Kastalinn, ce fût un véritable choc des cultures, pour Izufal, lui qui avait été élevé à l'ombre des arbres de Sylfaën. Les habitants de cette cité du nord semblaient faire fi de la grâce et de l'élégance. Tout n'était qu'intérêt, pas de place aux sentiments, ou alors les railleries se font entendre et les opportunités se raréfient.

Le centaure en fît la triste expérience. Mais cela éveilla un semblant d'esprit critique qui lui manquait cruellement. Toutes les connaissances du monde ne vaudront jamais un esprit vif qui sait analyser rapidement une situation. Cela mettra du temps mais le druide se promit de travailler sur ses mots et d'être moins spontanée. Voici les enseignements que le semi-équidé tira de son étape à Kastalinn.


Deux jours de course ont suffi au centaure pour naviguer à travers les vastes plaines d'Aràn, un océan d'herbes, de blés et d'avoines, sans un bouquet d'arbres ni un coteau. Étrangement Izufal se sentit à l'aise dans cet environnement, peut-être le calme du paysage.


Arrivé à l'orée de la forêt de sapins, le centaure fît une halte afin de se reposer. Il scruta également la pénombre de ce taillis inconnu.

Keel ouvrit les yeux à nouveau. Il était sur un lit de paille sèche, et avait mal a la poitrine. Il se releva péniblement, observant les bandages bricolé avec des bouts de tissu épars. Il sortit de la pièce où il se trouvait, puis de la maison et tomba sur le pécheur qui l'avait sauvé. Après l'avoir remercié, zet lui avoir assuré qu'il allait bien, Keel reprit la route.

Après une ou deux heures de marches, il s'arrêta à l'ombre d'une forêt de sapin. Mais le repos ne pu remplir son oeuvre car bien vite, Keel entendit des pas tout proche. Effrayé de sa dernière rencontre il se transforma en Gorille et monta rapidement dans un arbre pour voir sans être vu.

Après quelques instants de repos, le centaure rassembla ses affaires et s'engouffra dans la sylve qui s'offrait à lui.

Cette forêt comptée des bataillons de troncs et des farandoles de branches épineuses qui se rangeaient de manière presque géométrique. À mesure où le druide s'enfonçait dans la forêt la luminosité diminuait. Les herbes vertes des plaines d'Aràn laissaient bientôt place à un tapis immaculé où les chardons givrés dépassés par endroits. Le vent soufflait par rafales et les arbres qui se heurtaient avec force faisaient entendre des plaintes en se penchant. On pouvait entendre de longs sifflements, des craquements et des chutes de branches.


Ce fut les grommellements de douleur d'un sanglier piégé par un collet qui poussa le semi-équidé à avancer plus rapidement dans cet enfer gelé. Arrivé à porter de vue, le druide tenta de calmer la bête. Mais le corps imposant du centaure fit paniquer la créature qui se débattit, aggravant ainsi ses blessures. N'ayant d'autres choix, Izufal sortit une poudre d'une de ces fioles et souffla sur le phacochère. Ce mélange d'herbes aux senteurs exquises eut pour effet d'apaiser le gibier. Le druide désamorça le piège et fit un bandage rudimentaire à la patte du sanglier avant qu'il ne retrouve ses esprits.


Le semi-équidé se mit alors hors de portée de la bête noire et continua sa route au plus profond dans la forêt.

Keel ne comprenais pas ce qu'était cette créature. On aurait dit un thérianthrope qui était bloqué entre deux état. Le jeune garçon l'observa alors que celui-ci rassemblait ses affaires et entrait dans la forêt, étant de nature curieuse, il décida de le suivre par en haut.
Il se déplaçait de branche en branche, provoquant de légers craquement ici et là. Tandis qu'il le suivait, Keel se posa moult question: qui ou qu'est-ce que c'était? Quel était cette poudre qu'il avait utilisé sur le sanglier? Et pourquoi avait-t-il des branches sur la tête? Était-il mi-homme, mi-cheval, mi arbre?
Absorbé par ces questions et notamment par la bizarrerie de la dernière, il rata une branche. Son élan lui permit d'atteindre l'arbre suivant sans dommage, mais la réception s'était effectué au prix de nombreux craquements de branches ayant ralenti sa descente le long du tronc. Il décida de ne plus bouger risquant juste un coup œil de l'autre coté de l'arbre qui le séparait du drôle d'homme.

Après avoir libéré l'animal, Izufal poursuivit sa route, plus loin au cœur de ses bois obscurs. La lune étant bientôt pleine, le centaure cherchait un abri pour passer la nuit.


À la recherche de son lieu de bivouac, Izufal entendait toujours des craquements, de la neige sans aucun doute, pensa le centaure. N'y prétends plus attention et esquivant ici et là la neige qui tombait des cimes des arbres, Izufal finit par trouvé ce qu'il cherchait, un conifère déraciné.
Entouré d'arbres, ce camp de fortune allait faire l'affaire. Izufal posa ses affaires de voyages et posa ses mains sur le sol afin d'en capter les vibrations. Aucune menace semblait s'approcher. Rassemblant tous le bois mort et cueillant les rares fruits qui poussaient sur les arbustes environnants, le semi-équidé alluma en feu et mît à bouillir les fruits.


C'est alors qu'au bout de quelques instants, le druide entendit un vacarme, comme si quelque chose était tombé d'un arbre. Prenant un morceau de bois enflammé à la main, le druide partit en direction du bruit prudemment.

Keel vit l'homme prendre un bout de bois enflammé, et le brandir devant lui alors qu'il s'approchait. Tout en continuant de le surveiller, le jeune gorille se laissa glisser le long du tronc sur le mètre qui le séparait du sol. Il tâtonna autour de lui pour rassembler un peu de neige et en fit une boule.

Lorsque l'homme ne fut plus qu'à quelque pas, Keel sortit et lança sa boule sur le brandon qui s'éteignit. Il examina en silence cet homme-cheval, penchant la tête pour comprendre. Il alla jusqu'à se suspendre à une branche proche pour le voir à l'envers, mais son examen ne trouva nulle réponse.
Toujours suspendu, il gratta son bras à l'emplacement de son tatouage et finit par déclarer forfait:
-Qui est-tu? Tu est coincé? Est-tu un chasseur?

Il s'appelait donc Izufal. Keel était rassuré d'apprendre que ce n'était pas un chasseur, même si il ne savait pas ce qu'était un druide.
-Je m'appelle Keel, désolé pour ta torche zufal.
Il descendit de sa branche tandis que le bruit de son estomac brisait le silence. Il attrapa quelque feuille d'un buisson proche et les mâchonna en s'approchant des lucioles. Il s'amusa à les taquiner en brassant l'air puis il se tourna vers le drôle de bonhomme en enfournant d'autre feuilles:
-Ch'est quoi un druide? Vous êtes touch coinché comme toi? Et la forêt de chylvaen? ch'est le nom de chette forêt?

L'inconnu semblait avoir quelque légères difficultés à s'exprimer en langue commune notamment pour le nom de son interlocuteur. Toutefois le semi-équidé n'en prit pas note.

Lorsque le druide crut entendre des pas dans la neige, il sollicita quelques lumières bleutées d'aller à la rencontre des pas de l'étranger. La luminosité étant insuffisante, Izufal ne put distinguer que la silhouette de l'anonyme mastiquant des feuilles.

-Ch'est quoi un druide? Vous êtes touch coinché comme toi? Et la forêt de chylvaen? ch'est le nom de chette forêt?


« Non, cette forêt s'appelle la forêt de sapins à l'Est la  forêt de Sylfaën, là d'où je viens. Allons nous entretenir autour de la chaleur et la protection d'un feu Keel, les animaux peuvent être agressifs à cette heure, je n'aimerai pas en affronter un. Je répondrai du mieux que je pourrai à tes interrogations. »

Il y avait donc deux forêt, de Sylfaen à l'est et de sapins ici. de sapins. quel nom stupide. Keel trouvait par contre que cet homme parlait bien et gentiment, comme le guetteur. Il rit un peu quand Izufal lui parla du feu.
-Je n'ai pas besoin d'un feu pour me réchauffer et je ne crains pas les animaux. Mais si tu veux.
Il s'approcha du flanc du druide et y apposa sa main, comme si cela voulait dire "je suis là, allons y".
Tandis qu'il marchait, Keel ne put s'empêcher de reprendre les questions, bien que de manière plus mesurée.
-Comment c'est Sylfaen? Il y a d'autre coincé?