La demi-Elfe était enfin à Sylfaën. La route avait été longue depuis les Fjords, sa région natale. Heureusement, Muninn et les esprits Gardiens l'avaient guidé à bon port, puisque la nordienne avait pu trouver ce qu'elle était venue chercher dans la région : l'Institut de magie. Mais voilà, c'était bien beau d'y être, il fallait maintenant apprendre à vivre dans ce nouvel environnement. Bien entendu, Hilda s’était renseigné sur les espèces protégées des environs, histoire d’éviter d’en chasser une par erreur. La nordienne ne voulait pas se mettre la Garde Zéphyr à dos non plus.

Désireuse d’en apprendre un peu sur la potentiel région natale de son père, la nordienne explorait les alentours de l’Institut de magie, finissant par trouver une clairière où vivaient des Hybrides. Mais pas que, puisque la demi-Elfe apercevait également d’autres Elfes et créatures des bois … et une créature marine apparemment. Qu’est-ce qu’un humanoïde du genre faisait en plein cœur de la forêt ? Curieuse, Hilda grimpa à un arbre non loin et observa l’échange entre la créature marine et une seconde, équine cette fois. Il faudrait vraiment qu’elle apprenne à différencier et les noms des races inconnues pour elle. Et justement, la femme-poisson appelait l'autre "centaure". Voilà donc une connaissance à mettre dans un coin de sa tête et à noter plus tard.

La nordienne avait bien entendu que la créature marine cherchait à affronter une énorme guêpe. Ça existait les insectes géants ? Elle qui avait l'habitude de la faune des Fjords, voilà qui ferait changement. "J'me demande si c'est facile à battre ou pas s'truc" Décider à en avoir le cœur net, la nordienne descendit de son perchoir et partit à la course tenter de rejoindre la femme-poisson afin de voir si elle avait besoins d'un coup de main. La noirceur tombait, mais heureusement, Muninn était là pour la guider. Mais alors que la demi-Elfe avait presque rattrapé l’autre, voilà que son pied se coinçait dans une racine, la faisant faire un magnifique plongeon sur le sol de la forêt.

- Aïeuh

La jeune femme se redressa aussitôt.

- Hep, attendez !, lança-t-elle à la créature marine.

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- Qui es-tu ? Montre-toi et explique ta présence en ces lieux. Je n'ai pas de temps à perdre en rencontres fortuites, lui lança-t-elle d'une voix calme et ferme.

Et bien, voilà qui promettait. Comme première rencontre avec quelqu'un du peuple marin, y'avait sûrement eu mieux. La demi-Elfe épousseta ses vêtements en  prenant la parole.

- J'm'appelle Hilda. Hilda Lagertha Alfdóttir, du village de Leifung, enchantée. Et lui, c'est Muninn, mon compagnon de route, poursuivit-elle en pointant le corbeau qui venait de se poser sur son épaule.

Mais alors que la nordienne allait poursuivre, son interlocutrice fit apparaître un bouclier d'eau entre eux deux, puisant avec sa magie musicale le liquide du ruisseau voisin. "Génial, une virtuose …" Même la nature semblait être sur le qui vive, en attente des ordres du poisson devant la jeune femme.

- Ne t'approche pas davantage tant que tu n'auras pas expliqué tes intentions, ordonna-t-elle d'une voix claire et impérieuse, son regard perçant fixé sur la volvä.

Ses intentions ? Elles n'étaient clairement pas hostiles, puisque son bâton chamanique était resté dans sa chambre de l'Institut, après tout, la jeune femme pensait rentrer pour la nuit, et son épée se trouvait dans son fourreau à la ceinture. Et sin bouclier, n'en parlons pas, puisqu'il était toujours au sol depuis sa chute.

- Ma quête me mène vers un ennemi puissant et dangereux, la reine des guêpes géantes. Rien ni personne ne m'empêchera d'atteindre ma cible, déclara-t-elle, sa voix résonnant comme un chant impétueux porté par le vent.

- Justement, c'est de ça que je voulais discuter. J'ai entendu ta conversation avec l'hybride cheval, un … centaure je crois que tu as dit. Je suis nouvelle ici, et j'aimerais en apprendre plus sur cet endroit, et une histoire d'insectes géants, ça m'intrigue, puisqu'il n'y en a pas par chez moi, le froid s'en doute. Je voulais te proposer mon aide, ça me permettrait de me familiariser avec la forêt et les créatures qui y vivent.

Son ton était resté calme, bien qu'une légère pointe de frayeur s'était faite entendre au début. Visiblement, la nordienne n'était pas dans son environnement ici, bien qu'ayant du sang elfique. Mais il fallait dire que la créature marine semblait également puissante. Peut-être n'avait-elle pas besoin de son aide aussi. Mais si Hilda n'osait offrir son aide, elle ne progresserait pas dans ses objectifs personnels, à savoir, ses épreuves. Alors la demi-Elfe poursuivit.

- Et toi ? Tu t'appelles comment ?

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La créature marine semblait de moins en moins méfiante après les présentations, allant jusqu'à retirer le bouclier aqueux. Hilda elle-même se détendit. La femme-poisson repriit la parole.

- Si tu choisis de m'accompagner, sois avertie : la reine des guêpes géantes est un adversaire redoutable. Sa colère est aussi féroce que sa taille. Sois vigilante et prête à agir en un instant, la prévient-elle d'une voix ferme mais tout de même bienveillante.

"Si elle savait que j'ai affronté un ours à treize ans, sans armure et armée d'une simple lance, j'me demande si elle me tiendrait le même discours", songea la demi-Elfe, le sourire aux lèvres. Mais voilà, pour une première rencontre, peut-être valait-il mieux ne pas faire son arrogante, ce que la jeune femme n'était pas de toute façon, et garder cela pour soit. Son interlocutrice reprit alors la parole.

- Hilda, si tu es prête à affronter l'inconnu à mes côtés, je t'accueille. Ensemble, peut-être pourrons-nous triompher de l'énigme des guêpes géantes et de leur venin. Mais n'oublie pas, notre succès dépendra de notre unité et de notre vigilance.

Hilda ne fit qu'un bref hochement de tête afin de démontrer qu'elle avait compris et acceptait de la suivre. Alors que la nordienne se penchait pour ramasser enfin son bouclier, la créature marine se présenta.

- Je suis Marania de Sitlantà,"[/b] dit-elle avec une petite inclinaison de la tête. La capitale aquatique des Abyssaux. J'étais autrefois la chanteuse principale de l'amphithéâtre de Sitlantà, mais les temps de guerre nous ont appelés à des rôles différents. Je suis devenue une combattante, luttant pour la défense de notre peuple.

Et bien, finalement, c'était peut-être une idée de lui parler plus d'elle. Sa race se nommait donc "Abyssale", c'était une bonne chose à savoir, ainsi, la demi-Elfe pouvait enfin mettre un nom dessus. Et la femme marine s'appelait Marania. Un autre point important à savoir. Le silence s'était installé entre les deux femmes, mais ce fut finalement la virtuose qui le brisa, poursuivant son histoire.

- Je suis mariée à un commandant de l'armée de Sitlantà, un homme fort et noble qui a consacré sa vie à la protection de notre cité. Je suis également inscrite à l'Institut de Magie, cherchant à développer mes talents d'aquamancie pour mieux servir notre peuple dans ces temps troubles.

La volvä allait répondre, mais Marania enchaîna.

- J'ai des enfants, et même des petits-enfants, qui apportent joie et lumière à ma vie. Chacun d'entre eux est une étoile de mer brillante dans l’océan de mes jours.

Voilà qui était fort intriguant. Une collègue de l'Institut, voilà donc un point que les deux femmes avaient en commun. Cependant, la demi-Elfe ne s'attendait pas à ce que l'Abyssale soit déjà grand-mère. Voilà qui prouvait que leur longévité était loin de celle des humains. Et, du coup, c'était donc à la demi-Elfe de parler un peu d'elle.

- Je suis née dans un petit village des Fjords, bien loin au nord d'ici, d'une mère humaine et d'un père dont je ne connais que le sang elfique. J'ai également une sœur jumelle du nom d'Æstrid. Toute mon enfance, dès lors que ma totémisation fut accomplie, j'ai voulue suivre les traces d'une ancêtre légendaire tout en voulant en faire plus. Je désirais être la meilleure combattante et avoir mon nom dans les légendes, mais aussi devenir la Jarlskona de mon village. À Leifung, le titre se transmet soit par héritage, soit parmi ceux réussissant un certain nombre d'épreuves. J'ai commencé à les subir dès l'âge de onze ans. Durant deux ans, je n'ai fait que m'entraîner, encore et encore, sans jamais faillir …

Et voilà, c'était le moment où elle était le moins fière de sa performance. Muninn lui donna alors un léger coup de tête, lui montrant son soutien. La nordienne le remercia d'une caresse sur la tête. Heureusement qu'il était là. Après un soupir qui pouvait en dire long, la volvä poursuivit.

- Mon rêve s'est effondré quand un ours que je devais affronter armée simplement d'une lance et sans armure m'a grièvement blessé aux genoux. J'en ai gardé des séquelles, bien que cela soit moins pire aujourd'hui. C'était il y a dix-sept ans. Depuis, ma sœur s'est mariée avec le fils du Jarl et c'est maintenant son mari qui dirige le village. Moi, j'ai plutôt choisi la voie du chamanisme, bien que je me batte toujours comme une guerrière. Les vieux réflexes, quoi.

La demi-Elfe avait lancé sa dernière phrase d'un ton blasé. Visiblement, ce n'était pas la période la plus reluisante de son passé, et cela ce voyait que la jeune femme n'aimait pas en parler. Mais voilà, il valait mieux prévenir pour son léger handicap, car cela pouvait jouer au final dans la balance.

- En vérité, si je suis là, c’est de prime abord pour comprendre mes origines elfiques, mais aussi parce que je suis venue m’inscrire à l’Institut de magie, chez les Anârciens. Je …

Ses oreilles captèrent alors un son, comme une sorte de vrombissement. Attentive, la volvä regardait autour d’elle, à la recherche de l’origine du son. C’est alors qu’Hilda les vit : une énorme guêpe, de la taille d’un chat, suivie de d’autres, plus petites, de la taille d’un merle, rappliquer vers eux à toute vitesse. Les insectes arrivaient dans le dos de Marania. Sans attendre, la demi-Elfe s’élança et se plaça entre l’Abyssale et les insectes, son bouclier levé.

- Attention !

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Elle avait bien sûr entendu les questions posées par Marania, mais l’urgence du combat fit que la nordienne ne répondit pas tout de suite.

- Prête pour une démonstration de magie aquatique ?

Mais la nordienne ne l’écoutait déjà plus. Encaissant une guêpe sur son bouclier, d’autres en profitèrent pour l’atteindre pendant que son regard était ailleurs. L’une des guêpes la piqua d’ailleurs pile sur sa cicatrice au genoux droit. Foudroyée par la douleur, la volvä mit son autre genoux à terre en lâchant son arme afin de prendre le douloureux entre ses mains.

C’est alors que l’Abyssale fit apparaître des tentacules aqueux qui emprisonnèrent prestement les reines. Ne resterait donc que les quatres plus petites.

- À toi de jouer, Hilda.

Par orgueil de prime abord, elle se releva, reprenant son arme au passage. La demi-Elfe avait promis son aide, alors son aide elle apporterait. Mais la douleur restait visible malgré sa tentative d’avoir un visage de marbre. Le ballet aqueux entre les insectes et les tentacules d’eau restait impressionnant, mais il lui fallait maintenant se concentrer. La virtuose marine comptait sur elle.

- Attention à ne pas abîmer le dard venimeux des guêpes. J'en ai besoin pour des recherches personnelles. Ce sont des insectoïdes dangereux, alors fais preuve d'agilité et de précision dans tes mouvements.

Ne pas toucher aux dards. Plus facile à dire qu’à faire lorsque c’était ces fameux dards qui lui faisaient un mal de chien. Les quatre guêpes foncèrent alors sur la demi-Elfe. Pas le temps de s'apitoyer sur son sort. Visant le dos des créatures insectoïdes, Hilda leur coupa prestement les ailes, empêchant ainsi une fuite rapide de leurs adversaires. Mais la douleur, toujours vive, l’empêcha de porter un coup fatal.

- Désolé, ces saloperies m’ont déjà piqué, je te laisse les achever.

Avec une faible concentration, la chamane préféra plutôt invoquer son esprit Gardien renard, Mann, afin que celui-ci puisse commencer à traiter ses blessures. Le canidé vaporeux mit un moment à apparaître, mais il fut bien visible pour l’Abyssale au bout d’un moment. Il commençait d’ailleurs à briller et un air de soulagement se fit voir sur le visage de la nordienne.

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- Bien sûr, laissez cela aux professionnels.

Son ton sarcastique déplu à la demi-Elfe, mais voilà, elle ne pouvait pas poursuivre. La nordienne ne s’attendait pas à ce que ses vieilles blessures rappliquent aussi rapidement, sans compter les dards des guêpes géantes qui l'avaient atteint. Décidément, il lui faudrait clairement étudier plus en détail la faune de la région, cela devenait une nécessité.

Concentrée sur ses soins, Hilda ne remarqua pas la réaction de Marania lorsqu’elle invoqua Mann, se concentrant plutôt sur la bienfaisance de ses soins, un air soulagé enfin sur son visage. Avec le temps, la völva avait comprit que chaque esprit avait un talent propre et, heureusement, la jeune femme avait réussit celui du renard, l’un des rares esprit capable de traiter ses blessures, bien que les superficielles uniquement. Il lui faudrait trouver comment améliorer cette habileté, mais une étape à la fois. Il lui fallait d’abord terminer cette discussion avec la créature marine, qui venait de reprendre la parole.

- Ah, ces créatures ne sont que des marionnettes face à la magie des abysses. Les vraies forces de ce monde sont réservées à ceux qui savent les maîtriser.

Elle entonna ensuite un chant qui fut agréable aux oreilles de la nordienne. Voilà bien une drôle de manière de démontrer sa joie de la victoire. Pour Hilda, les chants n’étaient réservés qu’aux rituels, les soirs de fêtes et les événements spéciaux. La victoire n’en faisait pas partie. La jeune femme nota cependant l’information dans un coin de sa tête, croyant que tous les Abyssaux agissaient ainsi. Du moins le croyait-elle pour l’instant.

La douleur s’estompant enfin, Hilda remercia son esprit Gardien dans sa langue natale, avant de porter son regard vers les arbres, repérant enfin Muninn. Son corbeau avait pris son envol au moment du combat, se posant en sûreté entre les branches touffues des végétaux de la forêt. D’un sifflement, la demi-Elfe le rappela auprès d’elle. S’il y avait bien un être auquel la völva ne voulait pas qu’il arrive malheur, c’était bien cet oiseau, son seul lien avec sa jumelle en dehors de son village.

Marania s’avança alors près de la première reine, des outils pour sa récolte à la main.

- Si tu as l'envie d'aider, cela ira plus vite. L'art de manipuler la magie des abysses demande précision et expertise.

Chasseuse de métier, Hilda écouta attentivement les conseils de la créature marine. Certes, la jeune femme n’avait pas les outils adaptés, mais pu tout de même faire un travail habile en suivant les instructions. Son assurance était revenue, lui offrant enfin un sentiment agréable. Démontrer son talent était bien plus plaisant, en plus de lui prouver intérieurement qu’elle pouvait servir à quelque chose malgré ses défauts au combat. Une fois la récolte faite sur les reines, le regard d’Hilda se posa sur les guêpes géantes, prenant le temps de les étudier en détail, comme elle l’avait fait avec leur cheffe avant de découper l’abdomen pour récupérer le dard et la glande venimeuse. Plus petites que la cible principale, ces dernières restaient tout de même imposantes par leur taille. Notant toutes ses observations dans un coin de sa tête, la nordienne chercha surtout les points faibles des bestioles, au cas où d’autres finiraient par l’affronter dans ses bois. Mais il y avait cependant une chose que la simple observation ne pouvait répondre.

- Et eux, y’a quelque chose sur ces bestioles qui est utile à récolter ?

Si oui, sans doute pourrait-elle faire une récolte aussi sur les guêpes et revendre le tout. Sinon, et bien au moins pourrait-elle établir une meilleure stratégie de combat pour la prochaine fois.

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