Nom : Asriel Otenshi

Âge : 33 ans

Sexe : Mâle

Race : Djöllfulin

Classe envisagée : Animiste

Métier envisagé : Vagabond in RP (colporteur, cartomancien, homme à tout faire, c’est selon) - Sculpteur

Capacité magique : Devin (les esprits aiment murmurer des choses... Plus ou moins vraies)

Mode hardcore : Non

Langue(s) parlée(s) [Facultatif] : Dùralassien, Nordien

Excusez-moi mon brave, je n’ai pas pu m’empêcher de lire par dessus votre épaule, et je crains que vous n’ayez fait une petite erreur. Voyez-vous, il vous manque quelques centimètres, je mesure 1m82 sans les cornes.

- On est censé les compter, tes cornes?

A vous de voir, à Kastalinn, faites comme les Kastalinnois. Ou les Kastaliens? Vous me raconterez plus tard. Pour en revenir à votre rapport, franchement, ça manque un peu de flamboyance. Peau gris bleutée, yeux rouges, longues oreilles, cheveux noir-bleus, tout ça c’est d’un banal. Parlez plutôt de ma beauté exotique, de mon regard pétillant et intense, de ma peau douce et de mes cheveux soyeux, de mes bijoux discrets mais élégants. Parlez de mes vêtements soyeux et surprenamment légers alors que nous sommes si près du Grand Nord.

- La beauté c’est subjectif, et mon rapport ne peut pas se permettre d’être autre chose. Et surtout pas une ôde à un détenu, dictée par lui-même par-dessus le marché.

Me rappeler à mon statut de prisonnier, voilà qui est cruel. Maric, on papote depuis des heures vous et moi, on ne devrait pas se réduire à nos rôles de geôliers et d’invité au consentement dispensable. Nous ne sommes pas… Hé, qu’êtes vous en train d’écrire? Allez, tournez vous un peu que je puisse regarder, c’est pas rigolo sinon.

- Je mentionne tes tatouages, Asriel. Aussi platement et succinctement que possible. De l’eau ou de la fumée, qui va de ton cou jusqu’à ton torse, et peut-être plus bas.

Vous voudriez que je vous montre jusqu’où ça va?

- Jamais pendant le service. Qui te les as fait? C’est coutumier chez les Djöllfulin?

Pas tant que ça, mais pour moi c’est particulier. J’ai fait mon premier après avoir réussi ma première invocation, un esprit qui a avait l’air constitué d’eau et j’en ai rajouté au fur et à mesure de mes progrès.

- Tu es invocateur? Vraiment? T’as de bons muscles pour quelqu’un qui envoie des esprits se battre pour toi.

Je savais que tu avais dévoré mon corps des yeux ! Vous êtes bien plus costaud que moi, mais oui, je sais me battre. Je n’ai pas toujours mes esprits avec moi, et même quand ils sont là, je ne vais pas les laisser faire tout le travail. Question de politesse, et de panache bien sûr.

- C’est important pour toi le panache?

Ca ne l’est pas pour vous? A quoi bon vivre si on ne fait pas d’étincelles? Oh ne répondez pas, je sais bien que c’est plus compliqué que ça. Mais pour moi, c’est… Simple. C’est comme ça que je veux vivre, c’est comme ça que je veux être. J’aime qu’on me voit, qu’on me remarque, qu’on se souvienne de moi, et idéalement, en bien.

- Ça ressemble plus à de la vanité. Tu aimes t’écouter parler et jouer les cadors, mais tu es ici parce que tu t’es battu ivre dans une taverne. Niveau panache, il y a mieux.

Je n’ai pas dit que je voulais être un modèle. Mais j’admets que, entre mes convictions et ma façon de faire, il y a parfois un écart. J’aspire à mieux, mais j’y arrive pas toujours. Non, vraiment, je vous le dis franchement, je n’en ai pas honte. Je ne suis pas parfait, même selon mes propres critères, mais le plus important, c’est de viser plus haut. Ou plutôt, plus loin. C’est pour ça que j’ai quitté le Village par exemple : parce que j’ai besoin d’espace, de tout l’espace de Duralas pour pouvoir m’étendre, grandir, découvrir.

- C’est de l’ambition ou de la naïveté? Et ne t’avise pas de répondre “un peu des deux”, c’est trop facile ça.

Au début je dirais que c’était ça, les deux. C’est facile d’être naïf quand on n’a connu qu’un seul endroit, mais c’est dur de le rester quand tu en sors et que tu es curieux. Et je suis sacrément curieux. C’est pas ma première nuit en prison, vous vous en doutez, et ce sera sans doute pas la dernière, même si j’ai jamais rien fait de foncièrement mauvais. J’aime voir et faire des choses, plein de choses, de nouvelles choses. Et pour vous répondre, je pense que c’est une forme d’ambition : à chaque nouvelle expérience, je grandis, je suis plus malin, plus sage, plus séduisant.

- Elles vont s’arrêter un jour, tes nouvelles expériences ?

C’est pas prévu pour le moment. On verra bien. Je ne suis pas du genre à faire des plans sur le long terme. Pas forcément non plus sur le moyen d'ailleurs.

- Ca explique pourquoi tu m’as parlé d’au moins cinq ou six boulots différents…

Je suis débrouillard, et j’ai mes petits dons. Je m’en sers. Si je trouve un bel objet dans des ruines, je le vends. Si une caravane a besoin de protection, je m'enrôle avec d’autres. Si je reste en ville, je distrais les foules avec de petits tours en faisant passer le chapeau, ou bien je lis l’avenir, les lignes de la main, tout ça.

- Ce sont de vraies prédictions, ou c’est juste du flan, comme hier soir?

Hé, hier soir c’était vrai aussi ! J’avais prédit à ce type que sa conjointe allait le tromper. Je n’avais juste pas vu que c’était un conjoint. Et que j’allais rencontrer le conjoint en question le soir même. Et qu’on allait… Si bien s’entendre.

- Je suppose que ce n’est pas la première fois que tes histoires de plumard t’amènent à une bagarre hein? Mais si tu es si bon combattant, que tu as des esprits qui font le travail pour toi, pourquoi c’est toi qui était à terre?

Alors, à ma décharge, j’avais bu, ça n’aide pas. Mais surtout… Je veux faire de mal à personne. Je me suis déjà battu pour ma vie, je sais qu’il faut parfois… Faire ce qui doit être fait. Mais ça ne me plaît pas, bien au contraire. Et pour des histoires comme ça… Je préfère encore me faire tabasser que de risquer de faire du mal à quelqu’un. De lui faire vraiment du mal, je veux dire. Et puis, franchement… Il peut bien me casser la figure, ça n’empêche que j’ai couché avec son mari. Et rien ne peut changer ça.

- Haha, c’est pas faux ça. Très franchement, je vous imaginais pas comme ça. Ton peuple, je veux dire. Je me figurais plutôt une bande d’ermites taciturnes.

Hé, c’est pas bien les clichés. Mais je ne vous en veux pas, nous ne sommes pas aussi bien intégrés que les autres races, et c’est en partie notre faute. Mais notre peuple n’est pas différent des autres : il y a de tout au Village. Je suis du genre bavard et aventureux, et je l’ai toujours été, et je ne suis pas le seul.

- Tu l’as toujours été, bah tiens. S’il y a bien un truc que j’ai entendu mille fois c’est “j’ai toujours été comme ci”, “j’ai toujours pensé ça”, et il faut pas creuser bien longtemps pour voir que c’est des conneries.

Mais c’est pourtant vrai. Enfin, forcément, je n’ai pas toujours été exactement comme je suis, mais j’ai toujours été curieux. Mon premier mot a été “maman”, mais ma première phrase a été une question, c’est ce que m’ont toujours dit mes parents. Dès que j’ai appris à marcher, il a fallu mettre des barrières partout, et dès que j’ai appris à les ouvrir, il a fallu en installer de nouvelles, et ainsi de suite. C’était vraiment une course à l’armement à la maison, et ça s’est pas arrangé quand j’étais enfant et que je pouvais sortir poser mes questions à tout le monde. Vous savez laquelle je posais le plus souvent?

- Je l’ignore, mais je suis persuadé qu’elle commençait par “pourquoi”.

Naturellement ! Et c’était “pourquoi je suis bleu?”.

- C’est pas normal chez toi? J’ai pas vu beaucoup de Djöll, mais vos couleurs de peau m’ont toujours semblé variées.

Ca oscille généralement entre le rouge et le gris, avec différentes teintes au milieu. Parfois ça va au-delà du rouge pour devenir un peu plus sombre ou violacé, mais c’est rare. Et parfois, ça va au-delà du gris pour donner une teinte bleuâtre, mais là encore, c’est rare. On me disait que j’étais en vrai fils du Grand Nord, un enfant de l’hiver et de la glace, et c’est vrai que je suis né au milieu d’une tempête de neige. Mais mes parents sont tous les deux clairs de peau, et j’ai appris plus tard que j’ai été touché par un esprit à ma naissance. C’est sans doute l’explication la plus proche de la vérité.

- Tu l’as appris quand t’as découvert tes pouvoirs, j’imagine?

Yep ! Depuis tout petit j’avais l’impression de voir des choses qui n’étaient pas là, mais il aura fallu que je grandisse un peu pour que ça devienne plus clair, et que je les entende. J’ai eu peur au début, mais… Hé bien, on ne se refait pas, et quand j’ai compris que certains pouvaient parler, je suis allé leur poser des questions. Mes parents étaient pas particulièrement emballés quand je leur ai raconté, et les autres enfants étaient méfiants en me voyant regarder le vide comme un chat, mais personne n’a jamais essayé de m’en empêcher. Au contraire, quand ma mère a compris que ça n’était pas une lubie, elle a été trouver quelqu’un pour m’apprendre à me servir de mon pouvoir. C’était un elfe qui s’était installé au village depuis plusieurs mois, Alanthir.

- Un professeur d’une autre race et qui venait du monde extérieur hein… Tu devais être intenable.

Vous n’imaginez même pas. Très franchement, je crois que c’était les meilleures années de ma vie. Je me couchais tous les soirs avec l’esprit en ébullition, et je rêvais chaque nuit de choses et d’endroits que je ne connaissais pas. J’ai rencontré l’esprit qui m’avait protégé du froid à ma naissance, j’en ai découvert d’autres, j’ai appris à me débarrasser de mon accent en parlant le Duralassien… J’aurais voulu que ça dure pour toujours, et à l’époque, j’étais persuadé que c’était le cas.

- Et je sens qu’il y a un “mais” qui approche. Et je crois deviner lequel… C’était il y a combien de temps tout ça?

Je devine à quoi vous pensez, mais on n’y est pas encore. Mon apprentissage, c’était il y a 16 ou 17 ans. La Calamité, c’est pour plus tard. Mon maître, lui, a simplement dû partir à un moment : il avait une vie en dehors du Village, et il fallait bien qu’il y retourne tôt ou tard. J’étais un peu vexé à l’époque, mais je ne pouvais rien lui reprocher. Il avait promis de revenir, et j’étais capable de continuer tout seul. C’est ce que j’ai fait, et en même temps, j’aidais mon père à la boutique. J’ai même réussi à le convaincre de quitter le Village de temps en temps, pour aller vendre nos produits ailleurs. Parfois, on partait pendant des semaines avec un chariot rempli, juste tous les deux, et quand on se perdait, je demandais aux esprits. Ou aux gens, mais on était tellement forts pour se perdre que c’était rare de croiser qui que ce soit.

- Vous avez jamais eu d’ennuis tous les deux?

Oh si, bien sûr, mais jamais rien de grave. Mon père savait se défendre, et Alanthir m’avait appris à me battre aussi, sans parler de l’aide des esprits. On n’a jamais eu à faire face à grand-chose d’autre que des insultes et des bêtes sauvages. Quelques bagarres de temps à autre, pas plus d’une dizaine étalées sur 5 ou 6 ans si ma mémoire est bonne. C’était simple, et beaucoup plus paisible que ma vie d’aujourd’hui, en comparaison. Mais à l’époque, on avait l’impression de partir à l'aventure dès qu’on franchissait les portes du Village.

- 5 ou 6 ans hein…

Oui, malheureusement, tout ça nous amène lentement mais sûrement à la Calamité. Faut dire que ça a commencé assez près de chez nous, le Nord a été le premier touché. J’étais adulte, mais je pensais encore comme un adolescent, alors j’ai absolument tenu à aller aider, sans penser à ma propre sécurité. Je ne sais même pas si c’était pour sauver mon prochain ou juste pour faire mes preuves. En tous les cas, on me l’a strictement interdit, et je m’en suis strictement contrefoutu. J’ai quitté le Village avec quelques autres volontaires, à la faveur de la nuit, et on est allé à la rencontre des autres groupes de combattants qui suivaient la Calamité. On avait passé Kastalinn quand j’ai revu Alanthir, et qu’il m’a collé une baffe phénoménale en voyant ce que j’avais fait.

- J’aurais sans doute fait pareil.

Et je le ferais aussi maintenant si je devais être à sa place. Mais hors de question de me faire rentrer chez moi à l’époque, d’autant qu’on avait vraiment besoin d’autant de bras que possible. On a aidé comme on a pu, même si on n’a rien fait de glorieux. Et quand la tension est retombée et qu’on s’est retrouvés à se demander quoi faire… J’ai choisi de ne pas rentrer chez moi. A l’époque, je me sentais comme un héros et je voulais continuer à sauver le monde. Alanthir a compris que, s’il me renvoyait à la maison, je changerai de route dès que possible, alors il a choisi de me prendre sous son aile, à nouveau. J’étais toujours son apprenti après tout, et on a voyagé tous les deux pendant quelques mois. Ca m’a mis un peu de plomb dans la cervelle de voir le monde tel qu’il est. Et quand la deuxième Calamité a refait surface, et qu’on s’est à nouveau précipité pour aider… J’étais un peu moins idiot.

- La Calamité de l’Ouest et de l’Air… Je m’en souviens aussi de celle-là…

Dur de l’oublier… On y a été blessés tous les deux, Alanthir et moi. Lui, beaucoup plus gravement. Il ne m’a jamais expliqué ce qui s’était passé, j’étais inconscient quand c’est arrivé, mais… Il n’a plus jamais pu pratiquer la magie après ça. Il a été blessé physiquement, il a failli perdre un bras et il boîte encore aujourd’hui, mais ça c’est… C’est pas si grave, si je peux dire. Mais ce jour-là, dans la bataille contre les ombres, il y a une part de lui qui a été tuée. Il a plus jamais été le même depuis, malgré ses efforts pour se persuader du contraire. Il a fini par rentrer chez lui, après la bataille. Je l’ai accompagné, j’ai rencontré sa femme, un de ses fils, et… Et je suis reparti. Seul cette fois.

- Tu es retourné chez toi depuis?

Non… Kastalinn, c’est un peu ma limite, je vais quasiment jamais plus au nord que ça. J’envoie régulièrement des lettres, je raconte mes aventures, j’envoie parfois même de petits objets par coursier. Des babioles, des souvenirs, tout ça. Mais… J’ai un peu peur de ce qu’ils pourraient me dire tous les deux. De ce que leur regard pourrait me laisser comprendre, derrière leurs mots.

- Je vais être un peu dur avec toi Asriel… Mais je te pensais plus courageux que ça.

Je suis doué pour faire illusion.

Mais j’y retournerai. Plus le temps passe, plus j’ai envie de les revoir. J’ai vu tant de choses, et il me reste tant à voir, mais qu’est-ce que ça vaut si je ne partage pas ça avec les gens qui me sont chers? Je retournerai chez moi, oui, mais je n’y resterai pas. Je vous disais que la période la plus heureuse de ma vie c’était mon apprentissage au Village, et c’est vrai, mais celle que je vis depuis des années n’a pas à rougir de la comparaison.

- Dans ce cas, pourquoi n’est-elle pas meilleure encore? Si tu fais tout ce que tu veux comme tu veux, pourquoi ce n’est pas maintenant, le moment le plus plaisant de ta vie?

Parce qu’il y a des choses qui ne dépendent pas de moi. Traitez-moi de romantique, mais…

- Vu ce que tu m’as raconté de tes coups d’un soir, je suis pas près de t’appeler comme ça.

Tant de sarcasmes qui sortent d’une si jolie bouche ! Alors que, pauvre solitaire que je suis, je ne fais que chercher un ou une partenaire, justement. Quelqu’un avec qui voyager au-delà d’une ou deux destinations. Quelqu’un avec qui je passerais plus qu’une nuit. Quelqu’un que je pourrais découvrir et redécouvrir chaque jour.

- Tu en demandes beaucoup. Essayer de se caser tout en courant le monde… C’est audacieux.

Je dirais plutôt optimiste. Ce qui serait audacieux, ce serait de vous demander ce que vous ferez demain, après votre service. Et d’espérer prendre un verre tous les deux quand je serai sorti.

- Je n’arpenterai pas Duralas avec toi tu sais.

Un petit bout de chemin jusqu’à une bonne auberge me suffira.