J'acquiesçais avec un sourire désolé puis je ne pus m'empêcher de pouffer.
"Tu aurais été adorable en chiot remarque... J'écrirais une berceuse pour le gentil Jack alors. Souriais-je à nouveau. Je n'avais jamais écrit une partition magique capable de capter les pulsions lycanthrope, pourquoi pas essayer ? Si jamais c'est moi qui perds pied... Fui ou tue moi, mais ne tente rien de stupide."

Je lui fis une petite tape sur l'épaule en riant. "jamais je ne ferais un numéro ridicule comme ça ! On a déjà un lowen pour ça... Sinon on aurait toujours besoin de quelqu'un capable de s'occuper de la ménagerie." Dis-je en me rappelant de son passé de garçon d'écurie. 

Je ne réagis pas lorsqu'il s'accroupit devant moi, mais je me laissais faire quand il prit mon visage dans sa main. Bien que mes prunelles bicolores regardaient tantôt le ciel, tantôt les arbres sur les côtés, d'un air bougon et insolent. 

Je capitulais lorsqu'il me le demanda, me perdant malgré moi dans l'abysse de son regard sombre. Je ne pus réprimer un faible sourire amusé. Quoiqu'il pût se passer, il tentait toujours quelques traits d'humour. Au fur et à mesure qu'il parlait, des larmes chaudes se mirent à couler sur mes joues. Les émotions se bousculèrent malgré moi et cette proximité n'arrangeait pas le trouble qu'il provoquait. Si près, je pouvais sentir son souffle chaud et le battement lent et régulier de son cœur. Il était sincère et sérieux... 

"Tu es vraiment un beau parleur, Jack le pirate. Soufflais-je entre deux reniflages. C'est sûrement un de tes nombreux discours tout fait que tu ressors à toutes les filles que tu veux mettre dans ton lit. Riais-je du même ton, tout en continuant de pleurer, sans pour autant me soustraire à son contact, ni à ses yeux. Tu ferais vraiment tout ça pour moi ?" Chuchotais-je finalement, plus sérieuse. Avant de me taire afin de profiter de ses dernières paroles.
Les émotions continuaient à bouillir dans ma tête. Je brûlais de m'éloigner, mais sans réfléchir, à la place de reculer, je brisais la dernière distance qui nous séparait afin de poser mes lèvres mouillées de larmes sur les siennes. 
Étrangement, le torrent d'émotions se calma d'un coup. Les yeux fermés, j'en soupirais d'aise. 
Pour la première fois de ma vie, je ne pensais à rien. Ce n'était pas désagréable. 

Dans un état presque second, quelques secondes s'écoulèrent avant que je ne revienne à moi. Je devins aussi rouge qu'une pivoine en rompant vivement le contact du baiser. 

"Je... Je suis désolée... Je sais pas ce qui m'a pris." Balbutiais-je en m'éloignant rapidement, cachant mon visage dans mes genoux. 
Jamais ne n'avais embrasser personne auparavant, j'avais honte et je voulais disparaître dans le tronc derrière moi. De la Brume bleutée apparut en réponse à mes émotions quelques peu... amplifiées.

« Peut-être qu'avec un bon toilettage… Tu pourrais ressembler à un joli petit caniche... »
Répondis-je du même ton amusé.
Je ne répondis pas, levant simplement les yeux au ciel.

« Hum… On a… Des créatures, quelques-unes ne sont pas très fréquentables, mais la plupart sont amicales... » Expliquais-je dans les grandes lignes. Avec un sourire énigmatique.

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Transit de honte, j'espérais qu'il parte pour que je puisse disparaître dans un coin. Mais au lieu de ça, il s'approcha un peu plus et ses mots firent battre mon cœur d'une manière que je ne comprenais pas. Je relevais la tête, essuyant mon visage mouillé de larmes de ma manche bouffante.

« Je sens que tu es sincère… Si ça c'est te foudroyer alors… C'est pas si terrible… Finalement… » Balbutiais-je d'un air bougon. Trop fière pour réagir à son trait d'humour.
Alors lui aussi était troublé ? Je n'aurais jamais cru pouvoir provoquer cela. J'ignorais comment tout ça fonctionnait après tout. Je ne savais pas pourquoi je l'avais fait, j'avais juste sentie quelque chose en moi qui m'y avait poussé. J'aimerais comprendre moi aussi. Je voulais de nouveau ressentir ce vide dans mon esprit. Cette paix qui m'avait apaisé durant quelques secondes.

« Je ne suis pas sûre de savoir comment on fait… Soufflais-je en m'approchant de nouveau de lui. Moi, je n'ai pas eu tout un tas d'aventures… Je me dépliais enfin, m'agenouillant face à lui. Je pris son menton entre mes doigts fins pour qu'il baisse la tête un peu plus vers moi. Puis je rompis de nouveau la dernière distance qui nous séparait. Posant délicatement mes lèvres sur les siennes. Les yeux fermés, je savourais l'instant. Mon esprit se vida, laissant place à une paix apaisante.

Je ne ressentis plus qu'une seule Présence. La forêt, la rivière, les animaux peuplant le bois, tout avait disparut, sauf Jack. J'ignorais si c'était ce sentiment qu'on appelait amour, mais j'aimais cela.
Je ne voulais pas rompre ce contact, au contraire, j'en voulais plus. Prenant son visage dans mes mains, mon baiser fut plus intense et plus passionné.
Sans m'en rendre compte, la magie crépita autour de nous, des veinures bleutées se dessinèrent sur ma peau, sur mon visage et tout mon corps. L'air se mit à vibrer et se chargea d'électricité. D'abord doucement puis de plus en plus fort, provoquant de petites bourrasques de vent Brumeux.

Il m'enlaça, me faisant frissonner par tant de proximité. Chaque passage de sa main sur la partie nue de mon dos était comme un millier de petites décharges électriques. Lorsqu'il me serra plus fort encore, j'en profitais pour passer mes mains dans son dos afin d'imiter son geste.
Mais bientôt, je fus perdue par le rythme. La magie bouillonnait dans mon corps, j'eus l'impression de prendre feu. 
Je sentais désormais l'intensité de la Tempête qui se levait autour de nous. La panique me gagnait, remplaçant la passion. Je finis par ralentir, non pas sans devoir déployer toute ma détermination avant de rompre une nouvelle fois notre contact.
Le souffle court, je tentais de reprendre ma respiration, ainsi que le Contrôle. Les joues rouges sous les marques bleues qui parcouraient ma peau, la magie me consumait. 

"Je... La magie... Est trop forte." Haletais-je paniquée en croisant le regard de Jack. La Tempête semblait vouloir se déchaîner et je n'avais aucune prise sur elle. 

La foudre crépitait, le vent tournoyait. Dépassée par les événements, je fermais les yeux très fort avant d'enfoncer mon visage dans le torse du lycan qui me serrait encore contre lui. "Me lâche pas..." Demandais-je apeurée, tentant de contrôler ma respiration saccadée, tremblant de tout mon corps sous l'effort de la lutte. 
Mais cela péya, car le vent se calma peu à peu. La foudre ne déchirait plus l'air et au lieu d'un brouillard menaçant, la Brume qui nous entourait s'éclaircit et fut parsemée de petits feu follet lumineux. 

"Je... Je suis désolée... Marmonnais-je une fois calmée, toujours contre Jack. Je vais devoir m'entraîner un peu au Contrôle, à l'avenir..." Constatais-je comme si ça ne s'était pas vue. 

Mais oubliant bien vite ce léger incident. Je soupirais d'aise, être dans ses bras était apaisant et thérapeutique. "C'est moi qui vais me transformer en joli petit caniche pour rester toujours dans tes bras... Marmonnais-je afin de détendre l'atmosphère. Je... J'ai senti tes craintes, tout à l'heure... Je ne t'abandonnerais pas, et je n'ai pas prévu de mourir dans l'immédiat. Je suis déterminée à le trouver, ce remède maintenant." 

Sans m'éloigner d'un iota, je relevais un visage toujours marqué par la magie vers lui, d'abord pour m'assurer que je ne lui faisais pas peur à présent. Ensuite pour voir ses réactions.

Je me concentrais sur sa voix, me focalisant uniquement sur sa présence et ses paroles rassurantes. Ça m'aida à calmer mon cœur qui battait la chamade ainsi que mes émotions qui fusaient en tout sens.
"Je ne te lâcherais pas... Jamais..." Ces simples mots raisonnaient dans mon esprit comme un doux refrain que l'on chantonne. Je me focalisais dessus.
Puis la Tempête se calma.

Son baiser était trop fugace à mon goût. Même après avoir provoqué une tempête magique, je crevais d'envie de recommencer. M'avait-il drogué sans que je m'en rendent compte ? Que m'arrivait-il à la fin ?

"Ce Grimlog était malin... Je crois que je l'ai déjà trouvé mon mantra. Répondis-je d'un air énigmatique, cachant au mieux mon trouble. Avant de partir sur totalement autre chose.
Imagine... Dans ton esprit... Un barrage toujours près à se briser par la force de l'eau débordante qu'il contient. Commençais-je à tenter de lui expliquer. Ce sont les barrières mentales que je maintiens en permanence pour éviter... Ce qui vient de se produire. J'ai tellement l'habitude de les avoirs que je n'y pense plus.
Mais par un procédé que je ne m'explique pas, tu les as fait fondre en un instant... Marmonais-je d'un ton se voulant accusateur, mais sans succès. C'est tout nouveau pour moi tu sais ? Tu es le premier à pouvoir goûter à ces lèvres de déesse." Finis-je en le regardant d'un air espiègle.

Je me blottis un peu plus dans ses bras.
"Moi ça me va, d'être ta déesse de poche." Je sentais qu'il était chamboulé par la Tempête que j'avais malencontreusement provoqué, mais qu'il essayait de le cacher... Je ne revins pas dessus, mais au fond, j'étais terrorisée.

"J'ai provoqué une Tempête, j'aurais pus te blesser... Ou pire... Ça aurait put très mal finir... Et tu me remercie ?" Constatais-je en relevant la tête vers lui, les sourcils froncé.

"C'est un très joli poème." Avouais-je sincèrement.

Je gloussais devant ses excuses. Avant de faire la moue, relevant la tête afin de le regarder les sourcils froncés avec une fausse mine boudeuse. Ne plus m'embrasser ?
Alors j'approchais mes lèvres très près des siennes, au point de les frôler, non sans devoir résister à la tentation d'aller plus loin.

"À toi de me dire si ça en est, des lèvres de déesse..
J'essaierais de ne pas te foudroyer, à l'avenir, aussi douce soit une telle mort, j'aimerais ne pas l'avoir sur la conscience." Soufflais-je d'un air taquin, avant de me lever en gloussant. M'éloigner de lui fut plus pénible que je le pensais. Sensation étrange, puisque hier encore je ne le connaissais pas.

"De mon côté, le temps va me paraître bien long, en t'attendant... Songeais-je pensivement. Je ne peux pas rester plus longtemps à Ishtar, mon voyage à Wysteria a déjà duré trop longtemps..." Soupirais-je tristement. D'une part, j'avais plutôt hâte de rentrer chez moi. D'autre part, je devais réfléchir à mon prochain voyage tout en jonglant avec mes obligations au cirque mais aussi à la garde Zéphyr.
Écrasé, par le poids de tout ce qui m'attendait en rentrant, j'eus tout à coup une folle envie de ne plus jamais quitter ces bois. Mais elle s'envola bien vite, méchamment assassinée par la réalité. Jusqu'à cet éclair de lucidité qui traversa mon esprit.

"Jack... Commençais-je d'un ton des plus sérieux. C'est égoïste de ma part... Déclarais-je à contrecœur. C'est vrai, tu ne devrais pas quitter ta vie pour me suivre dans un cirque... Quelle idée !
Nerveuse, je commençais à faire les cent pas.
Cela ne fait même pas une journée qu'on se connaît, c'est absurde. Si faut, je suis un cauchemar à vivre, t'en sais rien... Et... Je voyage beaucoup en dehors du cirque... Je me rendrai bientôt dans le nord, afin de comprendre certaines choses sur la magie que j'utilise, un elfe que j'ai rencontré aurait fait des recherches sur un type de Source similaire et j'aimerais bien mettre la main dessus. Mais avant je dois retourner à Sylfaen pour accomplir certaines obligations... Débitais-je beaucoup trop rapidement pour avoir l'air sereine. Tout ça pour dire que je ne veux pas que tu passes ta vie à m'attendre...

C'est vrai, cette nuit était digne d'un rêve, et cette matinée lui donnait une touche plus réel encore. Mais est-ce que cette petite étincelle pourrait prendre ? Est-ce que ça n'allait pas trop vite ? Est-ce que finalement ce ne serait pas juste un mirage digne de la déesse Lunaire ? J'étais perdue, autant d'émotions contradictoire qui m'empêchait de réfléchir plus avant.

Témoin de ce qu'avaient provoqué mes paroles, je ne tins plus cette faible distance et je compris alors une évidence. Presque arrivée à la berge de la rivière à force de marcher nerveusement, je revins vers lui rapidement.

"Jack ! Jack... Je suis désolée... Tu m'entends ?"
Malgré les griffes qui avaient entaillé le tronc, les crocs et les grognements, je le pris dans mes bras. Et je sentis alors la déception que j'avais provoqué en lui.

"Je... Je t'aime Jack... Si un instant j'ai eu peur que tout ceci ne soit qu'un mauvais tour de mon esprit, maintenant je n'ai plus aucun doute. Tout était vrai."

M'écartant de lui à contrecœur afin de le laisser un peu respirer. L'attente qu'il revienne vers moi, posant ses mains sur ma taille, fut une vraie torture. Que j'avais bien mérité...
Des larmes se mirent à couler sur mes joues avant qu'il n'eût fini de parler. Et lorsqu'il eut terminé, s'éloignant à nouveau. La tristesse qu'il irradiait finit de combler mon châtiment.
Je n'osais pas le regarder en face. Alors c'était moi ça ? J'étais un monstre. Cet homme m'avait offert son cœur et moi je lui avais jeté à la figure.

Non, ça ne pouvait pas finir comme ça. Je ne pouvais plus imaginer ma vie sans lui. Alors je séchais mes larmes avec la manche de mon chemisier (encore humide des précédentes, quelle pleureuse celle-ci) avant de fixer mon regard déterminé dans ses deux prunelles sombres. Je rompis de nouveau la distance qui nous séparait. Pour me mettre sur la pointe des pieds avant de l'embrasser longuement en prenant son visage dans mes mains, sans provoquer de tempête cette fois.

"Je t'aime... Affirmais-je simplement. Je veux que tu sois à mes côtés... Enfin, si tu en as toujours envie... Je n'était plus sûre de rien, avais-je réussi à briser ce prémices de lien qui semblait vouloir se former ? Et ne me laisse plus jamais parler comme ça... S'il te plaît..."

« J’ai pas peur de toi, je n’te lâcherais pas, jamais. Je suis plus solide que j’en ai l’air. Tu me feras pas de mal. »

Et je ne lâchais pas prise, malgré les grondements, les coups de griffes et la transformation qui pointait son nez. Au lieu de ça la magie se mit à vibrer dans l’air, je me tenais prête à agir si ça dégénérait, à faire jouer une mélodie afin de l’apaiser. Mais il finit par se calmer et la magie dans l’air s’évapora.

Il ne me repoussa pas lorsque je l’embrassais, au contraire il m’enlaça, me serrant contre lui. Comme pour m’empêcher de fuir cette fois-ci. Je plongeais mon regard dans le sien. Comprendrait-il ainsi que j’étais sincère ? Il y a des choses qui ne s’expliquent pas. Surtout quand la magie entre dans l’équation. Son aura était particulière, les vibrations qu’il émettait aussi. Son énergie m’apaisait et j’avais l’impression d’avoir besoin de lui.

Me perdant dans ses prunelles sombres, j’écoutais ses mots religieusement. Je n’avais pas pour habitude de me jeter dans le vide. Puisque je savais voler… La métaphore était abstraite et je ne compris pas tous ses mots. Mais l’essentiel était que je lui donne une réponse positive…

« Alors on sautera ensemble… Mais il est hors de question qu’on s’écrase en bas. » Répondis-je à la fois troublée par la question et déterminée à ne plus lâcher cette âme qui m’a appelé dans la forêt. Je me blottis dans ses bras, décidée à ne plus bouger. Profitant de l'instant présent, tout simplement.

Folle était un mot bien faible pour me décrire. Mais je pris le compliment avec un sourire nié.

Penser à toutes ces lunes qui allaient nous séparer m’attristait, mais cela me rappela que je devais partir. Profitant encore un moment de ses bras, je ne dis mot, laissant le silence s’allonger. Interrompu seulement par les sons de la forêt. Les oiseaux qui gazouillaient, les animaux qui gambadaient. Céléborn qui fouillait les herbes non loin.
Ce fut à contrecœur que je rompis finalement notre étreinte. Une idée en tête, je partis vers mon cerf royal. « Attends… » Soufflais-je simplement en fouillant dans l’une des nombreuses sacoches attachées à la selle de ma monture. J’en sortis un pendentif. Revenant vers Jack, je le lui tendis. Il représentait le blason de la guilde en or et en argent. À quelques détails près que la couronne était remplacée par une étoile fixée par des fils d’argent elfique.

« Tu me le rendras quand tu arriveras à Stellaraë ! » Confier un bijou d’une telle valeur à un mercenaire était sûrement un risque inconsidéré. Mais la naïveté était sûrement le trait de caractère le plus marqué chez cette jeune thérianthrope… Commentaire de Lune.
Une dernière étreinte, un dernier baisé, quelques mots doux. Avant de monter sur le dos de Céléborn. Mon instrument de musique dans mon dos, mes bagages fixés sur la selle de ma monture. Un arc au bois blanc et des flèches. J’étais paré pour rentrer à la maison.