Après avoir écumé tous les bars de la ville de Stelleraë et s'être fait pourchassé à plusieurs reprises par la garde pour ne pas avoir payé ses notes; Aktara décida d'aller voir du pays du côté de Sylfaën, endroit réputé pour son calme et sa tranquillité.

En y repensant, c'est vrai qu'il avait causé pas mal de troubles ces derniers temps. Entre les gros titres du journal, les avis de recherche et les chasseurs de primes qui lui couraient après, le montant de sa prime avait presque doublé. 30 000 or pour sa tête. Un bon début. Il esquissa un sourire en coin, fier de penser qu'il avait gagné le triple du prix en faisant un pari risqué aux cartes avec deux orcs peu scrupuleux qu'il avait rencontré la veille, dans le pub le plus reculé de Stelleraë.

Sur le dos d'Haakron, son fidèle requin abyssal, il contempla la ville elfique depuis le rivage. Enfin une ville... Plutôt une immense forêt verdoyante. Les arbres corpulents étaient d'un vert éclatant, comme il n'en avait jamais vu ailleurs. Les maisons étaient nichées sur leurs branches; certaines étaient construites autour des troncs, et des escaliers en colimaçon permettaient aux elfes d'y accéder facilement. Des ponts de singes reliaient les arbres entre eux et facilitaient la livraison de marchandises diverses et variées.
Mais au milieu de toute cette masse se dressait un gigantesque château blanc écarlate, dont les tours principales donnaient l'impression de toucher le ciel.

Aktara avait déjà le vertige rien qu'en regardant les habitations elfiques au dessus de sa tête, ce qui faillit le faire tomber dans l'eau.

Il mit le pied à terre et fit ses adieux à Haakron avant de se diriger vers le village, le visage encapuchonné.

Enfin ! Laora était arrivée dans ce qu'elle lorgnait depuis quelque jours déjà : La forêt de Sylfaen et ses grand arbres majestueux. Elle était aux anges, elle qui n'avait jamais vu d'arbres durant seize ans, elle était ravie. Elle était comme une gosse qui voit de la neige pour la première fois - Neige qu'elle n'a jamais vu non plus soit dit en passant. Elle avançait entre les arbres, la tête en l'air, le sourire tranchant son visage, elle était émerveillée.

Au détour d'une clairière, elle vit des habitations. Enfin elle voyait la civilisation. Elle accoura jusqu'au village, toute heureuse de à l'idée de faire de nouvelle rencontre. Les gens qu'elle croisait était grands, fins et majestueux. D'après ce que sa mère lui avait appris sur l'Autre-Monde, elle se trouvait en présence d'elfes. Ils étaient beaux avec leurs cheveux longs et leurs grandes oreilles pointues. Malgré tout, elle remarqua qu'ils la dévisageaient. Sûrement car c'était la première fois qu'ils voyaient une hybride déambuler dans leurs rues et qui en plus était quasiment nue. La première chose qu'elle fit, fut de rentrer dans une boutique de vêtement et de s'adresser au vendeur :

- Bonjour monseigneur, j'aimerais vous acheter des vêtement.

Elle déposa une perle sur le comptoir. Le vendeur fit alors une drôle de tête, il avait l'air surpris. Laora ne comprenait pas que sa perle avait une valeur inestimable. Le vendeur s'empressa d'aller dans l'arrière boutique avec la perle et de revenir avec un tas de beaux vêtements.

- Tenez ! Prenez ce que vous voulez, on a rarement de si bon client, par chez nous.

Elle fouilla pendant quelques minutes dans le tas de vêtements sous le regard subjugué du marchand qui n'en revenait toujours pas.

- Je vais vous prendre ça ... Et ceci.

Le vendeur ne put couvrir sa surprise, une seconde fois. La jeune abyssale venait de choisir une simple robe blanche et une paire de bottes en cuir noir plutôt poussiéreuses.

- Ce .. Ce sera tout ?

- Oui, merci ! Dit alors l'abyssale en train d'enfiler la robe. Elle était légèrement transparente et lui arrivait au dessus des genoux. Elle enfila les bottes et sortit. C'est en sortant qu'elle vit cet étrange personnage encapuchonné.

- C'est étrange cet endroit... On dirait que tout est à l'envers... Aktara qui venait de sortir de chez un marchand d'arme était tombé dans un piège et avait à présent la tête en bas, accroché par une corde qui tenait à une branche assez mastoc d'un immense chêne.

- Normal ! Vous êtes à l'envers, truandaille ! hurla le marchand. Celui-ci ne put s'empêcher de lâcher un rire nerveux.

Aktara le foudroya du regard- les abyssaux de la Tempête ne sont pas réputés pour être des créatures extrêmement intelligentes et calmes- et il sortit le petit canif qu'il avait volé en le glissant discrètement dans la manche de sa cape.
Au passage, il scruta des yeux les environ et remarqua une jeune fille, ou plutôt une jeune abyssale vêtue d'une robe à la limite de la transparence.

- Eh, toi là ! Je te connais !

Pendant que deux gardes elfiques grimpaient les escaliers autour de l'arbre à une vitesse folle et se rapprochaient de plus en plus de lui, Aktara essaya de couper la corde qui le retenait prisonnier.
Se retrouver dans cette position le gênait, mais le regard insistant de la jeune abyssale le mettait encore plus mal à l'aise.

- Qu'est-ce que tu attends pour me filer un coup de main ! Souffla t-il.

Ce dernier était à l'envers. Accroché par une corde à une branche. Sûrement un piège. Quand il vit l'abyssale, il sembla l'appeler.

- Eh, toi là ! Je te connais !

Laora se tenait toujours immobile, face à lui. L'ombre de sa capuche masquait entièrement son visage mais la voix qui en été sortit était effrayante. Les secondes défilaient et les gardes se ruaient dans les marches pour atteindre la branche tandis que l'inconnu commençait à paniquer et essayait de trancher la corde avec ce qu'il pouvait. En vain.

- Qu'est-ce que tu attends pour me filer un coup de main !

L'Hybride réalisa que cet homme était certainement en danger.

- Hein ? Euh ... Oui ! Bien sûr...

Elle regarda autour d'elle pour voir s'il n'y avait pas quelque chose pour trancher cette corde. Son regard se posa finalement sur une pinte en verre, posée sur un tonneau, devant la taverne, à quelques dizaines de mètres.

- Je .. J'arrive.

Elle partit en courant en direction de la taverne, bousculant deux, trois passants en chemin. Quand la choppe fût entre ses main elle la frappa violemment contre le baril afin d'obtenir un morceau de verre assez gros et tranchant pour en finir avec cette corde. Elle revint au niveau du captif et grimpa sur lui dans le but d'atteindre la corde.

- Désolée..

Laora scia la corde avec le morceau de verre et l'inconnu tomba au sol. Accompagné par l'abyssale qui, ayant prit appui sur lui, ne pouvait pas faire autrement que de lui tomber dessus.

- Aouch ! Le choc fût plutôt rude, même s'ils atterrirent sur l'herbe. Le poids de la fille qui était tombée sur lui n'ayant rien arrangé.

Aktara attrapa l'abyssale par le bras et la releva avec toute sa délicatesse. Sa force était telle qu'il était impossible pour lui de la contrôler totalement.

Une troupe de garde fonçait vers eux. Ils venaient en renfort.

A présent il était impossible pour la jeune abyssale de faire marche arrière; maintenant qu'elle l'avait aidé, elle s'était rendue complice de son crime.

Puis il se mit à courir très rapidement vers une vieille grange.

- Suis-moi ! Lui cria-t-il.

Il se dirigea vers une rangée de vieux chariots. L'endroit était en pente, c'était l'idéal. Il espéra que l'abyssale comprendrait son idée.

Il sauta dans le premier chariot de la rangée puis dévala la pente à toute allure.

- Yeeeehaaaw ! Attention, chaud devant !

Il renversa trois ou quatre gardes qui étaient sur sa trajectoire.

Il verra bien où la pente le mènerait. Il espérait seulement que la fille qui l'avait aidée s'en sortirait vivante.

Après une fuite à travers le village, l'abyssale suivit son acolyte vers une rangée de chariots à coté d'une pente menant je-ne-sais-où. Le fuyard encapuchonné n'hésita pas une seule seconde et sauta dans le premier et dévala la pente. L'hybride, prise de court et suivie de près fût contrainte à faire de même, elle grimpa donc dans un chariot et suivit le premier qui s'éloignait de plus en plus.

La descente fût rapide et l'arrêt, brutal. Tandis que son nouveau compagnon d'infortune avait sauté du chariot avant, Laora, elle s'était prise un arbre de plein fouet. Sonnée par le choc, elle reprit ses esprits qu'après un petit moment.

Ils se trouvaient dorénavant en contrebas du village, duquel on pouvait apercevoir des toit de maison et des silhouettes, sûrement des gardes, remonter. Ils devaient être lassés de courir après deux innocents.

Laora profita de ce calme pour s'adresser à l'inconnu qu'elle avait aidé.

- Au fait, je m'appelle Laora, Laora Moelyn. Enchantée, tu es ?