Sslozmek était arrivé tard à Ishtar. Son voyage dans le désert avait été éprouvant et il était bien trop épuisé  pour s’amuser à chercher une auberge dans les rues presque aussi bondées que celles de Stellaraë. « Les humains ne dorment donc jamais ? ». De toute façon, les gens ici étaient si bruyants qu’il serait impossible de trouver un endroit où dormir au calme. L’Homme lézard tenta tout de même sa chance dans les rues. A lui de ne pas en trouver une trop mal famée où un coupeur de jarret pourrait lui subtiliser son argent après lui avoir tranché la gorge. « Qu’ils essayent » pensa-t-il alors qu’il revenait des arènes de Baldorheim, pas toujours victorieux mais plus aguerri. L’homme lézard s’installa entre deux caisses dans une ruelle qui lui sembla peu fréquentée. L’endroit n’avait rien de confortable et sentait le rat mort ainsi que les excréments mais Sslozmek était si éreinté qu’il finit par s'assoupir.

   Il se réveilla en sursautant. A peine vit-il l’homme penché au-dessus de lui, qu’il dégaina sa dague à la vitesse de l’éclair et la plaça sous sa gorge.

- Att…gargl…

   L’homme lézard se releva brusquement en maintenant sa dague sous la gorge de l’inconnu tandis que l’autre main agrippait son col. Il le plaqua contre un mur.  

-Qu’est-ce que vous voulez ? Siffla-t-il.

- Rien…enfin…juste…z’avez l’air de savoir vous battre et…

Il relâcha légèrement son emprise.

-Certes.

- Oui, euh…on cherche des gens qu’auraient pas peur de s’salir les mains et s’donner en pestacle. On a une superbe arène dans une vieille prison. Enfin y’a pas de prison ici, pace qu’y a pas vraiment de loi, voyez ?

   Sslozmek le relâcha et rangea sa dague. Il fit un signe de tête à l’individu d’apparence famélique pour lui faire comprendre qu’il allait le suivre. L’humain, qui, d’après Sslozmek, devait être relativement vieux, se déplaçait avec une jambe de bois et s’appuyait sur une canne. Sslozmek se sentit presque honteux d’avoir failli agresser un estropié. « Il m’a surpris » tenta-t-il de se justifier auprès de sa propre conscience.  

   L’homme lui fit traverser des ruelles tortueuses et remplies d’ivrognes et de bagarreurs (ou les deux en même temps). Ils arrivèrent ensuite à ce qui ressemblait effectivement à une prison mais au moins aussi fréquentée que certaines des arènes de Baldorheim. Malgré sa mobilité réduite, l’homme arrivait parfaitement à se frayer un chemin entre les spectateurs de l’arène, contrairement à Sslozmek qui devait jouer des coudes parmi les brutes toutes aussi peu aimables les unes que les autres. L’un des spectateurs lui marcha même sur la queue pour s’amuser. De plus en plus mal à l’aise, l’homme lézard se raccrocha à sa fille qu’il espérait croiser à Ishtar puis arriva enfin à hauteur de l’estropié.

- Tu combattras tout à l’heure, contre une autre naga.

   Son sang ne fit qu’un tour.

- jeune et mignonne en plus.

   L’homme lézard le foudroya du regard. Les battements de son cœur accélérèrent tandis qu’une boule d’angoisse mélangée à de l’impatience se forma au creux de son estomac. Il passa outre cette remarque et attendit que les prochains combats se terminent. Les règles ne semblaient pas les mêmes que dans la sage arène de Baldorheim. Ici, Sslozmek constata avec étonnement que les spectateurs pouvaient également participer d’une certaine manière aux combats : Soit ils se prenaient un coup perdu ou une flèche en plein visage soit ils lançaient des objets de toute nature dans l’arène. L’Homme lézard déglutis difficilement en voyant une fiole partir des gradins et s’écraser sur les dalles de l’arène en provoquant une nappe de flammes qui enveloppa le plus mauvais des deux combattants. Les spectateurs manifestèrent que d’avantage leur joie en hurlant, brandissant des choppes pleines et frappant des mains et des pieds « bande de barbares ». Une fois, le combat terminé, l’homme lézard sentit une grosse main poisseuse de sueur lui agripper l’épaule.

-A ton tour gringalet.

   Sslozmek se retourna lentement vers l’homme qui le dépassait de deux têtes et affichait un large sourire édenté. Visiblement il s’agissait d’un géant. Pas l’un des plus grands, mais suffisamment pour qu’il l’affuble de l’adjectif « gringalet ». L’homme lézard se laissa guider par le monstre jusqu’à l’arène, impatient de retrouver sa fille. Il ne savait pas vraiment quoi lui dire mais de toute façon les spectateurs réclamaient un combat. Il sera obligé de leur donner ce qu’ils veulent ou subir leur colère.

   Son adversaire l’attendait. Et quelle ne fut pas sa déception lorsqu’en face de lui ce ne fut pas sa fille. Sa mine se renfrogna et sa queue fouettait les dalles de mécontentement. Son mince espoir s’était effondré. Sslozmek observa la très jeune naga qu’il estima avoir à peu près l’âge de sa fille et par conséquent la connaître. L’Homme lézard devra se montrer prudent sur les futures paroles qu’il lui adressera, rien ne devait le relier à sa fille. Non seulement il s’agissait d’un secret qu’il n’avait dévoilé à personne, mais en plus, si d'autres Naga découvraient qu'elle s'était enfuie, la honte s'abattrait d'avantage sur lui. Sans compter le fait que sa quête personnelle l’éloignait de la piste du Basilic.

   Ce fut cet instant de réflexion qui lui fit perdre l'initiative du combat. D’habitude il était le plus rapide mais, perturbé, ce ne fut pas lui qui engagea les hostilités le premier.

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'Attaque - Naga' :

L'atmosphère de ce lieu n'a rien à voir avec ce qu'a connu Suriu à Stellaraë. Les bouteilles d'alcool et autres déchets qui jonchent le sol pierreux de cette arène, la foule de pauvres hères aux cris assourdissant, réclamant sa portion de sang répandu et d'os brisés. La jeune naga en aura presque des maux de tête de ce brouhaha. Elle tenta alors de focaliser son attention sur son adversaire de ce soir. Et quelle ne fut pas sa surprise de rencontrer un autre naga. Son allure était singulière, il avait des marques rouges sur le visage. Ce dernier n'éveilla cependant aucun souvenir chez elle. Néanmoins, il restait assez rare qu'un membre de leur espèce quittait leur terre ancestrale. Ces dernier se comptaient sur les doigts de la main. Du moins, c'est ce qu'elle pensait. Que pouvait-être les raisons de celui-ci pour s'aventurer dans un endroit pareil ?

"Je ne reconnais point votre face, cher confrère. Ce qui est assez rare. À moins que vous ne soyez jamais venu aux cérémonies en honneur au Grand Basilic."

Le hurlement d'un bipède, sans doute assommé par l'alcool, la ramena à ce pourquoi elle était venue (tout comme son compère). Elle partit donc lui assener un coup de point droit dans l'estomac.

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'Attaque - Naga' :

   Avant que Sslozmek ne puisse répondre, il vit la jeune prêtresse glisser à grande vitesse sur les dalles de l'arène. Elle fut si vite à sa hauteur qu'il n'eut pas le temps de réagir. Il se demanda alors ce qui était le plus douloureux : le coup de poing ou le fait que la prêtresse n’ait jamais prêté une seule fois attention à lui ? Le coup de poing. Définitivement, le coup de poing. Il lui coupa la respiration et manqua de lui faire rendre son maigre repas. L’homme lézard tenta de lui répondre mais seul un mélange d’acide et de bile sortit de sa bouche. Il toussa et plissa ses yeux embués de larmes pour voir son adversaire. « Tant de force caché dans un si petit corps » pensa-t-il. Un autre coup comme celui-ci et il sera définitivement hors de combat. Il essaya de reprendre ses esprits, reprendre le combat, mais il n’avait décidément pas la volonté de se battre. Lui qui pensait retrouver sa fille, il n’avait en face de lui qu’une prêtresse qui remettait en plus en cause sa foi envers le Basilic.

   Il dégaina finalement sa dague qui avait la forme d’un serpent ondulant et dont un croc géant servait de manche. Sa dague qui avait baigné dans tant de sangs différents, tant de sangs qui avaient abreuvés la terre pour qu’un jour elle leur rende leur Déesse.

    Peut-être ne connaissait-elle pas le forgeron, mais l’arme avait servi durant bien des rituels menés en très grande majorité par Srishti. Il plaça sa dague devant son visage, récita une prière dans sa tête –car ses cordes vocales étaient encore brûlées par l’acide- puis s’élança contre la jeune prêtresse. Manque de volonté, perte de moyen ou pure maladresse. Qu’importait la raison, le résultat fut le même : l’Homme lézard manqua sa cible alors qu’il venait de tenter un coup d’estoc avec sa dague.

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'Attaque - Naga' :

Son assaut a eu plus d'effets qu'elle ne l'avait elle-même imaginé. Étonnamment, ce coup réussi avec brio vint amplifié sa confiance en elle. Tous ces affrontements l'auraient donc réellement rendu plus forte aussi vite ? Un regard sur ses bras lui firent sentir comme une vague d'énergie lui traverser le corps et l'esprit. Ses poings se resserrèrent.

Puis son regard revint se plonger dans celui de son adversaire. Les dégâts qu'il venait de subir l'avaient rendu plus sérieux qu'à l'instant. Puis il sortit une dague de son vêtement. L'apparence de l'arme frappa la conscience de Suriu. En effet, c'était un poignard dont se servaient les prêtres pour exécuter leurs sacrifices de chair et d'os. Cette même lame qui a sans doute servit à lui arracher son petit frère. Ce fut avec un ton des moins enclins à la fantaisie qu'elle s'adressa à son adversaire.

"Es-tu un prêtre ? Où as-tu eu ceci ?"

Comme un juste retour des choses, lui non plus ne lui laissa nullement le temps de répondre qu'il fondit sur elle, tentant de la poignarder. Elle évita de justesse l'attaque et saisi cette chance de contre-attaquer.

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'Attaque - Naga' :

Ouch! Et c'est la serpente qui l'emporte sur le serpent !

Bravo à Suriu qui empoche 6 babioles d'un coup (grâce à l'happy week, les babioles sont doublées). Elle entre dans le tableau des primes à 200 po pour le prochain adversaire qui la battra.

Tandis que Sslozmek repart avec 2 babioles en dédommagement. La prochaine fois peut-être ?

Je laisse le sujet ouvert quelques temps si jamais Sslozmek veut répondre

   L’Homme lézard fut ravi d’avoir enfin l’attention de la prêtresse même s’il ne saisissait pas bien le ton qu’elle employait. Il put enfin lui répondre après avoir avalé sa salive une bonne dizaine de fois pour atténuer les brûlures de sa gorge :

-Je ne suis qu’un simple disciple. J’ai forgé cette lame avec l’aide de mon maître forgeron il y a de cela moins d’un an.

   Il esquiva un premier coup de poing, puis un second. Ces deux attaques le mirent en difficulté si bien qu’il ne put répliquer. Les coups de poings étaient si vifs, emplis d’une telle force. Avec de l’entraînement la petite prêtresse pourra certainement à terme broyer des os à la seule force de ses bras maigrelets. Une seconde d’inattention à se focaliser sur les bras de son adversaire lui fut fatale. La Jeune Suriu enroula sa queue autour de ses jambes et avec force le jeta contre les panneaux de bois qui entouraient l’arène. Le choc fut si violent que l’homme lézard resta à terre, sonné. Sa vision se troubla avant de devenir complètement noire. Les dernières choses qu’il entendit furent les acclamations du public ainsi que la voix de l’arbitre de l’arène :

-Elle fait froid dans le dos et est terrrrriblement efficace, voici L’Hyyyyyydre pourpre !!!

   Le corps inanimé de l’homme lézard fut traîné hors de l’arène puis hors de la prison dans une zone où la plupart des vaincus pansaient leurs blessures. Sslozmek ne fit donc pas exception et se réveilla avec une terrible migraine. Il resta allongé dans la boue en tremblant. Ses pensées se tournèrent vers la prêtresse. Il allait probablement la revoir, il en était certain.