Le Monde de Dùralas
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Bonjour Invité, et bonne visite sur Dùralas ! Nous sommes actuellement en l'An 811 du Ve Âge. Bienvenue à notre dernier membre : ibrahim Le Monde de Dùralas a précisément 4040 jours ! Contribuez en aidant et en faisant part de vos idées pour le forum ici Dùralas, le Jeu 21 Nov 2024 - 16:25 La Spécialisation de classe s'obtient à Wystéria. Pour être à l’affût des dernières nouveautés, c'est ici qu'il faut aller ! |
| | Souvenirs de lunes montantes | |
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K'illaGuerrier
Messages : 178 Expérience : 1227 Politique : 00 - Titres:
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| Sujet: Souvenirs de lunes montantes Ven 5 Aoû 2022 - 0:41 | | |
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K'illa essai de baragouiner en #b3fefa
Dernière édition par K'illa le Mar 13 Fév 2024 - 14:41, édité 8 fois |
| | | K'illaGuerrier
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| Sujet: Re: Souvenirs de lunes montantes Mar 24 Jan 2023 - 9:27 | | | Chronologie Massacre de la famille de K'illa par un épaulard Enlèvement de sa dernière sœur par les habitants de la surface à fourrure et queue de ver Migration de K'illa vers le levant à la poursuite du béhémoth ayant emporté sa sœur | | | | | | | | Rencontre avec le Kraken au large des plages du Sud Découverte du récif de Sitlanta, puis du port d'Ishtar | | | | Repas d'une grosse bête à plume enfermée sur les dock du port Mise en captivité au dépotoir Apprentissage de la langue des habitants de la surface, puis de ce que sont des outils et armes | | | | | |
Fiche de combat (niveau 9) - Code:
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<strong class="abyssal">K'illa</strong> : <strong class="vitalité">1665</strong> <span class="bestiaire-champ">Aura exaltée</span> : <strong class="aura">0</strong> <span class="bestiaire-champ">Vitesse</span> : <strong class="vitesse">344</strong> <span class="bestiaire-champ">Dégâts</span> : <strong class="dégâts">595</strong> <li class="capacité_spéciale"><em>Télépathie abyssale</em> : peut invoquer un monstre pioché dans le bestiaire de la zone où il est en train de RP si ça vitesse est 2x supérieur au monstre invoqué. Il invoque le monstre le plus fort qu'il puisse invoquer MAIS ne peut invoquer ni les Humanoïdes, ni les Abominations, ni les créatures ayant plus de 1000 de vitalité...</li> <li class="capacité_spéciale"><em>Résistant comme la roche</em> : Augmente la vitalité à hauteur de 10 × le niveau du porteur)(90).</li> <li class="capacité_spéciale"><em>Dague vampirique</em> : +10% de dégâts en cas de RP dans le Sud.</li> <li class="capacité_spéciale"><em>Arme immergée</em> : Octroie +25 de dégâts et +45 de vitesse par tour. Fonctionne seulement dans la région "Mers & Océans".</li> <li class="capacité_spéciale"><em>Pendentif de Wystéria</em> : voit sa vitalité, ses dégâts, et sa vitesse augmenter de 20% s'il fait un RP dans les Mers & Océans et à Wystéria.</li> <li class="capacité_spéciale"><em>Sang frais</em> : <em>*</em> Tétanise les êtres superstitieux un tour sur deux (à commencer par le premier) mais rend les PNJ soupçonneux. <em>*</em> Permet de lancer un dé "Attaque - vampire" tous les deux tours (à commencer par le deuxième) <em>*</em> Rend vulnérable aux effets contre les vampires (le pieu par exemple)</li> <li class="capacité_spéciale"><em>Coiffe Dùralassienne</em> : la première attaque réussie sur vous est réduite de 25%</li> <li class="capacité_spéciale"><em>La mort aux trousses</em> : <em>*</em> Augmente la vitesse de 100 à chaque CR/CC mais la diminue de 50 à chaque EC. <em>*</em> Réduit la vitesse de 25%/tour chez les êtres superstitieux tous les deux tours mais rend les PNJ soupçonneux. <em>*</em> En cas de défaite, évite la prison</li> <li class="capacité_spéciale"><em>Pages enchantées</em>: <em>*</em> Tour 1 : Bouclier : Octroie une aura exaltée de 200. <em>*</em> Tour 2 : Protection : Immunise de tout malus pendant ce tour uniquement, comprenant le contre des ensorceleurs. <em>*</em> Tour 3 : Tir des arcanes : Envoie un projectile magique sur tous les ennemis, leur infligeant 10% de leur vie maximale. Détruit instantanément les invocations à moins de 500 de vitalité. <em>*</em> Tour 4 : Soin : Octroie une régénération de 20% de la vie maximale. <em>*</em> Tour 5 : Racine : Diminue de 10% la vitesse maximale des ennemis. <em>*</em> Tour 6 : Retour au tour 1.</li> - Spoiler:
K'illa : 1665 Aura exaltée : 0 Vitesse : 344 Dégâts : 595
- Télépathie abyssale : peut invoquer un monstre pioché dans le bestiaire de la zone où il est en train de RP si ça vitesse est 2x supérieur au monstre invoqué. Il invoque le monstre le plus fort qu'il puisse invoquer MAIS ne peut invoquer ni les Humanoïdes, ni les Abominations, ni les créatures ayant plus de 1000 de vitalité...
- Résistant comme la roche : Augmente la vitalité à hauteur de 10 × le niveau du porteur)(90).
- Dague vampirique : +10% de dégâts en cas de RP dans le Sud.
- Arme immergée : Octroie +25 de dégâts et +45 de vitesse par tour. Fonctionne seulement dans la région "Mers & Océans".
- Pendentif de Wystéria : voit sa vitalité, ses dégâts, et sa vitesse augmenter de 20% s'il fait un RP dans les Mers & Océans et à Wystéria.
- Sang frais :
* Tétanise les êtres superstitieux un tour sur deux (à commencer par le premier) mais rend les PNJ soupçonneux. * Permet de lancer un dé "Attaque - vampire" tous les deux tours (à commencer par le deuxième) * Rend vulnérable aux effets contre les vampires (le pieu par exemple)
- Coiffe Dùralassienne : la première attaque réussie sur vous est réduite de 25%
- La mort aux trousses :
* Augmente la vitesse de 100 à chaque CR/CC mais la diminue de 50 à chaque EC. * Réduit la vitesse de 25%/tour chez les êtres superstitieux tous les deux tours mais rend les PNJ soupçonneux. * En cas de défaite, évite la prison
- Pages enchantées:
* Tour 1 : Bouclier : Octroie une aura exaltée de 200. * Tour 2 : Protection : Immunise de tout malus pendant ce tour uniquement, comprenant le contre des ensorceleurs. * Tour 3 : Tir des arcanes : Envoie un projectile magique sur tous les ennemis, leur infligeant 10% de leur vie maximale. Détruit instantanément les invocations à moins de 500 de vitalité. * Tour 4 : Soin : Octroie une régénération de 20% de la vie maximale. * Tour 5 : Racine : Diminue de 10% la vitesse maximale des ennemis. * Tour 6 : Retour au tour 1.
K'illa essai de baragouiner en #b3fefa
Dernière édition par K'illa le Dim 11 Fév 2024 - 18:36, édité 3 fois |
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| Sujet: Re: Souvenirs de lunes montantes Mar 24 Jan 2023 - 9:28 | | | Relations Sielk Sslozmek Alyena Sœur (disparue) Mama (concept) - Spoiler:
K'illa essai de baragouiner en #b3fefa
Dernière édition par K'illa le Mar 24 Jan 2023 - 9:46, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Souvenirs de lunes montantes Mar 24 Jan 2023 - 9:45 | | | Rps métiers et divers - choix métier :
Errant à proximité de la cité sous-marine, K'illa observait les individus vaquer à leur quotidien. Les jours passant, il était stupéfait de la quantité de spécimens vivant dans un environnement aussi restreint. Comment pouvaient-ils tous se nourrir ? Alors même que jamais il n'en voyait chasser ? Lui-même revenait d'une chasse au frétillant à une distance considérable, la majorité des bancs de poissons gardant leurs distances. De plus, il ne comprenait pas pourquoi ici ces bipèdes sans queues - du moins ceux ayant cette morphologie - n'avait pas besoin de protubérance de chitine pour rester sous l'eau. Tous ceux qu'il avait rencontré auparavant en utilisait et mourraient sans se défendre lorsqu'il les leur retirait. Raison pour laquelle ils représentaient des proies de choix, si facile à tuer. L'absence de ces excroissances faciales était la seule raison pour laquelle K'illa n'avait pas tenté de dévorer l'un d'eux. Pas encore. Après tout ils étaient différents des habitants de la surface et, s'il ne doutait pas être leur prédateur plutôt que leur proie, quelqu'instinct lui intimait de ne pas nager tête baissée à leur rencontre. De plus, il était seul désormais. Le poids du nombre conféré par ses frères et sœurs ne pourrait plus compenser une menace mal interprétée. Parlant de menace, il remarqua une silhouette progressant sur le fond marin, à la lisière de la lumière arrivant de la surface de par sa profondeur. La chose ne nageait pas mais marchait dans la boue en soulevant des nuages de poussière, peu discrète dans sa progression. Gardant ses distances, K'illa suivit de son retard éternellement attentif l'approche de la créature. Trapue et pourvue de davantage de membres que lui, ses écailles roulant sur des muscles noueux, il s'agissait de toute évidence d'un adversaire conséquent. Et il avançait droit sur la cité. Comment allaient réagir les bipèdes sans excroissances de chitine ? Il s'agissait d'une bonne occasion d'observer ce à quoi il pourrait être confronté dut-il approcher. Son attente ne fut pas longue et son initiative fructueuse. Très vite, plus de bipèdes des eaux qu'il ne pouvait en décompter se présentèrent, nageant vers la créature depuis les alentours de la ville. Plus vifs, ils lui tournèrent autour tout en restant hors de portée de son allonge. Cette chose était capable de nager, ce qui était assez prévisible en soit, mais elle se révélait bien trop pataude. Trop lente. Trop maladroite. Les serres puissantes terminant ses membres ne lui étaient d'aucune utilité si elle ne parvenait pas à attraper ses proies. Proies qui brusquement firent quelque chose que K'illa n'avait jamais vu auparavant. Brandissant des objets qu'il ne pouvait qu'apercevoir avec la distance, les habitants du récif géant engendraient des tourbillons de bulles qui frappèrent la créature pataude. Ils le submergèrent de bulles tandis qu'elle gesticulait, apparemment en proie à une vive douleur. Très vite ses tentatives pour les attraper entre ses griffes se firent risibles et elle se protégea la tête de ses bras. Puis s'efforça de faire demi-tour, reprenant le chemin des ténèbres comme elle pouvait. Mais les habitants du récif ne la laissèrent pas fuir, continuant à la harceler des bulles projetées par leurs bâtons. Elle finit par s'effondrer dans le sable, se recroquevillant dans une vaine tentative de se protéger des courants de bulles. Les habitants du récif continuèrent un long moment à faire pleuvoir les bulles crachées par leurs bâtons - quoi que ce soit. Ils ne laissèrent que le corps inerte de la créature, gisante là où elle s'était effondrée. De la distance prudente où il avait observé, K'illa vit les nageurs refluer vers la ville, se dispersant comme si rien n'était arrivé. S'assurant de ne pas attirer leur attention, K'illa nagea dans la direction du corps, gardant à l'œil la cité et ses étranges résidents. Aussi près du cadavre, l'eau avait une odeur différente. Étrange. Appétissante. K'illa avait beau s'être gavé il y a peu, son estomac grinça en percevant ces effluves portés par le courant du fond marin. Cette chose que jamais il n'avait vu auparavant près de son lagon ou durant son long voyage jusqu'ici devait être particulièrement savoureuse. Elle devait être... bouillante. Surprit, K'illa eut un mouvement de recul. La carcasse était brûlante, l'eau à proximité étant bien plus chaude que le froid des profondeurs alentours. Quelle pouvait être cet animal pour posséder une chair et une carapace aussi chaude, plus encore que des entrailles de... K'illa interrompit ses réflexions, le regard rivé sur le corps roussi. Il n'avait jamais croisé de proies, qu'elles soient de l'eau ou de la surface, avec un corps aussi chaud. Si lui n'aurait pas pu la supporter, comment elle l'aurait pu ? Tournant autour en continuant de l'observer et réfléchir, il repensa aux tourbillons de bulles crachés par les habitants du récif. Etait-ce eux qui avaient produit cette chaleur ? Qui avaient tué ce monstre des abysses en l'inondant de bulles bouillonnantes ? Cela lui paraissait plus plausible. Mais comment ? Comment avait-il créé cette chaleur mortelle ? S'agissait-il des bâtons qu'ils brandissaient tout en harcelant leur victime ? K'illa mit ces pensées de côté, sachant pertinemment qu'il ne les oubliait pas. En attendant, tant que les habitants du récif ne lui prêtaient pas attention, il avait une autre priorité. S'approchant malgré la chaleur, il ouvrit la gueule. Les effluves étaient bien trop appétissants pour ne pas se repaître... * Bien plus tard, nageant loin de la cité et de ses étranges résidents, K'illa resongea aux bâtons cracheurs de bulles bouillantes. Essuyer pareil traitement serait certainement douloureux, voire dangereux. Si néanmoins cela provenait bien des bâtons qu'ils avaient brandi, pouvait-il faire de même ? S'il parvenait à dévorer l'un des résidents et lui subtiliser son bâton, il pourrait alors lui-aussi produire des bulles mortelles. Toutefois, cela impliquait l'affronter. Donc subir les bulles, s'il ne parvenait pas à réaliser une embuscade. Ce dilemme en tête, il nagea vers un fond de vallée sous-marin qu'il avait repéré durant son trajet. Au fond de celle-ci gisait un cadavre énorme, celui d'un des béhémoths des résidents de la surface flottant à la surface. Ses flancs étaient tombés en morceaux, mais son squelette restait solide. D'énormes cotes saillaient de la boue, rattachées à une colonne vertébrale d'une longueur effarante. Quel que soit l'animal ayant envoyé par le fond le monstre de la surface, K'illa n'était pas pressé de le croiser. Néanmoins à cet instant, il en tirait profit. Il nagea jusqu'à l'une des côtes massives, dévorée par les éponges, algues et bernacles. L'aspect de ces os était similaire aux bâtons des assaillants venus du grand récif. En toute logique, s'il se fabriquait lui-même un bâton dans cet os, il serait capable de créer des courants de bulles brûlantes. Mettant son idée en pratique, il frappa à grands coups de griffes "l'os", arrachant les parasites sous-marins à leurs supports et creusant la matière plus molle qu'il l'aurait d'abord pensé. Très vite, des copeaux de matière flottèrent tout autour de K'illa et un goût particulier commença à flotter dans les eaux alentour. Aussi lorsqu'il eut sectionné son butin du squelette, il l'emporta plus à l'écart pour le travailler plus au calme. Revenant plus près du rivage et de sa lumière, sur un haut-fond, il s'attaqua à la masse d'os qu'il avait laborieusement traîné derrière lui, alternant les coups maladroits de ses griffes avec d'allègres morsures. Lorsqu'enfin, à force d'arracher de la matière à cet os étrange, il obtint un manche grossier de la forme des bâtons cracheurs de bulles, il s'écarta du nouveau nuage de copeaux qu'il venait d'engendrer. Enfin, sans attendre davantage et mû par une forme d'excitation, il brandit son arme. L'objet ne cracha nul panache de bulles, ardent ou non. Rien ne se produisit. Malgré ses efforts pour reproduire les gestes qu'il avait pu observer, leurs mouvements précisément ancrés dans sa mémoire, il n'obtint nul résultat. Si ce n'est de la frustration. Grognant, il serra davantage des griffes sur la poignée de son bâton, lequel se brisa sous sa poigne. Hébété, il observa les morceaux retomber sur le sable. De nombreuses vagues, il resta immobile, ballotté par les vagues, à essayer de comprendre la raison de son échec. Quelque chose lui échappait. Les résidents du grand récif possédaient un secret. Un secret qu'il devrait percer s'il voulait posséder une arme cracheuse de bulles brûlantes. Pour cela, il faudrait de nouveau approcher et les observer. Apprendre. Mais pas maintenant. Travailler l'avait remit en appétit, tant et si bien qu'il tourna sur lui-même pour s'orienter vers le large où, il le savait, il trouverait bien de quoi se sustenter.
- bâton bouillonant:
La lumière à la surface était plus intense que d'habitude lorsque le courant guida à nouveau K'illa vers le rivage. Il se laissa emporter jusqu'à son éternel rendez-vous avec l'astre céleste. Puis, s'extrayant des vagues en se redressant sur deux appuis, il inspira l'air salin de ses poumons, comme il l'avait déjà si souvent fait. Malgré le nombre de fois où il avait traversé le voile de l'étendue liquide, à cette marée encore il avait besoin de quelques instants pour prendre ses repères. Quelques instants d'instabilité nécessaire à son organisme pour effectuer la transition. Quelques instants qui furent suffisant à son agression. Quelque chose solide ricocha sur son crâne, heureusement sans le percer. Il aurait fallut bien plus de force pour cela. Tournant aussitôt le museau de côté, il avisa deux résidents de la surface debout dans le sable, tout proche. Ils produisaient des sons dont le sens lui échappaient, gesticulant.
- Monstre ! Vas-t-en ! Retourne d'où tu viens ! - Je vais lui montrer ce qu'il en coûte d'envahir la Ceinture Ocre ! Fichu abyssal ! Prends ça !
S'agissait-il d'une tentative d'intimidation ? Communiquaient-ils entre eux ? K'illa n'en avait pas la moindre idée. Toutefois, un enchaînement de sonorité lui était familier. Le premier habitant de la surface l'avait également employé lors de leur rencontre, pas si loin d'ici d'ailleurs. "Abyssal".
Un nouveau projectile vint rebondir sur son épaule comme K'illa restait immobile, les observant en se remémorant ce souvenir.
- Cela ne lui a rien fait ! Tu es sûr de tirer assez fort ? - Je comprends pas, se sont des pointes empoisonnées, une seule nous coucherait, elles... - Il arrive !
Se laissant tomber à quatre pattes pour assurer son équilibre, K'illa sortit des vagues et escalada la modeste butte où étaient perchés ses agresseurs. Lesquels décampèrent aussitôt en hurlant, bien plus rapides sur deux pattes qu'il ne l'était, même à quatre. De cette brève rencontre il conclut deux choses. Que les habitants de la surface, même sur leur territoire, restaient des proies. Qu'en l'état, il ne pourrait pas en chasser sans être embusqué, beaucoup trop lent pour les rattraper.
S'immobilisant là où ils s'étaient tenus, K'illa remarqua des objets dans le sable. Sans doute abandonnés par les fuyards. Entre ses griffes, il s'empara du plus curieux d'entre eux dont la forme en trois branches lui rappelaient celle d'un os de la poitrine des poissons. Deux extrémités étaient reliées par une forme de varech sec mais toujours souple.
Brusquement, son regard s’agrandit d'intérêt. Il s'agissait du même matériau que les bâtons de panache de bulles des habitants du grand récif. Et de bien meilleure qualité que les os gonflés par l'eau et complètement friables qu'il avait put trouver dans le squelette du béhémoth flotteur.
Satisfait de sa trouvaille, il alla s'asseoir sur la butte, levant la tête à la recherche de sa compagne. La lumière était encore intense, mais décroissait rapidement. Sa compagne elle était déjà là, sous sa forme délicate de croissant suspendu dans le ciel. Bientôt les étoiles aussi seraient là. Alors seulement il pourrait admirer les cieux dans toute leur splendeur.
- Un outil ? Qu'est-ce ?:
K'illa s'aventura à nouveau à la surface, mais contrairement à ses habitudes il s'agissait du jour. La raison à cela était qu'il ne venait pas quérir sa compagne céleste pour une fois, mais observer. Apprendre. Comprendre. Pourquoi le bois flotté des squelettes coulés ne projetaient pas de jets bouillonnants ni ne projetait de pierres à distance. Quelque chose devait lui échapper. Ces objectifs en tête, il entreprit de s'éloigner de la rive à la recherche d'habitants terrestres à espionner. Et qui sait, peut-être pourrait-il ensuite en prendre en embuscade et, suite à une escarmouche rapide, se repaître. À condition cependant qu'il arrive à correctement se mouvoir sur la terre ferme. Au vu de toutes ses précédentes tentatives de chasser hors de l'eau, une tradition de pitoyables échecs commençait à se dessiner. Sauf que, lors de chaque traque, K'illa apprenait de ses erreurs et comprenait pourquoi il perdait systématiquement l'équilibre. Pourquoi lorsqu'il tentait de mordre, il se retrouvait au sol, vulnérable.
Après avoir erré un long moment sans trouver âme qui vive dans le bois côtier où il avait jeté son dévolu, le prédateur sentait poindre la disette. Il n'avait pas trouvé de bipèdes, pour une fois qu'il traquait l'un d'eux. Tous les recoins de ces étranges varechs terrestres se ressemblaient, tantôt plus petits que lui, tantôt immense est fait d'un panache de verdure au sommet d'une colonnade, non sans rappeler des anémones. Cependant, si K'illa était bien incapable de s'orienter, il savait exactement quel avait été son parcours. Parfaitement inscrit dans sa mémoire parmi une foule de souvenirs plus anciens, son trajet terrestre serait facile à réaliser en sens inverse. Ce qu'il commença à effectuer, sentant la chaleur de la surface assécher son corps de façon désagréable.
Sur son trajet de retour, un bruit attira toutefois son attention. Un bruit qu'il n'avait pas perçu lors de son précédent trajet, à quelques pas seulement de sa piste. Sourd. Répété. Accompagné d'éclats de voix. Aussitôt, le prédateur s'immobilisa. Il avait finalement trouvé des habitants de la surface. Maintenant restait à les observer pour apprendre comment faire des bâtons cracheurs de jets de chaleur. Aussi discret qu'un chat malgré sa taille imposante, il approcha autant que possible jusqu'à apercevoir les intéressés entre deux végétaux, les fixant de son regard dénué de paupières.
Il en voyait trois dont deux étaient assis sur leurs fesses à échanger des sonorités qui, si le sens continuait à lui échapper, commençait à devenir familier. Le troisième spécimen lui s'afférait sur l'une des colonnade marron de ces végétaux, manipulant un outil qui attira tout particulièrement l'attention de K'illa. À chaque fois qu'il frappait l'écorce, une partie reflétant la lumière s'enfonçait plus profondément, visiblement bien plus dure que ce corail terrestre. À moins que ce dernier ne soit pas aussi solide qu'il n'y paraisse ?
- J'te le dit Robert, si ces idiots de dragonniers ramènent pas leur fraise dans l'Nord, l'Machin A l'Eau y va conquérir Kastalinn et Baldorheim. Après ça, y l'aura qu'à marcher tranquillement jusqu'à Stellarae pour toquer aux remparts et réclamer leur... - Mais tu n'as pas fini de raconter n'importe quoi ? l'interrompit l'autre individu assis. Le vieux Tungstène ne laissera pas faire un truc comme ça. Le Comte sera arrêté aux portes de la Perracie. - Que d'la couille ! Les monstres que contrôle l'Machin A l'Eau vont se mettre à table et pourrir les dragonniers ! Ca fait pas un plit que j'dis ! Si seulement les gardiens et les stryges de la tour pouvaient monter faire une de leurs purifications, là au moins on... - Tu nous pompes l'air, le coupa le dernier habitant de la surface en achevant de sectionner le tronc d'un violent coup de son outil.
Avec un craquement sourd, la colonne végétale tomba de côté, manquant au passage d'écraser K'illa qui était resté embusqué, lorgnant l'outil qu'avait utilisé le bûcheron.
- Là ! s'écria le premier en pointant le visiteur sous-marin découvert. Un monstre de Machin A l'Eau !
Découvert, K'illa bondit en avant, surgissant des herbes hautes. En un éclair, il fut sur l'individu le plus proche. Pour ne pas reproduire ses mésaventures passées, il le bouscula de tout son poids et le renversa avant de refermer la gueule sur son crâne. Avec un craquement lugubre, l'os céda. La gueule dégoulinante de sang, K'illa se redressa, toisant les deux autres bipèdes qui tournèrent les talons en beuglant "Au monstre ! Au monstre !". Des mots qui commençaient à devenir familiers pour l'intrus qui n'essaya même pas de les poursuivre, conscient qu'il serait bien trop lent pour cela.
Au lieu de cela, il s'intéressa à l'outil gisant par terre, abandonné par les fuyards. Il était composé d'un long manche que le bipède avait tenu et d'une partie grise reflétant la lumière. C'est avec cette seconde qu'il avait frappé le tronc et tranché à travers le corail de la surface avec une efficacité conséquente. Dedans, K'illa pouvait apercevoir son reflet. Il apercevait également le potentiel de cette nouvelle trouvaille. Celui de travailler les troncs pullulant à la surface comme l'avait fait l'habitant de la surface, mais aussi les bois flottés en mers. Ainsi, il pourrait se sculpter des bâtons cracheur d'eau bouillonnante, des jette-pierres comme celui en sa possession ou de simples massues. Sans plus avoir à user des ses griffes ou ses crocs.
Pas un seul instant il n'imagina utiliser sa nouvelle hache comme une arme.
- Sculpter le corail:
De retour dans les eaux tièdes des profondeurs, bien plus rassurantes que la surface pesante et étouffante, K'illa nagea paresseusement jusqu'à l'imposant squelette pourrissant qu'il avait revendiqué comme son nouveau repaire. En attendant de retrouver sa sœur et nager dans le même sens que la Lune pour retrouver leur récif natal. Certainement d'autres prédateurs auraient revendiqué ce territoire en leur absence. Mais qu'il s'agisse de squale ou de murène, lui ne doutait pas être en mesure d'asseoir sa domination. S'il s'agissait en revanche d'un épaulard... Un tourbillon d'émotions mêlant peur et colère vint agiter son esprit à ce souvenir. Un tel prédateur avait massacré ses frères et sœurs. Il possédait une férocité et une force surpassant de très loin celles de K'illa. Pareille créature ne pourrait pas être défiée avant bien des marées. Avant qu'il ai suffisamment grandit. Tout comme le titan des profondeurs l'ayant épargné pour quelques raisons inconnues. Non, il ne pouvait lutter contre un épaulard. A moins que... Lentement, le regard de K'illa coula jusqu'aux débris de bois osseux complètement pourris qui jonchaient le cadavre immense. Ses précédentes tentatives de reproduire les bâtons bouillonnants des résidents du grand nid sous-marins s'étaient soldés par des échecs. Pourtant, s'il parvenait à en créer un, ou en subtiliser un, il serait alors en mesure de prendre l'ascendant sur des rivaux plus puissants et plus massifs que lui. Néanmoins, comment en arriver là ? Isoler et dévorer l'un de ces bipèdes sous-marins, n'ayant pas besoin de protubérance de chitine sur leurs museaux plats, en vue de lui subtiliser son bâton s'avèrerait risqué. Ils erraient rarement seuls et nageaient vite au secours les uns des autres. Or il ne souhaitait nullement subir le même sort que la chose sans nom venue des abysses, de chitine et de muscle, qui avait bouilli impuissante sous leurs assauts. Il ne lui restait donc comme seule solution qu'à parvenir à fabriquer l'un de ces bâtons bouillonnant. L'esprit en pleine effervescence, il balaya son environnement du regard. Les cotes et écailles pourrissantes du squelette géant n'étaient pas assez robuste, il l'avait décidé lors de ses précédents essaient. Mais en quoi donc étaient leurs bâtons ? En os ? En pierre ? En varech ? En bois de la surface ? Brusquement une idée germa dans son esprit. La pierre était bien trop dure pour qu'il la travaille de ses crocs ou griffes et des os de taille suffisante seraient difficile à prélever à leur propriétaire sans écoper de blessures. En revanche, des excroissances de coraux seraient solide sans être impossible à travailler. Elles ne risquaient pas non plus de se défendre de cette mutilation. Fort de cette idée, K'illa s'empressa de se tourner vers le plus proche récif qu'il ai trouvé dans les alentours. Mais son regard se posa sur les outils prélevé aux habitants de la surface. Ceux-ci gisaient à même le sable, près de la dépouille de monstre flottant sur les vagues. Lors de sa dernière escapade, avant qu'il ne les mette en déroute en révélant sa présence, il avait put observer ces individus les manipuler. L'un d'eux en particulier, sous forme de tige à laquelle était greffée un aileron reflétant la lumière. Il avait été utilisé pour sectionner le bois de surface. Sans s'abimer les crocs ou les dents. Si un résident de la surface pouvait trancher ces étranges anémones qui ne poussaient qu'à la surface en utilisant cet outil, alors K'illa lui aussi pourrait l'utiliser pour trancher du corail. Ainsi, il serait en mesure de se confectionner un bâton bouillonnant de corail et combattre d'éventuels épaulards. Impatient de passer à l’œuvre, il s'empara de l'outil et nagea en direction du récif. Tant réfléchir l'avait d'ailleurs mis en appétit, si par hasard il croisait un mérou ou un habitant de la surface égaré... Une marée plus tard, K'illa se trouvait encore au récif. Il martelait les coraux avec un acharnement ayant fait détaler les fretins et autres proies de moindre envergure. Nul prédateur n'avait approché durant son tintamarre sous-marin, peu désireux de se frotter à la créature cuirassée. Tant et si bien qu'il continuait, inlassablement, infatigable. Il brisait et mutilait les excroissances de coraux les plus épaisses, décrochait sans remord les algues et bigorneaux accrochés là, puis éprouvait la solidité de ses nouvelles armes en les frappant contre la masse principale de corail. Systématiquement, le résultat était le même. Son bâton de corail fraichement sculpté se brisait sous le choc. Mais il persévérait. Si les résidents du grand nid sous-marin étaient capable de créer des bâtons bouillonnants, il le pourrait également. Un long moment et beaucoup de coraux détruits plus tard, K'illa senti enfin ses membres devenir lourds. S'agiter ainsi pendant si longtemps n'était pas dans sa nature. Il pouvait nager des jours et des jours sans se reposer, mais cet effort était différent. Fabriquer des bâtons était pénible. Aussi se laissa-t-il couler, reposant dans le sable. Stoïque malgré ses échecs, il contempla la surface et ses jeux de lumière. L'astre brulant les yeux était de retour. Il avait raté son rendez-vous avec la Lune. Néanmoins, il demeurait confiant. Lors de son retour il serait présent pour chanter avec elle sur la terre ferme. La Lune ne lui reprochait jamais ses absences. La Lune était compréhensive. La Lune était son amie. Et une marée venue, il pourrait montrer à la lune son propre bâton bouillonnant. Tout à ses réflexions, K'illa n'avait pas remarqué que l'outil subtilisé à la surface s'était révélé bien plus solide et résistant que les coraux qu'il avait passé une marée entière à pulvériser en l'utilisant. Pas plus qu'il n'avait perçu les deux silhouettes lointaines, se laissant flotter au grès des vagues, l'observant sans approcher. - As-tu déjà vu un tempêtueux agir de la sorte ? interrogea le premier abyssal. - Jamais auparavant. Il a ravagé ce bosquet sans raison. Cela s'est entendu à des milles à...- Pas sans raison, reprit son interlocuteur. J'ai le sentiment qu'il essai de faire quelque chose. Voire même de fabriquer quelque chose. Mais quoi... ?- Tu te fais des idées. Regarde le. C'est un animal. Rien de plus. Il n'est pas capable de réfléchir à un problème, fabriquer quelque chose ou être civilisé...
- Repas de Griffon:
Nul de ces résidents de la surface n'erraient par ici à ce moment de la nuit. Seule sa camarade céleste partageait son irruption nocturne, silencieuse et veillant sur lui. Toutefois, laissant une traînée humide derrière lui, K'illa n'avait besoin d'aucune aide. Nageant dans les eaux troubles et malodorantes entourant les mastodontes flottants et immobiles, la présence de créatures potentielles et toujours immobiles à l'exacte même place, juste au bord de l'eau ne lui avait pas échappé. Des proies faciles dont il n'allait certainement pas se priver. D'un bond, il sauta sur le monticule artificiel qui gémit sous son poids, fait du même corail que le sol qu'il foulait ou que les immenses varechs bordant les plages. Il commençait d'ailleurs à soupçonner que la matière n'était faite que de ces colonnes terminées par des algues vertes que les habitants de la surface s'obstinaient à abattre. Pour avoir dévoré un bon nombre d'entre eux, il en avait même la certitude. Mais l'heure n'était pas aux réflexions concernant les sujets et tenants de la surface. Son estomac réclamait d'être à être rempli. Et comme escompté, les proies immobiles se trouvaient toujours à la même place. Prisonnières de liens les empêchant de fuir, elles gesticulèrent et piaillèrent malgré tout à son approche, prises de panique. Repérant la plus massive des bêtes, K'illa bondit en avant et eut la surprise de retomber sur ces liens se révélant aussi solides que de la pierre. De prime abord, ils formaient des motifs similaires aux filets dans lesquels les surfaciens à appendice de ver avaient tentés de le capturer avant de se rabattre sur sa sœur. Mais ils n'en avaient pas la souplesse. Protégé par cet imprévu, la bête prisonnière le toisa de son regard intense, gonflant la poitrine et ses écailles d'un motif étranger à K'illa, dont il n'eut cure. Il avait faim. Sa nourriture était à portée de griffe. Les résidents de la surface pouvaient débarquer à tout moment. Il n'était pas question que quelques structures de pierre légèrement plus épaisses que des arêtes de mérou ne le prive de son repas. Arquant le dos, K'illa fit claquer sa puissante mâchoire renforcée, la pierre crissant sous sa force considérable. Sous lui, la bête s'agita, réalisant que le prédateur pouvait finalement passer cet obstacle supposé insurmontable. Tirant sur ses liens, elle poussa un grondement sourd. * - Allons bon, maugréa un marin de surveillance des quais ce soir-là. Y'vont pas se taire ces fichus... animaux...Les yeux exorbités, il s'interrompit dans sa phrase et s'empressa de se cacher derrière une caisse de marchandises. Il ne s’attarda pas sur la traînée humide couvrant celle-ci ou les évidentes traces de griffes. Abasourdis, il ne pouvait décoller le regard de la ménagerie prévue pour être transportée chez un client fortuné le lendemain à l'aube. De multiples animaux exotiques ou féroces. Pourtant tous sans exceptions laissaient échapper des plaintes terrifiées, couinant de terreur. Et pour cause. Un monstre se trouvait juché sur la cage du griffon doré vendu une belle somme. Mais à aucun moment ne lui vint l'idée de crier l'alerte ou d'aller défendre l'animal. Il ne souhaitait absolument pas être repéré par l'abomination aquatique mesurant bien deux fois sa taille, en train de plier des barreaux d'acier aussi épais que son pouce à la seule force de la gueule. En un temps record, ceux-ci cédèrent et le monstre abyssal les écarta, pénétrant à l'intérieur de la cage comme un renard dans un poulailler. Le griffon, ayant causé plusieurs accidents de personnels, était muselé. Ses ailes sanglées. Ses membres attachés aux barreaux de la cage. Ses grondements et sa collerette de plume relevée en signe d'intimidation ne lui furent d'aucun secours. Le marin mit bien dix minutes à scruter la terrible scène, trop effrayé pour oser détourner le regard, le son glaçant de la chair déchirée, des plumes mastiquée ou des os brisées venant couvrir les plaintes des autres animaux. Lorsqu'il réalisa que la terrible bête engloutissait le griffon entier, déchirant sans peine les entraves de la carcasse, il trouva enfin la force de déguerpir. Au matin, ils ne trouvèrent de l'animal vendu une fortune qu'un tas de plumes ensanglantées et des morceaux dont son prédateur n'avait pas voulu...
- Choix de classe:
Un début de soirée au dépotoir...
Une fois encore, les habitants de la surface vinrent ouvrir la paroi du trou où ils l'enfermaient après les combats dans le lagon desséché. Le ventre gargouillant de faim à l'idée d'un repas proche, K'illa s'approcha et passa la tête, cherchant du regard l'individu que ses congénères lui offriraient cette fois à dévorer.
- Avance le monstre, cracha une personne de l'autre côté de la paroi trouée du couloir. On a pas toute la journée. Plus vite tu nous auras fait gagné notre blé plus vite tu pourras retrouver ton trou puant.
Immobile, le prédateur se contenta de l'observer fixement. Ses branchies tremblaient à chaque inspiration profonde, trahissant qu'il ne s'agissait pas d'un objet inanimée, au contraire de ses yeux sans paupières et parfaitement fixes.
- T'es sourd ou t'es con le monstre ? insista-t-il. T'es attendu dans l'ar...
Il hoqueta de stupéfaction en tentant de piquer K'illa avec sa pointe, utilisant les trous de la paroi. La créature marine s'était brusquement décalée et, d'une prise plus ferme qu'un étau, avait refermé sa poigne sur la hampe de lance.
- Que... lâche ça le monstre ! Lâche !
La tête cuirassée de K'illa alla de l'habitant de la surface à l'objet qu'il venait d'immobiliser. Plusieurs fois déjà, lui et ses semblables l'avaient utilisés pour le contraindre à avancer dans le couloir, l'empêchant de rebrousser chemin. Son ventre plus mou en portait encore plusieurs cicatrices. Mais tout comme l'objet à couper les varechs qu'il utilisait pour couper le corail ou les bâton bouillonnants, il pouvait lui aussi utiliser cette pointe. D'un mouvement sec, il tira celle-ci à lui et l’arracha à son propriétaire qui vint se cogner contre la paroi de liens. Il eut un cri puis l'habitant de la surface s'effondra, s'étant cogné la tête.
Silencieux, K'illa examina la pointe. Une seule de ses extrémités était perçante. Celle avec laquelle on l'avait blessé. C'est donc celle-ci qu'il fallait orienter vers sa proie. Ce qu'il fit.
Se relevant, la brute des bas fond vit avec effroi le leviathan retourner la lance entre ses membres. Maladroitement, il en glissa la pointe entre les barreaux de la grille du couloir menant à l'arène.
- Que...
D'un mouvement sec, la créature fit glisser l'arme en avant, laquelle déchira sans peine le pourpoint de cuir du coupe-jarret. Sous la violence du choc, elle lui ressortit au milieu du dos avec un son mat et une giclée écarlate. Il échappa un soupir avant de s'affaisser en avant, reposant de tout son poids sur le manche.
Inclinant la tête de côté, K'illa commença à tirer la pointe à lui, rapportant l'habitant de la surface empalé. Il était néanmoins trop imposant pour passer à travers les ouvertures et, quand le prédateur tira plus fort, l'arme se dégagea tandis que le corps s'effondrait de l'autre côté.
- Graaah, échappa-t-il avec frustration.
A nouveau, il allait devoir déchirer la paroi trouée. A moins que... s'accroupissant, K'illa tandis le bras et referma ses doigts sur le poignet de sa victime, la tirant vers lui.
- Gilbert ! Monstre que lui as-tu fait !?
Un nouvel individu déboula en criant. Aussitôt K'illa se tourna vers lui. Dans son poing il tenait un objet familier. Le même utilisé par ses semblables pour couper les varechs et K'illa pour tailler le corail. Et il le levait au-dessus de sa tête en courant jusqu'à la grille. K'illa comprit aussitôt la menace et replia son bras avant qu'il ne lui soit tranché au niveau du coude, la lame rebondissant contre la paroi avec une étincelle pour finir plantée dans le corps encore chaud.
- Merde que... Gilbert ! Monstre qu'est-ce que tu m'as fait faire...
Le museau collé aux barres, K'illa plongea son regard dans celui de son agresseur.
Il était un son qu'il ne cessait d'entendre, encore et encore. “Monstr'dela" était les tout premiers mots qu'il avait entendu, prononcé par un habitant du récif surpeuplé aux bâtons d'eau bouillonnante, au large de la côte. "Monstre !" puis "élemonstr'" avait été parmi les premiers sons entendus à la surface, déclaré par un de ses habitants sur la plage en le désignant avant de l'agresser. "Unmons'tr ! Omonstr' ! Omonstr' !" avaient hurlés les coupeurs de varechs avant de fuir en abandonnant l'objet tranchant qu'il utilisait à présent pour tailler les coraux, similaire à celui dans le cadavre devant lui. "élemons'tr" avait beuglé un des individus juchés plus haut dans le lagon pendant qu'il se batait, en sécurité sur la paroi du lagon desséché. "élémons'tr" avait crié un autre en gesticulant. "tumonstr'" avait déclaré un autre en le montrant du doigt. "él'monstre" lui avait baragouiné l'un des autres individus avant de le piquer de sa longue pointe, puis "cemonstr'en" avait-il couiné avant d'être dévoré. Enfin les deux devant lui, mort comme vivant, venaient à plusieurs reprise d’émettre ce son.
"Monstr"
C'est donc ainsi qu'ils le désignaient. Le nom dont il était affublé.
La déduction de K'illa étaient le fruit d'une longue réflexion, se ressassant ses échanges avec des créatures douées de paroles. Et à cet instant précis, faisant face à l'un des habitants de la surface brandissant un objet tranchant et l'appelant ainsi, il avait la certitude d'avoir raison. Il était "monstr". Et contrairement à ce qu'ils semblaient tous croire, lui aussi pouvait manipuler des objets, tout comme eux. Lui aussi pouvait blesser et tuer, autrement que par ses crocs et griffes.
Ouvrant légèrement la gueule, il communiqua à son tour, comme il l'avait toujours fait avec les siens avant que sa famille ne lui soit arrachée. Il projeta ses pensées, ses souvenirs, directement dans l'esprit de son vis à vis.
"Une onde calme et lumineuses, les reflets de la surface dessinant des motifs abstrait sur le sable. Agitant doucement les membres pour ne pas être ballottés par le courant, deux habitants du récifs sous-marin l'observaient approcher. Puis, lorsqu'il fut à quelques brassées, ils pointèrent leurs bâtons bouillonnant dans sa direction avant de prendre la parole d'un ton menaçant. " Monstre de la Tempête ! Tu oses te présenter à Sitlanta !". Puis, esquissant une mimique assimilée à du dégout en retroussant ses muscles faciaux, il tourna les talons et nagea jusqu'à son récif avec ses semblables, gardant un œil sur le prédateur trop perplexe pour les prendre en chasse".
Clignant des yeux d'incompréhension, l'habitant de la surface chuta sur son arrière-train. Son regard était exorbité. Ses mains tremblantes. Son souffle précipité.
- Que... qu'est-ce que... qu'est-ce que tu m'as fait le... le monstre, balbutia-t-il en portant les mains à son crâne. Que... monstre...
Il secoua la tête puis, terrifié, se retourna et clopina aussi vite que possible pour sortir de l'endroit, hors de portée du prédateur dont il venait réaliser ne rien savoir.
K'illa de son côté resta immobile. Stoïque. Il le suivit du regard, puis lorgna l'objet tranchant planté dans le cadavre. A nouveau, il passa le bras dans l'ouverture et s'en empara. La carcasse était trop volumineuse pour passer, mais avec cet objet, cet outil tranchant, il pourrait la couper en plus petit morceaux et ainsi, une pièce à la fois, s'en repaître. Il garderait aussi cette pointe et cet outil tranchant. Ils pourraient lui être utile dans son prochain combat du lagon desséché.
- Chasser ou être chassé:
Furtivement, les deux chasseurs se glissaient entre les arbres. Il faisait sombre, mais la lueur de la lune et les branches suffisamment éparses suffisaient pour qu'ils y voient clair. Approchant de leur objectif, les arbres cédant brusquement la place à une butte de sable, ils échangèrent un regard. Le premier des deux posa un index sur ses lèvres, intimant au silence, avant de gravir la pente à quatre pattes, aussi discret que possible. Son acolyte ne perdit pas de temps pour l'imiter et quelques instants plus tard, tout deux étaient allongés et lorgnaient la plage en contre-bas.
Ils n'étaient pas venu en vain. Avant même de repérer leur proie, ils entendirent ses baragouinements primitifs. De l'index, l'un des chasseur la désigna à son confrère. Assise dans le sable, sa longue queue repliée autour des ses membres postérieurs comme l'aurait fait un chat, l'animal avait le museau levé au ciel étoilé. Vers la lune plus exactement, pleine ce soir là et le nimbant d'un voile estompant les couleurs. Se penchant d'un côté puis de l'autre, imperturbable, la bête continuait à grommeler toute seule.
- Quel monstre, murmura le premier chasseur. Les randonneurs avaient raisons... - Si près des villes... cela fait froids dans le dos... - Yep. Heureusement...
Discrètement, il s'empara de l'arc qu'il avait jusque là en bandoulière. Puis d'un geste fluide tira une flèche du carquois accroché entre ses épaules et l'encocha.
- ... nous sommes là pour corriger cela.
Lentement, il mit la créature en joue, imité par son second.
- Quand tu veux. - Go !
Les deux traits fusèrent dans la nuit et firent mouche. Aussitôt ils se redressèrent à genoux en encochant leurs flèches suivantes, faisant pleuvoir la mort. L'animal en contrebas cessa aussitôt ses borborygmes et se tourna dans leur direction, le museau incliné et principalement plongé dans l'ombre.
- On le tue ! s'écria le premier en tirant déjà sa troisième flèche.
Les ayant repéré, l'animal chargea en poussant un rugissement guttural, projetant du sable partout. Plusieurs hampes de flèches dépassaient de son dos et ses épaules, ne semblant nullement l'importuner.
- Mais... mais pourquoi il tombe pas ? commença à paniquer l'un des archers dont le tir vint rebondir sur le crâne renforcé de sa cible. - Tire !
Néanmoins, après plusieurs bonds qui avalèrent la pente, le monstre fut sur eux. D'un puissant coup de griffes il défigura le premier archer tout en brisant son arme. Avant qu'il n'ai le temps de se tourner vers lui, le second poussa un hurlement de terreur et dévala la dune, abandonnant son arc dans sa fuite.
Redressant le museau, dégoulinant de sang, la créature criblée de flèches le regarda disparaître sous les frondaisons, hors de sa portée. Grondant de colère, il s'acharna encore quelques instants sur la dépouille, lui arrachant les membres et la réduisant en lambeaux. Puis, une fois calmé malgré la douleur lancinante des pointes fichées dans sa chair, il se pencha sur les outils de ses agresseurs. Éparpillés dans le sable se trouvaient des pointes de bois similaires à ceux le faisant souffrir. Son premier instinct fut de les piétiner, passer sa fureur dessus pour ne plus souffrir leur usage.
Néanmoins, il se contint. Les habitants de la surface utilisaient ces pics pour le blesser. Mais tout comme il avait utiliser l'outil de métal pour tailler le corail ou les bâtons bouillonnant qu'il échouait à reproduire, il pouvait les imiter. Lui aussi jeter ces pointes de bois. Mais comment ? Comment ces agresseurs avaient-ils fait ?
La curiosité prenant le pas sur son irritation, K'illa examina plus attentivement les pointes. Par mégarde en brisa plusieurs entre ses doigts épais et maladroits. Mais ne parvint pas à en projeter.
Réfléchissant, il se focalisa sur l'habitant qu'il avait tué et dévorerais bientôt. Celui-ci avait entre les mains un outil étrange, qu'il avait brisé. Mais l'autre ayant prit la fuite avait abandonné le sien. Le prédateur s'empressa de dévaler la pente pour le retrouver. Puis de le manipuler avec d'infinies précautions. Contrairement aux pics, il n'en avait pas davantage. Le bois était souple. Davantage que celui des flèches. De plus il y avait un unique poil tendu reliant les deux extrémités du bâton constituant l'objet.
Malgré une bonne heure à réfléchir et manipuler l'arme, puis une de plus après avoir dévoré le cadavre encore tiède, K'illa fut incapable de comprendre comment utiliser un arc pour tirer des flèches. Mais emporta le tout, bien déterminé à observer d'autres faire et apprendre leurs secrets.
- Outils et armes:
Temporairement échappé du terrier où les habitants de la surface s'efforçaient de l'enfermer, K'illa errait au large de la baie, réfléchissant. A plusieurs reprises, les proies qui lui avaient été servies s'étaient révélée plus dure à terrasser qu'escompté. Non pas qu'elles se révélaient particulièrement féroces. Non. Elles manipulaient des objets avec lesquelles elle frappaient ses membres, son museau ou son corps. Elles utilisaient des piques acérées pour percer ses écailles de loin, soit à bout de bras soit en les projetant. Elles employaient des crocs tenus à la main, assez acérés pour déchirer son cuir.
Les habitants de la surface utilisaient des objets pour le blesser. Tout comme ceux coupant les arbres auxquels il avait dérobé un objet résistant et tranchant pour tailler le corail. Tout comme les résidents du récif au large employaient des bâtons bouillonnants pour repousser les créatures venues du large. Les "monstr" comme lui. Tout comme les créatures à queue de ver ayant emporté sa sœur utilisaient des filets pour les capturer, des filets similaires à ceux des habitants de surface locaux, employés pour capturer du poisson. Même s'il avait prit l'habitude désormais de les déchirer et voler les poissons prisonniers, se repaissant de ces repas servis rien que pour lui.
Les habitants de la surface, du récif, du lagon desséché ou a dos de béhémoth flottant sur l'eau utilisaient des objets pour réaliser des choses normalement au-delà des facultés que la nature leur avaient offerte. Lui-même d'ailleurs avait utilisé un de ces objets subtilisé pour tailler le corail.
K'illa ignorait que ces objets portaient des noms au sein de la civilisation. Mais inconsciemment, il leur en attribua selon sa propre expérience limitée. Par observation et mimétisme, il avait comprit ce qu'étaient des armes et des outils. Leur valeur et leur utilité.
Et maintenant il désirait lui aussi en posséder. En utiliser.
Ce qui passait par se confectionner les plus simples d'entre eux. Ces gros morceaux de bois ou de roche froide, utilisés pour écraser les menaces. Des armes inutiles sous l'eau de par le mouvement freiné par les frottements de l'onde, mais redoutable en surface, là où crocs et griffes devenaient plus difficile à employer.
K'illa essai de baragouiner en #b3fefa |
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| Sujet: Re: Souvenirs de lunes montantes Mar 13 Fév 2024 - 14:36 | | | Rp métiers et divers II - Qu'est-il ?:
Une nuit de plus, K'illa s'était extrait de l'onde pour arpenter la terre ferme, errant sur la plage. Levant le museau, il avait vite retrouvé l'astre céleste, perché tout là-haut à la voute étoilée. Cette vision avait apporté de la joie au cœur de la créature aquatique. Posant son arrière train sans le sable, sa longue queue enroulée autour de ses chevilles, il resta dressé à admirer la lumière si fascinante. Penchant d'un côté et de l'autre, il baragouina des borborygmes sans regarder le temps passer. Jusqu'à ce qu'une voix ne lui réponde, en quelque sorte.
Se détournant avec curiosité, il chercha du regard l'origine du chant qu'il percevait. Un chant gracieux, emplit d'un sentiment inconnu qu'un être civilisé aurait qualifié de mélancolique, mais qui parlait à l'abyssal solitaire. Désireux de comprendre ce qui pouvait émettre cette mélopée, il s'enfonça dans les terres de son pas malhabile. Toutefois, fait rare, il eut l'initiative d'être discret pour ne pas faire fuir le ou les chanteurs. Ou tout du moins, discret selon ses propres standards. Par le passé sur les rives proches de son lagon natal, il lui était arrivé d'espionner des habitants de la surface rassemblés autour de feux de bois pour voler quelques refrains. Chaque fois qu'il avait été découvert, ils avaient soit prit la fuite, soit l'avaient attaqués. Or ce soir là, K'illa était déjà repus, s'étant goinfré de la carcasse d'un phoque dans une crique proche.
Évoluant au milieu des algues sèches jonchant ce pan de terre, s'efforçant de ne pas en dépasser pour camoufler sa présence, le prédateur approcha. Puis enfin identifia les chanteurs.
Quelque chose de différent était à l’œuvre en comparaison de ses expériences passées. Ce n'était pas simplement des habitants de la surface. Des habitants du récif au large étaient mêlés à eux. Partageant un anatomie relativement proche, il les aurait confondus si au fil des mois il n'avait pas eut l'occasion d'espionner l'un comme l'autre. Les habitants de la surface, avec leur cuir rosé ou légèrement orangé et leurs fines algues sur le crâne, ne pouvaient plus être confondus avec ceux des récifs à la peau blafarde ou bleutée, généralement huileuse et ponctuée de tâches, présentant des attributs aquatiques comme des nageoires ou excroissances faciales dont ne disposaient pas ceux de la surface. C'était donc une assemblée hétéroclite. Ce qui étonna K'illa, le détournant momentanément de sa fascination sonore. Momentanément.
Une abyssale dansait autour du feu, agitant les membres en rythme avec la mélodie, se contorsionnant de façon étrange voire grotesque aux yeux du prédateur. Ce n'est toutefois pas son comportement anarchique qui avait l'attention de K'illa. Ni les chanteurs des deux espèces à vrai dire. Non. Certains des membres de cette assemblée possédaient des objets qui, entre leurs mains, produisaient des sons inédit à son oreille interne. Martelant l'un volumineux et générant des chocs sourd qui venaient résonner jusque dans les os de son dos. Portant des espèces de coquillages devant leurs visage et produisant des sifflements doux et harmonieux. Caressant des fils tendus sur un morceau de bois à l'aide d'un autre fil. Un objet d'ailleurs lui rappelant celui utilisé pour projeter des pointes à distance. Se pourrait-il que pareil outil ne soit pas que destiné à compenser des lacunes physiques pour le combat, mais également à produire ce genre de sons si agréables à écouter ?
Il demeura immobile un long moment, fasciné par ces chant et mélodies étrangères et pourtant si belles. S'asseyant sur son arrière-train, il fini par en oublier de se cacher, penchant d'un côté puis de l'autre au fil des différentes musiques. Il ne remarqua même pas que plusieurs des membres de cette assemblée avaient fini par se lever, le pointant du doigt. Ils émettaient quelques paroles incompréhensibles, mais s'ils s'emparèrent de leurs outils jeteurs de pointes (à moins que se fut d'autre outils sonores ?), ils ne l’agressèrent pas. Aussi continua-t-il à apprécier le spectacle.
- C'est le monstre, grinça l'elfe en serrant les poings sur le bois de son arc. C'est lui qui a mutilé mon frère, c'est lui qui... - Baisse ton arme, intima l'abyssal torse-nu doté d'une collerette dorsale disparaissant à la base de son dos. Cela fait plus d'une heure qu'il est là et n'a pas un comportement hostile. - Qu'importe, je vais... - Tu vas te faire tuer si tu le provoque. Regarde le. Il agit comme un cobra charmé par un joueur de flute. N'effraie pas les autres. Peut-être finira-t-il par partir. - Ou nous bouffer quand il en aura assez ! - Je ne pense pas.
Scrutant ce représentant de la tempête, l'abyssal l'ayant autrefois chassé à proximité de Sitlantla était prit d'un doute. Cette créature primitive était incapable de communiquer ou passer pour une entité apte à s'intégrer dans une société. Néanmoins, son comportement actuel prouvait qu'elle était plus qu'un animal, qu'elle bête sauvage. Elle était bien un abyssal elle aussi. Et d'un genre atypique, ayant les attributs monstrueux de la tempête, mais de toute évidence fascinée par leurs chants et musiques. Un trait typique des enfants de la Muse.
- Qu'est-ce que tu es le mons... le tempêtueux ?
- Premier contact:
Cela faisait cinq nuits qu'il venait s'asseoir sur la souche au-delà de la plage, sur le chemin des clairières verdoyantes plus à l'intérieur où se regroupaient les elfes en veillées nocturnes. Cinq nuits qu'il restait éveillé, attentif, guettant la présence de la créature. Jusqu'ici, elle ne s'était pas manifesté et il avait dû rentrer bredouille. Son arbalète posée contre le bois, il s'efforçait de prendre son mal en patience. Après tout, si entrer en contact avec cette bête pouvait permettre d'éviter davantage de morts ou l'abattre par simple principe de précaution, il se devait de le faire.
Les abyssaux de la tempête, affublés d'une apparence monstrueuse et généralement d'un caractère en conséquence, étaient considérés à Sitlanta comme des aberrations contre-nature à éliminer. Les laisser proliférer serait en effet un risque pour les fonds comme les côtes.
La créature en question, d'apparence clairement tempétueuse, avait agressé et tué à de multiples reprises. Des elfes principalement, bien qu'elle ai aussi tué aux quais d'Ishtar. Toutefois, la justice envers les individus terrestres ne l'intéressaient nullement. Qu'ils se débrouillent. C'était pour une autre raison qu'il prenait son mal en patience par cette nuit de marée montante sous la pleine lune : la créature avait dansé. Captivée par le chant des elfes et la mélodie de leurs instruments, elle n'avait pas attaqué ou montré le moindre signe d'agressivité. Elle avait apprécié les sons harmonieux et envoutant. Là où un véritable rejeton de la tempête aurait simplement déferlé dans la clairière pour massacrer les malheureux. Cette créature, quoi qu'elle soit réellement, était différente. Un abyssal sans ascendance particulière, à l'aspect monstrueux mais à l'âme pure, née en marge de toute forme de civilisation sous-marine ? Cela n'aurait pas été la première fois. Et si éduquer pareils individus n'était pas sans risques, leur apporter la paix et les aider à trouver leur place pouvait apporter davantage à Sitlanta que l'entrainement de dizaines de soldats. Qui mieux qu'un abyssal né, ayant grandit et survécu aux dangers des abysses pouvait en surveiller les rejetons ?
Soupirant, il était premier à reconnaître que son initiative était tout sauf désintéressée. Ficher un carreau entre les deux yeux de...
Alerte, il se redressa brusquement. Une forme sombre venait de bondir des vagues, s'écrasant pesamment dans le sable. Elle était massive. Bien plus que lui. De simples carreaux ne seraient peut-être pas projectiles les plus adaptés. Muselant son angoisse soudaine, il laissa son arme contre la souche et se contenta d'étudier la créature. Sur ses quatre membres, elle toussa et s'étrangla quelques instants avant de se redresser, trahissant ne venir fouler la terre ferme que depuis peu, son anatomie n'étant pas encore habitué à la transition entre respirer de l'air ou de l'eau. Elle se reprit vite toutefois, venant à l'assaut de la pente de sable, se déplaçant à quatre pattes comme un énorme varan. La similitude toutefois s'arrêtait là : les écailles détrempées couvrant son corps miroitaient légèrement au clair de lune, bien différentes d'un cuir reptilien. Une collerette lui partait de la base de la nuque et dévalait le long de son dos pour se perdre vers sa queue, un peu comme celle arborant le crâne de l'observateur et disparaissant entre ses omoplates. Curieusement, sa gueule, sa face et son front n'étaient qu'un imposant bloc osseux où ses yeux reflétant la lueur lunaire étaient incrustés.
D'où qu'elle puisse venir, cette chose n'était pas native des côtes du Sud.
- L'heure de vérité, murmura-t-il pour lui même en restant droit afin que l'arrivant le remarque, ce qui ne prit pas longtemps.
Il n'eut qu'un instant d'hésitation avant de totalement chasser l'arbalète de ses pensées. Définitivement, elle ne lui servirait à rien. Si les choses tournaient au vinaigre, il vaudrait mieux prendre ses jambes à son cou. La créature semblait pataude sur la terre ferme, ce qui pouvait être mit à profit.
Lorsque la bête s'immobilisa, la gueule tournée dans sa direction, lui s'efforça d'expirer calmement. D'organiser ses pensées. Puis il projeta sa conscience à la rencontre de l'autre.
Le premier contact fut chaotique. Confus. Primal. La créature n'avait pas des pensées organisées, des mots pour nommer ce qui l'entoure, de notion du temps ou de l'espace.
- Par la Muse... grinça l'abyssal en serrant les dents pour ne pas se perdre dans le flot d'images et souvenirs, les yeux clots.
Luttant contre le tourbillon dans lequel le lien ténu les unissant l'entrainait, il eut soudain une idée, soufflée par sa déesse mère. Plissant les lèvres, il siffla. Faiblement d'abord, puis avec davantage d'insistance. Il régula son souffle, produisant une mélodie douce bien qu'hachée. L'effet fut immédiat. Le déluge de sensations primitive cessa instantanément, remplacé par une simple plage comme celle sur laquelle ils se trouvaient. Une plage de sable plus grossiers qu'ici, où des vagues venaient paresseusement s'échouer. Calmement, malgré tout focalisé sur la mélodie, il leva les yeux au ciel et fut abasourdit. La lune emplissait tout le ciel. Immense. Imposante. Majestueuse. Magnifique.
Fasciné par la projection mentale de l'autre abyssal, il en oublia un instant le sifflement de sa mélodie. Avant que la situation ne lui échappe, il reprit, cherchant son interlocuteur du regard dans cet autre monde onirique.
- Où es-tu ? appela-t-il. Montre toi. Je ne te veux pas de mal.
Nulle réponse ne lui parvint.
- Je suis Albrecht, s'introduisit-il en posant mentalement sa main sur sa poitrine. Qui es-tu ?
Appuyant l'idée, il imposa des souvenirs à leur scène partagée.
Un autre habitant de la surface s'approche et lui fait signe. Il l'appelle par son nom et lui fait signe en retour.
Un abyssal dans les colonnes sous-marines de Sitlanta appelle son nom. L'entendant il se retourne. C'est ainsi qu'on le désigne. En réponse il nage à sa rencontre.
Il se présente à un employeur en surface, prononçant son nom avant que la scène ne se dissipe.
Des abyssaux nagent à sa rencontre comme il approche l'étrange lagon. Ils brandissent des bâtons bouillonnants. L'un d'eux tends son bâton vers lui mais ne lui décoche pas de traits. "Monstr' !".
Un humain de l'autre côté d'une grille de métal lui décoche un regard mauvaise, s'efforçant de le piquer à travers les interstices pour le forcer à avancer. "Monstr' !".
- Non, rétorqua Albrecht oralement et par le biais d'un sentiment négatif. Tu n'es pas un monstre. Ce n'est pas ton nom.
Un autre placoderme doté de quatre membres nage avec lui. Sa peau huileuse est plus claire et sa taille est moindre. Mais sa queue est plus longue. Ses mouvements sont confus. Quelque chose est anormal. Il ne devrait pas nager tantôt sur le dos et tantôt sur le ventre.
- Ce semblable, insista-t-il. Comment te désigne-t-il ? En pensée ou en...
Un gargouillit difficilement reproductible émana de la gorge de l'autre placoderme. A cela, lui se tourna dans cette direction. Lui et pas un troisième se laissant paresseusement porter par un courant montant. Un borborygme également porté par la pensée alors que leurs regards se croisaient. Un son en deux sillabes bien plus simple à reproduire pour un humanoïde. "K'illa".
- Voici ton nom, se réjouit Albrecht. C'est ainsi que tu te nommes. K'illa. Tu n'es pas un monstre. Tu es un abyssal. Tout comme moi. Tout comme tes semblables, où qu'ils soient.
Lorsqu'il rouvrit les yeux après avoir cessé de siffler sa mélodie, K'illa le toisait de toute sa hauteur. Les crocs effleurant son front, il avait les yeux rivés dans les siens. A cet instant, Albrecht regretta ne pas avoir son arbalète entre les doigts. Sa vie ne tenait plus qu'à un fil ténu, tenue par une créature affamée et à la puissance de morsure colossale dont il venait d'enseigner son nom. Le moment resta suspendu dans le silence.
Finalement, le tempétueux placoderme se détourna et d'un pas pesant, poursuivit son chemin vers l'intérieur des terres, l'abandonnant là. Après ce qui lui sembla une éternité, il s'autorisa a expirer. Quelle folie l'avait prit de tenter cela ?
D'un autre côté... il était en vie. Cela n'avait pas été vain.
- Silence. J'écoute.:
- Vous etes sûr qu'il n'attaquera pas ? Que faire cela le dissuadera d'attaquer les elfes ? - J'en suis convaincu, la rassura Albrecht. Maintenant commence à jouer. Je le vois.
En effet, une silhouette massive s'extrayait péniblement des vagues, posant les griffes sur le sable. Déglutissant d'appréhension, la ménestrelle sitlantéenne leva les bras et, du bout des doigts, effleura la première corde de son instrument.
Lorsqu'après plusieurs laborieux, l'abyssal massif se fut suffisamment éloigné du roulis aquatique, il releva le museau, percevant les premières notes. Perplexe, il identifia vite les deux individus sur la plage au clair de lune, seuls au beau milieu de la nuit.
Laissant une nouvelle fois son arbalète de côté, Albrecht fit quelques pas avant de s'asseoir en tailleur, fermer les yeux et très vite projeter sa conscience en avant. Oui sa précédente expérience avec l'autre abyssal s'était bien déroulée, mais il avait malgré tout frolé la catastrophe. Plus tôt il établirait le contact avec le tempétueux, K'illa, plus il serait serrein.
S'efforçant de rester calme, la musicienne avait les yeux rivés sur la créature devant laquelle son camarade s'agenouillait. Les doigts s'agitant d'eux même au rythmes de la mélodie, elle avait conscience du danger. Albrecht avait été clair. Si elle cessait de jouer, il avait la certitude qu'ils n'auraient plus qu'à courrir pour leur vies. A pas lents, l'abyssal monstrueux s'approcha. Ignorant totalement son camarade, il avait le museau rivé droit sur elle. Elle pouvait discerner ses yeux, enfoncés dans sa peau humide et dénués de paupières, la fixer avec intensité. Lentement, il entrouvrit la gueule. Agita sa longue queue pourvue d'un voila. Puis posa son arrière train dans le sable.
-"K'illa" projeta Albrecht en s'efforçant de communiquer par la pensée plutôt que par la voix. "K'illa te souviens-tu de moi ? Nous nous sommes rencon..."
"Un habitant de la surface qu'il écarte de son chemin, brandissant un objet de bois et de métal. Celui-ci est trop frêle, n'a que la peau sur les os. Il ne l'intéresse pas... son confrère dans son dos en revanche...
Dissimulé dans les fougères, il est assit et reste silencieux. Caché. Invisible. A quelques distances en avant, un cercle d'individus est rassemblé autour d'une lumière dansante qui pique les yeux. Les individus chantent et produisent des mélodies le fascinant. Des mélodies qu'il veut continuer à écouter. Encore et encore et encore..."
-"Oui je... je te laisse profiter de la musique..."
Rouvrant les yeux, Albrecht s'abstint de bouger ou prendre la parole. Le béhémoth se trouvait face à lui. Penchant doucement d'un côté puis de l'autre au rythme de la musique. K'illa aurait facilement put le broyer entre ses griffes ou le trancher en deux d'un coup de machoire. Il était affamé, Albrecht l'avait parfaitement perçu lors de leur connexion. Pourtant, il ne cherchait pas à s'en prendre à eux malgré son estomac hurlant famine.
Il préféra s'abstenir de ré-établir le contact pour lui révéler la présence de deux moutons de l'autre côté de la colline. Du bétail qu'il lui avait apporté et offrait pour établir un lien de confiance. Pour le dissuader de ne pas chasser à nouveau d'humanoïde sur la terre ferme.
Il pouvait attendre que cette musique soit terminée. Ainsi que la suivante et celles venant après...
K'illa essai de baragouiner en #b3fefa |
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