La Perracie, ce territoire hostile dont seul le nom inspire de la méfiance, voir de la peur pour la majorité des gens. Les aventuriers ont le devoir de surmonter leurs appréhensions afin d'affronter ce qui réside dans ces lieux. Il est étonnant de voir que c'est en intégrant la faction de la Garde Zéphyr que Melhyndil se retrouve embarqué dans une aventure qui est liée à la guilde des Dragonniers, mais Urua, son tout nouveau mentor, fait partie des deux, comme l'elfe, et il était inconcevable de ne pas accepter son offre.

À bien y réfléchir, l'enfant de Sylfaën ne serait pas venu ici de son plein gré immédiatement, mais il ne pouvait pas refuser une demande du löwen, et il à toute confiance en lui. Quelques récits ont déjà vu le jour sur certains des exploits d'Urua, et il est évident que ce n'est qu'un début. Alors Melhyndil doit se montrer fort, et prouver sa valeur. Sans doute même est-ce un test afin de voir s'il est à la hauteur de ses ambitions ? Ou juste pour forger les liens de camaraderies qui semblent si chers au Comte ? Il n'en sait rien, mais il arrive, juché sur son griffon qui se pose juste à côté d'Urua qui attend le nouveau zéhyrien.

Les histoires concernant le Comte Motch Hollow sont légion, ses bienfaits avant sa déchéance et sa trahison sont connus de tous, et la rancune est tenace même auprès des nouvelles générations n'ayant absolument pas connu cette époque. L'activité grandissante de ses fidèles est une chose qu'il ne faut pas négliger, pouvant être les prémices du retour de ce fléau. Melhyndil n'est pas prêt, il en a fait l'amer découverte depuis qu'il est sorti de sa forêt natale, et pourtant, il est prêt à en découdre pour s'améliorer, et parvenir à faire pencher la balance vers le bien avec ses nouveaux amis et alliés. Couper les racines de ce mal, en taillant dans les fidèles du vampire, ne peut pas faire de mal, bien au contraire. Tout ce qui l'affaiblit est un bienfait pour Duralàs, et en intégrant la Garde Zéphyr et la guilde des Dragonniers, il s'est fait le serment de protéger ces terres, et les gens la peuplant.

Maintenant qu'il se trouve sur place, l'aspect de la forêt de Cashlippe est lugubre, et effrayant à souhait, digne des histoires les plus sombres que l'on raconte aux enfants pour les faire obéir. Heureusement que l'elfe est devenu dragonnier d'argent, le sceau que Père Tungstène lui a remit l'aidant à se sentir plus vaillant.

Melhyndil se rapproche d'Urua, le saluant, et se rappelant que le löwen lui a demandé de le tutoyer, un exercice qu'il doit réussir à faire.

"Me voilà, es-tu déjà venu en ce lieu auparavant ? C'est une première pour moi, la forêt fait honneur à sa réputation. Je m'en remets à toi pour la suite, par quoi commence-t-on ?"

L'elfe est prêt à faire ses preuves, espérant ne pas être un poids pour Urua, démontrant son utilité. Son arc est prêt sur son épaule, et son carquois rempli de flèches affûtées destinées à distribuer la mort.

Abject, le mot est bien choisi, et sans doute faible, mais il n'y en pas beaucoup de plus puissant. Melhyndil ne se sent pas rassuré en entendant que cela s'empire par la suite, il va falloir qu'il mobilise tout son courage pour ne pas faillir, et celui-ci est déjà attaqué de toute part quel que soit l'endroit où son regard se pose.

"Pire que ce que je vois actuellement. Et bien, plus vite nous en aurons finis avec cette mission, et mieux cela sera." Il se rend compte que ce qu'il dit peut passer pour de l'arrogance à vouloir avoir fini avant de commencer, et en oubliant les principes fondamentaux de la sécurité "Bien entendu, sans se précipiter pour ne pas bâcler non plus" L'elfe tente de se reprendre, espérant que son interlocuteur a compris le fond de sa pensée qui est de ressortir rapidement de ce lieu, mais en faisant le travail correctement.

Pas des plus rassuré, mais faisant tout pour le paraître autant qu'il le peut, à défaut d'être détendu, Melhyndil emboîte le pas du löwen armuré, se disant qu'il fera un bon rempart en cas d'attaque pendant que lui abat les cibles à distance.

"C'était, en effet, plus avisé de ne pas arriver dans la gueule du loup, et de pouvoir faire un repérage pour ne pas tomber dans une embuscade."

En prononçant ces paroles, il se rend compte que si l'un des deux doit jouer les éclaireurs, c'est plutôt son rôle à lui. Le bruit insupportable que fait Urua en avançant (aux oreilles de l'elfe bien entendu, car ce n'est aussi bruyant que ça) plussoie l'idée de Melhyndil. Lui-même avance d'un silence de mort comme sa race le lui permet. Enfin, s'ils tombent dans une embuscade, vu la réputation du thérianthrope, il ne donne pas très cher de la peau des Perracks, preuve en est qu'il est toujours vivant malgré ses nombreuses missions.

"Si tu veux que je parte en avant pour reconnaître le chemin, je peux ?"

Ils viennent juste d'entrer et le sentiment d'oppression se renforce déjà, qu'est ce que cela va donner lorsqu'ils auront pénétré dans la forêt plus profondément. La canopée est telle que l'on croirait être la nuit, alors que ce n'est pas le cas du tout. L'atmosphère de Sylfaën est bien moins pesante que cet endroit lugubre donnant envie de faire demi-tour pour la quitter aussi rapidement que possible. L'elfe, d'ordinaire habitué aux forêts, regrette les clairières ou les ouvertures laissant passer la lumière du soleil jusqu'au sol.

Le rire du löwen est surprenant, mais étonnamment rassurant. D'un côté, il risque d'avertir tout ce qu'il y a autour d'eux, les adversaires qu'ils cherchent également. D'un autre, cela veut dire qu'il n'est pas du tout stressé par la situation, et qu'il gère cela de main de maître. Qu'il s'agisse d'un test pour Melhyndil, ou juste une manière d'évacuer la pression qui est sur leurs épaules, l'elfe n'en sait rien, mais sans s'en rendre compte, un sourire s'est installé sur ses lèvres, le rire d'Urua étant communicatif.

À part la réputation du thérianthrope, rapporté par toutes les histoires qu'il a traversé, l'archer ne connaît rien de son mentor. C'est par conséquent une belle opportunité de voir si la réalité lui rend hommage ou non. D'un autre côté, si c'est un test, alors Melhyndil doit être à la hauteur des espérances de son guide.

En écoutant le début des propos du löwen, la jeune recrue se dit qu'il n'a pas dit de bêtise, ce qui est déjà une bonne chose. Entendre qu'il est précieux est également un doux son à ses oreilles, mais lorsqu'il comprend enfin la stratégie, il ouvre de grands yeux.

"Donc, le plan est de tomber dans leur embuscade après avoir attendu qu'ils soient tous réunis ?"

Le plan le plus fou qu'il ait entendu depuis toujours. Il ne doute pas un seul instant, en regardant le calme et l'assurance de son mentor, qu'il croit en la réussite de sa stratégie. Melhyndil émet toutefois silencieusement quelques doutes, surtout à son encontre. Déjà, lui ne porte pas d'amure lourde, ensuite, il est spécialisé à l'arc, et pas du tout au corps-à-corps. Et ce qu'il sait des tactiques de leurs futurs adversaires, c'est qu'ils compensent leur faiblesse physique en tentant de submerger ceux qu'ils trouvent en face par le surnombre.

Le stress monte aussitôt chez l'elfe. Ses cheveux collés par la transpiration en raison de l'atmosphère étouffante, en plus de l'absence de vent, ses oreilles pointues affûtées sont bien plus actives, essayant de percevoir le moindre signe de présence autour d'eux.

"Tu as parlé d'un groupe, mais connais tu le nombre approximatif ? Je n'ai rien d'autre que mon arc sur moi pour me défendre."

Melhyndil a gardé un ton confiant, même si c'est feint, essayant de garder contenance. Il tente juste de pointer du doigt sa lacune contre ce genre d'adversaires.

"J'ai plus l'habitude de tendre les embuscades que de tomber dedans, ça sera une première pour moi"

Melhynbdil espère être digne de la confiance que place en lui Urua à cet instant. Il regroupe donc tout le courage qu'il a en lui, se préparant à affronter ces vermines avec détermination et panache.

Le sourire carnassier d'Urua laisse peu de place à la subtilité dans ses idées, mais en regardant son armure, sa corpulence, la musculature soulevant les plaques, il est aisé de se dire que c'est l'adversaire qui va le plus subir les assauts que l'inverse. Le calme et l'assurance que le löwen dégage à cet instant est des plus rassurants, comme si l'issue est faite d'avance, et qu'il y a juste à attendre que cela se passe, en étant déjà décidé. Quelque part, cela rassure l'elfe qui écoute son mentor lui expliquer qu'il n'a qu'à rester en retrait, et intervenir une fois que tous les ennemis seront focalisés sur lui. Plus facile à dire qu'à faire que de rester à regarder sans finir par être la cible de quelques-uns des Perracks.

"Et bien, je vais apprendre, mais il est évident que la tactique que tu vas m'enseigner ne fonctionne qu'en ta présence. Il est compliqué d'égaler ta valeur, mais comme je compte bien me battre encore à tes côtés, autant assimiler de suite la leçon."

Il rit, preuve que l'atmosphère commence à se détendre un peu grâce aux boutades d'Urua. L'elfe se rappelle aussi ce moment où l'une de ses flèches est passée toute proche de l'homme lion, le manquant de peu. Il rentre sa tête dans ses épaules en se rappelant, même s'il comprend bien que c'est plus pour la blague qu'une réprimande. Il rentre dans le jeu de son mentor.

"Je tâcherais de faire attention, et de bien viser avant de libérer mes flèches, c'est promis."

Melhyndil fait une tête d'ange pour appuyer ses dires, et son trait d'humour. Il sera toutefois vraiment vigilant, car il est évident que ce n'est pas facile de cibler un ennemi en plein combat, alors le faire sans toucher son acolyte lorsqu'il sera au corps-à-corps est compliqué. Toutefois, s'ils sont nombreux comme ils ont l'habitude de l'être, tirer dans le tas, en visant les plus éloignés du löwen qui se débarrassera aisément de ses opposants directs doit fonctionner.

"Je te laisserais donc prendre les premiers coups avant d'écrémer les rangs de nos adversaires qui ne comprendront pas d’où ça vient, c'est parfait."

Un petit rappel qu'il est attentif malgré l'ambiance un peu légère, en totale contradiction avec le moment présent. Il va de soit que pendant tous ces échanges, les oreilles de l'elfe continuent de chercher le moindre bruit annonçant l'arrivée des Perracks. Etant donné que ce sont eux qui vont tomber dans l'embuscade, il se demande où il doit se positionner, puisque l'attaque peut survenir de l'avant comme de l'arrière, ou même de tous les côtés simultanément. Il prend son arc, une flèche qu'il prépare, plaçant la corde dans l'encoche, sans tirer dessus, la laissant au repos pour l'instant, mais les doigts dessus, prêt à la tendre et libérer le trait mortel rapidement. Bien que n'hésitant pas à tomber dans l’embuscade, Urua scrute tout de même les signes indiquant la présence, et le lieu où ils pourraient se dissimuler.