L’histoire :

En ce terme raisonne la tribu la plus victorieuse, prestigieuse et respectée par tous les géants, du moins tacitement. Ancrée depuis des millénaires au mont Tagne, ses membres ont dompté la dureté du climat aussi bien que les Géants des Neiges. La tribu pratique la chasse pour survivre. Le griffon et le peryton sont leurs spécialités. Cependant, ces chasses sont dangereuses et beaucoup de jeunes géants peuvent y laisser leur peau. Sans compter les trolls qui n’hésitent pas à sauter sur un géant blessé ou, parfois, attaquent en nombre des groupes isolés. De telles conditions de vie ont exalté en eux une indomptable volonté de vivre puisant leur force autre part que dans leurs muscles seulement, contrairement aux autres tribus plus nomades palliant au manque de ressources en se déplaçant, ou d’autres encore pratiquant l’élevage de moutons. Véritablement attaché à Tagne, les Jötunns descendent très rarement de leur zone. D’ailleurs, ils n’ont longtemps été qu’une famille parmi les autres autour de ce mont. Ce n’est qu’à l’époque de Noctalion que cette famille commence à assujettir les familles de géants alentours, s’élevant au rang de tribu. Cet ancêtre a poussé tellement loin son influence que d’autres anciennes et puissantes tribus, voulant préserver l’équilibre, se sont senties menacées. Ce clivage abouti à la grande guerre que l’on connaît tous. À l’issue de ce conflit, les Jötunns atteignent un apogée dont l’histoire des Géants ne connaîtra plus d’autre équivalent. À cette époque, toutes les familles géantes exprimaient la volonté d’être associé aux Jötunns en tant qu’allié, pour les plus éloignés, ou en tant que vassal, pour les plus proches. Jötunn était synonyme de géant parfait, un modèle à imiter, voir à devenir. Malgré cet éclat, la tribu est restée concentrée sur son espace vital. Ayant intégré les familles subjuguées et cantonnées à la périphérie de Tagne des tribus assujettis, les Jötunns ont délaissé leur hégémonie sur le monde des Géants. Ainsi, d’autres tribus ont suivi leur modèle en assujettissant ou punissant les tribus dans leur zone d’influence selon leur propre coutume. C’est le cas des Clythios, des Gaiades ou des Agrothoas par exemple. D’autres, déléguant ou négligeant la martialité, misent sur une concurrence culturelle comme les Ilmatarrs ou les Skjalls pour les plus connus. Aujourd’hui, les Jötunns ne sont, finalement, plus que le symbole de leur autorité passée.

Les rites :

Cet attachement à Tagne est dû à leurs légendes. Ce mont serait la source de leur force et de leur prospérité. De son cœur l’on peut tirer une substance bleue. Cette substance serait le sang des premiers Géants qui sont restés enfermés dans la glace si longtemps qu’ils ont fusionné avec celle-ci. La tribu utilise cette matière visqueuse pour les tatouages. Sans ses tatouages, on ne peut prétendre être un Jötunn. D’après la tradition, ces tatouages confèrent la protection des ancêtres. Il y a différentes formes pour ses tatouages tribaux, chacune avec une symbolique différente :

• Les tatouages faits de traits droits et de lignes ou aplats linéaires inspirent la robustesse associée à la glace éternelle, mais peuvent aussi faire référence à la persévérance ou à l’énergie vitale.
  
• Ceux fait de tourbillons et de courbes inspirent la force agissante, l’énergie qui déferle telle une avalanche ou une tempête. Ils sont de même associés à la fertilité aussi bien chez les mâles que les femelles.
  
• Enfin, ceux en forme de flammes inspirent l’autorité et la clairvoyance tel le soleil qui éclaire les cieux. Ces tatouages représentent aussi la sagesse innée ainsi que la bonté.
  

Ces tatouages sont si importants que la cérémonie pour l’octroyer à la jeunesse est observée par la totalité de la tribu. Les jeunes Jötunns ayant atteint l’âge de 20 ans sont soumis à une épreuve au début de la soirée du solstice d’hiver – la nuit la plus longue. Ils doivent l’accomplir avant l’aube. Pour l’occasion, un grand foyer est alimenté au cœur du mont Tagne, dont les initiés se posent autour pendant que les anciens dirigent les chants et les danses traditionnelles. L’épreuve est choisie par les anciens et peut changer en fonction des années et du nombre de participants. En général, elle consiste à escalader le mont, traîner une gigantesque roche sur quelques mètres, fissurer le flanc d'une montagne ou coucher une énorme stalagmite. Après l’aube, les festivités commencent. Les jeunes sont drogués et rejoignent ensuite les adultes qui dansent et frappent les tambours en rythme. Tout ceci a pour but de les fatiguer et ainsi atténuer la douleur de l’application des tatouages. Ce sont les jeunes qui choisissent la forme des tatouages qu’ils désirent. Après ce rite initiatique, les jeunes tatoués sont considérés comme des adultes et peuvent participer à leurs premières chasses quand ils le veulent.

La politique :

On peut se poser à présent la question sur la politique des Jötunns. Des exemples passés comme Noctalion et Ulfberth le Fin ont montré le potentiel impressionnant de la tribu lorsqu’elle suit un meneur. Cependant, cela est loin d’être la norme. L’élite est composée de groupes de chasses, essentiellement des mâles. Les femelles sont les protectrices des huttes, mais s’occupent aussi de la collecte pour agrandir le garde-manger. Les anciens et les enfants s’occupent généralement des foyers et des rites tribaux. Cuisine, nettoyage et enseignement composent l’essentiel du quotidien de la jeunesse jötunn. La nécessité peut souvent créer des exceptions à ces normes comme, par exemple, des géantes partant en chasse ou des jeunes en charge des collectes. Finalement, l’autorité est obtenue par celui qui ramène le plus de subsistances pour la tribu. De cette autorité, il peut attirer plus de membres au sein de son groupe. On comprend ainsi mieux la politique de Noctalion et de ses prédécesseurs. À ce jour, le système est inchangé mis à part qu’il est désormais commun pour des groupes de chasses ou de collectes d’aller demander des vivres aux tribus assujettis en échange de protection. La tribu se place aussi en arbitre des conflits au sein du mont Tagne. Pour tout ce qui concerne le cœur de la tribu et pour les décisions importantes, les membres suivent généralement les conseils prodigués par les anciens, mais les relations extérieures sont laissées au soin des groupes de chasses ou de collectes. Si bien qu’une certaine concurrence peut émerger entre les groupes, s’alliant, se disputant ou soutenant certaines tribus assujettis pour leur profit. Comme on peut le constater, il n’y pas de dynasties, même s’il est fréquent de voir une fratrie dans un même groupe.