Un autre combat allait commencer pour la nordienne. Il lui fallait se battre, encore et encore, afin de perfectionner sa magie d’invocation, mais aussi pour garder la forme en combat. Car, pour certains de ses défis, il lui faudrait affronter des créatures bien coriaces. Et voilà pourquoi la nordienne était de nouveau sur le sable de l’arène, sous les acclamations de la foule. Il fallait dire également que la demi-Elfe avait atteint le podium, de quoi attirer les foules. Ses victoires n’étaient certes pas si nombreuses, mais comme les défaites ajoutaient également les points, alors elle ne cessait de grimper au classement, et plus vite que ce que la völva pensait.

Quel ne fut pas la surprise de la jeune femme lorsque son adversaire se révélait n’être nul autre que son ami Melhyndil. Il lui sourit, la nordienne le saluant alors en retour, dégainant sa lame et appelant ses esprits au passage. Mais, dès le signal lancé, l’elfe fut plus rapide que la völva et tira deux flèches. L’une frappa Teiwaz, l’éliminant sur le coup, et l’autre passa près de faire de même avec Is.

- Je vois que la leçon chez les Dragonniers semble t’être rester en mémoire, c’est bien.

D’un sifflement, la voilà qui ordonnait à la marmotte spectrale d’attaquer, fonça elle aussi sur l’adversaire. Is s’attaquait aux chevilles de l’archer, tandis que sa lame fendait l’air, causant une coupure un minimum sérieux sur le bras avec lequel il bandait son arc. Un coup qui devrait lui nuire, espérait la nordienne, lorsque viendrait la prochaine salve de flèches.

- J'ai appris la leçon oui, dans la douleur comme tu le sais. Toutefois, la mettre en pratique est une tout autre chose.

Bien, voilà qui était une bonne chose. Bien sûr, son visage manifesta son déplaisir de prendre un nouveau coup douloureux. Mais c’était un duel, forcément que des blessures seraient présentes. Au moins, l’archer ne garderait aucune cicatrice grâce aux guérisseurs de l’arène, contrairement à elle durant ses défis. Surtout sa victoire contre l’ours. La preuve, ses genoux étaient encore parfois douloureux.

Malgré la plaie à son bras, Melhyndil encocha tout de même deux flèches et élimina sa dernière invocation. ”Bien, faire fit de la douleur d’une blessure en combat, c’est un atout pour vaincre un adversaire. S’il continue à m’affronter et à retenir mes astuces, il ira loin.” Et t’en qu’à lui montrer d’autres techniques, autant le faire maintenant. Usant d’une stratégie encore inutilisée contre Melhyndil, la nordienne fit un rapide tour sur elle-même, se donnant ainsi de l’élan pour balancer un puissant coup de pied sur le torse de l’archer, le propulsant au sol plus loin. La demi-elfe ne savait pas cependant si une côte ou deux avaient brisées sur le coup, mais elle savait qu’il s’agissait d’un risque lorsque la force était présente. Mais encore là, la jeune femme comptait sur les guérisseurs pour régler la situation à la fin du combat.

Au final, son coup de pied n’avait peut-être pas été la meilleure idée pour une fois, puisqu'il l’avait éloigné d’elle, lui donnant l’opportunité de lui décocher une flèche. Qui, bien sûr, vint se ficher dans sa jambe. La nordienne réprima un cri de douleur. Ce n’était pas sa première blessure, et certainement pas la dernière, ce n’était pas une flèche qui la ferait chouiner. La demi-elfe profita donc de l’instant durant lequel son ami se préparait à encocher une nouvelle fois pour se rapprocher et, d’un mouvement brusque, foutre un coup de bouclier au visage de l’archer, le poussant à nouveau au sol. Mais, tandis que la jeune femme allait donner le coup de grâce et remporter ce duel, la voilà qui retint son coup. Et si, pour une fois, la völva lui accordait la victoire ? Après tout, Melhyndil avait progressé énormément ces dernières semaines, une petite réussite ne pouvait que l’encourager à poursuivre ainsi.

Déposant les armes, malgré la foule qui commençait à la huer, elle qui avait toujours été sans pitié dans l’arène, Hilda appela son esprit renard d’un sifflement. Pliant sa jambe blessée afin de se baisser au niveau de l’archer, la demi-elfe retira rapidement la flèche, laissant l’animal spirituel refermer la plaie. Puis, d’une main posée sur son torse, la voilà qui l’empêche de se relever.

- Attends, Mann va soigner tes blessures.

Ce que le petit renard fit dès l’instant où sa maîtresse n’avait plus rien. Il vint ensuite poser son museau non loin de la main de la jeune femme, prodiguant ensuite sa magie de soin à l’archer. Tandis que l’elfe prenait du mieux, Hilda prit la parole.

- T’as bien progressé, je trouve. Pour cette fois, je t’accorde la victoire. Continue comme ça, je suis sûre qu’un jour, t’arrivera à gagner de manière traditionnelle.

Un sourire aux lèvres, principalement de fierté, la nordienne attendit que Mann ai terminé avant de retirer sa main et d’aider Melhyndil à se relever.

Il lui prend la main tendue et se relève. Ce à quoi la nordienne ne s’attendait pas, c’était que l’elfe pose ses deux mains sur sa tronche avant de l’embrasser à pleine bouche. Surprise sur le coup, la nordienne accepte bien vite ce geste et se laisse aller … avant de brusquement repousser son ami. Qu’est-ce qui venait de lui passer par la tête ? Et la foule qui commençait à rire de la situation ne l’aidait en rien à réfléchir.

- Merci pour le compliment, j'espère bien pouvoir te battre un jour à la loyal, mais le chemin est long et semé d'embûches. Tu progresses si vite qu'il est difficile de te rattraper, alors déjà te suivre est bien.

À voir son visage, le jeune homme ne semblait pas comprendre la portée de son action. Avait-il vraiment des sentiments pour elle ? Ou bien était-ce là une drôle de coutume elfique ? Voir encore simplement la naïveté de Melhyndil qui parlait ? Était-ce son soudain élan de gentillesse qui avait créé cette réaction ? Ses yeux s’arrondirent tout de même de frayeur. S’il s’agissait de la première option, était-ce vraiment une bonne chose ? Car cela pouvait leur apporter une faiblesse, ce qui n’était pas une excellente idée selon Hilda. Sans un mot, sans même répondre au commentaire de l’archer, la demi-elfe quitta précipitamment l’arène. Il lui fallait réfléchir, et ce n’était pas sous les rires de la foule qu’elle le pourrait.