne cherche aucunement à séduire. Seulement, le fait qu’elle soit une elfe lui donne nécessairement une certaine sensualité naturelle dont elle ne joue pas, mais qu’elle ne peut pas contrôler.
Et... tu penses à quoi, là, maintenant?
Autrefois, Siyas avait été une femme pleine de vie, même si elle était terriblement dominatrice, en raison des enseignements qu’elle avait reçus de sa race, où les femmes dominent. Elle aimait être la meilleure, qu’on la complimente sur son apparence, son habileté, son intelligence… En bref, une femme plutôt vaniteuse, et assez méprisante envers la gente masculine, comme nombre d’autres elfes noirs.
Tout cela avait été balayé après sa mort. D’abord, son esclavage envers son maître lui a fait comprendre ce qu’elle faisait subir aux hommes de son vivant. Mais surtout, elle était restée avec un formidable désir de vengeance, et là où l’homme avait minutieusement détruit chaque parcelle de son esprit par l’esclavage, il n’avait fait que remplacer ces vides par une haine et un désir dévorant de le tuer.
Cet état d’esprit n’avait en rien disparu au fil du temps, et le fait qu’elle accueille en elle d’autres âmes ayant soif de vengeance n’avait en rien arrangé son état. De plus, même si, lorsqu’elle les accepte en elle, ces âmes perdent leur identité au profit de l’identité commune, ce qui fait qu’elle n’a pas une centaine de personnalités en elle, la conscience de Siyas est cependant elle aussi diluée dans cette identité commune, ce qui fait qu’elle parle toujours à la première personne du pluriel, et qu’elle ne ressent que son désir de vengeance en continu, alimenté par des centaines d’âmes. Lorsqu’elle est calme, elle peut se rappeler mieux de qui elle est vraiment, et c’est le seul moment où elle montre des émotions autres que la haine et la colère.
Elle ne vit que pour la traque des meurtriers et des traitres, comme pour se venger éternellement sur celui qui lui a infligé cette souffrance éternelle. Elle est particulièrement sensible à la souffrance des autres, même si elle ne peut faire preuve de compassion. Elle accepte toute âme qui a soif de vengeance, même si la personne vit toujours, celle-ci devra seulement la lui offrir pour se joindre à sa cause éternelle. Mais c’est aussi une femme loyale, qui ne peut concevoir la traitrise, qu’elle abhorre.
Histoire
PARTIE I : VIE
Siyas est née dans une famille d’elfes noirs, le clan Baeren. Sa mère était Matrone Baeren, chef du clan, et son père, qu’elle n’a jamais connu, était l’un des innombrables concubins de sa mère. Elle fut élevée par une de ses sœurs ainées, Matrone Baeren ayant d’autres choses à faire qu’élever une fille aux usages des elfes noirs. Sa sœur, l’une des nombreuses sœurs de Siyas, l’a élevée à la dure, pour faire d’elle une femme forte et dure, car chez les elfes noirs, ce sont les femmes qui dominent, les « mâles » n’était que des êtres inférieurs pour elles, tout juste bons à leur donner des enfants. Siyas a donc, très jeune, développé un penchant pour la domination et un perfectionnisme extrême.
Elle était très studieuse dans les enseignements donnés par sa sœur, qu’elle détestait par ailleurs. Elle apprenait la magie élémentaire de son peuple, de simples rudiments de magie de l’ombre, le maniement des armes, l’arc étant son arme favorite, ainsi que l’usage de ses charmes une fois que ceux-ci se furent développés. Comme tout membre du clan, elle vivait essentiellement pour plaire à sa mère, qui ne la reconnaitrait pas si elle n’excellait pas dans un domaine. Aussi, grande fut sa joie quand Matrone Baeren lui témoigna sa fierté qu’elle soit une si bonne archère. Mais Siyas était ambitieuse, elle voulait une place de choix aux côtés de sa mère, et pourquoi pas même détrôner celle-ci. Mais elle devait se montrer intelligente, car les elfes noirs étant habitués aux intrigues et aux complots, elle risquait d’attirer la jalousie ou la méfiance de ses sœurs sur elle si elle venait à se montrer si ambitieuse. Ses frères, eux, n’auraient de toute façon jamais le cran de s’en prendre à elle. Les mâles n’étaient bons qu’à servir de gardes, et à mourir pour les femmes.
Siyas, comme nombre d’elfes noirs de haute naissance, se montrait assez froide et hautaine avec les autres elfes, particulièrement les mâles, voire carrément méprisante. Elle commençait aussi, maintenant qu’elle était assez âgée, à séduire des hommes, qui ne pouvaient tout simplement pas se refuser à elle. Mais même si conquérir des hommes pour le plaisir l’amusait, elle devait trouver un vrai conjoint pour enfanter. Elle pouvait choisir n’importe quel mâle, mais il lui en fallait un qui soit un minimum capable, avec donc une particularité, un domaine où il se démarquait des autres, car elle voulait avoir plus de chances d’avoir un enfant talentueux.
PARTIE II : TRAHISON
C’est à l’âge de vingt-cinq ans que Siyas rencontra un elfe noir qui lui plut, pas pour sa finesse d’esprit, non, une femme ne recherchait pas ça chez son concubin, mais plus pour sa beauté physique et le fait qu’il semblait doté de grand pouvoirs magiques. C’est alors qu’elle chassait en Perracie qu’elle le rencontra, cet homme issu d’un autre clan. Mais quand une femme jetait son dévolu sur un mâle, les différences de clans n’avaient pas grande importance. Elle le séduisit, bien que le simple fait qu’elle le veuille pour elle aurait suffi, et instaura immédiatement entre eux un rapport de puissance. Elle le dominait, et lui obéissait aveuglément à chacun de ses caprices, comme un esclave, sauf que lui était bien traité. Aerandir était son nom, un homme intelligent, beau, et un bon magicien.
Aerandir avait beau être le concubin de Siyas, elle refusait de le laisser lui faire un enfant pour le moment, elle était néanmoins assez réservée, d’autant plus que c’était son premier vrai compagnon. Mais peu importait, elle faisait ce qu’elle voulait de lui, et une femme elfe noire ne devait jamais s’attacher à son concubin, des baisers étaient choses rares, comme toute autre démonstration d’affection. La seule chose qui montrait qu’un mâle était concubin était que sa maîtresse (car on peut difficilement parler de compagne) ne le frappait pas, et se montrait parfois clémente avec lui pour des affronts mineurs. Siyas se conduisait ainsi avec Aerandir, et lui subissait sans se plaindre, car être concubin d’une elfe noire de haute naissance était un grand honneur. Du moins Siyas croyait que c’était ça la raison.
Un soir, Siyas était dans ses quartiers avec Aerandir. Ils ne dormaient pas dans le même lit, bien sûr, car c’était aussi une marque d’attachement. Le mâle était assis à une table, et Siyas, dans une simple robe de nuit noire presque translucide était allongée sur son lit. Aerandir prit la parole, il n’avait pas nécessairement besoin d’y être autorisé quand ils n’étaient pas en public.
« Siyas, tu souhaites toujours que je ne te touche point ? Je pense que le but de notre concubinage pour toi est de concevoir non ? »« Ne prétends pas savoir mieux que moi ce qu’il faut mâle ! Je te ferai savoir quand je voudrais un enfant de toi. »Elle était dos à lui, se servait une boisson sur leur table basse, dans un petit gobelet d’argent.
« Et ne me presse pas ! Je n’ai pas envie de me pr… »Le gobelet tomba de ses doigts fins alors que les mots mourraient dans sa gorge. Elle se sentit faible d’un coup, et ses jambes fléchirent sous elle alors que son visage prenait une expression de stupeur. Elle sentait dans son omoplate la froideur de l’acier, du côté de son cœur, alors qu’elle chutait et tombait au sol. Elle se retourna pour voir Aerandir, une dague à la main, un sourire aux lèvres. Elle ne pouvait pas croire que c’était un mâle qui allait la tuer, pourquoi ferait-il ça alors même qu’il avait une position plus que confortable pour un mâle drow ? Elle voulait le lui demander, l’insulter, crier, mais aucun mot ne franchit ses lèvres. Elle ressentit alors la haine, haine envers cette trahison, et aussi colère et un sentiment qu’elle n’avait jamais connu, la soif de vengeance. Tout devint noir autour d’elle, la vie quittait son corps, et Siyas mourut.
PARTIE III : ESCLAVAGE
Siyas ouvrit les yeux, elle avait incroyablement froid, mais elle ne sentait pas de fraicheur sur sa peau, c’était un froid intérieur. Elle se leva difficilement, ses articulations étaient étrangement douloureuses. Aerandir était assis sur son lit, de quel droit osait-il ?! Sur le moment, elle ne se rappelait pas de ce qu’il s’était passé plus tôt.
« Descends de mon lit ! »Elle s’approcha comme pour le gifler, mais celui-ci leva une main, et Siyas ressentit une douleur aiguë qui alla jusqu’à la faire se recroqueviller en gémissant. Elle le regarda de nouveau, cette fois avec de la peur au visage, et lui rit.
« Hé bien Siyas ? Tu fais moins la fière ? »« Qu’est-ce que tu m’as fait ? »« Tu ne te rappelles pas ? Je t’ai tuée, et je t’ai ramenée d’entre les morts. Si tu as bien étudié, tu dois avoir entendu le mot banshee non ? »Siyas se rappela alors avec horreur ce moment, l’acier dans son dos, la vie qui la quittait en même temps que son sang se répandait. Elle se leva brusquement, prête à frapper Aerandir, prête à le tuer, mais son corps refusa de lever la main sur lui. Peu importe combien elle essayait, son corps refusait de le frapper, et elle sentit des larmes lui monter aux yeux, qu’elle refoula pour ne pas lui faire ce plaisir.
« On dirait que tu as besoin d’être dressée… »Il serra le poing, et elle ressentit de nouveau une intense douleur qui la força à se recroqueviller. Elle était impuissante, et elle se sentait faible face à lui. Elle avait du mal à réaliser qu’elle était morte, qu’elle était une banshee, qu’elle était soumise à ce mâle stupide. Ils quittèrent le domaine dans la nuit, elle était contrainte de le suivre, et lorsqu’elle refusait d’avancer, il la forçait à suivre soit en la faisant souffrir, soit en faisant obéir son corps malgré le désaccord de l’esprit. Siyas ne s’était jamais sentie si impuissante. Leur direction était le domaine du clan dont était issu Aerandir.
Là-bas commença son vrai esclavage. Aerandir prit grand soin de l’humilier devant les membres du clan, notamment les mâles, de l’asservir, de la briser. Elle comprit ce que ressentaient les gens qu’elle avait maltraités, piétinés, et pris de haut. Aerandir la forçait à faire tout ce qu’il désirait d’elle, et elle était incapable de refuser. Même quand son esprit n’y était pas, son corps obéissait docilement. A la longue, Siyas se prit à penser que ce n’était pas si mal, de servir docilement, de ne pas avoir à réfléchir, petit à petit, elle prenait presque goût à cette vie de servitude tant Aerandir avait pris soin de la briser et de lui ôter tout espoir.
Un jour, il l’appela pour lui faire part d’un grand projet qu’il prévoyait.
« Siyas, grâce à toi, je compte faire tomber le clan Baeren. »« Non ! »Elle avait parlé d’un coup, c’était la première fois depuis longtemps qu’elle contestait son maître, et elle savait qu’elle allait être punie. Mais un ancien sentiment, le seul sentiment réel qu’il lui restait, se raviva. Une haine tenace, et une volonté de se venger dévorante. La douleur arriva alors que Aerandir serra le poing, la soumettant de nouveau, mais sans faire disparaitre cette haine nouvelle.
« Tu vas écouter et obéir, tu suivras toutes mes instructions qui mèneront à la chute de ta maison, tu as compris ? »« Oui, maître… »Elle rentra chez elle, où elle fut accueillie en grandes pompes. Elle aurait voulu crier que c’était un piège, mais les ordres de son maître l’empêchaient d’en parler, et chaque fois qu’elle cherchait à former les mots, ils disparaissaient avant qu’elle ne put les émettre. Elle suivait docilement les instructions, et à la faveur de la nuit, comme prévu, elle se réveilla pour aller ouvrir un passage dans les barrières du clan. Elle tua les gardes, à contrecœur, mais avec une terrible efficacité, et fit signe aux troupes de la maison de Aerandir. L’assaut fut rapide, et il y eut peu de survivants.
PARTIE IV : DELIVRANCE
Elle attendait dans la cour de son clan, où l’on s’affairait à récupérer les mâles, qui n’étaient pas liés à la famille Baeren, pour les enrôler, et à tuer les dernières femmes. Aerandir la félicitait pour son obéissance, mais en elle bouillonnait une colère incroyable. Elle avait constamment l’impression de se retrouver dans un étau invisible qui bloquait son corps, et qu’elle n’était qu’une poupée manipulée par des mains gigantesques. Bien sûr, elle avait toujours son libre arbitre, mais cela n’était vrai que si cela n’allait pas contre les ordres de son maître. Dès qu’il ordonnait, son corps obéissait docilement sans qu’elle puisse s’en empêcher.
Une elfe assez âgée arriva, la mère de Aerandir supposa-t-elle, et un ordre de lui la fit mette à genoux. Elle devait maintenir le regard rivé au sol, et elle ne voyait donc que les pieds de l’elfe noire, mais elle sentait son regard peser sur ses épaules, elle l’observait. Elle parla un moment à Aerandir, pour lui témoigner sa fierté, ce qui était rare car il était un simple mâle. Il avait clairement fait tout cela pour la reconnaissance de sa mère, elle s’en rendait compte à présent. Mais il demanda autre chose à la Matrone de sa famille, le droit de la garder elle comme trophée. Siyas bouillait de rage et de haine, en fait, elle n’était plus que cela maintenant qu’il avait brisé tout ce qu’elle était auparavant. Mais rien à faire, son corps refusait de bouger, elle était toujours contrainte de lui obéir.
Une nuit, il la fit venir dans ses appartements. Normalement, elle était enfermée dans une cellule la nuit, mais au moins elle était exempte de la présence de son maître, donc elle se sentait à peu près libre, aussi cet ordre la gênait plus qu’autre chose. Une fois arrivée, il n’attendit pas pour lui ordonner de se dénuder. De nouveau elle sentit poindre la rage, le désir terrible de se venger de tout cela, mais son corps obtempéra malgré elle et elle se tint vite nue devant lui. Il lui ordonna de ne rien dire et de ne pas bouger, et elle sentit son corps et ses lèvres se verrouiller. Elle voulait le couvrir d’insultes, mais ne pouvait même pas. Il passa ses mains sur son corps, pour en apprécier la douceur, pour en ressentir chaque courbe. Aucune partie de son corps ne fut épargnée.
« Tu as un très beau corps tu sais Siyas… Je ne comprends pas pourquoi tu ne voulais rien en faire. Je me demande ce que moi, je pourrai faire de ce corps… »Sur ce, il la poussa sur un siège, et elle ne pouvait toujours pas se mouvoir d’elle-même, puis il sortit. Siyas bouillait de haine, mais ressentait aussi la peur, la peur de ce qu’il allait lui arriver. Elle sentit à peine lorsqu’elle parvint à serrer le poing…
Lorsqu’Aerandir revint peu après, Siyas était toujours là où il l’avait laissée, les bras derrière elle, et semblait résignée. Il s’approcha et se pencha sur elle.
« Je sais ce que je vais faire de toi ma belle… Après tout, tu es plus vivante que morte, grâce à moi, alors tu pourrais me remercier… Allons, écarte tes c… »Son regard s’écarquilla, et ses mots moururent dans sa gorge, et la fin de sa phrase se résuma à un souffle audible par Siyas seulement. Du sang se forma à la commissure de ses lèvres alors qu’il regarda la lame que tenait Siyas, plantée dans sa poitrine, dans son cœur. Siyas sentit son corps obéir à l’ordre, mais elle ne fit rien pour s’en empêcher, et fit un sourire sadique à Aerandir.
« Profites-en bien, ce sera la dernière chose que tu verras… »« Suici… »Il se tut et s’affaissa alors qu’elle venait de lui planter la lame dans le crâne, elle ne voulait pas prendre le risque de devoir obéir à un ordre de suicide. Elle se détendit, et regarda le plafond. Elle riait et pleurait à la fois, et pensait que maintenant qu’il était mort, elle allait revenir elle aussi de l’autre côté. Mais rien ne se produisit, elle ne partit pas.
Elle était condamnée à rester en vie, et elle se rendit vite compte qu’il aurait mieux valu qu’elle ne meure aussi. Elle se sentait vide, tout ce qu’elle avait été avait disparu, elle ne sentait même plus la haine qu’elle avait ressentie pour le cadavre à ses pieds. Elle ne ressentait plus rien, rien d’autre que le désir de faire payer à tous ceux qui avaient joui de sa situation, le désir de se venger contre tous ceux qui tuent… Jouant de sa nudité, elle aguicha deux gardes avant de leur faire subir le même sort qu’à son ancien maître. Elle put ainsi se vêtir comme il se devait, d’un équipement de femme typique des éclaireurs, et elle put même récupérer un arc. Elle partit alors dehors, sans se faire repérer, sans savoir où aller, suivant seulement son désir de se venger.
PARTIE V : VENGERESSE
Vint un jour où Siyas ressentit comme un appel, non pas sur le plan physique, mais dans son esprit. Sans qu’elle en sache la provenance, elle suivit ce signal comme une balise et arriva devant une femme morte, qui tenait un homme dans ses bras, mort également. Ce que Siyas ressentait, c’était son désir de se venger de ceux qui avaient assassiné son mari. Siyas voyait quelque chose en elle, elle voyait son âme emplie de colère, et elle ne le connaissait que trop bien. Pourquoi pouvait-elle soudain voir l’âme des défunts ? Non, pas toutes les âmes, elle ne voyait pas celle de l’homme, seulement celle de la femme. Il s’avéra qu’elle ne ressentait que les âmes qui nourrissaient un désir de vengeance, et qui s’accrochaient à cet espoir.
Elle tendit le bras vers l’âme, sans exprimer aucune émotion, et lui intima de rejoindre sa cause, de la rejoindre pour être vengée. Elle porterait ce fardeau, car elle ne savait que faire d’autre que chercher vengeance. L’âme accepta et se joint à elle. Siyas ressentit tout le désir de vengeance, toute la colère qui l’habitait, elle le lui transmettait. Elle ne se sentit pas habitée par cette femme, elle devenait une part d’elle-même, et pourtant, Siyas avait aussi l’impression de ne plus être totalement elle, elle se laissait submerger par les sensations. Lorsqu’elle parla, elle ne parlait plus pour elle seule, mais ne parlait pas au nom de la femme, elle la regardait toujours comme une étrangère, cette femme morte assassinée.
« Nous mettrons tes tueurs à genoux. »Rêve.
Siyas ne rêve pas, elle ne vit que pour tuer les meurtriers et les traitres, et sa soif de vengeance ne sera achevée que lorsqu’elle les aura tous punis.