J’ouvrai grand les yeux sur l’étendue sauvage et silencieuse balayée par un vent frais. La plaine d’Aràn avait quelque chose de plaisant dans sa primitivité. On n’y percevait pas la trace de l’homme. Du moins pas encore…
Je resserrai les pans de ma cape autour de mes épaules et me glissant entre les herbes sèches de la steppe, je me dirigeai toujours plus vers l’est et les montagnes du Baldor. Depuis mon départ du  temple, je n’avais rencontré guère d’âmes : et les quelques que j’eusses vues avaient l’esprit si étroit –ou peut-être trop stupide- pour reconnaître la toute puissance du Basilic.
Quoiqu’il en soit, je ne perdais pas espoir.

Comme le crépuscule s’installait, je pris la décision de faire halte à l’abri d’un monticule creux. Rapidement, un feu commença à dispenser sa douce chaleur. Je sortis de ma besace ce qui me restait de venaison, appréciant la tranquillité de la nuit… Peut-être qu’une âme attirée par le salut viendrait-elle en ce soir saluer et embrasser Sa Voie qui sait ? J’avais la conviction qu’une rencontre significative surviendrait bientôt. En attendant, je ne pouvais que patienter.
Je fermai les paupières et un chapitre de mon livre d'oraison ouvert sur ma queue repliée, je commençai à prier.

Sortir de la ville me suffisait pour me sentir mieux. Les nausées étaient parties, mes tracas s’évaporaient au vent. J'avais toujours aimé ces plaines, larges, infinies, balayées par le vent qui me projetait vers ma demeure que j'avais quitté voila bien des années. Non que ma vie en dehors de la foret me paraissait fade, mais une certaine nostalgie s’emparait de moi quand je repensais a ces arbres, ces gens. Mes amis de là bas me manquaient aussi terriblement, nos conversations, nos escapades, nos soirées autour d'un feu de camp, une boisson a la main. Un feu de camp comme celui qui brûlait au loin.
J’étais entonné. M'approchant doucement, me mouvant en silence, je suivi mon odorat qui me mena devant un monticule. Une jeune femme dormait doucement, sa poitrine se soulevait au fur et a mesure de sa respiration. Ça sentait le poisson...

« Silence. »

La pensée d’Arwin s’infiltra aisément dans ma conscience endormie, alors que le bout de sa queue touchait mon bras nu. Il était revenu de sa chasse nocturne. Et à ce que je sentais, il avait éventré un des poissons que je lui avais gardé de côté.

« Qu’y a-t-il, un intrus ?
- Oui, Il sent l’elfe en tout cas, fit-il en m’envoyant une image mentale de ce que ses yeux de chat percevait. Il n’a pas l’air très hostile –ni effrayant d’ailleurs.
- Adressons-lui un salut. »

J’ouvris doucement les paupières avant de prendre une première inspiration. Pour peu qu’il soit attentif, il aurait perçu ce changement de respiration par-dessus le crépitement des flammes mourantes. Contre moi, Arwin émergea du pan de cape sous lequel il s’était lové.
Je dévisageai l’inconnu : en tout point conforme à la vision d’Arwin, il était plutôt grand, pourvu de cheveux tirant sur le roux, le visage assez harmonieux. Difficile d’en dire plus avec le faible éclairage.

Je lui adressai un sourire avenant, et d’un signe de la main, le conviai à prendre place près du feu. Je chassai les derniers vestiges de mon sommeil et attrapai mon sac de vivre, d’où j’en sortis une tranche de venaison. Puis la lui proposai.
Avant d’en connaitre plus sur ses intentions, je ne prendrai pas le risque de lui révéler ma particularité : je feindrai –ou presque- d’être incapable de communiquer autrement que par les gestes.

Elle ouvrit doucement les yeux tandis qu'un chat sortait du pan de la cape dans lequel il s’était caché. Se redressant, elle me fit un léger signe de la main pour me signaler d'approcher près des flammes. Elle n'avait guère l'air menaçante ni dangereuse mais mes différents voyages m'avaient appris a ne point me fier au apparence et ce fut donc les sens aux aguets que je m'assis au coin du feu. De longues minutes s’écoulèrent. Elle n'avait toujours pas prononcé un mot. Je pris donc l'initiative de la parole : "Que fais tu donc la ?"

Je lui adressai un nouveau sourire sans répondre de façon audible à sa question. Arwin vint se nicher entre mes jambes repliées, le regard tourné vers l'inconnu mais ronronnant doucement sous mes caresses. Comme il ne voulut pas de la venaison, je donnai sa part à mon compagnon et grignota distraitement mon propre morceau.
J'évaluai l'elfe. Car il semblait partir d'un bien mauvais pied avec moi : ni salutations, ni présentation, allant directement au tutoiement sans préambule. Si j'avais une certaine tolérance, il semblerait que mon éducation monacale avait laissé d'invisibles empreintes. Et la politesse en était sans doute le premier. Mais d'autre part, qui, sinon un malotru, viendrait déranger une femme seule en pleine nuit et ensuite profiter de son confort ?

"Chassons-le, m'intima Arwin.
- Cela serait revenir sur mon offre et le tromper. Après tout, je lui ai proposé hospitalité.
- Il est vrai... Toutefois comptes-tu vraiment t'imposer un tel manant ? Sans doute devrais-tu songer à communiquer avec lui...
- Si en plus d'être mal élevé, il se montrait intolérant envers les muets, je ne devrais pas faire grand cas d'une telle personne.
- Que vas-tu faire alors ?
- Continuer de le regarder, de l'évaluer car qui sait s'il ne verra de lui-même ses erreurs passées : en attendant je ne le pardonne."

Arwin miaula, avant de fermer les yeux.

"Comme tu voudras."

Et le silence continua de flotter sous le doux crépitement des flammes.

Le silence se poursuivit, laissant le soin aux crépitements des flammes de combler ce vide de son. Ses habits me rappelaient un lointain souvenirs, lu dans un des livres de la grande bibliothèque de mon tuteur. Chassant ce souvenir pour l'instant, il se concentra sur la jeune femme : elle était jeune indubitablement, sentant aiguille de pin et la force. Elle semblait voyager avec ce chat que j'avais vu et qui semblait dormi . Intrigué par cet étrange duo, je sorti ma faux et me mis a l'aiguiser doucement. Je sorti peu apres mon couteau qui me servait a recuperer des plantes et le posais devant le feu avec mon autre arme pour bien montrer que j’étais désarme, sans aucune intention malveillante.
"Je m'appelle Freeen." prononçais je solennellement."Qu'est ce qu'une naga fait elle si loin de chez elle ?"

Je restais perplexe. Cet étranger débarquait, ne se présentait et pour tout geste significatif, dégainait ses armes. Mon regard et celui d'Arwin étaient rivés sur les lames. Il avait sans doute voulu faire preuve d'honnêteté en présentant à sa vue tout ce fatras toutefois cela était quelque peu... maladroit. Si j'avais l'âme guerrière, à l'instant où la faux se serai logée dans sa main que je l'aurais attaqué...
Mais au moins, l'impoli avait enfin pris une bonne initiative, à savoir se présenter. J'hésitai encore une dizaine de secondes avant d'avancer une main vers sa joue. Lentement, la paume ouverte. Et alors ma "voix" résonna pour la première fois dans son esprit :

"Bonsoir."

Je guettai sa réaction, sachant que certaines personnes s'effrayaient de mon don. Puis je tentai de poursuivre, le regard soutenant le sien comme pour le calmer.

"Je suis la Prêtresse Silence, elfe Freeen. Et quant à mon compagnon, il se prénomme Arwin. Rangez donc ces armes que l'on puisse mener une conversation sans avoir ces instruments de mort sous les yeux..."

Je repris ensuite :

"Mon compagnon et moi sommes en pèlerinage. Aussi acceptons-nous volontiers de partager ce lieu de halte avec un autre voyageur."

Je tressailli quand elle me toucha et que sa voix résonna dans ma tête. Ça expliquait bien des chose.
J'avais donc en face de moi une personne en pèlerinage, surement muette et télépathe. Sur les plaines de Kastalinn, voila qui n’était pas coutume. Bien entendu, je ne croyais absolument pas en une quelconque divinité. Malgré tout, son histoire m’intéressait et j’étais toujours a l’affût de nouvelles connaissances.
"En pelerinage ? Croyez vous en une divinité ?"

Je souris, perdant mon air avenant pour laisser transparaitre mes réelles intentions. Sa question aurait pu être rhétorique s'il ne donnait pas tant l'impression de s'interroger : finalement, je me demandais s'il n'était pas vraiment simple d'esprit... Mais qu'étais-je pour le juger ? Nous sommes tous soumis à Sa Loi, après tout... Je mis cette pensée de coté, lui répondant enfin :

"Dites-moi... Connaissez-vous une prêtresse qui n'ait nulle foi ?"

Je ris silencieusement. Arwin miaula.

"Autrement, vous êtes sans doute l'un des premiers malheureux à ne pas hurler de terreur a contact de mon pouvoir... Enfin, assez parlé de moi : que fais un jeune elfe en ces lieux quand le ciel est si noir ? "

Je souris a mon tour : "Vous n’êtes clairement pas la chose la plus étrange que j'ai pu voir aux fils de mes voyages et pas la plus effrayante non plus" répliquais je avec un sourire.
Je pris dans ma sacoche une fiole qui contenait de l'alcool de sureau que j'avais préparé avant de partir de Kastalinn et auquel j'avais rajouté deux ou trois ingrédients. J'en bu une gorgée avant de poser la bouteille en face de nous deux. Le liquide me chauffa le torse.
"Jeune ? N’exagérons pas, j'ai vécu assez de temps pour voir les malheureux rares arbres de cette plaine pousser." Devant cette jeune femme, je m’étais mis a un registre plus formel, l’éducation dominicale de la fille m'y obligeait.
"Pour tout vous avouer, je retourne parmi mes pairs. Mais s'il vous plait, parlez moi un peu de votre dieu"

Une nouvelle fois, Silence s'exaspéra du comportement de Freeen.

"Je persiste à vous croire jeune étranger, ou bien je devrais croire que vous êtes fort peu civilisé."

Ceci dit, elle coula un regard fort éloquent vers la boisson de l'importun avant de reprendre sur un ton moins froid mais toujours peu avenant. Arwin dardait son regard azuré sur lui. A la similitude de sa maitresse, son attitude trahissait les mêmes pensées vis à vis de Freeen.

"Je sers le Basilic, Dieu Serpent dont le retour ne saurait tarder... Seriez-vous intéressé par mon culte, vous qui venez d'un peuple vénérant la forêt ? Sinon, je continuerai de prendre du repos, un long voyage m'attend encore et il n'est bien tôt..."

Le basilic... Voila pourquoi ce qui me trottait dans la tete...
Je me souvenait de ce que mon perd adoptif m'avait appris sur ce culte et surtout sur le coté fanatique de certain prêcheur. Aussi grande que peut l'etre ma curiosité, je n'avais aucune envie d'en savoir plus.
Pourtant, je me mis a lui raconter une fable que j'avais entendu quand j'etais petit :
"On raconte qu'en des temps reculés, le monde n'était composé que d'elfes. Un jour, les dieux imposa une nouvelle race : les humains. Les années passèrent et les deux peuples entretenaient des relations cordiale malgré la jalousie de ces derniers a notre égard. Les dieux décidèrent alors de mettre les deux races sur un même pied d'égalité, voulant nous enlever notre longévité et nos capacités. Les elfes se réfugièrent alors dans les forets, un lieu qu'ils scellèrent a la magie pour qu'aucune présence divines ne puissent y entrer et y agir."
"Les arbres sont nos protecteurs contre la cupidité des dieux et leurs attaques. Voila pourquoi les elfes ne célèbrent pas de culte"
Je savais que c'était débile de ma part de lancer une discussion théologique avec ce genre de personne.

Un grand silence plana après que l'elfe eut terminé.

"Il est simple d'esprit ou il nous croit simples d'esprit ? s'enquit Arwin, l'air de rien.
- Je pencherai pour les deux. C'en est bien malheureux.
- Vraiment ? Je n'ai pas tant que ça l'impression que son adhésion au culte apporterait grand chose de bon. Plutôt le contraire... en fait.
- Et quant à le sacrifier, qu'en penses-tu mon ami ?
- J'en pense que c'est une possibilité.
- Allons-y."

Silence se leva sans dire le moindre mot et sorti dans la nuit pleine : elle avait pris sa lance. Dévoilée à la lumière de la lune, la lame s'auréolait d'un sinistre éclat. L'elfe, s'il n'était pas stupide, comprendrait le sens de ce geste. Une invitation en duel, rien que cela...

HRP:

Freeen commence !

Freeen : 110
Vitesse: 124
Dégâts: 46

Silence : 140
Vitesse: 97
Dégâts: 127

Disons le clairement, j'avais manqué d'esprit en la provoquant ainsi mais bon, je détestais les fanatiques et comme je manque très souvent de tact. Avouons quand même qu'elle était très susceptible quand même, s’énerver pour un contine, a croire qu'elle n'avait pas eu d'enfance. Sa lance brillait au clair de lune, reflétant sa lumière pour l'entourer d'un éclat mystique. Et j'ai eu l’interrogation du siècle, la question existentielle qui allait tenir en émoi le pays entier : et si les armes avaient une conscience propre, qui aidait leurs maître si on les traitait bien ou prenait contrôle de leur maître si elle avait une mauvaise nature. Mes armes ne m'avaient jamais trahie et je les avait toujours bien traités. Bon, on reflechirait a tous ça après le combat me dis je en soupirant.
"Comme si je n'avais rien d'autre a faire" dis je en lançant mon couteau dans sa direction.

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'Attaque - Elfe' :

"Silence"

Je n'eus vraiment besoin de cet avertissement pour voir la dague filer vers moi : mais cela avait pour but de concrétiser le combat plutôt de que réellement me mettre en garde. Néanmoins, je n'eus le réflexe d'esquiver assez rapidement et me trouvai entaillée au flanc.
Je pestai. Ce pleutre m'attaquait non seulement en restant cloîtré dans la grotte et de plus, ne me faisait face ? Je n'arrivai pas à croire que l'on puisse tant manquer d'honneur. Et dire qu'il crachait sur mes croyances après... Enfin je parlais de celui qui s'était amusé à sortir sous mon nez toutes ses armes sans prendre la peine de se présenter. Il n'y avait pas grand chose à en attendre donc...

Mais comme la souris ne sortait pas de son trou, je n'eus guère de choix que de laisser Arwin gérer la chose et d'essayer de le faire quitter son nid. Il l'attaqua comme une furie maitre d'elle-même, griffant, mordant, esquivant avec une agilité que seuls les petites créatures pouvaient avoir dans un espace aussi confins que la grotte. L'air de rien, Arwin pouvait blesser gravement...

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'Attaque - Naga' :

Silence l'emporte !
Elle gagne 20 xp et 15 PO. Freeen gagne 10xp et 5 PO.

Le RP peut continuer !