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Le Monde de Dùralas


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 Les années passent, les rancoeurs restent. PW Ninouille

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O’lendÿl Aën’Ar-Feiniel
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MessageSujet: Les années passent, les rancoeurs restent. PW Ninouille   Les années passent, les rancoeurs restent. PW Ninouille EmptyLun 25 Mar 2024 - 17:07
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Le dégoût.
C’était bien la seule qu’il ressentait en observant le village qui se dressait devant lui. Des maisons de bois au toit de chaume, voilà ce qu’il restait de la cité des temps jadis. L’elfe ne sentait plus chez lui, la terre qu’il avait toujours connue avait changé sans lui.
Son nom avait été oublié depuis des lustres, à présent il n’était qu’une relique du passé, un bibelot que l’on avait oublié sur une étagère. Le monde qui s’étendait à ses pieds ne lui plaisait pas. C’était un monde d’Homme et de bâtards au sang-mêlé. Combien de noble lignée avait finalement souillé la pureté de leur sang pour s’unir avec des envahisseurs ? Vu ce que l’elfe voyait, il en concluait que la majorité de ses congénères avaient oublié les guerres du passé, et pour cause la plupart n’en avait certainement pas conscience. Les rancœurs avaient été noyées sous les promesses de paix et d’union… un avenir commun…

Avenir si radieux que le territoire de son peuple avait été divisé par deux, que les terres sacrées que son père et lui-même avait défendu au péril de leur vie étaient à présent le foyer des vagabonds… En vérité, l’elfe ressentait une profonde douleur. Tel un poison vicieux, chaque vision de ce monde nouveau s’insinuait au plus profond de son être. Cette terre n’avait finalement plus rien à lui offrir si ce n’est un dégoût profond envers sa propre race. Comment les siens avaient-ils pu se montrer aussi faible et laisser de telle chose se produire ? O’lendÿl n’aurait probablement jamais de réponse à cette question qui lui martelait l’esprit et peut-être qu’au fond de lui, il n’était pas prêt à l’entendre.

Il avait tout sacrifié dans l’espoir de protéger les siens. Un sacrifice finalement aussi utile qu’une goutte d’eau dans une fontaine asséchée. Parfois, il repensait à sa femme et à sa fille qu’il avait tout juste connues. Une part de son être les imaginait vivre loin d’ici, dans un endroit où aucun mal d’aucune sorte ne pourrait jamais les atteindre. L’autre part, plus sombre, ne se faisait aucune illusion sur leur sort. Elles avaient sans doute été bannies par sa faute… Il avait finalement tout perdu, et pour quoi ?

Rien.

Une existence de tourmente et de lamentation dans une prison magique coupée du monde, tout ça pour découvrir un monde qu’il ne reconnaissait plus et prendre de plein fouet le choc des centaines d’années écoulées.
Du bout des doigts, il créa un petit orbe d’ombre dont l’aspect était similaire à des volutes de fumée. De la pointe de son index, il guida l’orbe dans les airs avant de la faire disparaître dans un soupir de lassitude.





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MessageSujet: Re: Les années passent, les rancoeurs restent. PW Ninouille   Les années passent, les rancoeurs restent. PW Ninouille EmptyLun 25 Mar 2024 - 21:37
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"Se souvenir ranime ; vouloir se souvenir détruit."

Perchée sur les hauteurs, le vent venant frapper aléatoirement les traits délicats de son faciès, la jeune femme ferme ses jolis yeux vairons. Elle profite du sentiment nouveau qui se diffuse en son sein, embrassant la nature à pleine bouche, galvanisée par cette impression de liberté toute retrouvée. Sa chemise s’agite légèrement sous les bourrasques qui secouent la forêt en contre-bas. L'étoffe douce qui lui couvre les épaules lui permet d'être à l'aise lors de ses sessions de chasse. Nina peut se mouvoir en toute quiétude sans avoir peur que ses vêtements se déchirent ou se prennent dans les ronces aux environs. Complétée par un pantalon haut, sa chemise s’accorde parfaitement avec ses chausses montantes. A son ceinturon Nina tient une dague et sur son dos un sac noué à l’aide d’un cordon. Au travers de son sac à dos repose un carquois et sur son épaule gauche son arc.

Chargée comme une bourrique en apparence, Nina la vadrouilleuse est en réalité plus libre qu’elle ne l’a jamais été jusque à présent. Constamment en apprentissage, la brunette se plaît à remettre en question ses compétences, se poussant elle-même dans ses retranchements les plus purs.

Rouvrant ses jolis yeux, la jeune femme esquisse un sourire face à l’étendue de forêt qui s’offre à son regard. Elle observe les feuilles, les oiseaux qui s'en extirpent avant de se mettre en route. Elle réajuste tout le matériel qu'elle porte sur ses frêles épaules et le pas léger, se dirige vers la forêt. Il faut dire que lorsque Nina ne progresse pas sur sa petite quête personnelle (qu’on intitulera "à la recherche du pendentif perdu"), Nina aime partir à la chasse mais toujours dans le respect de la vie qui s'offre à elle. La jeune femme tente de ne pas faire souffrir ses proies inutilement. Elle s’applique à abréger leurs souffrances rapidement et sangliers ou aigles bénéficient du même traitement. Aucunement détestable ou royaliste, la jeune femme connaît ses limites et ne les outrepasse pas dans l’espoir vain de pouvoir bomber le torse à la taverne la plus proche. Non, Nina reste humble et s’applique à travailler proprement, dans le respect de ses pairs ne dégueulassant pas tout sur son humble passage.

**

Un soupir de lassitude vient caresser ses oreilles lorsque elle arrive enfin à l’orée de la forêt. Une question vient caresser son esprit : est-ce un animal ou un être humain qui soupire ainsi ? L’ancienne cheffe de meute relève le nez sachant pertinemment qu'elle n'est plus seule. Son regard hagard se porte sur les alentours et sans piper le moindre mot, elle quitte l’orée de la forêt pour s’engouffrer dans la pénombre.

Guère prédatrice mais bien méfiante, Nina se faufile à l’abri des regards. Elle profite de l’aura protectrice des arbres, de leurs verts feuillages réconfortants. Ses yeux vairons ne se tournent pas une seule fois vers le sol. Elle progresse avec la méfiance des petits de ce monde elle qui est en territoire inconnu. A l'aide de son épaule, elle fait passer son sac devant elle. La jeune femme scrute toujours les environs et avec prudence défait le cordage de son sac pour en extirper une petite boîte. Elle dépose ledit contenant au sol, ployant brièvement genou face à la nature et laisse Elijane s’en extirper. Eclaireur vaillant, le crapaud comprend en un bref regard vers sa maîtresse qu’il est temps pour lui de partir à l’aventure.

La jeune femme ramène la boîte au sein de son sac qu’elle glisse à nouveau sur ses épaules. Elle réajuste l’étoffe de sa chemise et d’un revers de la main chasse la poussière qui s’est agglutinée sur le genou qu’elle a ployé. Les oiseaux recommencent à chanter, la vie suit son court tandis qu’elle reste figée au bon milieu des arbres, attendant le retour de son animal de compagnie. Qui s’éprend de pareille bestiole en Dùralas ?! Probablement pas grand monde lorsque les mille merveilles qui composent ce monde sont bien plus attrayantes qu’un fichu crapaud gluant qui pue la fumée et les dérivés que consomme allègrement sa maîtresse…

Avec calme elle fait glisser l’arc qui orne son épaule devant elle. La jeune sorcière extirpe une flèche de son carquois et bandant son arc, reprend doucement sa marche. Elle tend l’oreille mais plus l’ombre d’un souffle ne vient effleurer ses oreilles. Elle atténue sa méfiance avant de la raviver lorsque une silhouette immobile se dessine au travers des arbres. Nina arrive dans le dos d’un inconnu et abaisse aussitôt son arc pour ne pas se montrer agressive inutilement. Pourtant et à contrario, ses doigts restent crispés sur son arme. Silencieuse, elle se fige l'espace d'un instant, ne sachant trop quoi faire, trop quoi dire. Son crapaud choisit ce moment précis pour revenir et coassant gaiement en la direction de Nina confirme sa position si celle-ci n’était pas encore connue. Du bout de sa botte, la jeune femme vient battre le sol à deux reprises intimant à Elijane de se taire. L’animal continue son discours et Nina lève les yeux au ciel tout en s’accroupissant. Elle garde son arc à portée de main et fait glisser son sac devant elle. La jolie rouvre le cordon, extirpe la boite et permet à l’animal de s’y faufiler.  Elle range tout son matériel et cherche à tâtons son arc. La chose est vaine, son arc semble avoir disparu de son champ de vision. Ne se débinant pas pour autant, l'ancienne cheffe de meute se redresse, glisse son sac sur une épaule et observe les environs, annonçant d'une voix pacifiquement douce :
« Bonjour. Je ne fais que de passer. »

Pas de bonnet de fou entre-eux, non. Nina est parfaitement consciente de la situation, parfaitement consciente d’être en territoire inconnu face à un potentiel ennemi. Nina est parfaitement consciente, à cet instant précis, d'avoir égaré son arc. Son cœur bat à tout rompre, menace de s’extirper à tout moment au travers de ses lèvres mais elle ne blêmit pas, ne se dédouane pas car après tout elle sait se battre désormais à mains nues. Lorsque son regard croise le sien Nina comprend instantanément que quelque chose n’est pas habituel dans cette situation : il n'y a ni haine, ni colère pour le moment. Le dégoût qu'elle inspire habituellement de part sa nature ne se retranscrit pas dans le regard de son interlocuteur. Pire encore, la louve en son sein se réveille et s’agite doucement. Une première depuis son passage à Château-Rouge. Tous les voyants sont définitivement au rouge lui signalant que le danger risque d’être imminent et qu’il n’a jamais été aussi proche depuis son retour à la vie.  
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O’lendÿl Aën’Ar-Feiniel
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MessageSujet: Re: Les années passent, les rancoeurs restent. PW Ninouille   Les années passent, les rancoeurs restent. PW Ninouille EmptyMar 26 Mar 2024 - 18:57
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Durant plus d'un millier d'années emprisonné, l'elfe avait ressenti tout panel d'émotions plus ou moins complexes. L'incompréhension, la solitude, la colère, la tristesse, la peur et bien entendu la haine. Sa vie lui manquait, l'existence au côté de sa famille lui manquait. Combien de fois avait-il rêvé de les retrouver ? Combien de fois s'était-il promis de trouver une solution pour quitter sa prison et les retrouver avant de les perdre…
Finalement, il n'avait jamais pu s'enfuir, il était resté coincé, maintenu en vie par une magie dont plus personne ne connaissait les secrets à présent. Le paria avait finalement atteint une maturité et un âge que peu de ses congénères avaient atteint. Mais la maturité et les années écoulées n'avaient en aucun cas éteint le brasier de la vengeance qui sommeillait en lui. Malgré tout ce qu'il pouvait ressentir, O'lendÿl n'était pas une bombe à retardement capable d'exploser à n'importe quel moment, son âge avancé lui permettait de voir les choses différemment. Si le monde avait bel et bien changé, rien ne l'obligeait à accepter ces changements, rien ne pouvait le forcer à courber l'échine devant une nation de pourceaux tout juste bonne à pondre des marmots à longueur de temps.

Un bruit attira son attention, visiblement, même au sein du bosquet le destin ne semblait pas être capable de le laisser tranquille. L'elfe ne prit pas la peine de faire totalement volte-face, se tournant tout juste pour apercevoir une silhouette dans son dos. L'arc posé au sol attira plus son intérêt que la silhouette qui pour le moment se tenait encore à bonne distance. Sans émettre le moindre geste, un mince filet d'ombre se glissa au sol avant de saisir l'arc et de l'élever doucement dans les airs comme s'il s'agissait d'une marionnette.

Est-ce cela que tu cherches du regard avant tant d'intérêt ?

L'elfe n'appréciait pas vraiment les armes de jet, encore moins lorsqu'elles n'étaient pas face à lui. Il pivota doucement, croisa le regard de l'intruse qui errait dans la forêt comme celle-ci lui appartement. Pendant un instant, l'elfe cru qu'il était victime d'une hallucination ou que son esprit torturé lui jouait un énième tour.

Ei'Lonwÿ ?

Était-il parvenu à articuler avant de se reprendre, non sans lancer un regard mauvais à l'encontre de cette nouvelle venue à la beauté plus que troublante ? L'elfe pouvait tolérer bien des choses, mais que l'on se moque de lui ainsi, c'était comme avoir une lame farfouillant dans les méandres de son être.

Si c'est là un tour de passe-passe, il est de mauvais goût.

Qui donc pouvait être cette garce pour oser s'amuser avec son passé de la sorte ? Vu son allure, elle empestait l'humaine, du moins en apparence et l'elfe préférait se méfier des apparences, car sa première rencontre avait été pour la moins surprenante, même si finalement, elle avait été à l'image des interactions avec les humains : une perte de temps.

Qu'est-ce que tu veux ? Parle. Ma patience s'épuise.





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MessageSujet: Re: Les années passent, les rancoeurs restent. PW Ninouille   Les années passent, les rancoeurs restent. PW Ninouille EmptyVen 29 Mar 2024 - 14:04
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Un frisson d’effroi vient accabler la surface de sa peau. Ses sourcils se froncent et les traits de son visage se ferment, ne laissant plus transparaître la moindre émotion. Son regard bifurque sur l’arc qui s’élève à ses côtés. En lévitation. Tentée de s’en emparer à l’aide de sa dextre Nina n’attente pas pour autant pas le geste.

Elle reporte bien rapidement son regard vers lui et avec cette même voix douce, bien que légèrement teintée par l’appréhension, Nina souffle :
« Rien. »

Son regard croise le sien et il peut probablement lire toute la sincérité déconcertante qui y vit. Elle ne souhaite rien, absolument rien de lui ou de quiconque sur ces terres. Son doux faciès vient se secouer négativement et prise de court, elle argumente avec une maladresse presque touchante :
« Je ne sais pas de quoi tu parles. Je ne fais que passer. »

Un pas sur la droite, un sur la gauche. Une danse anxiogène sur la musique de l’incertitude, Nina ne sait comment se tenir ni où se placer face à l’elfe. Ses mains se font plus moites qu’à l’accoutumée. Son souffle s’appesantit plus que nécessaire. Son cœur se serre, son estomac se noue et sa gorge se fait étau, oppressante, étouffante. Son regard fait la navette entre son regard et l’arc. Lorsque elle replonge au cœur même de ses iris, Nina comprend que la discussion sera vaine.
Elle déglutit tandis que la louve en son sein lui lance de nouveaux signaux d’alerte. Ses yeux vairons se ferment brièvement, l’espace de quelques secondes tout au plus durant lesquelles elle tend l’oreille pour ne pas se faire surprendre. En proie à sa propre souffrance, dualité nouvelle, Nina glisse doucement le plat de ses mains contre son crâne pas la louve, pas maintenant.

Les paroles de l’elfe flottent encore dans l’atmosphère lui intimant de parler. Parler pour quoi dire ? En un dernier regard vers l’arc, Nina s’élance. Son pas est déterminé, l’impulsion qu’elle donne à son saut est suffisamment importante pour greffer sa dextre sur l’arc. Ses pieds quittent le sol, elle flotte l'espace d'un instant avant de retomber sur le plat de ses bottes quelques mètres plus loin. En un amas de poussière et de terre, elle atterri et jette un regard par dessus son épaule. L’instant d’après, la jeune femme se met à courir. Son souffle s’emballe tandis que ses pieds viennent fouler la terre battue. Au travers des arbres, elle se faufile, sa longue chevelure venant onduler au gré de ses pas. Course effrénée envers elle-même, perdante sur un territoire qui ne lui appartient pas et lui est inconnu, Nina presse le pas. Comme un mirage lui filant entre les doigts, comme une chimère s’évanouissant au contact de la lumière, la jeune femme parvient à se soustraire brièvement à son regard. Hasard quelconque, Magnésie qui est de la partie, Nina parvient à esquiver les branchages et autres pièges tendus à gueule ouverte sur son passage. Dans le sillage de ses pas elle perd simplement une flèche de son carquois. Rien de plus, rien de moins et elle parvient à atteindre un semblant de plaine dégagée où ni les arbres, ni les elfes se confondent.

Son souffle est court et tend à s’amoindrir. Nina a beau perfectionner ses entrainements à l’arc, perfectionner ses techniques de combat à mains nues, elle n’en reste pas moins humaine… Une humaine avec un cardio qui laisse clairement à désirer mais une humaine qui ne peut s’empêcher d’extirper une flèche de son carquois. Elle glisse la dite-flèche sur son arc et les mains tremblantes, la jolie braque les arbres qui se dessinent au loin. Nina pivote sur la droite puis sur la gauche et maintient sa position durant quelques secondes. Son souffle s’apaise brièvement avant que l’une de ses propres flèches, celle égarée tantôt, vienne caresser sa gorge. Ses mains relâchent aussitôt l’arc et se lèvent prudemment à hauteur de son visage. Son menton reste relevé, haut et fier tandis que la louve en son sein grogne de plus belle. Ses yeux clignent à de nombreuses reprises. Nina se fait violence pour dompter la louve qui, après des mois de silence, décide de refaire front.

Est-ce O’lendÿl ou une autre entité qui s’amuse à prendre ainsi Nina en joue ?
La louve va t-elle resurgir pour de bon ?
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MessageSujet: Re: Les années passent, les rancoeurs restent. PW Ninouille   Les années passent, les rancoeurs restent. PW Ninouille EmptyLun 1 Avr 2024 - 18:17
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Malgré la réponse de la femme qui se tenait à quelques mètres de lui, le paria se demandait quelle sorte de maléfice était en train de l’accabler. S’il se considérait comme l’un des meilleurs mages de son temps, O’lendÿl se sentait d’autant plus idiot lorsqu’il se retrouvait face à une situation qu’il n’était pas capable de s’expliquer. Ce visage, il le connaissait et c’était bien là le problème. Comme dans un mauvais rêve, le passé semblait finalement l’avoir rattrapé pour le tourmenter, et d’une façon particulièrement ignoble. Sortilège ou non, l’intruse était le sosie de la femme qu’il avait tant aimé. Bien entendu, il avait ses ridicules oreilles rondes et un regard différent, mais pour le reste… La ressemblance était si frappante que l’hésitation s’était emparée de lui, le doute s’était glissé dans ses pensées si bien que l’elfe ne savait plus vraiment comment agir.

Pourtant, lorsqu’il croisa son regard, celui-ci brillait d’une lueur de sincérité qu’il n’avait que très rarement observé, notamment lorsqu’il était question de la race des Hommes. Malgré tout, le paria continuait de croire qu’il s’agissait là d’une technique pour le déstabiliser, il était inconcevable qu’une personne puisse avoir les mêmes traits que sa bien-aimée, c’était tout bonnement impossible.

Victime de ses émotions, l’ancien prisonnier baissa sa garde, laissant alors la possibilité à l’humain de reprendre son arme de filer. Cette fuite renforça l’idée de l’elfe, il avait vu et affronter suffisamment d’humains dans sa vie pour reconnaître un saut qui n’avait rien de naturel. La silhouette féminine fille à travers les arbres et disparaît de son champ de vision. Le paria resta un moment immobile, du bout des doigts, il créa une nouvelle forme ombreuse qui décolla dans les airs, planant comme un oiseau celle-ci commença à survoler la forêt. Un pas après l’autre, il progressa dans les bois, conscients qu’il était inutile de courir. Suivre la piste de la fuyarde n’avait rien de compliqué, encore plus lorsqu’on savait où aller. Malgré tout, l’elfe devait reconnaître que la jeune femme faisait preuve d’une grande agilité, notamment, car elle ne laissait aucune branche cassée dans son sillage.

Il ramassa la flèche au sol et continua sur sa lancée, de toute manière, il finirait par la rattraper. L’agilité naturelle de sa race et la connaissance de son environnement lui permettait d’avancer rapidement tout en ayant le pied léger, ses ancêtres avaient toujours vécu au milieu des arbres et de la nature, une vie qui avait permis à son peuple de s’élever au-dessus des autres, d’ériger des cités là où d’autres n’avaient que des granges au bois de chaume, où les brigands se soûlaient dans les relents pendant que la marmaille se roulait par terre avec les chiens. O’lendÿl rattrapa finalement la jeune femme et se glissa sans mal dans le dos, chose assez simple lorsque l’on pouvait observer l’endroit depuis des hauteurs insoupçonnable.

Guidée par une forme vague brumeuse, la flèche ondula doucement dans les airs jusqu’à dresser sa pointe sur la gorge de la belle.

Tu respires si fort que je pourrais te tuer dans le noir.

Conscient que la distance était son plus grand avantage, l’elfe se garda bien de trop s’approcher, restant dans le dos de la jeune femme, il se déplaçait entre les arbres.

Je pose une question, et voilà que tu fuis comme une voleuse prise dans la main dans le sac. Je te suis, et voilà que tu m’attends tout arme sortie, dois-je m’en inquiéter ?

Il s’adossa finalement à un arbre, gardant toujours un œil sur la jeune femme.

Quel genre d’humaine es-tu ? Car j’ai vu peu d’humains capable de sauter si vite et si loin. D’habitude, ceux de ton espèce sont plutôt… Maladroit.





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