La nuit tombait à l’horizon. Sachant qu’elle en aurait encore pour quelques jours de marche avant de rentrer à l’Institut, la nordienne décida qu’il était temps pour elle de monter un campement pour la nuit. Hilda commença d’abord par poser quelques collets, histoire d’avoir un peu de viande fraîche à se mettre sous la dent. Un lapin ou n’importe quel autre petit animal ferait l’affaire. La demi-Elfe ramassa ensuite du bois et des plantes comestibles pour accompagner son repas du soir, son corbeau virevoltant autour non loin sans la perdre de vue et son esprit gardien renard sur les talons. Voyant les nuages à l’horizon, la volvä opta pour s’installer au pied d’un arbre centenaire, un au feuillage bien fourni afin de se protéger d’une éventuelle pluie. Avant que ne tombe l’averse, la jeune femme refit un tour de ses collets, et heureusement, il y avait son repas du soir : deux écureuil et une perdrix.

- Muninn, on aura droit à un vrai festin ce soir !

L’oiseau charognard lui répondit d’un croassement. Retournant au pied de son arbre, la nordienne alluma son petit feu au moment où l'eau se mit à tomber du ciel. Et bien, se que sa jumelle lui avait appris sur la nature lui avait de nouveau été utile. Cette pensée pour Æstrid la rendit nostalgique un moment. Sa famille lui manquait, mais ce n’était pas encore le temps pour elle de retourner à la maison, bien que la nordienne prévoyait un voyage rapide à Kastalinn prochainement afin de rejoindre la Milice. Peut-être pourrait-elle faire un détour par son village afin de prendre des nouvelles ?

Se concentrant sur son repas, Hilda embrocha la perdrix et l’un des rongeurs, donnant le second à Muninn, puis les plaça au-dessus du feu pour la cuisson. Elle profita de la pluie pour remplir son petit chaudron rituel afin de faire bouillir de l’eau également, histoire de se faire un peu de thé. Il lui restait un peu de jasmin et de camomille séchés dans ses sachets d’herbes, et la demi-Elfe se sentait toujours fatiguée depuis son rituel d’unification de la veille. Car oui, Hilda était enfin lié à un l’un de ses esprits gardiens, en l'occurrence l’ours, enfin d’avoir un atout de plus en combat. Entre Mann, Muninn et maintenant Teiwaz, la jeune femme serait ien entouré.

S’attendant à être seule, la nordienne sursauta tout d’un coup lorsqu’elle entendit une branche craquer. Se redressant, la jeune femme dégaina doucement son épée et resta aux aguets.

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Elle aperçut enfin la provenance du son : une silhouette s’approchait, se révélant être un Elfe. L’arc en bandoulière et les mains levées en signe de paix lui indiquèrent qu’il ne lui voulait pas de mal … du moins, jusqu’à preuve du contraire. C’était une stratégie que son père d’adoption lui avait déjà dit avoir fait afin de gagner un raid plus facilement. Alors pourquoi les autres ne le feraient-ils pas eux aussi ?

- Bien le bonsoir, je me nomme Melhyndil, et je voulais savoir si cela vous dérange de partager un coin auprès de votre feu pour la nuit ?

Melhyndil ? Voilà bien un nom d’Elfe. Probablement un sang pur à le regarder. La pluie aidant, Hilda lui fit signe qu’il pouvait se joindre à elle. Restant méfiante, la demi-Elfe ne rengaina toutefois pas son arme, préférant la déposer non loin d’elle.

- Moi c’est Hilda. Hilda Lagertha Alfdóttir. Lui, c’est Muninn, poursuivit-elle en pointant son corbeau percher dans l’arbre, son écureuil tenu par une patte et en plein festin, et lui, c’est l’un de mes esprits Gardiens, Mann, conclut-elle en pointant le renard spectral couché à ses pieds.

Son fort accent prouvait que la jeune femme n’était pas native de cette contrée, mais également que le dùralassien n’était pas sa langue maternelle. Relevant sa tignasse pour qu'elle ne tombe pas dans le feu afin de retourner ses proies en cuisson, la völva afficha également son sang elfique, révélant des oreilles pointues, certes, mais bien moins longues que le nouvel arrivant, prouvant son métissage. Peu encline à la discussion avec un inconnu, la demi-Elfe gardait le silence, les seuls sons ambiants étant la pluie, les craquements du feu, mais aussi ceux des os que Muninn brisait en mangeant. La seule raison qui l’avait poussé à l’accepter près de son feu était définitivement la pluie. Mais Mann et le corbeau ne réagissant pas en mal, la nordienne finit par se détendre un peu.

Plusieurs minutes s’écoulèrent, pendant lesquelles la viande poursuivit sa cuisson. La tisane étant prête, Hilda s’en servit un verre. N’ayant pas de vaisselle pour deux, elle n’en offrit cependant pas à l’Elfe. Il n’aurait qu’à se servir s’il en voulait. Réfléchissant, la jeune femme finit par reprendre la parole. Elle était ici pour apprendre, ce n’était donc pas en restant muette et en ignorant les autres qu’elle saurait.

- J’m’attendais pas à croiser quelqu’un vu l’heure et la météo. Tu t’es perdu ou un truc dans l’genre ?

Quelle question, c’était un Elfe, fort probablement natif de Sylfaën. Comment pouvait-il s’être perdu ? S’il y avait bien une race douée pour son orientation, c’était bien eux, non ? Elle-même se débrouillait bien et arrivait à se repérer dans cette région. Sirotant son thé, Hilda attendit la réponse de Melhyndil.

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Son regard d’acier posé sur l’étranger du campement, celui-ci lui répondit enfin, tandis que la demi-Elfe prenait une nouvelle gorgée.

- Non, non, je ne suis pas perdu, je n'irais pas jusqu'à dire que je connais la forêt comme ma poche, mais je la connais très bien. J'aime la parcourir régulièrement, toujours à la recherche de nouvelles découvertes. Je n'ai juste pas fait attention au fait que la nuit allait commencer à tomber. Mais ce n'est pas la première fois que je dors à la belle étoile, soyez en certaine.

Il ria en terminant sa réponse, mais le visage de la nordienne resta de marbre. Au moins, elle avait vu juste, bien que son interlocuteur semblait être un minimum tête en l’air pour ne pas avoir vu le temps passer. Mais Hilda côtoyait tellement peu de gens, en dehors de ses cours, où soit dit en passant, elle ne parlait pas plus aux autres non plus, que partager son bivouac du jour avec un natif de Sylfaën lui faisait étrange. Cependant, c’était une bonne occasion d’en apprendre plus sur la région.

Melhyndil se rapprocha du feu lorsque la pluie s’intensifia. Sans doute avait-il froid avec ses vêtements trempés. La völva prit quelques branches qu’elle avait ramassé avant d’allumer son feu et les jeta dans les flammes afin de tenter d’augmenter la chaleur. C’est alors que l’Elfe poursuivit la discussion.

- Vous ne semblez pas être d'ici, du coup, je m'interroge sur votre présence ici. Qu'êtes-vous donc venu faire en Sylfaën, si ce n'est pas indiscret ?

La fameuse question. Il fallait dire que son accent n’aidait pas à se fondre dans la masse. Mais elle tiqua surtout quand son interlocuteur la vouvoya, une légère grimace sur le visage de sa part. La seule personne qu’elle-même vouvoyait était le Jarl de son village, son beau-frère. Jamais c’était la nordienne qui l’était, malgré son statut. Faisant fit de la politesse, la demi-Elfe poursuivit en tutoyant toujours Melhyndil.

- Non, effectivement t’as raison, je suis pas d’ici. Je viens des Fjords, entre les Plaines d’Aràn et la mer Agwaë, bien au Nord d’ici. J’ai quitté mon village pour plusieurs raisons, principalement m’inscrire à l’Institut de magie afin de perfectionner mon art.

Il n’avait pas besoin d’en savoir plus. Après tout, l’Elfe restait encore un inconnu pour la jeune femme, alors pas question de lui en dévoiler plus.

Soudain, Mann dressa les oreilles, puis la tête. Bien qu’étant la seule à le voir, Hilda aperçut également Ansur, son esprit corbeau, non loin de Muninn. L’oiseau spirituel croassait en tournoyant sur la branche. La menace les avait donc encerclée. Sans doute un groupe d’animaux attiré par l’odeur du repas. Reprenant son épée, mais aussi son bouclier non loin, la demi-Elfe lança :

- On a de la compagnie apparemment. Et pas pacifique.

Sur ces mots, la nordienne se concentra afin d’invoquer son esprit ours pour le combat.

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- Tiens donc, l'Institut de Magie est un endroit que j'aimerais voir également, peut-être que nous nous croiserons là-bas dans un futur proche. J'ai encore quelques petites choses à faire avant de m'y rendre, mais je ne manquerais pas d'y aller sous peu.

Elle avait certes entendu sa question, mais l’alerte donnée par les corbeaux était plus urgente. Son bouclier levé devant son torse, la jeune femme observa les alentours, aux aguets. Lorsque quatre renards se montrèrent enfin, Hilda fut un peu surprise. Depuis quand ces animaux attaquaient-ils ? Et en groupe qui plus est. Sans doute une petite famille attirée par l’odeur de son repas. L’Elfe archer en élimina un premier, le plus éloigné d’elle, d’une simple flèche. Bien, au moins il savait se servir de son arme, ce qui lui fit gagner quelques points dans l’estime de la jeune femme. Mais il restait encore trois canidés orangés.

- Teiwaz, vise à droite !

Sur cet ordre, l’ours grogna et fonça sur l’animal le plus à droite, l’éliminant d’un simple coup de griffe. Décidément, c’était bien des animaux, puisqu’ils tombaient trop rapidement à son goût pour être des invocations. Il n’y avait donc sans doute pas d’autres dangers derrière, bien que la nordienne resterait sans doute aux aguets un certain temps. Fonçant sur l’animal le plus prêt d’elle, Hilda l’élimina à son tour d’un simple coup d’épée.

Il n’en restait donc qu’un seul, vers lequel la völva tourna son regard.

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- Je n'ai pas l'impression qu'il y ait autre chose de menaçant, et toi, tes amis donnent-ils d'autres informations qui m'échapperaient ?

Elle regarda brièvement vers Muninn et Ansur. Ce dernier avait déjà quitté les lieux.

- Non c’est bon, le danger est passé.

L’Elfe avait finalement achevé le dernier canidé orangé. Parfait, au moins savait-il se servir réellement de son arme. La nordienne prit le temps de regarder les quatre animaux qu’ils venaient d'abattre, tandis qu’elle renvoyait Teiwaz. S’approchant du renard tué par son ours malgré la pluie, Hilda se pencha vers lui et l’examina. Les griffes de l’ursidé avaient salement amoché la fourrure, mais au moins pouvait-elle en récupérer une partie, ainsi que la viande et quelques os pour ses rituels. Sans attendre la suite, la demi-Elfe dégaina son couteau à gibier, après avoir déposé son épée et son bouclier non loin du feu. Chasseuse de métier, Hilda savait visiblement ce qu’elle faisait avec la carcasse de l’animal. La découpe était précise, séparant vivement la peau de la chair, puis cette dernière des ossements, jetant les morceaux inutiles dans un coin. Le corbeau ne se gêna pas bien sûr pour venir se régaler des abats. Seul le renard spirituel ne bronchait pas. Peu à peu, la nordienne embrocha sa récolte de chair et la plaça de sorte à en faire de la viande fumée. Bien entendu, à moins que Melhyndil ne lui pose des questions, elle fit tout ça dans le plus grand des silences.

C'est ainsi qu'elle dépeça les quatre bêtes, avant de donner sa part à l'Elfe. Puis vint les tours de garde jusqu'au lendemain matin, moment où ils se séparèrent. Hilda en fut bien heureuse, elle qui n'aimait pas trop les rencontres ainsi. Mais voilà, cette fois le destin lui avait jouer un tour, il fallait si faire.

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